Texte intégral
Marie Drucker : Et lui, quel sera son rôle dans la campagne et dans l'élection, peut-il jouer les trouble-fêtes ? Est-il le troisième homme ? Tout ceci a été beaucoup dit et écrit ces dernières semaines, car François Bayrou est omniprésent. Il est le premier invité politique de ce Soir 3. Bonsoir, François Bayrou, merci d'avoir accepté notre invitation. Avec Eric Thibault du service politique de France 3, nous nous sommes dit qu'en ce qui vous concernait, il y avait deux bonnes nouvelles : vous dites que, régulièrement, les médias s'intéressent aux deux grands candidats des deux grands partis, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. La preuve que non. Nous sommes ravis de vous avoir en premier...
François Bayrou : Cela n'est pas une preuve, permettez-moi de vous signaler que 82% des Français, dans un sondage publié par Le Parisien dimanche, ont dit qu'ils étaient d'accord avec moi. Ils ont trouvé profondément anormal la focalisation sur les deux candidats. Je vous remercie donc de m'inviter. Mais n'en faisons pas la preuve par neuf que...
Marie Drucker : Pour vous, ce n'est pas encore gagné ?
François Bayrou : Que cette focalisation soit encore terminée.
Marie Drucker : Alors il y a une autre bonne nouvelle, Eric Thibault, c'est ce sondage Ifop-Paris Match.
Eric Thibault : Tout à fait, ce sondage vous place à 12%, vous êtes devant Jean-Marie Le Pen à deux points. C'est vraiment une bonne nouvelle, vous qui êtes pessimiste. Vous voulez aller plus loin, maintenant ?
François Bayrou : Ce sont les Français qui sont en train de changer le paysage qu'on voudrait leur imposer. Ils ont compris quelque chose. C'est seulement un candidat républicain qui pourra changer les choses en France. Ils ont vérifié en 2002 que, quand on vote extrême, extrême-droite en 2002, on renforce les deux partis au pouvoir. Le Pen a été au deuxième tour. Chirac a fait 82,5 %. Donc, les Français ont parfaitement compris ça. Ils l'ont intégré et ils sont à la recherche du meilleur candidat, du meilleur bulletin pour changer le paysage politique en France.
Marie Drucker : Vous pensez être celui-ci ?
François Bayrou : Oui, je pense que je suis celui-là. Je pense même que je suis le seul à pouvoir être celui-là. Vous aurez aussi observé qu'hier matin, est parue dans Libération une autre enquête qui dit quelque chose de très intéressant. Les Français disent : nous ne voulons pas d'un deuxième tour Ségolène Royal - Nicolas Sarkozy. Ils le disent à 66%.
Eric Thibault : Oui mais enfin quand même...
François Bayrou : 34%... Quand même. 34% disent que oui, nous voulons bien d'un deuxième tour Nicolas Sarkozy - Ségolène Royal et 66% disent : nous n'en voulons pas. Pourquoi ? Parce qu'ils ont compris que ce jeu à deux qui se joue entre les deux partis principaux au pouvoir depuis 25 ans les avait conduits au point où nous sommes aujourd'hui. C'est à cela qu'ils veulent échapper. Non pas en sortant du cercle républicain, mais à l'intérieur du cercle républicain pour reconstruire notre république qui en a bien besoin.
Marie Drucker : Je précise que dans ce sondage Ifop - Paris Match qui vous crédite de 12% d'intentions de vote, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal atteindraient le deuxième tour et Ségolène Royal l'emporterait, non, pardon Nicolas Sarkozy l'emporterait avec 52% des voix contre 48% à Ségolène Royal. On vous entend beaucoup, François Bayrou, ces dernières semaines. On vous entend beaucoup critiquer les propositions des uns et des autres. C'est un peu le jeu de la campagne (Hésitation.) Si on vous plaçait ce soir sur le plan des propositions, on va rentrer dans les points...
François Bayrou : C'est la meilleure nouvelle que vous puissiez m'apporter (sourires.)
Marie Drucker : Exemple : la fiscalité. Êtes-vous d'accord, par exemple, avec Nicolas Sarkozy, en ce qui concerne le bouclier fiscal, l'abaisser à 50% ? Est-ce que vous êtes pour l'exonération des droits de succession ? Concrètement sur la fiscalité, redites-nous quelles sont vos propositions.
François Bayrou : J'ai une chose à dire avant. C'est que tous les candidats, quand ils viennent devant vous, et moi aussi, j'en fais le serment, devraient se présenter en disant : « Françaises et Français qui écoutez, vous devez d'abord penser à la dette et au déficit du pays. » Dans le discours de Nicolas Sarkozy dimanche, il n'y a pas eu un mot sur le déficit et la dette. Evidemment, si l'on ne met pas au premier plan la question du déficit et de la dette, alors on est porté à dire : « Tout est possible ! »
Eric Thibault : Baisser les impôts ?
François Bayrou : « Tout est possible ! » C'est cela qui nous a conduits où nous en sommes. On a fait croire à chaque élection, chaque candidat venant devant vos écrans disant : « Mesdames et Messieurs, élisez-moi, tout va devenir possible. » Et puis, l'on s'aperçoit après, une fois que les résultats sont connus et que l'on s'est installé au pouvoir, que les désillusions succèdent aux illusions. Eh bien, la première chose que je ferai, c'est de ne pas raconter d'histoires. Par exemple, est-ce que l'on peut augmenter les impôts ? Non, on ne peut pas augmenter les impôts parce que la France est le pays du monde qui a les prélèvements obligatoires, ça veut dire tous les impôts, toutes les taxes, toutes les charges que nous avons à payer, les plus lourds du monde.
Eric Thibault : Est-ce que ça veut dire...
François Bayrou : Pour être tout à fait honnête, la Suède est le seul pays qui est un peu au-dessus, mais eux descendent leurs dépenses, nous pas. Deuxièmement, est-ce que l'on peut baisser les impôts ? Non, l'on ne peut pas baisser les impôts. Je pense qu'il ne serait pas raisonnable et responsable d'annoncer aux Français qu'on va baisser les impôts. Il faut travailler sur la dépense publique. Il faut qu'enfin les gouvernants s'intéressent à la manière dans notre pays, dont on peut dépenser mieux l'argent public que nous avons. De manière à stabiliser la dette, qu'on arrête de la faire grossir. Ce qui pompe sur le travail des Français des dizaines de milliards d'euros tous les ans. Quelquefois, les français se demandent : « Mais où passe notre argent ? » Je rencontrais tout à l'heure, cet après-midi, des amis qui disaient : « Mais on paie beaucoup d'impôts. Où passe notre argent ? » Je vais vous le dire : l'argent de vos impôts passe en grande partie au remboursement de la dette. La totalité de l'impôt sur le revenu passe dans le paiement de la dette. Et donc, il faut désormais changer de stratégie : au lieu de continuer à matraquer les Français avec des impôts, il faut s'intéresser à la dépense publique et arriver à, pas tout à fait un équilibre, je ne rêve pas, mais en tout cas, à ne plus faire grandir la dette du pays.
Marie Drucker : On a envie de vous entendre aussi, François Bayrou, sur d'autres sujets qui préoccupent tous les Français et tous les électeurs : les retraites. Par exemple, vous proposez une réforme globale. Vous n'êtes pas le seul, d'ailleurs. Il y a des rapports qui préconisent une réforme globale. Est-ce que vous pourriez être plus précis ? Vous avez d'ailleurs proposé un référendum sur ce sujet. S'il avait lieu, quelle question poseriez-vous aux Français ?
François Bayrou : J'interrogerai les Français sur la seule réforme qui tienne la route en matière de retraite qui n'a pas été faite par ce gouvernement. Non, j'ai voté la réforme Fillon. Mais en disant à la tribune que cette réforme faisait à peine le tiers du chemin. Et je ne suis même pas sûr que nous soyons même arrivés au tiers du chemin. Il n'y a qu'une seule chose à faire : rendre chaque Français responsable de l'âge du départ à la retraite selon le nombre d'années qu'il aura travaillé, selon aussi la pénibilité du travail qu'il aura fait, selon le contrat qu'il aura signé en entrant dans son travail. A partir de l'âge de soixante ans, chaque Français, connaissant ses droits, connaissant la pension qu'il recevra, pourra choisir de partir à la retraite ou de rester au travail. Exactement comme, ceux qui nous écoutent le savent, exactement comme les retraites complémentaires qui sont des retraites par points. Et, pour ne pas prendre les Français au piège, pour que chacun de ceux qui votera sache qu'on ne le surprendra pas, on ne trompera pas son attente avec de belles paroles, je dis : « C'est un sujet si grave que j'organiserai un référendum pour que les Français aient eux-mêmes la signature finale de cette réforme qui sera la réforme une fois pour toutes acquise pour les retraites...
Eric Thibault : Mais on imagine mal la question que vous poseriez...
François Bayrou : Et qui soulagera, permettez-moi de le dire, et qui soulagera les plus jeunes des Français du poids énorme qui va peser sur leurs épaules. » Parce que, aux jeunes Français, nous allons laisser deux dettes : la dette financière et la dette, on dit démographique, c'est-à-dire les personnes âgées. C'est important parce que les actifs auront évidemment du mal à assumer cette charge.
Marie Drucker : Un mot, s'il vous plaît, sur l'actualité du jour, Eric, sur le statut pénal du chef de l'Etat...
Eric Thibault : Vous allez voter contre. Pourquoi ?
François Bayrou : Oui. Ça n'est pas aux députés de destituer le chef de l'Etat. Parce que si ce sont les députés qui destituent -je crois que ça n'arrivera pas facilement, bien entendu- mais vous voyez ce que l'on introduit dans la Constitution. Si ce sont les députés qui destituent le chef de l'Etat, ça veut dire qu'ils sont politiquement plus forts que lui et que la question politique l'emportera sur la question judiciaire. Si l'on doit en arriver à un jugement qui dit : « Le mandat du président de la République doit s'interrompre, parce qu'il a fait quelque chose qui n'est pas bien. » Je pense que cela ne peut pas être des députés et des sénateurs qui le fassent parce que vous voyez bien les intérêts de partis qu'il y aurait dans cette affaire. Je pense que cela ne devrait être que le Conseil constitutionnel, dont je souhaite que la composition soit revue ainsi que la manière de désigner ses membres. Dans la nouvelle Constitution qui est nécessaire pour le pays, seul le Conseil constitutionnel devrait avoir la légitimité nécessaire, lui qui en principe, est neutre, en principe, pour dire : « Là, il y a quelque chose qui ne va plus. » Mais n'en faisons pas un débat politicien au Parlement.
Marie Drucker : Merci beaucoup, François Bayrou, d'avoir...
François Bayrou : Merci de m'avoir invité et de m'avoir interrogé, c'était bien, sur des propositions concrètes qui permettent à chacun de deviner, de dessiner ce que l'avenir devra être pour que ça change vraiment.
Marie Drucker : Voilà, et à votre place mercredi prochain, ce sera Dominique Voynet, pour être interrogée sur des propositions concrètes. Merci beaucoup, François Bayrou.Source http://www.bayrou.fr, le 12 février 2007
François Bayrou : Cela n'est pas une preuve, permettez-moi de vous signaler que 82% des Français, dans un sondage publié par Le Parisien dimanche, ont dit qu'ils étaient d'accord avec moi. Ils ont trouvé profondément anormal la focalisation sur les deux candidats. Je vous remercie donc de m'inviter. Mais n'en faisons pas la preuve par neuf que...
Marie Drucker : Pour vous, ce n'est pas encore gagné ?
François Bayrou : Que cette focalisation soit encore terminée.
Marie Drucker : Alors il y a une autre bonne nouvelle, Eric Thibault, c'est ce sondage Ifop-Paris Match.
Eric Thibault : Tout à fait, ce sondage vous place à 12%, vous êtes devant Jean-Marie Le Pen à deux points. C'est vraiment une bonne nouvelle, vous qui êtes pessimiste. Vous voulez aller plus loin, maintenant ?
François Bayrou : Ce sont les Français qui sont en train de changer le paysage qu'on voudrait leur imposer. Ils ont compris quelque chose. C'est seulement un candidat républicain qui pourra changer les choses en France. Ils ont vérifié en 2002 que, quand on vote extrême, extrême-droite en 2002, on renforce les deux partis au pouvoir. Le Pen a été au deuxième tour. Chirac a fait 82,5 %. Donc, les Français ont parfaitement compris ça. Ils l'ont intégré et ils sont à la recherche du meilleur candidat, du meilleur bulletin pour changer le paysage politique en France.
Marie Drucker : Vous pensez être celui-ci ?
François Bayrou : Oui, je pense que je suis celui-là. Je pense même que je suis le seul à pouvoir être celui-là. Vous aurez aussi observé qu'hier matin, est parue dans Libération une autre enquête qui dit quelque chose de très intéressant. Les Français disent : nous ne voulons pas d'un deuxième tour Ségolène Royal - Nicolas Sarkozy. Ils le disent à 66%.
Eric Thibault : Oui mais enfin quand même...
François Bayrou : 34%... Quand même. 34% disent que oui, nous voulons bien d'un deuxième tour Nicolas Sarkozy - Ségolène Royal et 66% disent : nous n'en voulons pas. Pourquoi ? Parce qu'ils ont compris que ce jeu à deux qui se joue entre les deux partis principaux au pouvoir depuis 25 ans les avait conduits au point où nous sommes aujourd'hui. C'est à cela qu'ils veulent échapper. Non pas en sortant du cercle républicain, mais à l'intérieur du cercle républicain pour reconstruire notre république qui en a bien besoin.
Marie Drucker : Je précise que dans ce sondage Ifop - Paris Match qui vous crédite de 12% d'intentions de vote, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal atteindraient le deuxième tour et Ségolène Royal l'emporterait, non, pardon Nicolas Sarkozy l'emporterait avec 52% des voix contre 48% à Ségolène Royal. On vous entend beaucoup, François Bayrou, ces dernières semaines. On vous entend beaucoup critiquer les propositions des uns et des autres. C'est un peu le jeu de la campagne (Hésitation.) Si on vous plaçait ce soir sur le plan des propositions, on va rentrer dans les points...
François Bayrou : C'est la meilleure nouvelle que vous puissiez m'apporter (sourires.)
Marie Drucker : Exemple : la fiscalité. Êtes-vous d'accord, par exemple, avec Nicolas Sarkozy, en ce qui concerne le bouclier fiscal, l'abaisser à 50% ? Est-ce que vous êtes pour l'exonération des droits de succession ? Concrètement sur la fiscalité, redites-nous quelles sont vos propositions.
François Bayrou : J'ai une chose à dire avant. C'est que tous les candidats, quand ils viennent devant vous, et moi aussi, j'en fais le serment, devraient se présenter en disant : « Françaises et Français qui écoutez, vous devez d'abord penser à la dette et au déficit du pays. » Dans le discours de Nicolas Sarkozy dimanche, il n'y a pas eu un mot sur le déficit et la dette. Evidemment, si l'on ne met pas au premier plan la question du déficit et de la dette, alors on est porté à dire : « Tout est possible ! »
Eric Thibault : Baisser les impôts ?
François Bayrou : « Tout est possible ! » C'est cela qui nous a conduits où nous en sommes. On a fait croire à chaque élection, chaque candidat venant devant vos écrans disant : « Mesdames et Messieurs, élisez-moi, tout va devenir possible. » Et puis, l'on s'aperçoit après, une fois que les résultats sont connus et que l'on s'est installé au pouvoir, que les désillusions succèdent aux illusions. Eh bien, la première chose que je ferai, c'est de ne pas raconter d'histoires. Par exemple, est-ce que l'on peut augmenter les impôts ? Non, on ne peut pas augmenter les impôts parce que la France est le pays du monde qui a les prélèvements obligatoires, ça veut dire tous les impôts, toutes les taxes, toutes les charges que nous avons à payer, les plus lourds du monde.
Eric Thibault : Est-ce que ça veut dire...
François Bayrou : Pour être tout à fait honnête, la Suède est le seul pays qui est un peu au-dessus, mais eux descendent leurs dépenses, nous pas. Deuxièmement, est-ce que l'on peut baisser les impôts ? Non, l'on ne peut pas baisser les impôts. Je pense qu'il ne serait pas raisonnable et responsable d'annoncer aux Français qu'on va baisser les impôts. Il faut travailler sur la dépense publique. Il faut qu'enfin les gouvernants s'intéressent à la manière dans notre pays, dont on peut dépenser mieux l'argent public que nous avons. De manière à stabiliser la dette, qu'on arrête de la faire grossir. Ce qui pompe sur le travail des Français des dizaines de milliards d'euros tous les ans. Quelquefois, les français se demandent : « Mais où passe notre argent ? » Je rencontrais tout à l'heure, cet après-midi, des amis qui disaient : « Mais on paie beaucoup d'impôts. Où passe notre argent ? » Je vais vous le dire : l'argent de vos impôts passe en grande partie au remboursement de la dette. La totalité de l'impôt sur le revenu passe dans le paiement de la dette. Et donc, il faut désormais changer de stratégie : au lieu de continuer à matraquer les Français avec des impôts, il faut s'intéresser à la dépense publique et arriver à, pas tout à fait un équilibre, je ne rêve pas, mais en tout cas, à ne plus faire grandir la dette du pays.
Marie Drucker : On a envie de vous entendre aussi, François Bayrou, sur d'autres sujets qui préoccupent tous les Français et tous les électeurs : les retraites. Par exemple, vous proposez une réforme globale. Vous n'êtes pas le seul, d'ailleurs. Il y a des rapports qui préconisent une réforme globale. Est-ce que vous pourriez être plus précis ? Vous avez d'ailleurs proposé un référendum sur ce sujet. S'il avait lieu, quelle question poseriez-vous aux Français ?
François Bayrou : J'interrogerai les Français sur la seule réforme qui tienne la route en matière de retraite qui n'a pas été faite par ce gouvernement. Non, j'ai voté la réforme Fillon. Mais en disant à la tribune que cette réforme faisait à peine le tiers du chemin. Et je ne suis même pas sûr que nous soyons même arrivés au tiers du chemin. Il n'y a qu'une seule chose à faire : rendre chaque Français responsable de l'âge du départ à la retraite selon le nombre d'années qu'il aura travaillé, selon aussi la pénibilité du travail qu'il aura fait, selon le contrat qu'il aura signé en entrant dans son travail. A partir de l'âge de soixante ans, chaque Français, connaissant ses droits, connaissant la pension qu'il recevra, pourra choisir de partir à la retraite ou de rester au travail. Exactement comme, ceux qui nous écoutent le savent, exactement comme les retraites complémentaires qui sont des retraites par points. Et, pour ne pas prendre les Français au piège, pour que chacun de ceux qui votera sache qu'on ne le surprendra pas, on ne trompera pas son attente avec de belles paroles, je dis : « C'est un sujet si grave que j'organiserai un référendum pour que les Français aient eux-mêmes la signature finale de cette réforme qui sera la réforme une fois pour toutes acquise pour les retraites...
Eric Thibault : Mais on imagine mal la question que vous poseriez...
François Bayrou : Et qui soulagera, permettez-moi de le dire, et qui soulagera les plus jeunes des Français du poids énorme qui va peser sur leurs épaules. » Parce que, aux jeunes Français, nous allons laisser deux dettes : la dette financière et la dette, on dit démographique, c'est-à-dire les personnes âgées. C'est important parce que les actifs auront évidemment du mal à assumer cette charge.
Marie Drucker : Un mot, s'il vous plaît, sur l'actualité du jour, Eric, sur le statut pénal du chef de l'Etat...
Eric Thibault : Vous allez voter contre. Pourquoi ?
François Bayrou : Oui. Ça n'est pas aux députés de destituer le chef de l'Etat. Parce que si ce sont les députés qui destituent -je crois que ça n'arrivera pas facilement, bien entendu- mais vous voyez ce que l'on introduit dans la Constitution. Si ce sont les députés qui destituent le chef de l'Etat, ça veut dire qu'ils sont politiquement plus forts que lui et que la question politique l'emportera sur la question judiciaire. Si l'on doit en arriver à un jugement qui dit : « Le mandat du président de la République doit s'interrompre, parce qu'il a fait quelque chose qui n'est pas bien. » Je pense que cela ne peut pas être des députés et des sénateurs qui le fassent parce que vous voyez bien les intérêts de partis qu'il y aurait dans cette affaire. Je pense que cela ne devrait être que le Conseil constitutionnel, dont je souhaite que la composition soit revue ainsi que la manière de désigner ses membres. Dans la nouvelle Constitution qui est nécessaire pour le pays, seul le Conseil constitutionnel devrait avoir la légitimité nécessaire, lui qui en principe, est neutre, en principe, pour dire : « Là, il y a quelque chose qui ne va plus. » Mais n'en faisons pas un débat politicien au Parlement.
Marie Drucker : Merci beaucoup, François Bayrou, d'avoir...
François Bayrou : Merci de m'avoir invité et de m'avoir interrogé, c'était bien, sur des propositions concrètes qui permettent à chacun de deviner, de dessiner ce que l'avenir devra être pour que ça change vraiment.
Marie Drucker : Voilà, et à votre place mercredi prochain, ce sera Dominique Voynet, pour être interrogée sur des propositions concrètes. Merci beaucoup, François Bayrou.Source http://www.bayrou.fr, le 12 février 2007