Texte intégral
Le Conseil atlantique s'est réuni ce matin en session informelle. Nous avons évoqué les deux grandes opérations militaires de l'OTAN en cours, en Afghanistan et au Kosovo.
Après le Conseil, une réunion élargie exceptionnelle sur l'Afghanistan s'est tenue. Elle a permis un échange de vues entre les Alliés, les représentants des pays qui participent à la FIAS, et les organisations internationales concernées par la reconstruction du pays.
1) S'agissant de l'Afghanistan, j'ai souligné l'effort militaire de la France, qui assure actuellement le commandement de la région de Kaboul. Notre effort a été accru par les décisions annoncées par le président de la République il y a tout juste quelques semaines, lors du Sommet de l'OTAN à Riga, avec :
- le renforcement de notre dispositif aérien basé au Tadjikistan et la participation ponctuelle de notre groupe aéronaval au profit de la FIAS ou d'Enduring Freedom ;
- la fourniture de certaines capacités critiques (notamment l'envoi d'hélicoptères de transport "Cougar") ;
- la possibilité, au cas par cas, d'engager les unités françaises à l'extérieur de la zone de Kaboul ;
- l'envoi d'une cinquantaine d'instructeurs qui seront insérés dans l'armée afghane.
Mais j'ai aussi rappelé qu'il ne peut y avoir de solution purement militaire en Afghanistan. La FIAS est une force de stabilisation, en appui des autorités afghanes, et qui doit permettre aux efforts de reconstruction de se déployer.
Nous avons encore beaucoup à faire pour améliorer la coordination de la stratégie d'ensemble, civile et militaire, de la communauté internationale. La réunion de ce jour a permis des échanges fructueux sur les moyens de mieux diriger nos efforts.
Alors qu'elle sera la prochaine étape ?
La prochaine étape sera la réunion à Berlin, le 30 janvier, du mécanisme de coordination civile, le JCMB, au niveau des directeurs politiques. Cette démarche va dans le sens des propositions du président de la République à Riga, qui appelaient à un pilotage plus resserré et plus efficace de nos efforts. Voilà ce que je voulais dire sur l'Afghanistan.
2) Le Kosovo est l'autre sujet que nous avons abordé. La France apporte également une contribution militaire importante à la KFOR (plus de 2.000 hommes). Je voudrais faire quelques remarques :
Le président Ahtisaari remettra ses propositions, vous le savez, la semaine prochaine à Belgrade et à Pristina. Nous avons toujours soutenu sa démarche, tout au long des négociations qui ont déjà eu lieu, et nous continuons à lui apporter notre total soutien.
Nous estimons en effet que ses propositions, dès lors qu'elles incluent des dispositions très importantes en faveur de la protection de la communauté serbe du Kosovo, constituent la base la plus réaliste d'un règlement de la question du statut.
Comme je l'ai répété moi-même à plusieurs reprises aux dirigeants serbes et kosovars, ils doivent maintenant se saisir de ces propositions et avoir une discussion constructive sur ce texte.
En termes de calendrier, nous pensons qu'il doit d'abord y avoir, dans les semaines qui viennent, d'intenses consultations avec les parties sur le texte de M. Ahtisaari. Celles-ci ne pourront qu'être facilitées par la formation rapide d'un gouvernement démocratique à Belgrade.
Quelles que soient les dispositions du statut, il est acquis, ce fut aussi l'objet de nos discussions aujourd'hui, et j'ai insisté personnellement sur ce sujet, qu'une présence internationale, civile et militaire, restera au Kosovo pour assurer la mise en oeuvre du statut.
Je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.
Q - Vous parlez précisément d'une présence internationale, quels vont être les rôles de l'Union, quels vont être les rôles de l'OTAN concernant la formation ?
R - Je crois qu'il est très important, en effet que nous ayons une action au niveau de la formation, Pourquoi ? Parce que la reconstruction civile est un élément évidemment majeur et il est important que l'Afghanistan retrouve sa souveraineté. Et donc les activités de la police, en particulier la formation, me paraissent excessivement importantes.
La France estime que la police est un élément essentiel, nous n'avons jamais eu d'opposition à une telle mission ; nous avons en revanche appelé nos partenaires à la vigilance pour que les ressources humaines et financières, en ce qui concerne l'Afghanistan, ne soient pas prélevées au détriment de la future mission européenne de police et de justice au Kosovo, qui est une priorité essentielle de la PESD dans les mois qui viennent.
Sur le Kosovo, nous estimons qu'il faut maintenant attendre que M. Ahtisaari donne très prochainement son avis. Comme je l'ai déjà dit, nous estimons qu'il faut évidemment l'aider. Comme vous le savez, lors des élections serbes sont arrivées en tête des forces ultra-nationalistes. On peut faire aussi une autre lecture ; la majorité s'est portée sur les forces démocratiques pro-européennes. Il faut aussi rappeler le taux de participation des électeurs qui est de 60 %. Je souhaite d'ailleurs que le Premier ministre Kostunica puisse faire le choix d'une coalition pro-européenne. Dans ce cadre, j'estime qu'il est important, en effet, que l'Union européenne puisse former la police.
Q - Quand vous parlez du Kosovo et de la capacité de négociation du gouvernement serbe, c'est juste sur les conditions de la communauté serbe du Kosovo ou c'est aussi sur le statut final ? Quelle est d'après vous la marge de manoeuvre, de négociation, que notre gouvernement aura dans cette proposition ? M. Ahtisaari, va faire une proposition et vous avez parlé d'une négociation et du gouvernement serbe.
R - Comme vous le savez, il y a un débat en Serbie sur ce sujet. Je crois qu'il faut soutenir M. Ahtisaari dans sa volonté de préserver dans le cadre du statut les minorités et le patrimoine cultuel et culturel orthodoxe au Kosovo. Il y a une majorité, on le sait, on sait très bien que M. Ahtisaari a fait des propositions. Nous les soutenons. Mais au moment où nous parlerons, vu le contexte électoral serbe, il est tout à fait nécessaire de prendre parfaitement en considération les minorités, en particulier la minorité serbe.
Q - Vous avez dit que la solution en Afghanistan n'est pas que militaire, est-ce qu'il y a tout de même une impression de pressions sur une augmentation de l'effort militaire de la France, des effectifs ; par exemple est-ce que l'on doit s'attendre à ce que la France fasse des annonces à Séville ?
R - Vous connaissez notre position, nous avons 1.000 hommes, je crois que personne ne peut dire que notre contribution est insuffisante ; et je vous renvoie d'ailleurs à l'inverse aux déclarations du général britannique qui commande actuellement la FIAS, et a fait l'éloge de notre pays en insistant sur la lourde responsabilité de la région de Kaboul. Au-delà même de la force militaire, il me paraît essentiel de concentrer nos efforts également sur les problèmes de drogue qui existent en Afghanistan car on les voit en extrême augmentation ces dernières années et en particulier ces derniers mois. Et donc je pense qu'une des choses les plus importantes que nous pouvons faire, c'est immédiatement de nous grouper pour répondre sur ce sujet.
Q - La position française exclut-elle une solution imposée, et au cas où toutes les parties ne seraient pas d'accord, préféreriez-vous voir la poursuite des négociations ?
R - M. Ahtisaari va faire ses propositions, donc je ne peux évidemment pas préjuger de ce qui va se passer. Je vais vous dire simplement, comme je l'ai dit à plusieurs reprises, que ce soit d'ailleurs au Groupe de contact ou à New York sur ce sujet : je crois qu'il est nécessaire d'apporter notre total soutien à M. Ahtisaari et je crois qu'il est également nécessaire de parler à la Serbie et de lui dire deux choses : choisissez une coalition pro-européenne, faites votre choix en fonction de l'avenir et de la perspective européenne des Balkans occidentaux, et en particulier de la Serbie. Dès que M. Ahtisaari aura donné son avis, nous verrons comment, en Serbie, la discussion se passe. Je fais partie de ceux qui pensent qu'il est nécessaire d'avoir une approche qui permette de dire haut et fort aux Serbes que la minorité serbe sera totalement protégée.
Q - M. Ahtisaari présente aujourd'hui son rapport au Groupe de contact, quelle est la position de celui-ci ?
R - Je crois que le Groupe de contact en est, dans son ensemble, d'accord. Je crois qu'il est important, me semble-t-il, de bien voir le problème du Kosovo, d'abord évidemment en tant que tel, ce que nous avons toujours fait. C'est la raison pour laquelle, en mon âme et conscience, je pense que les propositions de M. Ahtisaari sont très importantes. Mais je pense qu'il est important aussi, pardon de me répéter, de regarder, quels que soient d'ailleurs les membres du Groupe de contact, le contexte politique. D'abord en termes d'élections législatives en Serbie, et au-delà, également en termes de valeurs que représente l'Union européenne. Mais au-delà de cela, il faut aussi prendre en considération le peuple qui vient de voter et regarder évidemment les résultats qui vont appuyer ce que M. Ahtisaari va dire ; et il faudra bien prendre le temps de marquer ses positions en particulier sur les sujets qui ont été abordés, que ce soit le caractère cultuel ou que ce soit la question des minorités.
Q - Les Etats-Unis annoncent une contribution supplémentaire de 10 milliards de dollars pour l'Afghanistan ; que peut-on attendre des Européens dans la même direction ?
R - J'ai parlé déjà de notre contribution civile qui est importante, en dehors de nos contributions militaires dont j'ai parlé et qui intéressent Kaboul. Nos contributions civiles couvrent un grand nombre de domaines et les Afghans nous ont d'ailleurs rappelé régulièrement leur appréciation ; nous intervenons sur des secteurs-clé : le secteur agricole, et je reviens sur la culture du pavot en Afghanistan, puisque nous avons mis 10 millions d'euros sur les cultures de substitution ; dans le domaine de la santé, je pense à l'hôpital mère et enfants de Kaboul et au-delà, à une aide au système de santé public ; le domaine culturel ; et le renforcement des institutions, en particulier la formation des administrations parlementaires ; j'ai eu l'occasion de recevoir au Quai d'Orsay un bon nombre de parlementaires. Je vous rappelle également que nous sommes fortement engagés à travers notre contribution dans le cadre de l'Union européenne : la Commission a investi un milliard d'euros depuis 2002 en Afghanistan et nous venons d'accepter le lancement d'une mission PESD de police dans ce pays.
Q - Concernant l'Afghanistan, on parle beaucoup en ce moment d'une nouvelle approche et même d'une nouvelle stratégie. Vous avez même dit qu'il y aurait un groupe qui allait étudier la question de la lutte contre le trafic de stupéfiants, ce qui est nouveau de la part des Européens, qui étaient plutôt réticents jusqu'à présent. Est-ce que vous pouvez donner votre appréciation en termes conceptuels, est-ce que c'est vraiment une nouvelle stratégie ? Et deuxièmement, que compte-t-on faire contre le trafic de drogues, sur le terrain ?
R - A Riga, le président de la République s'est exprimé et a souhaité un meilleur pilotage stratégique de nos efforts. Les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance se sont réunis aujourd'hui précisément pour cela. Les ministres de la Défense se réuniront à leur tour dans trois semaines. D'ici là il y aura à Berlin une importante réunion des directeurs politiques. C'est le mécanisme de coordination des efforts civils en Afghanistan. Nous pouvons encore améliorer la coordination, me semble-t-il, dans un format peut-être plus resserré, je ne veux bien sûr exclure personne, mais je crois que cela démontre à quel point nos partenaires partagent nos préoccupations.
Sur la question de la lutte contre le trafic de drogues, je crois encore une fois, en mon âme et conscience, que le problème de la drogue, c'est d'abord le problème de la substitution : est-ce qu'un paysan afghan va gagner un peu plus en cultivant un produit de substitution, ou un peu moins ? C'est aussi simple que ça.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 janvier 2007
Après le Conseil, une réunion élargie exceptionnelle sur l'Afghanistan s'est tenue. Elle a permis un échange de vues entre les Alliés, les représentants des pays qui participent à la FIAS, et les organisations internationales concernées par la reconstruction du pays.
1) S'agissant de l'Afghanistan, j'ai souligné l'effort militaire de la France, qui assure actuellement le commandement de la région de Kaboul. Notre effort a été accru par les décisions annoncées par le président de la République il y a tout juste quelques semaines, lors du Sommet de l'OTAN à Riga, avec :
- le renforcement de notre dispositif aérien basé au Tadjikistan et la participation ponctuelle de notre groupe aéronaval au profit de la FIAS ou d'Enduring Freedom ;
- la fourniture de certaines capacités critiques (notamment l'envoi d'hélicoptères de transport "Cougar") ;
- la possibilité, au cas par cas, d'engager les unités françaises à l'extérieur de la zone de Kaboul ;
- l'envoi d'une cinquantaine d'instructeurs qui seront insérés dans l'armée afghane.
Mais j'ai aussi rappelé qu'il ne peut y avoir de solution purement militaire en Afghanistan. La FIAS est une force de stabilisation, en appui des autorités afghanes, et qui doit permettre aux efforts de reconstruction de se déployer.
Nous avons encore beaucoup à faire pour améliorer la coordination de la stratégie d'ensemble, civile et militaire, de la communauté internationale. La réunion de ce jour a permis des échanges fructueux sur les moyens de mieux diriger nos efforts.
Alors qu'elle sera la prochaine étape ?
La prochaine étape sera la réunion à Berlin, le 30 janvier, du mécanisme de coordination civile, le JCMB, au niveau des directeurs politiques. Cette démarche va dans le sens des propositions du président de la République à Riga, qui appelaient à un pilotage plus resserré et plus efficace de nos efforts. Voilà ce que je voulais dire sur l'Afghanistan.
2) Le Kosovo est l'autre sujet que nous avons abordé. La France apporte également une contribution militaire importante à la KFOR (plus de 2.000 hommes). Je voudrais faire quelques remarques :
Le président Ahtisaari remettra ses propositions, vous le savez, la semaine prochaine à Belgrade et à Pristina. Nous avons toujours soutenu sa démarche, tout au long des négociations qui ont déjà eu lieu, et nous continuons à lui apporter notre total soutien.
Nous estimons en effet que ses propositions, dès lors qu'elles incluent des dispositions très importantes en faveur de la protection de la communauté serbe du Kosovo, constituent la base la plus réaliste d'un règlement de la question du statut.
Comme je l'ai répété moi-même à plusieurs reprises aux dirigeants serbes et kosovars, ils doivent maintenant se saisir de ces propositions et avoir une discussion constructive sur ce texte.
En termes de calendrier, nous pensons qu'il doit d'abord y avoir, dans les semaines qui viennent, d'intenses consultations avec les parties sur le texte de M. Ahtisaari. Celles-ci ne pourront qu'être facilitées par la formation rapide d'un gouvernement démocratique à Belgrade.
Quelles que soient les dispositions du statut, il est acquis, ce fut aussi l'objet de nos discussions aujourd'hui, et j'ai insisté personnellement sur ce sujet, qu'une présence internationale, civile et militaire, restera au Kosovo pour assurer la mise en oeuvre du statut.
Je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.
Q - Vous parlez précisément d'une présence internationale, quels vont être les rôles de l'Union, quels vont être les rôles de l'OTAN concernant la formation ?
R - Je crois qu'il est très important, en effet que nous ayons une action au niveau de la formation, Pourquoi ? Parce que la reconstruction civile est un élément évidemment majeur et il est important que l'Afghanistan retrouve sa souveraineté. Et donc les activités de la police, en particulier la formation, me paraissent excessivement importantes.
La France estime que la police est un élément essentiel, nous n'avons jamais eu d'opposition à une telle mission ; nous avons en revanche appelé nos partenaires à la vigilance pour que les ressources humaines et financières, en ce qui concerne l'Afghanistan, ne soient pas prélevées au détriment de la future mission européenne de police et de justice au Kosovo, qui est une priorité essentielle de la PESD dans les mois qui viennent.
Sur le Kosovo, nous estimons qu'il faut maintenant attendre que M. Ahtisaari donne très prochainement son avis. Comme je l'ai déjà dit, nous estimons qu'il faut évidemment l'aider. Comme vous le savez, lors des élections serbes sont arrivées en tête des forces ultra-nationalistes. On peut faire aussi une autre lecture ; la majorité s'est portée sur les forces démocratiques pro-européennes. Il faut aussi rappeler le taux de participation des électeurs qui est de 60 %. Je souhaite d'ailleurs que le Premier ministre Kostunica puisse faire le choix d'une coalition pro-européenne. Dans ce cadre, j'estime qu'il est important, en effet, que l'Union européenne puisse former la police.
Q - Quand vous parlez du Kosovo et de la capacité de négociation du gouvernement serbe, c'est juste sur les conditions de la communauté serbe du Kosovo ou c'est aussi sur le statut final ? Quelle est d'après vous la marge de manoeuvre, de négociation, que notre gouvernement aura dans cette proposition ? M. Ahtisaari, va faire une proposition et vous avez parlé d'une négociation et du gouvernement serbe.
R - Comme vous le savez, il y a un débat en Serbie sur ce sujet. Je crois qu'il faut soutenir M. Ahtisaari dans sa volonté de préserver dans le cadre du statut les minorités et le patrimoine cultuel et culturel orthodoxe au Kosovo. Il y a une majorité, on le sait, on sait très bien que M. Ahtisaari a fait des propositions. Nous les soutenons. Mais au moment où nous parlerons, vu le contexte électoral serbe, il est tout à fait nécessaire de prendre parfaitement en considération les minorités, en particulier la minorité serbe.
Q - Vous avez dit que la solution en Afghanistan n'est pas que militaire, est-ce qu'il y a tout de même une impression de pressions sur une augmentation de l'effort militaire de la France, des effectifs ; par exemple est-ce que l'on doit s'attendre à ce que la France fasse des annonces à Séville ?
R - Vous connaissez notre position, nous avons 1.000 hommes, je crois que personne ne peut dire que notre contribution est insuffisante ; et je vous renvoie d'ailleurs à l'inverse aux déclarations du général britannique qui commande actuellement la FIAS, et a fait l'éloge de notre pays en insistant sur la lourde responsabilité de la région de Kaboul. Au-delà même de la force militaire, il me paraît essentiel de concentrer nos efforts également sur les problèmes de drogue qui existent en Afghanistan car on les voit en extrême augmentation ces dernières années et en particulier ces derniers mois. Et donc je pense qu'une des choses les plus importantes que nous pouvons faire, c'est immédiatement de nous grouper pour répondre sur ce sujet.
Q - La position française exclut-elle une solution imposée, et au cas où toutes les parties ne seraient pas d'accord, préféreriez-vous voir la poursuite des négociations ?
R - M. Ahtisaari va faire ses propositions, donc je ne peux évidemment pas préjuger de ce qui va se passer. Je vais vous dire simplement, comme je l'ai dit à plusieurs reprises, que ce soit d'ailleurs au Groupe de contact ou à New York sur ce sujet : je crois qu'il est nécessaire d'apporter notre total soutien à M. Ahtisaari et je crois qu'il est également nécessaire de parler à la Serbie et de lui dire deux choses : choisissez une coalition pro-européenne, faites votre choix en fonction de l'avenir et de la perspective européenne des Balkans occidentaux, et en particulier de la Serbie. Dès que M. Ahtisaari aura donné son avis, nous verrons comment, en Serbie, la discussion se passe. Je fais partie de ceux qui pensent qu'il est nécessaire d'avoir une approche qui permette de dire haut et fort aux Serbes que la minorité serbe sera totalement protégée.
Q - M. Ahtisaari présente aujourd'hui son rapport au Groupe de contact, quelle est la position de celui-ci ?
R - Je crois que le Groupe de contact en est, dans son ensemble, d'accord. Je crois qu'il est important, me semble-t-il, de bien voir le problème du Kosovo, d'abord évidemment en tant que tel, ce que nous avons toujours fait. C'est la raison pour laquelle, en mon âme et conscience, je pense que les propositions de M. Ahtisaari sont très importantes. Mais je pense qu'il est important aussi, pardon de me répéter, de regarder, quels que soient d'ailleurs les membres du Groupe de contact, le contexte politique. D'abord en termes d'élections législatives en Serbie, et au-delà, également en termes de valeurs que représente l'Union européenne. Mais au-delà de cela, il faut aussi prendre en considération le peuple qui vient de voter et regarder évidemment les résultats qui vont appuyer ce que M. Ahtisaari va dire ; et il faudra bien prendre le temps de marquer ses positions en particulier sur les sujets qui ont été abordés, que ce soit le caractère cultuel ou que ce soit la question des minorités.
Q - Les Etats-Unis annoncent une contribution supplémentaire de 10 milliards de dollars pour l'Afghanistan ; que peut-on attendre des Européens dans la même direction ?
R - J'ai parlé déjà de notre contribution civile qui est importante, en dehors de nos contributions militaires dont j'ai parlé et qui intéressent Kaboul. Nos contributions civiles couvrent un grand nombre de domaines et les Afghans nous ont d'ailleurs rappelé régulièrement leur appréciation ; nous intervenons sur des secteurs-clé : le secteur agricole, et je reviens sur la culture du pavot en Afghanistan, puisque nous avons mis 10 millions d'euros sur les cultures de substitution ; dans le domaine de la santé, je pense à l'hôpital mère et enfants de Kaboul et au-delà, à une aide au système de santé public ; le domaine culturel ; et le renforcement des institutions, en particulier la formation des administrations parlementaires ; j'ai eu l'occasion de recevoir au Quai d'Orsay un bon nombre de parlementaires. Je vous rappelle également que nous sommes fortement engagés à travers notre contribution dans le cadre de l'Union européenne : la Commission a investi un milliard d'euros depuis 2002 en Afghanistan et nous venons d'accepter le lancement d'une mission PESD de police dans ce pays.
Q - Concernant l'Afghanistan, on parle beaucoup en ce moment d'une nouvelle approche et même d'une nouvelle stratégie. Vous avez même dit qu'il y aurait un groupe qui allait étudier la question de la lutte contre le trafic de stupéfiants, ce qui est nouveau de la part des Européens, qui étaient plutôt réticents jusqu'à présent. Est-ce que vous pouvez donner votre appréciation en termes conceptuels, est-ce que c'est vraiment une nouvelle stratégie ? Et deuxièmement, que compte-t-on faire contre le trafic de drogues, sur le terrain ?
R - A Riga, le président de la République s'est exprimé et a souhaité un meilleur pilotage stratégique de nos efforts. Les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance se sont réunis aujourd'hui précisément pour cela. Les ministres de la Défense se réuniront à leur tour dans trois semaines. D'ici là il y aura à Berlin une importante réunion des directeurs politiques. C'est le mécanisme de coordination des efforts civils en Afghanistan. Nous pouvons encore améliorer la coordination, me semble-t-il, dans un format peut-être plus resserré, je ne veux bien sûr exclure personne, mais je crois que cela démontre à quel point nos partenaires partagent nos préoccupations.
Sur la question de la lutte contre le trafic de drogues, je crois encore une fois, en mon âme et conscience, que le problème de la drogue, c'est d'abord le problème de la substitution : est-ce qu'un paysan afghan va gagner un peu plus en cultivant un produit de substitution, ou un peu moins ? C'est aussi simple que ça.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 janvier 2007