Interview de M. François Bayrou, président de l'UDF, dans "Paris-Match" du 22 mars 2001, sur l'élection de jeunes maires de droite lors des élections municipales et sur sa candidature à l'élection présidentielle de 2002.

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Média : Paris Match

Texte intégral

Alors, Bayrou sur un nuage, avec vos " bébés " de l'UDF qui ont gagné des dizaines de villes de gauche ?
Aucune raison d'être sur un nuage : ce n'est pas un miracle. C'est le résultat d'une idée fixe pour moi : le renouvellement, c'est la clé du succès. En tout cas quand les vents sont bons. J'en ai marre d'un monde politique immobile, où rien ne bouge jamais. Alors, nous avons présenté des jeunes, de nouveaux visages ! Et le succès est au rendez-vous. A Strasbourg, c'est Fabienne Keller, 40 ans, qui gagne haut la main ; à Blois, c'est Nicolas Perruchot, 34 ans, qui bat Jack Lang ; et nous avons fait tomber les bastions rouges ou roses : Drancy, la ville de Gayssot, est gagnée par Jean-Christophe Lagarde, 34 ans. Epinay, la ville du Congrès du PS, par Hervé Chevreau, 40 ans. Hérouville-Saint-Clair par Rodolphe Thomas, 38 ans. Saint-Louis de la Réunion par Cyril Hamilcaro, 37 ans. Angoulême par Philippe Motet, 37 ans. Une nouvelle génération. Et les villes emblématiques, comme Rouen. Et des villes imprenables, comme Saint-Brieuc. En tout, 25 villes de plus de 20 000 habitants gagnées par l'UDF !
Et Lyon perdue ?
A Lyon, comme à Paris, la déchirure était si profonde qu'il était très difficile de recoller les morceaux. Partout ailleurs, liste commune ou primaires, le second tour a permis de rassembler largement !
Le renouvellement, c'est votre credo ?
Nous avons changé de siècle. Nous allons changer de monnaie. Les Français veulent à juste titre changer aussi de politique. C'est mon combat.
La prochaine bataille qui va être menée à droite, c'est encore l'inversion du calendrier électoral, qui doit passer à l'Assemblée le 28 mars en deuxième lecture. On dit que certains députés UDF qui l'ont votée en première lecture pourraient changer d'avis Et ainsi favoriser la mainmise de Chirac sur tous les élus avant la présidentielle
Il faut comprendre une chose. Le rétablissement du calendrier, c'est la clé pour une offre nouvelle. Aux législatives, c'est camp contre camp. A la présidentielle, l'électeur se voit offrir le choix au premier tour. Et le choix, c'est la chance du renouvellement.
Etes-vous plus que jamais déterminé à vous présenter en 2002 ?
Comment ne pas l'être ? La France veut tourner la page du siècle dernier. Je le crois de toutes mes fibres. Le changement est aussi nécessaire à la politique que la respiration l'est à la vie. C'est vrai à droite et c'est aussi vrai à gauche. Si on lui propose ce choix, elle n'hésitera pas. Elle vient de le montrer aux municipales. Les Français veulent des réponses claires et simples aux questions qu'ils se posent. L'école, la ville paisible, l'Europe, la délinquance, les retraites. Ils veulent sur tous ces sujets des mots simples et de la volonté. Et ils choisiront. Ce n'est pas dans la critique que les Français reconnaîtront le vrai changement, c'est dans l'élan et le projet différent.
Et, évidemment, le vrai changement, c'est vous qui l'incarnez ?
Le vrai changement s'imposera, quoi qu'on fasse pour l'en empêcher.
(Source http://www.udf.org, le 26 mars 2001)