Déclaration de Mme Nelly Olin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur la situation hydraulique en France et l'action du ministère par rapport à la sécheresse et à la rareté de l'eau, Paris le 1er mars 2007.

Prononcé le 1er mars 2007

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conférence de presse à la suite du Comité sécheresse, à Paris le 1er mars 2007

Texte intégral

Ce premier comité national sécheresse intervient très tôt dans l'année.
Les informations en ma possession sur la situation hydrologique pour le mois de février pourraient nous faire penser que l'année 2007 s'annonce difficile.
1. Quelle est la situation ?
Comme vous le savez, c'est de septembre à mars que les nappes phréatiques se rechargent. A ce jour, je constate que la pluviométrie moyenne depuis le début de l'année hydrologique est légèrement en-dessous de la normale, à l'exception des Pyrénées et du Languedoc-Roussillon où le déficit est plus important.
Mais fin janvier, le déficit en pluies efficaces, c'est-à-dire en pluies qui entrent dans le sol, alimentent les nappes et garantissent l'écoulement des cours d'eau était de plus de 70 % sur la moitié du pays.
La recharge des nappes est timide ou inexistante sur quelques nappes comme les nappes du bassin parisien pour celle du Champigny et de la Beauce ou autour de Lyon.
Fin janvier, le débit des cours d'eau était de 50 % inférieur à la normale sur la moitié sud de la métropole.
Nous nous trouvons dans une situation comparable à celle de 2005 sauf pour la Bretagne et les Pays de la Loire.
Néanmoins, de nouvelles régions sont concernées comme le couloir rhodanien ou la Corse.
La situation est préoccupante, et nous devons rester attentifs à son évolution en fonction des précipitations qui pourraient venir dans les deux prochains mois.
2. L'action du MEDD.
Dans ces conditions les efforts du Ministère de l'Ecologie portent sur des mesures de court terme et sur une action structurelle visant à réduire notre vulnérabilité à la sécheresse.
a) Anticiper et assurer la gestion de la crise.
Notre premier devoir est d'anticiper au mieux une éventuelle crise cet été.
L'année dernière, avec Dominique BUSSEREAU, nous avions lancé un appel aux agriculteurs pour qu'ils produisent des cultures économes en eau.
Cette année, si les conditions météorologiques ne deviennent pas plus favorables, le besoin d'irrigation risque de se faire sentir rapidement.
Dans cette hypothèse, j'ai demandé aux préfets du bassin Adour Garonne, où la situation est déjà tendue, qu'une communication vers les agriculteurs se fasse dans les tout prochains jours.
Je sais qu'à cette période de l'année, les agriculteurs suivent de très près les conditions météorologiques, les niveaux de remplissage des réserves et l'état de recharge des aquifères.
Si la situation venait à se confirmer, cela pourrait handicaper certaines cultures. Je sais pouvoir compter sur le sens des responsabilités des agriculteurs.
b) Conduire une action structurelle de gestion de la rareté de l'eau.
La gestion de la sécheresse ne saurait bien sûr se résumer à la gestion de crise.
Il convient de mener une action structurelle pour rétablir durablement l'équilibre entre offre et demande en eau.
C'est le sens du plan de gestion de la rareté de l'eau que j'ai présenté en conseil des Ministres le 26 octobre 2005.
Ce plan s'articule autour de trois axes :
- priorité à l'eau potable ;
- partage de l'eau entre les différents usages ;
- et meilleure valorisation de l'eau.
Il est décliné en 26 mesures, législatives, réglementaires, incitatives, étude et communication afin de réduire durablement notre vulnérabilité à la sécheresse, en donnant de nouvelles marges de sécurité, notamment à l'alimentation en eau potable, et en conciliant les différents usages tout en préservant la qualité des milieux aquatiques.
J'ai profité du comité sécheresse de ce matin pour faire le point, 18 mois après sa présentation en Conseil des ministres, sur les mesures du plan.
Parmi celles qui ont été réalisées à ce jour, je tiens à en citer quelques-unes dont la plus emblématique est bien évidemment l'adoption de la loi sur l'eau le 30 décembre 2006, dans laquelle un certain nombre d'outils du plan ont été introduits, en particulier :
- priorité de l'eau potable sur les autres usages ;
- zones de sauvegarde quantitative et organisation collective des irrigants ;
- simplification de la redevance prélèvement et modulation en fonction des enjeux du milieu ;
- compteurs d'eau froide individuels obligatoires dans les immeubles collectifs neufs ;
- économies d'eau dans les missions des agences de l'eau,...
Je ne détaillerai bien évidemment pas toutes les mesures des 102 articles de la loi.
Je conclurai sur celle-ci en rappelant le crédit d'impôt qui a été voté pour les équipements de récupération des eaux de pluie.
Une telle problématique dépasse le seul cadre de la France.
2005 et 2006 ont été des années européennes pour la sécheresse avec le lancement d'une initiative politique européenne qui prend en compte les effets de la sécheresse dans le cadre de la Directive Cadre sur l'Eau.
Cette action est menée principalement avec nos partenaires italiens et espagnols.
Une première partie des travaux a été présentée fin 2006. La Commission travaille à une communication avant l'été.
Le travail n'est pas terminé pour autant puisqu'un certain nombre de mesures restent à mettre en oeuvre et les textes d'application de la Loi sur l'eau.
Comme vous pouvez le constater, la mobilisation du ministère est forte. Il s'agit de se préparer à vivre éventuellement une situation comparable à celle de 2005.
Le prochain bulletin hydrologique, qui sera publié à la mi-mars, nous donnera plus d'informations pour la suite.
Comme les années précédentes, l'anticipation demeure le maître mot d'une politique responsable, et la réunion du comité, aujourd'hui, s'inscrit dans cette perspective.
Je vous remercie. Source http://www.environnement.gouv.fr, le 2 mars 2007