Déclaration de Mme Ségolène Royal, députée PS et candidate à l'élection présidentielle de 2007, sur le rôle de l'Etat face aux difficultés d'Airbus et à la menace de 4300 suppressions d'emplois en France, sur le bilan de l'action du gouvernement, les mesures à prendre en faveur de l'emploi ainsi que sur la promotion de son pacte présidentiel, Mont-de-Marsan le 1er mars 2007.

Prononcé le 1er mars 2007

Intervenant(s) : 

Circonstance : Meeting à Mont-de-Marsan le 1er mars 2007

Texte intégral

Chers amis, merci à vous d'être aussi nombreux rassemblés, aussi chaleureux, aussi enthousiastes. J'ai besoin de vous, portez-moi jusqu'au 22 avril, c'est grâce à vous que je suis forte.
J'ai besoin de votre énergie. J'ai besoin de votre exigence, de votre citoyenneté, de votre engagement, de votre présence.
Je veux saluer dans cette salle, et au-delà de cette salle, je dis bonjour aux 2 000, 3 000 citoyens qui sont rassemblés devant un écran, je viendrai vous dire bonjour tout à l'heure.
Votre présence massive, votre ferveur, votre engagement, vos peurs parfois lorsque je prends des coups, vos soulagements lorsque je me relève, vous voir aussi nombreux, c'est la promesse que la victoire est possible, mais que nous devons encore la mériter à moins de deux mois du premier tour de l'élection présidentielle. Et c'est à cela que je vous invite, méritons-là ensemble, cette victoire, adressons-nous encore tous les jours à nos concitoyens, à ceux qui doutent, à ceux qui souffrent, à ceux qui attendent, à ceux qui ne croient plus forcément que la politique sert à quelque chose. Et tous les jours, les médias qui leur disent : à quoi sert la politique ?
Je vous le dis, la politique, ça sert à quelque chose, et d'abord, ça sert à changer, et à changer en profondeur, ça sert à mettre fin à toutes les brutalités, à toutes les précarités, à toutes les injustices que la droite nous laisse. C'est à cette France-là en effet qu'il faut redonner confiance. C'est une nouvelle France que nous devons construire ensemble, et à vous voir aussi mobilisés, j'ai confiance.
J'ai confiance avec vous, tous les habitants des Landes autour d'Henri Emmanuelli, que je remercie de ses propos, mais à vous, je reconnais l'ensemble des élus, des parlementaires des autres départements de toute cette très belle région d'Aquitaine, avec Alain Rousset aussi que je salue.
Oui, les Landais peuvent être fiers de leur département, et les Aquitains de leur région, de leur littoral, de leurs forêts protégées, de leurs sites magnifiques. Ils peuvent être fiers d'appartenir aux dix premiers départements protecteurs de l'environnement.
Ce pays a l'habitude, même s'il y a encore du travail faire comme toujours, d'établir des compromis parfois difficiles avec la nature, de rendre cultivables les marécages, de contenir et de fixer les dunes. Héritiers de l'intrépide Gascogne, les Landais peuvent tout simplement être fiers de leur territoire, et je sais pouvoir compter sur vous pour réaliser demain l'un des piliers de mon pacte présidentiel, faire de la France le pays de l'excellence environnementale.
Et puis je sais que l'on trouve ici, et ce soir en est une preuve, la joie de vivre, la vie rieuse, la vie des soirs de Temporada, les clameurs de vos places torrines, les musiques euphoriques des Bandas, les chants rauques de l'Espagne si proche, les nuits d'étés embellies du rouge et blanc des habits de vos festaïres, c'est ici.
Nous sommes à moins de deux mois du premier tour de l'élection présidentielle. Ce premier tour décidera grandement de l'issue du scrutin. Rien n'est fait, je l'ai dit tout à l'heure, nous devons conquérir la confiance de beaucoup de nos concitoyens qui hésitent encore et qui doutent. Mais je voudrais rappeler ici les ravages que peuvent produire l'effacement des enjeux et l'oubli des clivages essentiels.
Le premier tour détermine toujours la dynamique de victoire, et c'est pourquoi, si on veut la victoire de la gauche qui autorise le changement et qui ouvre l'espérance, il faut être au rendez-vous le 22 avril prochain, car la France a besoin d'un changement profond, et une fois de plus, hélas, Henri le disait à l'instant, l'actualité en donne la preuve de ce besoin de changement et de cette nécessité de faire autrement, et en particulier pour la bataille pour l'emploi.
Oui, un séisme industriel menace notre pays, et plus largement l'Europe, et je veux parler d'Airbus.
Voilà une entreprise qui avait réussi l'exploit, il y a quelques années, d'occuper une position de leader mondial dépassant son concurrent et rival américain Boeing, un avionneur qui est notre fierté et qui doit le rester, avec des résultats déterminants pour notre commerce extérieur, et dont le dynamisme économique irrigue et doit continuer à irriguer nombre de nos territoires avec son réseau de sous-traitants.
Alors, l'annonce catastrophique est là : suppression programmée de 10 000 emplois en Europe, dont 4 300 en France avec son cortège d'entreprises de sous-traitance menacé, avec des solutions qui peuvent aller jusqu'à la vente ou la cession de tel ou tel site, celui par exemple où je me suis rendue il y a quelques jours aux côtés des salariés à Méaulte*.
Je voudrais ici le dire sans détour, et ce n'est pas une polémique politicienne, c'est le constat de ce qui s'est passé : l'actuel gouvernement est responsable de ce désastre.
L'actuel, et je voudrais le dire avec vous, en témoignant à ces milliers de salariés brutalement menacés, brutalement angoissés, brutalement déstructurés, on connaît le ravage de la menace sur l'emploi que cela crée sur les familles, sur les enfants qui ensuite rasent les murs à l'école et qui ne comprennent plus le sens des choses.
Et face à ces menaces, tandis que les dirigeants de ce groupe, on vient de me communiquer le chiffre, gagnent 2,3 millions d'euros par an, sans compter les actions et les stock-options, alors je dis que le pacte social est rompu, et ce gouvernement n'a pas fait jouer à l'État son rôle d'actionnaire responsable. Il était possible de faire autrement. Ce gouvernement n'a pas permis à l'État d'exercer la vigilance indispensable sur ce dossier capital pour l'industrie aéronautique française et européenne. En effet, il a tardé à réagir aux problèmes de délai de fabrication sur lesquels les ingénieurs et les salariés de l'entreprise tiraient en vain la sonnette d'alarme.
C'est ce qui me conduit à penser, et vous l'avez vu dans le pacte présidentiel, je pense en effet que le moment est venu d'accomplir une révolution dans la gouvernance des entreprises, et en particulier à plus forte raison dans celles où l'État est actionnaire pour que les salariés siègent dans les conseils d'administration, comme c'est le cas dans tous les pays du Nord de l'Europe, où ils peuvent tirer la sonnette d'alarme, forcer les dirigeants à anticiper les difficultés.
Il n'est pas anormal qu'une entreprise ait, à un moment ou un autre, des difficultés industrielles, mais ce qui compte, c'est la bataille de l'anticipation, c'est de ne pas cacher les choses, c'est de ne pas les dissimuler, et c'est donc de faire en sorte que, par un dialogue social renouvelé et réformé en profondeur, et grâce à un syndicalisme de masse qui pourra à un moment en effet nouer des compromis sociaux, ou anticiper, ou peser sur les dirigeants des entreprises pour qu'ils agissent autrement, comme c'est le cas dans cette grande entreprise par exemple que je suis allée visiter, Ericsson, en Suède, qui, à un moment, a eu de grandes difficultés économiques, mais les syndicats de salariés sont associés aux comptes de l'entreprise, et ils ont pu anticiper et voir les choses, et cette entreprise qui, à un moment, a dû supprimer des emplois, elle l'a fait sans un seul jour de grève, sans casser l'outil industriel, sans humilier les salariés parce qu'il y a la sécurité sociale professionnelle, et elle a pu ensuite reconquérir ces emplois. Et les salariés qui ont été les premiers à tirer la sonnette d'alarme et à alerter les pouvoirs publics ont pu justement peser sur les stratégies industrielles.
Voilà ce qui a cruellement manqué à Airbus : une capacité d'anticipation, une capacité de réactivité, une capacité à sauver l'outil industriel, une capacité à demander à l'État d'accomplir son devoir d'actionnaire pour investir massivement dans l'innovation, dans la recherche et dans la mutation industrielle.
Puis, ce gouvernement de droite aussi a scandaleusement déstabilisé l'entreprise par des nominations politiques à sa tête. Un certain M. Forgeard*, ancien conseiller du pouvoir, puis remercié pour son incompétence, mais qui est malgré tout parti, quelle insulte pour les salariés, avec 2,5 millions d'euros, sans compter les stock-options et les actions vendues au bon moment.
Puis un actionnaire privé, le groupe Lagardère, si proche du pouvoir, qui a commencé à se désengager par des ventes d'actions, il paraît que le secteur de la communication l'intéresse plus que le secteur industriel, et qui a aussi opportunément, quelques semaines avant l'annonce officielle des retards sur l'A320, s'est opportunément désengagé, qui, aujourd'hui, laisse planer l'incertitude. Et il faut que le gouvernement remette cet actionnaire privé devant ses responsabilités à l'égard des territoires sur lesquels les entreprises sont installées.
Enfin, la cacophonie gouvernementale entre un Premier ministre, qui, actuellement, affiche théoriquement une posture volontariste, l'État doit jouer son rôle, et un ministre candidat qui a expliqué en début de semaine, mais paraît-il cela évolue, que tout cela n'est pas de la responsabilité d'un homme politique et que l'État ne peut rien faire.
Moi, je vous dis tout le contraire : non seulement l'État peut faire mais l'État doit faire. La puissance publique doit assumer ses responsabilités.
L'emploi est le coeur de l'engagement politique, et donc l'enjeu de cette élection présidentielle. On le voit sur cet exemple, il est sur le choix clair entre un État impotent, un gouvernement impuissant, et au contraire, un État fort qui assume ses responsabilités et qui considère que la bataille pour l'emploi est au coeur aujourd'hui de l'action politique parce que c'est le chômage qui sape et qui ronge les fondements de la France qui veut à nouveau se tenir debout.
Et j'en prends ici l'engagement, avec moi, l'État sera fort, il sera juste, il sera à sa place, il aidera les entreprises qui créent et qui avancent, il réconciliera la France avec les vrais entrepreneurs, ceux que nous aiderons, et ceux que nous n'aiderons plus, ceux qui empochent des fonds publics et qui profitent des effets d'aubaine, ou qui ne donnent pas en retour les créations d'emploi qu'appelle l'investissement public dans les entreprises.
Et j'affirme ici que, si dans moins de deux mois, les Français nous font confiance, nous remettrons totalement à plat le dossier d'Airbus, et dans trois directions.
D'abord, je ferai prévaloir la stratégie industrielle sur la stratégie financière. La logique financière, qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire, lorsque les actionnaires l'exigent, même lorsque l'entreprise ou même, lorsque c'est le cas, le savez-vous, mais je crois que cela aussi a été caché aux salariés et aux Français, aujourd'hui, Airbus a plusieurs années, a cinq années de plan de charge devant elle. Airbus a 2 000 avions commandés, donc Airbus peut et doit survivre, Airbus peut et doit se développer si ce sont les stratégies industrielles qui l'emportent puisque les commandes sont là.
Et il faudra mettre fin à ces logiques financières dans le seul but de rassurer les marchés et les actionnaires privés. Ce qui manque cruellement et ce qu'il faudra mettre en place rapidement, c'est une stratégie industrielle et des innovations pour le renouvellement de la gamme d'avions et surtout pour le maintien du potentiel de recherche et de développement en Europe.
Face à Boeing, Airbus doit garder une présence sur l'ensemble des catégories d'avion, on le sait, et les spécialistes y insistent.
C'est pourquoi je remettrai à plat ce dossier et le réexaminerai avec les Allemands et les Espagnols.
En deuxième lieu, le cas d'Airbus montre, et je l'ai dit tout à l'heure, l'urgence d'une réforme profonde du pilotage des entreprises, de transparence, de rigueur, d'éthique dans le management. On voit la nécessité, et je le répète, de prévoir la présence des salariés dans les conseils d'administration, et cette remise à plat se fera avec les syndicats de salariés.
Enfin, je le dis, les États européens doivent recapitaliser de façon stable l'entreprise pour éviter toute fermeture d'usine, avec une stratégie gagnant/gagnant avec les salariés. C'est possible en contrepartie de l'absence des fermetures d'usine.
On peut négocier, avec les syndicats de salariés, l'amélioration de l'organisation, l'amélioration de la productivité, c'est possible, je le répète, puisque Airbus a ses carnets de commande pleins pour les cinq années à venir.
L'enjeu est donc considérable, il s'agit de relever ce défi, de montrer qu'il est possible de faire autrement, et la gauche que l'on a dit si souvent incompétente sur le plan du développement économique, je le revendique aujourd'hui, je crois que c'est étant ferme sur un certain nombre de valeurs, et en particulier sur le respect des salariés et des stratégies industrielles qui créent de la vraie valeur ajoutée, que nous ferons, oui, nous, la gauche, de l'efficacité économique, et que nous réussirons.
Oui, demain, l'État actionnaire assumera tout son rôle et exigera des anticipations, et je le ferai.
Oui, demain, l'État actionnaire ne cèdera pas aux logiques financières et je le ferai.
Je voudrais ici, tous ensemble, que nous rendions hommage aux salariés d'Airbus, aux ingénieurs de talent, à ces chercheurs, à leur réputation, qui se sentent aujourd'hui humiliés, déconsidérés par ce qui se passe. Je voudrais leur dire que la France a besoin d'Airbus, que l'Europe doit réussir à sauver sa filière aéronautique, et que je fais confiance aux salariés, aux ingénieurs et aux chercheurs d'Airbus pour, demain, relever l'entreprise que leur dirigeant et que le gouvernement actuel n'a pas su faire.
Oui, votre présence est un mouvement irrésistible. J'ai confiance d'abord dans la lucidité des Français sur le bilan des uns comme sur celui des autres, et force est de constater que les responsables de l'échec d'aujourd'hui sont disqualifiés pour promettre le succès de la France de demain, et je pense que cette idée s'impose peu à peu dans les profondeurs du pays.
J'ai confiance dans la confrontation des projets et dans la défense du pacte présidentiel que je propose aux Français et que je vous demande de leur porter. La France que nous voulons sera soucieuse de justice, de fraternité et de sécurité. Elle n'est en rien comparable à celle proposée par nos concurrents de droite.
Voulez-vous encore de cette France inégalitaire ?
Voulez-vous encore de cette France divisée ?
Voulez-vous encore de cette France affaiblie, brutale, repliée sur elle-même ? Non.
C'est la raison pour laquelle nous avons un devoir de victoire.
Non pas pour nous-mêmes, mais pour construire une France neuve, qui sait que pour être forte, il convient d'abord d'être juste, une France qui veut se relever, et nous le pouvons. Il nous faut gagner, et ceci ne peut se faire que dans la clarté. Et la clarté commence dans la reconnaissance des idées politiques et des valeurs.
Dans cette campagne, on le sait, il y en a qui cherchent à brouiller les cartes. Soit parce qu'il faut faire oublier qu'ils sont eux-mêmes en partie comptables du bilan, ou alors pour faire oublier que les élus de leurs formations politiques gouvernent avec la droite dans toutes les assemblées locales. Partout ils sont dans l'opposition là où la majorité est de gauche. Et je le dis ici très simplement : on ne peut pas, comme cela, hier tous les sept ans, maintenant tous les cinq ans, le temps d'une campagne électorale, compter fleurette à la gauche, puis rentrer chez soi en courant dès la proclamation des résultats.
Je le dis ici, on ne peut pas, malgré parfois de bonnes intentions, faire une grande politique avec de tels procédés. C'est de vérité dont le débat démocratique a besoin, pas de jeu, et encore moins de jeu tactique.
Alors j'entends dire que le juste milieu serait censé apporter toutes les solutions à la crise profonde, mais je crois que le juste milieu conduit à l'inaction, à l'impossibilité de choisir et de trancher. Le juste milieu, ce n'est pas le milieu juste. Et moi, je crois que face à la crise économique, sociale, morale, environnementale que traverse la France, c'est de changements profonds et de choix clairs dont elle a besoin, et pas de compromis mous qui ne résistent pas à l'épreuve des faits, et qui sont tous les jours contredits sur le terrain.
Eh bien, chers amis, oui, il est temps de mettre la vérité devant. Et la vérité, c'est d'abord la politique par la preuve. Et le bilan du candidat sortant de la droite sortante, il est là : une croissance plus faible que dans la plupart des pays européens, un chômage qui ne baisse que dans les statistiques faute de créations d'emplois, un endettement public qui atteint 18 000 euros par habitant, un déficit cumulé des comptes sociaux, qui atteint 60 milliards d'euros, un déséquilibre historique de la balance commerciale, qui atteint 30 milliards d'euros, c'est-à-dire l'équivalent d'un million d'emplois. En d'autres temps nous aurions payé cette ardoise par une dévaluation du franc.
Et puis, comment justifier l'augmentation de plus de 200 000 du nombre de RMIstes ? La progression de la précarité, dès lors que 70 % des embauches se font à contrats à durée déterminée ou en intérim ou en stage ? L'amputation du pouvoir d'achat des retraités, la stagnation des salaires et la hausse, malgré toutes les affirmations contraires, des prélèvements obligatoires ? Je veux, avec vous, mettre fin à ces désordres pour rétablir en France un ordre social et économique juste.
Et que dire sur les autres désordres ? Ceux qui portent sur la sécurité. Les chiffres infligent, là aussi, un démenti sanglant à toutes les affirmations.
Il y a un travail immense pour reconstruire ce qui a été détruit. Depuis 2002, jamais la délinquance des mineurs n'a autant progressé, jamais notre pays n'a connu, pendant plus de trois semaines, un tel déchaînement de violences urbaines, alimentées, il est vrai, par des paroles déplacées, mais là, aucun problème n'est résolu, comme je m'en suis rendu compte en me rendant à Clichy récemment.
C'est vrai, nul candidat sortant ne peut être élu sur un tel bilan.
Dire cela, ce n'est pas tomber dans ce ne sais quelle polémique dont les Français sont fatigués, mais tout simplement parce que je crois profondément que la morale politique, à un moment, consiste à rendre des comptes sur ses actes.
Quel terrible paradoxe ! Sinon, à quoi sert la politique si aujourd'hui un ministre du gouvernement ou un membre de l'actuelle majorité prétend résoudre, alors qu'il est au pouvoir, les problèmes qu'il constate tous les jours ? Ce n'est pas crédible, ce n'est pas sérieux !
Et puis, quel contre-exemple civique, où celui qui prétend rompre avec une équipe disqualifiée s'accroche jusqu'au bout à un gouvernement pour bénéficier, encore pour quelques jours, laissez-moi encore un moment, des moyens considérables que lui donne le ministère de l'Intérieur !
Voilà pourquoi la clarté exige la confrontation des visions et des projets, et je le fais. Je le fais avec le pacte présidentiel, c'est ma vision de la France construite avec vous, mes engagements, une centaine de propositions autour de sept piliers qui répondent au double défi de l'urgence et de la préparation de l'avenir : le travail pour tous, le pouvoir d'achat garanti, la réussite éducative et culturelle avec le soutien aux familles, la lutte contre toutes les formes violence, de précarité et d'injustice, la construction des sécurités durables, les nouvelles sécurités dont nous avons besoin face à une mondialisation qui fait peur, l'excellence environnementale, je l'ai évoquée tout à l'heure, et enfin, la République nouvelle avec une réforme profonde de nos institutions.
Je veux le redire, parce que vous avez été nombreux, et je voudrais vous en remercier, à animer les débats à travers le pays. Vous avez été plus de deux millions à venir dans ces débats ou sur le site Internet Désirs d'avenir, et je crois que c'est ce qui fait aujourd'hui ma sérénité, ma solidité, appuyée sur la force qui est en vous, la modernité aussi, ce regard neuf posé sur une France neuve, et qui attend des solutions nouvelles, en garantissant plus d'efficacité mais aussi plus de justice.
Cette parole, vous l'avez prise, et je vous demande de la garder, car avec moi, la politique ne sera plus jamais comme avant, et c'est avec vous que je veux construire.
Et ceux qui n'ont pas encore pris la parole, je vous demande de la prendre, et vous qui êtes ici dans cette salle, attentifs, qui veulent comprendre, ou parfois qui sont déjà décidés, j'espère que vous êtes de plus en plus nombreux, ou qui hésitent encore, je vous demande de vous tourner vers les Français et vers les citoyens parce que, je le répète, je crois que la crise démocratique est profonde, que beaucoup d'électeurs attendent, qu'ils sont parfois exaspérés de quelque chose qui ne vient pas, qu'ils sont prêts à nous refaire confiance une nouvelle fois tout en se disant : est-ce que tout cela sera tenu ? Est-ce que cette parole sera réalisée ?
Chacun d'entre vous, vous êtes le garant de cette parole tenue parce que vous êtes là et cela me donne une obligation, cela m'oblige, cela me donne une exigence, cela me fait prendre conscience du moment éminent, extraordinaire, profond que nous sommes en train de construire et de nouer ensemble.
Ce dialogue direct d'une candidate à l'élection présidentielle avec le peuple français, je ne peux pas le faire seule, c'est à chacun d'entre vous de le faire, parce que je crois que la France neuve qui a envie de se relever, elle pourra le faire si chaque citoyen a le sentiment très profond de pouvoir peser sur sa vie et de pouvoir assumer les choix qui lui sont propres, de pouvoir continuer à transmettre à la génération d'après les valeurs auxquelles elle tient et de ne plus subir la machine écrasante du libéralisme, de la mondialisation, des insécurités et des précarités.
C'est parce que chacun aura le sentiment, à la place où il est, qu'on lui donne les mêmes chances de réussir sa vie, de se former, d'accéder à un premier emploi, de pouvoir dire à ses enfants qu'ils auront les mêmes chances de réussite à l'école.
C'est pourquoi, au coeur de ce pacte présidentiel, se trouve l'éducation, encore l'éducation, toujours l'éducation, avec le soutien scolaire individualisé aux élèves qui en ont besoin.
Oui, ce pacte présidentiel, c'est grâce à cette écoute et à ce travail qu'il est solide. Parce que je n'oublierai jamais ces cris de détresse silencieuse, ces vies brisées qui sont venues, ces familles humiliées et ravagées par l'injustice, ces destins marqués par le sceau où tout est joué d'avance, ces retraités qui viennent tout modestement dire qu'ils ne font plus qu'un seul repas par jour parce que le pouvoir d'achat des petites retraites a baissé, ces pères RMIstes qui font semblant de se lever le matin pour faire croire à leurs enfants qu'ils ont un vrai travail, et puis ces femmes seules. Le nombre de femmes seules, tant de femmes qui sont venues, qui écrivent et qui me disent « occupez-vous de nous », ces femmes victimes des précarités, des insécurités, 80 % des travailleurs pauvres sont des femmes, les inégalités salariales qui ne sont pas résorbées, les femmes seules qui doivent faire face à l'éducation des adolescents et qui ont tant de mal, à qui on reproche de ne pas les encadrer d'un côté, mais auxquelles on ne donne pas les moyens de se loger correctement de l'autre.
Oui, ce pacte social-là, il est rompu, et je veux m'occuper d'elles, parce que c'est d'elles aussi que dépend nombre de raccrochages des plus jeunes à la réussite et à l'espoir.
Je dis aussi, ce pacte, c'est une volonté d'efficacité appuyée sur une vision de la France qui prend à bras le corps la crise économique, la crise sociale, la crise éducative, la crise morale qui rongent notre société. Ce n'est pas un catalogue, c'est un projet pour remettre la France debout.
J'ai compris, en vous écoutant, et tous les élus ici présents, tous les citoyens qui sont allés à l'écoute des autres l'ont compris avec moi : la France que nous voulions construire est celle dont on ne voulait plus, celle dont on ne veut plus, sauf à se résigner à un déclin social qui emportera, je vous le dis, la démocratie, s'il continue, celle qui tolère, une France qui tolère une situation où plus de 20 % des jeunes qualifiés ou diplômés sont sans emploi et où l'âge du premier emploi n'en finit pas de reculer.
C'est pourquoi, dans ce pacte présidentiel, je propose un nouveau pacte avec les jeunes, car il n'y a aucune raison que la France soit le pays d'Europe où les jeunes soient le plus durement touchés par le chômage. Si on ne réussit pas à relever ce défi, mais nous le réussirons, parce que, lorsqu'un jeune qualifié et diplômé est au chômage, ce sont tous les fondements de la société qui s'écroulent, c'est le sens de l'effort pour les plus jeunes, c'est l'espoir pour ceux qui ne peuvent pas se loger ou construire à leur jour une vie de famille.
C'est pourquoi, dans ce pacte présidentiel, il y a l'affirmation du droit au premier emploi pour les jeunes. Pas un jeune ne doit rester sans travail ou sans activité ou sans formation complémentaire pendant plus de six mois.
Alors, j'entends dire, ici ou là : mais ce pacte refondateur pour les jeunes, comment va-t-elle faire pour le financer ?
Mais ce pacte refondateur, ce que je veux vous dire, c'est qu'il est déjà en marche dans les régions présidées par des présidents de région socialiste, comme ici en Aquitaine, parce que nous ne sommes pas restés les bras ballants face au désengagement du gouvernement, et en particulier à la suppression de tous les emplois-jeunes, à la paupérisation des stagiaires. Partout, nous avons commencé à mettre en place plusieurs milliers d'emplois-tremplins, et cette politique-là sera généralisée à l'échelle du territoire national. Partout, nous avons mis en place des ateliers de la création qui permettent aux jeunes l'aide d'un prêt gratuit de 10 000 euros, de créer leur première activité ou leur premier emploi. Cette politique-là sera généralisée à l'échelle nationale.
Partout, nous avons commencé à mettre en place des actions de formation professionnelle qui permettent aux jeunes qui ne trouvent pas d'emploi d'un côté et aux entreprises qui ne trouvent pas les salariés qualifiés de l'autre de se rencontrer, et de faire en sorte que la réconciliation avec l'entreprise commence dès l'école.
Je le dis sans détour, cela a été longtemps un tabou pour la gauche, mais je crois qu'aujourd'hui, la gauche moderne doit soutenir les vraies entreprises, celles qui vont de l'avant et qui créent de la valeur ajoutée dans des stratégies de développement économique.
C'est très tôt qu'il faut permettre aux jeunes de mettre un pied dans l'entreprise, c'est maintenant qu'il faut faire converger l'enseignement supérieur, la recherche et les entreprises, comme par exemple dans les pôles de compétitivité qu'il faudra accélérer et développer sur tout le territoire national.
J'ai confiance dans cette façon pragmatique de voir les choses, car si demain, l'État, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, tire dans la même direction que l'ensemble des territoires régionaux qui veulent aller de l'avant et qui ont la responsabilité aujourd'hui, selon la loi, du développement économique et de la formation professionnelle, si les énergies se déploient sur l'ensemble du territoire national et tirent dans la même direction, oui, je crois à une politique économique, sociale et environnementale sur ces trois piliers efficaces, pragmatiques, qui ne gaspillent pas les fonds publics, qui investissent dans la ressource humaine et dans la qualification professionnelle. Et je pense que c'est en restant fidèles à ces valeurs socialistes de la justice salariale, de la sécurisation des parcours professionnels, en faisant preuve d'imagination et en faisant preuve d'entrain et d'énergie sur le territoire national, oui, je vous le dis, nous débloquerons la machine économique et nous relancerons la croissance durable et les emplois.
Et je veux vous dire aussi que le pacte présidentiel que je propose et qui crée, c'est vrai, des droits nouveaux, je vois que ça m'est reproché par la droite, vous avouerez avec moi qu'il vaut mieux ajouter des droits qu'en retrancher. On a déjà connu cela. On nous dit : les socialistes, c'est de l'assistanat. Non, la politique que je vous propose, ce n'est pas de l'assistanat, et d'ailleurs, au nom de la responsabilité et de la dignité de chaque être humain, je veux des hommes et des femmes debout. C'est cela notre humanisme. Il affirme la fierté des hommes et des femmes et il met en place les conditions, je l'ai dit tout à l'heure, et j'y insiste parce que c'est le coeur de la cohérence du pacte présidentiel, et il met en place les conditions pour que chacun construise sa vie, fasse ses choix et maîtrise son destin.
C'est pourquoi, vous l'aurez noté, à chaque fois qu'il y a un droit nouveau ou une prestation nouvelle qui est juste, qui est nécessaire, qui est absolument indispensable, il y a aussi l'obligation d'un devoir nouveau. Vous ne trouverez aucune prestation nouvelle qui n'ait en contrepartie une revendication de dignité, c'est-à-dire qui donne en même temps la possibilité à chacun de se réaliser et de faire un effort.
Ce pacte présidentiel, c'est un choix gagnant/gagnant, fondé sur la valeur travail. Et c'est nous qui la défendons, la valeur travail. Ce n'est certainement pas la précarisation, la pression sur les bas salaires, le CNE ou le CPE, qui défendent la valeur travail, bien au contraire. C'est le projet de je vous propose.
Par exemple, l'engagement que je prends pour les jeunes, et qui était dans le projet des socialistes, de créer une allocation d'autonomie, ça me semble normal, car je trouve tout à fait ravageur aujourd'hui que 40 % des jeunes étudiants sortent du premier cycle de l'université sans diplôme et sans qualification, et souvent parce qu'ils vivent dans une situation de précarité.
Donc, l'allocation d'autonomie est nécessaire pour sortir les jeunes de la précarité. Mais en échange, il leur sera demandé une recherche active d'emploi ou, s'ils ne sont pas étudiants, une formation professionnelle adaptée, et pour les étudiants, il leur sera demandé du soutien scolaire gratuit aux élèves en difficulté. Je crois que c'est comme cela que l'on construit une société de toutes les solidarités.
C'est la même chose pour la sécurité sociale professionnelle. J'entends dire : ça coûte cher. Moi, je voudrais vous dire : bien sûr qu'il y a un investissement de fonds publics, mais qu'en retour, les bénéfices, les valeurs retirées de cet investissement public seront sans comparaison si la gestion de l'État est bien tenue comme je m'y engage.
La sécurité sociale professionnelle qui permettra à tout salarié de garder 90 % du dernier salaire, lorsqu'il est menacé de licenciement, permet à la fois aux entreprises qui ont besoin à un moment d'agilité, qui ont des difficultés parce qu'elles perdent un marché, ou qui veulent conquérir un marché étranger et qui ont besoin d'ajuster leurs effectifs, cela permettra aux entreprises de se sécuriser et de ne pas avoir le poids de l'organisation d'un licenciement. Et en même temps, cela permet aux salariés de garder leur dignité, leur sécurité, et de pouvoir envisager sereinement, soit un nouveau métier, soit une nouvelle formation, soit d'attendre aussi, dans des conditions de dignité minimale, que l'entreprise récupère ses marchés ou se redresse.
Les pays du Nord de l'Europe, comme le Danemark ou la Suède, qui ont mis en place à la fois ce considérable progrès social ont démontré que c'est justement en sécurisant les salariés que l'on défend aussi le mieux la compétitivité des entreprises.
Voilà la révolution que je vous propose, voilà le nouveau regard que nous devons porter sur les mécanismes économiques et sociaux, et je sais que ça marche !
On nous dit aussi que, pour s'en sortir, il faudrait travailler plus. Je ne suis pas contre, mais je crois que nous ne parlons pas de la même chose.
Les chômeurs voudraient bien travailler plus, ils voudraient d'ailleurs tout simplement travailler. Les travailleurs pauvres et les femmes qui subissent le chômage partiel voudraient bien aussi travailler plus et avoir du temps plein tout simplement. Les salariés en contrat à durée déterminée, qui sont angoissés à l'approche de leur fin de contrat et qui sont donc par définition démotivés dans leur travail, voudraient bien travailler plus et être plus productifs s'ils avaient la sécurité d'un contrat à durée indéterminée.
Je crois que c'est la sécurisation des salariés qui explique leur productivité et donc l'efficacité de l'entreprise.
Alors, oui il faut travailler plus au sens où il faut pou voir travailler tous et donner davantage de travail, notamment à ceux qui n'en ont pas, et il faut travailler plus au sens où il faut travailler mieux, c'est-à-dire faire un effort considérable de formation professionnelle, de recherche et d'innovation pour améliorer la qualité du travail.
Mais la droite a sorti leur dernière trouvaille, la solution miracle, c'est de payer davantage les heures supplémentaires et de supprimer les cotisations sur ces heures supplémentaires, ce qui d'ailleurs privera les salariés concernés des droits à la retraite correspondants. Beau progrès en vérité, mais au contraire, incroyable régression, et en même temps menace sur l'efficacité économique, et source de création de chômage : si une heure supplémentaire coûte moins que l'heure d'un nouveau salarié qui entre dans l'entreprise, et à qui fera-t-on croire que ce sont les salariés qui vont choisir les heures supplémentaires ? A personne.
Donc, c'est exactement le contraire que je vous propose : travailler plus, oui, mais au sens où il faut travailler tous, travailler mieux et sécuriser les salariés.
Et je veux construire avec vous le socialisme du 21e siècle, oui, donner à chacun le goût de la curiosité, de la créativité, sans oublier, comme je viens de le faire, d'où nous venons et les luttes sociales. Il faudra fournir un immense effort et sans tarder pour que les nouveaux services, les nouveaux produits, les véhicules propres, les économies d'énergie, les nouvelles filières industrielles et économiques se mettent en place.
Tout cela, c'est l'espérance socialiste du futur, parce que c'est l'investissement dans la ressource humaine et dans la matière grise, et que les socialistes ont toujours fait confiance à la qualité de l'être humain et à sa façon dont il peut progresser.
C'est pourquoi je pense que nos valeurs sont les mieux à même de relever les immenses défis qui se présentent face à nous.
Les nanotechnologies nous permettront des avancées spectaculaires dans le domaine du contrôle, de la santé, de l'industrie. La robotique ne pourra être l'espérance de la réduction des travaux pénibles que si elle est mise au service du travail, si elle permet de maîtriser la machine, de mieux maîtriser et faire reculer la répétition des tâches pour libérer l'esprit et le consacrer à ce qui le rendra plus fécond, à sa vie intérieure, à l'engagement, à la formation intellectuelle et à la formation professionnelle, à condition que l'on sache, et ce sera l'une des grandes réformes que nous aurons à faire pour que les machines ne se contentent pas de remplacer le travail humain : il faudra en effet faire cotiser les machines et pas seulement les salariés. C'est comme cela que nous libèrerons le travail et que nous en donnerons davantage à tous.
Puis, le socialisme du 21e siècle devra résoudre la question du réchauffement climatique car si l'humanité sait s'organiser, alors elle pourra être porteuse de promesses et elle nous contraindra à redistribuer les cartes.
Le temps des spéculations financières à court terme, on le sait, ne règle pas les problèmes d'environnement, au contraire ils les aggravent. D'immenses partenariats entre une puissance publique mondiale et les entrepreneurs privés bien orientés s'imposera pour protéger les biens publics collectifs : l'eau, l'air, les sols, pour profiter des énergies renouvelables. Mais aussi, c'est par l'environnement et par la maîtrise du réchauffement climatique que nous réussirons à tirer vers le développement les pays du Sud, ceux qui sont dans cette incroyable contradiction d'être les pays les plus pauvres de la planète, alors qu'ils détiennent l'énergie gratuite qu'est l'énergie solaire. Que de remises en cause il nous faudra faire !
Cela nous permettra aussi, je vous le dis, c'est par la bataille environnementale que nous anticiperons les risques de guerre, car c'est autour du contrôle de l'eau potable que les prochains conflits vont émerger, c'est par les migrations de la misère que nos sociétés seront déstabilisées.
Il y a aujourd'hui plusieurs millions de personnes qui se déplacent à l'échelle de la planète pour fuir les zones en voie de désertification, et nous ne savons pas regarder cela, nous ne portons pas un regard suffisamment aigu et suffisamment exigeant et suffisamment volontariste sur ce qui est en train de se passer.
C'est le défi du futur que nous aurons à relever. Mais je le dis aussi aux jeunes générations : c'est votre rôle presque biologique de vous porter aux avant-postes et d'ouvrir le chemin et d'exiger que nous transmettions aux générations futures, à la vôtre et à celle qui vous suivra, une planète en meilleur état que celle que nous avons reçue.
Rappelons-nous, je demande d'ailleurs, comme le faisait Jean Jaurès, et cette phrase est étonnamment d'actualité : Je demande à tous ceux qui prennent au sérieux la vie, si brève même pour eux, qui nous est donnée à tous, je leur demande, et c'est tellement vrai encore pour relever le défi planétaire : qu'allez-vous faire de vos vingt ans ? Qu'allez-vous faire de vos coeurs ? Qu'allez-vous faire de vos cerveaux ? La réponse, je vous propose que nous la donnions ensemble, c'est que nous relevions ce défi élémentaire mais si crucial de la solidarité à l'échelle planétaire car, seuls, nous ne pourrons pas nous sauver, seuls, c'est en réduisant les écarts entre les pays pauvres et les pays riches que nous apporterons aussi des réponses aux problèmes qui sont les nôtres.
Et la France devra, sur cette question comme sur d'autres, défendre et porter son message en Europe et dans le monde, et vous pouvez compter sur moi, parce que la France, vous le savez bien, ce sont des valeurs exigeantes et neuves proclamées par la Révolution française, et qui ont permis à notre pays d'écrire une plus belle page de son histoire. La France, ce sont des valeurs universelles que nous devons continuer à porter haut si nous ne voulons pas décevoir ceux qui ont foi en nous et qui attendent quelque chose de nous.
Avons-nous le droit de rester des spectateurs muets, apeurés, bientôt victimes du monde comme il va ?
Avons-nous le droit de nous éloigner de la scène, de renoncer, de laisser la mondialisation dans ses effets les plus pervers ?
Non, nous n'avons pas le droit de nous résigner à ce que la France sorte de l'histoire comme aujourd'hui.
Je voudrais vous dire aussi un mot de l'Europe. Comme disait François Mitterrand qui affirmait que la France était notre patrie et l'Europe notre avenir, je le crois aussi. Il nous faut agir. Il faut que la France revienne à la table de l'Europe. Je ferai tout pour cela. L'ouverture généralisée de la concurrence mondiale a bouleversé le rythme de construction de l'Europe. Ce nouveau cycle de l'économie mondiale a favorisé les plans de ceux qui ne voient, et ce n'est pas notre cas, à l'Europe qu'une zone de libre échange, un marché où on ferait ses affaires à l'abri de l'OTAN, et pire, un espace de compétition malsaine axée sur le profit généré par le dumping social ou fiscal. Cette Europe-là, ce n'est pas la nôtre, et nous devons la relancer d'abord par la preuve des grands projets que j'évoquais tout à l'heure : les transports, la santé, la recherche, l'énergie, avec des politiques publiques ambitieuses. Et puis nous devons construire une Europe qui protège. N'ayons pas peur de ce mot. Les citoyens en ont assez des effets négatifs. Je veux une Europe de la réindustrialisation et pas de la délocalisation. Je proposerai l'instauration des taux plancher pour éviter le dumping fiscal. Je me battrai pour que les règles sociales et environnementales soient intégrées aux règles commerciales, afin d'éviter les compétitions injustes, et je veux une Europe forte et fraternelle dans ses relations avec les pays du Sud, et en premier lieu avec la Méditerranée. Sur ces principes, je veux réconcilier l'Europe du oui et l'Europe du non. Sur ces principes, je veux rassembler. Sur ces principes, je veux raccrocher les maillons de la longue chaîne de l'histoire européenne, commencée dans la deuxième moitié du siècle dernier, mais qui doit voir les conditions nouvelles, les menaces nouvelles, les insécurités nouvelles, et pour faire en sorte que l'Europe ne soit pas seulement un marché et une monnaie, mais que ce soit aussi le respect pour chacun et le progrès pour tous.
Chers amis, je veux que la France saisisse toutes ses chances. Le voulez-vous avec moi ?
La France a des talents, la France a une ambition, la France a des savoir-faire qui sont aujourd'hui gaspillés, et nous devons les remettre en mouvement et leur donner l'énergie qu'ils méritent. Le voulez-vous avec moi ?
La voulez-vous, cette France juste ? Cette France forte ?
Alors, nous allons la faire ensemble. Nous allons la faire ensemble parce que nous voulons aussi la rendre plus humaine et que nous voulons donner une réalité à ce désir d'avenir et à l'humanité cette espérance. Nous ne désespérons pas que cette France neuve que nous voulons construire ensemble reste fidèle à la mission que lui donnait Victor Hugo d'être une des tribunes du monde, la France qui se relève, grâce à votre voix, je la veux avec vous.
Cette victoire, nous la voulons pour elle, et nous la voulons pour que les Français à nouveau s'aiment en elle, dans leur diversité.
Et nous devons y travailler, nous devons le mériter, et nous avons pour cela le pacte présidentiel. Je vous le dis : mon équipe, c'est vous ! Ma force, c'est vous ! Ma volonté, c'est vous ! Mon envie de gagner, c'est vous ! J'ai besoin de vous, parce que ce mouvement, c'est pour vous, c'est avec vous que je veux le construire.
Je sais que le peuple français, pour une partie de lui-même, doute encore. Je sais que beaucoup de Français souffrent et se demandent ce qui va changer pour eux. Je sais que ceux qui réussissent se demandent : comment peut-on encore réussir davantage, mais pas aux dépens des autres, et en les prenant par la main pour que personne ne reste au bord du chemin. Cette France solidaire, nous avons la capacité de la construire, nous avons l'ardente obligation de gagner, car cette échéance présidentielle, elle engage la France pas seulement pour cinq ans, mais sans doute pour toute une génération, tellement la crise est profonde et tellement les choix qui doivent être faits vont nécessiter de courage, d'arbitrages, de décisions, de confrontations dans le bon sens du terme. C'est pourquoi je veux créer des cercles positifs et vertueux, et c'est pourquoi je veux stopper ce sentiment de descenseur social où chacun se sent tiré vers le bas, et c'est pourquoi je parle de relever la France avec vous, et c'est pourquoi nous allons réussir à nous relever tous ensemble, à nous remettre debout ensemble, et surtout à comprendre au nom de quelles valeurs nous continuons à rester debout ensemble, pour que chacun ait ici sa place et puisse contribuer à la destinée commune. Je ne veux pas d'une France qui, comme aujourd'hui, dresse les Français les uns contre les autres : les grévistes contre les non-grévistes, les heures supplémentaires contre ceux qui n'en ont pas, ceux qui ont accès à la santé et ceux qui en sont de plus en plus éloignés, ceux qui décident et ceux qui subissent. Non, je crois que c'est l'énergie de chacun d'entre vous qui nous permettra d'avancer. Je vous le dis et je vous demande de le dire autour de vous. C'est comme cela que nous réussirons. J'ai confiance mais je sais que c'est difficile. Il y aura d'autres épreuves, il y aura d'autres chausse-trappes, il y aura d'autres manoeuvres, je le sais, le pouvoir en place ne se laissera pas faire aussi facilement. C'est pourquoi je suis heureuse de vous voir aussi nombreux. Avec vous, je reprends des forces, avec vous, je continue. Vive les Landes, vive l'Aquitaine, vive la République, vive la France !
Source http://www.desirdavenir.org, le 2 mars 2007