Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Le message qui nous a été donné par le court métrage que nous venons de voir résume bien les choses. Nous avons changé, c'est vrai et les chiffres en témoignent : 10 000 vies sauvées en cinq ans. On lève le pied, on ne boit pas au volant, on fait attention aux deux roues. Autant de messages simples mais qui se traduisent chacun en vie sauvée. A partir de cela, le chemin que nous devons suivre est clair lui aussi : nous devons rester vigilants, ce qui est acquis ne l'est pas de façon irréversible, nous devons continuer à être mobilisés pour marquer des points. Cette responsabilité, nous l'exerçons les uns et les autres, ici, dans cette salle, en commun. Les pouvoirs publics, les services publics, les associations à qui je veux rendre hommage, les entreprises, les collectivités locales. C'est bien ce partenariat, cette volonté, cette mobilisation qui explique le travail et les résultats qui ont été obtenus, et qui nous permet d'être garant dans la durée de nouveaux résultats.
Notre rendez-vous d'aujourd'hui a valeur de symbole. Il a valeur de symbole pour la sécurité routière, parce que c'est une des priorités qui a été définies par le président de la République, priorité qui se compte en vie, même si cela peut paraître difficile, priorité qui s'inscrit, pour notre pays, dans un effort de longue haleine, résolu, et puis il a valeur aussi d'exemplarité en ce qui concerne la responsabilité démocratique. Je n'ignore pas, comme Premier ministre, que les jours sont comptés, quelques semaines, un mois et demi, deux mois, avant de grandes échéances démocratiques nationales. Je vois bien aussi que certains observateurs voudraient considérer que tout ce qui se fait dans cette période a une moindre valeur, que dans le fond, on a l'esprit ailleurs. Justement ! Parce que l'on a l'esprit ailleurs, la responsabilité du Gouvernement est de garder l'oeil et l'esprit sur l'essentiel. Et si nous sommes là, c'est parce que nous pensons que dans l'essentiel, il y a la sécurité routière. C'est parce que nous pensons que dans l'essentiel, il y a un passage de témoin indispensable entre un Gouvernement qui s'est battu sous l'égide d'un président de la République et un nouveau Gouvernement qui s'installera dans quelques semaines à l'Hôtel Matignon, et qui sera comptable, alors, des résultats qui devront être améliorés dans ce domaine, parce que c'est l'intérêt de notre pays, et parce que certains d'entre vous l'ont vécu dans leur chair et dans leur sang. C'est terrible de perdre un être cher, c'est terrible et c'est injuste, quel gâchis, que de vies gâchées ! Et au nom de tout cela, au nom de cette conscience collective, au nom de cet engagement public, nous sommes là aujourd'hui pour faire à nouveau serment devant la Nation de ce que cet engagement ne faiblira pas, de ce que notre travail a donné des résultats et que nous demandons à ceux qui suivront d'être comptable de l'exemple qui est donné. C'est pour dire que ce qui nous réunit aujourd'hui, ce n'est pas banal, ça a du sens sur le plan de l'action citoyenne, cela a du sens sur le plan de l'action politique, cela a du sens sur le plan de l'action démocratique, et cela a bien sûr du sens pour chacun d'entre nous, du point de vue des consciences individuelles. C'est un moment important, c'est une transition importante que de se rassembler pour parler d'une seule voix et dire "ce que nous faisons aujourd'hui est important et nous sommes, ensemble, comptable de l'avenir".
Nous le savons, en matière de sécurité routière, il n'y a pas de recette miracle. Il faut avant tout du courage, il faut de la détermination. Il faut de vigilance de tous les instants. C'est pour cela qu'à l'annonce des mauvais résultats du mois de janvier dernier, j'avais pris deux engagements.
Le premier, c'était de mettre en oeuvre des mesures immédiates pour redresser la barre : les contrôles ont été renforcés ; les forces de l'ordre se sont mobilisées pour inciter chacun à la prudence et à la responsabilité ; les parquets ont reçu des instructions de fermeté pour que les comportements dangereux fassent l'objet de poursuites systématiques et de poursuites sévères. Cette mobilisation, elle a porté ses fruits : en février, il y a eu 277 tués sur nos routes, très proche - c'est beaucoup trop ! - mais très proche du résultat exceptionnel de février 2006. Cela représente plus d'une centaine de vie sauvée par rapport au mois de janvier.
Le deuxième engagement, c'était d'organiser, bien sûr, ces Rencontres nationales de la sécurité routière pour trouver ensemble de nouvelles réponses contre les accidents de la route. Je me réjouis d'ouvrir ces journées et, bien sûr, je veux remercier chacune et chacun pour votre engagement, pour votre participation. Et si je suis venu aujourd'hui, c'est pour vous adresser deux messages.
1. Le premier message, notre détermination à lutter contre ce fléau qu'est la violence routière.
Depuis 2002, il faut le rappeler, sous l'impulsion du Président de la République, nous avons montré, dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, que l'action publique, l'action politique pouvait changer les choses. En cinq ans, le nombre de tués a baissé de plus de 40 %, le nombre de blessés de 30 %. Au total donc, 10 000 vies sauvées, 100 000 blessés en moins. La France était en 2001 la lanterne rouge en Europe. Elle est aujourd'hui à la pointe du combat contre l'insécurité routière : sur cette période, nous avons accompli à nous seuls près de 40 % des progrès européens dans la diminution du nombre de victimes de la route. Et je suis heureux de dire cela devant le commissaire européen, Jacques Barrot que je salue.
Ces succès, nous les avons obtenus, parce que nous n'avons, avec Dominique Perben, jamais relâché la garde.
Nous avons renforcé notre arsenal réglementaire et législatif pour combattre avec plus de fermeté les comportements irresponsables.
Nous avons multiplié les opérations de prévention et de contrôle. Les services de police et de gendarmerie ont effectué pour cela un effort sans précédent sur tout le territoire. Nous avons aussi mis en oeuvre le contrôle sanction automatisé dans des délais record.
Au cours des prochains mois, nous continuerons à faire preuve de la même vigilance et de la même détermination. Nous poursuivrons les opérations de contrôle et de prévention. Nous renforcerons notamment la lutte contre la conduite sans permis, un comportement irresponsable qui est impliqué dans 1,6 % des accidents corporels. C'est un chiffre en baisse mais qui reste encore beaucoup trop élevé. Enfin, d'ici la fin de l'année, les 2 000 radars automatiques annoncés seront déployés sur les routes françaises. Je sais que ces équipements suscitent encore des interrogations, notamment en ce qui concerne l'utilisation des sommes perçues. Je voudrais donc rappeler avec la plus grande clarté ce qu'il en est :
* La répartition, définie par le Parlement, prévoit que 60 % des sommes versées par le système des contrôles-sanction automatique servent à le développer et à le faire fonctionner. Ce système ne coûte donc rien à l'Etat.
* Les 40 % restants sont affectés à l'aménagement du réseau routier national et à la suppression des sites accidentogènes.
* Les éventuels excédents sont versés aux collectivités locales qui les utilisent pour financer des opérations d'amélioration de la sécurité routière en milieu urbain, qu'il s'agisse par exemple de créer des carrefours à feux ou d'améliorer la sécurité des arrêts de bus.
* Au total, en 2006, sur les 349 millions d'euros recouvrés, ce sont donc plus de 200 millions qui ont été affectés directement à la sécurité routière.
Les résultats obtenus, nous les devons aussi à nos concitoyens qui ont adopté des comportements de plus en plus responsables.
Je veux saluer le rôle des associations qui ont contribué à engager un vrai changement des mentalités. Il y a quelques années, elles étaient bien souvent seules à porter le combat de la sécurité routière. Aujourd'hui, grâce à leur action, c'est une cause qui est partagée par la société française toute entière et indépendamment des périodes électorales. Nous le savons, la tentation ce serait bien sûr, dans ces périodes, de relâcher l'effort. Démagogie, populisme. Je dirais presque que la tentation, aujourd'hui, elle est inverse. C'est dans ces périodes-là, de montrer, au contraire où est l'exemple, où est le chemin, où est l'exigence parce que c'est faire oeuvre de pédagogie, c'est montrer à nos concitoyens qu'au-dessus de l'intérêt individuel de celui qui regarde sa propre situation, il y a un intérêt collectif, un intérêt général même si c'est difficile, même si c'est douloureux. Et je veux d'autant plus remercier les associations que dans cette voie, elles ont maintenu haut et fort l'exigence et bien sûr, les pouvoirs publics sont sensibles à cette détermination.
Pour conforter l'adhésion qui se crée aujourd'hui dans notre pays et encourager encore davantage les comportements responsables, nous avons récemment voulu faire preuve d'encore plus de pédagogie. C'est le sens des décisions que nous avons prises à l'automne dernier lors de la remise du rapport Aribaud sur le permis à points. Des règles proportionnées, équitables, transparentes, c'est la meilleure garantie pour faire de la sécurité routière un véritable projet collectif dans lequel chacun s'implique au quotidien.
2. Le deuxième message que je suis venu vous adresser, c'est que nous devons désormais franchir une nouvelle étape dans notre combat pour la sécurité routière.
Nous avons accompli des progrès considérables, c'est vrai. Nous avons atteint un premier objectif : passer en dessous des 5 000 tués par an. Mais nous ne sommes pas pour autant au bout du chemin. La sécurité routière, ce n'est pas un combat dans lequel on peut s'arrêter et avoir le sentiment d'avoir atteint son objectif. 5 000 accidents mortels chaque année, ce sont encore 5 000 drames, ce sont encore 5 000 familles brisées, ce sont encore 5 000 victimes de trop.
Aujourd'hui, nous devons en particulier porter nos efforts dans trois directions.
La première, c'est de lutter contre les petites infractions. Nous l'avons vu en janvier : l'une des raisons de la remontée du nombre de victimes, c'est une légère augmentation de la vitesse moyenne sur les routes. Nous voyons bien : légères infractions, de grandes catastrophes. Je veux le dire de ce fait avec force : il n'y a pas d'infraction sans risque. Sur la route, chaque dépassement de vitesse constitue un danger. Nous avions réussi à faire baisser la vitesse de près de 10 kilomètres heure depuis 2001. Nous devons poursuivre notre effort.
La deuxième direction, c'est de mettre l'accent sur les zones de risque dans la vie quotidienne. Je pense plus particulièrement aux petits déplacements, aux trajets entre le domicile et le travail. C'est souvent lorsque la routine s'installe, lorsqu'elle fait son office, qu'on oublie le danger et c'est alors que les accidents se produisent au moment où on les attend le moins.
Enfin, la troisième direction, c'est de mieux protéger les publics vulnérables :
- je pense en particulier aux piétons en en ville ;
- je pense aux conducteurs de deux roues pour lesquels nous n'avons pas connu les mêmes progrès que ceux enregistrés par les automobilistes. Catastrophes qui concernent souvent les plus jeunes, ceux qui ont le sentiment d'avoir la vie devant eux, ceux qui ont le sentiment de pouvoir vivre léger, avec confiance, ceux qui partent sur leur scooter avec un grand rire, quand parfois la catastrophe les attend au bout de la route. C'est dire à quel point notre responsabilité à cette heure est importante ;
- je pense en effet tout particulièrement à ces jeunes. Nous avons besoin de rechercher dans nos travaux, dans nos efforts, dans notre pédagogie, nous avons besoin de rechercher leur adhésion à travers la formation et la prévention. Et il nous faut le faire, non pas dans la partie superficielle, supérieure du cortex, parce que nous savons qu'on peut expliquer à un jeune qu'il faut être vigilant, on peut lui expliquer qu'il y a des choses qui sont dangereuses. Mais nous savons aussi que dans les cinq minutes qui suivent, il peut l'avoir oublié. Nous devons l'installer dans sa conscience, dans son sentiment profond de responsabilité, vis-à-vis de lui-même, vis-à-vis des autres, et ça c'est une autre paire de manches. Ce n'est pas seulement des discours, c'est un travail approfondi, c'est un travail de répétition, c'est un travail laborieux, compliqué, pour changer en profondeur le comportement de ce jeune et rétablir la dimension de responsabilité individuelle et collective.
Pour conclure, je veux profiter de la présence du commissaire européen Jacques Barrot pour souligner la dimension européenne de la sécurité routière.
D'abord nous avons beaucoup à gagner à partager nos différentes expériences entre pays européens. La France peut faire bénéficier ses partenaires des leçons qu'elle a tirées de son action. Elle peut aussi apprendre des exemples étrangers, notamment des pays d'Europe du Nord, qui font mieux que notre pays, en matière de sécurité routière. Echangeons les bonnes pratiques, dialoguons pour sauver davantage de vies sur nos routes.
Cette approche commune, elle est d'ailleurs indispensable.
Je prendrai un exemple : les véhicules immatriculés à l'étranger représentent en moyenne 15 % des infractions enregistrées par les radars automatiques. Face à une telle situation, nous ne pouvons pas avoir une approche seulement nationale.
La sécurité routière doit devenir une discipline pour tous les Européens. La Commission européenne a tout son rôle à jouer pour cela. Grâce à la détermination personnelle de Jacques Barrot, elle a d'ailleurs montré dans le dossier du permis de conduire européen, que nous pouvions ensemble poser les premiers jalons de cette approche commune.
Chers amis,
La sécurité routière, c'est un combat, c'est un combat que nous devons dans notre pays inscrire dans la durée. Nous avons prouvé que nous pouvions obtenir des résultats, je voudrais dire de premiers résultats. Nous avons montré que nous pouvions infléchir, faire évoluer les comportements. Nous devons désormais monter que nous pouvons encore progresser et franchir de nouvelles étapes.
Je sais que je peux compter sur votre détermination à chacune, chacun. Et je veux vous assurer que vous me trouverez toujours à vos côtés dans ce combat. Et je veux croire que tous les gouvernements qui suivront auront à coeur, tous les Présidents qui suivront, auront à coeur de reprendre ce flambeau. C'est en effet un grand enjeu, un bel enjeu, un enjeu parfois enraciné profondément dans la douleur. Je le sais, et je ne voudrais pas manquer, en terminant ce court propos introductif, de penser à toutes celles et tous ceux qui auraient voulu pouvoir témoigner, toutes celles et tous ceux qui ont perdu leur vie et au nom desquels nous nous battons, toutes celles et tous ceux qui nous montrent le chemin, toutes celles et tous ceux qui, aujourd'hui, nous donnent une raison supplémentaire de nous battre et à qui nous pensons profondément.
Je vous remercie.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 8 mars 2007
Chers amis,
Le message qui nous a été donné par le court métrage que nous venons de voir résume bien les choses. Nous avons changé, c'est vrai et les chiffres en témoignent : 10 000 vies sauvées en cinq ans. On lève le pied, on ne boit pas au volant, on fait attention aux deux roues. Autant de messages simples mais qui se traduisent chacun en vie sauvée. A partir de cela, le chemin que nous devons suivre est clair lui aussi : nous devons rester vigilants, ce qui est acquis ne l'est pas de façon irréversible, nous devons continuer à être mobilisés pour marquer des points. Cette responsabilité, nous l'exerçons les uns et les autres, ici, dans cette salle, en commun. Les pouvoirs publics, les services publics, les associations à qui je veux rendre hommage, les entreprises, les collectivités locales. C'est bien ce partenariat, cette volonté, cette mobilisation qui explique le travail et les résultats qui ont été obtenus, et qui nous permet d'être garant dans la durée de nouveaux résultats.
Notre rendez-vous d'aujourd'hui a valeur de symbole. Il a valeur de symbole pour la sécurité routière, parce que c'est une des priorités qui a été définies par le président de la République, priorité qui se compte en vie, même si cela peut paraître difficile, priorité qui s'inscrit, pour notre pays, dans un effort de longue haleine, résolu, et puis il a valeur aussi d'exemplarité en ce qui concerne la responsabilité démocratique. Je n'ignore pas, comme Premier ministre, que les jours sont comptés, quelques semaines, un mois et demi, deux mois, avant de grandes échéances démocratiques nationales. Je vois bien aussi que certains observateurs voudraient considérer que tout ce qui se fait dans cette période a une moindre valeur, que dans le fond, on a l'esprit ailleurs. Justement ! Parce que l'on a l'esprit ailleurs, la responsabilité du Gouvernement est de garder l'oeil et l'esprit sur l'essentiel. Et si nous sommes là, c'est parce que nous pensons que dans l'essentiel, il y a la sécurité routière. C'est parce que nous pensons que dans l'essentiel, il y a un passage de témoin indispensable entre un Gouvernement qui s'est battu sous l'égide d'un président de la République et un nouveau Gouvernement qui s'installera dans quelques semaines à l'Hôtel Matignon, et qui sera comptable, alors, des résultats qui devront être améliorés dans ce domaine, parce que c'est l'intérêt de notre pays, et parce que certains d'entre vous l'ont vécu dans leur chair et dans leur sang. C'est terrible de perdre un être cher, c'est terrible et c'est injuste, quel gâchis, que de vies gâchées ! Et au nom de tout cela, au nom de cette conscience collective, au nom de cet engagement public, nous sommes là aujourd'hui pour faire à nouveau serment devant la Nation de ce que cet engagement ne faiblira pas, de ce que notre travail a donné des résultats et que nous demandons à ceux qui suivront d'être comptable de l'exemple qui est donné. C'est pour dire que ce qui nous réunit aujourd'hui, ce n'est pas banal, ça a du sens sur le plan de l'action citoyenne, cela a du sens sur le plan de l'action politique, cela a du sens sur le plan de l'action démocratique, et cela a bien sûr du sens pour chacun d'entre nous, du point de vue des consciences individuelles. C'est un moment important, c'est une transition importante que de se rassembler pour parler d'une seule voix et dire "ce que nous faisons aujourd'hui est important et nous sommes, ensemble, comptable de l'avenir".
Nous le savons, en matière de sécurité routière, il n'y a pas de recette miracle. Il faut avant tout du courage, il faut de la détermination. Il faut de vigilance de tous les instants. C'est pour cela qu'à l'annonce des mauvais résultats du mois de janvier dernier, j'avais pris deux engagements.
Le premier, c'était de mettre en oeuvre des mesures immédiates pour redresser la barre : les contrôles ont été renforcés ; les forces de l'ordre se sont mobilisées pour inciter chacun à la prudence et à la responsabilité ; les parquets ont reçu des instructions de fermeté pour que les comportements dangereux fassent l'objet de poursuites systématiques et de poursuites sévères. Cette mobilisation, elle a porté ses fruits : en février, il y a eu 277 tués sur nos routes, très proche - c'est beaucoup trop ! - mais très proche du résultat exceptionnel de février 2006. Cela représente plus d'une centaine de vie sauvée par rapport au mois de janvier.
Le deuxième engagement, c'était d'organiser, bien sûr, ces Rencontres nationales de la sécurité routière pour trouver ensemble de nouvelles réponses contre les accidents de la route. Je me réjouis d'ouvrir ces journées et, bien sûr, je veux remercier chacune et chacun pour votre engagement, pour votre participation. Et si je suis venu aujourd'hui, c'est pour vous adresser deux messages.
1. Le premier message, notre détermination à lutter contre ce fléau qu'est la violence routière.
Depuis 2002, il faut le rappeler, sous l'impulsion du Président de la République, nous avons montré, dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, que l'action publique, l'action politique pouvait changer les choses. En cinq ans, le nombre de tués a baissé de plus de 40 %, le nombre de blessés de 30 %. Au total donc, 10 000 vies sauvées, 100 000 blessés en moins. La France était en 2001 la lanterne rouge en Europe. Elle est aujourd'hui à la pointe du combat contre l'insécurité routière : sur cette période, nous avons accompli à nous seuls près de 40 % des progrès européens dans la diminution du nombre de victimes de la route. Et je suis heureux de dire cela devant le commissaire européen, Jacques Barrot que je salue.
Ces succès, nous les avons obtenus, parce que nous n'avons, avec Dominique Perben, jamais relâché la garde.
Nous avons renforcé notre arsenal réglementaire et législatif pour combattre avec plus de fermeté les comportements irresponsables.
Nous avons multiplié les opérations de prévention et de contrôle. Les services de police et de gendarmerie ont effectué pour cela un effort sans précédent sur tout le territoire. Nous avons aussi mis en oeuvre le contrôle sanction automatisé dans des délais record.
Au cours des prochains mois, nous continuerons à faire preuve de la même vigilance et de la même détermination. Nous poursuivrons les opérations de contrôle et de prévention. Nous renforcerons notamment la lutte contre la conduite sans permis, un comportement irresponsable qui est impliqué dans 1,6 % des accidents corporels. C'est un chiffre en baisse mais qui reste encore beaucoup trop élevé. Enfin, d'ici la fin de l'année, les 2 000 radars automatiques annoncés seront déployés sur les routes françaises. Je sais que ces équipements suscitent encore des interrogations, notamment en ce qui concerne l'utilisation des sommes perçues. Je voudrais donc rappeler avec la plus grande clarté ce qu'il en est :
* La répartition, définie par le Parlement, prévoit que 60 % des sommes versées par le système des contrôles-sanction automatique servent à le développer et à le faire fonctionner. Ce système ne coûte donc rien à l'Etat.
* Les 40 % restants sont affectés à l'aménagement du réseau routier national et à la suppression des sites accidentogènes.
* Les éventuels excédents sont versés aux collectivités locales qui les utilisent pour financer des opérations d'amélioration de la sécurité routière en milieu urbain, qu'il s'agisse par exemple de créer des carrefours à feux ou d'améliorer la sécurité des arrêts de bus.
* Au total, en 2006, sur les 349 millions d'euros recouvrés, ce sont donc plus de 200 millions qui ont été affectés directement à la sécurité routière.
Les résultats obtenus, nous les devons aussi à nos concitoyens qui ont adopté des comportements de plus en plus responsables.
Je veux saluer le rôle des associations qui ont contribué à engager un vrai changement des mentalités. Il y a quelques années, elles étaient bien souvent seules à porter le combat de la sécurité routière. Aujourd'hui, grâce à leur action, c'est une cause qui est partagée par la société française toute entière et indépendamment des périodes électorales. Nous le savons, la tentation ce serait bien sûr, dans ces périodes, de relâcher l'effort. Démagogie, populisme. Je dirais presque que la tentation, aujourd'hui, elle est inverse. C'est dans ces périodes-là, de montrer, au contraire où est l'exemple, où est le chemin, où est l'exigence parce que c'est faire oeuvre de pédagogie, c'est montrer à nos concitoyens qu'au-dessus de l'intérêt individuel de celui qui regarde sa propre situation, il y a un intérêt collectif, un intérêt général même si c'est difficile, même si c'est douloureux. Et je veux d'autant plus remercier les associations que dans cette voie, elles ont maintenu haut et fort l'exigence et bien sûr, les pouvoirs publics sont sensibles à cette détermination.
Pour conforter l'adhésion qui se crée aujourd'hui dans notre pays et encourager encore davantage les comportements responsables, nous avons récemment voulu faire preuve d'encore plus de pédagogie. C'est le sens des décisions que nous avons prises à l'automne dernier lors de la remise du rapport Aribaud sur le permis à points. Des règles proportionnées, équitables, transparentes, c'est la meilleure garantie pour faire de la sécurité routière un véritable projet collectif dans lequel chacun s'implique au quotidien.
2. Le deuxième message que je suis venu vous adresser, c'est que nous devons désormais franchir une nouvelle étape dans notre combat pour la sécurité routière.
Nous avons accompli des progrès considérables, c'est vrai. Nous avons atteint un premier objectif : passer en dessous des 5 000 tués par an. Mais nous ne sommes pas pour autant au bout du chemin. La sécurité routière, ce n'est pas un combat dans lequel on peut s'arrêter et avoir le sentiment d'avoir atteint son objectif. 5 000 accidents mortels chaque année, ce sont encore 5 000 drames, ce sont encore 5 000 familles brisées, ce sont encore 5 000 victimes de trop.
Aujourd'hui, nous devons en particulier porter nos efforts dans trois directions.
La première, c'est de lutter contre les petites infractions. Nous l'avons vu en janvier : l'une des raisons de la remontée du nombre de victimes, c'est une légère augmentation de la vitesse moyenne sur les routes. Nous voyons bien : légères infractions, de grandes catastrophes. Je veux le dire de ce fait avec force : il n'y a pas d'infraction sans risque. Sur la route, chaque dépassement de vitesse constitue un danger. Nous avions réussi à faire baisser la vitesse de près de 10 kilomètres heure depuis 2001. Nous devons poursuivre notre effort.
La deuxième direction, c'est de mettre l'accent sur les zones de risque dans la vie quotidienne. Je pense plus particulièrement aux petits déplacements, aux trajets entre le domicile et le travail. C'est souvent lorsque la routine s'installe, lorsqu'elle fait son office, qu'on oublie le danger et c'est alors que les accidents se produisent au moment où on les attend le moins.
Enfin, la troisième direction, c'est de mieux protéger les publics vulnérables :
- je pense en particulier aux piétons en en ville ;
- je pense aux conducteurs de deux roues pour lesquels nous n'avons pas connu les mêmes progrès que ceux enregistrés par les automobilistes. Catastrophes qui concernent souvent les plus jeunes, ceux qui ont le sentiment d'avoir la vie devant eux, ceux qui ont le sentiment de pouvoir vivre léger, avec confiance, ceux qui partent sur leur scooter avec un grand rire, quand parfois la catastrophe les attend au bout de la route. C'est dire à quel point notre responsabilité à cette heure est importante ;
- je pense en effet tout particulièrement à ces jeunes. Nous avons besoin de rechercher dans nos travaux, dans nos efforts, dans notre pédagogie, nous avons besoin de rechercher leur adhésion à travers la formation et la prévention. Et il nous faut le faire, non pas dans la partie superficielle, supérieure du cortex, parce que nous savons qu'on peut expliquer à un jeune qu'il faut être vigilant, on peut lui expliquer qu'il y a des choses qui sont dangereuses. Mais nous savons aussi que dans les cinq minutes qui suivent, il peut l'avoir oublié. Nous devons l'installer dans sa conscience, dans son sentiment profond de responsabilité, vis-à-vis de lui-même, vis-à-vis des autres, et ça c'est une autre paire de manches. Ce n'est pas seulement des discours, c'est un travail approfondi, c'est un travail de répétition, c'est un travail laborieux, compliqué, pour changer en profondeur le comportement de ce jeune et rétablir la dimension de responsabilité individuelle et collective.
Pour conclure, je veux profiter de la présence du commissaire européen Jacques Barrot pour souligner la dimension européenne de la sécurité routière.
D'abord nous avons beaucoup à gagner à partager nos différentes expériences entre pays européens. La France peut faire bénéficier ses partenaires des leçons qu'elle a tirées de son action. Elle peut aussi apprendre des exemples étrangers, notamment des pays d'Europe du Nord, qui font mieux que notre pays, en matière de sécurité routière. Echangeons les bonnes pratiques, dialoguons pour sauver davantage de vies sur nos routes.
Cette approche commune, elle est d'ailleurs indispensable.
Je prendrai un exemple : les véhicules immatriculés à l'étranger représentent en moyenne 15 % des infractions enregistrées par les radars automatiques. Face à une telle situation, nous ne pouvons pas avoir une approche seulement nationale.
La sécurité routière doit devenir une discipline pour tous les Européens. La Commission européenne a tout son rôle à jouer pour cela. Grâce à la détermination personnelle de Jacques Barrot, elle a d'ailleurs montré dans le dossier du permis de conduire européen, que nous pouvions ensemble poser les premiers jalons de cette approche commune.
Chers amis,
La sécurité routière, c'est un combat, c'est un combat que nous devons dans notre pays inscrire dans la durée. Nous avons prouvé que nous pouvions obtenir des résultats, je voudrais dire de premiers résultats. Nous avons montré que nous pouvions infléchir, faire évoluer les comportements. Nous devons désormais monter que nous pouvons encore progresser et franchir de nouvelles étapes.
Je sais que je peux compter sur votre détermination à chacune, chacun. Et je veux vous assurer que vous me trouverez toujours à vos côtés dans ce combat. Et je veux croire que tous les gouvernements qui suivront auront à coeur, tous les Présidents qui suivront, auront à coeur de reprendre ce flambeau. C'est en effet un grand enjeu, un bel enjeu, un enjeu parfois enraciné profondément dans la douleur. Je le sais, et je ne voudrais pas manquer, en terminant ce court propos introductif, de penser à toutes celles et tous ceux qui auraient voulu pouvoir témoigner, toutes celles et tous ceux qui ont perdu leur vie et au nom desquels nous nous battons, toutes celles et tous ceux qui nous montrent le chemin, toutes celles et tous ceux qui, aujourd'hui, nous donnent une raison supplémentaire de nous battre et à qui nous pensons profondément.
Je vous remercie.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 8 mars 2007