Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur la programmation de la saison culturelle européenne en France au deuxième semestre 2008 à l'occasion de la présidence française de l'Union européenne, Paris le 20 mars 2007.

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Circonstance : Programmation de la Saison culturelle européenne en France au deuxième semestre 2008 à l'occasion de la présidence française de l'Union européenne

Texte intégral

Madame la Ministre déléguée, chère Catherine,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers Amis,
L'Europe a cinquante ans cette semaine. Un anniversaire qui suscite déjà l'attention de tous les médias et qui sera célébré avec éclat tant à Rome qu'à Berlin, dans le cadre de la présidence allemande. J'en profite pour saluer la présence ce soir d'un grand Européen, M. Maurice Faure, qui a vécu en direct ce moment historique et ô combien fondateur ! Merci de votre présence ce soir.
Il nous a semblé, à Catherine Colonna et à moi-même, que cet anniversaire méritait d'être célébré également ici, au Quai d'Orsay - fût-ce avec quelques jours d'avance - dans le Salon de l'Horloge, à l'endroit même où Robert Schuman prononça le discours qui devait lancer la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier, le 9 mai 1950.
Il nous a semblé également que l'Europe de la culture constituait un bon angle d'attaque pour célébrer, entre amis, ce cinquantenaire, en vous dévoilant quelques projets originaux. Cette Europe de la culture remonte au moins aux universités médiévales ; elle s'est épanouie avec la Renaissance, l'Age baroque et les Lumières. Elle n'a donc pas attendu le Traité de Rome pour exister. Mais il n'en est pas moins important de permettre aux citoyens européens d'aujourd'hui de mesurer la richesse exceptionnelle qui résulte de leur patrimoine commun, ainsi que la vitalité de la création sur notre continent.
C'est dans cette perspective que j'ai pris, avec Catherine Colonna et le ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, la décision d'organiser une "Saison culturelle européenne", en France et, chez nos vingt-six partenaires, des manifestations ponctuelles, au cours du second semestre 2008 à l'occasion de la Présidence française de l'Union européenne.
Traditionnellement, comme vous le savez, le pays qui assure la présidence s'efforce d'organiser à Bruxelles des manifestations artistiques mettant en valeur sa propre culture.
Sans renoncer à organiser des manifestations symboliques dans les villes sièges des institutions européennes, nous voulons inviter en 2008 les cultures européennes en France dans le cadre d'une grande "saison culturelle européenne" et contribuer ainsi à une meilleure diffusion des artistes et des oeuvres en Europe. Nous allons de plus proposer aux gouvernements tchèque et suédois, qui assureront la présidence de l'Union en 2009, de reprendre à leur compte ce modèle, qui pourrait donc devenir un programme culturel régulier de l'Union européenne.
En invitant ainsi en France, pendant six mois, les cultures de toute l'Europe, nous souhaitons contribuer à une meilleure prise de conscience par le public français de la richesse et, surtout, de la diversité des cultures européennes, de la force d'un patrimoine en grande partie commun. Les méconnaissances restent fortes alors même qu'il existe en permanence sur le territoire français - dans les collections de nos musées, au répertoire des théâtres et des salles de concerts, au programme des festivals, des cinémas ou des chaînes de télévision, à la devanture des librairies ... - de multiples occasions de découvrir et d'apprécier les oeuvres issues de l'un ou l'autre des pays européens.
Ces échanges ne sont pas toujours suffisants, les expressions contemporaines restent souvent méconnues, et les oeuvres de certains pays sont moins bien représentées que celles de nos principaux voisins. La saison culturelle européenne entend donc intensifier ces courants d'échanges, combler les lacunes existantes, mais également mettre en évidence la dimension européenne de nombreuses oeuvres et susciter ainsi la réflexion sur ce qui rassemble et unit les cultures de l'Europe.
Dans cette perspective, des efforts particuliers seront engagés pour toucher le public scolaire et étudiant, en partenariat avec le ministère de l'Education nationale. D'autres relais seront mobilisés pour sensibiliser le grand public : celui des collectivités territoriales, et notamment, mon Cher Jean-Luc et maire de Toulouse, des villes candidates au titre de capitale européenne de la culture en 2013, celui de la presse écrite et audiovisuelle, celui des associations européennes - dont je rappelle qu'elles ont organisé avec beaucoup de succès à Lille, le week-end dernier, les premiers "Etats généraux de l'Europe".
Il est aujourd'hui un peu tôt pour vous donner des détails sur la programmation précise des événements qui seront organisés sous la responsabilité du commissaire que nous avons désigné, Laurent Burin des Roziers, et de l'opérateur CulturesFrance avec son directeur Olivier Poivre d'Arvor. Sachez cependant que sont prévues vingt-six coproductions associant des artistes français et européens, une série de manifestations constituant un "état des lieux" de la création en Europe dans diverses disciplines - qu'il s'agisse du cinéma, de l'architecture, du roman, des arts plastiques, des musiques actuelles ou encore du théâtre et de la danse - ainsi que de nombreuses opérations autour du patrimoine européen.
Autour du thème de la diversité créatrice des cultures européennes, cette saison adressera ainsi une série de messages aux publics français et européen. La vitalité de la création artistique européenne, d'abord, dans toutes les disciplines ; l'importance, ensuite, d'un patrimoine culturel en grande partie commun ; la diversité des langues enfin, comme élément constitutif des cultures européennes. Nous souhaitons ainsi contribuer, en particulier, à mieux faire connaître les créateurs des nouveaux Etats membres de l'Union.
Mais la culture européenne, c'est également une tradition critique, celle de la pensée politique et de la théorie. C'est pourquoi je suis heureux de vous présenter ce soir les résultats d'un second projet, celui de la revue "Penser l'Europe", que publie CulturesFrance sous la direction éditoriale du Centre d'analyse et de prévision, dont je salue ici le directeur ; M. Lévy. Cette revue publiée en deux langues, afin de toucher un public aussi large que possible, est d'abord un intense lieu de débat : les meilleurs spécialistes français et étrangers y échangeront leurs réflexions sur des sujets qui intéressent l'avenir de la construction européenne. Les deux premiers numéros sont consacrés respectivement au thème des "Identités et mémoire" et aux "Frontières de l'Europe" ; ils font appel à des auteurs tels que Dominique Schnapper, Katarina Von Bulow, Horst Moller, Timothy Garton Ash ... Leurs contributions sont remarquables et je les en remercie très sincèrement. Je souhaite un très bel avenir à cette revue.
Nous célébrons les 50 ans de la construction européenne qui demeure notre horizon.
Je voudrais dire un mot personnel à Catherine car on doit tout cela à Catherine Colonna. C'est elle qui, en tant que ministre déléguée en charge de la construction européenne pour notre pays, a travaillé pendant 22 mois de façon très pertinente sur le fond du dossier. Je voudrais lui dire toute mon estime, mon respect, et la remercier de la manière avec laquelle elle a l'Europe chevillée au corps.
Je terminerai en évoquant une candidature qui me tient à coeur et que j'espère vous soutiendrez : c'est la candidature de Toulouse comme capitale européenne de la culture en 2013. Je suis en effet très heureux d'annoncer, aux côtés du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudin, la candidature de cette ville. Après le succès de Lille 2004, je voudrais dire - et vous le savez, Monsieur Maurice Faure, vous qui êtes un voisin de Toulouse - qu'il n'y a ville française qui symbolise autant l'Union européenne que Toulouse. Je mentionnerai la présence de Concorde, dans le passé, aujourd'hui celle d'Airbus, d'Ariane, de Galileo, d'Alcatel Space, d'Astrium, toutes ces "maisons mère" de l'électronique embarquée dans les avions, dans les automobiles et dans les fusées. J'ajouterai celle du cancéropôle, plus grand lieu de lutte contre le cancer en Europe avec 4.000 chercheurs, sur le site même d'AZF, avec un hôpital ultra moderne uniquement dédié à la recherche clinique des traitements contre le cancer : chimiothérapie, proton thérapie - cette nouvelle radiothérapie. Tout cela témoigne de cette vocation européenne, il faut donc que Toulouse soit choisie.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 mars 2007