Déclaration de Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, sur la vie associative et le mouvement associatif, Lorient le 18 avril 1998.

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Circonstance : Etats généraux des associations et des clubs, à Lorient le 18 avril 1998

Texte intégral

Les sujets qui ont été soumis à votre réflexion au cours de ces États Généraux, constituent, sans aucun doute, l'une des principales richesse de notre pays.
La vie associative, a été, et continue d'être, un creuset de la démocratie et de la citoyenneté. La France compte entre 700 000 et 800 000 associations. Et il s'en crée 70 000 chaque année. Ce qui veut dire que des millions de citoyennes et citoyens, ont décidé de s'impliquer, d'une manière ou d'une autre, dans une action collective.
Dans une société qui connaît tant de transformations, dans un monde où les révolutions technologiques peuvent ouvrir des espaces nouveaux de liberté, mais peuvent aussi fragiliser toute une partie de la population, le fait associatif est vécu, dans bien des cas, comme le moyen le plus proche de se construire des repères, un parcours, une personnalité.
C'est particulièrement vrai pour la jeunesse, et pour le mouvement sportif.
On parle souvent de l'existence d'un divorce entre la jeunesse et les partis politiques, les lieux de pouvoir, les institutions. Ce divorce est une réalité. Mais ce serait une erreur de l'interpréter comme un désintérêt des jeunes de tout ce qui fait leur environnement social, économique ou politique.
Au contraire. Il y a quelques mois, en allant rencontrer des milliers de jeunes là où ils vivent, une chose m'a particulièrement frappée : dans une cité, une commune rurale, un lycée, quand des jeunes sont placés en situation de responsabilité, de prise de parole, d'écoute, et d'initiatives, ils ne se lamentent pas. Ils ont des idées, des projets, et sont prêts à donner le meilleur d'eux mêmes pour les faire aboutir. Et du même cou p, ils font également évoluer les formes même de la vie associative.
Pour le mouvement sportif, la vie associative, à travers les clubs, est non seulement une source de vitalité, de renouvellement, d'enracinement, mais c'est aussi l'affirmation d'une éthique face aux risques de dérive vers des circuits de sport-spectacle, exclusivement marchands.
Pour toutes ces raisons, il est du devoir de l'État de consolider, de promouvoir, de développer la vie associative. C'est un choix que j'ai affirmé dès mon entrée en fonction. Et c'est un choix que j'ai voulu traduire par des premiers actes.
1- Dans le cadre du plan-emploi jeunes, le secteur Jeunesse, Sports, Vie associative et éducation populaire, a donné lieu, à ce jour, à la création de 5 000 emplois pour les jeunes.
Ces emplois, vous le savez bien, intéressent particulièrement le mouvement associatif.
2- Dans le domaine sportif, il était urgent d'engager une aide directe aux clubs. C'est pourquoi, dès cette année, 20 % de la part régionale du Fonds National du Développement du Sport, a été affectée aux clubs.
3- Promouvoir la vie associative, dans le domaine du sport, c'est aussi faire en sorte que pour un jeune sportif, le manque de ressources ne soit pas une barrière infranchissable pour entrer dans un club. C'est pourquoi, dès cette année, j'ai instauré une aide directe à la personne, à travers un coupon-sport.
Cette mesure, qui concerne près d'un million de jeunes, se traduira, soit par une réduction sensible du coût de la licence, soit par sa gratuité totale.
Nous n'allons pas en rester là. La volonté du gouvernement de poursuivre le combat contre le chômage et contre toutes les formes d'exclusion, concerne chaque ministère. Celui dont j'ai la charge va amplifier son action pour la création d'emplois jeunesse et sport, indispensables au dynamisme de la vie associative.
Dans le même temps, je poursuivrai la concertation que j'ai engagée avec le mouvement associatif, sur cette vieille revendication, mais Ô combien d'actualité, d'un statut du bénévolat.
L'objectif de la mission que m'a confié le Premier Ministre est bien de marquer enfin, et fortement, la reconnaissance sociale du bénévole, et de lui donner les moyens d'exercer ses responsabilités.
Contrairement à ce que l'on entend parfois, le bénévolat, ce n'est pas dépassé, ni sur le plan des valeurs, ni sur le plan de l'efficacité, ni du point de vue de l'évolution de la société.
J'ai la conviction que, progressivement, les femmes, les hommes, les jeunes disposeront de plus en plus de temps, hors de leur travail, et voudront donner à ce temps une utilité sociale.
Les bénévoles de demain sont là, à condition que celles et ceux d'aujourd'hui, soient reconnus, confortés, encouragés.
Dans ce mouvement associatif, les présidents de clubs sportifs et d'associations de jeunesse que vous êtes, ont beaucoup de responsabilités, et souvent peu de moyens pour les exercer pleinement.
Cette situation ne doit pas nous amener, à mon sens, à penser que la professionnalisation des responsables associatifs est la solution miracle.
La direction d'une association ne relève pas d'une spécialité, même si elle nécessite de s'entourer de compétences.
Ce qui fait la diversité et la richesse du mouvement associatif, c'est précisément la possibilité, pour des femmes et des hommes d'origines sociales ou culturelles très différentes, d'accéder à des responsabilités, et de prouver leur capacité à les exercer.
Je vous remercie.
(Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 3 octobre 2001)