Texte intégral
Mes chers amis... Si cette expression mes chers amis" a vraiment été justifiée, c'est, pour moi, ce soir, car, m'adressant à vous, je vous demande tout d'abord pardon du retard que nous avons pris, mais il y avait des embouteillages. Il fallait que tout se remplisse !...
Je vous demande donc pardon du retard et je demande également pardon aux plusieurs centaines de personnes qui n'ont pas pu entrer, qui sont à l'extérieur, qui nous regardent sur grand écran, car, pour des raisons de sécurité, la jauge du Zénith était limitée. Je leur adresse mon salut amical.
Je remercie, de même, les jeunes qui sont sur la tribune et si nombreux dans la salle, ainsi que les parlementaires de notre équipe qui sont présents. Je puis vous assurer qu'il s'agit d'une formidable équipe.
Rallumez le projecteur sur eux ! Je vous présente Hervé Morin, président du groupe de l'UDF à l'Assemblée Nationale. Au bout de la rangée, je vous présente Michel Mercier, président du groupe UDF au Sénat, qui est, de surcroît, le trésorier de la campagne électorale et, croyez-moi, il a du travail, car nous ne sommes pas riches.
Je vous présente Jacqueline Gourault, sénatrice du Loir-et-Cher et présidente des Élus démocrates.
Je veux dire ma gratitude et aussi la vôtre à Marielle de Sarnez, députée européenne qui dirige la campagne électorale avec talent et inspiration et sans qui nous n'aurions pas pu faire cela.
Je vous présente les parlementaires UDF de chez nous et, enfin, je vous demande d'applaudir Didier Borotra, sénateur maire de Biarritz, Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques. Je vous présente également Jean Dionis du Séjour, député du Lot-et-Garonne. Ils sont les élus de la région.
Je vous présente également Jean-Marie Cavada, député européen, Philippe Folliot, député du Tarn. Je vous présente, parmi ceux qui nous ont rejoints dans cette campagne électorale, Corine Lepage et quelqu'un qui m'a appelé au mois de septembre lorsque les sondages n'étaient pas tout à fait ce qu'ils sont aujourd'hui et qui m'a dit : " Voilà, j'ai réfléchi. Vous allez être président de la République. Je veux le faire avec vous". Il s'agit de Vincent Lindon.
Oh, pardon !, je ne l'avais pas vue. Parmi les députés de la région, il y a aussi Anne Lapérouse.
Tous les autres députés et sénateurs qui sont présents ont participé à une formidable campagne. Je voulais vous les présenter.
Je vous présente également quelqu'un qui a fait une sacrée campagne : Babeth. Être la femme d'un candidat à la présidentielle, ce n'est pas de tout repos et que, de surcroît, ce candidat, soit moi-même, c'est encore moins de tout repos ! Alors, il faut que je te dise merci.
Je remercie tous ceux qui nous ont aidés à organiser ce meeting formidable et qui sont tous les militants membres de notre mouvement, non-membres de ce mouvement qui se battent dans cette campagne électorale.
Je voulais vous présenter ceux qui ont vécu cette magnifique aventure avec moi et je voulais leur présenter, à eux, ce que nous sommes, notre région, notre pays, car, pour nous, il s'agit d'un pays qui a même été formé comme pays bien avant que la France ne le soit, en tout cas dans ses frontières d'aujourd'hui, formé comme pays juridiquement bien avant que la France ne le soit et même, entre nous, bien avant que la langue française n'existe, car je dis, à ceux qui s'intéressent à ce sujet des langues et des cultures de la France régionale, de la France, que notre pays, ici, le Béarn avait une constitution écrite dès le XI ème siècle, à partir de l'an 1000.
Cette constitution est probablement l'une des toutes premières constitutions démocratiques du monde, puisqu'elle donnait le droit de vote. Elle a donné, très vite, le droit de vote aux laboureurs, aux paysans. Ils élisaient une assemblée et cette assemblée avait droit de veto sur les décisions du souverain.
Et ceci a eu lieu dans les premiers siècles du millénaire qui vient de s'achever. Cette constitution s'appelle Les Fors de Béarn, c'est-à-dire la protection des libertés béarnaises, la protection des libertés du plus humble des citoyens de ce pays. On a fait, ici, ce que l'on appelle l'habeas corpus, c'est-à-dire la protection contre une justice qui voudrait nous mettre arbitrairement en prison.
Nous avons cette protection depuis mille ans. Les Anglais ont dû attendre quelques siècles avant de trouver la même protection, ce qui en a fait des pionniers de la démocratie dans le monde.
Cette démocratie des Pyrénées est celle qui a fait de nous ce que nous sommes, c'est-à-dire un pays de fiertés qui refuse de plier.
Vous connaissez la devise de Henri IV que j'aime tant : " Le Béarnais est pauvre, mais il ne baisse pas la tête", disait-il aux excellences qui lui parlaient.
Les Fors de Béarn commencent par une très jolie histoire que je cite à peu près exactement. Je n'enjolive rien, je n'améliore rien. C'est la constitution qui était celle de notre pays jusqu'en 1799.
Les Fors de Béarn commencent par cette histoire : " Ici, sont les Fors de Béarn où, autrefois, il n'y avait pas de roi". Ils racontent cette histoire surprenante d'un peuple qui s'aperçoit que, quand il n'a pas de leader à sa tête, il a beaucoup de mal à affronter les événements de la vie. Les Béarnais décident donc de se doter, en plus de leur constitution, de leurs libertés fondamentales, d'un prince et le premier prince qu'ils vont chercher, ils vont le chercher en Bigorre. Je traduis, pour ceux qui seraient d'un peu loin du côté de Lourdes !
Ils ramènent donc ce prince. Ils lui donnent le pouvoir et le prince ne respecte pas Les Fors. Alors, ils le tuent.
Après, ils vont chercher un autre prince, cette fois-ci en Auvergne. Ne voyez, dans cette phrase, aucune allusion politique ! Il s'installe chez nous, il ne respecte pas Les Fors. Alors, ils le tuent.
Heureusement, les temps ont bien changé ! Nous sommes heureux d'être dans des temps plus pacifiques.
Puis, ils entendent dire qu'il y a, là-bas, en pays catalan, un roi...
Nous pouvons applaudir la Catalane qui agite son drapeau !
Ils ont entendu dire qu'un roi a eu deux jumeaux et ils vont donc, en délégation, lui demander l'un des deux jumeaux pour devenir leur prince.
Le roi accepte et il leur dit : " Ils sont tous les deux en train de dormir dans leurs berceaux. Choisissez celui que vous voulez". Et, disent Les Fors de Béarn, car je ne fais que citer le texte que je sais à peu près par coeur, les envoyés du peuple béarnais s'approchent des berceaux. L'un des deux petits princes dormait avec les points fermés et l'autre dormait avec les mains ouvertes.
Ils ont choisi celui qui avait les mains ouvertes.
C'est un pays démocratique et c'est un pays qui estime que ses responsables, ses leaders doivent respecter le peuple des citoyens et, si possible, avoir, avec eux ou à leur égard, une démarche généreuse et chaleureuse.
Cela, c'est le Béarn. C'est pourquoi j'ai tellement eu de chance de faire de la politique ici, grâce à des personnes exceptionnelles avec qui nous n'avons jamais cessé de conduire cet engagement.
Je ne veux pas les citer tous, mais vous me permettrez simplement de citer Pierre Menjucq, sans qui je ne serais pas là, Pierre Laguillon, qui m'a remplacé à l'Assemblée Nationale, et Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil général.
C'est grâce à eux que nous avons pu vivre cette formidable aventure, la vivre chez nous, tout d'abord, et la vivre, ensuite, en France, car, les sentiments d'affection, de chaleur -le mot est bien choisi, n'est-ce pas !- que je viens d'évoquer devant vous, ce sont maintenant des sentiments de chaleur, d'affection et de fidélité que j'ai à l'égard de l'ensemble du peuple français.
C'est un peuple immense, un peuple plein de ressources, plein de talents, plein d'imagination, avec une telle vitalité dans ses jeunes, dans ses familles, dans ses créateurs d'entreprise. Ce peuple-là, c'est une pitié de voir l'état dans lequel on l'a, aujourd'hui, laissé glisser. C'est un chagrin de voir que, parce qu'aucune des réformes nécessaires n'a pu être conduite et menée à bien, parce que l'énergie du pays s'est épuisée dans une guerre incessante entre un camp et l'autre, la France n'a pas pu se retrouver à la hauteur qui devrait être la sienne en Europe et dans le monde. Cela, chacun d'entre vous et chacun d'entre nous le paie. Les familles le paient avec l'inquiétude pour les enfants, avec ce pouvoir d'achat difficile pour les petits revenus et pour les classes moyennes. Les entreprises le paient, avec l'inquiétude qui est la leur sur la manière perpétuellement difficile avec laquelle on multiplie les contrôles, les obligations administratives, tout ce qui empêche le pays de développer son énergie.
Les Français ont, naturellement, fini par mesurer quelle était la responsabilité de leurs politiques dans la situation qui est ainsi créée et ils l'ont dit avec une régularité d'horloge. Chaque fois qu'ils ont été consultés, chaque fois qu'on leur a donné la parole, les Français ont dit : " Cela ne va pas". Ils l'ont dit de toutes les manières, lors des élections présidentielles de 2002, au moment du référendum de 2005, au moment des élections intermédiaires.
Chaque fois, ils ont manifesté auprès des puissants que quelque chose n'allait pas dans la manière dont la France était gouvernée. Or, j'ai l'espoir, la conviction et la certitude que, cette fois-ci, lors de cette élection, au lieu de le dire de manière négative, ils vont le dire de manière positive. Ce sont les Français qui vont changer les choses dans notre pays.
Nous étions, lundi, dix mille à Lyon. Nous étions, mardi, six mille à Lille. Nous étions, hier soir, dix-huit mille à Bercy. Nous sommes, ce soir, sept mille à Pau.
C'est un immense mouvement du peuple français, des jeunes, des campagnes, des banlieues, des villes, des hommes et des femmes qui m'arrêtent tous les jours dans la rue pour me dire : " Monsieur Bayrou, on ne croyait plus à rien et, avec vous, de nouveau, on y croit". Ils ajoutent : " Ne nous décevez pas".
Et, en face de cet immense mouvement de peuple qui a quelque chose de généreux, de désintéressé, du lien qui doit unir les citoyens entre eux, quelque chose qui est de l'ordre du respect, de l'estime et de la volonté de bâtir quelque chose de nouveau, au lieu de saisir ce que cet immense mouvement a de positif pour la France, voilà que, en face de ce mouvement de peuple, il y a le feu croisé, avec une violence jamais atteinte, de tous ceux qui ont le pouvoir en France depuis des décennies, ceux qui ont conduit la France où elle est et qui, en vérité, ont signé un programme commun en un point qui est : " Ne surtout ne rien changer".
Nous, et autour d'eux, avec eux, les deux états-majors des deux partis qui veulent, à tout prix, conserver le pouvoir, autour d'eux et avec eux, faisant chorus, il y a d'autres forces, d'autres puissances, des monopoles importants, médiatiques, par exemple. J'ai eu un mouvement d'humeur, cet après-midi, car, dans Le Monde, le grand journal du soir, il y a, ce soir, un éditorial en première page, un éditorial qui s'intitule : Impératif démocratique.
Ce n'est pas rien, un éditorial qui s'intitule Impératif démocratique à la Une du Monde. On s'attendrait, en effet, à découvrir une menace contre la démocratie française, je ne sais quel cheminement de l'extrémisme et que le monde fasse appel à la responsabilité des citoyens.
Or, le thème de cet éditorial, c'est qu'il faut, si l'on est démocrate, voter pour Sarkozy et Ségolène Royal et, en tout cas, surtout pas pour nous, car nous sommes pour cette démocratie un danger.
Faut-il qu'il y ait de puissants intérêts en jeu pour que le patron du Monde en vienne à dire que le candidat du Centre en France, celui qui propose de changer l'équilibre de notre démocratie, celui-là, n'est pas un choix démocratique pour les Français.
Faut-il qu'il y ait de puissants intérêts. Je m'adresse à eux en disant : " Qu'est-ce qui vous donne le droit d'agir ainsi ? Quelles preuves avez-vous faites ? Quel mérite avez-vous à invoquer ? Quels services avez-vous rendu à la patrie pour que vous vous permettiez de venir dire aux Français ce qu'ils doivent voter et pour indiquer que, pour vous, on doit supprimer le premier tour de l'élection présidentielle et passer directement au second en direction de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy ?"
Qu'est-ce qui vous donne ce droit ? Quelle arrogance fait que, dans notre pays, les puissants ont décidé qu'une fois pour toutes, il n'y aurait que ces deux partis-là, à la base étroite, ces deux partis épuisés, ces deux partis qui nous ont conduits au gouffre où nous sommes, qui auraient le droit démocratique de participer au pouvoir.
Nous, nous sommes des démocrates et, pour nous, cela signifie étymologiquement que c'est le peuple qui décide, que c'est le peuple des citoyens qui a le pouvoir de dessiner la démocratie comme elle. En vérité, mon élection, pour tous ceux-là qui sont en place depuis si longtemps et qui veulent demeurer en place, est, on le voit bien maintenant, pour parler simplement, la "loi de l'emmerdement maximum".
Eh bien, je suis décidé à conduire cette révolution, car elle est bienfaisante pour la France. C'est la révolution de ceux qui ont toujours eu des convictions démocratiques profondes, qui les ont défendues en toutes circonstances, devant tous événements, dois-je le dire au Monde qui, après tout, a été, au lendemain de la Libération, le journal qui a été fondé pour défendre la famille politique que nous formons ensemble.
Le Monde a été, à la Libération, le journal de la troisième voix entre les uns et les autres et c'est pour cela que beaucoup d'entre-nous avons été, malgré les avanies, fidèles à ce journal tout au long du temps.
Je dis que nous qui sommes des démocrates, nous avons une révolution à conduire et, une révolution, comme vous le savez, est très facile à combattre lorsqu'elle fait peur, lorsqu'elle est conduite par des extrémistes, mais elle est, et c'est pour cela qu'ils ne sont pas contents, très difficile à combattre et à empêcher lorsqu'elle est conduite par des hommes modérés, rassembleurs, qui veulent restaurer, dans le pays, les principes élémentaires de la démocratie dont nous avons été privés depuis si longtemps et auxquels nous avons droit.
Tout cela doit bien avoir une explication. Tout cette troupe rameutée de tous ceux qui sont, ont été ou rêvent de devenir les excellences de la République, autour du candidat qui est évidemment celui qui était le plus éloigné des valeurs qui étaient les leurs du temps, au moins, où ils affirmaient en avoir, en rangs serrés, les anciens présidents, les anciens premiers ministres, les anciens ministres, tous les puissants, tous, montent au créneau.
Pourquoi se sont-ils regroupés ainsi ? Car ils veulent défendre le privilège absolu et, ce privilège, en effet, c'est nous qui l'avons inquiété, en effet, en proposant -j'allais dire naïvement, en tout cas de bonne foi-, de résoudre les problèmes de notre pays comme tous les personnes de bon sens pensent que l'on peut le faire, c'est-à-dire en le rassemblant, comme doit se rassembler toute Nation menacée dans son existence même, menacée dans sa vie, menacée dans son avenir, menacée dans son moral.
Voyez-vous, je pense que la crise que traverse la France aujourd'hui est la plus grave que notre pays ait traversée depuis la libération, car elle touche tous les aspects de la vie. Elle touche l'économique, le social, l'éducation, l'exclusion, les pauvres. Elle touche les SDF, elle touche les banlieues, elle touche les raisons d'espérer de chacun des Français, elle décourage et elle désarme un pays qui mériterait de retrouver optimisme et espoir.
C'est pourquoi cette idée simple, quand il s'agit de reconstruire un pays, comme lorsqu'il s'agit de reconstruire une maison, eh bien, on décide de réunir toutes les personnes compétentes, de bonne volonté, capables de travailler ensemble. Nous allons nous souder. Nous allons nous sortir de nos guerres de tranchée, après tout, comme nous le faisons dans nos villages, après tout, comme nous le faisons dans nos régions, comme je l'ai fait dix fois lorsque l'essentiel était en jeu, avec André Labarrère, lui, à la mairie de Pau, moi, à la présidence du Conseil général. Nous savions bien nous souder et nous retrouver lorsqu'il fallait défendre le pays.
Cela est possible, comme vous l'avez vu, avec les déclarations de cette semaine, en voyant des hommes de la Gauche ouverte qui ont eu à affronter bien des injures et bien des avanies. Je leur adresse donc mon salut, à Michel Rocard, à Bernard Kouchner, à Claude Allègre. Il en est de même de certaines personnes de la Droite, des membres du Gouvernement actuel, François Goulard, ministre de la recherche, ou Azouz Begag qui a démissionné du Gouvernement pour dire ce qu'il avait à dire.
J'adresse également mon salut à Corine Lepage et Antoine Waechter, venus des milieux écologistes et à des hommes comme Jean Peyrevade, qui nous a rejoints, l'homme qui a redressé le Crédit Lyonnais, ce qui était probablement l'une des plus difficiles entreprises économiques après, comme vous le savez, l'incroyable crise dans laquelle cette banque avait été plongée.
Tous savent que l'on peut travailler ensemble. Tous savent que l'on pourrait y arriver et que, désormais, en effet, les idées, l'évolution des temps, la disparition des idéologies a fait que ce ne sont plus les idées qui séparent, mais uniquement des questions d'étiquette.
Toutefois, en proposant cette idée, que je considère, au fond, comme l'idée la plus évidente que l'on peut défendre devant un peuple, qui a été longtemps regardée avec sympathie tant qu'elle était minoritaire, en voyant progresser cette idée dans l'opinion, tout d'un coup, ils se sont rendus compte que risquait d'être remis en cause leur privilège maximal et principal.
C'est le monopole du pouvoir, car le monopole du pouvoir est tout simple. C'est la garantie que les deux partis qui tiennent tout ne seront jamais dérangés par personne dans leurs jeux, qu'ils resteront entre eux. Une fois, ce sera les uns, une fois, ce sera les autres, mais ils sont assurés, en tout cas, que personne ne viendra troubler ce tête-à-tête, que nous resterons dans la bonne vieille connivence, les bonnes vieilles ententes, entre tous les mondes du pouvoir, le pouvoir financier, le pouvoir médiatique et le pouvoir politique, que rien de tout cela ne sera troublé et qu'en réalité, personne ne viendra remettre en cause, les bonnes ententes qui permettent à ces univers de se croiser, de s'entendre et de se rendre des services mutuels.
Voilà ce que nous menaçons par notre existence même. C'est pourquoi ils ont dressé toutes leurs forces pour que vous ne puissiez pas faire entendre votre voix, mais ils vont se tromper.
Autrefois, la situation était très confortable pour eux, car ce duo, en tout cas ce tête-à-tête n'était troublé que par les extrêmes. Or, les extrêmes sont terriblement confortables, car leurs idées, les haines, les phantasmes, tout ce qui est inacceptable dans l'extrémisme, tout cela garantissait, avec certitude, que le système, en réalité, était plus encore en sécurité lorsqu'il avait un extrême contre lui que lorsqu'il était dans son tête-à-tête habituel.
Comme vous vous en souvenez, de nombreux Français, en 2002, ont voté, pour secouer le système, pour l'extrême droite. Que s'est-il passé ? Le Président sortant a reçu 82,5 % des voix, tout le pouvoir absolu pendant cinq ans.
Je dis que, en effet, ce jeu, qui n'était troublé que par les extrêmes, permettait une formidable sécurité pour le pouvoir en place, mais il n'est maintenant plus troublé par des extrêmes. Il est troublé par des républicains, des démocrates, des citoyens, un peuple de citoyens qui a simplement envie de défendre ses valeurs, qui veut que cela change et qui ne se laissera pas arracher le changement qui, maintenant, est à portée de la main.
C'est une révolution et c'est une révolution orange. C'est la révolution des Français qui ont décidé que, désormais, ils allaient se faire respecter. Alors, devant eux, je veux prendre six engagements dans lesquels, pour vous, je résumerai mon programme.
Mon premier engagement, c'est de leur enlever le pouvoir, enlever à la fois le pouvoir en une seule élection aux deux appareils de partis et à tous les réseaux qu'ils ont installés et qui vous méprisent depuis trente ans.
Ceci est à portée de la main, car tout le monde sait que je peux gagner le premier tour, et être qualifié pour le deuxième et que je suis le seul qui puisse gagner le deuxième tour contre l'hyper favori que l'on nous présente dans les sondages.
C'est une révolution et une révolution sans risques, avec un Président -pardon de dire cela de moi, mais je crois que c'est vrai- équilibré, modéré, qui aime la France plus qu'il n'aime le pouvoir. Je ne suis pas assoiffé de pouvoir. Je suis assoiffé de la reconstruction de la France, qui a des racines et vous êtes mes racines. Ce président a une vocation de rassembleur, c'est-à-dire qu'il peut parler et respecter ceux qui ne sont pas du même avis que lui. Il saura parler, respecter et faire travailler ensemble les personnalités et les courants de la Droite républicaine et de la Gauche française, qui sera capable de les prendre au sérieux, dans leurs valeurs, dans leurs convictions et de leur proposer un chemin pour se retrouver et se rassembler.
Autrement dit, la révolution sans les risques de la révolution. C'est la révolution orange et on la voit maintenant partout en France.
Mon deuxième engagement est de restaurer la démocratie dans notre pays, de faire de la République décomposée que nous avons sous les yeux, une démocratie respectable, de retrouver les règles qui sont bafouées au point que cela fait honte à la France.
Ainsi, tout d'abord, je restaurerai l'indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs dans notre pays. Je demanderai au Garde des Sceaux que je nommerai qu'il n'y ait, dans notre pays, qu'une règle : tous les citoyens doivent être égaux devant la justice, tous les citoyens doivent être égaux devant la loi.
Et, s'il est légitime que l'on poursuive les petits fraudeurs et qu'ils obtiennent de petites peines, je demanderai qu'il soit aussi légitime que l'on poursuive les gros fraudeurs et qu'ils obtiennent de grosses peines. C'est pourquoi je me réjouis que des personnes comme Bernard Tapie ne soit pas dans mon comité de soutien.
Je ferai respecter les règles de la démocratie, c'est-à-dire que je rendrai au Parlement de la République, les droits qu'on lui a enlevés et qu'il n'aurait jamais dû perdre, que nous n'aurions jamais dû lui laisser perdre. Le premier de ces droits est celui de faire la loi. Je veux que le Parlement redevienne le maître de son ordre du jour et pas que ce soit le Gouvernement qui en soit le patron et que le Parlement doive obéir au Gouvernement.
Je veux que le Parlement puisse contrôler le Gouvernement et qu'il se serve, pour cela, en particulier, des rapports de la Cour des Comptes qui, autrement, s'endorment dans les tiroirs. Je veux que l'on sache comment, en France, on utilise l'argent public et que l'on fasse ce qu'il faut pour que cet argent public soit utilisé comme il convient.
Pour que le Parlement redevienne digne, je ferai en sorte que, désormais, au Parlement de la République, à l'Assemblée Nationale et au Sénat, on ne puisse plus voter si l'on n'est pas présent. Je veux que l'Assemblée Nationale ne soit plus une mer de fauteuils rouges vides. Je veux que, désormais, tout le monde puisse assumer sa mission de député du peuple. Pour cela, je mettrai fin au cumul des mandats qui empêche les députés de faire leur métier.
Vous remarquerez que j'ai des applaudissements nourris dans les bancs des parlementaires qui sont présents. C'est beaucoup de générosité de leur part. On verra lorsqu'il s'agira de voter la loi !...
On les gardera, on les réélira, on leur fera un triomphe, ils le méritent !...
Je veux que nous ayons, enfin, en France, une loi électorale juste qui permettra à tous les courants politiques du pays, dès l'instant qu'ils atteignent le seuil de un million de voix, à peu près 5 %, d'être représentés à l'Assemblée Nationale, car il n'est pas normal que nous n'ayons à l'Assemblée Nationale que des majorités.
Selon la démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité. C'est d'abord la protection des minorités. Tous les courants ont le droit de se faire entendre. Par exemple, il n'est pas normal que les Verts ou les écologistes, au sens large, ne doivent le petit nombre de députés qu'on leur concède qu'à la protection du Parti Socialiste. Ils sont obligés d'aller "mendier" pour avoir leur groupe de députés. Ce n'est pas normal et ce n'est pas juste.
En France, on n'est pas citoyen, car on est du côté des "gros". On est citoyen, car, de droit, on a le droit de faire entendre et de défendre les convictions qui sont les siennes. Et, je dis cela, y compris pour les courants que je n'aime pas.
Je n'aime pas l'extrême-droite. Je me suis battu contre elle toute ma vie, mais il demeure que je préfère avoir, avec elle, une confrontation ouverte, un affrontement à ciel ouvert, en transparence à l'Assemblée Nationale, plutôt que d'avoir le cheminement souterrain que nous savons et dont nous avons vu, en 2002, ce qu'il était capable de faire.
Je préfère la transparence et le ciel ouvert.
Je veux rénover la conception de la démocratie. Voyez-vous, j'ai, tout à l'heure, rappelé que, démocratie, cela signifie que l'on considérait le peuple comme souverain. On considérait que, dans la cité, les citoyens avaient une responsabilité. C'est la raison pour laquelle, je ne déciderai pas dans le dos des citoyens. Je ferai, avec eux, le chemin sur chacune des réformes pour leur expliquer, développer avec eux, leur permettre de vérifier les tenants et les aboutissants des réformes que nous avons à faire. Je veux que tous les citoyens soient placés en situation de responsable.
Je veux que tous ceux qui ont besoin d'information reçoivent toute l'information nécessaire. C'est la raison pour laquelle, sur les grands sujets, lorsqu'il s'agira de décider de l'avenir de la Nation, lorsqu'il s'agira, pour chacun d'entre nous, de choisir ce que doit être l'organisation du pays, par exemple, en matière de retraite, lorsque quand ce texte aura été discuté et délibéré, je le soumettrai au référendum des Français pour que personne ne puisse penser que l'on va décider dans son dos et contre lui.
Voyez-vous, j'ai beaucoup réfléchi aux raisons qui font que, en France, comme on le dit si souvent, chaque fois qu'il y a une réforme, les personnes se retrouvent dans la rue et que cette réforme avorte, que l'on est obligé de faire marche arrière.
Ma conviction profonde est que cette disposition malheureuse du peuple français a une explication : les personnes vont dans la rue, car elles ont l'impression qu'elles n'ont pas d'autres recours que la rue.
Moi, je veux que, désormais, chaque Français sache que, sur les sujets essentiels, il aura d'autres recours que la rue. Il aura l'Assemblée Nationale qui représentera le peuple, qui aura retrouvé ses droits et sa légitimité et il aura, sur les sujets essentiels, le référendum. Personne ne pourra penser que l'on va le flouer. Chacun pourra assumer la responsabilité qui est la sienne.
Cette évolution-là, qui consiste à prendre le peuple des citoyens comme un peuple de responsables, je vous le dis, est inéluctable. Nous serons les premiers à le faire, mais elle est inéluctable dans tous les pays du monde, car vous savez bien qu'une grande révolution est intervenue -elle s'appelle Internet-, sur laquelle tout le monde peut, désormais, aller chercher les informations qui l'intéressent, peut les croiser, peut les vérifier.
Tout le monde, on l'a bien vu, au moment de la constitution européenne, veut participer au débat, prendre sa part du débat. Ce que nous ferons, en France, comme des pionniers, cela sera, désormais, dans le XXI ème siècle, la règle de toutes les sociétés démocratiques du monde. Nous serons en avance et c'est très bien comme cela.
Voulant faire respecter les règles, je ferai voter, dès que je serais élu, une loi de moralisation de la vie économique et notamment de la vie des grandes entreprises en France. Je ferai en sorte que les salariés et les petits actionnaires aient les informations nécessaires pour qu'ils évitent de découvrir, dans la presse, un certain nombre de décisions qui sont tellement déstabilisantes et, en fait, tellement énormes par le montant des sommes en jeu et par la différence entre les sommes obtenues et les résultats obtenus.
Je ferai en sorte que, désormais, cela soit rendu transparent de manière que ce genre de phénomènes n'éclabousse pas toute l'image de l'entreprise et notamment l'image des petites et des moyennes entreprises dont tout le monde croit désormais qu'elles sont un lieu de trafic, car un certain nombre de personnes irresponsables se sont accordées les désordres que vous savez au sommet des très grandes entreprises.
Je ferai voter une loi de moralisation de la vie économique qui exigera la transparence et je ferai en sorte, par mon attitude et mon comportement, comme l'on fait beaucoup des précédents Présidents de la République, et même, tous je peux le dire, qu'il y ait une séparation nette, en France, entre l'argent et le pouvoir politique.
Bien sûr, il faut des liens avec les milieux économiques. Il faut les soutenir et les comprendre, mais il ne faut pas avoir une proximité trop grande. Cette proximité est dangereuse pour la démocratie. Chacun chez soi, l'argent dans son monde et le pouvoir politique dans le monde de la démocratie et des citoyens. Cette séparation n'est pas moins nécessaire que les autres.
Tout cela, je le ferai en rassemblant, car notre pays a besoin d'être rassemblé. Je voudrais insister une seconde sur ce point. Il y a eu, aujourd'hui, en France, à nouveau, des tombes profanées. Ces tombes, cette fois-ci, ne sont pas juives. Elles sont musulmanes. Il y a eu un religieux agressé à la Gare du Nord et ce religieux est un rabbin.
La société française est en train de suivre une mauvaise pente. À force de faire monter les tensions, entre les communautés, entre les origines, entre les couleurs de peau, entre les religions, on rend la France dangereuse.
Moi, je veux la France en sécurité. Je veux la France apaisée. Je veux la France où l'on apprend à respecter les autres, car ils sont des femmes et des hommes et car ils sont des concitoyens.
Nous avons besoin de vivre ensemble et non pas de nous trouver dans des situations telles que le moindre incident dégénère. Je le dis en particulier en pensant aux policiers, car eux aussi sont exposés, eux aussi sont désormais aux risques. Ils ont le sentiment que la manière dont on les a opposés à une partie de la population rend désormais leur métier plus dangereux encore qu'il ne l'était. Ils ont besoin de soutien et ils ont besoin d'apaisement.
C'était le deuxième, faire respecter les règles élémentaires qui sont bafouées en France.
Mon troisième engagement, c'est de m'occuper de vous car, voyez-vous, tout ce temps perdu dans les combats, toute l'énergie gaspillée, elle n'a pas été utilisée pour vous et vous le voyez bien, on a besoin de s'occuper d'une politique -je ne sais pas si elle est de Droite ou de Gauche. Je suis certain qu'elle est nécessaire.
C'est une politique qui crée des emplois en France et c'est pourquoi j'ai été tellement heureux de voir, dans le grand journal économique, les Échos, que, pour les petits et moyens chefs d'entreprise, les artisans, les commerçants, les toutes petites entreprises industrielles et les moyennes entreprises, la mesure pendant cette campagne électorale qu'ils ont trouvée la plus utile, qu'ils ont considéré comme étant la plus positive et la plus favorable était la possibilité de créer deux emplois sans avoir à payer de charges pendant cinq ans, excepté 10 % pour la retraite.
Je veux que nous fassions voter une loi de protection et de soutien des petites entreprises qui leur permettra, enfin, la simplification des obligations administratives si lourdes qu'on leur impose et qui ne les mettent pas à égalité avec les grandes entreprises, puisque ces dernières ont des services et des avocats pour faire cela. Je veux que l'on simplifie la vie administrative lorsqu'elle touche à l'économie.
Pour garantir que cette simplification se fera, au lieu de demander à l'administration de faire la simplification, je demanderai aux usagers de la faire. Je veux que ce soit ceux qui sont l'objet des demandes perpétuelles de contrôle et de papiers qui disent eux-mêmes ce qui leur paraît utile et ce qui ne leur paraît pas utile. Cela aussi, c'est une nouvelle conception de la démocratie qui remontrera de la base plutôt que de tomber du sommet.
J'ai parlé de l'emploi. Je veux vous dire, en quelques phrases, que je considère que la politique sur laquelle nous devons concentrer tous les moyens de la Nation, tous les moyens disponibles, c'est l'éducation et la recherche. Je veux que nous nous fixions cet objectif. Je veux que nous nous fixions cet objectif simple à énoncer et difficile à remplir. Je veux que, dans dix ans, les jeunes Français soient les jeunes les mieux formés de la planète.
Cela commence par quelque chose de très simple qui est d'apporter le soutien de la Nation à ceux qui ont la charge de transmettre les connaissances dans les établissements scolaires et dans les classes.
Ma conviction est que les pays qui soutiennent leurs enseignants sont ceux dans lesquels le travail des enseignants a les meilleurs résultats. Je m'étais demandé longtemps, comme ministre de l'Éducation nationale, ce qui expliquait que, dans un monde où tout le monde considérait comme acquis que ce soit les enfants des familles les plus favorisées qui réussissent le mieux et les enfants des familles les moins défavorisées qui réussissent le moins bien, comment se faisait-il qu'il y ait cependant un certain nombre d'exceptions, des personnes qui réussissent très bien venant de milieux défavorisées, des personnes qui échouent venant de milieux défavorisés.
J'ai fait faire une étude par des sociologues intelligents... Pourquoi riez-vous comme cela ? Ce n'est pas gentil pour les sociologues ! Il existe des sociologues intelligents. J'en ai rencontrés. Azouz Begag, par exemple, est sociologue. Alors, vous n'allez pas dire du mal des sociologues !
La conclusion de ces sociologues étaient que, en vérité, réussissaient les enfants dans les familles desquels l'école était estimée, soutenue et où on en disait du bien et échouaient les enfants dans les familles desquels l'école était méprisée, critiquée et où on en disait du mal.
Ce qui est vrai pour les familles est vrai aussi pour les nations. Je veux que, en France, on arrête de prendre l'Éducation nationale comme bouc émissaire de tous les problèmes de la société française.
Je garantirai le soutien, je garantirai les moyens et, en échange, je veux que nous garantissions les objectifs.
Premier de ces objectifs : que tous les enfants sachent lire et écrire avant d'entrer en sixième, qu'on ne puisse plus entrer en sixième avant de savoir lire et écrire.
Deuxième objectif : le calme, la discipline, le respect de l'ambiance scolaire dans tous les établissements, quel que soit le lieu d'implantation de ces établissements. Je ne veux pas que la sécurité soit réservée aux beaux quartiers et l'insécurité aux établissements mal placés.
Troisième objectif : je veux que l'excellence soit offerte partout. Il n'y a aucune raison que, parce qu'on est né dans le quartier du lycée Henri IV ou du lycée Louis-le-Grand, on soit assuré d'avoir de meilleurs résultats scolaires que si on est né dans une banlieue ou dans une vallée pyrénéenne. Je veux que la même chance d'excellence, que les mêmes parcours d'excellence et que les mêmes options soient offertes sur l'ensemble du territoire national et que cela ne soit pas, d'un côté, les favorisés et, de l'autre, les ghettos.
Et, nous avons à conduire une grande réforme de l'université. On pourrait en parler pendant des heures, mais cette réforme est nécessaire, parce que les moyens de l'université française ne sont pas à la hauteur de ce qu'ils devraient être ; les moyens de l'université, la manière dont elles sont organisées et, je vous demande d'y réfléchir, les rapports entre l'université et le monde du travail ; ce n'est pas normal qu'on laisse tant et tant d'étudiants diplômés sans avoir de perspectives professionnelles.
Alors, je veux que l'université et le monde économique prennent en charge la question de l'insertion professionnelle des étudiants, qu'ils aient leur diplôme ou qu'ils ne l'aient pas, à tous les moments de sortie du système universitaire.
Je veux que l'on s'occupe du pouvoir d'achat et c'est une question difficile. J'ai deux orientations pour le pouvoir d'achat ou plus exactement trois. J'ai une orientation principale vers ceux qui sont aujourd'hui en situation la plus difficile dans notre pays, c'est-à-dire les personnes âgées qui sont au minimum vieillesse ou qui ont une toute petite retraite. Ce n'est pas possible qu'on les fasse vivre avec à peine plus de six cents par mois, quelquefois en ayant travaillé toute une vie.
C'est la raison pour laquelle je porterai le minimum vieillesse et les petites retraites à 90 % du SMIC en cinq ans de manière qu'il y ait, en France, de la dignité pour ceux qui la méritent et, ceci, malgré, vous le savez, l'impératif que j'ai placé au centre des sujets de cette campagne électorale, qui est de faire baisser le déficit et la dette de notre pays que je considère comme un scandale à l'égard des jeunes qui sont là.
Deuxièmement, je mettrai en place un dispositif pour inciter les entreprises à partager leurs bénéfices à la fin de l'année avec leurs salariés, sous forme de treizième ou de quatorzième mois, parce que, l'intéressement, ce n'est pas tout à fait la même chose que la participation.
Comme vous le savez la participation est bloquée pendant cinq ans, mais l'intéressement des salariés à la vie de l'entreprise me paraît un des moyens de rendre du pouvoir d'achat aux Français. De même, pour ceux qui ont la chance, s'ils le souhaitent, de pouvoir faire des heures supplémentaires, je vais augmenter considérablement la majoration pour heures supplémentaires pour ceux qui accepteront ou voudront en faire, en la portant non plus à 10 % dans les petites entreprises comme aujourd'hui ou à 25 % dans les entreprises de plus de vingt, mais à 35 % pour tout le monde et cela ne coûtera pas à l'entreprise, puisque je déduirai cette majoration des charges qui sont payées sur ces heures. Pour l'entreprise, ce sera comme une heure normale. Pour le salarié, ce sera une heure à 35 % de plus, s'il accepte ou souhaite en faire.
On mettra en place un plan de lutte contre l'exclusion, parce que ce n'est pas possible que l'on se retrouve dans la situation d'aujourd'hui où tant et tant de personnes sont, en réalité, presque contraintes de rester au RMI, contraintes et souvent contre leur gré, parce que, quand vous additionnez, un certain nombre d'avantages sociaux qui, en France, sont liés au RMI en tant que tel, au statut de RMIste, par exemple, que vous avez la dispense de la redevance télévision, la dispense des impôts locaux, la CMU, la cantine gratuite, et, comme c'est maintenant le cas en Ile-de-France, la carte de transport gratuite pour le RMIste et tous les membres de sa famille, ce qui paraît une libéralité mais qui en réalité, selon moi, est une manière d'attacher la personne au statut de RMIste et de l'empêcher d'en sortir, quand vous additionnez tout cela et que vous êtes par exemple une jeune femme qui élève des enfants toute seule, alors vous vous rendez compte, et c'est un terrible scandale que, si vous prenez un travail, au bout de quelques mois, vous allez y perdre, et ceci n'est pas acceptable dans un pays comme le nôtre.
Je veux que le principe qui soit retenu par tout le monde soit que l'aide ne soit plus liée au statut, mais au revenu et que, quand on prend un travail, on y gagne et on y gagne nettement par rapport au statut d'assistance.
Pour ceux qui ne trouveront pas de travail, pour les sortir de l'inactivité dans laquelle ils s'enfoncent et dans laquelle ils souffrent, on n'est pas ici dans les meetings où l'on fait, tous les soirs, siffler les RMIstes, je dis que je sais que ces femmes et ces hommes-là, ils souffrent la plupart du temps de la situation qui est la leur et il faut les aider à en sortir.
C'est la raison pour laquelle je proposerai une activité indemnisée au service de la société dans des associations ou des collectivités locales, activité qui leur permettra d'améliorer leur revenu et de retrouver la dignité aux yeux d'eux-mêmes et aux yeux des autres que, très souvent, on leur enlève.
Mon troisième engagement était m'occuper de vous.
Mon quatrième engagement est de porter la voix de la France aussi haut et aussi loin qu'elle doit l'être. C'est pourquoi le premier chantier que je mettrai sur ma table est la réconciliation nécessaire entre les Français et l'idéal européen, ainsi que la réconciliation nécessaire entre l'Europe et la France.
Voyez-vous, je crois qu'aucun des grands sujets que nous avons devant nous qui concernent notre avenir, celui de nos familles, celui de nos enfants, aucun de ces grands sujets ne peut être résolu si l'Europe ne retrouve pas la capacité, la volonté, la puissance qui devrait être la sienne.
Cette Europe-là, elle s'est beaucoup occupée de commerce au travers du temps, elle s'est beaucoup occupée de normes sur les produits, sur les fromages, sur les tondeuses à gazon, sur les voitures, sur l'ensemble de la circulation des biens et des services sur le continent européen. Elle s'est beaucoup occupée de commerce.
Maintenant, il s'agit qu'elle s'occupe de l'essentiel et l'essentiel c'est que je veux une Europe qui s'occupe de sécurité, de défense, car nous ne pourrons pas porter seuls le poids si lourd des armements modernes si nous ne sommes pas capables de répartir la charge et de réfléchir, ensemble, à la sécurité du continent européen.
Je veux qu'elle s'occupe d'action diplomatique. Si vous regardez ce qui se passe au Darfour, ce génocide terrible qui est en train de se perpétrer sous nos yeux, il faut qu'il y ait, dans le monde, des puissances pacificatrices capables d'imposer au Gouvernements complices des génocides que la communauté internationale aille sauver la vie de ces centaines de milliers de personnes aujourd'hui si abandonnées, abandonnées sur le sable, abandonnées sans espoir de jamais revoir leur village et leur terre.
Si vous regardez le Proche-Orient, il n'est pas possible que cette zone du monde si périlleuse soit aujourd'hui sans garant, car, évidemment, les États-unis, depuis qu'ils ont déclenché la malheureuse guerre d'Irak avec les conséquences dramatiques -cent cinquante morts lors du dernier attentat-, avec les conséquences dramatiques que vous savez, raison pour laquelle j'ai été heureux et fier que la France soit le pays sous l'autorité de Jacques Chirac qui a porté la défense du Droit et des principes internationaux face à l'attitude et à la décision du Gouvernement américain.
Je veux que l'Europe s'occupe du Proche-Orient et qu'elle puisse être le garant de la paix nécessaire, qu'elle puisse la garantir, au moins comme l'un des deux ou trois garants dans laquelle cette région trouvera naturellement, je l'espère, un jour, son équilibre.
Je veux que l'Europe soit unie pour s'occuper de l'Iran. Je veux que l'Europe fasse entendre la voix des démocraties, la voix paisible et déterminée, les deux adjectifs ont leur importance.
Bref, je veux que l'Europe s'occupe d'action diplomatique.
Je veux que l'Europe s'occupe de politique économique et de protection de notre tissu industriel. La situation dans laquelle un certain nombre d'entreprises sont plongées par le fait qu'il n'y a pas de respect de l'équilibre dans les échanges internationaux, que par exemple, on impose aux entreprises européennes de respecter des objectifs ou des normes écologiques, mais que nos concurrents n'en respectent rien et viennent inonder donc nos sociétés de produits qui n'ont pas respecté les mêmes normes que les nôtres est une responsabilité pour l'Union européenne.
Lorsque l'on a une maison commune, il faut accepter, un jour, d'avoir une politique économique commune, sérieuse, et qui, par exemple, mette une harmonisation fiscale en place.
Je veux que l'Europe s'occupe du réchauffement de la planète. Je veux que l'Europe s'occupe du climat. Je veux que l'Europe s'occupe de biodiversité. Nous avons à le faire comme un exemple en France.
J'ai signé le pacte écologique de Nicolas Hulot et je respecterai ses engagements, mais, même si la France était exemplaire, et elle est loin de l'être, même quand la France sera exemplaire, et nous l'y conduirons, nous pouvons cependant diviser par trois, par quatre, par cinq nos émissions de gaz à effets de serre, cela ne changera pas d'un millième de millième la composition de l'air que nous respirons et cela ne changera pas la température de la planète, car ce n'est pas l'affaire d'un pays c'est l'affaire de tous les pays à la fois.
Cela ne peut se faire que si une puissance volontaire accepte de placer ce sujet sur l'agenda international. La France peut y aider, mais seule l'Europe peut y obliger. J'ai tout à fait l'intention de faire cela.
Et, enfin, je veux que l'Europe s'occupe du pauvre, misérable et abandonné continent africain. Je considère que c'est notre responsabilité que de faire une politique de co-développement avec l'Afrique.
Voyez-vous, on parle beaucoup d'immigration dans cette campagne, on en parle pour susciter un certain nombre de sentiments, sentiments que, je considère, on ne devrait pas faire naître dans une nation. Je sais qu'il faut une politique de régulation de l'immigration, il faut une politique sérieuse. Mais, dans un espace ouvert comme l'espace européen, il faut que cette politique soit concertée avec nos partenaires européens puisque on traverse les frontières, je veux que l'on compte considère cette politique de régulation si elle est ferme, elle doit en tout cas considérer que c'est de femmes et de hommes qu'il s'agit et non pas d'objets, de femmes et de hommes que l'on doit traiter avec le respect nécessaire.
Mais je sais que la seule politique efficace de régulation de l'immigration, la seule politique qui portera des fruits, c'est que ces femmes et ces hommes notamment ceux qui viennent d'Afrique, puissent un jour vivre et travailler au pays, puissent un jour, pour les paysans, nourrir le continent africain pour les ouvriers, les techniciens, les ingénieurs équipés le continent africain.
C'est du développement de l'Afrique que viendra l'équilibre de l'immigration parce qu'ils ne partent que parce qu'ils n'ont plus d'espoir de vivre chez eux.
Porter la voix de la France haut et loin.
Mon cinquième engagement, c'est d'être un président au milieu de vous, non pas un président lointain, pas un président enfermé dans les ors de la République, pas un président qui ne sait se déplacer que derrière des rideaux de gardes du corps et de policiers, un président qui n'oublie pas, qui n'oublie jamais qu'il est un citoyen.
J'ai un souvenir formidable pendant cette campagne électorale.
Tout à l'heure un journaliste me demandait : "Au fond, quel est le souvenir de campagne qui vous a touché le plus que vous avez aimé le plus ?"
J'ai cité naturellement pour commencer, ce moment touchant qui était la déclaration de candidature sur la place de Serre-Castets devant les Pyrénées ou un certain nombre d'entre vous m'ont fait l'amitié de participer puis j'ai cité un autre moment, que je voudrais vous raconter, c'était à Clermont-Ferrand.
C'était une halte de SDF dirigée par un Monsieur tout à fait remarquable que certains d'entre vous ont sans doute découvert parce que je l'avais invité au grand journal de Canal+ comme mon invité pour faire découvrir aux Français le travail admirable que c'était.
Ce Monsieur m'a accueilli et m'a dit, cela se voyait : " On les accueille tous. On les accueille même avec les chiens alors qu'il y a beaucoup de foyers qui ne laissent pas entrer les chiens". On les accueille tous même si l'alcoolémie n'est pas exactement celle-ci correspondrait aux normes légales. On les accueille tous et on les regarde parce qu'il m'a dit : " Ces femmes et ces hommes-là, dans la rue, quelquefois on leur donne une pièce, mais on ne les regarde jamais."
J'ai trouvé que, dans cette phrase-là, il y avait quelque chose d'absolument précieux en direction des plus malheureux de nos concitoyens, j'allais presque dire de nos frères.
Il y a quelque chose de vrai pour la manière dont le pouvoir se comporte à l'égard de tous les citoyens qui après tout lui ont fait confiance.
Le pouvoir, il arrive très souvent qu'il serre des mains, mais rarement qu'il regarde.
Je prends l'engagement devant vous, non pas d'être un président qui se contentera de serrer les mains, mais d'être un président qui regardera les concitoyens, tous les jours, qui pensera à eux tous les jours comme à des femmes et des hommes et pas comme à des électeurs, comme à des femmes et des hommes chargés de famille et pas seulement comme à des éléments pour le prochain sondage.
Je prends l'engagement de garder le lien humain qui a été le nôtre pendant toute cette campagne électorale et qui s'est, d'une certaine manière, fondé ou renforcé au travers des semaines de campagne que nous avons vécues, je prends l'engagement d'être un président qui regardera les yeux des Français quand je serai avec eux.
Mon sixième engagement et c'est le dernier, je prends l'engagement de ne rien oublier des engagements que j'ai tenus devant vous.
L'autre jour, on m'a demandé dans une émission : " Monsieur qu'est-ce qui nous garanti que vous ferez ce que vous dites ? Qu'est-ce qui nous garantit que vous n'allez pas, si vous êtes élu, vous retrouver demain exactement dans le camp des politiques traditionnels que vous avez quittés aujourd'hui, mais où nous ne voulons pas que vous vous retrouviez."
Alors j'ai réfléchi une minute et j'ai répondu ceci, je n'ai pas de réponse plus explicite à vous faire.
J'ai dit : " Monsieur, j'ai six enfants, et chacun de mes six enfants croient que ce que je dis est la vérité." Je ne peux pas revenir devant eux, même avec les meilleures raisons du monde, en leur expliquant que j'allais désormais faire le contraire de ce que je leur avais promis.
J'ai six enfants et j'ai six mille concitoyens à l'intérieur du Zénith de Pau et je ne peux pas revenir devant eux en faisant le contraire de ce que je leur ai promis.
Et j'ai soixante-trois millions de concitoyens français, et je ne peux pas revenir devant eux en faisant le contraire de ce que je leur ai promis.
Je tiendrai mes engagements. Nous allons changer la France.
Nous allons accomplir cette révolution paisible dont notre pays a besoin. Je vous remercie d'être venus de tous les coins du Béarn et de tous les coins des Pyrénées pour préparer ensemble la victoire du 22 avril et la victoire du 6 mai.
Je vous remercie.
Vive la République et Vive la France !"source http://www.bayrou.fr, le 20 avril 2007
Je vous demande donc pardon du retard et je demande également pardon aux plusieurs centaines de personnes qui n'ont pas pu entrer, qui sont à l'extérieur, qui nous regardent sur grand écran, car, pour des raisons de sécurité, la jauge du Zénith était limitée. Je leur adresse mon salut amical.
Je remercie, de même, les jeunes qui sont sur la tribune et si nombreux dans la salle, ainsi que les parlementaires de notre équipe qui sont présents. Je puis vous assurer qu'il s'agit d'une formidable équipe.
Rallumez le projecteur sur eux ! Je vous présente Hervé Morin, président du groupe de l'UDF à l'Assemblée Nationale. Au bout de la rangée, je vous présente Michel Mercier, président du groupe UDF au Sénat, qui est, de surcroît, le trésorier de la campagne électorale et, croyez-moi, il a du travail, car nous ne sommes pas riches.
Je vous présente Jacqueline Gourault, sénatrice du Loir-et-Cher et présidente des Élus démocrates.
Je veux dire ma gratitude et aussi la vôtre à Marielle de Sarnez, députée européenne qui dirige la campagne électorale avec talent et inspiration et sans qui nous n'aurions pas pu faire cela.
Je vous présente les parlementaires UDF de chez nous et, enfin, je vous demande d'applaudir Didier Borotra, sénateur maire de Biarritz, Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques. Je vous présente également Jean Dionis du Séjour, député du Lot-et-Garonne. Ils sont les élus de la région.
Je vous présente également Jean-Marie Cavada, député européen, Philippe Folliot, député du Tarn. Je vous présente, parmi ceux qui nous ont rejoints dans cette campagne électorale, Corine Lepage et quelqu'un qui m'a appelé au mois de septembre lorsque les sondages n'étaient pas tout à fait ce qu'ils sont aujourd'hui et qui m'a dit : " Voilà, j'ai réfléchi. Vous allez être président de la République. Je veux le faire avec vous". Il s'agit de Vincent Lindon.
Oh, pardon !, je ne l'avais pas vue. Parmi les députés de la région, il y a aussi Anne Lapérouse.
Tous les autres députés et sénateurs qui sont présents ont participé à une formidable campagne. Je voulais vous les présenter.
Je vous présente également quelqu'un qui a fait une sacrée campagne : Babeth. Être la femme d'un candidat à la présidentielle, ce n'est pas de tout repos et que, de surcroît, ce candidat, soit moi-même, c'est encore moins de tout repos ! Alors, il faut que je te dise merci.
Je remercie tous ceux qui nous ont aidés à organiser ce meeting formidable et qui sont tous les militants membres de notre mouvement, non-membres de ce mouvement qui se battent dans cette campagne électorale.
Je voulais vous présenter ceux qui ont vécu cette magnifique aventure avec moi et je voulais leur présenter, à eux, ce que nous sommes, notre région, notre pays, car, pour nous, il s'agit d'un pays qui a même été formé comme pays bien avant que la France ne le soit, en tout cas dans ses frontières d'aujourd'hui, formé comme pays juridiquement bien avant que la France ne le soit et même, entre nous, bien avant que la langue française n'existe, car je dis, à ceux qui s'intéressent à ce sujet des langues et des cultures de la France régionale, de la France, que notre pays, ici, le Béarn avait une constitution écrite dès le XI ème siècle, à partir de l'an 1000.
Cette constitution est probablement l'une des toutes premières constitutions démocratiques du monde, puisqu'elle donnait le droit de vote. Elle a donné, très vite, le droit de vote aux laboureurs, aux paysans. Ils élisaient une assemblée et cette assemblée avait droit de veto sur les décisions du souverain.
Et ceci a eu lieu dans les premiers siècles du millénaire qui vient de s'achever. Cette constitution s'appelle Les Fors de Béarn, c'est-à-dire la protection des libertés béarnaises, la protection des libertés du plus humble des citoyens de ce pays. On a fait, ici, ce que l'on appelle l'habeas corpus, c'est-à-dire la protection contre une justice qui voudrait nous mettre arbitrairement en prison.
Nous avons cette protection depuis mille ans. Les Anglais ont dû attendre quelques siècles avant de trouver la même protection, ce qui en a fait des pionniers de la démocratie dans le monde.
Cette démocratie des Pyrénées est celle qui a fait de nous ce que nous sommes, c'est-à-dire un pays de fiertés qui refuse de plier.
Vous connaissez la devise de Henri IV que j'aime tant : " Le Béarnais est pauvre, mais il ne baisse pas la tête", disait-il aux excellences qui lui parlaient.
Les Fors de Béarn commencent par une très jolie histoire que je cite à peu près exactement. Je n'enjolive rien, je n'améliore rien. C'est la constitution qui était celle de notre pays jusqu'en 1799.
Les Fors de Béarn commencent par cette histoire : " Ici, sont les Fors de Béarn où, autrefois, il n'y avait pas de roi". Ils racontent cette histoire surprenante d'un peuple qui s'aperçoit que, quand il n'a pas de leader à sa tête, il a beaucoup de mal à affronter les événements de la vie. Les Béarnais décident donc de se doter, en plus de leur constitution, de leurs libertés fondamentales, d'un prince et le premier prince qu'ils vont chercher, ils vont le chercher en Bigorre. Je traduis, pour ceux qui seraient d'un peu loin du côté de Lourdes !
Ils ramènent donc ce prince. Ils lui donnent le pouvoir et le prince ne respecte pas Les Fors. Alors, ils le tuent.
Après, ils vont chercher un autre prince, cette fois-ci en Auvergne. Ne voyez, dans cette phrase, aucune allusion politique ! Il s'installe chez nous, il ne respecte pas Les Fors. Alors, ils le tuent.
Heureusement, les temps ont bien changé ! Nous sommes heureux d'être dans des temps plus pacifiques.
Puis, ils entendent dire qu'il y a, là-bas, en pays catalan, un roi...
Nous pouvons applaudir la Catalane qui agite son drapeau !
Ils ont entendu dire qu'un roi a eu deux jumeaux et ils vont donc, en délégation, lui demander l'un des deux jumeaux pour devenir leur prince.
Le roi accepte et il leur dit : " Ils sont tous les deux en train de dormir dans leurs berceaux. Choisissez celui que vous voulez". Et, disent Les Fors de Béarn, car je ne fais que citer le texte que je sais à peu près par coeur, les envoyés du peuple béarnais s'approchent des berceaux. L'un des deux petits princes dormait avec les points fermés et l'autre dormait avec les mains ouvertes.
Ils ont choisi celui qui avait les mains ouvertes.
C'est un pays démocratique et c'est un pays qui estime que ses responsables, ses leaders doivent respecter le peuple des citoyens et, si possible, avoir, avec eux ou à leur égard, une démarche généreuse et chaleureuse.
Cela, c'est le Béarn. C'est pourquoi j'ai tellement eu de chance de faire de la politique ici, grâce à des personnes exceptionnelles avec qui nous n'avons jamais cessé de conduire cet engagement.
Je ne veux pas les citer tous, mais vous me permettrez simplement de citer Pierre Menjucq, sans qui je ne serais pas là, Pierre Laguillon, qui m'a remplacé à l'Assemblée Nationale, et Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil général.
C'est grâce à eux que nous avons pu vivre cette formidable aventure, la vivre chez nous, tout d'abord, et la vivre, ensuite, en France, car, les sentiments d'affection, de chaleur -le mot est bien choisi, n'est-ce pas !- que je viens d'évoquer devant vous, ce sont maintenant des sentiments de chaleur, d'affection et de fidélité que j'ai à l'égard de l'ensemble du peuple français.
C'est un peuple immense, un peuple plein de ressources, plein de talents, plein d'imagination, avec une telle vitalité dans ses jeunes, dans ses familles, dans ses créateurs d'entreprise. Ce peuple-là, c'est une pitié de voir l'état dans lequel on l'a, aujourd'hui, laissé glisser. C'est un chagrin de voir que, parce qu'aucune des réformes nécessaires n'a pu être conduite et menée à bien, parce que l'énergie du pays s'est épuisée dans une guerre incessante entre un camp et l'autre, la France n'a pas pu se retrouver à la hauteur qui devrait être la sienne en Europe et dans le monde. Cela, chacun d'entre vous et chacun d'entre nous le paie. Les familles le paient avec l'inquiétude pour les enfants, avec ce pouvoir d'achat difficile pour les petits revenus et pour les classes moyennes. Les entreprises le paient, avec l'inquiétude qui est la leur sur la manière perpétuellement difficile avec laquelle on multiplie les contrôles, les obligations administratives, tout ce qui empêche le pays de développer son énergie.
Les Français ont, naturellement, fini par mesurer quelle était la responsabilité de leurs politiques dans la situation qui est ainsi créée et ils l'ont dit avec une régularité d'horloge. Chaque fois qu'ils ont été consultés, chaque fois qu'on leur a donné la parole, les Français ont dit : " Cela ne va pas". Ils l'ont dit de toutes les manières, lors des élections présidentielles de 2002, au moment du référendum de 2005, au moment des élections intermédiaires.
Chaque fois, ils ont manifesté auprès des puissants que quelque chose n'allait pas dans la manière dont la France était gouvernée. Or, j'ai l'espoir, la conviction et la certitude que, cette fois-ci, lors de cette élection, au lieu de le dire de manière négative, ils vont le dire de manière positive. Ce sont les Français qui vont changer les choses dans notre pays.
Nous étions, lundi, dix mille à Lyon. Nous étions, mardi, six mille à Lille. Nous étions, hier soir, dix-huit mille à Bercy. Nous sommes, ce soir, sept mille à Pau.
C'est un immense mouvement du peuple français, des jeunes, des campagnes, des banlieues, des villes, des hommes et des femmes qui m'arrêtent tous les jours dans la rue pour me dire : " Monsieur Bayrou, on ne croyait plus à rien et, avec vous, de nouveau, on y croit". Ils ajoutent : " Ne nous décevez pas".
Et, en face de cet immense mouvement de peuple qui a quelque chose de généreux, de désintéressé, du lien qui doit unir les citoyens entre eux, quelque chose qui est de l'ordre du respect, de l'estime et de la volonté de bâtir quelque chose de nouveau, au lieu de saisir ce que cet immense mouvement a de positif pour la France, voilà que, en face de ce mouvement de peuple, il y a le feu croisé, avec une violence jamais atteinte, de tous ceux qui ont le pouvoir en France depuis des décennies, ceux qui ont conduit la France où elle est et qui, en vérité, ont signé un programme commun en un point qui est : " Ne surtout ne rien changer".
Nous, et autour d'eux, avec eux, les deux états-majors des deux partis qui veulent, à tout prix, conserver le pouvoir, autour d'eux et avec eux, faisant chorus, il y a d'autres forces, d'autres puissances, des monopoles importants, médiatiques, par exemple. J'ai eu un mouvement d'humeur, cet après-midi, car, dans Le Monde, le grand journal du soir, il y a, ce soir, un éditorial en première page, un éditorial qui s'intitule : Impératif démocratique.
Ce n'est pas rien, un éditorial qui s'intitule Impératif démocratique à la Une du Monde. On s'attendrait, en effet, à découvrir une menace contre la démocratie française, je ne sais quel cheminement de l'extrémisme et que le monde fasse appel à la responsabilité des citoyens.
Or, le thème de cet éditorial, c'est qu'il faut, si l'on est démocrate, voter pour Sarkozy et Ségolène Royal et, en tout cas, surtout pas pour nous, car nous sommes pour cette démocratie un danger.
Faut-il qu'il y ait de puissants intérêts en jeu pour que le patron du Monde en vienne à dire que le candidat du Centre en France, celui qui propose de changer l'équilibre de notre démocratie, celui-là, n'est pas un choix démocratique pour les Français.
Faut-il qu'il y ait de puissants intérêts. Je m'adresse à eux en disant : " Qu'est-ce qui vous donne le droit d'agir ainsi ? Quelles preuves avez-vous faites ? Quel mérite avez-vous à invoquer ? Quels services avez-vous rendu à la patrie pour que vous vous permettiez de venir dire aux Français ce qu'ils doivent voter et pour indiquer que, pour vous, on doit supprimer le premier tour de l'élection présidentielle et passer directement au second en direction de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy ?"
Qu'est-ce qui vous donne ce droit ? Quelle arrogance fait que, dans notre pays, les puissants ont décidé qu'une fois pour toutes, il n'y aurait que ces deux partis-là, à la base étroite, ces deux partis épuisés, ces deux partis qui nous ont conduits au gouffre où nous sommes, qui auraient le droit démocratique de participer au pouvoir.
Nous, nous sommes des démocrates et, pour nous, cela signifie étymologiquement que c'est le peuple qui décide, que c'est le peuple des citoyens qui a le pouvoir de dessiner la démocratie comme elle. En vérité, mon élection, pour tous ceux-là qui sont en place depuis si longtemps et qui veulent demeurer en place, est, on le voit bien maintenant, pour parler simplement, la "loi de l'emmerdement maximum".
Eh bien, je suis décidé à conduire cette révolution, car elle est bienfaisante pour la France. C'est la révolution de ceux qui ont toujours eu des convictions démocratiques profondes, qui les ont défendues en toutes circonstances, devant tous événements, dois-je le dire au Monde qui, après tout, a été, au lendemain de la Libération, le journal qui a été fondé pour défendre la famille politique que nous formons ensemble.
Le Monde a été, à la Libération, le journal de la troisième voix entre les uns et les autres et c'est pour cela que beaucoup d'entre-nous avons été, malgré les avanies, fidèles à ce journal tout au long du temps.
Je dis que nous qui sommes des démocrates, nous avons une révolution à conduire et, une révolution, comme vous le savez, est très facile à combattre lorsqu'elle fait peur, lorsqu'elle est conduite par des extrémistes, mais elle est, et c'est pour cela qu'ils ne sont pas contents, très difficile à combattre et à empêcher lorsqu'elle est conduite par des hommes modérés, rassembleurs, qui veulent restaurer, dans le pays, les principes élémentaires de la démocratie dont nous avons été privés depuis si longtemps et auxquels nous avons droit.
Tout cela doit bien avoir une explication. Tout cette troupe rameutée de tous ceux qui sont, ont été ou rêvent de devenir les excellences de la République, autour du candidat qui est évidemment celui qui était le plus éloigné des valeurs qui étaient les leurs du temps, au moins, où ils affirmaient en avoir, en rangs serrés, les anciens présidents, les anciens premiers ministres, les anciens ministres, tous les puissants, tous, montent au créneau.
Pourquoi se sont-ils regroupés ainsi ? Car ils veulent défendre le privilège absolu et, ce privilège, en effet, c'est nous qui l'avons inquiété, en effet, en proposant -j'allais dire naïvement, en tout cas de bonne foi-, de résoudre les problèmes de notre pays comme tous les personnes de bon sens pensent que l'on peut le faire, c'est-à-dire en le rassemblant, comme doit se rassembler toute Nation menacée dans son existence même, menacée dans sa vie, menacée dans son avenir, menacée dans son moral.
Voyez-vous, je pense que la crise que traverse la France aujourd'hui est la plus grave que notre pays ait traversée depuis la libération, car elle touche tous les aspects de la vie. Elle touche l'économique, le social, l'éducation, l'exclusion, les pauvres. Elle touche les SDF, elle touche les banlieues, elle touche les raisons d'espérer de chacun des Français, elle décourage et elle désarme un pays qui mériterait de retrouver optimisme et espoir.
C'est pourquoi cette idée simple, quand il s'agit de reconstruire un pays, comme lorsqu'il s'agit de reconstruire une maison, eh bien, on décide de réunir toutes les personnes compétentes, de bonne volonté, capables de travailler ensemble. Nous allons nous souder. Nous allons nous sortir de nos guerres de tranchée, après tout, comme nous le faisons dans nos villages, après tout, comme nous le faisons dans nos régions, comme je l'ai fait dix fois lorsque l'essentiel était en jeu, avec André Labarrère, lui, à la mairie de Pau, moi, à la présidence du Conseil général. Nous savions bien nous souder et nous retrouver lorsqu'il fallait défendre le pays.
Cela est possible, comme vous l'avez vu, avec les déclarations de cette semaine, en voyant des hommes de la Gauche ouverte qui ont eu à affronter bien des injures et bien des avanies. Je leur adresse donc mon salut, à Michel Rocard, à Bernard Kouchner, à Claude Allègre. Il en est de même de certaines personnes de la Droite, des membres du Gouvernement actuel, François Goulard, ministre de la recherche, ou Azouz Begag qui a démissionné du Gouvernement pour dire ce qu'il avait à dire.
J'adresse également mon salut à Corine Lepage et Antoine Waechter, venus des milieux écologistes et à des hommes comme Jean Peyrevade, qui nous a rejoints, l'homme qui a redressé le Crédit Lyonnais, ce qui était probablement l'une des plus difficiles entreprises économiques après, comme vous le savez, l'incroyable crise dans laquelle cette banque avait été plongée.
Tous savent que l'on peut travailler ensemble. Tous savent que l'on pourrait y arriver et que, désormais, en effet, les idées, l'évolution des temps, la disparition des idéologies a fait que ce ne sont plus les idées qui séparent, mais uniquement des questions d'étiquette.
Toutefois, en proposant cette idée, que je considère, au fond, comme l'idée la plus évidente que l'on peut défendre devant un peuple, qui a été longtemps regardée avec sympathie tant qu'elle était minoritaire, en voyant progresser cette idée dans l'opinion, tout d'un coup, ils se sont rendus compte que risquait d'être remis en cause leur privilège maximal et principal.
C'est le monopole du pouvoir, car le monopole du pouvoir est tout simple. C'est la garantie que les deux partis qui tiennent tout ne seront jamais dérangés par personne dans leurs jeux, qu'ils resteront entre eux. Une fois, ce sera les uns, une fois, ce sera les autres, mais ils sont assurés, en tout cas, que personne ne viendra troubler ce tête-à-tête, que nous resterons dans la bonne vieille connivence, les bonnes vieilles ententes, entre tous les mondes du pouvoir, le pouvoir financier, le pouvoir médiatique et le pouvoir politique, que rien de tout cela ne sera troublé et qu'en réalité, personne ne viendra remettre en cause, les bonnes ententes qui permettent à ces univers de se croiser, de s'entendre et de se rendre des services mutuels.
Voilà ce que nous menaçons par notre existence même. C'est pourquoi ils ont dressé toutes leurs forces pour que vous ne puissiez pas faire entendre votre voix, mais ils vont se tromper.
Autrefois, la situation était très confortable pour eux, car ce duo, en tout cas ce tête-à-tête n'était troublé que par les extrêmes. Or, les extrêmes sont terriblement confortables, car leurs idées, les haines, les phantasmes, tout ce qui est inacceptable dans l'extrémisme, tout cela garantissait, avec certitude, que le système, en réalité, était plus encore en sécurité lorsqu'il avait un extrême contre lui que lorsqu'il était dans son tête-à-tête habituel.
Comme vous vous en souvenez, de nombreux Français, en 2002, ont voté, pour secouer le système, pour l'extrême droite. Que s'est-il passé ? Le Président sortant a reçu 82,5 % des voix, tout le pouvoir absolu pendant cinq ans.
Je dis que, en effet, ce jeu, qui n'était troublé que par les extrêmes, permettait une formidable sécurité pour le pouvoir en place, mais il n'est maintenant plus troublé par des extrêmes. Il est troublé par des républicains, des démocrates, des citoyens, un peuple de citoyens qui a simplement envie de défendre ses valeurs, qui veut que cela change et qui ne se laissera pas arracher le changement qui, maintenant, est à portée de la main.
C'est une révolution et c'est une révolution orange. C'est la révolution des Français qui ont décidé que, désormais, ils allaient se faire respecter. Alors, devant eux, je veux prendre six engagements dans lesquels, pour vous, je résumerai mon programme.
Mon premier engagement, c'est de leur enlever le pouvoir, enlever à la fois le pouvoir en une seule élection aux deux appareils de partis et à tous les réseaux qu'ils ont installés et qui vous méprisent depuis trente ans.
Ceci est à portée de la main, car tout le monde sait que je peux gagner le premier tour, et être qualifié pour le deuxième et que je suis le seul qui puisse gagner le deuxième tour contre l'hyper favori que l'on nous présente dans les sondages.
C'est une révolution et une révolution sans risques, avec un Président -pardon de dire cela de moi, mais je crois que c'est vrai- équilibré, modéré, qui aime la France plus qu'il n'aime le pouvoir. Je ne suis pas assoiffé de pouvoir. Je suis assoiffé de la reconstruction de la France, qui a des racines et vous êtes mes racines. Ce président a une vocation de rassembleur, c'est-à-dire qu'il peut parler et respecter ceux qui ne sont pas du même avis que lui. Il saura parler, respecter et faire travailler ensemble les personnalités et les courants de la Droite républicaine et de la Gauche française, qui sera capable de les prendre au sérieux, dans leurs valeurs, dans leurs convictions et de leur proposer un chemin pour se retrouver et se rassembler.
Autrement dit, la révolution sans les risques de la révolution. C'est la révolution orange et on la voit maintenant partout en France.
Mon deuxième engagement est de restaurer la démocratie dans notre pays, de faire de la République décomposée que nous avons sous les yeux, une démocratie respectable, de retrouver les règles qui sont bafouées au point que cela fait honte à la France.
Ainsi, tout d'abord, je restaurerai l'indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs dans notre pays. Je demanderai au Garde des Sceaux que je nommerai qu'il n'y ait, dans notre pays, qu'une règle : tous les citoyens doivent être égaux devant la justice, tous les citoyens doivent être égaux devant la loi.
Et, s'il est légitime que l'on poursuive les petits fraudeurs et qu'ils obtiennent de petites peines, je demanderai qu'il soit aussi légitime que l'on poursuive les gros fraudeurs et qu'ils obtiennent de grosses peines. C'est pourquoi je me réjouis que des personnes comme Bernard Tapie ne soit pas dans mon comité de soutien.
Je ferai respecter les règles de la démocratie, c'est-à-dire que je rendrai au Parlement de la République, les droits qu'on lui a enlevés et qu'il n'aurait jamais dû perdre, que nous n'aurions jamais dû lui laisser perdre. Le premier de ces droits est celui de faire la loi. Je veux que le Parlement redevienne le maître de son ordre du jour et pas que ce soit le Gouvernement qui en soit le patron et que le Parlement doive obéir au Gouvernement.
Je veux que le Parlement puisse contrôler le Gouvernement et qu'il se serve, pour cela, en particulier, des rapports de la Cour des Comptes qui, autrement, s'endorment dans les tiroirs. Je veux que l'on sache comment, en France, on utilise l'argent public et que l'on fasse ce qu'il faut pour que cet argent public soit utilisé comme il convient.
Pour que le Parlement redevienne digne, je ferai en sorte que, désormais, au Parlement de la République, à l'Assemblée Nationale et au Sénat, on ne puisse plus voter si l'on n'est pas présent. Je veux que l'Assemblée Nationale ne soit plus une mer de fauteuils rouges vides. Je veux que, désormais, tout le monde puisse assumer sa mission de député du peuple. Pour cela, je mettrai fin au cumul des mandats qui empêche les députés de faire leur métier.
Vous remarquerez que j'ai des applaudissements nourris dans les bancs des parlementaires qui sont présents. C'est beaucoup de générosité de leur part. On verra lorsqu'il s'agira de voter la loi !...
On les gardera, on les réélira, on leur fera un triomphe, ils le méritent !...
Je veux que nous ayons, enfin, en France, une loi électorale juste qui permettra à tous les courants politiques du pays, dès l'instant qu'ils atteignent le seuil de un million de voix, à peu près 5 %, d'être représentés à l'Assemblée Nationale, car il n'est pas normal que nous n'ayons à l'Assemblée Nationale que des majorités.
Selon la démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité. C'est d'abord la protection des minorités. Tous les courants ont le droit de se faire entendre. Par exemple, il n'est pas normal que les Verts ou les écologistes, au sens large, ne doivent le petit nombre de députés qu'on leur concède qu'à la protection du Parti Socialiste. Ils sont obligés d'aller "mendier" pour avoir leur groupe de députés. Ce n'est pas normal et ce n'est pas juste.
En France, on n'est pas citoyen, car on est du côté des "gros". On est citoyen, car, de droit, on a le droit de faire entendre et de défendre les convictions qui sont les siennes. Et, je dis cela, y compris pour les courants que je n'aime pas.
Je n'aime pas l'extrême-droite. Je me suis battu contre elle toute ma vie, mais il demeure que je préfère avoir, avec elle, une confrontation ouverte, un affrontement à ciel ouvert, en transparence à l'Assemblée Nationale, plutôt que d'avoir le cheminement souterrain que nous savons et dont nous avons vu, en 2002, ce qu'il était capable de faire.
Je préfère la transparence et le ciel ouvert.
Je veux rénover la conception de la démocratie. Voyez-vous, j'ai, tout à l'heure, rappelé que, démocratie, cela signifie que l'on considérait le peuple comme souverain. On considérait que, dans la cité, les citoyens avaient une responsabilité. C'est la raison pour laquelle, je ne déciderai pas dans le dos des citoyens. Je ferai, avec eux, le chemin sur chacune des réformes pour leur expliquer, développer avec eux, leur permettre de vérifier les tenants et les aboutissants des réformes que nous avons à faire. Je veux que tous les citoyens soient placés en situation de responsable.
Je veux que tous ceux qui ont besoin d'information reçoivent toute l'information nécessaire. C'est la raison pour laquelle, sur les grands sujets, lorsqu'il s'agira de décider de l'avenir de la Nation, lorsqu'il s'agira, pour chacun d'entre nous, de choisir ce que doit être l'organisation du pays, par exemple, en matière de retraite, lorsque quand ce texte aura été discuté et délibéré, je le soumettrai au référendum des Français pour que personne ne puisse penser que l'on va décider dans son dos et contre lui.
Voyez-vous, j'ai beaucoup réfléchi aux raisons qui font que, en France, comme on le dit si souvent, chaque fois qu'il y a une réforme, les personnes se retrouvent dans la rue et que cette réforme avorte, que l'on est obligé de faire marche arrière.
Ma conviction profonde est que cette disposition malheureuse du peuple français a une explication : les personnes vont dans la rue, car elles ont l'impression qu'elles n'ont pas d'autres recours que la rue.
Moi, je veux que, désormais, chaque Français sache que, sur les sujets essentiels, il aura d'autres recours que la rue. Il aura l'Assemblée Nationale qui représentera le peuple, qui aura retrouvé ses droits et sa légitimité et il aura, sur les sujets essentiels, le référendum. Personne ne pourra penser que l'on va le flouer. Chacun pourra assumer la responsabilité qui est la sienne.
Cette évolution-là, qui consiste à prendre le peuple des citoyens comme un peuple de responsables, je vous le dis, est inéluctable. Nous serons les premiers à le faire, mais elle est inéluctable dans tous les pays du monde, car vous savez bien qu'une grande révolution est intervenue -elle s'appelle Internet-, sur laquelle tout le monde peut, désormais, aller chercher les informations qui l'intéressent, peut les croiser, peut les vérifier.
Tout le monde, on l'a bien vu, au moment de la constitution européenne, veut participer au débat, prendre sa part du débat. Ce que nous ferons, en France, comme des pionniers, cela sera, désormais, dans le XXI ème siècle, la règle de toutes les sociétés démocratiques du monde. Nous serons en avance et c'est très bien comme cela.
Voulant faire respecter les règles, je ferai voter, dès que je serais élu, une loi de moralisation de la vie économique et notamment de la vie des grandes entreprises en France. Je ferai en sorte que les salariés et les petits actionnaires aient les informations nécessaires pour qu'ils évitent de découvrir, dans la presse, un certain nombre de décisions qui sont tellement déstabilisantes et, en fait, tellement énormes par le montant des sommes en jeu et par la différence entre les sommes obtenues et les résultats obtenus.
Je ferai en sorte que, désormais, cela soit rendu transparent de manière que ce genre de phénomènes n'éclabousse pas toute l'image de l'entreprise et notamment l'image des petites et des moyennes entreprises dont tout le monde croit désormais qu'elles sont un lieu de trafic, car un certain nombre de personnes irresponsables se sont accordées les désordres que vous savez au sommet des très grandes entreprises.
Je ferai voter une loi de moralisation de la vie économique qui exigera la transparence et je ferai en sorte, par mon attitude et mon comportement, comme l'on fait beaucoup des précédents Présidents de la République, et même, tous je peux le dire, qu'il y ait une séparation nette, en France, entre l'argent et le pouvoir politique.
Bien sûr, il faut des liens avec les milieux économiques. Il faut les soutenir et les comprendre, mais il ne faut pas avoir une proximité trop grande. Cette proximité est dangereuse pour la démocratie. Chacun chez soi, l'argent dans son monde et le pouvoir politique dans le monde de la démocratie et des citoyens. Cette séparation n'est pas moins nécessaire que les autres.
Tout cela, je le ferai en rassemblant, car notre pays a besoin d'être rassemblé. Je voudrais insister une seconde sur ce point. Il y a eu, aujourd'hui, en France, à nouveau, des tombes profanées. Ces tombes, cette fois-ci, ne sont pas juives. Elles sont musulmanes. Il y a eu un religieux agressé à la Gare du Nord et ce religieux est un rabbin.
La société française est en train de suivre une mauvaise pente. À force de faire monter les tensions, entre les communautés, entre les origines, entre les couleurs de peau, entre les religions, on rend la France dangereuse.
Moi, je veux la France en sécurité. Je veux la France apaisée. Je veux la France où l'on apprend à respecter les autres, car ils sont des femmes et des hommes et car ils sont des concitoyens.
Nous avons besoin de vivre ensemble et non pas de nous trouver dans des situations telles que le moindre incident dégénère. Je le dis en particulier en pensant aux policiers, car eux aussi sont exposés, eux aussi sont désormais aux risques. Ils ont le sentiment que la manière dont on les a opposés à une partie de la population rend désormais leur métier plus dangereux encore qu'il ne l'était. Ils ont besoin de soutien et ils ont besoin d'apaisement.
C'était le deuxième, faire respecter les règles élémentaires qui sont bafouées en France.
Mon troisième engagement, c'est de m'occuper de vous car, voyez-vous, tout ce temps perdu dans les combats, toute l'énergie gaspillée, elle n'a pas été utilisée pour vous et vous le voyez bien, on a besoin de s'occuper d'une politique -je ne sais pas si elle est de Droite ou de Gauche. Je suis certain qu'elle est nécessaire.
C'est une politique qui crée des emplois en France et c'est pourquoi j'ai été tellement heureux de voir, dans le grand journal économique, les Échos, que, pour les petits et moyens chefs d'entreprise, les artisans, les commerçants, les toutes petites entreprises industrielles et les moyennes entreprises, la mesure pendant cette campagne électorale qu'ils ont trouvée la plus utile, qu'ils ont considéré comme étant la plus positive et la plus favorable était la possibilité de créer deux emplois sans avoir à payer de charges pendant cinq ans, excepté 10 % pour la retraite.
Je veux que nous fassions voter une loi de protection et de soutien des petites entreprises qui leur permettra, enfin, la simplification des obligations administratives si lourdes qu'on leur impose et qui ne les mettent pas à égalité avec les grandes entreprises, puisque ces dernières ont des services et des avocats pour faire cela. Je veux que l'on simplifie la vie administrative lorsqu'elle touche à l'économie.
Pour garantir que cette simplification se fera, au lieu de demander à l'administration de faire la simplification, je demanderai aux usagers de la faire. Je veux que ce soit ceux qui sont l'objet des demandes perpétuelles de contrôle et de papiers qui disent eux-mêmes ce qui leur paraît utile et ce qui ne leur paraît pas utile. Cela aussi, c'est une nouvelle conception de la démocratie qui remontrera de la base plutôt que de tomber du sommet.
J'ai parlé de l'emploi. Je veux vous dire, en quelques phrases, que je considère que la politique sur laquelle nous devons concentrer tous les moyens de la Nation, tous les moyens disponibles, c'est l'éducation et la recherche. Je veux que nous nous fixions cet objectif. Je veux que nous nous fixions cet objectif simple à énoncer et difficile à remplir. Je veux que, dans dix ans, les jeunes Français soient les jeunes les mieux formés de la planète.
Cela commence par quelque chose de très simple qui est d'apporter le soutien de la Nation à ceux qui ont la charge de transmettre les connaissances dans les établissements scolaires et dans les classes.
Ma conviction est que les pays qui soutiennent leurs enseignants sont ceux dans lesquels le travail des enseignants a les meilleurs résultats. Je m'étais demandé longtemps, comme ministre de l'Éducation nationale, ce qui expliquait que, dans un monde où tout le monde considérait comme acquis que ce soit les enfants des familles les plus favorisées qui réussissent le mieux et les enfants des familles les moins défavorisées qui réussissent le moins bien, comment se faisait-il qu'il y ait cependant un certain nombre d'exceptions, des personnes qui réussissent très bien venant de milieux défavorisées, des personnes qui échouent venant de milieux défavorisés.
J'ai fait faire une étude par des sociologues intelligents... Pourquoi riez-vous comme cela ? Ce n'est pas gentil pour les sociologues ! Il existe des sociologues intelligents. J'en ai rencontrés. Azouz Begag, par exemple, est sociologue. Alors, vous n'allez pas dire du mal des sociologues !
La conclusion de ces sociologues étaient que, en vérité, réussissaient les enfants dans les familles desquels l'école était estimée, soutenue et où on en disait du bien et échouaient les enfants dans les familles desquels l'école était méprisée, critiquée et où on en disait du mal.
Ce qui est vrai pour les familles est vrai aussi pour les nations. Je veux que, en France, on arrête de prendre l'Éducation nationale comme bouc émissaire de tous les problèmes de la société française.
Je garantirai le soutien, je garantirai les moyens et, en échange, je veux que nous garantissions les objectifs.
Premier de ces objectifs : que tous les enfants sachent lire et écrire avant d'entrer en sixième, qu'on ne puisse plus entrer en sixième avant de savoir lire et écrire.
Deuxième objectif : le calme, la discipline, le respect de l'ambiance scolaire dans tous les établissements, quel que soit le lieu d'implantation de ces établissements. Je ne veux pas que la sécurité soit réservée aux beaux quartiers et l'insécurité aux établissements mal placés.
Troisième objectif : je veux que l'excellence soit offerte partout. Il n'y a aucune raison que, parce qu'on est né dans le quartier du lycée Henri IV ou du lycée Louis-le-Grand, on soit assuré d'avoir de meilleurs résultats scolaires que si on est né dans une banlieue ou dans une vallée pyrénéenne. Je veux que la même chance d'excellence, que les mêmes parcours d'excellence et que les mêmes options soient offertes sur l'ensemble du territoire national et que cela ne soit pas, d'un côté, les favorisés et, de l'autre, les ghettos.
Et, nous avons à conduire une grande réforme de l'université. On pourrait en parler pendant des heures, mais cette réforme est nécessaire, parce que les moyens de l'université française ne sont pas à la hauteur de ce qu'ils devraient être ; les moyens de l'université, la manière dont elles sont organisées et, je vous demande d'y réfléchir, les rapports entre l'université et le monde du travail ; ce n'est pas normal qu'on laisse tant et tant d'étudiants diplômés sans avoir de perspectives professionnelles.
Alors, je veux que l'université et le monde économique prennent en charge la question de l'insertion professionnelle des étudiants, qu'ils aient leur diplôme ou qu'ils ne l'aient pas, à tous les moments de sortie du système universitaire.
Je veux que l'on s'occupe du pouvoir d'achat et c'est une question difficile. J'ai deux orientations pour le pouvoir d'achat ou plus exactement trois. J'ai une orientation principale vers ceux qui sont aujourd'hui en situation la plus difficile dans notre pays, c'est-à-dire les personnes âgées qui sont au minimum vieillesse ou qui ont une toute petite retraite. Ce n'est pas possible qu'on les fasse vivre avec à peine plus de six cents par mois, quelquefois en ayant travaillé toute une vie.
C'est la raison pour laquelle je porterai le minimum vieillesse et les petites retraites à 90 % du SMIC en cinq ans de manière qu'il y ait, en France, de la dignité pour ceux qui la méritent et, ceci, malgré, vous le savez, l'impératif que j'ai placé au centre des sujets de cette campagne électorale, qui est de faire baisser le déficit et la dette de notre pays que je considère comme un scandale à l'égard des jeunes qui sont là.
Deuxièmement, je mettrai en place un dispositif pour inciter les entreprises à partager leurs bénéfices à la fin de l'année avec leurs salariés, sous forme de treizième ou de quatorzième mois, parce que, l'intéressement, ce n'est pas tout à fait la même chose que la participation.
Comme vous le savez la participation est bloquée pendant cinq ans, mais l'intéressement des salariés à la vie de l'entreprise me paraît un des moyens de rendre du pouvoir d'achat aux Français. De même, pour ceux qui ont la chance, s'ils le souhaitent, de pouvoir faire des heures supplémentaires, je vais augmenter considérablement la majoration pour heures supplémentaires pour ceux qui accepteront ou voudront en faire, en la portant non plus à 10 % dans les petites entreprises comme aujourd'hui ou à 25 % dans les entreprises de plus de vingt, mais à 35 % pour tout le monde et cela ne coûtera pas à l'entreprise, puisque je déduirai cette majoration des charges qui sont payées sur ces heures. Pour l'entreprise, ce sera comme une heure normale. Pour le salarié, ce sera une heure à 35 % de plus, s'il accepte ou souhaite en faire.
On mettra en place un plan de lutte contre l'exclusion, parce que ce n'est pas possible que l'on se retrouve dans la situation d'aujourd'hui où tant et tant de personnes sont, en réalité, presque contraintes de rester au RMI, contraintes et souvent contre leur gré, parce que, quand vous additionnez, un certain nombre d'avantages sociaux qui, en France, sont liés au RMI en tant que tel, au statut de RMIste, par exemple, que vous avez la dispense de la redevance télévision, la dispense des impôts locaux, la CMU, la cantine gratuite, et, comme c'est maintenant le cas en Ile-de-France, la carte de transport gratuite pour le RMIste et tous les membres de sa famille, ce qui paraît une libéralité mais qui en réalité, selon moi, est une manière d'attacher la personne au statut de RMIste et de l'empêcher d'en sortir, quand vous additionnez tout cela et que vous êtes par exemple une jeune femme qui élève des enfants toute seule, alors vous vous rendez compte, et c'est un terrible scandale que, si vous prenez un travail, au bout de quelques mois, vous allez y perdre, et ceci n'est pas acceptable dans un pays comme le nôtre.
Je veux que le principe qui soit retenu par tout le monde soit que l'aide ne soit plus liée au statut, mais au revenu et que, quand on prend un travail, on y gagne et on y gagne nettement par rapport au statut d'assistance.
Pour ceux qui ne trouveront pas de travail, pour les sortir de l'inactivité dans laquelle ils s'enfoncent et dans laquelle ils souffrent, on n'est pas ici dans les meetings où l'on fait, tous les soirs, siffler les RMIstes, je dis que je sais que ces femmes et ces hommes-là, ils souffrent la plupart du temps de la situation qui est la leur et il faut les aider à en sortir.
C'est la raison pour laquelle je proposerai une activité indemnisée au service de la société dans des associations ou des collectivités locales, activité qui leur permettra d'améliorer leur revenu et de retrouver la dignité aux yeux d'eux-mêmes et aux yeux des autres que, très souvent, on leur enlève.
Mon troisième engagement était m'occuper de vous.
Mon quatrième engagement est de porter la voix de la France aussi haut et aussi loin qu'elle doit l'être. C'est pourquoi le premier chantier que je mettrai sur ma table est la réconciliation nécessaire entre les Français et l'idéal européen, ainsi que la réconciliation nécessaire entre l'Europe et la France.
Voyez-vous, je crois qu'aucun des grands sujets que nous avons devant nous qui concernent notre avenir, celui de nos familles, celui de nos enfants, aucun de ces grands sujets ne peut être résolu si l'Europe ne retrouve pas la capacité, la volonté, la puissance qui devrait être la sienne.
Cette Europe-là, elle s'est beaucoup occupée de commerce au travers du temps, elle s'est beaucoup occupée de normes sur les produits, sur les fromages, sur les tondeuses à gazon, sur les voitures, sur l'ensemble de la circulation des biens et des services sur le continent européen. Elle s'est beaucoup occupée de commerce.
Maintenant, il s'agit qu'elle s'occupe de l'essentiel et l'essentiel c'est que je veux une Europe qui s'occupe de sécurité, de défense, car nous ne pourrons pas porter seuls le poids si lourd des armements modernes si nous ne sommes pas capables de répartir la charge et de réfléchir, ensemble, à la sécurité du continent européen.
Je veux qu'elle s'occupe d'action diplomatique. Si vous regardez ce qui se passe au Darfour, ce génocide terrible qui est en train de se perpétrer sous nos yeux, il faut qu'il y ait, dans le monde, des puissances pacificatrices capables d'imposer au Gouvernements complices des génocides que la communauté internationale aille sauver la vie de ces centaines de milliers de personnes aujourd'hui si abandonnées, abandonnées sur le sable, abandonnées sans espoir de jamais revoir leur village et leur terre.
Si vous regardez le Proche-Orient, il n'est pas possible que cette zone du monde si périlleuse soit aujourd'hui sans garant, car, évidemment, les États-unis, depuis qu'ils ont déclenché la malheureuse guerre d'Irak avec les conséquences dramatiques -cent cinquante morts lors du dernier attentat-, avec les conséquences dramatiques que vous savez, raison pour laquelle j'ai été heureux et fier que la France soit le pays sous l'autorité de Jacques Chirac qui a porté la défense du Droit et des principes internationaux face à l'attitude et à la décision du Gouvernement américain.
Je veux que l'Europe s'occupe du Proche-Orient et qu'elle puisse être le garant de la paix nécessaire, qu'elle puisse la garantir, au moins comme l'un des deux ou trois garants dans laquelle cette région trouvera naturellement, je l'espère, un jour, son équilibre.
Je veux que l'Europe soit unie pour s'occuper de l'Iran. Je veux que l'Europe fasse entendre la voix des démocraties, la voix paisible et déterminée, les deux adjectifs ont leur importance.
Bref, je veux que l'Europe s'occupe d'action diplomatique.
Je veux que l'Europe s'occupe de politique économique et de protection de notre tissu industriel. La situation dans laquelle un certain nombre d'entreprises sont plongées par le fait qu'il n'y a pas de respect de l'équilibre dans les échanges internationaux, que par exemple, on impose aux entreprises européennes de respecter des objectifs ou des normes écologiques, mais que nos concurrents n'en respectent rien et viennent inonder donc nos sociétés de produits qui n'ont pas respecté les mêmes normes que les nôtres est une responsabilité pour l'Union européenne.
Lorsque l'on a une maison commune, il faut accepter, un jour, d'avoir une politique économique commune, sérieuse, et qui, par exemple, mette une harmonisation fiscale en place.
Je veux que l'Europe s'occupe du réchauffement de la planète. Je veux que l'Europe s'occupe du climat. Je veux que l'Europe s'occupe de biodiversité. Nous avons à le faire comme un exemple en France.
J'ai signé le pacte écologique de Nicolas Hulot et je respecterai ses engagements, mais, même si la France était exemplaire, et elle est loin de l'être, même quand la France sera exemplaire, et nous l'y conduirons, nous pouvons cependant diviser par trois, par quatre, par cinq nos émissions de gaz à effets de serre, cela ne changera pas d'un millième de millième la composition de l'air que nous respirons et cela ne changera pas la température de la planète, car ce n'est pas l'affaire d'un pays c'est l'affaire de tous les pays à la fois.
Cela ne peut se faire que si une puissance volontaire accepte de placer ce sujet sur l'agenda international. La France peut y aider, mais seule l'Europe peut y obliger. J'ai tout à fait l'intention de faire cela.
Et, enfin, je veux que l'Europe s'occupe du pauvre, misérable et abandonné continent africain. Je considère que c'est notre responsabilité que de faire une politique de co-développement avec l'Afrique.
Voyez-vous, on parle beaucoup d'immigration dans cette campagne, on en parle pour susciter un certain nombre de sentiments, sentiments que, je considère, on ne devrait pas faire naître dans une nation. Je sais qu'il faut une politique de régulation de l'immigration, il faut une politique sérieuse. Mais, dans un espace ouvert comme l'espace européen, il faut que cette politique soit concertée avec nos partenaires européens puisque on traverse les frontières, je veux que l'on compte considère cette politique de régulation si elle est ferme, elle doit en tout cas considérer que c'est de femmes et de hommes qu'il s'agit et non pas d'objets, de femmes et de hommes que l'on doit traiter avec le respect nécessaire.
Mais je sais que la seule politique efficace de régulation de l'immigration, la seule politique qui portera des fruits, c'est que ces femmes et ces hommes notamment ceux qui viennent d'Afrique, puissent un jour vivre et travailler au pays, puissent un jour, pour les paysans, nourrir le continent africain pour les ouvriers, les techniciens, les ingénieurs équipés le continent africain.
C'est du développement de l'Afrique que viendra l'équilibre de l'immigration parce qu'ils ne partent que parce qu'ils n'ont plus d'espoir de vivre chez eux.
Porter la voix de la France haut et loin.
Mon cinquième engagement, c'est d'être un président au milieu de vous, non pas un président lointain, pas un président enfermé dans les ors de la République, pas un président qui ne sait se déplacer que derrière des rideaux de gardes du corps et de policiers, un président qui n'oublie pas, qui n'oublie jamais qu'il est un citoyen.
J'ai un souvenir formidable pendant cette campagne électorale.
Tout à l'heure un journaliste me demandait : "Au fond, quel est le souvenir de campagne qui vous a touché le plus que vous avez aimé le plus ?"
J'ai cité naturellement pour commencer, ce moment touchant qui était la déclaration de candidature sur la place de Serre-Castets devant les Pyrénées ou un certain nombre d'entre vous m'ont fait l'amitié de participer puis j'ai cité un autre moment, que je voudrais vous raconter, c'était à Clermont-Ferrand.
C'était une halte de SDF dirigée par un Monsieur tout à fait remarquable que certains d'entre vous ont sans doute découvert parce que je l'avais invité au grand journal de Canal+ comme mon invité pour faire découvrir aux Français le travail admirable que c'était.
Ce Monsieur m'a accueilli et m'a dit, cela se voyait : " On les accueille tous. On les accueille même avec les chiens alors qu'il y a beaucoup de foyers qui ne laissent pas entrer les chiens". On les accueille tous même si l'alcoolémie n'est pas exactement celle-ci correspondrait aux normes légales. On les accueille tous et on les regarde parce qu'il m'a dit : " Ces femmes et ces hommes-là, dans la rue, quelquefois on leur donne une pièce, mais on ne les regarde jamais."
J'ai trouvé que, dans cette phrase-là, il y avait quelque chose d'absolument précieux en direction des plus malheureux de nos concitoyens, j'allais presque dire de nos frères.
Il y a quelque chose de vrai pour la manière dont le pouvoir se comporte à l'égard de tous les citoyens qui après tout lui ont fait confiance.
Le pouvoir, il arrive très souvent qu'il serre des mains, mais rarement qu'il regarde.
Je prends l'engagement devant vous, non pas d'être un président qui se contentera de serrer les mains, mais d'être un président qui regardera les concitoyens, tous les jours, qui pensera à eux tous les jours comme à des femmes et des hommes et pas comme à des électeurs, comme à des femmes et des hommes chargés de famille et pas seulement comme à des éléments pour le prochain sondage.
Je prends l'engagement de garder le lien humain qui a été le nôtre pendant toute cette campagne électorale et qui s'est, d'une certaine manière, fondé ou renforcé au travers des semaines de campagne que nous avons vécues, je prends l'engagement d'être un président qui regardera les yeux des Français quand je serai avec eux.
Mon sixième engagement et c'est le dernier, je prends l'engagement de ne rien oublier des engagements que j'ai tenus devant vous.
L'autre jour, on m'a demandé dans une émission : " Monsieur qu'est-ce qui nous garanti que vous ferez ce que vous dites ? Qu'est-ce qui nous garantit que vous n'allez pas, si vous êtes élu, vous retrouver demain exactement dans le camp des politiques traditionnels que vous avez quittés aujourd'hui, mais où nous ne voulons pas que vous vous retrouviez."
Alors j'ai réfléchi une minute et j'ai répondu ceci, je n'ai pas de réponse plus explicite à vous faire.
J'ai dit : " Monsieur, j'ai six enfants, et chacun de mes six enfants croient que ce que je dis est la vérité." Je ne peux pas revenir devant eux, même avec les meilleures raisons du monde, en leur expliquant que j'allais désormais faire le contraire de ce que je leur avais promis.
J'ai six enfants et j'ai six mille concitoyens à l'intérieur du Zénith de Pau et je ne peux pas revenir devant eux en faisant le contraire de ce que je leur ai promis.
Et j'ai soixante-trois millions de concitoyens français, et je ne peux pas revenir devant eux en faisant le contraire de ce que je leur ai promis.
Je tiendrai mes engagements. Nous allons changer la France.
Nous allons accomplir cette révolution paisible dont notre pays a besoin. Je vous remercie d'être venus de tous les coins du Béarn et de tous les coins des Pyrénées pour préparer ensemble la victoire du 22 avril et la victoire du 6 mai.
Je vous remercie.
Vive la République et Vive la France !"source http://www.bayrou.fr, le 20 avril 2007