Déclaration de M. Philippe Bas, ministre de la santé et des solidarités, sur les résultats du Plan Autisme et la création d'un comité de réflexion et de proposition sur l'autisme et les troubles envahissants du développement, à Paris le 11 avril 2007.

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Circonstance : Installation du Comité de réflexion et de proposition sur l'autisme et les troubles envahissants du développement, à Paris le 11 avril 2007

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
C'est avec satisfaction que j'installe aujourd'hui le Comité sur l'autisme et les troubles envahissants du développement. Cette instance de réflexion et de proposition est en effet un engagement du Plan Autisme. Et je sais qu'elle était très attendue par les familles, les associations et les professionnels.
Je veux tout particulièrement remercier l'ensemble des membres du comité présidé par Patrick Gohet, délégué interministériel aux personnes handicapées, l'ensemble des associations qui se sont mobilisées et toutes les administrations concernées.
La naissance du Comité était une demande forte des familles et des associations : en effet, la France reste en retard en matière de prise en charge de l'autisme. Nous ne pouvions continuer ainsi: ce handicap concerne de nombreuses familles, avec près de 5 enfants sur 10 000 ; c'est à dire qu'il pourrait concerner 60 000 personnes en France si l'on parle de troubles autistiques, et près de 150 000 si l'on envisage les troubles envahissants du développement. Trop longtemps, les réponses des pouvoirs publics sont restées insuffisantes face au désarroi des familles.
I- Depuis 2004, nous avons agi, pour combler au plus vite ce retard, avec le Plan Autisme.
Ce plan prévoit différentes mesures afin de :
- favoriser un repérage des troubles le plus tôt possible,
- accélérer l'installation des Centres de ressources autisme, avec pour objectif un centre ou une antenne de centre par région et des places en établissements médico-sociaux adaptés,
- engager l'évaluation des méthodes de prise en charge.
Nous avons déjà des résultats, tangibles.
* Des résultats en termes de création de places :
- la création de 750 places en établissements pour les enfants et 1 200 pour les adultes, prévue sur trois ans (2005-2007). Vous le savez, cet objectif a été atteint dès 2006. Et j'ai décidé qu'un effort supplémentaire serait engagé. Cette année, nous créons encore 250 places supplémentaires pour les enfants et 400 pour les adultes.
- de plus, j'ai souhaité que l'on fasse un effort spécifique de création de places d'accueil dans les départements frontaliers de la Belgique, où les besoins s'étaient tout particulièrement fait sentir. Un plan de rattrapage sur trois ans (2006-2008) est mené, qui permettra de créer environ 200 places nouvelles dans la région Nord Pas de Calais.
* Des mesures pour renforcer le repérage et le diagnostic précoce de l'autisme :
- sous l'égide de la Haute Autorité de Santé, des recommandations ont été diffusées en 2006 à l'ensemble des professionnels pour améliorer leur diagnostic de l'autisme.
- un programme de sensibilisation aux premiers signes de l'autisme, destiné aux médecins et auxiliaires médicaux en milieu hospitalier, a été engagé l'an dernier et se poursuit cette année.
* Des efforts pour mieux connaître le handicap, mieux le comprendre et trouver les solutions adaptées.
- un travail a été confié en 2005 au Dr Amaria Baghdadli, pédopsychiatre au Centre de ressources autisme de Languedoc-Roussillon pour recenser, connaître et évaluer toutes les méthodes de prise en charge de l'autisme, non seulement en France mais aussi dans le monde. Ses conclusions seront remises, à l'été, à l'Agence Nationale d'Evaluation Sociale et Médico-Sociale (ANESM). L'Agence pourra ensuite diffuser des recommandations sur les différentes méthodes de prise en charge.
* La volonté de faciliter la vie quotidienne des familles.
- Toutes les régions disposeront, dès la fin de cette année, d'un Centre de ressources pour l'autisme. Ces centres permettront d'accueillir les familles, de les informer, de les conseiller, de les orienter, mais aussi de contribuer à une meilleure formation des professionnels et de procéder à des études pour mieux connaître et comprendre l'autisme sous toutes ses formes.
Dernier point, concernant la vie quotidienne des familles. La scolarisation des enfants handicapés est désormais de droit dans l'école ou le collège de leur quartier ou de leur village, depuis la loi du 11 février 2005. Lors de la rentrée 2002-2003, il y avait 89 000 enfants scolarisés en milieu ordinaire. En 2006-2007, ils sont 160 000.
II- Le Comité de réflexion et de proposition sur l'autisme et les troubles envahissants du développement, véritable lieu d'échanges et de réflexions, est à la fois une innovation et une exception.
C'est une innovation, car ce comité s'appuie sur une double expertise, celle des représentants des services sociaux déconcentrés de l'Etat et celle de personnalités scientifiques de grande compétence. C'est aussi une exception, car il n'existe pas d'autre comité spécifiquement dédié à une forme de handicap.
Cette double originalité est une force. Aussi, je compte sur vous pour :
- accompagner avec vigilance la mise en oeuvre des mesures du Plan Autisme,
- élaborer des propositions concrètes pour améliorer l'accompagnement des personnes atteintes d'autisme et de leur famille,
- remettre un rapport annuel au ministre, après avis du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées, qui formera le socle des décisions du gouvernement. Ce rapport s'appuiera sur les propositions du groupe technique administratif et du groupe de suivi scientifique.
L'amélioration de l'accompagnement des personnes autistes est un droit pour celles et ceux qui en sont atteints et pour leurs familles. Et c'est un devoir pour la solidarité nationale. Nous avons réalisé ces dernières années un gros effort de rattrapage du retard que connaissait la France. Il faut continuer, amplifier l'effort dans les années qui viennent.
Je sais pouvoir compter sur votre engagement sans cesse renouvelé pour renforcer la qualité de la prise en charge de l'autisme et pour accroître la qualité de vie de ces personnes handicapées au quotidien.
Je vous remercie.
Source http://www.sante.gouv.fr, le 20 avril 2007