Point de presse de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur la nécessité d'une harmonisation de la législation européenne relative à la prévention et la répression de la toxicomanie, Lisbonne le 4 février 1999.

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Circonstance : Voyage d'Etat au Portugal les 4 et 5 février 1999-visite à l'Observatoire européenne des drogues et des toxicomanes, à Lisbonne le 4 février 1999

Texte intégral

Le Président Sampaio et moi avons tenu à venir rendre visite à lObservatoire. Dabord pour dire au Président, au Directeur général, qui est un compatriote, et à toute léquipe qui est autour deux, notre estime pour la qualité des travaux réalisés par lObservatoire et notre reconnaissance pour ce quils font.
On voit bien que la consommation de drogues de plus en plus diverses et de plus en plus dans le cadre dune polytoxicomanie est un problème de plus en plus grave pour nos sociétés et qui enferme dans un état de dépendance, voire de mort ? un nombre croissant de jeunes européens pour ne pas parler, naturellement, des autres pays du monde. Cest un véritable drame. Cest un drame pour les victimes, cest un drame pour leur famille, cest un drame pour la société à laquelle ils appartiennent.
On voit bien, par ailleurs, quon sinterroge : quelle est la meilleure législation ? Quelle est la place que doivent avoir la prévention, la répression dans les législations ? On voit dailleurs quen Europe, dans les quinze pays européens, les législations ne sont pas toutes harmonisées, elles ne sont pas toutes les mêmes. Entre le Portugal et la France, il y a une très grande similitude, mais il y a dautres pays qui ont des législations différentes.
Cest un débat, il faut lassumer. Et pour lassumer, ce débat, il faut avoir les connaissances à la fois scientifiques, techniques et statistiques suffisantes. Nous ne les avons pas encore. Ce qui rend très aléatoire les affirmations des uns ou des autres sur ce que doit être une législation pour lutter contre la toxicomanie. Doù le rôle de lObservatoire qui, au fil des ans, nous donnera linstrument de précision dont nous avons besoin, cest-à-dire les connaissances sur lesquelles peut sappuyer, ensuite, un vrai jugement.
Cest lambition de lObservatoire et je suis sûr quil y réussira. Alors, il faudra bien que lensemble des pays de lUnion Européenne aient le débat nécessaire sur la nature de la législation, de façon à pouvoir harmoniser les législations européennes. Il nest pas acceptable que la législation européenne ne soit pas dans ce domaine harmonisée, car lEurope doit prendre conscience du drame auquel elle est confrontée dans ce domaine, se doter des moyens cohérents pour lutter contre ce drame. Mais pour cela, je le répète, il faut une connaissance doù limportance capitale de lObservatoire et doù le sentiment de reconnaissance que le Président du Portugal et moi-même avons voulu apporter à cet Observatoire.
LE PRESIDENT SAMPAIO - Il faut savoir toujours plus pour décider de plus en plus correctement. Nous avons eu, surtout au Portugal, des difficultés danalyses et louverture des portes, louverture du débat, franchement, permettra daller de lavant dans lapproche de cette complexe situation.
Notre présence, lidée initiale de cette visite a été de Monsieur Jacques Chirac, que je salue pour cette initiative.
Nous voulons démontrer à tous quil faut continuer à mieux savoir pour mieux décider. Et que la souffrance étant la souffrance quelle est, le désespoir étant ce quil est, alors, il faut tout faire pour continuer ce débat et pour améliorer les solutions. Et bien entendu, lEurope a une responsabilité accrue, lUnion Européenne existe aussi pour les citoyens, on le sait bien, et donc cest là une forme très complexe de notre civilisation, cest une crise de civilisation à laquelle nous sommes confrontés. Donc voilà, quelque chose qui doit vivre avec nous pour mieux nous permettre de décider et de combattre ce fléau. Cest une question de société par laquelle nous sommes tous concernés.