Texte intégral
N. Demorand.- Vous êtes ce matin en ballottage, ça c'est vrai A. Juppé. La semaine s'annonce difficile pour vous ou pas ?
R.- Ecoutez, en général quand j'observe un peu les commentaires qui sont faits, lorsqu'un candidat arrivait en tête à 44 % des suffrages et le suivant 12 points de retard, on parle de ballottage favorable.
Q.- Alors rajoutons le mot...
R.- Voilà, merci.
Q.- La semaine sera-t-elle du coup difficile ou pas ?
R.- Bien sûr, rien n'est jamais gagné, il s'agit de mobiliser et surtout d'appeler au rassemblement. Beaucoup d'électrices et d'électeurs au 1er tour ont exprimé leur différence, et je les appelle maintenant à se rassembler, à se rassembler pour le projet que nous leur proposons pour Bordeaux, à se rassembler aussi autour des priorités de N. Sarkozy et de la majorité présidentielle. Je crois que c'est tout à fait possible. Il y a les électeurs centristes, les électeurs des Verts et puis aussi des électeurs de gauche. N. Sarkozy a bien montré sa volonté d'ouverture, on le voit au Gouvernement.
Q.- 400, 500 députés pour l'UMP et la majorité présidentielle, selon les projections, qu'est-ce qu'on fait d'une majorité d'une telle taille, A. Juppé ?
R.- J'avoue que je suis un petit peu surpris par l'inquiétude que cela semble susciter, au moins chez certains commentateurs, parce que les pôles d'équilibre ils existent partout. Prenez l'exemple de ma région, l'Aquitaine est à gauche, la Gironde est à gauche, la communauté urbaine de Bordeaux est à gauche. Et ce n'est pas un cas isolé en France, 21 régions sur 22 sont à gauche, la moitié des départements, beaucoup de grandes villes à commencer par Paris et Lyon. Donc, vous voyez que les pôles d'équilibre politique existent. Il y a par ailleurs des forces sociales et associatives dans notre pays qui sont tout naturellement et tout démocratiquement des contrepouvoirs. Et puis, il y a aussi la volonté de N. Sarkozy, sa volonté de renforcer les pouvoirs du Parlement, sa volonté de renforcer le statut de l'opposition avec des gestes qui ne se sont jamais faits dans l'histoire de notre République - s'engager par exemple à ce que la présidence de la plus importante commission de l'Assemblée nationale, celle des Finances, revienne à un responsable de l'opposition...
Q.- C'est donc le Président qui détermine lui-même ses contrepouvoirs, A. Juppé ?
R.- Non, pas du tout, tous les premiers que je vous ai cités ne sont pas déterminés par le Président, ils le sont par les électeurs. Quand je vous parle des régions, des départements, des forces syndicales, des forces sociales, ce n'est pas le ¨Président qui décide, c'est la société française. J'ajoute enfin que pendant des années et des années, on nous a dit que le pouvoir politique, en France comme ailleurs, était totalement paralysé par la mondialisation. Et il y a un peu de vrai dans tout ça, il est vrai que beaucoup de décisions se prennent ailleurs, qu'il y a de formidables contrepouvoirs au niveau européen, qu'il y en a aussi au niveau global. Et face à ces contrepouvoirs de la mondialisation, il nous faut un pouvoir fort en France, un gouvernement fort qui soit capable de mettre en oeuvre les réformes que les Français ont voulues. C'est la raison pour laquelle, je pense qu'il faut une large majorité. Je voudrais aussi ajouter une chose, c'est un peu blessant pour les hommes politiques de considérer que l'UMP par exemple sera une chambre d'enregistrement, ce n'est pas vrai. Je serais même tenté de dire que plus la majorité est large, plus elle est diverse, plus il existe en son sein de forces. Je peux vous dire que les députés à l'Assemblée nationale, ils ne s'en laissent pas conter, d'autant que leurs pouvoirs de contrôle seront renforcés. Donc, je crois qu'il y a vraiment un argument, je comprends évidemment qu'il soit le seul aujourd'hui brandi par le Parti socialiste, mais qui à mon avis n'aura pas beaucoup de portée dans l'opinion publique.
Q.- Un mot tout de même, A. Juppé, sur le rapport de force, tel qu'il est issu de l'élection présidentielle : 53-47 en faveur de N. Sarkozy, et sur ce que le scrutin majoritaire donne ensuite, après l'élection législative, c'est-à-dire une chambre qui peut être à 80 % UMP. Entre 53 et 80, il y a tout de même une différence. Est-ce que vous pensez qu'il faudrait réformer, comme on l'entend de plus en plus, le mode de scrutin ?
R.- D'abord, regardons un peu ce qui se passe autour de nous, il y a de grands pays démocratiques qui ont une tradition démocratique encore antérieure à la nôtre, je pense évidemment à la Grande Bretagne dont nous nous sommes beaucoup inspirés au 18ème siècle, elle a un scrutin encore plus brutal que le nôtre. Et personne ne les interroge sur la question de savoir si c'est démocratique ou pas. En sens inverse, des pays qui subissent la proportionnelle intégrale sont souvent paralysés sur le plan politique. Je voudrais quand même rappeler que le fondement de la 5ème République, les fondements de la 5ème République, il y en a 2, les 2 piliers majeurs : c'est l'élection du président de la République au suffrage universel et c'est le fait majoritaire. Alors, à partir de là, qu'il y ait, comme on le dit souvent, une dose de proportionnelle, pourquoi pas ! Regardez ce qui se passe dans nos municipalités, la liste arrivée en tête a la majorité, et puis il y a une proportionnelle pour celles qui sont arrivées en second...
Q.- Ça vous semblerait sain, A. Juppé ?
R.- Oui, qu'il y ait une représentation de toutes les sensibilités, que ce soit au Sénat ou à l'Assemblée, effectivement pourquoi pas. Le président de la République s'est déclaré ouvert à cette réforme, à une condition, je le répète, c'est que ça ne remette pas en cause l'existence d'une majorité. Imaginez que dans le monde où nous vivons, avec les défis qui nous sont lancés - j'en parlais tout à l'heure à propos de la mondialisation - il n'y ait pas véritablement un pouvoir stable, et qu'à tout propos et hors de propos, il faille des combinaisons ou des négociations de couloir, je pense que ça paralyserait la volonté de réforme que les Françaises et les Français ont manifestée en élisant N. Sarkozy dans les conditions que l'on sait.
Q.- Enfin, avant de revenir à la IVème République il y a de la marge, quand on voit la nouvelle distribution des pouvoirs depuis l'élection de N. Sarkozy, on ne peut pas dire que le risque d'une faiblesse du pouvoir exécutif notamment soit ce qui nous attend demain matin, A. Juppé ?
R.- Non, mais Monsieur Demorand, je me plaçais dans la perspective qui semblait être la vôtre, c'est-à-dire d'une généralisation de la proportionnelle...
Q.- Pas une généralisation, d'abord c'est une question...
R.- Et je vous disais, Monsieur Demorand, qu'un peu de proportionnelle, oui, mais ne portons pas atteinte au fait majoritaire. Je suis sur ce point en parfaite communion de pensée avec F. Fillon.
Q.- En tant que numéro 2 du Gouvernement, pouvez-vous nous donner, A. Juppé, des précisions sur une hypothèse qu'on n'a pas entièrement fermée hier J.-L. Borloo, ministre de l'Economie et des Finances, quant à une augmentation possible de la TVA. « Oui, c'est sur la table » a-t-il dit hier soir sur TF1, vous confirmez ?
R.- On le sait depuis que N. Sarkozy l'a évoqué dans sa campagne, il s'est dit ouvert à une réflexion sur ce qu'on appelle « la TVA sociale ». Comment alléger un certain nombre de cotisations qui pèsent sur le travail et les transférer, éventuellement - je dis bien éventuellement - sur une TVA sociale, comme l'ont fait d'une certaine manière les Allemands avec beaucoup de succès puisque c'est un des éléments qui a boosté leur croissance. Il faut en parler, rien n'est décidé, je sais très bien que la TVA n'est pas un impôt populaire, mais il faut bien réfléchir...
Q.- Ni très juste.
R.- Oui, il y a des moyens de le corriger bien sûr en fonction des taux. Regardez, lorsqu'on met des taux réduits sur les produits de première consommation ou des taux réduits sur les produits écologiques, comme j'espère bien nous allons le faire, on peut corriger effectivement ce qui est considéré comme une inégalité. Mais il faut en revenir à la question de fond : comment faire en sorte en France que le travail soit encouragé ? Et plus on taxe le travail, moins on crée d'emplois, c'est ça la logique.
Q.- Dernière question, A. Juppé...
R.- J'ajoute Monsieur Demorand que la TVA, elle taxe les produits importés et elle détaxe les produits exportés, ça aussi c'est créateur d'emplois.
Q.- Et vous savez de combien de points pourrait être cette augmentation ?
R.- Non, évidemment non, comme l'a dit F. Fillon...
Q.- On le saura quand ça ?
R.- Ecoutez, on ne peut pas à la fois nous demander de faire de la concertation, et puis nous reprocher de ne pas annoncer la couleur, on va en parler. On verra comment réagissent les forces sociales, le Parlement, puisque le pouvoir fiscal est d'abord le pouvoir du Parlement bien sûr. Donc, c'est un sujet de discussion, et rien évidemment n'est arrêté, ni les chiffres ni les modalités.
Q.- Dernière question, A. Juppé, hier soir vous disiez que vous doutiez en attendant le 2ème tour et que c'était une posture philosophique pour vous. On vous sent plus certain ce matin, plus serein, je ne sais pas à quelle école philosophique il faut rattacher cette position ?
R.- Vous savez, à Bordeaux nous avons encore une plaque dans nos rues qui nous parle de Montaigne, et Montaigne faisait du doute philosophique une vertu. Donc ce que je veux dire par-là, c'est que je ne suis pas du tout triomphaliste, je n'estime pas du tout que tout est gagné. Vous ne pouvez pas me demander non plus d'être pessimiste, je suis raisonnablement confiant. C'est la raison pour laquelle, je vais faire une campagne active, et surtout une campagne d'ouverture en essayant de rassembler le plus possible, ceux qui éventuellement au 1er tour n'ont pas voté pour moi et qui aujourd'hui sont prêts à travailler avec moi, et je leur ouvre largement les bras.
Q.- En tout cas, essai peut-être transformé, comme on dit au rugby, dimanche prochain...
R.- C'est une formule qui me convient, merci beaucoup.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 11 juin 2007
R.- Ecoutez, en général quand j'observe un peu les commentaires qui sont faits, lorsqu'un candidat arrivait en tête à 44 % des suffrages et le suivant 12 points de retard, on parle de ballottage favorable.
Q.- Alors rajoutons le mot...
R.- Voilà, merci.
Q.- La semaine sera-t-elle du coup difficile ou pas ?
R.- Bien sûr, rien n'est jamais gagné, il s'agit de mobiliser et surtout d'appeler au rassemblement. Beaucoup d'électrices et d'électeurs au 1er tour ont exprimé leur différence, et je les appelle maintenant à se rassembler, à se rassembler pour le projet que nous leur proposons pour Bordeaux, à se rassembler aussi autour des priorités de N. Sarkozy et de la majorité présidentielle. Je crois que c'est tout à fait possible. Il y a les électeurs centristes, les électeurs des Verts et puis aussi des électeurs de gauche. N. Sarkozy a bien montré sa volonté d'ouverture, on le voit au Gouvernement.
Q.- 400, 500 députés pour l'UMP et la majorité présidentielle, selon les projections, qu'est-ce qu'on fait d'une majorité d'une telle taille, A. Juppé ?
R.- J'avoue que je suis un petit peu surpris par l'inquiétude que cela semble susciter, au moins chez certains commentateurs, parce que les pôles d'équilibre ils existent partout. Prenez l'exemple de ma région, l'Aquitaine est à gauche, la Gironde est à gauche, la communauté urbaine de Bordeaux est à gauche. Et ce n'est pas un cas isolé en France, 21 régions sur 22 sont à gauche, la moitié des départements, beaucoup de grandes villes à commencer par Paris et Lyon. Donc, vous voyez que les pôles d'équilibre politique existent. Il y a par ailleurs des forces sociales et associatives dans notre pays qui sont tout naturellement et tout démocratiquement des contrepouvoirs. Et puis, il y a aussi la volonté de N. Sarkozy, sa volonté de renforcer les pouvoirs du Parlement, sa volonté de renforcer le statut de l'opposition avec des gestes qui ne se sont jamais faits dans l'histoire de notre République - s'engager par exemple à ce que la présidence de la plus importante commission de l'Assemblée nationale, celle des Finances, revienne à un responsable de l'opposition...
Q.- C'est donc le Président qui détermine lui-même ses contrepouvoirs, A. Juppé ?
R.- Non, pas du tout, tous les premiers que je vous ai cités ne sont pas déterminés par le Président, ils le sont par les électeurs. Quand je vous parle des régions, des départements, des forces syndicales, des forces sociales, ce n'est pas le ¨Président qui décide, c'est la société française. J'ajoute enfin que pendant des années et des années, on nous a dit que le pouvoir politique, en France comme ailleurs, était totalement paralysé par la mondialisation. Et il y a un peu de vrai dans tout ça, il est vrai que beaucoup de décisions se prennent ailleurs, qu'il y a de formidables contrepouvoirs au niveau européen, qu'il y en a aussi au niveau global. Et face à ces contrepouvoirs de la mondialisation, il nous faut un pouvoir fort en France, un gouvernement fort qui soit capable de mettre en oeuvre les réformes que les Français ont voulues. C'est la raison pour laquelle, je pense qu'il faut une large majorité. Je voudrais aussi ajouter une chose, c'est un peu blessant pour les hommes politiques de considérer que l'UMP par exemple sera une chambre d'enregistrement, ce n'est pas vrai. Je serais même tenté de dire que plus la majorité est large, plus elle est diverse, plus il existe en son sein de forces. Je peux vous dire que les députés à l'Assemblée nationale, ils ne s'en laissent pas conter, d'autant que leurs pouvoirs de contrôle seront renforcés. Donc, je crois qu'il y a vraiment un argument, je comprends évidemment qu'il soit le seul aujourd'hui brandi par le Parti socialiste, mais qui à mon avis n'aura pas beaucoup de portée dans l'opinion publique.
Q.- Un mot tout de même, A. Juppé, sur le rapport de force, tel qu'il est issu de l'élection présidentielle : 53-47 en faveur de N. Sarkozy, et sur ce que le scrutin majoritaire donne ensuite, après l'élection législative, c'est-à-dire une chambre qui peut être à 80 % UMP. Entre 53 et 80, il y a tout de même une différence. Est-ce que vous pensez qu'il faudrait réformer, comme on l'entend de plus en plus, le mode de scrutin ?
R.- D'abord, regardons un peu ce qui se passe autour de nous, il y a de grands pays démocratiques qui ont une tradition démocratique encore antérieure à la nôtre, je pense évidemment à la Grande Bretagne dont nous nous sommes beaucoup inspirés au 18ème siècle, elle a un scrutin encore plus brutal que le nôtre. Et personne ne les interroge sur la question de savoir si c'est démocratique ou pas. En sens inverse, des pays qui subissent la proportionnelle intégrale sont souvent paralysés sur le plan politique. Je voudrais quand même rappeler que le fondement de la 5ème République, les fondements de la 5ème République, il y en a 2, les 2 piliers majeurs : c'est l'élection du président de la République au suffrage universel et c'est le fait majoritaire. Alors, à partir de là, qu'il y ait, comme on le dit souvent, une dose de proportionnelle, pourquoi pas ! Regardez ce qui se passe dans nos municipalités, la liste arrivée en tête a la majorité, et puis il y a une proportionnelle pour celles qui sont arrivées en second...
Q.- Ça vous semblerait sain, A. Juppé ?
R.- Oui, qu'il y ait une représentation de toutes les sensibilités, que ce soit au Sénat ou à l'Assemblée, effectivement pourquoi pas. Le président de la République s'est déclaré ouvert à cette réforme, à une condition, je le répète, c'est que ça ne remette pas en cause l'existence d'une majorité. Imaginez que dans le monde où nous vivons, avec les défis qui nous sont lancés - j'en parlais tout à l'heure à propos de la mondialisation - il n'y ait pas véritablement un pouvoir stable, et qu'à tout propos et hors de propos, il faille des combinaisons ou des négociations de couloir, je pense que ça paralyserait la volonté de réforme que les Françaises et les Français ont manifestée en élisant N. Sarkozy dans les conditions que l'on sait.
Q.- Enfin, avant de revenir à la IVème République il y a de la marge, quand on voit la nouvelle distribution des pouvoirs depuis l'élection de N. Sarkozy, on ne peut pas dire que le risque d'une faiblesse du pouvoir exécutif notamment soit ce qui nous attend demain matin, A. Juppé ?
R.- Non, mais Monsieur Demorand, je me plaçais dans la perspective qui semblait être la vôtre, c'est-à-dire d'une généralisation de la proportionnelle...
Q.- Pas une généralisation, d'abord c'est une question...
R.- Et je vous disais, Monsieur Demorand, qu'un peu de proportionnelle, oui, mais ne portons pas atteinte au fait majoritaire. Je suis sur ce point en parfaite communion de pensée avec F. Fillon.
Q.- En tant que numéro 2 du Gouvernement, pouvez-vous nous donner, A. Juppé, des précisions sur une hypothèse qu'on n'a pas entièrement fermée hier J.-L. Borloo, ministre de l'Economie et des Finances, quant à une augmentation possible de la TVA. « Oui, c'est sur la table » a-t-il dit hier soir sur TF1, vous confirmez ?
R.- On le sait depuis que N. Sarkozy l'a évoqué dans sa campagne, il s'est dit ouvert à une réflexion sur ce qu'on appelle « la TVA sociale ». Comment alléger un certain nombre de cotisations qui pèsent sur le travail et les transférer, éventuellement - je dis bien éventuellement - sur une TVA sociale, comme l'ont fait d'une certaine manière les Allemands avec beaucoup de succès puisque c'est un des éléments qui a boosté leur croissance. Il faut en parler, rien n'est décidé, je sais très bien que la TVA n'est pas un impôt populaire, mais il faut bien réfléchir...
Q.- Ni très juste.
R.- Oui, il y a des moyens de le corriger bien sûr en fonction des taux. Regardez, lorsqu'on met des taux réduits sur les produits de première consommation ou des taux réduits sur les produits écologiques, comme j'espère bien nous allons le faire, on peut corriger effectivement ce qui est considéré comme une inégalité. Mais il faut en revenir à la question de fond : comment faire en sorte en France que le travail soit encouragé ? Et plus on taxe le travail, moins on crée d'emplois, c'est ça la logique.
Q.- Dernière question, A. Juppé...
R.- J'ajoute Monsieur Demorand que la TVA, elle taxe les produits importés et elle détaxe les produits exportés, ça aussi c'est créateur d'emplois.
Q.- Et vous savez de combien de points pourrait être cette augmentation ?
R.- Non, évidemment non, comme l'a dit F. Fillon...
Q.- On le saura quand ça ?
R.- Ecoutez, on ne peut pas à la fois nous demander de faire de la concertation, et puis nous reprocher de ne pas annoncer la couleur, on va en parler. On verra comment réagissent les forces sociales, le Parlement, puisque le pouvoir fiscal est d'abord le pouvoir du Parlement bien sûr. Donc, c'est un sujet de discussion, et rien évidemment n'est arrêté, ni les chiffres ni les modalités.
Q.- Dernière question, A. Juppé, hier soir vous disiez que vous doutiez en attendant le 2ème tour et que c'était une posture philosophique pour vous. On vous sent plus certain ce matin, plus serein, je ne sais pas à quelle école philosophique il faut rattacher cette position ?
R.- Vous savez, à Bordeaux nous avons encore une plaque dans nos rues qui nous parle de Montaigne, et Montaigne faisait du doute philosophique une vertu. Donc ce que je veux dire par-là, c'est que je ne suis pas du tout triomphaliste, je n'estime pas du tout que tout est gagné. Vous ne pouvez pas me demander non plus d'être pessimiste, je suis raisonnablement confiant. C'est la raison pour laquelle, je vais faire une campagne active, et surtout une campagne d'ouverture en essayant de rassembler le plus possible, ceux qui éventuellement au 1er tour n'ont pas voté pour moi et qui aujourd'hui sont prêts à travailler avec moi, et je leur ouvre largement les bras.
Q.- En tout cas, essai peut-être transformé, comme on dit au rugby, dimanche prochain...
R.- C'est une formule qui me convient, merci beaucoup.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 11 juin 2007