Texte intégral
C'est déjà une vieille relation avec Frank-Walter, et je voudrais souligner après lui les excellents rapports que nous entretenons. C'est vraiment une grande satisfaction que de rencontrer un ami et de parler politique. Cela nous intéresse tous les deux et vous aussi, j'imagine.
Nous avons donc parlé de beaucoup de choses. De l'Europe qui se construit. Du Conseil européen qui arrive et de la Présidence allemande qui a encore des responsabilités importantes devant elle. Nous sommes à ses côtés sur bien des sujets, techniques et politiques.
Jamais, depuis bien des années, la nécessité européenne ne s'est faite autant sentir. Pour des raisons internes à l'Europe et pour des raisons externes à l'Europe. Dans toutes les occasions, devant tous ces problèmes, nous avons constaté que l'approche franco-allemande est non seulement d'une grande utilité, d'une grande fraternité, mais aussi fondamentalement semblable.
Pour le reste, il y a évidemment les problèmes qui ont été évoqués par mon collègue. Le monde ne va pas toujours aussi bien qu'on le souhaiterait. Là dessus, il y a également une approche commune franco-allemande. Quand je dis franco-allemande, c'est aussi, bien entendu, en référence à la Présidence allemande de l'Union européenne.
Le Moyen-Orient : même si l'on peut noter une petite amélioration ces jours-ci, la situation au Liban n'est pas bonne. Les combats continuent dans ce camp au nord de Tripoli et, pour le moment, le dialogue nécessaire, qui peut préfigurer d'autres dialogues, n'a pas encore repris. Les éléments n'en sont pas rassemblés.
La situation à Gaza : je ne vais pas répéter ce que Frank-Walter a dit. C'est une situation insupportable, humainement insupportable. Et même si le dialogue reprend au niveau des gouvernements, nous encourageons ses efforts. Le dialogue s'amorce à nouveau, mais cela n'est pas suffisant.
Un mot peut-être sur le Darfour. Il y a en effet une initiative française et j'ai invité mon collègue à venir à Paris le 25 juin. Le Groupe de contact a été élargi, nous en avons parlé à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G8. L'invitation a été adressée et acceptée par mes collègues chinois, russe, sud-africain. Nous avons élargi le Groupe de contact afin de donner une importance politique à cette réunion et soutenir toutes les initiatives, en particulier celle des Nations unies, qui se prolonge depuis longtemps avec plusieurs phases et qui va vers la constitution d'une force hybride : Union africaine et Nations unies. C'est essentiel : la position de la France, la position de l'Allemagne et, je pense, la position du Groupe de contact sera de soutenir cette initiative, de la porter non pas seulement dans l'actualité éphémère, avec des hauts et des bas, mais politiquement, très fortement. Il faudra trouver de l'argent et puis il y aura, je l'espère, quelques initiatives pratiques.
Sur tous ces sujets, je veux saluer la ténacité et le talent de la Présidence allemande dans des circonstances européennes difficiles en raison, en particulier, des difficultés causées par la France, par la Hollande aussi ; je veux souligner notre part de responsabilité. La France espère avoir une part dans ce rétablissement.
Q - (A propos de l'Iran)
R - Il faut poursuivre nos efforts, saluer les progrès et l'obstination avec laquelle Javier Solana a conduit ces pourparlers. Ce n'est pas terminé, la situation est loin d'être complètement éclaircie. La France appuiera tout ce qui peut éclairer ce processus, en rappelant que la dissémination nucléaire est un problème qui ne concerne pas seulement l'Iran, mais qui concerne singulièrement l'Iran et sa région. Il faut continuer à être extrêmement tenace et vigilant. De toute façon, ces pourparlers doivent se poursuivre et même s'amplifier et s'élargir. Nous verrons bien ce que M. Solana et les protagonistes iraniens nous proposeront dans les semaines qui viennent.
Q - (Question sur la refondation de l'axe franco-allemand)
R - M. Steinmeier a bien répondu. Je ne sais pas exactement ce que le président de la République voulait dire avant d'être élu, mais je sais ce qu'il a fait le premier jour de son élection : Nicolas Sarkozy est venu parler avec Mme Merkel. C'était donc, avec la chancelière, le début de cette refondation. Bien sûr, la relation franco-allemande a coloré de manière très particulière l'Union européenne depuis sa naissance. C'est l'exemple même que nous donnons à travers le monde lorsqu'il s'agit de régler des conflits. C'est l'exemple même des transformations, du succès obtenus grâce à la ténacité de quelques-uns.
Depuis, l'Europe s'est élargie, elle compte maintenant 27 pays, et cette coloration est toujours nécessaire. Même si d'autres sont entrés, même si l'élargissement a fait naître une puissance considérable, la première puissance du monde, la première zone d'échanges, l'axe et surtout la fraternité franco-allemande sont encore un modèle. Et même pour moi, pour ma génération, le modèle de ce qui a été un progrès nécessaire est presque un progrès surprenant. Je crois que cette génération a été marquée par un destin : celui de l'Europe, et pas seulement celui d'un pays. A travers ce chemin, il y a eu un destin très particulier de nos deux pays. Et je continue à me réjouir de pouvoir y participer.
Nous parlions du Kosovo tout à l'heure, il y avait au Kosovo un général allemand et un administrateur français. Et rien ne se faisait sans la participation de ce général et de ce civil. Pas une conférence de presse, pas une démarche. Nous avions à peu près le même âge. Lorsque nous apparaissions dans ce pays divisé, brisé, meurtri, on disait : "regardez-les". Pour nos parents, il était impossible de penser que cela pourrait se faire ensemble. Voilà, peut-être, ce que voulait dire Nicolas Sarkozy. En tout cas, c'est ce que je veux dire. C'est un bonheur, une découverte et en même temps une formidable obligation que d'être ensemble, l'Allemagne et la France, dans l'Union européenne, avec les autres. Sans position dominante et sans arrogance.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 juin 2007
Nous avons donc parlé de beaucoup de choses. De l'Europe qui se construit. Du Conseil européen qui arrive et de la Présidence allemande qui a encore des responsabilités importantes devant elle. Nous sommes à ses côtés sur bien des sujets, techniques et politiques.
Jamais, depuis bien des années, la nécessité européenne ne s'est faite autant sentir. Pour des raisons internes à l'Europe et pour des raisons externes à l'Europe. Dans toutes les occasions, devant tous ces problèmes, nous avons constaté que l'approche franco-allemande est non seulement d'une grande utilité, d'une grande fraternité, mais aussi fondamentalement semblable.
Pour le reste, il y a évidemment les problèmes qui ont été évoqués par mon collègue. Le monde ne va pas toujours aussi bien qu'on le souhaiterait. Là dessus, il y a également une approche commune franco-allemande. Quand je dis franco-allemande, c'est aussi, bien entendu, en référence à la Présidence allemande de l'Union européenne.
Le Moyen-Orient : même si l'on peut noter une petite amélioration ces jours-ci, la situation au Liban n'est pas bonne. Les combats continuent dans ce camp au nord de Tripoli et, pour le moment, le dialogue nécessaire, qui peut préfigurer d'autres dialogues, n'a pas encore repris. Les éléments n'en sont pas rassemblés.
La situation à Gaza : je ne vais pas répéter ce que Frank-Walter a dit. C'est une situation insupportable, humainement insupportable. Et même si le dialogue reprend au niveau des gouvernements, nous encourageons ses efforts. Le dialogue s'amorce à nouveau, mais cela n'est pas suffisant.
Un mot peut-être sur le Darfour. Il y a en effet une initiative française et j'ai invité mon collègue à venir à Paris le 25 juin. Le Groupe de contact a été élargi, nous en avons parlé à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G8. L'invitation a été adressée et acceptée par mes collègues chinois, russe, sud-africain. Nous avons élargi le Groupe de contact afin de donner une importance politique à cette réunion et soutenir toutes les initiatives, en particulier celle des Nations unies, qui se prolonge depuis longtemps avec plusieurs phases et qui va vers la constitution d'une force hybride : Union africaine et Nations unies. C'est essentiel : la position de la France, la position de l'Allemagne et, je pense, la position du Groupe de contact sera de soutenir cette initiative, de la porter non pas seulement dans l'actualité éphémère, avec des hauts et des bas, mais politiquement, très fortement. Il faudra trouver de l'argent et puis il y aura, je l'espère, quelques initiatives pratiques.
Sur tous ces sujets, je veux saluer la ténacité et le talent de la Présidence allemande dans des circonstances européennes difficiles en raison, en particulier, des difficultés causées par la France, par la Hollande aussi ; je veux souligner notre part de responsabilité. La France espère avoir une part dans ce rétablissement.
Q - (A propos de l'Iran)
R - Il faut poursuivre nos efforts, saluer les progrès et l'obstination avec laquelle Javier Solana a conduit ces pourparlers. Ce n'est pas terminé, la situation est loin d'être complètement éclaircie. La France appuiera tout ce qui peut éclairer ce processus, en rappelant que la dissémination nucléaire est un problème qui ne concerne pas seulement l'Iran, mais qui concerne singulièrement l'Iran et sa région. Il faut continuer à être extrêmement tenace et vigilant. De toute façon, ces pourparlers doivent se poursuivre et même s'amplifier et s'élargir. Nous verrons bien ce que M. Solana et les protagonistes iraniens nous proposeront dans les semaines qui viennent.
Q - (Question sur la refondation de l'axe franco-allemand)
R - M. Steinmeier a bien répondu. Je ne sais pas exactement ce que le président de la République voulait dire avant d'être élu, mais je sais ce qu'il a fait le premier jour de son élection : Nicolas Sarkozy est venu parler avec Mme Merkel. C'était donc, avec la chancelière, le début de cette refondation. Bien sûr, la relation franco-allemande a coloré de manière très particulière l'Union européenne depuis sa naissance. C'est l'exemple même que nous donnons à travers le monde lorsqu'il s'agit de régler des conflits. C'est l'exemple même des transformations, du succès obtenus grâce à la ténacité de quelques-uns.
Depuis, l'Europe s'est élargie, elle compte maintenant 27 pays, et cette coloration est toujours nécessaire. Même si d'autres sont entrés, même si l'élargissement a fait naître une puissance considérable, la première puissance du monde, la première zone d'échanges, l'axe et surtout la fraternité franco-allemande sont encore un modèle. Et même pour moi, pour ma génération, le modèle de ce qui a été un progrès nécessaire est presque un progrès surprenant. Je crois que cette génération a été marquée par un destin : celui de l'Europe, et pas seulement celui d'un pays. A travers ce chemin, il y a eu un destin très particulier de nos deux pays. Et je continue à me réjouir de pouvoir y participer.
Nous parlions du Kosovo tout à l'heure, il y avait au Kosovo un général allemand et un administrateur français. Et rien ne se faisait sans la participation de ce général et de ce civil. Pas une conférence de presse, pas une démarche. Nous avions à peu près le même âge. Lorsque nous apparaissions dans ce pays divisé, brisé, meurtri, on disait : "regardez-les". Pour nos parents, il était impossible de penser que cela pourrait se faire ensemble. Voilà, peut-être, ce que voulait dire Nicolas Sarkozy. En tout cas, c'est ce que je veux dire. C'est un bonheur, une découverte et en même temps une formidable obligation que d'être ensemble, l'Allemagne et la France, dans l'Union européenne, avec les autres. Sans position dominante et sans arrogance.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 juin 2007