Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Vous n'êtes plus député de la Drôme.
R.- Non.
Q.- Vous êtes ministre aujourd'hui, cela change. E. Besson, regardons très vite, il y a deux actualités, plusieurs actualités importantes évidemment. Nous allons beaucoup parler du résultat, notamment d'A. Juppé, de la majorité donnée au président de la République, des réformes en cours, la rupture entre S. Royal et F. Hollande. Vous connaissez bien le couple, Hollande-Royal, puisque vous l'avez fréquenté longtemps. Les difficultés de couple, de ce couple, auraient dues être révélées avant les présidentielles et les législatives ?
R.- Je ne sais pas, parce que je n'ai jamais voulu entrer, et je ne le veux pas davantage ce matin, dans les questions de vie privée de S. Royal et F. Hollande. Je pense qu'ils ont droit, comme tous les couples en France, au respect de leur vie privée. Donc, je ne sais pas ce qui devait ou ne devait pas être révélé. Ce que je sais, en revanche, c'est que, objectivement, je le dis de façon sobre et presque à regret, mais objectivement, les histoires au sein de leur couple, réelles ou prétendues, ont pesé sur le climat de la campagne présidentielle, et cela, c'est regrettable pour un grand parti moderne.
Q.- Mais alors, est-ce que vous qui étiez au PS, lors de l'investiture de S. Royal, cela pesait-il à ce moment-là sur l'avenir du PS et sur la future présidentielle, déjà ?
R.- Bien évidemment. Le premier secrétaire, qui était F. Hollande, était dans une difficulté particulière, on l'a vu, par exemple, lors de la désignation interne ; c'était sa compagne. Il était soupçonné, à tort ou à raison, souvent à tort d'ailleurs, de vouloir privilégier une candidate parmi les trois candidats...
Q.- Il n'a pas privilégié S. Royal, selon vous ?
R.- Je ne crois qu'il l'ait privilégiée. Il l'a protégée à certains moments, c'est une évidence, il a été un conseiller un peu spécial, si je peux dire, mais je ne crois pas qu'il l'ait privilégiée. Cela dit, S. Royal, elle-même, a utilisé ces éléments. Lorsqu'elle dit par exemple dans son livre : "Moi, je voulais me marier avec F. Hollande, mais c'est
l'entourage de F. Hollande qui l'en a empêché", c'était singulier quand même. A cette époque-là, j'étais dans l'entourage de F. Hollande, je me souviens très bien de sa déclaration : "j'aimerais me marier avec lui en Polynésie". Vous imaginez bien que...
Q.- Elle a menti ce jour-là, elle n'y pensait pas, c'était tactique ?
R.- Je ne dis pas qu'elle a menti, elle l'a probablement ressenti comme tel. Mais enfin, à l'époque, je peux vous dire que, aucun de ceux qui se trouvaient autour de F. Hollande, nous avons émis la moindre opinion sur le sujet. Voilà. Mais si vous le voulez bien...
Q.- J'ai quand même une ou deux question...
R.- ...quittons ce terrain.
Q.- Non, non, non. Ici, je pose des questions, hein, bien ! Qui a été trompé ? Je ne parle pas, je pose volontairement la question : qui a été trompé ? Les Français ont-ils été trompés, parce que ce couple n'a pas révélé ses difficultés... ?
R.- Non, je...
Q.- Non ? Oui ou non ?
R.- Non, non, je ne le crois absolument pas. Je n'étais pas partisan de S. Royal, vous le savez parfaitement, et un peu de monde le sait maintenant. Mais en même temps, si on revient en arrière, début janvier 2006, est-ce que S. Royal est extrêmement populaire, indépendamment de la question du premier secrétaire du PS et de son couple ? La réponse est oui. Je le ressentais dans ce qui était ma circonscription, et je le savais, je n'étais pas partisan, et en même temps, je mesurais sa popularité. Donc, on ne peut pas dire que, elle ne se soit pas imposée sur ce que les Français estimaient être, ses qualités propres.
Q.- Oui, mais est-ce que le couple, ce sera ma dernière question, nous a trompé, en ne disant pas la réalité de leur relation ?
R.- Personnellement, je ne le crois pas. Je ne vois pas pourquoi un couple devrait faire état de ses difficultés éventuelles. Parce que, au demeurant, je vous répète que, et ce n'est pas de la langue de bois, je ne savais pas, j'entendais parler comme tout le monde, mais je ne savais pas ce qu'il en était. Au fond, pour dire les choses simplement, les questions de couple ne m'intéressaient pas. Mon désaccord avec S. Royal, était sur le rapport à la politique, le rapport au politique. Je n'étais pas convaincu par cette façon de faire de la politique. Mais je ne me suis jamais intéressé, et aujourd'hui encore, cela ne m'intéresse pas, à la question de savoir quelles étaient exactement les relations entre eux.
Q.- Revenons maintenant sur les élections législatives et le second tour, le résultat définitif. Je vais vous lire ce que m'écrit Edouard, ce matin : "Electeur de droite depuis toujours, français moyen, donc, bon contribuable, au sens large du terme, j'ai du mal à m'expliquer comment notre Président et son gouvernement actuel ont pu se faire piéger sur le sujet du jour, à savoir, la réforme de la TVA. Alors que la gauche n'avait à ce jour aucun programme ou argument susceptible de convaincre, de manière réaliste, une partie des électeurs, voilà que nos dirigeants actuels s'empêtrent dans des explications et démonstrations contradictoires, dénuées de bon sens, à la veille du second tour des élections législatives". Et je voudrais ajouter à ce commentaire d'un auditeur, celui du député Y. Bur, député UMP, écoutons-le
R.- Y. Bur : La TVA sociale, c'était une ânerie ! De mettre cela au débat, un dossier aussi compliqué, c'est sûr que ça créé une conséquence terrible ! Vous pouvez raconter, expliquer tout ce que voulez, mais dire aux gens qu'on va augmenter la TVA de 5 points et que les prix n'augmenteront pas, les Français ne sont pas stupides à ce point-là. C'est certainement une erreur politique évidemment ! Mais, on ne réformera pas la France en chantant ! C'est aussi cela finalement le signal de ce second tour des élections législatives. C'est fini les élections maintenant. Au boulot !
Q.- Voilà, député UMP du Bas-Rhin. Erreur, faute ? J'ai vu R. Dutreil, qui demande à J.-L. Borloo de s'expliquer.
R.- De s'expliquer, je ne sais pas. C'est à R. Dutreil de le dire. D'expliquer ce qu'est le projet, peut-être, sans doute ? Il appartient maintenant au président de la République et au Premier ministre, de confirmer ou pas, leur volonté que l'étude qu'ils nous ont confiée, à J.-L. Borloo et moi, soit poursuivie. Personnellement, j'imagine que cela le sera, parce que je ne vois pas pourquoi les élections qui viennent de se produire changeraient. Je ne me prononce pas sur le fait de savoir si la communication a été bien, moyennement ou rien du tout...
Q.- Vous ne vous prononcez sur rien du tout alors ! Vous ne vous prononcez pas sur les difficultés de couple, vous ne vous prononcez pas sur les difficultés de communication au sein du Gouvernement...
R.- Avec votre autorisation, je vais en revanche me prononcer sur le fond.
Q.- Allez-y.
R.- Il n'y a pas de grande surprise. Le président de la République, lorsqu'il était candidat, avait dit : "Je m'interroge sur l'opportunité de la TVA sociale. Elle a marché dans un certain nombre de pays - l'Allemagne, le Danemark -, elle n'a pas eu les conséquences que l'on craint, elle n'a pas provoqué d'augmentation des prix, et elle a été jugée globalement par les économistes comme une bonne façon de faire". Pourquoi ? Il faut financer notre protection sociale. Soit, on le fait sur le travail et sur les revenus du travail. Et tout le monde considère aujourd'hui, que ce serait rendre la France peu compétitive et envoyer des entreprises, inciter des entreprises, à se délocaliser. Soit, on le fait sur le capital, et on nous explique qu'à ce moment-là : le capital va aller à l'étranger. Il faut bien, si on veut maintenir un haut niveau de protection sociale, s'interroger sur ce que les experts appellent l'élargissement de l'assiette, autrement dit, ne pas financer simplement sur le salaire, notre protection sociale. Personnellement, je considère que, N. Sarkozy et F. Fillon ont eu raison d'ouvrir ce débat, de nous demander une étude, et en même temps...
Q.- Mais alors, pourquoi...
R.- ....ils n'ont pas tranché, rien n'est décidé.
Q.- Alors pourquoi ce débat a-t-il rebondi entre les deux tours des législatives ?
R.- Parce que vous connaissez comme moi l'enchaînement des choses, et que, entre deux tours d'une élection législative, il est facile de monter les choses en épingle et de caricaturer. On a dit, en gros...
Q.- Enfin, c'est F. Fillon qui a dit que cela pourrait augmenter de 5 points la TVA, il l'a dit à la télévision, à France 2 !
R.- Oui, à titre d'hypothèse, ça peut être 1, 2, 3, 4, 5 points, cela peut être 0, en fonction de ce qui sera décidé. Mais ce qui est surtout évident, c'est que, le parti socialiste, c'est peut-être de bonne guerre, c'était son jeu cette semaine, en a fait un cheval de bataille et pourquoi pas, a dit, en gros : si vous votez UMP, lundi matin la TVA augmente de 5 points. On est lundi matin...
Q.- Oui, mais pouvez-vous concevoir que les Français n'ont peut-être pas envie d'une augmentation de la TVA ?
R.- D'abord, ils ont bien du mérite déjà à avoir compris ce dont il s'agit, puisque moi-même qui suis chargé de l'étude avec J.-L. Borloo, il me faudrait un peu de temps pour vous décrire très exactement ce que ce pourrait être. Et deuxièmement, vous dire qu'il y a quantité d'options. Donc, je pense simplement qu'on leur a fait peur, c'est de bonne guerre en compétition électorale, et cela a partiellement marché. Je ne crois pas personnellement, je ne cherche pas à esquiver, je ne crois pas personnellement que ce soit l'explication principale. Il y avait dimanche dernier, déjà 109 députés UMP élus, les commentateurs annonçaient une vague bleue, le parti socialiste, a utilisé l'expression, et même l'expression "tsunami". Il y a eu une remobilisation des électeurs de gauche, une abstention très forte. Et donc, cela a permis que la majorité soit moins forte qu'imaginé. Je rappelle quand même, parce que dans tous les commentaires que j'entends depuis ce matin, que le Gouvernement va disposer d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale...
Q.- On l'a dit.
R.- Sauf...je ne dis pas que vous ne l'avez pas dit. Mais on a l'impression que, parce que la victoire serait moindre qu'imaginée la semaine dernière, ce serait presque une défaite ou une semi victoire. Il faut être lucide. Il y a six mois, je le sais d'autant plus volontiers, le parti socialiste et les socialistes, pouvaient apparaître comme favoris de ce cycle élection présidentielle-élections législatives. A l'arrivée, c'est N. Sarkozy le président de la République, et l'UMP dispose de la majorité absolue, plus le Nouveau Centre.
Q.- Bien sûr, bien sûr. Avec, juste une petite remarque, mais effectivement ce n'est pas le point essentiel, mais petite remarque quand même, c'est que le PS progresse, et que l'UMP baisse par rapport aux législatives de 2002.
R.- Bien évidemment. Mais 2002, et j'en étais, j'ai été réélu en 2002, L. Jospin avait été éliminé dès le premier tour de l'élection présidentielle, donc la comparaison ne vaut pas.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 18 juin 2007
R.- Non.
Q.- Vous êtes ministre aujourd'hui, cela change. E. Besson, regardons très vite, il y a deux actualités, plusieurs actualités importantes évidemment. Nous allons beaucoup parler du résultat, notamment d'A. Juppé, de la majorité donnée au président de la République, des réformes en cours, la rupture entre S. Royal et F. Hollande. Vous connaissez bien le couple, Hollande-Royal, puisque vous l'avez fréquenté longtemps. Les difficultés de couple, de ce couple, auraient dues être révélées avant les présidentielles et les législatives ?
R.- Je ne sais pas, parce que je n'ai jamais voulu entrer, et je ne le veux pas davantage ce matin, dans les questions de vie privée de S. Royal et F. Hollande. Je pense qu'ils ont droit, comme tous les couples en France, au respect de leur vie privée. Donc, je ne sais pas ce qui devait ou ne devait pas être révélé. Ce que je sais, en revanche, c'est que, objectivement, je le dis de façon sobre et presque à regret, mais objectivement, les histoires au sein de leur couple, réelles ou prétendues, ont pesé sur le climat de la campagne présidentielle, et cela, c'est regrettable pour un grand parti moderne.
Q.- Mais alors, est-ce que vous qui étiez au PS, lors de l'investiture de S. Royal, cela pesait-il à ce moment-là sur l'avenir du PS et sur la future présidentielle, déjà ?
R.- Bien évidemment. Le premier secrétaire, qui était F. Hollande, était dans une difficulté particulière, on l'a vu, par exemple, lors de la désignation interne ; c'était sa compagne. Il était soupçonné, à tort ou à raison, souvent à tort d'ailleurs, de vouloir privilégier une candidate parmi les trois candidats...
Q.- Il n'a pas privilégié S. Royal, selon vous ?
R.- Je ne crois qu'il l'ait privilégiée. Il l'a protégée à certains moments, c'est une évidence, il a été un conseiller un peu spécial, si je peux dire, mais je ne crois pas qu'il l'ait privilégiée. Cela dit, S. Royal, elle-même, a utilisé ces éléments. Lorsqu'elle dit par exemple dans son livre : "Moi, je voulais me marier avec F. Hollande, mais c'est
l'entourage de F. Hollande qui l'en a empêché", c'était singulier quand même. A cette époque-là, j'étais dans l'entourage de F. Hollande, je me souviens très bien de sa déclaration : "j'aimerais me marier avec lui en Polynésie". Vous imaginez bien que...
Q.- Elle a menti ce jour-là, elle n'y pensait pas, c'était tactique ?
R.- Je ne dis pas qu'elle a menti, elle l'a probablement ressenti comme tel. Mais enfin, à l'époque, je peux vous dire que, aucun de ceux qui se trouvaient autour de F. Hollande, nous avons émis la moindre opinion sur le sujet. Voilà. Mais si vous le voulez bien...
Q.- J'ai quand même une ou deux question...
R.- ...quittons ce terrain.
Q.- Non, non, non. Ici, je pose des questions, hein, bien ! Qui a été trompé ? Je ne parle pas, je pose volontairement la question : qui a été trompé ? Les Français ont-ils été trompés, parce que ce couple n'a pas révélé ses difficultés... ?
R.- Non, je...
Q.- Non ? Oui ou non ?
R.- Non, non, je ne le crois absolument pas. Je n'étais pas partisan de S. Royal, vous le savez parfaitement, et un peu de monde le sait maintenant. Mais en même temps, si on revient en arrière, début janvier 2006, est-ce que S. Royal est extrêmement populaire, indépendamment de la question du premier secrétaire du PS et de son couple ? La réponse est oui. Je le ressentais dans ce qui était ma circonscription, et je le savais, je n'étais pas partisan, et en même temps, je mesurais sa popularité. Donc, on ne peut pas dire que, elle ne se soit pas imposée sur ce que les Français estimaient être, ses qualités propres.
Q.- Oui, mais est-ce que le couple, ce sera ma dernière question, nous a trompé, en ne disant pas la réalité de leur relation ?
R.- Personnellement, je ne le crois pas. Je ne vois pas pourquoi un couple devrait faire état de ses difficultés éventuelles. Parce que, au demeurant, je vous répète que, et ce n'est pas de la langue de bois, je ne savais pas, j'entendais parler comme tout le monde, mais je ne savais pas ce qu'il en était. Au fond, pour dire les choses simplement, les questions de couple ne m'intéressaient pas. Mon désaccord avec S. Royal, était sur le rapport à la politique, le rapport au politique. Je n'étais pas convaincu par cette façon de faire de la politique. Mais je ne me suis jamais intéressé, et aujourd'hui encore, cela ne m'intéresse pas, à la question de savoir quelles étaient exactement les relations entre eux.
Q.- Revenons maintenant sur les élections législatives et le second tour, le résultat définitif. Je vais vous lire ce que m'écrit Edouard, ce matin : "Electeur de droite depuis toujours, français moyen, donc, bon contribuable, au sens large du terme, j'ai du mal à m'expliquer comment notre Président et son gouvernement actuel ont pu se faire piéger sur le sujet du jour, à savoir, la réforme de la TVA. Alors que la gauche n'avait à ce jour aucun programme ou argument susceptible de convaincre, de manière réaliste, une partie des électeurs, voilà que nos dirigeants actuels s'empêtrent dans des explications et démonstrations contradictoires, dénuées de bon sens, à la veille du second tour des élections législatives". Et je voudrais ajouter à ce commentaire d'un auditeur, celui du député Y. Bur, député UMP, écoutons-le
R.- Y. Bur : La TVA sociale, c'était une ânerie ! De mettre cela au débat, un dossier aussi compliqué, c'est sûr que ça créé une conséquence terrible ! Vous pouvez raconter, expliquer tout ce que voulez, mais dire aux gens qu'on va augmenter la TVA de 5 points et que les prix n'augmenteront pas, les Français ne sont pas stupides à ce point-là. C'est certainement une erreur politique évidemment ! Mais, on ne réformera pas la France en chantant ! C'est aussi cela finalement le signal de ce second tour des élections législatives. C'est fini les élections maintenant. Au boulot !
Q.- Voilà, député UMP du Bas-Rhin. Erreur, faute ? J'ai vu R. Dutreil, qui demande à J.-L. Borloo de s'expliquer.
R.- De s'expliquer, je ne sais pas. C'est à R. Dutreil de le dire. D'expliquer ce qu'est le projet, peut-être, sans doute ? Il appartient maintenant au président de la République et au Premier ministre, de confirmer ou pas, leur volonté que l'étude qu'ils nous ont confiée, à J.-L. Borloo et moi, soit poursuivie. Personnellement, j'imagine que cela le sera, parce que je ne vois pas pourquoi les élections qui viennent de se produire changeraient. Je ne me prononce pas sur le fait de savoir si la communication a été bien, moyennement ou rien du tout...
Q.- Vous ne vous prononcez sur rien du tout alors ! Vous ne vous prononcez pas sur les difficultés de couple, vous ne vous prononcez pas sur les difficultés de communication au sein du Gouvernement...
R.- Avec votre autorisation, je vais en revanche me prononcer sur le fond.
Q.- Allez-y.
R.- Il n'y a pas de grande surprise. Le président de la République, lorsqu'il était candidat, avait dit : "Je m'interroge sur l'opportunité de la TVA sociale. Elle a marché dans un certain nombre de pays - l'Allemagne, le Danemark -, elle n'a pas eu les conséquences que l'on craint, elle n'a pas provoqué d'augmentation des prix, et elle a été jugée globalement par les économistes comme une bonne façon de faire". Pourquoi ? Il faut financer notre protection sociale. Soit, on le fait sur le travail et sur les revenus du travail. Et tout le monde considère aujourd'hui, que ce serait rendre la France peu compétitive et envoyer des entreprises, inciter des entreprises, à se délocaliser. Soit, on le fait sur le capital, et on nous explique qu'à ce moment-là : le capital va aller à l'étranger. Il faut bien, si on veut maintenir un haut niveau de protection sociale, s'interroger sur ce que les experts appellent l'élargissement de l'assiette, autrement dit, ne pas financer simplement sur le salaire, notre protection sociale. Personnellement, je considère que, N. Sarkozy et F. Fillon ont eu raison d'ouvrir ce débat, de nous demander une étude, et en même temps...
Q.- Mais alors, pourquoi...
R.- ....ils n'ont pas tranché, rien n'est décidé.
Q.- Alors pourquoi ce débat a-t-il rebondi entre les deux tours des législatives ?
R.- Parce que vous connaissez comme moi l'enchaînement des choses, et que, entre deux tours d'une élection législative, il est facile de monter les choses en épingle et de caricaturer. On a dit, en gros...
Q.- Enfin, c'est F. Fillon qui a dit que cela pourrait augmenter de 5 points la TVA, il l'a dit à la télévision, à France 2 !
R.- Oui, à titre d'hypothèse, ça peut être 1, 2, 3, 4, 5 points, cela peut être 0, en fonction de ce qui sera décidé. Mais ce qui est surtout évident, c'est que, le parti socialiste, c'est peut-être de bonne guerre, c'était son jeu cette semaine, en a fait un cheval de bataille et pourquoi pas, a dit, en gros : si vous votez UMP, lundi matin la TVA augmente de 5 points. On est lundi matin...
Q.- Oui, mais pouvez-vous concevoir que les Français n'ont peut-être pas envie d'une augmentation de la TVA ?
R.- D'abord, ils ont bien du mérite déjà à avoir compris ce dont il s'agit, puisque moi-même qui suis chargé de l'étude avec J.-L. Borloo, il me faudrait un peu de temps pour vous décrire très exactement ce que ce pourrait être. Et deuxièmement, vous dire qu'il y a quantité d'options. Donc, je pense simplement qu'on leur a fait peur, c'est de bonne guerre en compétition électorale, et cela a partiellement marché. Je ne crois pas personnellement, je ne cherche pas à esquiver, je ne crois pas personnellement que ce soit l'explication principale. Il y avait dimanche dernier, déjà 109 députés UMP élus, les commentateurs annonçaient une vague bleue, le parti socialiste, a utilisé l'expression, et même l'expression "tsunami". Il y a eu une remobilisation des électeurs de gauche, une abstention très forte. Et donc, cela a permis que la majorité soit moins forte qu'imaginé. Je rappelle quand même, parce que dans tous les commentaires que j'entends depuis ce matin, que le Gouvernement va disposer d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale...
Q.- On l'a dit.
R.- Sauf...je ne dis pas que vous ne l'avez pas dit. Mais on a l'impression que, parce que la victoire serait moindre qu'imaginée la semaine dernière, ce serait presque une défaite ou une semi victoire. Il faut être lucide. Il y a six mois, je le sais d'autant plus volontiers, le parti socialiste et les socialistes, pouvaient apparaître comme favoris de ce cycle élection présidentielle-élections législatives. A l'arrivée, c'est N. Sarkozy le président de la République, et l'UMP dispose de la majorité absolue, plus le Nouveau Centre.
Q.- Bien sûr, bien sûr. Avec, juste une petite remarque, mais effectivement ce n'est pas le point essentiel, mais petite remarque quand même, c'est que le PS progresse, et que l'UMP baisse par rapport aux législatives de 2002.
R.- Bien évidemment. Mais 2002, et j'en étais, j'ai été réélu en 2002, L. Jospin avait été éliminé dès le premier tour de l'élection présidentielle, donc la comparaison ne vaut pas.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 18 juin 2007