Déclaration de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de l'écologie, sur les enjeux de la diplomatie environnementale et la future présidence française de l'Union européenne, Paris le 5 juillet 2007.

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Circonstance : Clôture du séminaire des correspondants environnement des ambassades françaises à Paris le 5 juillet 2007

Texte intégral

Monsieur l'ambassadeur,
Mesdames, Messieurs les directeurs,
Mesdames, Messieurs les correspondants environnement,
C'est un plaisir pour moi de faire votre connaissance aujourd'hui à l'occasion de la clôture de ce séminaire qui vous a réunis pendant deux jours, sous l'égide conjointe du Ministère des affaires étrangères et du Ministère de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables.
En tant que correspondants « environnement » dans les ambassades de France, vous êtes, quel que soit votre lieu de travail ou votre origine administrative, des acteurs essentiels de la diplomatie environnementale de la France. Vous avez en effet à la fois un rôle de veille et d'analyse de l'évolution des politiques publiques et des positions de vos pays de résidence, mais également un rôle essentiel de relais des positions et priorités françaises, tant auprès des autorités locales que des réseaux d'influence : ONG, collectivités locales, media, réseaux scientifiques... Sur ce point vous connaissez la priorité gouvernementale donnée au dialogue avec ces acteurs. Elle se traduira mi-octobre par la réunion du « Grenelle de l'environnement ». Ce sera un moment fort pour fonder les politiques que le gouvernement conduira dans les mois à venir et je vous invite à rester attentifs aux suites de cet évènement.
Mais vos tâches sont souvent encore plus larges que le travail de suivi de l'actualité environnementale de votre pays de résidence et de plaidoyer des positions françaises, et ceci reflète d'ailleurs le large spectre des problématiques liées à l'environnement.
Certains d'entre vous contribuent, en liaison avec des acteurs publics français comme l'ADEME ou l'AFD, à l'élaboration d'actions de coopération, permettant d'accompagner les politiques de développement durable de leur pays de résidence. Ces pays sont souvent parmi les pays les plus pauvres de la planète. Ils sont également à la fois riches en « capital écologique » - je pense à la richesse de leur biodiversité - et particulièrement exposés aux conséquences du changement climatique et de l'exploitation incontrôlée de leurs ressources naturelles. Leur apporter notre appui et travailler avec eux pour mettre en place une meilleure gouvernance mondiale de l'environnement est une dimension essentielle de la politique française.
D'autres, parmi vous, travaillent dans les nouveaux Etats membres de l'Union européenne, ils ont l'occasion d'appuyer les offres françaises de jumelages institutionnels, favorisant ainsi les transferts d'expertises et la mise à niveau des normes environnementales. C'est une forme de partenariat qu'il faut absolument encourager, car porteuse de dialogue et de rencontres autour des savoir-faire français. Après avoir accompagné les futurs Etats membres de l'Union européenne, l'instrument de jumelage européen se redéploie géographiquement, en faveur du pourtour méditerranéen. Il y a là une opportunité importante de coopération, dans une zone prioritaire pour notre pays. Je vous encourage à en exploiter toutes les potentialités.
Beaucoup d'entre vous contribuent enfin à la promotion des éco-technologies françaises. Il s'agit également d'un des sujets de premier plan pour ce grand ministère que constitue le MEDAD.
Vous l'avez compris, vos domaines d'intervention, aussi divers soient-ils, constituent bien les facettes d'une seule et même politique. Vous contribuez très directement aux trois exigences fixées par le Ministre :
Premièrement une exigence de responsabilité : il s'agit de faire face aux urgences environnementales dans le souci des générations futures,
Deuxièmement une exigence de compétitivité économique : les pays dont les entreprises produiront et exporteront « propre » auront en effet un avantage comparatif face à leurs concurrents,
Troisièmement une exigence de solidarité : les pays les plus pauvres ne doivent pas souffrir de nos insuffisances, nous devons appuyer leurs efforts pour mettre en place des politiques de développement durables.
Vos activités sont donc bien au coeur de cette politique et je vous encourage à les mener avec dynamisme, afin d'illustrer, au plan international, les priorités françaises.
Mais je voudrais m'attarder sur deux sujets importants pour l'action extérieure du nouveau gouvernement que vous avez abordés au cours de ce séminaire : le changement climatique et la Présidence française de l'Union européenne.
Le changement climatique : le Président de la République en a fait une priorité de son action au plan national comme international. Le Ministre a décidé de faire de son ministère le fer de lance de la lutte contre l'effet de serre au niveau mondial. Le principal enjeu, vous le savez, est d'inventer « l'après-Kyoto » et d'amener l'ensemble des grands émetteurs de gaz à effet de serre à prendre des engagements. Cela inclut les Etats-Unis bien sûr, mais également les pays émergents, tels que la Chine, l'Inde ou le Brésil.
Pour y parvenir le dialogue et la diplomatie sont essentiels, de même la mise en place de nouvelles formes de coopération notamment pour faire face à l'enjeu de l'adaptation aux changements climatiques. Nos partenaires britanniques ou allemands sont déjà extrêmement actifs au plan international. La France a pris du retard. Elle doit rapidement faire plus et mieux. La réussite de la conférence « climat » de Poznan en décembre 2008, sous la présidence française de l'Union européenne sera déterminante pour dessiner les contours d'un accord post-2012. Notre pays porte donc une responsabilité importante dans l'avenir du processus. Il lui faut mobiliser tous ses efforts autour de cet enjeu. C'est dès maintenant que cela se prépare et nos moyens, à Paris comme dans nos ambassades, doivent être unis vers cet objectif.
La présidence française de l'Union européenne : sur tous les sujets environnementaux, l'Union européenne parle à l'international d'une voix forte et unie. Elle prend également des engagements. En matière de changement climatique, elle s'est fixé des objectifs ambitieux ; pour la protection de la santé, elle a mis en place des dispositifs innovants, tels le règlement REACH sur les substances chimiques. L'Union européenne produit des normes qui encadrent près de 80% des droits nationaux de ses Etats membres. Dans tous les domaines : biodiversité, pollution, effet de serre, la dynamique européenne nous pousse vers des comportements plus exigeants. C'est une bonne chose. C'est pourquoi la présidence française de l'Union européenne sera, en matière d'environnement, un moment fort pour notre pays. Nous aurons besoin de votre appui, de vos capacités de dialogue et de négociation, de vos relais, de votre imagination, bref de toute votre énergie, pour réussir ensemble cette étape importante.
Vous avez passé deux journées de travail et d'échanges très denses, et je ne veux pas prolonger au-delà cette intervention.
Je voudrais conclure en vous assurant de mon soutien personnel et de celui de l'ensemble de ce ministère, pour mener à bien votre travail. Un dernier mot enfin pour vous encourager, dans l'esprit de transversalité qu'a voulu donner le Président de la République aux missions de ce grand ministère, à travailler étroitement avec l'ensemble de vos collègues des ambassades qui suivent des problématiques liées, telles que le transport ou l'énergie. L'environnement ne peut plus être appréhendé de manière isolée, mais doit irriguer l'ensemble des politiques. Ceci doit inspirer notre action à tous.Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 9 juillet 2007