Déclaration de M. Philippe Meurs, président de Jeunes Agriculteurs, sur la politique agricole en faveur des jeunes agriculteurs, l'installation et la valorisation des compètences, Epinal le 19 juin 2007.

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Circonstance : 41ème congrès de Jeunes Agriculteurs à Epinal le 19 juin 2007

Texte intégral


Monsieur le député-maire,
Monsieur le vice-président du conseil régional,
Monsieur le vice-président du conseil général,
Mesdames, messieurs les parlementaires,
Mesdames, messieurs,
Chers jeunes agriculteurs,
Je suis particulièrement heureux, en tant que président de Jeunes agriculteurs et au nom du conseil d'administration, d'ouvrir officiellement ce 41è congrès. Un congrès de plus mais un congrès toujours inédit.
Je voudrais saluer la présence de monsieur Michel Heinrich, député maire d'Epinal qui nous fait l'honneur de nous accueillir dans sa ville. Epinal, une ville entre pierre, eau et bois. Une ville au carrefour de la plaine et de la montagne. Vous êtes notre hôte.
Je voudrais saluer monsieur Christian Franqueville, vice-président du conseil régional, monsieur Jean-Pierre Florentin, vice-président du conseil général, partenaires privilégiés de cette opération à qui je cèderai la parole immédiatement après.
Vous avez été les garants de la réussite technique et financière de ce projet et fait en sorte que cette manifestation se déroule dans les meilleures conditions.
Un grand merci !
Et puis, je voudrais saluer les chevilles ouvrières de ce congrès, les « artisans » qui travaillent sans relâche depuis un an à l'organisation de cet événement : je pense bien évidemment à l'équipe des jeunes agriculteurs des Vosges qui, au cours de cette année, s'est renouvelée. Mickael Moulin, le président des Jeunes agriculteurs, Stéphane Lanterne, le président du comité d'organisation, Jérôme Mathieu, notre « administrateur national de l'étape » et aux autres bénévoles et équipe administrative qui vous entourent.
Sans vous, ce congrès n'aurait pu avoir lieu.
Vous méritez nos sincères applaudissements !
Bienvenue à vous tous, jeunes agriculteurs, délégués et accompagnateurs, de métropole et des DOM, qui formez ce congrès. Vous êtes le symbole de la force de notre réseau, un réseau dynamique, un réseau « nombreux », un réseau victorieux suite aux dernières élections aux chambres d'agriculture.
57 et 66 sont les deux chiffres clé de cette élection : 57% de suffrages en notre faveur, avec la FNSEA, des 66% des votants. C'est du jamais vu !2
N'y voyez pas là l'effet d'un hasard mais celui d'un travail de 6 ans, d'une campagne organisée et rigoureuse, d'un travail au service d'un projet d'avenir. Nous avons une fois de plus, convaincus ! Et vous êtes tous les artisans de ce succès !
Nous assumons cette victoire avec sérieux et ambition pour les 6 prochaines années puisque nous sommes légitimes.
J'ai une pensée malgré tout pour quelques départements qui n'ont pu passer le cap de la victoire cette fois-ci (le Calvados, la Réunion, le Lot et Garonne,) et dans une autre mesure Mayotte, mais ce n'est que partie remise. Vous avez notre soutien inconditionnel !
Dans tous les cas, nous allons devoir être encore plus unis et solidaires les prochaines semaines, les prochains mois, au sein du réseau JA car notre victoire et notre force font des envieux, malhonnêtes dans leurs intentions !, malhonnêtes dans leurs méthodes !
Sachez que nul ne remettra en cause notre indépendance et notre spécificité et nous y veillerons ! Car notre indépendance d'aujourd'hui est le gage de l'avenir de l'agriculture et de ses responsables de demain !
Après un département côtier l'année dernière, nous avons choisi les Vosges cette année.
« Plaine-montagne », « l'atout Vosges » : c'est la signature que vous avez choisie pour illustrer ce congrès.
C'est le symbole de ce département comme le symbole de notre agriculture française c'est-à-dire riche et diversifiée.
Les Vosges, c'est, à l'Est la montagne, à l'Ouest la plaine, avec des forêts, du thermalisme (je reconnais bien là l'esprit « carré » qui vous caractérise !), le tout empreint de traditions et de gastronomie.
Les Vosges, c'est l'atout nature à portée de main ! Et nous nous y sentons déjà très bien.
Notre congrès est l'occasion de nous retrouver, de nous ressourcer, de nous assurer que notre réseau fonctionne et qu'il avance dans ses projets, dans ses idées.
Lors de notre huis clos, nous parlons de l'activité d'une année, de nos ambitions syndicales à venir à travers notre rapport moral intitulé « des fondations solides renouvelées dans
l'action ».
Notre activité récente, c'est évidemment notre victoire aux élections des chambres d'agriculture (je viens de vous en parler) mais c'est aussi beaucoup l'ouverture de nombreux chantiers et la réaffirmation de nos priorités syndicales, telles que nous en avions convenu au cours de notre congrès passé :
- La première des priorités, le renouvellement des générations en agriculture :
Avec la mise en oeuvre de la « valorisation des compétences » pour tout porteur de projet, L'ouverture d'un travail sur la vivabilité de notre métier,
Des réussites récentes qu'il s'agit de souligner : l'exonération des impôts pour le jeune l'année de la perception de la DJA, le maintien de la ligne installation dans les contrats de projets, des avancées sociales pour les jeunes cotisants les premières années...
J'en passe mais le résultat est là : l'année 2006 voit la progression du nombre d'installations accompagnées : ENFIN ! Notre travail a porté ses fruits...
Notre grande inquiétude malgré tout, c'est le financement de notre action en matière d'installation et de l'accompagnement des jeunes.
Nulle remise en cause n'a été plus forte par le passé. Ce dont nous avons besoin en la matière, c'est d'une continuité de l'Etat et d'une alliance d'idées et de convictions de l'ensemble des partenaires financiers qui s'impliquent dans l'installation.
Ne nous laissons pas porter par les querelles politiciennes, les clivages politiques. Telle n'est pas notre vocation ! Notre seule ambition doit être de servir le renouvellement des générations !
- Sur la formation :
Nous avons repris en main la réflexion et notre rapport moral commence à en détailler le plan d'action... car la formation, une fois que l'on y a goutté, cela ne s'oublie pas. Mais, il faut y prendre goût ! Or, c'est un chantier difficile car peu visible immédiatement dans ses résultats. Toutefois, nous devons persévérer car c'est par des agriculteurs formés que nous pourrons adapter notre métier, c'est par des responsables formés que nous pourrons pérenniser notre agriculture.
- Autre priorité, la communication :
Nous avons commencé notre mandat par du festif et du spectaculaire avec l'organisation de notre week-end sur terre...Ce fut un grand moment d'émotion, d'échange et le gage du renouveau de nos équipes. Je vous avoue que c'est une de mes grandes fiertés !
Nous allons poursuivre en mettant notre énergie au service de la promotion du métier, de la communication vers les médias, vers les jeunes. La jeunesse de notre mouvement, c'est notre atout d'avenir pour être différents !
- Autre dossier phare de JA : l'Europe
L'Europe est notre destin et notre avenir.
Alors qu'elle est malmenée dans les débats institutionnels, dans les politiques publiques, nous voulons redire que nous sommes des européens convaincus, qui voulons construire une Europe à 27, qui tienne compte de ses derniers arrivés pour mieux défendre ensemble un projet commun après 2013.
La division avant l'heure n'est pas de mise, d'autant que nous devons afficher notre union
coûte que coûte au niveau international.
Je ne vous cache pas que notre sort agricole au niveau européen se joue un peu dans les prochains jours. L'ombre des négociations OMC plane sur nous et nos exploitations.
Alors, nous comptons fortement sur nos députés, tous fraîchement élus, notre ministre encore plus fraîchement nommé pour constituer un porte-drapeau, solide et offensif.
Notre crédibilité et notre force au niveau européen et international doivent résider dans la stabilité de nos messages et de nos représentants. Ne donnons pas l'image d'une agriculture et d'un ministère fantôme au sein de notre économie !
Car il s'agit maintenant de tenir les promesses et les engagements autour de notre agriculture, de notre ruralité, de nos paysages, de nos emplois.
Nous parlerons bien entendu d'actualité : de notre amende viande bovine, de la fièvre catarrhale ovine, de rencontres « pré » et « post » élections présidentielles : nous n'avons pas chômé ! même s'il faut pour partie recommencer !
Cette année, notre rapport d'orientation propose une alternative au pessimisme et au « laisser
faire » ambiant.
Et si, nous avions le choix de proposer et de décider de construire un véritable pacte alimentaire tout en relevant le défi d'une agriculture durable ?
Face aux enjeux qui se présentent à nous,
- l'agriculture doit en effet produire en quantité et en qualité,
- elle doit également contribuer à préserver l'environnement par son action dans la lutte contre l'effet de serre (en captant du CO2) par l'acte de production,
- elle est enfin le symbole de l'emploi et de l'aménagement du territoire de toutes les zones rurales.
C'est par des paysans nombreux sur tous les territoires du monde que nous relèverons ces défis tant au niveau mondial, européen que local.
Alors il est temps de proposer une nouvelle gouvernance internationale au niveau agricole, une Organisation Mondiale de l'agriculture !
Pour tenir compte de la spécificité du secteur agricole et des différences de développement des grandes régions du monde.
Au niveau européen, Jeunes agriculteurs propose la mise en place d'organisations communes de filières (OCF) pour qu'enfin les producteurs puissent vivre du fruit de leur travail par des prix rémunérateurs. En pesant réellement dans les négociations commerciales au sein des filières.
Nous n'avons pas la prétention d'avoir la science infuse sur l'avenir de l'agriculture, certains se plaisent à penser que nous aurions la tête dans les nuages.
Nous, les Jeunes agriculteurs, voulons apporter notre pierre à l'édifice. Nous ne resterons pas les bras croisés et nous revendiquons haut et fort cette vision prospective. N'en déplaise après tout !
Notre rapport d'orientation est le prétexte pour avancer !
Notre rapport moral, celui de renforcer nos missions et notre base syndicale.
Quarante six ans après la naissance de « l'ex CNJA », les jeunes ont grandi, les générations se sont succédé, avec leurs doutes, leurs ambitions, leurs réalisations et leurs succès.
Nous avons voulu nous redemander ce qui faisait l'essence de notre syndicat.
Nous en débattrons demain en huis clos, mais une chose est sûre, nous devons tout faire pour que Jeunes agriculteurs conserve des fondations solides par le renouvellement de ses actions.
Les pieds solidement ancrés dans la terre et les yeux rivés vers le ciel, c'est à nous de continuer à tracer le sillon de la profession.
Lors de la dernière matinée de notre congrès, nous reparlerons des missions de l'agriculture à travers des regards extérieurs et croisés.
Puis je vous rappelle que nous accueillerons notre nouveau ministre de l'agriculture et de la Pêche, monsieur Michel Barnier de qui nous fait l'honneur de venir au pied levé jeudi matin.
Vous le voyez, le congrès qui débute aujourd'hui va nous permettre de débattre sur des enjeux cruciaux pour l'avenir de notre métier, avenir qui repose largement sur des orientations qu'il est de notre responsabilité de formuler et de porter avec détermination.
Bon congrès à tous, je vous remercie et je cède la parole à Michel Heinrich, député maire d'Epinal.Source http://www.cnja.com, le 25 juin 2007