Texte intégral
Q- Des trains sont inutiles si les écoles sont fermées. Alors, faudrait-il un service minimum aussi à l'Education nationale ?
R- Franchement, ce n'est pas le débat immédiat. Ce qu'a voulu dire le Premier ministre, c'est qu'en réalité les gens comprennent bien que les services publics sont un élément essentiel de la vie, et qu'il faut imaginer qu'entre la fonction publique, le service public et, d'un autre côté, la continuité du service public, il y a une réalité. Alors, pour le moment, nous sommes, à l'Assemblée et au Sénat, sur un texte sur le service minimum dans les transports terrestres, et sur rien d'autre. Mais l'idée...
Q- Plus tard, dans un an ?
R- Cela ne veut pas dire "plus tard", cela veut dire qu'il faut dire à tout le service public - c'est un rôle éminent, c'est un rôle fort dans la nation que d'être dans le service public - [qu'] on ne peut pas rompre le service public de manière complète dans un certain nombre de secteurs. On verra beaucoup plus tard. Aujourd'hui, nous sommes sur le service minimum dans les transports, ce qui joue essentiellement dans la vie quotidienne.
Q- X. Bertrand vient de dire : "Il n'y a pas eu de cacophonie". Tout de même ! Fillon l'évoque, Bertrand dit oui, Darcos dit non... Il y a eu de la cacophonie quand même ?
R- Il y a juste simplement le fait qu'en disant : il y a un principe, c'est que ce serait bien qu'il y ait une continuité du service public partout. On pose les questions. Mais poser les questions n'est quand même pas encore un drame dans ce pays. Pour autant, on a dit aux syndicats, on a dit aux partenaires sociaux... Les choses sont simples, les uns et les autres l'ont dit ; aujourd'hui, nous sommes au Parlement, après concertation, sur un texte sur le service minimum dans les transports terrestres, et uniquement sur cela.
Q- Certains députés, qui attendent le texte [lequel] est en ce moment en lecture au Sénat, se sont dit : "Chic ! On va pousser, on va mettre l'éducation nationale dans le texte". Vous veillez au grain ?
R- Oui, mais il y en a d'autres qui disent aussi : "On va mettre la France, on va mettre les transports maritimes, on va mettre..."
Q- Il n'y aura pas d'amendements ?
R- Non, non, non...
Q- Vous leur demandez de rester...
Je souhaite, enfin je souhaite, le Gouvernement souhaite que nous restions très clairs sur cette affaire : ce texte porte sur les transports terrestres. Nous n'avons pas eu de concertation et de négociation sur les autres sujets, par conséquent ne sortons pas de ce cadre-là.
Q- Alors, pas de concertation mais déjà le dialogue social s'est enflammé ; cinq fédérations syndicales d'enseignants veulent se joindre à la manifestation CGT- Transports, du 31 juillet, promettent une rentrée sociale "chaude". N'avez-vous pas pris rendez-vous pour un conflit à la rentrée ?
R- Non, je ne crois pas. Je crois que chacun est un peu dans son rôle dans cette affaire. Simplement, les syndicats enseignants savent très bien qu'on n'envisage pas dans ce texte le service minimum à l'Education. On pourrait en parler... Vous savez, je vois, les collèges et les lycées, par exemple, sont tenus d'assurer l'accueil des élèves lorsqu'il y a grève. Ce n'est pas forcément le cas dans les écoles primaires, tout simplement, parce que dans les écoles primaires, tout le monde est enseignant, si je puis dire, donc il n'y a pas de personnels d'encadrement, et par conséquent il y a un problème d'accueil. Ce n'est pas un drame si un jour il faudra en parler, mais pas maintenant, ce n'est pas le sujet, et je veux rassurer les syndicats enseignants : il n'est pas question de service public continu et de service minimum dans l'éducation pour la rentrée qui vient, ce n'est pas le sujet.
Q- N'était-ce pas aussi de faire diversion par rapport aux 10.000, peut-être, 17.000 postes qui vont être supprimés mécaniquement dans l'éducation nationale ?
R- Ça c'est un vrai sujet. Là-dessus, il y a de vraies négociations, et de vraies discussions entre X. Darcos et les syndicats. Le président de la République et le Gouvernement se sont engagés sur le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux à compter de 2008 ; on va faire cela, pas de manière mécanique, quantitative, mais ministère par ministère pour voir comment on peut faire. Je crois que, là-dessus il y a une vraie négociation. Négocions sur ce qui existe, comme affirmation et comme politique, ne négocions pas sur des fantasmes pour le moment.
Q- La Commission Balladur est en place pour réformer les institutions...
R- Oui, depuis hier.
Q- Souhaitez-vous, comme son vice-président, J. Lang, la suppression du poste de Premier ministre ?
R- Non. Indépendamment de la considération que j'ai pour F. Fillon dans l'immédiat, on pourrait dire : mais après F. Fillon, faut-il ? Je crois qu'il faut. Il faut pourquoi ? Parce que si le chef de l'Etat est celui qui doit donner l'impulsion, celui qui doit être le patron, en réalité, il faut aussi un coordonnateur, un chef d'équipe, quelqu'un qui anime l'équipe gouvernementale, ce que fait très bien F. Fillon. Et je crois que cela, c'est le rôle du Premier ministre.
Q- "Sarkozy cherche une américanisation du pouvoir", dit F. Bayrou. Que lui répondez-vous ?
R- Non, je trouve que Sarkozy est très, très, très français.
Q- "Américanisation", cela veut dire : un face à face, en fait, entre un Président d'un côté, et le Parlement de l'autre. C'est un peu ce que souhaite le Président, il veut s'exprimer devant le Parlement, il est le chef de la majorité ?
R- Et ce que je rappelle à F. Bayrou que, ce que souhaite N. Sarkozy c'est que, le Président puisse s'exprimer devant le Parlement, et il souhaite un Parlement fort, mais il veut aussi un exécutif qui puisse agir. Je rappelle qu'aux Etats-Unis, ce qu'oublient beaucoup de gens, c'est que c'est vrai, il y a le Président, il a le Parlement, mais par exemple, le Président des Etats-Unis a un droit de veto. Veut-on cela ? Ce n'est pas du tout dans cet esprit que l'on travaille.
Q- Le Président pourrait aller s'exprimer devant le Parlement, peut-être réuni en Congrès d'ailleurs, une fois par an. Cela veut dire quoi : "Je suis le Président, vous avez élus grâce à moi, vous allez m'obéir, vous êtes mes godillots, voici la feuille de route" ?
R- Eh ben, dites donc ! Si c'était cela, il n'y a pas besoin de se réunir. Non, pas du tout, c'est même l'inverse. C'est : "Vous m'avez élu, pas "vous", spécialement, le Parlement, l'ensemble des Français, moi je vais vous vous dire comment je vois la France aujourd'hui, et ce que je souhaite que nous fassions ensemble". En réalité, on a besoin d'un Président qui puisse avoir un vrai dialogue avec le Parlement. Bien sûr, qu'il n'est pas responsable devant le Parlement, cela, c'est le Gouvernement et le Premier ministre. Mais pour autant, le chef de l'Etat ne peut pas s'exprimer devant le Parlement français ! Est-ce que je peux vous rappeler que le Roi d'Espagne est venu s'exprimer devant le Parlement français ; Moubarak est venu s'exprimer devant le Parlement français...
Q- T. Blair...
R- ...T. Blair, B. Clinton étaient venus. C'est-à-dire tous les chefs d'Etat étrangers peuvent venir parler devant le Parlement français mais pas le Président français ! C'est quand même un peu déraisonnable.
Q- UMP, PS, présidence de l'Assemblée nationale, tout le monde réfléchit aussi à ses propres idées. Craignez-vous un peu une surenchère parlementariste ? Trop de pouvoirs pour le Parlement ?
R- Non, je crois qu'on va avoir... les groupes réfléchissent, c'est normal ; les partis politiques réfléchissent, c'est normal ; les présidents du Sénat et de l'Assemblée réfléchissent, c'est normal. Mon ministère réfléchit, essaye de coordonner et de faire la synthèse, c'est aussi normal. Tout cela va être auditionné par la commission Balladur. Il peut y avoir des différences, d'ailleurs E. Balladur lui-même a dit : fin octobre, on prépare le rapport, et il y aura forcément dans ce rapport des annexes pour/contre. Et puis, on va voir le Gouvernement se saisir de tous ces avis de la Commission, mais aussi des groupes politiques, des partis, préparer un projet de texte, et c'est ce projet qui sera travaillé, débattu par le Sénat et l'Assemblée.
Q- Cela passera-t-il en Congrès avant la fin de l'année 2007 ou plutôt au début 2008 ?
R- Avant la fin de 2007, cela paraît très court, puisqu'il faut, je vous le rappelle, un débat parlementaire et un vote, et de l'Assemblée et du Sénat, avant d'aller devant le Congrès. Je pense plutôt que le Congrès sera en janvier 2008.
Q- Le PS donnera son verdict à l'automne de 2007. Ne craignez-vous pas qu'il y ait une sorte d'échange entre vous, c'est-à-dire, vous donnerez au PS beaucoup plus de proportionnelle, pour être sûr de son vote positif au Congrès ?
R- Non, je ne crois pas du tout que cela se passe comme cela. Je crois que tout le monde, PS, UMP, PC, centristes, tout le monde dit : le travail parlementaire doit être réformé, l'équilibre des pouvoirs doit être revu. On va voir quel est le bout de chemin que l'on peut faire ensemble. Il n'y a pas de deal, il n'y a pas troc, mais il y a une nécessité commune de rééquilibrer les pouvoirs et d'avoir un travail parlementaire différent, rationnel, visible.
Q- Pour ce travail-là, est-ce qu'il ne faudrait pas baisser le nombre de députés nécessaires pour faire un groupe à l'Assemblée nationale, de 20 à 15 ou 10 ?
R- C'est ce que demande le groupe communiste. Je n'étais pas hostile, je le dis franchement, au tout début, lorsqu'il disait : passer à 15 -15 c'est le nombre nécessaire au Sénat, par exemple, même s'il y a moins de sénateurs que de députés. Après, le groupe communiste a dit : passons à 10. A un moment, il faut que cela s'arrête, parce qu'il faut aussi que cela ait une cohérence par rapport à une Assemblée de 577. On peut y réfléchir, on peut travailler dessus, on va voir si cela ne casse pas l'équilibre du travail parlementaire, puisque chaque fois qu'il y a un groupe, il y a temps de parole, il y a participation à un certain nombre de structures, donc, c'est un peu compliqué.
Q- N. Sarkozy s'est adressé aux cadres de l'UMP hier. La fronde contre l'ouverture, c'est terminé ?
R- Il n'y a jamais eu de fronde contre l'ouverture.
Q- Ca a grogné quand même !
R- Non ! Il y a des réticences. Quand vous êtes quelqu'un qui se bat dans une ville et qu'on nomme le maire socialiste de la ville au Gouvernement...
Q- Par exemple Mulhouse.
R- Par exemple. Bah, je comprends qu'il y ait un peu "bon, ah bon, moi j'espérais être candidat contre lui, bon, très bien". Mais il a clairement démontré que si nous voulions réussir pour la France, réussir les réformes, réussir la politique nouvelle, réussir la politique de rupture, il fallait aller au-delà des 53 % du deuxième tour, et je crois que tout cela, tout le monde l'a compris.
Q- Y compris aux municipales ?
R- Y compris celles et ceux qui sont concernés directement ou indirectement par l'ouverture.
Q- Et aux municipales, faut-il continuer ? Il y a des gens de gauche sur des listes de...
R- Bien sûr, je pense que ce qu'il faut que nous mettions en place, ce sont des listes de large rassemblement, de manière à permettre de dire : vous n'êtes pas UMP, vous n'êtes pas centristes, on s'en fiche ! Vous êtes favorables à cette politique de rupture, vous voyez qu'on tient nos promesses, vous avez envie que ça bouge, venez ! Audition de J.-L. Gergorin, d'I. Lahoud, le 27 de D. de Villepin. Y a-t-il eu un complot chiraquien contre Sarkozy dans l'affaire Clearstream ? Seuls les juges diront.
Q- Et votre sentiment ?
R- Je n'ai pas de sentiment en la matière, je ne connais pas assez bien l'affaire. Je ne sais pas. Sincèrement, je me mêle peu des affaires de justice, et dans ce cas-là, encore moins.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 juillet 2007
R- Franchement, ce n'est pas le débat immédiat. Ce qu'a voulu dire le Premier ministre, c'est qu'en réalité les gens comprennent bien que les services publics sont un élément essentiel de la vie, et qu'il faut imaginer qu'entre la fonction publique, le service public et, d'un autre côté, la continuité du service public, il y a une réalité. Alors, pour le moment, nous sommes, à l'Assemblée et au Sénat, sur un texte sur le service minimum dans les transports terrestres, et sur rien d'autre. Mais l'idée...
Q- Plus tard, dans un an ?
R- Cela ne veut pas dire "plus tard", cela veut dire qu'il faut dire à tout le service public - c'est un rôle éminent, c'est un rôle fort dans la nation que d'être dans le service public - [qu'] on ne peut pas rompre le service public de manière complète dans un certain nombre de secteurs. On verra beaucoup plus tard. Aujourd'hui, nous sommes sur le service minimum dans les transports, ce qui joue essentiellement dans la vie quotidienne.
Q- X. Bertrand vient de dire : "Il n'y a pas eu de cacophonie". Tout de même ! Fillon l'évoque, Bertrand dit oui, Darcos dit non... Il y a eu de la cacophonie quand même ?
R- Il y a juste simplement le fait qu'en disant : il y a un principe, c'est que ce serait bien qu'il y ait une continuité du service public partout. On pose les questions. Mais poser les questions n'est quand même pas encore un drame dans ce pays. Pour autant, on a dit aux syndicats, on a dit aux partenaires sociaux... Les choses sont simples, les uns et les autres l'ont dit ; aujourd'hui, nous sommes au Parlement, après concertation, sur un texte sur le service minimum dans les transports terrestres, et uniquement sur cela.
Q- Certains députés, qui attendent le texte [lequel] est en ce moment en lecture au Sénat, se sont dit : "Chic ! On va pousser, on va mettre l'éducation nationale dans le texte". Vous veillez au grain ?
R- Oui, mais il y en a d'autres qui disent aussi : "On va mettre la France, on va mettre les transports maritimes, on va mettre..."
Q- Il n'y aura pas d'amendements ?
R- Non, non, non...
Q- Vous leur demandez de rester...
Je souhaite, enfin je souhaite, le Gouvernement souhaite que nous restions très clairs sur cette affaire : ce texte porte sur les transports terrestres. Nous n'avons pas eu de concertation et de négociation sur les autres sujets, par conséquent ne sortons pas de ce cadre-là.
Q- Alors, pas de concertation mais déjà le dialogue social s'est enflammé ; cinq fédérations syndicales d'enseignants veulent se joindre à la manifestation CGT- Transports, du 31 juillet, promettent une rentrée sociale "chaude". N'avez-vous pas pris rendez-vous pour un conflit à la rentrée ?
R- Non, je ne crois pas. Je crois que chacun est un peu dans son rôle dans cette affaire. Simplement, les syndicats enseignants savent très bien qu'on n'envisage pas dans ce texte le service minimum à l'Education. On pourrait en parler... Vous savez, je vois, les collèges et les lycées, par exemple, sont tenus d'assurer l'accueil des élèves lorsqu'il y a grève. Ce n'est pas forcément le cas dans les écoles primaires, tout simplement, parce que dans les écoles primaires, tout le monde est enseignant, si je puis dire, donc il n'y a pas de personnels d'encadrement, et par conséquent il y a un problème d'accueil. Ce n'est pas un drame si un jour il faudra en parler, mais pas maintenant, ce n'est pas le sujet, et je veux rassurer les syndicats enseignants : il n'est pas question de service public continu et de service minimum dans l'éducation pour la rentrée qui vient, ce n'est pas le sujet.
Q- N'était-ce pas aussi de faire diversion par rapport aux 10.000, peut-être, 17.000 postes qui vont être supprimés mécaniquement dans l'éducation nationale ?
R- Ça c'est un vrai sujet. Là-dessus, il y a de vraies négociations, et de vraies discussions entre X. Darcos et les syndicats. Le président de la République et le Gouvernement se sont engagés sur le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux à compter de 2008 ; on va faire cela, pas de manière mécanique, quantitative, mais ministère par ministère pour voir comment on peut faire. Je crois que, là-dessus il y a une vraie négociation. Négocions sur ce qui existe, comme affirmation et comme politique, ne négocions pas sur des fantasmes pour le moment.
Q- La Commission Balladur est en place pour réformer les institutions...
R- Oui, depuis hier.
Q- Souhaitez-vous, comme son vice-président, J. Lang, la suppression du poste de Premier ministre ?
R- Non. Indépendamment de la considération que j'ai pour F. Fillon dans l'immédiat, on pourrait dire : mais après F. Fillon, faut-il ? Je crois qu'il faut. Il faut pourquoi ? Parce que si le chef de l'Etat est celui qui doit donner l'impulsion, celui qui doit être le patron, en réalité, il faut aussi un coordonnateur, un chef d'équipe, quelqu'un qui anime l'équipe gouvernementale, ce que fait très bien F. Fillon. Et je crois que cela, c'est le rôle du Premier ministre.
Q- "Sarkozy cherche une américanisation du pouvoir", dit F. Bayrou. Que lui répondez-vous ?
R- Non, je trouve que Sarkozy est très, très, très français.
Q- "Américanisation", cela veut dire : un face à face, en fait, entre un Président d'un côté, et le Parlement de l'autre. C'est un peu ce que souhaite le Président, il veut s'exprimer devant le Parlement, il est le chef de la majorité ?
R- Et ce que je rappelle à F. Bayrou que, ce que souhaite N. Sarkozy c'est que, le Président puisse s'exprimer devant le Parlement, et il souhaite un Parlement fort, mais il veut aussi un exécutif qui puisse agir. Je rappelle qu'aux Etats-Unis, ce qu'oublient beaucoup de gens, c'est que c'est vrai, il y a le Président, il a le Parlement, mais par exemple, le Président des Etats-Unis a un droit de veto. Veut-on cela ? Ce n'est pas du tout dans cet esprit que l'on travaille.
Q- Le Président pourrait aller s'exprimer devant le Parlement, peut-être réuni en Congrès d'ailleurs, une fois par an. Cela veut dire quoi : "Je suis le Président, vous avez élus grâce à moi, vous allez m'obéir, vous êtes mes godillots, voici la feuille de route" ?
R- Eh ben, dites donc ! Si c'était cela, il n'y a pas besoin de se réunir. Non, pas du tout, c'est même l'inverse. C'est : "Vous m'avez élu, pas "vous", spécialement, le Parlement, l'ensemble des Français, moi je vais vous vous dire comment je vois la France aujourd'hui, et ce que je souhaite que nous fassions ensemble". En réalité, on a besoin d'un Président qui puisse avoir un vrai dialogue avec le Parlement. Bien sûr, qu'il n'est pas responsable devant le Parlement, cela, c'est le Gouvernement et le Premier ministre. Mais pour autant, le chef de l'Etat ne peut pas s'exprimer devant le Parlement français ! Est-ce que je peux vous rappeler que le Roi d'Espagne est venu s'exprimer devant le Parlement français ; Moubarak est venu s'exprimer devant le Parlement français...
Q- T. Blair...
R- ...T. Blair, B. Clinton étaient venus. C'est-à-dire tous les chefs d'Etat étrangers peuvent venir parler devant le Parlement français mais pas le Président français ! C'est quand même un peu déraisonnable.
Q- UMP, PS, présidence de l'Assemblée nationale, tout le monde réfléchit aussi à ses propres idées. Craignez-vous un peu une surenchère parlementariste ? Trop de pouvoirs pour le Parlement ?
R- Non, je crois qu'on va avoir... les groupes réfléchissent, c'est normal ; les partis politiques réfléchissent, c'est normal ; les présidents du Sénat et de l'Assemblée réfléchissent, c'est normal. Mon ministère réfléchit, essaye de coordonner et de faire la synthèse, c'est aussi normal. Tout cela va être auditionné par la commission Balladur. Il peut y avoir des différences, d'ailleurs E. Balladur lui-même a dit : fin octobre, on prépare le rapport, et il y aura forcément dans ce rapport des annexes pour/contre. Et puis, on va voir le Gouvernement se saisir de tous ces avis de la Commission, mais aussi des groupes politiques, des partis, préparer un projet de texte, et c'est ce projet qui sera travaillé, débattu par le Sénat et l'Assemblée.
Q- Cela passera-t-il en Congrès avant la fin de l'année 2007 ou plutôt au début 2008 ?
R- Avant la fin de 2007, cela paraît très court, puisqu'il faut, je vous le rappelle, un débat parlementaire et un vote, et de l'Assemblée et du Sénat, avant d'aller devant le Congrès. Je pense plutôt que le Congrès sera en janvier 2008.
Q- Le PS donnera son verdict à l'automne de 2007. Ne craignez-vous pas qu'il y ait une sorte d'échange entre vous, c'est-à-dire, vous donnerez au PS beaucoup plus de proportionnelle, pour être sûr de son vote positif au Congrès ?
R- Non, je ne crois pas du tout que cela se passe comme cela. Je crois que tout le monde, PS, UMP, PC, centristes, tout le monde dit : le travail parlementaire doit être réformé, l'équilibre des pouvoirs doit être revu. On va voir quel est le bout de chemin que l'on peut faire ensemble. Il n'y a pas de deal, il n'y a pas troc, mais il y a une nécessité commune de rééquilibrer les pouvoirs et d'avoir un travail parlementaire différent, rationnel, visible.
Q- Pour ce travail-là, est-ce qu'il ne faudrait pas baisser le nombre de députés nécessaires pour faire un groupe à l'Assemblée nationale, de 20 à 15 ou 10 ?
R- C'est ce que demande le groupe communiste. Je n'étais pas hostile, je le dis franchement, au tout début, lorsqu'il disait : passer à 15 -15 c'est le nombre nécessaire au Sénat, par exemple, même s'il y a moins de sénateurs que de députés. Après, le groupe communiste a dit : passons à 10. A un moment, il faut que cela s'arrête, parce qu'il faut aussi que cela ait une cohérence par rapport à une Assemblée de 577. On peut y réfléchir, on peut travailler dessus, on va voir si cela ne casse pas l'équilibre du travail parlementaire, puisque chaque fois qu'il y a un groupe, il y a temps de parole, il y a participation à un certain nombre de structures, donc, c'est un peu compliqué.
Q- N. Sarkozy s'est adressé aux cadres de l'UMP hier. La fronde contre l'ouverture, c'est terminé ?
R- Il n'y a jamais eu de fronde contre l'ouverture.
Q- Ca a grogné quand même !
R- Non ! Il y a des réticences. Quand vous êtes quelqu'un qui se bat dans une ville et qu'on nomme le maire socialiste de la ville au Gouvernement...
Q- Par exemple Mulhouse.
R- Par exemple. Bah, je comprends qu'il y ait un peu "bon, ah bon, moi j'espérais être candidat contre lui, bon, très bien". Mais il a clairement démontré que si nous voulions réussir pour la France, réussir les réformes, réussir la politique nouvelle, réussir la politique de rupture, il fallait aller au-delà des 53 % du deuxième tour, et je crois que tout cela, tout le monde l'a compris.
Q- Y compris aux municipales ?
R- Y compris celles et ceux qui sont concernés directement ou indirectement par l'ouverture.
Q- Et aux municipales, faut-il continuer ? Il y a des gens de gauche sur des listes de...
R- Bien sûr, je pense que ce qu'il faut que nous mettions en place, ce sont des listes de large rassemblement, de manière à permettre de dire : vous n'êtes pas UMP, vous n'êtes pas centristes, on s'en fiche ! Vous êtes favorables à cette politique de rupture, vous voyez qu'on tient nos promesses, vous avez envie que ça bouge, venez ! Audition de J.-L. Gergorin, d'I. Lahoud, le 27 de D. de Villepin. Y a-t-il eu un complot chiraquien contre Sarkozy dans l'affaire Clearstream ? Seuls les juges diront.
Q- Et votre sentiment ?
R- Je n'ai pas de sentiment en la matière, je ne connais pas assez bien l'affaire. Je ne sais pas. Sincèrement, je me mêle peu des affaires de justice, et dans ce cas-là, encore moins.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 juillet 2007