Texte intégral
En décembre, vous regrettiez que le Traité issu du sommet européen de Nice manquait "d'ambition". Ce "compromis riquiqui" vous allez tout de même le ratifier ?
Le sommet de Nice aurait du être un rendez-vous historique, le coup d'envoi donné à la grande Europe. Manifestement, les chefs d'Etat et de gouvernement n'avaient ni la vision ni le courage ni l'audace d¹engager plus hardiment les réformes de structures nécessaires à la grande Europe. Ils n¹ont pas su non plus fixer un calendrier contraignant d'adhésion à l'Union, comme ils avaient su le faire lorsqu'il s'était agi de l'euro. On a fait le minimum vital de l'élargissement. Mais maintenant l'Europe prend une autre dimension. Avant Nice on discutait à 15. Après Nice il faudra apprendre à discuter à 25 et plus. Je maintiens donc : ce traité est un compromis riquiqui. Mais qui vaut mieux qu¹un échec.
Qu'est ce que vous mettez dans votre grande Europe ?
Pour toute une génération l'enjeu européen a été celui de la construction d'une petite Europe sur les fondements de la réconciliation franco allemande. Pour une nouvelle génération l'enjeu à venir est celui de la construction d¹une grande Europe sur les ruines du Mur de Berlin. En s'élargissant l'Europe ne change pas seulement de dimension, elle change de nature. Elle n'est plus une simple affaire d'économie, elle devient affaire politique. Elle n'est pas une addition d'Etats dans une simple logique de puissance, elle est une réunion de nations et de peuples avec une dimension historique et culturelle forte.
Ou s¹arrêtent les frontières de cette grande Europe ?
La plupart des pères fondateurs de l'Europe sont ou ont été dérangés par la réunification européenne. Certains esprits ne croyaient même pas à la réunification allemande ! Heureusement il y a eu l'audace du Chancelier Kohl. Au moment de la chute du Mur, j'aurais souhaité qu'on fasse preuve d'audace en arrimant très vite les pays sortis du communisme à l'Europe. Quitte à faire une Europe à deux niveaux. L'un politique et militaire qui aurait concerné tous les européens. L'autre économique qui aurait permis l'intégration progressive. Au lieu de cela, on a demandé à ces anciens pays d'Europe de l'Est de faire leur preuve, de restructurer de façon brutale leur économie, d'incorporer quelques 20000 directives et règlements européens dans leur législation. Sans les associer vraiment à la définition commune de ce que devrait être une grande Europe commune.
Quelle peut-être l'évolution institutionnelle de cette grande Europe ?
Une chose est certaine : on ne peut pas faire entrer la grande Europe dans les institutions de la petite Europe. Mais dans le même temps, comme l'avait justement remarqué Valéry Giscard d'Estaing, le projet intégrationniste de la petite Europe d'hier ne peut convenir à la grande Europe de demain. Les institutions de la grande Europe seront moins celles qui viseront à homogénéiser un petit nombre d'Etats-Nations que celles qui permettent à 27 ou 30 pays de vivre ensemble. Les deux piliers institutionnels de cette grande Europe de demain sont inscrits dans les Traité de Maastricht et d'Amsterdam. A savoir, d¹une part le principe de subsidiarité et, d¹autre part, le principe de l'Etat de Droit. L'Europe doit être une construction s'inspirant très largement de l'idée de fédéralisme.
C'est peu ou prou ce que dit François Bayrou, membre comme vous du Parti populaire européen. Pourtant lui se prononce "contre" le Traité de Nice.
La plupart des partis du PPE vont se prononcer "pour" la ratification du Traité, car refuser ce Traité c'est rater la grande Europe. Et il est vrai que cette grande Europe peu déranger ou faire peur car elle condamne définitivement le modèle inspiré des Etats Unis, imaginé naguère pour la petite Europe. La grande Europe ne peut être un super Etat fédéral avec un super Président, un super gouvernement, des supers impôts, une même loi pour tous les Européens. Et ma France n'a pas vocation à devenir le Massachusetts de futur Etats-Unis d'Europe. La force et le génie de l'Europe c'est sa diversité. Et s'il est nécessaire d'avoir des politiques européennes fortes dans des domaines d'intérêts communs, L'Europe n'a pas à tout régenter. La grande Europe reste à dessiner. Ce sera la tache de l'après Nice et du prochain Traité constitutionnel qu'il va falloir préparer en faisant enfin participer tous ceux qui ont vocation à entrer dans cette grande Europe du nouveau siècle.
Vous êtes entrés en campagne présidentielle. La question européenne sera-t-elle au cur des débats de 2002 ?
Difficile de dessiner l'avenir de la France sans lui donner une dimension européenne. La force et le génie de l'Europe c'est sa diversité. Comment transformer cette diversité en unité sans céder à la tentation de l'uniforme. C'est le problème de la nouvelle organisation de la France. C'est aussi un problème européen.
(Source http://www.demilb.com, le 08 mars 2001).
Le sommet de Nice aurait du être un rendez-vous historique, le coup d'envoi donné à la grande Europe. Manifestement, les chefs d'Etat et de gouvernement n'avaient ni la vision ni le courage ni l'audace d¹engager plus hardiment les réformes de structures nécessaires à la grande Europe. Ils n¹ont pas su non plus fixer un calendrier contraignant d'adhésion à l'Union, comme ils avaient su le faire lorsqu'il s'était agi de l'euro. On a fait le minimum vital de l'élargissement. Mais maintenant l'Europe prend une autre dimension. Avant Nice on discutait à 15. Après Nice il faudra apprendre à discuter à 25 et plus. Je maintiens donc : ce traité est un compromis riquiqui. Mais qui vaut mieux qu¹un échec.
Qu'est ce que vous mettez dans votre grande Europe ?
Pour toute une génération l'enjeu européen a été celui de la construction d'une petite Europe sur les fondements de la réconciliation franco allemande. Pour une nouvelle génération l'enjeu à venir est celui de la construction d¹une grande Europe sur les ruines du Mur de Berlin. En s'élargissant l'Europe ne change pas seulement de dimension, elle change de nature. Elle n'est plus une simple affaire d'économie, elle devient affaire politique. Elle n'est pas une addition d'Etats dans une simple logique de puissance, elle est une réunion de nations et de peuples avec une dimension historique et culturelle forte.
Ou s¹arrêtent les frontières de cette grande Europe ?
La plupart des pères fondateurs de l'Europe sont ou ont été dérangés par la réunification européenne. Certains esprits ne croyaient même pas à la réunification allemande ! Heureusement il y a eu l'audace du Chancelier Kohl. Au moment de la chute du Mur, j'aurais souhaité qu'on fasse preuve d'audace en arrimant très vite les pays sortis du communisme à l'Europe. Quitte à faire une Europe à deux niveaux. L'un politique et militaire qui aurait concerné tous les européens. L'autre économique qui aurait permis l'intégration progressive. Au lieu de cela, on a demandé à ces anciens pays d'Europe de l'Est de faire leur preuve, de restructurer de façon brutale leur économie, d'incorporer quelques 20000 directives et règlements européens dans leur législation. Sans les associer vraiment à la définition commune de ce que devrait être une grande Europe commune.
Quelle peut-être l'évolution institutionnelle de cette grande Europe ?
Une chose est certaine : on ne peut pas faire entrer la grande Europe dans les institutions de la petite Europe. Mais dans le même temps, comme l'avait justement remarqué Valéry Giscard d'Estaing, le projet intégrationniste de la petite Europe d'hier ne peut convenir à la grande Europe de demain. Les institutions de la grande Europe seront moins celles qui viseront à homogénéiser un petit nombre d'Etats-Nations que celles qui permettent à 27 ou 30 pays de vivre ensemble. Les deux piliers institutionnels de cette grande Europe de demain sont inscrits dans les Traité de Maastricht et d'Amsterdam. A savoir, d¹une part le principe de subsidiarité et, d¹autre part, le principe de l'Etat de Droit. L'Europe doit être une construction s'inspirant très largement de l'idée de fédéralisme.
C'est peu ou prou ce que dit François Bayrou, membre comme vous du Parti populaire européen. Pourtant lui se prononce "contre" le Traité de Nice.
La plupart des partis du PPE vont se prononcer "pour" la ratification du Traité, car refuser ce Traité c'est rater la grande Europe. Et il est vrai que cette grande Europe peu déranger ou faire peur car elle condamne définitivement le modèle inspiré des Etats Unis, imaginé naguère pour la petite Europe. La grande Europe ne peut être un super Etat fédéral avec un super Président, un super gouvernement, des supers impôts, une même loi pour tous les Européens. Et ma France n'a pas vocation à devenir le Massachusetts de futur Etats-Unis d'Europe. La force et le génie de l'Europe c'est sa diversité. Et s'il est nécessaire d'avoir des politiques européennes fortes dans des domaines d'intérêts communs, L'Europe n'a pas à tout régenter. La grande Europe reste à dessiner. Ce sera la tache de l'après Nice et du prochain Traité constitutionnel qu'il va falloir préparer en faisant enfin participer tous ceux qui ont vocation à entrer dans cette grande Europe du nouveau siècle.
Vous êtes entrés en campagne présidentielle. La question européenne sera-t-elle au cur des débats de 2002 ?
Difficile de dessiner l'avenir de la France sans lui donner une dimension européenne. La force et le génie de l'Europe c'est sa diversité. Comment transformer cette diversité en unité sans céder à la tentation de l'uniforme. C'est le problème de la nouvelle organisation de la France. C'est aussi un problème européen.
(Source http://www.demilb.com, le 08 mars 2001).