Interview de M. Jean-Louis Borloo, ministre d'Etat, ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, à RTL le 23 août 2007, sur le dérèglement climatique, la biodiversité et l'ouverture politique.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

Richard Arzt : Bonjour Jean-Louis Borloo On ne compte plus cet été les régions de   France où il n'arrête pas de pleuvoir. Que fait le gouvernement ?
Jean-Louis Borloo : Vous avez raison. Je vais à Toulouse tout à l'heure à Météo France voir   les chercheurs, les savants, nos prévisionnistes d'abord pour faire le   point, comme l'a fait A. Merkel en Allemagne. Alors ce qui est clair   c'est que jamais on a eu autant de pluie dans le Nord, la partie plutôt   nord de l'Europe. Et jamais la sécheresse n'a été aussi forte dans la   partie sud de l'Europe. Alors je veux qu'on rende les choses objectives.   Les chiffres réels. C'est une situation qui est très, très forte à Thonon,   Alençon, au Mans, à Caen. Et puis travailler avec les climatologues,   enfin ceux qui essaient de comprendre ce qui se passe en France, en   Europe et dans le monde. Car il ne vous a pas échappé non plus que   jamais la Grande Bretagne a été autant sous l'eau que pendant cet été ;   il y a des moussons....
QUESTION : C'est ça, en fait. Le maximum qu'on pouvait faire, c'est des   constats en somme ?
Jean-Louis Borloo : Non.
QUESTION : Des constats améliorés ?
Jean-Louis Borloo : Non, d'abord il faut dire aux Français ce qui se passe. Ils ont tous le   sentiment, en gros, que l'été a été pourri, pourri parce que trop pluvieux   dans certains endroits. Et pourri parce que trop chaud dans d'autres   endroits.
QUESTION : Et avec des événements ponctuels et terribles aussi comme le   cyclone.
Jean-Louis Borloo : Le cyclone Dean. On voit bien qu'il y a un dérèglement climatique.   Encore faut-il le quantifier, puis deuxièmement, vous savez que la   France a lancé un énorme débat sur le Grenelle de l'environnement dont   un des six thèmes majeurs est le dérèglement climatique....
QUESTION : En quoi le Grenelle de l'environnement va pouvoir être utile par   rapport à ce dérèglement considérable ?
Jean-Louis Borloo : Le dérèglement climatique, d'où vient-il ? Il vient de l'activité   humaine. Il vient de notre modèle économique. Il vient de votre   appartement qui est probablement une passoire à 200 kilowatts/heure le   mètre carré ; ce qui est un scandale, de la folie pure...
QUESTION : Je vérifierai.
Jean-Louis Borloo : Vous vérifierez ce gâchis alors qu'on sait faire des systèmes à peu près   compacts. Si vous voulez, nous avons depuis, en gros, ce siècle-là,   prélevé sur la nature, pour notre développement économique apparent.   Un certain nombre de pays se sont engagés, c'est le protocole de   Kyoto ; la France vient de prendre une décision majeure : d'abord,   mettre sous le même ministère toutes les fonctions apparemment   contradictoires : l'industrie, l'énergie, les transports, l'écologie et   deuxièmement....
QUESTION : Et c'est payant ça ?
R.-... Attendez. Un grand débat démocratique à la demande des ONG avec   les ONG, la CGT, le MEDEF, les collectivités locales et l'État, à la fin   du mois de septembre. Sur tous les sujets : biodiversité, santé   environnement, climat, etc. Des propositions vont être faites. Elles   seront mises sur Internet pour que tous les Français...
QUESTION : Ce sont des propositions qui seront faites par les Français. Ce sont   eux qui...
Jean-Louis Borloo : Ces groupes de travail : 300 personnes qui travaillent, qui seront soumis   aux Français ; cela a été très étudié avec des scientifiques. On va   proposer une vingtaine de plans d'action, notamment thermiques,   notamment sur la biodiversité. Vous verrez que votre santé va changer   parce que, permettez moi un mot sur le climat. Quand le climat ne va   pas bien, c'est la même raison, c'est la même chose que quand vous   avez la bronchiolite des enfants.
QUESTION : S'il vous plaît, est-ce que le débat qui va avoir lieu au Grenelle de   l'environnement, sur les OGM, servira à préparer une loi ?
Jean-Louis Borloo : Oui.
QUESTION : Directement ? C'est aussi direct que ça ?
Jean-Louis Borloo : On est dans une situation qui est complètement hypocrite en France. On   n'a pas osé faire de loi pour transcrire la directive européenne. On a fait   un décret. Oui on va faire une loi. Oui clairement ; de toute façon   l'Europe va réévaluer sa politique sur les OGM dans un an. Là, il n'y a   aucun sujet tabou. La confédération paysanne d'ailleurs est présente au   Grenelle. Je pense que d'ici une quinzaine de jours, on aura une   position claire, que j'espère consensuelle.
QUESTION : L'ours dans les Pyrénées. Est-ce qu'il faut en amener d'autres ou   bien se limiter à ceux qu'on a déjà amenés ? C'est un consensus   possible ?
Jean-Louis Borloo : Au-delà de l'ours ; il y a une évaluation qui est en cours. La biodiversité   ce n'est pas une affaire de romantisme. C'est essentiel. 40% des espèces   de poissons sont en péril. Vous avez aujourd'hui plus de destructions   d'espèces animales que pendant les 250 dernières années. Tous les ans...
QUESTION : Votre rôle, c'est d'en faire prendre conscience ?
Jean-Louis Borloo : Regardez l'histoire des abeilles. Actuellement les abeilles sont en train   de ... il y a une calamité. Vous ne vivrez plus s'il n'y a pas d'abeilles   parce qu'il n'y a plus de pollinisation. Donc, il faut bien comprendre   que le problème de la biodiversité n'est pas un problème de   romantisme. Ce n'est pas un problème simplement de respect. C'est un   problème essentiel de notre survie.
QUESTION : Vous expliquerez cela dans les Pyrénées ? À ceux qui sont contre   l'ours.   Absolument.   Du point de vue de la météo politique, qu'en est-il ? Est- elle au   beau fixe pour les équipes du gouvernement Sarkozy ?  
Jean-Louis Borloo : En cent jours, je trouve que le Président a fait une performance énorme   au plan international, au plan français. Le respect des engagements.   Quand on voit ce gouvernement, quand on voit R. Dati, Garde des   sceaux exceptionnelle. Quand on voit les camarades qui représentent la   France ; quand on voit B. Kouchner, quand on voit C. Lagarde.   Globalement les Français se sentent quand même un peu plus en forme.   Je crois qu'ils sont assez fiers de leur pays. Je pense que l'image de la   France évolue.
QUESTION : Est-ce qu'il y aura de l'ouverture du côté des radicaux de gauche,   on avait cru que ça se faisait ; est-ce qu'il se pourrait que vous, qui   présidez le parti radical, vous voyez arriver vers vous des copains ?
Jean-Louis Borloo : Moi, je pense que F. Mitterrand avait figé la ligne politique en France,   géographiquement d'ailleurs entre le sud-ouest et le nord et l'est pour   les radicaux. Je pense qu'il faut faire bouger ces lignes là. Nous   soumettrons le 15 septembre à nos propres formations un chemin de   réconciliation des grands radicaux français. On verra si on aboutit, mais   enfin je prépare cela avec J.-M. Baylet.
QUESTION : Vous auriez pu dans les jours qui viennent aller à Quimper aux   journées d'été des Verts. Ils ont pensé vous inviter, ils ont hésité et   finalement vous n'êtes pas invité. Vous le regrettez ?
Jean-Louis Borloo : Non, c'est moi qui les invite. J'invite tous les parlementaires Verts et   l'institution bien entendu, à participer aux conclusions et aux débats sur   le Grenelle. Vous savez, ils ont été des précurseurs en France et ailleurs   sur un sujet qui était considéré comme un peu particulier ou spécifique   alors que c'est le sujet ...
QUESTION : Et aujourd'hui ils sont encore utiles dans le débat ?
Jean-Louis Borloo : Evidemment et de toute façon, ils font partie d'une chaîne de R. ?? Dumont, B. Lalonde, A. Waechter, D.Voynet, M.-C. Blandin, tout ça, ça fait partie d'une chaîne humaine dont je me sens au fond assez   proche.
Richard Arzt : Merci Jean-Louis Borloo.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 23 août 2007