Texte intégral
S. Soumier C. Lagarde, bonjour. Merci d'être avec nous ce matin. Est-on au bout là de la crise ? Peut-être pas encore ? Enfin, je vais vous demander un petit sentiment ...C'est vrai qu'on a des rebonds en Europe, aux Etats-Unis, là maintenant en Asie, c'est très spectaculaire. Vous restez prudente ou pas ?
R.- On a eu un très joli rebond vendredi sur les bourses américaines, et la bourse française en particulier qui a clôturé à 1,86 après être passée par plus 3 pendant la séance, ce qui est très très bon signe, et je crois que c'est une réplique aux mesures qui ont été prises par les places en général et en particulier par la Réserve fédérale américaine qui a remonté son taux d'escompte de 0,5. Est-ce qu'on est au bout ? C'est très difficile de le dire. Aujourd'hui, ce matin donc, en Asie, toutes les Bourses ouvrent en très forte hausse. Moi je me méfie toujours un petit peu des mouvements des places asiatiques parce qu'elles sont assez erratiques à la hausse et à la baisse, c'est-à-dire qu'elles montent très fort, elles descendent très bas, et je crois que c'est plutôt la tendance qui est importante, elles ouvrent toutes à la hausse. Et en particulier la place de Tokyo qui est une place importante. L'économie japonaise est la deuxième économie du monde, elle est fortement exportatrice, avec des mouvements sur la valeur Yen très forte à la hausse, qui reflétaient donc la fuite vers les liquidités. Moi, je pense qu'on a le gros de la crise derrière nous ; je n'exclus pas du tout que, sur le marché américain en particulier, un certain nombre de maisons ou de fonds se trouvent en difficulté, mais c'est assez classique de l'économie américaine et de la finance américaine, qui pèchent bien souvent par excès, c'est-à-dire qu'on se gorge d'abord, on dégorge ensuite. Il y a un petit peu ce phénomène là, et bien souvent l'attitude des autorités américaines, eh bien, c'est de laisser faire les forces du marché, et de considérer que lorsque la mer se retire, les plus solides survivent et les plus faibles,c'est-à-dire ceux qui étaient mal gérés, ceux qui étaient mal dotés, ceux dont les fonds étaient fragiles, eh bien sont fragiles à leur tour, et je ne pense pas qu'on se retrouve dans une situation à la LTCM 1998 où il y avait eu un effort de ralliement pour voler au secours de LTCM. Je crois que si les difficultés devaient affecter de petites maisons, de petits fonds, des « hedge fonds » en particulier, je ne suis pas sûre les autorités américaines souhaiteraient nécessairement renflouer et remonter les opérateurs.
Q.- Il faut que le niveau de douleur soit élevé, c'est ce qu'on dit aux Etats-Unis, et pourtant on entend partout que la FED est prête à massivement baisser ses taux d'intérêt aujourd'hui, comme s'il fallait quand même essayer de préserver le système et peut-être essayer de préserver ceux qui ont joué avec le feu ?
R.- Je crois que c'est plutôt le souci, enfin c'est un peu la pratique de la FED de manière générale. Je crois que c'est un très bon test de la pratique de monsieur Bernanke, qu'on voit là à l'oeuvre, sur une période de crise, mais ça a toujours la pratique de la FED que de regarder les effets des crises financières, et des mouvements sur le marché financier, sur l'économie réelle. Et je crois que le mouvement de baisse du taux d'escompte de 0,5 est une mesure destinée à soutenir les opérateurs, soutenir les entreprises, leur permettre d'accélérer un peu plus facilement à du refinancement, plutôt que le souci de protéger les opérateurs financiers, divers et variés.
Q.- Alors venons-en à notre économie réelle, madame Lagarde, et je vais vous dire les choses très franchement, on a du mal à comprendre pourquoi vous ne voulez pas réévaluer vos estimations de croissance ? 2,25, aujourd'hui, cela parait inatteignable, tout simplement inatteignable.
R.- Je suis contente que vous disiez 2,25, parce que j'ai lu ici sous la plume des uns ou des autres 2,25 à 2,5 ; tous nos calibrages de budget ont été faits sur la base de 2,25...
Q.- Avant les vacances vous étiez venue ici - je vous en remercie d'ailleurs - vous aviez dit 2,5...
R.- Tous nos calibrages de budget - c'est ça qui est important, le prévisionnel de croissance n'a d'intérêt que par rapport au budget que l'on développe pour l'année 2007, et ensuite prévisionnel pour 2008... Donc c'est bien sur la base de 2,25 que tout a été calibré. Est-ce qu'on va atteindre les 2,25 aujourd'hui ? Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que pour les atteindre, on doit avoir des objectifs extrêmement ambitieux, pour les troisième et quatrième trimestres. Point numéro un.
Q.- 0,8. C'est au moins 0,8.
R.- Absolument. On ne peut pas, sur la base d'un chiffre d'un trimestre, réviser comme ça, du jour au lendemain, notre prévisionnel de croissance. Pourquoi ? Parce que si vous observez la manière dont les chiffres sont élaborés et la manière dont ils sont corrigés, à peu près deux fois sur trois, l'INSEE révise un ou deux trimestres plus tard ces appréciations, et il se peut tout à fait que le trimestre prochai,n l'INSEE nous dise : ah premier trimestre est revu un peu à la hausse, ou revu un peu à la baisse. Il se peut aussi que le trimestre suivant il me dise : ce n'est pas du 0,3, c'était du 0,4.
Q.- Sauf que, même si l'économie réelle ne sera pas impactée fortement par cette crise financière, n'empêche qu'il faudrait une relance de l'investissement importante pour arriver à ces 0,8 de croissance sur les six mois qui viennent. Enfin en plus il vous faut deux fois 0, 8 !
R.- On a trois moteurs de croissance. On a la consommation qui se porte très bien actuellement, et dont on espère que, grâce aux mesures de pouvoir d'achat qui sont contenues dans le projet "TEPA" qui va entrer en vigueur, la consommation va continuer à se développer et continuer à soutenir l'économie. Ce n'est pas le seul moteur, il y en a deux autres. Il y a l'investissement, qui était à zéro sur le deuxième trimestre 2007, ce qui moi ne me surprends pas, ça ne me surprend pas que l'investissement ait été à zéro....
Q.- Dans cette crise financière, vous pensez que des chefs d'entreprise là vont aller prendre des risques ? Ils n'ont pas de visibilité !
R.- Ecoutez, ce que je crois, c'est que pendant toute période pré-électorale présidentielle, il y une espèce d'attentisme, tout simplement parce que les entreprises ne savent pas qui sera le patron à l'Elysée deux mois plus tard. Et on constate ce phénomène chez les chefs d'entreprise français, aussi chez les investisseurs étrangers. On a eu des investissements directs étrangers largement atones pendant les quatre mois qui ont précédé l'élection présidentielle. Ce n'est pas du tout étonnant. Et moi je suis convaincue qu'un certain nombre d'entreprises sont en train d'investir, vont continuer à investir, on ne va pas rester à un 0 %. D'autre part - et ça, ça fait partie des mesures que nous examinerons ce matin et dans les jours qui viennent avec le Premier ministre et avec le président de la République -, nous devons engager un dialogue avec les banques, pour qu'elles ne profitent pas de la situation de crise financière dans laquelle nous sommes passés, pour durcir les conditions d'octroi du crédit. Je rappelle au passage aussi que la mesure qui permet...
Q.- Pourquoi ? Il faut absolument maintenir l'immobilier ?
R.- Non, non, ce n'est pas sur l'immobilier, c'est sur l'investissement des entreprises. Moi je ne voudrais pas qu'au passage de la crise, les banques décident, quel que soit le taux d'intérêt, dont j'espère qu'il ne va pas augmenter de manière significative, que les banques en profitent pour durcir tellement les conditions d'octroi du crédit, que les entreprises se trouvent en difficulté pour recourir à de l'emprunt pour faire leurs investissements. Et puis je rappelle au passage que, dans le projet "TEPA", on a prévu que tous les redevables de l'ISF peuvent s'acquitter de leur ISF en finançant des PME. Donc là on crée une espèce de troisième courant, si vous voulez pour permettre aux PME d'avoir recours à de l'investissement.
Q.- Le problème, c'est qu'avec ce volontarisme - on va vous donner crédit d'une forme de volontarisme -, vous allez prêter le flanc, pour les six mois qui viennent, à l'idée qu'ont commencée à développer les socialistes, c'est-à-dire que les comptes budgétaires ne sont pas sincères et honnêtes. C'est-à-dire que vous vous êtes basés sur une estimation de croissance qui est illusoire.
R.- On avait toutes les raisons de rester sur un prévisionnel de croissance de 2, 25. Il faut maintenant qu'on voit à l'aune, un, les conséquences de la crise financière, deux, de ce qui se développe actuellement sur le marché au niveau des entreprises et du maintien de la consommation de nos consommateurs, si on arrive à tenir dans nos 2,25. Ce n'est pas du ...
Q.- La réévaluation à la baisse des objectifs n'est pas exclue, à vous entendre ?
R.- On ne va pas mentir ni aux Français, ni à nous-mêmes ; il faut qu'on soit tout à fait lucides et pour être crédibles mais on ne peut pas sur la base d'un chiffre sur un trimestre revoir tous les prévisionnels de croissance et surtout de budget, parce que le prévisionnel de croissance n'a d'intérêt que par rapport à la détermination des budgets.
Q.- Et là-dessus le Conseil constitutionnel finalement vous rend service, non ?
R.- Ah oui, oui, alors attendez, le Conseil constitutionnel me rend infiniment service en validant les trois points sur lesquels le Parti socialiste avait saisi le Conseil constitutionnel, c'est-à-dire la validité des heures supplémentaires en brut et net d'impôt pour les salariés, le bouclier fiscal à 50 % et les investissements d'ISF y compris par le biais des FIP. Alors là, je dis bravo...
Q.- Et en allégeant la facture de 1,5 milliard à deux milliards sur les intérêts d'emprunt.
R.- Ça, c'est un autre débat. Sur les intérêts d'emprunt, je rappelle à vos auditeurs notamment que la déductibilité des intérêts d'emprunt pour l'acquisition d'une résidence principale, est un principe acquis pour l'avenir, c'est-à-dire que toutes les promesses de vente qui ont été conclues à partir du 6 mai ouvrent droit à la déductibilité des intérêts d'emprunt. En revanche, pour ce qu'on appelle le stock, c'est-à-dire les emprunts qui ont été conclus avant et dont le cinq premières années devaient être prises en compte, là le Conseil constitutionnel nous dit deux choses. Il nous dit : 1, principe d'égalité devant l'impôt ; 2, principe de proportionnalité, est-ce que le coût de la mesure est proportionnel à l'intérêt que vous poursuivez. Et là il nous dit : nous, nous considérons que ce n'est pas constitutionnel. Qu'est-ce que nous faisons ? Eh bien nous reprenons l'épure, on remet l'ouvrage sur le chantier et nous allons proposer ce matin, au président de la République et au Premier ministre, un certain nombre d'options qui permettront d'atteindre l'objectif qui avait été prévu par le président de la République dans ses promesses. Le coût, on va le calibrer, on va le valider. Ce que nous voulons faire maintenant c'est évidemment répondre au Conseil constitutionnel puisqu'il y a deux griefs : égalité devant l'impôt, proportionnalité de la mesure.
Q.- Merci, madame Lagarde, d'avoir été avec nous ce matin.
R.- On a eu un très joli rebond vendredi sur les bourses américaines, et la bourse française en particulier qui a clôturé à 1,86 après être passée par plus 3 pendant la séance, ce qui est très très bon signe, et je crois que c'est une réplique aux mesures qui ont été prises par les places en général et en particulier par la Réserve fédérale américaine qui a remonté son taux d'escompte de 0,5. Est-ce qu'on est au bout ? C'est très difficile de le dire. Aujourd'hui, ce matin donc, en Asie, toutes les Bourses ouvrent en très forte hausse. Moi je me méfie toujours un petit peu des mouvements des places asiatiques parce qu'elles sont assez erratiques à la hausse et à la baisse, c'est-à-dire qu'elles montent très fort, elles descendent très bas, et je crois que c'est plutôt la tendance qui est importante, elles ouvrent toutes à la hausse. Et en particulier la place de Tokyo qui est une place importante. L'économie japonaise est la deuxième économie du monde, elle est fortement exportatrice, avec des mouvements sur la valeur Yen très forte à la hausse, qui reflétaient donc la fuite vers les liquidités. Moi, je pense qu'on a le gros de la crise derrière nous ; je n'exclus pas du tout que, sur le marché américain en particulier, un certain nombre de maisons ou de fonds se trouvent en difficulté, mais c'est assez classique de l'économie américaine et de la finance américaine, qui pèchent bien souvent par excès, c'est-à-dire qu'on se gorge d'abord, on dégorge ensuite. Il y a un petit peu ce phénomène là, et bien souvent l'attitude des autorités américaines, eh bien, c'est de laisser faire les forces du marché, et de considérer que lorsque la mer se retire, les plus solides survivent et les plus faibles,c'est-à-dire ceux qui étaient mal gérés, ceux qui étaient mal dotés, ceux dont les fonds étaient fragiles, eh bien sont fragiles à leur tour, et je ne pense pas qu'on se retrouve dans une situation à la LTCM 1998 où il y avait eu un effort de ralliement pour voler au secours de LTCM. Je crois que si les difficultés devaient affecter de petites maisons, de petits fonds, des « hedge fonds » en particulier, je ne suis pas sûre les autorités américaines souhaiteraient nécessairement renflouer et remonter les opérateurs.
Q.- Il faut que le niveau de douleur soit élevé, c'est ce qu'on dit aux Etats-Unis, et pourtant on entend partout que la FED est prête à massivement baisser ses taux d'intérêt aujourd'hui, comme s'il fallait quand même essayer de préserver le système et peut-être essayer de préserver ceux qui ont joué avec le feu ?
R.- Je crois que c'est plutôt le souci, enfin c'est un peu la pratique de la FED de manière générale. Je crois que c'est un très bon test de la pratique de monsieur Bernanke, qu'on voit là à l'oeuvre, sur une période de crise, mais ça a toujours la pratique de la FED que de regarder les effets des crises financières, et des mouvements sur le marché financier, sur l'économie réelle. Et je crois que le mouvement de baisse du taux d'escompte de 0,5 est une mesure destinée à soutenir les opérateurs, soutenir les entreprises, leur permettre d'accélérer un peu plus facilement à du refinancement, plutôt que le souci de protéger les opérateurs financiers, divers et variés.
Q.- Alors venons-en à notre économie réelle, madame Lagarde, et je vais vous dire les choses très franchement, on a du mal à comprendre pourquoi vous ne voulez pas réévaluer vos estimations de croissance ? 2,25, aujourd'hui, cela parait inatteignable, tout simplement inatteignable.
R.- Je suis contente que vous disiez 2,25, parce que j'ai lu ici sous la plume des uns ou des autres 2,25 à 2,5 ; tous nos calibrages de budget ont été faits sur la base de 2,25...
Q.- Avant les vacances vous étiez venue ici - je vous en remercie d'ailleurs - vous aviez dit 2,5...
R.- Tous nos calibrages de budget - c'est ça qui est important, le prévisionnel de croissance n'a d'intérêt que par rapport au budget que l'on développe pour l'année 2007, et ensuite prévisionnel pour 2008... Donc c'est bien sur la base de 2,25 que tout a été calibré. Est-ce qu'on va atteindre les 2,25 aujourd'hui ? Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que pour les atteindre, on doit avoir des objectifs extrêmement ambitieux, pour les troisième et quatrième trimestres. Point numéro un.
Q.- 0,8. C'est au moins 0,8.
R.- Absolument. On ne peut pas, sur la base d'un chiffre d'un trimestre, réviser comme ça, du jour au lendemain, notre prévisionnel de croissance. Pourquoi ? Parce que si vous observez la manière dont les chiffres sont élaborés et la manière dont ils sont corrigés, à peu près deux fois sur trois, l'INSEE révise un ou deux trimestres plus tard ces appréciations, et il se peut tout à fait que le trimestre prochai,n l'INSEE nous dise : ah premier trimestre est revu un peu à la hausse, ou revu un peu à la baisse. Il se peut aussi que le trimestre suivant il me dise : ce n'est pas du 0,3, c'était du 0,4.
Q.- Sauf que, même si l'économie réelle ne sera pas impactée fortement par cette crise financière, n'empêche qu'il faudrait une relance de l'investissement importante pour arriver à ces 0,8 de croissance sur les six mois qui viennent. Enfin en plus il vous faut deux fois 0, 8 !
R.- On a trois moteurs de croissance. On a la consommation qui se porte très bien actuellement, et dont on espère que, grâce aux mesures de pouvoir d'achat qui sont contenues dans le projet "TEPA" qui va entrer en vigueur, la consommation va continuer à se développer et continuer à soutenir l'économie. Ce n'est pas le seul moteur, il y en a deux autres. Il y a l'investissement, qui était à zéro sur le deuxième trimestre 2007, ce qui moi ne me surprends pas, ça ne me surprend pas que l'investissement ait été à zéro....
Q.- Dans cette crise financière, vous pensez que des chefs d'entreprise là vont aller prendre des risques ? Ils n'ont pas de visibilité !
R.- Ecoutez, ce que je crois, c'est que pendant toute période pré-électorale présidentielle, il y une espèce d'attentisme, tout simplement parce que les entreprises ne savent pas qui sera le patron à l'Elysée deux mois plus tard. Et on constate ce phénomène chez les chefs d'entreprise français, aussi chez les investisseurs étrangers. On a eu des investissements directs étrangers largement atones pendant les quatre mois qui ont précédé l'élection présidentielle. Ce n'est pas du tout étonnant. Et moi je suis convaincue qu'un certain nombre d'entreprises sont en train d'investir, vont continuer à investir, on ne va pas rester à un 0 %. D'autre part - et ça, ça fait partie des mesures que nous examinerons ce matin et dans les jours qui viennent avec le Premier ministre et avec le président de la République -, nous devons engager un dialogue avec les banques, pour qu'elles ne profitent pas de la situation de crise financière dans laquelle nous sommes passés, pour durcir les conditions d'octroi du crédit. Je rappelle au passage aussi que la mesure qui permet...
Q.- Pourquoi ? Il faut absolument maintenir l'immobilier ?
R.- Non, non, ce n'est pas sur l'immobilier, c'est sur l'investissement des entreprises. Moi je ne voudrais pas qu'au passage de la crise, les banques décident, quel que soit le taux d'intérêt, dont j'espère qu'il ne va pas augmenter de manière significative, que les banques en profitent pour durcir tellement les conditions d'octroi du crédit, que les entreprises se trouvent en difficulté pour recourir à de l'emprunt pour faire leurs investissements. Et puis je rappelle au passage que, dans le projet "TEPA", on a prévu que tous les redevables de l'ISF peuvent s'acquitter de leur ISF en finançant des PME. Donc là on crée une espèce de troisième courant, si vous voulez pour permettre aux PME d'avoir recours à de l'investissement.
Q.- Le problème, c'est qu'avec ce volontarisme - on va vous donner crédit d'une forme de volontarisme -, vous allez prêter le flanc, pour les six mois qui viennent, à l'idée qu'ont commencée à développer les socialistes, c'est-à-dire que les comptes budgétaires ne sont pas sincères et honnêtes. C'est-à-dire que vous vous êtes basés sur une estimation de croissance qui est illusoire.
R.- On avait toutes les raisons de rester sur un prévisionnel de croissance de 2, 25. Il faut maintenant qu'on voit à l'aune, un, les conséquences de la crise financière, deux, de ce qui se développe actuellement sur le marché au niveau des entreprises et du maintien de la consommation de nos consommateurs, si on arrive à tenir dans nos 2,25. Ce n'est pas du ...
Q.- La réévaluation à la baisse des objectifs n'est pas exclue, à vous entendre ?
R.- On ne va pas mentir ni aux Français, ni à nous-mêmes ; il faut qu'on soit tout à fait lucides et pour être crédibles mais on ne peut pas sur la base d'un chiffre sur un trimestre revoir tous les prévisionnels de croissance et surtout de budget, parce que le prévisionnel de croissance n'a d'intérêt que par rapport à la détermination des budgets.
Q.- Et là-dessus le Conseil constitutionnel finalement vous rend service, non ?
R.- Ah oui, oui, alors attendez, le Conseil constitutionnel me rend infiniment service en validant les trois points sur lesquels le Parti socialiste avait saisi le Conseil constitutionnel, c'est-à-dire la validité des heures supplémentaires en brut et net d'impôt pour les salariés, le bouclier fiscal à 50 % et les investissements d'ISF y compris par le biais des FIP. Alors là, je dis bravo...
Q.- Et en allégeant la facture de 1,5 milliard à deux milliards sur les intérêts d'emprunt.
R.- Ça, c'est un autre débat. Sur les intérêts d'emprunt, je rappelle à vos auditeurs notamment que la déductibilité des intérêts d'emprunt pour l'acquisition d'une résidence principale, est un principe acquis pour l'avenir, c'est-à-dire que toutes les promesses de vente qui ont été conclues à partir du 6 mai ouvrent droit à la déductibilité des intérêts d'emprunt. En revanche, pour ce qu'on appelle le stock, c'est-à-dire les emprunts qui ont été conclus avant et dont le cinq premières années devaient être prises en compte, là le Conseil constitutionnel nous dit deux choses. Il nous dit : 1, principe d'égalité devant l'impôt ; 2, principe de proportionnalité, est-ce que le coût de la mesure est proportionnel à l'intérêt que vous poursuivez. Et là il nous dit : nous, nous considérons que ce n'est pas constitutionnel. Qu'est-ce que nous faisons ? Eh bien nous reprenons l'épure, on remet l'ouvrage sur le chantier et nous allons proposer ce matin, au président de la République et au Premier ministre, un certain nombre d'options qui permettront d'atteindre l'objectif qui avait été prévu par le président de la République dans ses promesses. Le coût, on va le calibrer, on va le valider. Ce que nous voulons faire maintenant c'est évidemment répondre au Conseil constitutionnel puisqu'il y a deux griefs : égalité devant l'impôt, proportionnalité de la mesure.
Q.- Merci, madame Lagarde, d'avoir été avec nous ce matin.