Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, sur le développement économique et social de la commune de Saint-Benoît et sur le renouvellement de l'organisation commune des marchés du sucre, Saint-Benoît (La Réunion) le 27 janvier 2001.

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Circonstance : Déplacement de M. Jospin à La Réunion et à Mayotte du 24 au 27 janvier 2001-accueil à la mairie de Saint-Benoît

Texte intégral

Messieurs les ministres,
Monsieur le député européen,
Monsieur le maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de me trouver ce matin à Saint-Benoît, chez vous, Monsieur le maire, et aussi chez mon ami Jean-Claude FRUTEAU, conseiller général, ancien maire de Saint-Benoît et aujourd'hui député au Parlement européen. La chaleur de votre accueil me touche beaucoup, au sein de cette ville où je suis venu déjà à plusieurs reprises et dont j'ai eu plaisir à visiter ce matin le marché forain.
Saint-Benoît a su relever le défi d'un développement harmonieux.
Chef-lieu d'arrondissement, pôle économique et social de l'est de la Réunion, Saint-Benoît conjugue l'authenticité de sa culture rurale avec la modernité d'une collectivité entreprenante. Ses succès, Saint-Benoît les doit notamment au dynamisme de ses élus : au vôtre, Monsieur le maire, et, bien sûr, à celui de Jean-Claude FRUTEAU, maire de 1983 à 1999.
Vous avez mis en uvre des projets ambitieux, adaptés à votre ville. En quinze ans, près de 3.000 logements sociaux ont été construits. Le centre-ville a fait l'objet d'un programme d'aménagement qui a bénéficié d'une aide de l'Etat à hauteur de 8,5 millions de francs et qui a été particulièrement réussi.
Vous avez également eu le souci de répondre aux attentes en matière de culture, avec l'inauguration d'une médiathèque, en 1992, la création du festival du court métrage, celle du " média bus " et la mise en uvre du réseau de lecture publique.
Vous avez su engager votre ville dans une démarche dynamique et partenariale grâce à la signature du contrat de ville en mars 2000, puis à celle du contrat local de sécurité, il y a un peu plus d'un mois.
Vous avez soutenu le développement économique. La création de trois zones industrielles, dans le quartier de Bras-Fusil, a permis l'installation d'une soixantaine d'entreprises qui se sont ajoutées aux quelque 800 existant déjà et aux 300 artisans présents dans la ville. Je sais que l'entreprise Emilie que nous visiterons tout à l'heure est représentative de ce dynamisme économique. Cette entreprise, qui fabrique confitures et autres produits à base de fruits locaux, est un exemple de développement réussi.
La protection de l'environnement figure également parmi vos préoccupations. Vous avez consenti un effort particulier pour l'élimination des déchets. Les associations locales prolongent votre action en contribuant à l'embellissement des rivières, des ravines et du littoral.
Forts de toutes ces réalisations -et il y en a bien d'autres encore, que je ne peux toutes citer ici- vous vous tournez vers l'avenir. Je sais que vous mûrissez beaucoup de nouveaux projets pour Saint-Benoît, notamment en matière d'aménagement du territoire, d'animation, de sport et de culture. Ce faisant, vous contribuez en particulier à l'amélioration de la situation de l'emploi à la Réunion.
Pour lutter contre le chômage, vous pouvez compter sur le soutien du Gouvernement.
Les efforts menés au niveau national par le Gouvernement ont été payants : depuis le mois de juin 1997, 962.000 Français ont retrouvé du travail et près de 1.500.000 emplois ont été créés. Le chômage des jeunes à reculé de 40 %. Ces résultats soulignent que le chômage de masse n'est pas une fatalité. Ici, à la Réunion, la baisse du chômage commence à se faire sentir, mais de façon lente. Le chômage atteint encore un niveau que l'on ne saurait accepter. Il nous faut donc redoubler d'efforts.
Conscient que l'emploi est un enjeu vital pour la Réunion, le Gouvernement a mis en place un dispositif de très grande ampleur en faveur du développement économique en outre-mer. Ce dispositif s'articule autour de trois axes. Le premier consiste à aider les entreprises à recruter et à investir, grâce aux baisses de cotisations sociales et au soutien fiscal à l'investissement. Le deuxième axe est la mise en uvre de mesures sociales en faveur de l'emploi des jeunes, grâce au projet initiative-jeunes ou encore au congé de solidarité. Le troisième axe est le soutien au développement grâce à la mobilisation des fonds publics nationaux et européens destinés à la Réunion. Le contrat de plan Etat-Région 2000-2006 est doté d'environ 5 milliards de francs. Quant aux fonds structurels européens, ils s'élèvent à dix milliards de francs pour la même période.
Le Gouvernement veille en effet à ce que la politique de l'Union européenne bénéficie pleinement à la Réunion.
Le Gouvernement soutient le renouvellement de l'organisation commune des marchés du sucre. Monsieur le député européen, vous avez évoqué cette question sur laquelle vous nourrissez quelques inquiétudes. Je tiens à les dissiper. Le Gouvernement est conscient de l'importance, pour l'agriculture réunionnaise, de l'OCM-sucre qui garantit à nos producteurs l'accès au marché communautaire dans des conditions satisfaisantes. Comme vous le savez, Jean GLAVANY, ministre de l'Agriculture, est intervenu vigoureusement sur cette question. La Présidence française de l'Union européenne a obtenu que le Conseil des ministres de l'Agriculture, réuni en décembre dernier, se prononce pour une reconduction de l'OCM-sucre jusqu'en 2006. Le Gouvernement mettra tout en uvre pour que la Présidence suédoise reprenne les conclusions adoptées sous notre Présidence.
Le Gouvernement veille également à ce que l'ouverture du marché communautaire aux exportations des pays les moins favorisés ne se fasse pas aux dépens de nos producteurs. Le Gouvernement n'est, bien sûr, pas hostile à une action communautaire globale en faveur des pays les moins avancés. Ce qui est à craindre, ce n'est pas tant que certaines productions des pays les moins avancés accèdent aux marchés communautaires ; c'est plutôt que d'autres pays tentent de profiter de cette ouverture pour écouler leur propre production. Ce projet devra donc être soigneusement évalué pour éviter qu'il n'ait des effets défavorables pour nos producteurs. En tout état de cause, des instructions ont été données à notre représentant permanent à Bruxelles pour qu'aucune négociation ne s'ouvre à ce sujet avant l'adoption du nouveau règlement de l'OCM-sucre.
Mesdames, Messieurs,
Je quitterai tout à l'heure la Réunion pour Mayotte, au terme d'un séjour trop bref, mais particulièrement dense. Je voudrais ici, à Saint-Benoit, renouveler ma confiance et mon estime aux Réunionnais. L'île de la Réunion doit faire face à de nombreux défis. Elle dispose de multiples atouts pour les relever. L'Etat se tient à ses côtés pour l'y aider. Soyez assurés que le Gouvernement continuera de soutenir vos efforts. Grâce à l'enthousiasme de sa population, grâce au dynamisme de ses élus, et avec le soutien de l'Etat, la Réunion saura, j'en suis convaincu, conforter son avenir et répondre aux attentes de sa jeunesse.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 30 janvier 2001)