Interview de Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, à Europe 1 le 5 octobre 2007, sur les tests ADN pour les candidats à l'immigration, les expérimentations sur les OGM, l'autonomie des universités et la réforme des bourses universitaires.

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Média : Europe 1

Texte intégral

J.-P.  Elkabbach.-  J. Pradel, animateur : V. Pécresse avec J.-P. Elkabbach, un entretien à  suivre en vidéo également sur Europe.fr.  Pour parler des bourses, des universités, des étudiants qui attendent  et qui scrutent vos propos, V. Pécresse bonjour.  Bonjour.  La loi sur l'immigration va retourner à l'Assemblée nationale pour  son adoption définitive. A l'aube, les sénateurs ont voté la loi avec  l'amendement contesté et, cette fois, corrigé. Ministre de la  Recherche, est-ce que vous approuvez cet amendement qui autorise  les tests ADN, et je dirais d'abord l'amendement tel qu'il était à  l'origine ? 
 
R.- Vous savez aussi que je suis non seulement ministre de la Recherche,  mais aussi l'ancien rapporteur de la loi bioéthique à l'Assemblée  nationale en 2003. Donc moi, j'étais très réservée sur cet amendement  parce que je vois bien ce qu'il peut apporter aux étrangers, notamment  dans les pays en guerre qui n'ont plus d'état civil. Si c'est leur donner la  possibilité de faire la preuve... 
 
Q.- Donc à l'origine, vous étiez contre ? 
 
R.- Je trouvais qu'il y avait des aspects positifs, qui étaient de pouvoir faire  preuve d'une filiation sans état civil, mais j'étais très réservée parce que  pour moi, les tests ADN pour la filiation paternelle, ça n'est pas  possible, ça n'est pas l'esprit de la loi bioéthique. La paternité est  sociale, elle n'est pas biologique... 
 
Q.- Est-ce que vous avez été consultée, au moment où ça a été lancé ? 
 
R.- Nous en avons parlé avec B. Hortefeux. Oui, je lui ai dit mes réticences.  Et moi ce que je pense, c'est que l'amendement adopté par le Sénat cette  nuit est un amendement qui va dans le bon sens. Parce qu'il apporte des  garanties sur deux points : d'abord l'intervention du juge qui donne des  garanties en terme de libertés publiques - les tests ne seront prescrits que  si c'est utile aux étrangers -, et en plus, il n'autorise ces tests que pour la  filiation maternelle, or la filiation maternelle ne pose pas de problème  éthique. 
 
Q.- Donc, heureusement qu'il y a les sénateurs pour transformer  l'amendement et qui n'est plus ce qu'il était ? 
 
R.- Non, mais ça s'appelle la démocratie, ça s'appelle le travail  parlementaire. 
 
Q.- Le Comité d'Ethique que vous connaissez, autorité indépendante,  est plutôt contre. Il a estimé hier soir qu'inscrire dans la loi une  identification biologique réservée aux seuls étrangers contredit  l'esprit de la loi et conduirait furtivement à généraliser les  identifications génétiques. 
 
R.- Alors je crois que là-dessus, l'intervention du juge donne des garanties  de protection des libertés publiques importantes, et puis surtout je crois  qu'un outil scientifique n'est pas par nature bon ou mauvais, c'est  l'usage qu'on en fait qui est bon ou mauvais et les garanties éthiques  qu'on donne. Et là, en l'occurrence, là où je diffère de l'avis du Conseil  national d'Ethique, c'est que je considère que si... Les étrangers sont  dans une situation différente : ils veulent faire venir leurs enfants en  France, ils doivent apporter la preuve de la filiation et par tous moyens.  Et quand ils n'ont pas d'état civil parce qu'ils ont été détruits par la  guerre, parce qu'il n'existe plus, eh bien ! Il faut peut-être leur donner  cette possibilité de preuve supplémentaire, je pense que ça les place  dans une situation différente. 
 
Q.- Mais vous savez que la perception publique de l'amendement est  très négative. 
 
R.- Oui, mais je crois que là encore - vraiment je le dis - un outil  scientifique est un outil scientifique, il n'est pas bon ou mauvais par  nature. 
 
Q.- Le président D. Sicard, du Comité d'Ethique, sera demain chez D.  Souchier à partir de 9 heures. Aujourd'hui, vous allez rendre visite  à Toulouse, là dans quelques instants, à l'association « Sauvez la  recherche ». Vous savez qu'elle a lancé une pétition contre cet  amendement, qu'elle rejette les tests sur l'amendement ADN.  Qu'est-ce que vous allez lui dire ? Ce que vous voulez dire là ? 
 
R.- Exactement. 
 
Q.- Vous ne pensez pas que vous allez être rejetée, à moins que vous  ayez le goût du risque ? 
 
R.- Non parce que... d'abord parce que j'ai été la rapporteur de la loi  bioéthique, donc ils savent bien que ces sujets d'éthique me sont chers  et ils savent que je considère la science comme devant toujours avoir  une conscience. 
 
Q.- A Toulouse, les chercheurs ont prévu aussi de vous interroger sur  l'avenir des OGM en France. Est-ce qu'il faut continuer, sous  contrôle, l'expérimentation des OGM ? 
 
R.- Vous savez que dans le cadre du "Grenelle de l'Environnement", toutes  les questions environnementales sont posées. Sur les OGM, la question  est très simple : on ne sait pas, on est dans une zone grise de la science.  Et moi, la position de mon ministère et la mienne profondément, c'est  de dire « quand on ne sait pas, la seule démarche qui vaille c'est la  démarche scientifique ». Une démarche qui est fondée sur le  questionnement, l'expérimentation. Ça ne veut pas dire que les  scientifiques ne se trompent jamais, mais ça veut dire que quand on ne  sait pas, la seule démarche possible c'est la science. Et, j'ajoute que  c'est une question d'indépendance nationale, parce que si jamais nous  arrêtions la recherche sur des sujets aussi répandus - parce que  maintenant, il faut savoir qu'un grand nombre de pays et notamment de  pays en développement, utilisent ces OGM, les commercialisent - si  nous arrêtions la recherche sur les OGM, eh bien ! Nous ne serions plus  en mesure d'assurer cette indépendance. 
 
Q.- Donc il faut continuer à expérimenter ? 
 
R.- Il faut continuer la recherche sur les OGM, mais je crois que c'est la  position du Gouvernement.  ...
 
Q.- Et ne pas céder à J. Bové, à ses amis et à ses détracteurs ? 
 
R.- Non, mais je crois surtout qu'il ne faut pas faire un amalgame entre tous  les OGM. Chaque plante OGM est un cas particulier, il faut envisager  l'adoption d'une loi protectrice. L'exemple allemand est un très bon  exemple de ce qu'il faut sans doute faire, et je crois que J.-L. Borloo et  N. Kosciusko-Morizet sont sur cette ligne aussi. 
 
Q.- V. Pécresse, la loi votée cet été encourage les universités à devenir  autonomes. Est-ce que l'on sait déjà combien d'entre elles ont  réclamé, à ce jour, leur autonomie ? 
 
R.- J'ai plus de la moitié des universités qui m'ont d'ores et déjà répondues,  parce que j'ai envoyé un questionnaire à tous les présidents pour leur  demander s'ils étaient prêts à passer rapidement à l'autonomie. Alors  plus de la moitié ont déjà répondu, mais ce qui est très important, c'est  que je crois que les universités se sont emparées très vite de cet outil de  l'autonomie. D'ici la fin du mois d'octobre, 20 universités auront voté  une nouvelle configuration des conseils d'administration, elles auront  modifié leurs statuts pour prendre... 
 
Q.- Applicables dès cette rentrée ? 
 
R.- Applicables dès cette rentrée, elles vont ensuite élire les nouveaux  conseils d'administration... 
 
Q.- Une vingtaine, c'est-à-dire à peu près le quart... 
 
R.- Le quart. 
 
Q.- Puisqu'il y a 80, 85 universités... 
 
R.- Exactement. 
 
Q.- Et alors, l'autonomie elle-même... 
 
R.- Alors l'autonomie elle-même. 2008 est une année de transition pour  préparer les universités à acquérir cette autonomie, et moi je me fixe  comme objectif, et c'est très ambitieux, que là encore, une vingtaine  d'universités dès le 1er janvier 2009 puissent être complètement  autonomes. 
 
Q.- Et des universités autonomes, V. Pécresse, est-ce que c'est moins  d'échecs...  Ah ben ! Tout le...  Pour les étudiants. 
 
R.- Tout l'objectif est effectivement la réussite des étudiants, pourquoi ?  Parce que l'autonomie va s'accompagner de critères d'évaluation, c'est-à-dire qu'on ne va plus financer les universités sur des critères j'allais  dire un peu automatiques, genre le nombre de m² et le nombre  d'étudiants, mais on leur demande dans la loi de publier des  statistiques... 
 
Q.- Des résultats comme vous dites... 
 
R.- De publier des statistiques de débouchés, des statistiques de poursuites  d'étude, des statistiques sur le redoublement, et donc on va financer les  universités d'une manière différente, les piloter d'une manière  différente en fonction de la réussite, de cet objectif de réussite. 
 
Q.- Est-ce qu'elles auront les moyens suffisants pour se développer,  pour survivre ou est-ce qu'elles devront développer, comme il y a  une sorte de crainte qui monte, le financement privé et le mécénat ? 
 
R.- Alors il y a un engagement très fort du président de la République  confirmé par le Premier ministre, c'est augmenter de 50 % le budget de  l'université en 5 ans. Et ce premier budget 2008 est un budget tout à fait  inédit, puisqu'on a 1,8 milliards d'euros d'augmentation. Par étudiant... 
 
Q.- Mais vous savez en même temps ce qu'on vous répond, que c'est  insuffisant... 
 
R.- C'est une première étape dans un engagement qui est à 5 ans... 
 
Q.- C'est-à-dire l'an prochain, il y aura combien... 
 
R.- Monsieur Elkabbach... 
 
Q.- L'an prochain ça sera à combien, ça sera en augmentation ? 
 
R.- Ça sera le même montant, c'est les engagements du Président... 
 
Q.- Oui, 1,8 milliard. 
 
R.- Mais concrètement, très concrètement, 405 euros par an, par étudiant de  plus en 2008, 405 ! Cela veut dire que c'est un effort colossal...
 
Q.-  Et il faut dire - c'est J.-R. Pitte, dans un débat intéressant du  Figaro ce matin avec B. Julliard, président de l'Unef, qui rappellent  - que la France débourse 6.500 euros seulement par étudiant et par an  en moyenne dans les universités, beaucoup moins dans les filières  littéraires et juridiques, et il estime c'est une somme insignifiante  par rapport à ce qui se fait à l'étranger. 
 
R.- Il faut que J.-R. Pitte, pour lequel j'ai beaucoup d'estime, actualise ses  chiffres. On était l'année dernière à pas loin de 7.000 euros par étudiant, et  l'année prochaine, on sera à 7.375 euros. Donc on rattrape évidemment un  retard qui est considérable, il faut que l'Etat continue son effort mais il  faut aussi, et vous en avez parlé, que les universités apprennent à se  tourner vers des fonds privés. Moi, je n'ai pas de tabous dans ce  domaine, et même si le financement de l'université aujourd'hui est  quasiment à 100 %, je crois qu'il faut développer ces nouveaux  partenariats, ces fondations parce que... 
 
Q.- Dans l'indépendance de l'université ? 
 
R.- Mais bien sûr... 
 
Q.- Vis-à-vis des entreprises, des grands groupes qui pourraient leur  demander... 
 
R.- Mais bien sûr. Indépendance pédagogique ! 
 
Q.-...Autre chose en contrepartie. 
 
R.- Indépendance pédagogique, parce que les diplômes restent évidemment  des diplômes nationaux, les programmes restent nationaux, les jurys  restent des jurys académiques. Mais néanmoins, je pense qu'il faut  vraiment nouer ces partenariats, que tout l'argent privé, y compris  l'argent des personnes physiques parce que les anciens étudiants  doivent aussi verser de l'argent dans l'université, tout le mécénat  possible. La loi de cet été leur permet, avec des défiscalisations très  importantes, de financer l'université, tout l'argent doit s'investir dans  l'éducation de nos enfants. 
 
Q.- Autre chose - vous êtes passionnée -, une des grandes peurs dès la  rentrée en fac pour les étudiants, c'est plus de la moitié des  étudiants qui commencent, savent qu'ils finiront sur le carreau,  qu'ils n'entreront pas en 2ème année. Et c'est J.-R. Pitte, président  de Paris Sorbonne, il explique que chez lui, il y a plus de 72 %  d'échecs. Est-ce qu'il y a un remède « Pécresse » ?
 
R.- Alors ça va être le grand chantier de 2008, la réussite en licence. C'est  un chantier que les syndicats étudiants m'ont demandé d'ouvrir dès  mon arrivée. Je crois que c'est le chantier absolument prioritaire. Alors  il y a 3 aspects dans ce chantier : il y a d'abord la question de  l'orientation des lycéens, il faut orienter les lycéens vers les filières  dans lesquelles ils ont des chances de réussite compte tenu de leur  cursus... 
 
Q.- Ça commence avant le bac ? 
 
R.- Ça commence dès la 1ère ... 
 
Q.- Ça commence dès l'enseignement primaire, d'ailleurs. 
 
R.- Ça commence dès la 1ère, en tout cas on fera ça avec X. Darcos en lien,  et ça s'appelle « l'orientation active », on le mettra en place dès cette  année. Ensuite, il y a la question de la 1ère année que vous avez posée.  Moi je crois - mais nous allons concerter sur cette question et lancer une  grande concertation nationale sur cette question - je crois que la 1ère  année, il faudrait la baptiser « l'année fondamentale ». Aujourd'hui, il y  a trop de spécialisations à l'université, et cette spécialisation est  prématurée... 
 
Q.- Alors, si c'est une année fondamentale, qu'est-ce qu'on fait ? Parce  que c'est vrai que c'est une sélection à l'envers : on échoue en 1ère  année, en 2ème ça ne va pas très bien, et puis en fin de compte on  n'y arrive pas. 
 
R.- L'année fondamentale, pourquoi ? Parce que je vous dis, la  spécialisation est prématurée. Alors ça donne quoi ? Ça donne des  littéraires qui n'ont plus les bases de mathématiques, ça donne des  scientifiques qui perdent l'expression écrite. Il faut qu'on ait dans cette  année beaucoup plus de méthodes, des fondamentaux, de l'anglais, des  langues, des technologies de l'information. Il faut repenser la  conception même de cette première année qui est aussi une première  année où on a le droit de s'être égaré, d'avoir choisi une mauvaise  filière. Donc, on doit être accompagné, "tutoré", réorienté  éventuellement... 
 
Q.- Les profs sont d'accord pour jouer les tuteurs ? 
 
R.- Ecoutez, en tout cas, on a le Conseil national de l'Enseignement  supérieur et de la Recherche qui a présenté un rapport, qui est un  rapport extrêmement intéressant. L'Institut nous en présentera un autre.  Tout le monde se passionne pour cette notion de 1ère année à  l'université, et compte tenu des enjeux, je crois que c'est très important.  J'ajoute qu'il y a un dernier volet de ce chantier « Réussir », qui est la  professionnalisation. Et moi je le dis, dans tous les cursus, il faut de la  professionnalisation, et la professionnalisation ce n'est pas une rustine  qu'on met en 3ème année de licence, où on apprend aux jeunes à  rédiger un CV, à passer un entretien d'embauche, la  professionnalisation ça commence dès la 1ère année. 
 
Q.- C'est extraordinaire ! Quand on arrive dans un ministère, on a  l'impression qu'il faut lancer des chantiers et tout faire repartir de  zéro, comme si rien n'avait existé avant ! 
 
R.- Ecoutez, je ne suis pas du tout dans cette optique-là, au contraire. Moi,  je suis vraiment pour le changement concret, et toutes les mesures que  je peux faire passer, je les fais passer y compris sur les jeunes  doctorants et jeunes chercheurs où j'ai beaucoup transformé les choses. 
 
Q.- Est-ce qu'un jour, peut-être bientôt, il ne faudra pas moduler le  montant des bourses en fonction du travail de l'étudiant, de ses  résultats et même de son mérite ? 
 
R.- Ecoutez, J.-P. Elkabbach, vous venez de mettre le doigt sur l'un des  éléments de la réforme des bourses que nous portons cette année,  puisque dès le 1er janvier, il y aura des bourses au mérite qui seront  attribuées sur critères sociaux à tous les enfants des familles non  imposables, qui sont les lauréats des diplômes universitaires : des BTS,  des IUT, des licences, et ce sera 200 euros par mois qui leur seront donnés  pour la poursuite de leurs études. 
 
Q.- Parce que vous avez B. Julliard qui vous rappelle que la sélection  profite avant tout aux jeunes issus des familles favorisées, c'est  d'autant plus tragique, dit-il, que l'école n'arrive pas à diminuer les  inégalités sociales. 
 
R.- Oui, et la réforme des bourses est un instrument très puissant dans ce  domaine, parce que quand on ne sait pas prévoir ses revenus, du coup  on s'autolimite dans ses ambitions et on n'ose pas aller à l'université. 
 
Q.- Alors à partir de lundi - je le dis très vite devant J. Pradel - pendant  une semaine les Français vont fêter la science, histoire de  rapprocher les chercheurs du public. Et c'est vrai que dans certains  domaines, les chercheurs français ont de l'avance : en  mathématiques, en biologie, en imagerie et fonctionnement du  cerveau et dans les nanotechnologies. Derrière remarque ou  question à V. Pécresse : C. Allègre, il devrait ou il veut entrer dans  le prochain Gouvernement. Est-ce que vous avez besoin de lui à  côté de vous ? 
 
R.- Tout à fait. Mais vous savez que C. Allègre s'était vu proposer mon  ministère, c'est lui qui a refusé... 
 
Q.- D'accord, dans un premier temps. Mais maintenant, vous dites  « tout à fait », c'est-à-dire qu'il y a une place de secrétaire d'Etat,  de ministre délégué... 
 
R.- Oh non ! Ça ne serait pas à la hauteur de son expérience. Non, je pense  que C. Allègre... enfin en tout cas, nous travaillons énormément  ensemble. Sur la question de la réforme de l'université, nous avons  beaucoup travaillé ensemble. C'est quelqu'un qui est très précieux pour  la science. 
 
Q.- C. Allègre, V. Pécresse a besoin de vous, voilà. 
 
R.- Mais il le sait, il le sait. 
 
Q.- Donc, vous avez des contacts fréquents, c'est bien de nous le  révéler. 
 
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 5 octobre 2007