Texte intégral
Chère Valérie [Pécresse] et Cher Hervé [Novelli],
Monsieur le président du conseil régional,
Monsieur le président du conseil général,
Monsieur le Maire,
Monsieur le président directeur général,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec intérêt et, je vous le dis, une grande fierté, que je viens de visiter ces chaînes de production. Elles font la réputation d'Eurocopter. Elles contribuent à faire de Marignane la capitale mondiale de l'hélicoptère.
Je salue les ouvriers, les techniciens, les concepteurs et ingénieurs, dont le professionnalisme et l'esprit d'innovation sont les atouts essentiels de la filière aéronautique. Ici, je vois la France qui travaille et s'engage pour tenir les premiers rangs.
J'ai voulu assister à la signature du protocole d'accord entre vos trois pôles, afin de marquer l'importance que le gouvernement attache à cette stratégie fédératrice.
La recherche et l'innovation sont la clé de la prospérité de demain. La clé de l'emploi. La clé d'une croissance qui a besoin d'être enrichie par nos capacités industrielles. Pour accompagner le développement de la filière aéronautique, l'Etat entend doter ce secteur stratégique d'outils à la mesure de ses ambitions.
La première condition à remplir pour faire de l'économie française une économie compétitive, c'est de disposer d'une Recherche et Développement dynamique.
Dans cet esprit, l'effort de recherche doit être soutenu massivement.
C'est ce que nous avons fait par la réforme radicale du crédit impôt recherche.
À terme, ce sont 2,7 Mdeuros qui seront consacrés chaque année aux entreprises qui se lancent dans la recherche. C'est un effort sans précédent !
Il bénéficiera à la filière aéronautique, pour laquelle la "guerre de la matière grise" est évidemment décisive.
Notre recherche académique, malgré des pesanteurs structurelles que nous levons, est reconnue dans le monde entier. L'un de ses handicaps, c'est aujourd'hui encore sa difficulté à irriguer notre économie.
Avant-hier, le Prix Nobel de physique a été attribué à notre compatriote Albert Fert. C'est un succès magistral qui nous rappelle toute l'urgence qui s'attache à croiser les intérêts de la recherche fondamentale et du développement technologique.
Dans ce contexte, les pôles de compétitivité sont l'un des outils majeurs pour promouvoir l'alliance entre science et technologie.
Leurs premiers succès contribuent déjà à faire évoluer les esprits et les pratiques.
Avec 35 projets de recherche et développement d'ores et déjà labellisés et ayant bénéficié d'un financement public, le pôle mondial Aerospace Valley a très tôt donné l'exemple.
Ces projets illustrent la capacité de ce pôle à développer des liens étroits entre les acteurs de la recherche, de l'enseignement et de l'industrie. Je souhaite que Pégase et ASTech s'inscrivent rapidement dans la même dynamique.
Mais nous devons aller plus loin.
Notre ambition - votre ambition ! - ne doit pas se limiter au montage de projets de R&D collaboratifs. Financer la R&D ne suffit pas ! Cela ne suffit pas si nous ne savons pas aussi réunir les conditions de sa transformation en richesse et en emploi.
Il faut que les pôles de compétitivité deviennent de véritables "clusters", au-delà du rôle, essentiel mais insuffisant, d' « usine à projets de R&D » qu'ils jouent déjà.
Le protocole signé entre Aerospace Valley, ASTech et Pegase, avec son programme de promotion à l'international, est prometteur.
Il va conforter l'essor de ce modèle de recherche partenariale et d'orientation vers les marchés futurs.
Mesdames et messieurs,
Le marché aéronautique est mondial. Le nombre d'acteurs de premier plan est faible. Leur concurrence en est d'autant plus intense.
La France et l'Europe sont bien placées dans cette compétition.
Le chiffre d'affaires du secteur a augmenté fortement, notamment grâce à la croissance du transport de passagers.
Mais, pour autant, rien n'est jamais définitivement acquis dans ce secteur qui ne connaît pas le mot "répit". Les contraintes et la compétition sont de plus en plus fortes. Elles portent à la fois sur les performances et sur les coûts, tous deux dépendant étroitement des technologies disponibles.
Le développement de nouveaux avions ou hélicoptères mobilise des sommes considérables, de plusieurs milliards d'euros, sur des périodes longues, de plusieurs années. Il est donc indispensable de disposer de tous les atouts pour maîtriser cette course à la conception de nouveaux produits.
Dans cette compétition mondiale, nous avons des champions autour desquels nous devons faire bloc. Il y a Airbus, Dassault, mais aussi leurs principaux équipementiers, comme Thalès ou Safran. Et il a bien sûr Eurocopter, qui comme je l'ai dit, a su devenir une référence mondiale dans son domaine.
Et puis, autour de ces grands groupes, il y a toutes ces petites et moyennes entreprises qui, chacune dans sa spécialité, contribuent à l'excellence de toute notre filière aéronautique
Cette filière a remporté et remporte des succès. Mais son avenir reste encore et toujours à consolider et à bâtir. Cette filière va devoir surmonter des défis considérables.
Des défis économiques, d'abord. Avec, bien sûr, le cours particulièrement bas du dollar qui constitue pour vous une préoccupation forte.
Des défis technologiques, ensuite. Les avions de demain, les matériaux du futur, sont en cours de définition. L'aéronautique va connaître une mutation de première importance, avec le poids croissant des matériaux composites dans les futurs avions.
Vous le savez, les segments de fuselage seront de moins en moins métalliques, de plus en plus à base de composites. Ce basculement constitue un changement de paradigme pour le domaine que vous désignez sous le terme "d'aérostructures".
Ce changement, il faut le maîtriser ! Car il se répercute sur la conception des avions, sur leur mode de fabrication, et sur les entreprises qui doivent acquérir équipements et compétences pour dominer ces nouveaux procédés.
Cette transformation est au coeur du processus d'adaptation de la filière.
Celle-ci devra également être au rendez-vous des préoccupations environnementales.
La réduction de la consommation des appareils pour limiter les gaz à effet de serre, et le développement de systèmes intelligents pour une meilleure maîtrise de l'espace aérien, constituent les paramètres incontournables de vos prochaines évolutions.
Et puis il y aura enfin des défis en matière d'organisation industrielle.
La compétitivité de la filière aéronautique dépend largement de sa chaîne de sous-traitance, de son efficacité et de ses performances.
Cette chaîne est constituée de très nombreuses entreprises, plusieurs milliers.
A l'heure où les modes de conception et de production évoluent, il est important que cette chaîne de production évolue, s'adapte, fédère ses forces et fasse émerger des entreprises en mesure d'affronter les mutations technologiques. Des entreprises dotées d'une taille critique et d'une réelle capacité d'innovation.
Bref, la filière doit se moderniser et expérimenter de nouveaux modes d'organisation. Il faut qu'elle sorte consolidée de cette transformation, mais aussi que l'ensemble du tissu des sous-traitants s'épanouisse.
Notre ambition est claire : la base de production industrielle en matière d'aéronautique doit demeurer en France et s'y développer. A l'heure où la concurrence s'aiguise et où les entreprises s'internationalisent, nous devons tous nous retrousser les manches.
Dans cet esprit, le gouvernement a décidé d'un plan de soutien à la filière aéronautique qui est fondé sur quatre objectifs.
1er objectif : c'est un accompagnement stratégique à la structuration de la filière.
Cet objectif repose sur des constats incontournables :
* l'environnement international du secteur appelle une réactivité sans cesse accrue ;
* pour affronter la concurrence, il faut des entreprises dotées d'une taille critique ;
* le développement de la filière dans les cinq prochaines années va offrir de véritables opportunités aux sous-traitants de « rang 1 » d'Airbus, ceux qui seront à même de concevoir et de fabriquer de vastes sous-ensembles des appareils de demain. Le développement de ces acteurs doit donc constituer une priorité, parce qu'ils sont l'une des garanties du maintien d'un tissu de sous-traitants sur le territoire national.
* dans le même temps, l'ensemble de la filière va devoir relever le défi de l'augmentation de la production au cours des prochaines années. La production d'A320 va être portée à 40 avions par mois.
Compte tenu du démarrage du programme A380, c'est donc une augmentation de charge de près de 90% que vont devoir absorber les fournisseurs d'Airbus entre 2006 et 2010. L'enjeu est donc clair : il faut que les sous-traitants PME de rang 2 et au-delà, parviennent à la fois à répondre à cette demande, tout en préparant l'avenir avec le programme A350.
Sur la base de ces constats, nous avons décidé plusieurs types d'actions :
* tout d'abord, nos entreprises ont besoin de conseils et d'expertises. A cette fin, nous allons financer la réalisation de diagnostics stratégiques individualisés dans près de 200 PME, pour faciliter leur adaptation à la montée en charge et à la réorganisation de la filière. Une boîte à outils rassemblant les diverses mesures susceptibles d'aider les PME sera créée. Ce sont 50 Meuros qui seront mobilisés à cette fin. Au fur et à mesure des diagnostics, on apportera ainsi les réponses adaptées aux situations de chaque entreprise en mettant à leur disposition un correspondant au sein des DRIRE.
* ensuite, nous allons créer deux nouveaux outils spécifiques de financement : d'une part, un fonds de garantie, auquel Airbus abondera, destiné aux PME de plus de 250 personnes, pour faciliter leur accès à l'emprunt. Sa dotation devrait être de 10 à 15 Meuros, permettant de garantir de 70 à 100 Meuros.
D'autre part, un fonds de capital développement, consacré aux PME aéronautiques, pour soutenir leurs opérations de croissance. Ce fonds aura pour vocation d'accompagner la croissance et l'émergence d'entreprises capables de se positionner comme des partenaires essentiels de la filière. Il devrait réunir dans un premier temps près de 100 Meuros, apportés notamment par les industriels de la filière et des investisseurs financiers.
Enfin, nous allons nous organiser pour anticiper l'évolution des chaînes de valeur après 2010 et son impact sur l'évolution des métiers et compétences. Pour cela, nous allons mettre en place un réseau de veille stratégique aéronautique.
Deuxième objectif du plan : c'est l'emploi et la formation.
Il faut accompagner les sous-traitants dans leurs démarches d'adaptation, pour qu'ils ne subissent plus frontalement les aléas des carnets de commande et les évolutions technologiques. Dans cette perspective, il convient de conclure rapidement un accord cadre pluriannuel entre Airbus, ses sous-traitants, les OPCA [organismes paritaires collecteurs agréés], les collectivités territoriales concernées et le Service Public de l'Emploi.
Le troisième objectif concerne plus spécifiquement les sous-traitants de "rang 1" du domaine "aérostructures".
J'ai dit à l'instant qu'ils constituaient un maillon essentiel de la filière aéronautique.
Les programmes A350 (et à moyen terme le successeur de l'A320), dont Airbus a entrepris le développement, représentent un enjeu capital pour leur activité future. La production des éléments d'aérostructure de cet appareil permettra, en effet, d'alimenter leur plan de charge sur un horizon d'une trentaine d'années. Le maintien de leur compétitivité doit être, pour nous, une priorité.
Nous allons donc accompagner leur croissance en mobilisant tous les acteurs financiers et industriels compétents. Des crédits publics viendront en appui, à hauteur d'environ 100 Meuros sur les cinq années à venir.
Quatrième objectif : nous voulons assurer un soutien sectoriel fort à la recherche et au développement.
Avec le Président de la république, nous avons engagé un effort significatif en faveur de la recherche. La combinaison des crédits publics et du crédit d'impôt recherche permettent de disposer d'une capacité d'action considérable. Au total, ce sont près de 150 Meuros qui seront mobilisés en 2008 sous forme de diverses aides directes : crédits de la DPAC, pôles de compétitivité, soutien de l'ANR, soutien d'OSEO-AII...
Par ailleurs, le crédit d'impôt recherche devrait permettre de mobiliser des sommes comparables, proches de 150 Meuros.
Cet effort s'inscrira dans la durée.
Pour le seul segment Airbus en particulier, ce sont près de 100 Meuros qui seront mobilisés annuellement, principalement au travers d'aides directes à la R&D. C'est sans précédent. C'est presque un quadruplement de notre effort, ce qui nous place en tête des pays européens concernés.
Je veillerai à ce que cet effort joue un effet d'entraînement vis-à-vis de nos partenaires de l'Union.
A ces montants, s'ajoutent d'ailleurs les crédits de la commission européenne, qui a prévu, dans le cadre de l'initiative « Clean Sky » portée par les industriels du secteur, et appuyée par la France, de soutenir massivement la recherche aéronautique dans le domaine de l'environnement.
Voilà, mesdames et messieurs, l'ambition qui nous anime et les moyens nouveaux qu'elle exige et que nous lui donnons.
On parle beaucoup ces jours ci d'EADS... Une enquête est en cours, et toute la transparence devra être faite. Nous la devons à tous ceux qui se battent dans ce secteur si stratégique de l'aéronautique. Nous la devons aux ouvriers, aux techniciens, aux ingénieurs et à vous tous. Aujourd'hui, je suis venu défendre une industrie de pointe qui mérite tout notre soutien et tous les éloges. Je suis venu lui offrir des atouts supplémentaires pour tenir son rang et nourrir ses espoirs qui se confondent avec ceux de la France.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 octobre 2007
Monsieur le président du conseil régional,
Monsieur le président du conseil général,
Monsieur le Maire,
Monsieur le président directeur général,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec intérêt et, je vous le dis, une grande fierté, que je viens de visiter ces chaînes de production. Elles font la réputation d'Eurocopter. Elles contribuent à faire de Marignane la capitale mondiale de l'hélicoptère.
Je salue les ouvriers, les techniciens, les concepteurs et ingénieurs, dont le professionnalisme et l'esprit d'innovation sont les atouts essentiels de la filière aéronautique. Ici, je vois la France qui travaille et s'engage pour tenir les premiers rangs.
J'ai voulu assister à la signature du protocole d'accord entre vos trois pôles, afin de marquer l'importance que le gouvernement attache à cette stratégie fédératrice.
La recherche et l'innovation sont la clé de la prospérité de demain. La clé de l'emploi. La clé d'une croissance qui a besoin d'être enrichie par nos capacités industrielles. Pour accompagner le développement de la filière aéronautique, l'Etat entend doter ce secteur stratégique d'outils à la mesure de ses ambitions.
La première condition à remplir pour faire de l'économie française une économie compétitive, c'est de disposer d'une Recherche et Développement dynamique.
Dans cet esprit, l'effort de recherche doit être soutenu massivement.
C'est ce que nous avons fait par la réforme radicale du crédit impôt recherche.
À terme, ce sont 2,7 Mdeuros qui seront consacrés chaque année aux entreprises qui se lancent dans la recherche. C'est un effort sans précédent !
Il bénéficiera à la filière aéronautique, pour laquelle la "guerre de la matière grise" est évidemment décisive.
Notre recherche académique, malgré des pesanteurs structurelles que nous levons, est reconnue dans le monde entier. L'un de ses handicaps, c'est aujourd'hui encore sa difficulté à irriguer notre économie.
Avant-hier, le Prix Nobel de physique a été attribué à notre compatriote Albert Fert. C'est un succès magistral qui nous rappelle toute l'urgence qui s'attache à croiser les intérêts de la recherche fondamentale et du développement technologique.
Dans ce contexte, les pôles de compétitivité sont l'un des outils majeurs pour promouvoir l'alliance entre science et technologie.
Leurs premiers succès contribuent déjà à faire évoluer les esprits et les pratiques.
Avec 35 projets de recherche et développement d'ores et déjà labellisés et ayant bénéficié d'un financement public, le pôle mondial Aerospace Valley a très tôt donné l'exemple.
Ces projets illustrent la capacité de ce pôle à développer des liens étroits entre les acteurs de la recherche, de l'enseignement et de l'industrie. Je souhaite que Pégase et ASTech s'inscrivent rapidement dans la même dynamique.
Mais nous devons aller plus loin.
Notre ambition - votre ambition ! - ne doit pas se limiter au montage de projets de R&D collaboratifs. Financer la R&D ne suffit pas ! Cela ne suffit pas si nous ne savons pas aussi réunir les conditions de sa transformation en richesse et en emploi.
Il faut que les pôles de compétitivité deviennent de véritables "clusters", au-delà du rôle, essentiel mais insuffisant, d' « usine à projets de R&D » qu'ils jouent déjà.
Le protocole signé entre Aerospace Valley, ASTech et Pegase, avec son programme de promotion à l'international, est prometteur.
Il va conforter l'essor de ce modèle de recherche partenariale et d'orientation vers les marchés futurs.
Mesdames et messieurs,
Le marché aéronautique est mondial. Le nombre d'acteurs de premier plan est faible. Leur concurrence en est d'autant plus intense.
La France et l'Europe sont bien placées dans cette compétition.
Le chiffre d'affaires du secteur a augmenté fortement, notamment grâce à la croissance du transport de passagers.
Mais, pour autant, rien n'est jamais définitivement acquis dans ce secteur qui ne connaît pas le mot "répit". Les contraintes et la compétition sont de plus en plus fortes. Elles portent à la fois sur les performances et sur les coûts, tous deux dépendant étroitement des technologies disponibles.
Le développement de nouveaux avions ou hélicoptères mobilise des sommes considérables, de plusieurs milliards d'euros, sur des périodes longues, de plusieurs années. Il est donc indispensable de disposer de tous les atouts pour maîtriser cette course à la conception de nouveaux produits.
Dans cette compétition mondiale, nous avons des champions autour desquels nous devons faire bloc. Il y a Airbus, Dassault, mais aussi leurs principaux équipementiers, comme Thalès ou Safran. Et il a bien sûr Eurocopter, qui comme je l'ai dit, a su devenir une référence mondiale dans son domaine.
Et puis, autour de ces grands groupes, il y a toutes ces petites et moyennes entreprises qui, chacune dans sa spécialité, contribuent à l'excellence de toute notre filière aéronautique
Cette filière a remporté et remporte des succès. Mais son avenir reste encore et toujours à consolider et à bâtir. Cette filière va devoir surmonter des défis considérables.
Des défis économiques, d'abord. Avec, bien sûr, le cours particulièrement bas du dollar qui constitue pour vous une préoccupation forte.
Des défis technologiques, ensuite. Les avions de demain, les matériaux du futur, sont en cours de définition. L'aéronautique va connaître une mutation de première importance, avec le poids croissant des matériaux composites dans les futurs avions.
Vous le savez, les segments de fuselage seront de moins en moins métalliques, de plus en plus à base de composites. Ce basculement constitue un changement de paradigme pour le domaine que vous désignez sous le terme "d'aérostructures".
Ce changement, il faut le maîtriser ! Car il se répercute sur la conception des avions, sur leur mode de fabrication, et sur les entreprises qui doivent acquérir équipements et compétences pour dominer ces nouveaux procédés.
Cette transformation est au coeur du processus d'adaptation de la filière.
Celle-ci devra également être au rendez-vous des préoccupations environnementales.
La réduction de la consommation des appareils pour limiter les gaz à effet de serre, et le développement de systèmes intelligents pour une meilleure maîtrise de l'espace aérien, constituent les paramètres incontournables de vos prochaines évolutions.
Et puis il y aura enfin des défis en matière d'organisation industrielle.
La compétitivité de la filière aéronautique dépend largement de sa chaîne de sous-traitance, de son efficacité et de ses performances.
Cette chaîne est constituée de très nombreuses entreprises, plusieurs milliers.
A l'heure où les modes de conception et de production évoluent, il est important que cette chaîne de production évolue, s'adapte, fédère ses forces et fasse émerger des entreprises en mesure d'affronter les mutations technologiques. Des entreprises dotées d'une taille critique et d'une réelle capacité d'innovation.
Bref, la filière doit se moderniser et expérimenter de nouveaux modes d'organisation. Il faut qu'elle sorte consolidée de cette transformation, mais aussi que l'ensemble du tissu des sous-traitants s'épanouisse.
Notre ambition est claire : la base de production industrielle en matière d'aéronautique doit demeurer en France et s'y développer. A l'heure où la concurrence s'aiguise et où les entreprises s'internationalisent, nous devons tous nous retrousser les manches.
Dans cet esprit, le gouvernement a décidé d'un plan de soutien à la filière aéronautique qui est fondé sur quatre objectifs.
1er objectif : c'est un accompagnement stratégique à la structuration de la filière.
Cet objectif repose sur des constats incontournables :
* l'environnement international du secteur appelle une réactivité sans cesse accrue ;
* pour affronter la concurrence, il faut des entreprises dotées d'une taille critique ;
* le développement de la filière dans les cinq prochaines années va offrir de véritables opportunités aux sous-traitants de « rang 1 » d'Airbus, ceux qui seront à même de concevoir et de fabriquer de vastes sous-ensembles des appareils de demain. Le développement de ces acteurs doit donc constituer une priorité, parce qu'ils sont l'une des garanties du maintien d'un tissu de sous-traitants sur le territoire national.
* dans le même temps, l'ensemble de la filière va devoir relever le défi de l'augmentation de la production au cours des prochaines années. La production d'A320 va être portée à 40 avions par mois.
Compte tenu du démarrage du programme A380, c'est donc une augmentation de charge de près de 90% que vont devoir absorber les fournisseurs d'Airbus entre 2006 et 2010. L'enjeu est donc clair : il faut que les sous-traitants PME de rang 2 et au-delà, parviennent à la fois à répondre à cette demande, tout en préparant l'avenir avec le programme A350.
Sur la base de ces constats, nous avons décidé plusieurs types d'actions :
* tout d'abord, nos entreprises ont besoin de conseils et d'expertises. A cette fin, nous allons financer la réalisation de diagnostics stratégiques individualisés dans près de 200 PME, pour faciliter leur adaptation à la montée en charge et à la réorganisation de la filière. Une boîte à outils rassemblant les diverses mesures susceptibles d'aider les PME sera créée. Ce sont 50 Meuros qui seront mobilisés à cette fin. Au fur et à mesure des diagnostics, on apportera ainsi les réponses adaptées aux situations de chaque entreprise en mettant à leur disposition un correspondant au sein des DRIRE.
* ensuite, nous allons créer deux nouveaux outils spécifiques de financement : d'une part, un fonds de garantie, auquel Airbus abondera, destiné aux PME de plus de 250 personnes, pour faciliter leur accès à l'emprunt. Sa dotation devrait être de 10 à 15 Meuros, permettant de garantir de 70 à 100 Meuros.
D'autre part, un fonds de capital développement, consacré aux PME aéronautiques, pour soutenir leurs opérations de croissance. Ce fonds aura pour vocation d'accompagner la croissance et l'émergence d'entreprises capables de se positionner comme des partenaires essentiels de la filière. Il devrait réunir dans un premier temps près de 100 Meuros, apportés notamment par les industriels de la filière et des investisseurs financiers.
Enfin, nous allons nous organiser pour anticiper l'évolution des chaînes de valeur après 2010 et son impact sur l'évolution des métiers et compétences. Pour cela, nous allons mettre en place un réseau de veille stratégique aéronautique.
Deuxième objectif du plan : c'est l'emploi et la formation.
Il faut accompagner les sous-traitants dans leurs démarches d'adaptation, pour qu'ils ne subissent plus frontalement les aléas des carnets de commande et les évolutions technologiques. Dans cette perspective, il convient de conclure rapidement un accord cadre pluriannuel entre Airbus, ses sous-traitants, les OPCA [organismes paritaires collecteurs agréés], les collectivités territoriales concernées et le Service Public de l'Emploi.
Le troisième objectif concerne plus spécifiquement les sous-traitants de "rang 1" du domaine "aérostructures".
J'ai dit à l'instant qu'ils constituaient un maillon essentiel de la filière aéronautique.
Les programmes A350 (et à moyen terme le successeur de l'A320), dont Airbus a entrepris le développement, représentent un enjeu capital pour leur activité future. La production des éléments d'aérostructure de cet appareil permettra, en effet, d'alimenter leur plan de charge sur un horizon d'une trentaine d'années. Le maintien de leur compétitivité doit être, pour nous, une priorité.
Nous allons donc accompagner leur croissance en mobilisant tous les acteurs financiers et industriels compétents. Des crédits publics viendront en appui, à hauteur d'environ 100 Meuros sur les cinq années à venir.
Quatrième objectif : nous voulons assurer un soutien sectoriel fort à la recherche et au développement.
Avec le Président de la république, nous avons engagé un effort significatif en faveur de la recherche. La combinaison des crédits publics et du crédit d'impôt recherche permettent de disposer d'une capacité d'action considérable. Au total, ce sont près de 150 Meuros qui seront mobilisés en 2008 sous forme de diverses aides directes : crédits de la DPAC, pôles de compétitivité, soutien de l'ANR, soutien d'OSEO-AII...
Par ailleurs, le crédit d'impôt recherche devrait permettre de mobiliser des sommes comparables, proches de 150 Meuros.
Cet effort s'inscrira dans la durée.
Pour le seul segment Airbus en particulier, ce sont près de 100 Meuros qui seront mobilisés annuellement, principalement au travers d'aides directes à la R&D. C'est sans précédent. C'est presque un quadruplement de notre effort, ce qui nous place en tête des pays européens concernés.
Je veillerai à ce que cet effort joue un effet d'entraînement vis-à-vis de nos partenaires de l'Union.
A ces montants, s'ajoutent d'ailleurs les crédits de la commission européenne, qui a prévu, dans le cadre de l'initiative « Clean Sky » portée par les industriels du secteur, et appuyée par la France, de soutenir massivement la recherche aéronautique dans le domaine de l'environnement.
Voilà, mesdames et messieurs, l'ambition qui nous anime et les moyens nouveaux qu'elle exige et que nous lui donnons.
On parle beaucoup ces jours ci d'EADS... Une enquête est en cours, et toute la transparence devra être faite. Nous la devons à tous ceux qui se battent dans ce secteur si stratégique de l'aéronautique. Nous la devons aux ouvriers, aux techniciens, aux ingénieurs et à vous tous. Aujourd'hui, je suis venu défendre une industrie de pointe qui mérite tout notre soutien et tous les éloges. Je suis venu lui offrir des atouts supplémentaires pour tenir son rang et nourrir ses espoirs qui se confondent avec ceux de la France.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 octobre 2007