Texte intégral
Monsieur le Député-Maire, Cher Bernard Brochand,
Monsieur le Président, Cher Paul Zilk,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je suis très heureuse d'ouvrir à vos côtés ce rendez-vous annuel majeur pour la production audiovisuelle internationale, véritable plaque-tournante de la
création, où se rencontrent chaque année des producteurs, des acheteurs, des distributeurs du monde entier et qui prouve que la ville de Cannes n'a pas
d'yeux que pour l'image cinématographique, mais qu'elle a - au moins - deux amours : le cinéma et la télévision.
Je veux saisir cette occasion pour vous dire toute l'importance que j'attache à la création audiovisuelle, au moment où se dessinent pour elle de belles
perspectives, avec le développement accéléré des nouveaux
supports de diffusion.
La création audiovisuelle française, ce sont de nombreux talents, un savoirfaire technique incontestable et réputé, et aussi des entrepreneurs capables de
porter haut et loin ses couleurs.
Bravo d'abord pour les bons résultats obtenus en 2006. Le total des ventes et préventes à l'étranger de programmes audiovisuels français a progressé de 4,2%
par rapport à 2005, ce qui confirme l'embellie de l'exportation française amorcée depuis trois ans, embellie marquée, même si je crois que nous devons et
pouvons faire encore mieux pour rattraper nos voisins européens. Pas seulement par ambition de faire connaître la culture française et les valeurs qui s'y
attachent hors de nos frontières, mais aussi parce que l'exportation représente une des sources de financement de notre industrie de programmes, qu'il est
nécessaire de faire croître.
Une de nos belles réussites à l'exportation est due au documentaire, avec une progression de 9% en 2006. Le documentaire occupe également une place de plus
en plus importante dans les grilles de programmes, y compris en première partie de soirée, et je m'en réjouis. C'est la preuve que ce genre a su amorcer un
vrai virage, innover dans ses formats, ses écritures et sa manière d'intéresser le public. Je souhaite qu'il s'affirme comme un genre phare de la télévision
publique. Parce que sa nature même est d'interroger, de dénoncer parfois, d'informer toujours, et d'ouvrir de nouveaux horizons à toutes les catégories de
publics. C'est un genre citoyen par excellence, et son succès est pour moi une très belle preuve que les téléspectateurs sont curieux, ouverts et avides de
programmes qui font rimer découverte et exigence.
L'animation française confirme aussi sa grande vitalité, puisqu'elle représente près de 50% de nos exportations. La production est vigoureuse, elle est
créatrice d'emplois très qualifiés en France, et je m'en réjouis. Chaque semaine, plusieurs séries d'animation françaises sont diffusées sur les grands
réseaux américains. Notre savoir-faire est maintenant reconnu dans le monde entier. La French touch qui s'est imposée dans le domaine de l'animation doit
stimuler le secteur dans son ensemble et faire exemple.
Il faut se fixer pour objectif d'avoir le même niveau de reconnaissance mondiale pour la fiction. Nous n'avons aucun complexe à avoir face à la production
américaine. Nous ne devons pas céder à la tentation trop facile du simple clonage de leurs séries. La fiction française n'est jamais aussi percutante, aussi
fédératrice, aussi intéressante que lorsqu'elle s'appuie sur nos modes de vie, nos références, nos valeurs.
La fiction française a tous les atouts pour réussir sa transformation et rester un genre fédérateur, grâce à ses producteurs, aux artistes et techniciens,
grâce à tous les talents et à tous les métiers qui font sa force.
Aidons-la, Etat et diffuseurs, à inventer de nouvelles méthodes de travail, de nouveaux modes de production, afin de donner aux talents la possibilité de
créer des programmes innovants, séduisants, originaux, drôles, mordants, insolents.
L'avenir de la fiction française se dessine dans un paysage en pleine transformation qui appelle des moyens et des outils nouveaux.
Cela passe par une entreprise de mise à jour et de rénovation du cadre réglementaire mis en place en 1986. Celui-ci a été actualisé à plusieurs reprises mais
il doit sans doute être repensé pour mieux stimuler la relance de notre industrie de programmes, et le nouvel élan créateur qu'appellent de leurs voeux
talents, producteurs et diffuseurs.
Et il est indispensable aussi que cet exercice de refondation du cadre réglementaire s'accompagne de mesures plus qualitatives, à travers des priorités
clairement affichées dans le soutien de l'Etat à la création.
Je souhaite donc mener trois réflexions de fond, et qui se complètent entre elles :
1 - la première sur la définition du sous-ensemble patrimonial dans la contribution des diffuseurs aux industries de programmes et sa mise en oeuvre ;
2 - la deuxième sur les décrets dits « Tasca », encadrant les relations entre les diffuseurs et les producteurs ;
3 - la troisième sur l'orientation des fruits de la croissance du compte de soutien à l'industrie de programmes en 2008 vers les créateurs et l'innovation.
1 - Définition et mise en oeuvre du « sous-ensemble patrimonial » :
Notre exigence à tous, c'est la qualité des programmes proposés sur nos chaînes. La part qu'occupent, dans ces programmes, les oeuvres patrimoniales, qui ont
vocation à être rediffusées, celles que le public a plaisir à voir et revoir et qui peuvent circuler d'un support de diffusion à l'autre, est un enjeu
important. On le dit souvent, la France n'est pas à la hauteur de certains de ses voisins européens, quant au volume de sa production patrimoniale.
Conformément à la loi du 5 mars 2007 relative à la télévision du futur, un décret doit consolider la part des oeuvres patrimoniales dans les obligations
d'investissement des chaînes de télévision, publiques et privées.
J'ai lancé une consultation publique sur un projet de texte, qui a pris fin vendredi 5 octobre et je vais examiner avec attention l'ensemble de vos
contributions. J'attache une haute importance à ce que l'élaboration de ce décret ait lieu en étroite concertation avec tous les acteurs concernés, en tenant
compte à la fois des exigences légitimes des producteurs et des lignes éditoriales spécifiques des diffuseurs, dans un paysage audiovisuel très évolutif et
changeant.
Je veillerai, bien sûr, au caractère progressif de la mise en place de ce sousensemble, à la prise en compte de tous les paramètres, et notamment des
critères de définition du documentaire de création. Le niveau d'engagement actuel des chaînes en faveur des oeuvres patrimoniales - qui sera examiné
attentivement - sera bien entendu pris en considération. L'objectif n'est certainement pas d'alourdir la réglementation, ni de la complexifier, mais
d'accompagner et de conforter de nouvelles coopérations, une nouvelle dynamique de création pour les producteurs et les diffuseurs, dans leur intérêt mutuel.
2 - La mission sur les décrets dits « TASCA » :
Je souhaite engager une réflexion de fond - qui sera elle aussi menée en concertation avec l'ensemble des parties - sur une évolution des décrets dits «
Tasca ». Ils réglementent, comme vous le savez, les relations entre diffuseurs et producteurs, notamment sur la question de la détention des droits
patrimoniaux. Cette réglementation est complexe et ne favorise plus vraiment aujourd'hui la circulation des oeuvres sur les services de télévision.
A quoi bon encourager la production patrimoniale, si sa diffusion est entravée par de multiples obstacles juridiques ? Au moment même où les écrans se
multiplient, il nous faut mettre en place des règles plus efficaces, plus simples, dans l'intérêt des producteurs comme des diffuseurs. Cette réforme est
donc complémentaire de la précédente.
Je confie une mission à ce sujet à deux grands experts reconnus de l'audiovisuel, M. David Kessler et M. Dominique Richard. Ils rencontreront un grand nombre
d'entre vous et me proposeront des premières mesures
concrètes d'ici le 15 décembre.
Mais la réglementation, si elle doit être structurante et donner des impulsions majeures à l'industrie de programmes, a ses limites. Le pari de l'innovation
et de la qualité, celui du succès aussi, de la satisfaction des attentes du public, ne peut être gagné seulement par décret. Le ministère de la culture et de
la communication doit aussi intervenir à vos côtés de manière plus qualitative en orientant mieux ses aides financières en particulier en direction des
auteurs et de l'innovation.
3 - Le compte de soutien : priorité aux aides à l'écriture et à l'innovation
Je veux, comme vous, encourager l'innovation dès le travail d'écriture.
En 2008, le soutien sélectif du CNC en faveur de la production audiovisuelle augmentera de 17,7%, avec une priorité pour les aides en amont de la production,
tels que le fond d'innovation audiovisuelle et l'aide à la création audiovisuelle.
Ces aides sont destinées à soutenir la fiction française et à l'accompagner dans l'importante phase de mutation qu'elle traverse actuellement, et dont vous
êtes les artisans. Si nous devons pas cloner les séries américaines, je pense que nous pouvons nous inspirer du travail de leurs scénaristes en équipes, qui
fait la force de leurs créations. C'est une nouvelle conception du travail de création qu'il faut envisager. Cette période de transition comporte une part de
prise de risque, du côté des diffuseurs comme des producteurs. Il arrive que les nouveautés ne rencontrent pas immédiatement un large public, mais cela ne
doit pas décourager ceux qui en France font le pari de l'innovation. On a pu observer d'ailleurs que certaines séries, mises en péril à leurs débuts par une
audience trop faible, sont devenues par la suite de véritables références.
Les initiatives que je viens d'exposer seront évidemment complétées par l' engagement de la télévision publique sur les mêmes objectifs.
Les budgets 2008 de France Télévisions et d'ARTE respectent les contrats d'objectifs et de moyens, qui prévoient des efforts significatifs en termes
d'investissements et d'exposition pour la création audiovisuelle.
Je tiens à le redire ici : l'audiovisuel public bénéficie d'un bon budget en 2008, avec 3,6% d'augmentation.
France Télévisions a pris l'engagement d'accroître ses investissements dans la création dans une proportion équivalente pour la période 2007-2010, soit +3%
en moyenne annuelle, et +3,5% en 2008. La croissance des investissements d'ARTE atteindra 6%. Les chaînes publiques accorderont également une attention
particulière à la modernisation des écritures et des formats, tout particulièrement pour la fiction, afin de mieux fidéliser le public, et surtout le jeune
public dont nous connaissons le penchant pour les séries anglo-saxonnes.
Pour terminer, un mot de prospective sur ce qu'il convient d'appeler le troisième et le quatrième écran, ceux de l'Internet et de la télévision mobile,
puisque cette année encore sont organisés les prix Mipcom de l'Internet et du Mobile.
La télévision mobile personnelle est lancée. En offrant aux téléspectateurs un accès aux programmes en tous lieux et à toute heure de la journée, grâce au
développement des terminaux personnels comme les téléphones mobiles ou les baladeurs, elle va diversifier les usages.
Là aussi se joue une part de l'avenir de notre création, puisque la télévision mobile appelle de nouveaux formats d'écriture, pour des programmes plus
courts. On peut imaginer des séries, des fictions, des programmes d'animation, des reportages de quelques minutes, spécifiquement dédiés à la télévision
mobile.
La loi du 5 mars 2007 sur la modernisation de la diffusion audiovisuelle et la télévision du futur prévoit justement un financement spécifique pour la
production destinée à la TMP, et cela grâce aux nouvelles ressources générées, qu'elles soient directement issues de ces nouvelles exploitations ou qu'il
s'agisse de ressources indirectes au travers du compte de soutien du CNC, par la majoration de 0,1% de la taxe venant l'alimenter.
Le CNC va donc soutenir en 2008 l'émergence de programmes dédiés à la mobilité. D'ores et déjà un appel à projets a été lancé pour des oeuvres créées, dès
l'origine, pour plusieurs supports de diffusion. La téléphonie mobile, Internet, le jeu vidéo, le cinéma, la télévision. Il est prévu que 6 Meuros soient
affectés en 2008 au soutien à ces nouveaux programmes.
Mesdames et messieurs,
Voilà le message que je tenais à vous adresser en ouvrant ce marché international des programmes audiovisuels. Les défis sont nombreux, ambitieux, mais à la
hauteur de l'importance que revêt le développement de notre patrimoine audiovisuel ; nous les relèverons ensemble. Il s'agit de nous engager résolument dans
le vaste chantier de modernisation qu'appellent les complètes transformations du paysage médiatique et de ses supports.
Il s'agit, comme le souhaite le Président de la République et comme il me le demande dans ma lettre de mission, de faire entrer l'air du large, tout en
veillant bien sûr à ce qu'il profite aussi à la création sous toutes ses formes.
Ce chantier j'ai l'intention de le mener avec tous.
Je vous souhaite un excellent MIPCOM 2007.Source http://www.culture.gouv.fr, le 9 octobre 2007
Monsieur le Président, Cher Paul Zilk,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je suis très heureuse d'ouvrir à vos côtés ce rendez-vous annuel majeur pour la production audiovisuelle internationale, véritable plaque-tournante de la
création, où se rencontrent chaque année des producteurs, des acheteurs, des distributeurs du monde entier et qui prouve que la ville de Cannes n'a pas
d'yeux que pour l'image cinématographique, mais qu'elle a - au moins - deux amours : le cinéma et la télévision.
Je veux saisir cette occasion pour vous dire toute l'importance que j'attache à la création audiovisuelle, au moment où se dessinent pour elle de belles
perspectives, avec le développement accéléré des nouveaux
supports de diffusion.
La création audiovisuelle française, ce sont de nombreux talents, un savoirfaire technique incontestable et réputé, et aussi des entrepreneurs capables de
porter haut et loin ses couleurs.
Bravo d'abord pour les bons résultats obtenus en 2006. Le total des ventes et préventes à l'étranger de programmes audiovisuels français a progressé de 4,2%
par rapport à 2005, ce qui confirme l'embellie de l'exportation française amorcée depuis trois ans, embellie marquée, même si je crois que nous devons et
pouvons faire encore mieux pour rattraper nos voisins européens. Pas seulement par ambition de faire connaître la culture française et les valeurs qui s'y
attachent hors de nos frontières, mais aussi parce que l'exportation représente une des sources de financement de notre industrie de programmes, qu'il est
nécessaire de faire croître.
Une de nos belles réussites à l'exportation est due au documentaire, avec une progression de 9% en 2006. Le documentaire occupe également une place de plus
en plus importante dans les grilles de programmes, y compris en première partie de soirée, et je m'en réjouis. C'est la preuve que ce genre a su amorcer un
vrai virage, innover dans ses formats, ses écritures et sa manière d'intéresser le public. Je souhaite qu'il s'affirme comme un genre phare de la télévision
publique. Parce que sa nature même est d'interroger, de dénoncer parfois, d'informer toujours, et d'ouvrir de nouveaux horizons à toutes les catégories de
publics. C'est un genre citoyen par excellence, et son succès est pour moi une très belle preuve que les téléspectateurs sont curieux, ouverts et avides de
programmes qui font rimer découverte et exigence.
L'animation française confirme aussi sa grande vitalité, puisqu'elle représente près de 50% de nos exportations. La production est vigoureuse, elle est
créatrice d'emplois très qualifiés en France, et je m'en réjouis. Chaque semaine, plusieurs séries d'animation françaises sont diffusées sur les grands
réseaux américains. Notre savoir-faire est maintenant reconnu dans le monde entier. La French touch qui s'est imposée dans le domaine de l'animation doit
stimuler le secteur dans son ensemble et faire exemple.
Il faut se fixer pour objectif d'avoir le même niveau de reconnaissance mondiale pour la fiction. Nous n'avons aucun complexe à avoir face à la production
américaine. Nous ne devons pas céder à la tentation trop facile du simple clonage de leurs séries. La fiction française n'est jamais aussi percutante, aussi
fédératrice, aussi intéressante que lorsqu'elle s'appuie sur nos modes de vie, nos références, nos valeurs.
La fiction française a tous les atouts pour réussir sa transformation et rester un genre fédérateur, grâce à ses producteurs, aux artistes et techniciens,
grâce à tous les talents et à tous les métiers qui font sa force.
Aidons-la, Etat et diffuseurs, à inventer de nouvelles méthodes de travail, de nouveaux modes de production, afin de donner aux talents la possibilité de
créer des programmes innovants, séduisants, originaux, drôles, mordants, insolents.
L'avenir de la fiction française se dessine dans un paysage en pleine transformation qui appelle des moyens et des outils nouveaux.
Cela passe par une entreprise de mise à jour et de rénovation du cadre réglementaire mis en place en 1986. Celui-ci a été actualisé à plusieurs reprises mais
il doit sans doute être repensé pour mieux stimuler la relance de notre industrie de programmes, et le nouvel élan créateur qu'appellent de leurs voeux
talents, producteurs et diffuseurs.
Et il est indispensable aussi que cet exercice de refondation du cadre réglementaire s'accompagne de mesures plus qualitatives, à travers des priorités
clairement affichées dans le soutien de l'Etat à la création.
Je souhaite donc mener trois réflexions de fond, et qui se complètent entre elles :
1 - la première sur la définition du sous-ensemble patrimonial dans la contribution des diffuseurs aux industries de programmes et sa mise en oeuvre ;
2 - la deuxième sur les décrets dits « Tasca », encadrant les relations entre les diffuseurs et les producteurs ;
3 - la troisième sur l'orientation des fruits de la croissance du compte de soutien à l'industrie de programmes en 2008 vers les créateurs et l'innovation.
1 - Définition et mise en oeuvre du « sous-ensemble patrimonial » :
Notre exigence à tous, c'est la qualité des programmes proposés sur nos chaînes. La part qu'occupent, dans ces programmes, les oeuvres patrimoniales, qui ont
vocation à être rediffusées, celles que le public a plaisir à voir et revoir et qui peuvent circuler d'un support de diffusion à l'autre, est un enjeu
important. On le dit souvent, la France n'est pas à la hauteur de certains de ses voisins européens, quant au volume de sa production patrimoniale.
Conformément à la loi du 5 mars 2007 relative à la télévision du futur, un décret doit consolider la part des oeuvres patrimoniales dans les obligations
d'investissement des chaînes de télévision, publiques et privées.
J'ai lancé une consultation publique sur un projet de texte, qui a pris fin vendredi 5 octobre et je vais examiner avec attention l'ensemble de vos
contributions. J'attache une haute importance à ce que l'élaboration de ce décret ait lieu en étroite concertation avec tous les acteurs concernés, en tenant
compte à la fois des exigences légitimes des producteurs et des lignes éditoriales spécifiques des diffuseurs, dans un paysage audiovisuel très évolutif et
changeant.
Je veillerai, bien sûr, au caractère progressif de la mise en place de ce sousensemble, à la prise en compte de tous les paramètres, et notamment des
critères de définition du documentaire de création. Le niveau d'engagement actuel des chaînes en faveur des oeuvres patrimoniales - qui sera examiné
attentivement - sera bien entendu pris en considération. L'objectif n'est certainement pas d'alourdir la réglementation, ni de la complexifier, mais
d'accompagner et de conforter de nouvelles coopérations, une nouvelle dynamique de création pour les producteurs et les diffuseurs, dans leur intérêt mutuel.
2 - La mission sur les décrets dits « TASCA » :
Je souhaite engager une réflexion de fond - qui sera elle aussi menée en concertation avec l'ensemble des parties - sur une évolution des décrets dits «
Tasca ». Ils réglementent, comme vous le savez, les relations entre diffuseurs et producteurs, notamment sur la question de la détention des droits
patrimoniaux. Cette réglementation est complexe et ne favorise plus vraiment aujourd'hui la circulation des oeuvres sur les services de télévision.
A quoi bon encourager la production patrimoniale, si sa diffusion est entravée par de multiples obstacles juridiques ? Au moment même où les écrans se
multiplient, il nous faut mettre en place des règles plus efficaces, plus simples, dans l'intérêt des producteurs comme des diffuseurs. Cette réforme est
donc complémentaire de la précédente.
Je confie une mission à ce sujet à deux grands experts reconnus de l'audiovisuel, M. David Kessler et M. Dominique Richard. Ils rencontreront un grand nombre
d'entre vous et me proposeront des premières mesures
concrètes d'ici le 15 décembre.
Mais la réglementation, si elle doit être structurante et donner des impulsions majeures à l'industrie de programmes, a ses limites. Le pari de l'innovation
et de la qualité, celui du succès aussi, de la satisfaction des attentes du public, ne peut être gagné seulement par décret. Le ministère de la culture et de
la communication doit aussi intervenir à vos côtés de manière plus qualitative en orientant mieux ses aides financières en particulier en direction des
auteurs et de l'innovation.
3 - Le compte de soutien : priorité aux aides à l'écriture et à l'innovation
Je veux, comme vous, encourager l'innovation dès le travail d'écriture.
En 2008, le soutien sélectif du CNC en faveur de la production audiovisuelle augmentera de 17,7%, avec une priorité pour les aides en amont de la production,
tels que le fond d'innovation audiovisuelle et l'aide à la création audiovisuelle.
Ces aides sont destinées à soutenir la fiction française et à l'accompagner dans l'importante phase de mutation qu'elle traverse actuellement, et dont vous
êtes les artisans. Si nous devons pas cloner les séries américaines, je pense que nous pouvons nous inspirer du travail de leurs scénaristes en équipes, qui
fait la force de leurs créations. C'est une nouvelle conception du travail de création qu'il faut envisager. Cette période de transition comporte une part de
prise de risque, du côté des diffuseurs comme des producteurs. Il arrive que les nouveautés ne rencontrent pas immédiatement un large public, mais cela ne
doit pas décourager ceux qui en France font le pari de l'innovation. On a pu observer d'ailleurs que certaines séries, mises en péril à leurs débuts par une
audience trop faible, sont devenues par la suite de véritables références.
Les initiatives que je viens d'exposer seront évidemment complétées par l' engagement de la télévision publique sur les mêmes objectifs.
Les budgets 2008 de France Télévisions et d'ARTE respectent les contrats d'objectifs et de moyens, qui prévoient des efforts significatifs en termes
d'investissements et d'exposition pour la création audiovisuelle.
Je tiens à le redire ici : l'audiovisuel public bénéficie d'un bon budget en 2008, avec 3,6% d'augmentation.
France Télévisions a pris l'engagement d'accroître ses investissements dans la création dans une proportion équivalente pour la période 2007-2010, soit +3%
en moyenne annuelle, et +3,5% en 2008. La croissance des investissements d'ARTE atteindra 6%. Les chaînes publiques accorderont également une attention
particulière à la modernisation des écritures et des formats, tout particulièrement pour la fiction, afin de mieux fidéliser le public, et surtout le jeune
public dont nous connaissons le penchant pour les séries anglo-saxonnes.
Pour terminer, un mot de prospective sur ce qu'il convient d'appeler le troisième et le quatrième écran, ceux de l'Internet et de la télévision mobile,
puisque cette année encore sont organisés les prix Mipcom de l'Internet et du Mobile.
La télévision mobile personnelle est lancée. En offrant aux téléspectateurs un accès aux programmes en tous lieux et à toute heure de la journée, grâce au
développement des terminaux personnels comme les téléphones mobiles ou les baladeurs, elle va diversifier les usages.
Là aussi se joue une part de l'avenir de notre création, puisque la télévision mobile appelle de nouveaux formats d'écriture, pour des programmes plus
courts. On peut imaginer des séries, des fictions, des programmes d'animation, des reportages de quelques minutes, spécifiquement dédiés à la télévision
mobile.
La loi du 5 mars 2007 sur la modernisation de la diffusion audiovisuelle et la télévision du futur prévoit justement un financement spécifique pour la
production destinée à la TMP, et cela grâce aux nouvelles ressources générées, qu'elles soient directement issues de ces nouvelles exploitations ou qu'il
s'agisse de ressources indirectes au travers du compte de soutien du CNC, par la majoration de 0,1% de la taxe venant l'alimenter.
Le CNC va donc soutenir en 2008 l'émergence de programmes dédiés à la mobilité. D'ores et déjà un appel à projets a été lancé pour des oeuvres créées, dès
l'origine, pour plusieurs supports de diffusion. La téléphonie mobile, Internet, le jeu vidéo, le cinéma, la télévision. Il est prévu que 6 Meuros soient
affectés en 2008 au soutien à ces nouveaux programmes.
Mesdames et messieurs,
Voilà le message que je tenais à vous adresser en ouvrant ce marché international des programmes audiovisuels. Les défis sont nombreux, ambitieux, mais à la
hauteur de l'importance que revêt le développement de notre patrimoine audiovisuel ; nous les relèverons ensemble. Il s'agit de nous engager résolument dans
le vaste chantier de modernisation qu'appellent les complètes transformations du paysage médiatique et de ses supports.
Il s'agit, comme le souhaite le Président de la République et comme il me le demande dans ma lettre de mission, de faire entrer l'air du large, tout en
veillant bien sûr à ce qu'il profite aussi à la création sous toutes ses formes.
Ce chantier j'ai l'intention de le mener avec tous.
Je vous souhaite un excellent MIPCOM 2007.Source http://www.culture.gouv.fr, le 9 octobre 2007