Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, sur les raisons de proposer Paris comme ville organisatrice des jeux olympiques en 2008 et sur les garanties financières apportées par le Gouvernement, Paris le 29 mars 2001.

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Circonstance : Réception de la Commission d'évaluation du Comité international olympique pour la présentation de la candidature de Paris pour l'organisation des jeux olympique de 2008, à Paris le 29 mars 2001

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les membres de la Commission d'évaluation,
Messieurs les membres du Comité international olympique,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Monsieur le Président du Conseil régional d'Île-de-France,
Monsieur le Maire de Paris,
Messieurs les élus,
Monsieur le Président de la Commission exécutive " Paris 2008 ",
Au nom du Gouvernement français, je vous souhaite, Monsieur le Président, ainsi qu'à tous ceux qui vous accompagnent, la bienvenue à l'Hôtel de Matignon. Après Pékin, Osaka, Toronto et Istanbul, Paris constitue la dernière étape de ce qui s'apparente pour vous à un véritable " marathon ". Vous avez été investis par le Comité international olympique d'une mission difficile, mais passionnante et que vous assumez avec une rigueur exemplaire. Je rends ici hommage au remarquable travail déjà accompli par votre Commission d'évaluation. Je souhaite que cette dernière étape parisienne vous permette de prendre connaissance de tous les éléments utiles à l'instruction du dossier de candidature de Paris aux Jeux olympiques et paralympiques de 2008.
La candidature de Paris est portée par l'engagement total des pouvoirs publics.
Je voudrais rappeler brièvement devant vous les garanties apportées par le Gouvernement.
La sécurité financière du projet est formellement garantie par les pouvoirs publics français. Chacun pourra ainsi travailler dans la sérénité. Si des difficultés imprévues devaient survenir, le Gouvernement garantirait la totalité de l'éventuel déficit du Comité d'organisation. Le Gouvernement s'engage également, avec l'ensemble des collectivités locales, à mener à bonne fin la réalisation du village olympique ainsi que celle des équipements sportifs, des infrastructures routières et de transports en commun prévus par le dossier de candidature et le contrat de plan.
Si Paris a la chance d'être choisie pour l'organisation des Jeux en 2008, le Parlement approuvera solennellement l'ensemble du dispositif, afin de sécuriser les engagements pris par l'État et par les collectivités territoriales concernées. Cette garantie législative traduira le parfait consensus qui règne, en faveur de la candidature de Paris, entre tous les acteurs de la vie publique française.
Le 13 juillet prochain à Moscou, si le Comité olympique international choisit Paris, une délégation interministérielle sera alors créée dans les plus brefs délais. Cette structure administrative transversale sera placée sous l'autorité directe du Premier ministre. Ses pouvoirs seront adaptés à l'ampleur de l'événement. La délégation interministérielle sera l'unique interlocuteur du comité d'organisation jusqu'à la clôture des Jeux en 2008.
Ces engagements sont ceux de l'Etat. Ils seront respectés par tous les gouvernements français à venir, jusqu'à l'achèvement des Jeux. C'est une règle constante dans notre pays.
Mesdames, Messieurs,
Ce qui caractérise la candidature de Paris, c'est qu'elle concilie le cur et la raison.
La raison, en premier lieu.
La raison, c'est d'abord la rigueur financière du projet : le Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2008 dispose d'un budget équilibré. Le total des dépenses liées à l'accueil des Jeux à Paris est de 22 milliards de francs, soit trois milliards de dollars, ce qui est raisonnable. Moins du quart de ces dépenses sera, au bout du compte, pris en charge par les collectivités publiques, puisque l'essentiel du financement est assuré par des partenaires et des entreprises privés, dont je salue ici l'engagement.
La raison, ce sont des équipements sportifs correspondant à des besoins réels. Indépendamment de la candidature de Paris aux Jeux olympiques et paralympiques, d'importants investissements seront réalisés d'ici 2007 pour promouvoir la pratique du sport au cur de la région Ile-de-France. Ces équipements seront au service des Jeux. D'autres infrastructures -je pense en particulier à la piscine olympique- répondent aux besoins d'un vaste centre urbain comme Paris et sa région. Les Jeux nous permettront d'accélérer leur réalisation.
La raison, c'est que nous inscrivons l'organisation des Jeux de 2008 dans l'aménagement du territoire à Paris et en Ile-de France. Les Jeux apporteront une dynamique exceptionnelle aux actions déjà en cours pour renforcer le tissu urbain et social, au nord de Paris, autour du Stade de France. Les équipements olympiques prévus ont été conçus pour durer et pour démocratiser la pratique du sport en région parisienne. En outre, les spécificités techniques imposées par la préparation des Jeux paralympiques vont servir d'exemple et encourager la France à améliorer l'accessibilité des équipements sportifs et des transports publics aux handicapés.
Mesdames, Messieurs,
Au-delà des équipements, des infrastructures et du savoir-faire qui assureront le succès de ces Jeux, la candidature de Paris est surtout une candidature de passion, une candidature du cur.
J'imagine sans peine la joie de tous mes compatriotes, heureux et fiers à l'idée d'organiser à Paris, pour le monde entier, une grande fête sportive et populaire, si vous en décidez ainsi.
Car derrière Paris, il y a toute une nation qui aime le sport -tous les sports. Une nation qui aime la performance sportive, et plus encore le sens de l'effort, la beauté et la précision du geste. Moi-même, si nous en avions le temps, je pourrais évoquer avec vous quelques souvenirs d'exploits olympiques qui, en tant que sportif, m'ont marqué. Derrière Paris, il y a tous les Français qui aiment les sports, qui ont envie d'offrir à 10.000 athlètes les plus beaux cadres et les conditions optimales pour donner le meilleur d'eux-mêmes. Derrière Paris, il y a des millions de Françaises et de Français qui pratiquent le sport à leur rythme, qui savent que le sport est une école du respect de l'autre et qu'il éveille à l'esprit d'équipe et à la solidarité. Lorsque le sport se développe et s'organise, grâce à tous ces bénévoles qui s'engagent jour après jour, ce sont les différences qui s'estompent et les hommes qui se rapprochent.
La France partage donc pleinement les valeurs humanistes déclinées par la Charte olympique. Le respect des principes éthiques universels, le souci absolu de la dignité humaine, la solidarité, la recherche de la paix dans le monde sont les principes qui guident son action. La France s'engage à faire vivre ces valeurs à travers les Jeux. C'est dans cet esprit qu'elle prévoit, dès à présent, d'inviter à Paris en 2008 le plus grand nombre possible de jeunes sportifs, filles et garçons, et de faire du grand rendez-vous olympique un moment d'échange entre toutes les jeunesses du monde. La France partagera avec tous les pays la chance qui peut lui être donnée d'organiser les Jeux. Ainsi, les équipements sportifs provisoires seront dévolus à des pays en voie de développement, en concertation avec les instances de la solidarité olympique. De même, les savoir-faire que développera Paris pour répondre au défi lancé par l'organisation de ces Jeux seront largement diffusés et pourront bénéficier à d'autres grandes métropoles. Nous veillerons à ce que les Jeux soient utiles à la démocratisation de la pratique des sports dans le monde entier.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
On doit à un Français, Pierre de COUBERTIN, d'avoir été l'inspirateur de l'olympisme moderne. Parce que la candidature de Paris s'inscrit dans la continuité de cet héritage historique tout en s'appuyant sur la maîtrise des technologies d'aujourd'hui, je la crois capable de valoriser ce que la France peut offrir de meilleur. Si nous succédions une nouvelle fois à Athènes, comme ce fut le cas en 1900, Paris pourrait accompagner l'effort de modernisation entrepris par le Comité international olympique pour faire pleinement entrer les Jeux dans le XXIème siècle. C'est ensemble, si vos instances le décident, que nous porterons haut les valeurs universelles de l'olympisme, poursuivant ainsi cette utopie fondatrice et concrétisant ce rêve universel de tolérance et de fraternité entre les peuples.
Avec les ministres et les élus qui sont à mes côtés, je serais heureux, si vous le souhaitez, de vous apporter des précisions supplémentaires. D'avance, je vous remercie du soin et de l'attention que vous portez à l'examen de la candidature de Paris.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 29 mars 2001)