Entretien de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et aux droits de l'homme, dans "Aujourd'hui en France-Le Parisien" du 6 novembre 2007, sur l'affaire du transfert illégal d'enfants du Tchad vers la France, organisé par l'association "Arche de Zoé".

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Média : Aujourd'hui en France

Texte intégral

Q - Comment s'est passé votre déplacement au Tchad avec le président ?
R - C'était le résultat d'un engagement très courageux du président de la République pour lequel il est naturel d'être aux côtés de nos compatriotes quand ils se trouvent en difficulté. Son rôle a été décisif. Son implication a permis qu'on soit entendu par la justice tchadienne pour la libération des journalistes français. Il fallait voir, dans l'avion du retour, la grande joie des journalistes et des hôtesses espagnoles !
Q - Est-ce que vous y voyez un peu plus clair désormais sur cette opération qui a mal tourné ?
R - Maintenant que deux enquêtes judiciaires sont ouvertes, c'est aux juges français et tchadiens de faire toute la lumière. Nous travaillons beaucoup, quant à nous, pour assurer à nos compatriotes inculpés au Tchad la protection consulaire la plus étendue et pour aider les Tchadiens et les organisations humanitaires internationales à s'occuper au mieux des enfants.
Q - Les Français, qui restent à N'Djamena, doivent-ils être jugés au Tchad ou en France ?
R - Le président a clairement marqué sa préférence pour que nos compatriotes soient jugés en France. Il existe un accord de coopération judiciaire entre nos deux pays, qui permet d'envisager cette éventualité. Il revient aux magistrats français et tchadiens de mettre en oeuvre cette coopération.
Q - Le parquet de Paris s'apprêterait à requalifier son chef d'inculpation en "tentative d'enlèvement de mineurs" comme au Tchad. La première étape d'un rapatriement ?
R - Ce n'est pas à moi de répondre à cette question, mais aux magistrats en charge de l'enquête. Il vaut mieux les laisser travailler dans la sérénité. On verra quels seront les chefs d'inculpation retenus.
Q - Après avoir convoqué Eric Breteau, pourquoi le Quai d'Orsay n'a-t-il pas alerté l'ambassade au Tchad à Paris pour faire bloquer la délivrance de visas aux responsables de l'Arche de Zoé ?
R - L'Etat a fait son travail dans le respect des libertés accordées aux associations et aux individus. Mais, après, l'association a multiplié les opérations de dissimulation pour manifestement brouiller les piste. Annoncée au Darfour, l'opération a eu lieu au Tchad. Puis l'Arche de Zoé a changé de nom et a annoncé la création d'un centre social sur place et non l'évacuation d'enfants, etc... Je pense que les responsables de l'association savaient ce qu'ils faisaient et ont tout fait pour contourner le droit et les alertes. Je le répète : on a fait notre travail en les prévenant que cette opération était irresponsable.
Q - Par qui et quand les autorités tchadiennes ont-elles été alertées ?
R - Notre ambassade à N'Djamena a alerté les autorités tchadiennes quelques jours avant l'opération dont la date à l'époque n'était pas encore connue. C'est aux Tchadiens de nous dire aujourd'hui si elles ont été prévenues par ailleurs.
Q - Le PS réclame une mission d'information.
R - Je n'en vois pas l'utilité à partir du moment où il y a déjà deux enquêtes judiciaires en cours, au Tchad et en France, et que les ministères des Affaires étrangères et de la Défense vont mener une inspection conjointe.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 novembre 2007