Texte intégral
Travailleuses, travailleurs, camarades et amis,
Vous ne savez que trop bien ici, à Fourmies, ce que valent les discours du gouvernement sur la croissance ou sur l'amélioration de la situation économique.
Quelles sont donc, ici, les familles ouvrières dont la situation économique se serait améliorée ?
Pas celles, en tout cas, qui comptent un ou plusieurs chômeurs. Or, si le chômage baisse dans les statistiques officielles, nombreux sont ceux qui sont chômeurs depuis deux ou cinq ans, voire plus ?
Combien parmi eux sont ceux qui savent que, vu leur âge, ils n'ont plus aucune chance de retrouver du travail ?
Combien sont les jeunes qui commencent en chômeurs leur vie de travailleur ?
Combien de vies, combien de familles touchées ?
La baisse des statistiques officielles et tronquées du chômage à l'échelle de l'ensemble du pays n'est pas un réconfort pour ceux qui savent que, dans leur région, toutes les entreprises non seulement n'embauchent pas, contrairement à ce qu'on dit, mais que, bien souvent, elles continuent même à diminuer leurs effectifs et que, pour trouver du travail, il faudrait déménager et abandonner le peu de biens qu'une famille ouvrière possède, ainsi que les proches, les amis, les relations d'une vie.
Même si on tient compte de la baisse du chômage dont se vante le gouvernement, qu'est-ce que cette société qui condamne près de 2.175.000 de ses membres au chômage, alors qu'on prétend que l'économie va bien ?
Qu'est-ce que cette société qui oblige nombre de ceux qu'elle condamne au chômage à vivre avec les 4.500 F de l'allocation chômage minimum, dégressive avec le temps, et lorsqu'ils ont épuisé leurs droits, avec les 2.608 F du RMI ?
Et même parmi les travailleurs qui ont gardé du travail ou qui en ont retrouvé, combien sont ceux qui ne voient toujours aucune amélioration de leur situation économique ?
Je viens de rendre visite aux grévistes de l'usine de la Société de Parachèvement du Nord. J'ai vu dans quelles conditions infectes ils travaillent en touchant à peine le SMIC et, pour ce qui est des intérimaires, moins encore. C'est une entreprise qui fait le dépolissage de flacons pour parfums. Oh, on en prend soin, de ces flacons pour qu'ils puissent trouver leur place dans les vitrines des magasins de luxe où jamais une femme du peuple ne pourra mettre les pieds ! Mais pour celles et ceux qui polissent les flacons, ce sont les mains rongées par les acides, les poumons brûlés, les dents et les cheveux atteints et la santé esquintée !
Et, maintenant que les travailleurs sont en grève parce qu'ils n'en peuvent plus et pour exiger au moins une prime, voilà ce que leur dit le gérant, tel qu'il l'a exprimé dans les colonnes du "Courrier" : "Nous ne réviserons pas les cadences de travail, elles sont ce qu'elles sont et nous n'avons pas l'intention de les modifier".
Et de menacer les grévistes de délocalisation, c'est-à-dire de fermeture de l'usine.
Dans les colonnes d'un journal, cet individu y met encore des formes. Mais, dans l'entreprise, c'est le langage brutal d'un patron qui croit pouvoir tout se permettre dans une région où perdre son travail, c'est peut-être ne plus en retrouver.
Cet homme se prend pour un patron du siècle passé, et son cynisme va avec. Mais croyez-vous que les messieurs civilisés et polis qui siègent dans les conseils d'administration des grandes entreprises valent mieux ? Regardez donc comment les patrons des sociétés de convoyage et les banquiers, les propriétaires des super et hypermarchés font mourir les convoyeurs de fonds pour économiser quelques dizaines de milliers de francs, eux qui en gagnent des milliards.
Les convoyeurs ont déjà fait plusieurs grèves pour réclamer des aménagements qui, au moins, assurent un minimum de sécurité, comme des sas entre leur véhicule et l'endroit où ils ont à prendre ou à déposer l'argent qu'ils transportent.
Au mois de mai dernier, leur grève avait été suffisamment déterminée pour que le gouvernement promette un décret qui oblige les banquiers à faire quelques aménagements.
Eh bien, depuis le mois de mai, rien n'a changé pour les convoyeurs qui continuent à mourir en transportant l'argent, le sale argent des autres.
D'abord, les ministres concernés, celui de l'Intérieur, Chevènement puis Vaillant, et celui des Transports, Gayssot, ont attendu jusqu'au 18 décembre dernier, c'est-à-dire sept mois, pour signer le décret d'application. Et ce décret donne un délai de deux ans aux banques et aux supermarchés pour exécuter des travaux qui pourraient être faits en quelques jours ! Mais, pendant ce temps, des convoyeurs ont été assassinés !
Les deux crapules qui ont tiré sur les convoyeurs de fonds à l'hôpital de Villejuif sont vraiment des assassins qui ne respectent rien, et surtout pas la vie des plus humbles.
Mais que dire des patrons des entreprises de transport de fonds, des banquiers, des dirigeants de ces grandes chaînes commerciales dont les propriétaires paradent au sommet de la fortune dans ce pays, mais pour qui la vie d'un travailleur ne vaut rien, pas même quelques aménagements au coût dérisoire ?
Que dire de ce gouvernement dont les ministres versent aujourd'hui quelques larmes de crocodile mais qui refusent de prendre des mesures contraignantes à l'égard des banquiers et des propriétaires des hyper et supermarchés ?
Que dire sinon qu'ils sont au moins aussi coupables que les voyous qui assassinent ?
Tous les travailleurs doivent être solidaires de la lutte des convoyeurs de fonds qui réclament des conditions de travail qui leur permettent de vivre sans perdre leur vie. Parce qu'au-dehors des convoyeurs de fonds, ils sont nombreux, les travailleurs qui meurent d'accidents du travail. Et ils sont plus nombreux encore ceux qui sont tués à petits feux du fait de conditions de travail infectes ou usés par les cadences. Oui, ils sont nombreux ceux qui meurent prématurément, simplement pour que les entreprises réalisent toujours plus de profits et pour que les actionnaires, les propriétaires empochent toujours plus de revenus.
Alors oui, qu'ils le fassent avec brutalité ou avec des manières, tous les patrons profitent d'un rapport de forces qu'ils croient favorables pour traiter les travailleurs, leur santé, leurs conditions d'existence, leur vie même, avec le mépris des riches bourgeois pour qui leurs ouvriers ou leurs employés ne sont que des esclaves salariés qui n'ont d'autre raison d'exister que de leur permettre, à eux les riches, de s'enrichir toujours davantage.
Et puis, même pour ces 450.000 travailleurs qui, d'après les statistiques gouvernementales, ont retrouvé du travail au cours des douze derniers mois, il faut un sacré cynisme pour prétendre que leur situation s'est vraiment améliorée.
Ils ont retrouvé du travail peut-être, mais quel travail ! La plupart d'entre eux n'ont retrouvé qu'un travail précaire, en intérim, à temps partiel non choisi, en CDD, avec un salaire à peine plus élevé que l'allocation chômage ou le RMI, qu'ils touchaient lorsqu'ils étaient au chômage.
Le nombre de ceux qu'on a rayés des statistiques du chômage mais qui continuent à alterner les périodes d'emplois précaires avec celles de chômage a doublé en quelques années. Si l'on ajoute ceux qui n'ont que des emplois à temps partiel, on arrive aux faits suivants : un salarié sur six, près de trois millions de personnes, gagne aujourd'hui de 4.900 F net et un salarié sur dix gagne même moins de 3.600 F. Ce qu'on appelle pompeusement la diminution du chômage est, en fait, la diminution du salaire de ceux qui retrouvent un emploi !
Le gouvernement ne ment cependant pas tout à fait lorsqu'il parle de l'amélioration de la situation économique. La situation s'améliore, oui. Tout d'abord pour les patrons, les propriétaires et les actionnaires des grandes entreprises parce que ce sont eux qui sont les premiers bénéficiaires de l'envolée des profits des entreprises depuis des années. La région Nord - Pas-de-Calais a beau être une des régions où il y a le plus de chômeurs et de RMIstes, c'est aussi une des régions qui comptent le plus de "grandes fortunes", accumulées grâce aux grandes chaînes commerciales, comme les Mulliez ou les Halley, grâce à la verrerie, comme la famille Durand et quelques-unes des plus vieilles familles bourgeoises, grâce au textile, c'est-à-dire grâce à l'exploitation des ouvriers et des employés de ces secteurs.
La situation économique s'améliore aussi, bien plus largement, pour toute la piétaille de la bourgeoisie, pour ces bourgeois moyens et petits qui constituent la clientèle des restaurants et des boutiques de luxe, qui ont une vie aisée, des voitures haut de gamme, des propriétés un peu partout. Quand la presse parle de l'accroissement de la consommation des Français, elle parle de ceux-là, de ces centaines de milliers, voire des millions de privilégiés, petits ou grands, de ces gens qui, au-delà de leur diversité, ont en général une chose en commun : ils tirent leurs revenus, directement ou indirectement, de l'exploitation des travailleurs.
Alors, en se réjouissant de l'amélioration de la situation économique de tous ces gens-là et en identifiant la satisfaction de ces gens à celle de l'ensemble du pays, le gouvernement montre seulement qu'il est leur gouvernement, le gouvernement des bourgeois, le gouvernement des riches.
Mais ce sont précisément les raisons qui réjouissent la bourgeoisie qui font le malheur des travailleurs. Car l'accroissement de la richesse des premiers vient de la surexploitation et de l'appauvrissement des seconds.
La bourgeoisie, comme les pires espèces de parasites, vit au détriment de ceux sur le dos desquels elle s'engraisse. Au détriment de ceux qui sont encore au travail, mais aussi au détriment des retraités.
Le patronat vient de déclencher une véritable offensive contre les retraités, ceux qui le sont déjà comme ceux qui le seront dans le futur, c'est-à-dire tous. Le Medef, l'organisation des patrons, estime encore insuffisant l'allongement de la durée de cotisation des travailleurs du privé à 160 trimestres, c'est-à-dire à 40 ans, décidé à l'époque par Balladur et repris à leur compte par Juppé et Jospin. Ce que veulent le baron Seillière et ses semblables, c'est que la durée de cotisation soit de 180 trimestres, c'est-à-dire 45 ans. Ce qui signifie que, pour avoir une retraite complète, il faudra travailler jusqu'à 65 ans. Et même au-delà pour ceux qui n'ont trouvé un emploi qu'à 25 ou 30 ans, ou qui ont connu de longues périodes de chômage sans allocation !
Le patronat ne veut laisser aux travailleurs d'autre choix qu'entre crever au travail ou crever de misère avec une retraite incomplète. Et, encore, même ce choix n'est pas entre les mains des travailleurs. Ce sont les patrons qui décident qui ils considèrent trop usés, de qui ils veulent se débarrasser pour embaucher à leur place de la chair à exploiter plus fraîche.
Aujourd'hui déjà, près de 800.000 vieux travailleurs en sont réduits aux 3.654 F du minimum vieillesse. C'est une ignominie ! Des retraites correctes pour tous les anciens travailleurs, c'est-à-dire une retraite équivalente au salaire, cela devrait faire partie des objectifs des luttes à venir, et cela en fera partie !
Et prétendre, comme le font les patrons, que c'est impossible car, avec le temps, il y a de plus en plus de retraités, c'est une mauvaise plaisanterie. Les progrès de la productivité permettraient de payer des salaires corrects et des retraites correctes, à la seule condition que les fruits de la productivité ne soient pas empochés par le seul patronat !
Dans l'automobile par exemple, on produit aujourd'hui quatre fois plus de voitures avec le même nombre d'ouvriers. Il y aurait là de quoi donner une retraite décente à tous ceux qui ont construit Renault, Peugeot et Citroën.
Les gouvernements de droite ne se donnent même pas la peine de cacher leur haine et leur mépris des travailleurs. C'est dans l'ordre des choses. C'est du côté des bourgeois et des patrons, petits et grands, que les partis de droite glanent leurs voix. C'est à eux qu'ils cherchent à plaire.
Mais la seule différence des partis de gauche, c'est que leur électorat est en grande partie du côté des travailleurs.
Mais, une fois au gouvernement, la gauche et la droite sont aussi dévouées, l'une que l'autre, aux intérêts du grand patronat.
Mais, regardons donc le bilan du gouvernement Jospin. Il continue, comme ses prédécesseurs, à combler le patronat de subventions, d'aides de toute sorte, quitte à économiser sur le reste, sur les services publics indispensables. Il continue à accorder des dégrèvements sur la part patronale des cotisations sociales, quitte à invoquer ensuite les difficultés financières de la Sécurité sociale pour limiter les dépenses de santé des classes populaires. Il continue à faire des cadeaux fiscaux aux plus riches, comme vient de le faire Fabius en réduisant la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, quitte à maintenir à un niveau élevé les impôts indirects, la TVA et les taxes pétrolières, qui frappent avant tout, là encore, les classes populaires. C'est pour donner toujours plus au grand patronat qu'on freine les dépenses pour l'éducation, pour la santé, qu'on limite l'embauche d'enseignants, d'animateurs, d'infirmières, de personnel médical et qu'on ferme des hôpitaux.
Et, même derrière les mesures que le gouvernement présente comme favorables aux travailleurs, il y a toujours une atteinte à leurs intérêts et un cadeau pour les patrons.
Les 35 heures coûteront dans les années à venir des centaines de milliards au budget de l'Etat qui iront aux patrons pour les dédommager d'une loi des 35 heures qui, pourtant, non seulement ne leur fait aucun mal mais comble leurs voeux en imposant l'annualisation du temps de travail et la flexibilité des horaires. La meilleure preuve que cela se fait contre les travailleurs, c'est que la plupart des grèves qui se déroulent depuis plusieurs mois sont des grèves contre les modalités d'application des 35 heures dans leurs entreprises.
Et lorsque le patronat a voulu imposer le PARE, cette modification des conditions d'attribution de l'allocation chômage, qui vise à faire accepter aux chômeurs n'importe quel travail à n'importe quelles conditions, le gouvernement n'a fait mine de résister quelques semaines que pour la forme. Il a fini par cautionner le projet patronal.
La Couverture Maladie Universelle permet, certes, à un plus grand nombre de chômeurs ou de bas salaires de bénéficier d'un minimum de soins médicaux. Mais, en fixant le plafond pour bénéficier de cette couverture à 3.600 F, le gouvernement s'est débrouillé pour en écarter, à quelques dizaine de francs près, ceux qui perçoivent le minimum vieillesse ou l'allocation adulte handicapé ! Alors qu'il s'agit précisément de catégories qui ont le plus besoin de soins médicaux !
Mais, bien au-delà de cette mesquinerie, qu'est-ce que cette société où six millions de personnes ont besoin de cette Couverture Maladie Universelle pour pouvoir aller chez le médecin dans un pays qui se considère pourtant comme un des plus riches du monde ?
Regardez donc la polémique qui agite les milieux dirigeants et les politiciens depuis plusieurs semaines concernant la suppression de la CSG sur les salaires inférieurs ou égaux à 1,4 fois le SMIC. C'était dans le budget présenté par Fabius il y a quelque temps, un petit geste démagogique pour compenser l'important cadeau fiscal qui a été fait aux riches par l'abaissement de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu. Cette proposition a été annulée par le Conseil constitutionnel au prétexte que cela irait à l'encontre du principe d'égalité devant l'impôt. Ce Conseil constitutionnel, qui -je le rappelle- n'est élu par personne mais nommé, n'a rien eu à redire sur l'énorme cadeau fait aux seuls riches mais a trouvé inconstitutionnelle la miette jetée aux travailleurs les plus mal payés.
Les voilà donc, de Jospin à Chirac, de Fabius à Guigou, qui polémiquent sur le thème "sous quelle forme compenser le petit avantage qu'aurait représenté la suppression de la CSG pour les bas salaires". Ils auraient pu augmenter le SMIC. Eh bien, pas question d'obliger les patrons à augmenter le SMIC, sans compenser cette hausse par une réduction de charges sociales. Il ne s'agirait pourtant, pour cette année, que d'une augmentation ridicule de 180 F par mois. Mais à les entendre, cela mettrait en danger l'économie.
Pour tous ces gens-là, quand les profits des entreprises ou les revenus des bourgeois augmentent de 10, 20, 30, 40 ou 100 %, c'est bon pour l'économie. Mais augmenter le SMIC de 180 F cette année, de 540 F en trois ans, ce serait une catastrophe.
Voilà ce que prétendent les politiciens à plat ventre devant la bourgeoisie. Voilà ce que répètent, à longueur de colonne ou d'émission, des commentateurs aux ordres. Ce n'est pas seulement qu'ils se fichent de nous et de la vérité la plus élémentaire. C'est que les seuls intérêts que ces "faiseurs d'opinion" sont autorisés à défendre sont ceux de la bourgeoisie.
Mais ce n'est pas nouveau ! Depuis que le capitalisme existe, les travailleurs n'ont rien obtenu autrement que par leurs propres luttes. "Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes" disait déjà l'Internationale, il y a plus de 130 ans. Entre ceux qui vivent de leur propre travail et ceux qui vivent, et bien mieux, du travail des autres, seul compte le rapport des forces.
Et, même si, depuis les années de crise et de chômage, le patronat tient le bon bout avec la complicité du gouvernement, le rapport des forces, cela se change. Et cela se change par la lutte sociale, par la lutte collective des travailleurs, des chômeurs, des retraités, de toutes les victimes du capital !
Depuis cette manifestation du 1er mai 1891, où les travailleurs ont affronté les balles de l'armée, Fourmies est une des villes qui symbolisent les combats passés de la classe ouvrière, et pas seulement celle de ce pays.
Depuis cette date-là, bien des choses ont changé. Les sciences, les techniques ont accompli des pas de géant. La productivité du travail aussi. La société est assez riche aujourd'hui pour assurer à chacun de ses membres une vie digne du XXIème- siècle qui commence. Et, pourtant, la vie des ouvriers par rapport aux classes riches a peu changé depuis cette époque.
Même ce qui était un des objectifs des travailleurs qui manifestaient il y a plus d'un siècle, les "3 x 8", 8 heures de travail, 8 heures de repos, 8 heures de loisir, reste encore aujourd'hui un objectif à atteindre. Car nombre de ceux qui ont du travail y passent plus de 8 heures par jour, surtout si l'on compte, comme on devrait le faire, le temps de transport. Et, en guise de loisir, celui qui est réservé à nombre de travailleurs, c'est le loisir forcé du temps de chômage.
Car, s'il y a du progrès dans bien des domaines, il n'y en a pas eu dans le domaine, essentiel, de l'organisation de l'économie et de la société. Nous vivons aujourd'hui comme il y a plus d'un siècle, dans le capitalisme, cette organisation injuste et absurde de la société où ce sont précisément ceux qui travaillent, qui font vivre la société, qui sont réduits à la pauvreté tandis que s'engraissent les parasites des classes possédantes.
Oui, il y a plus d'un siècle déjà, nombre de travailleurs de l'époque étaient conscients qu'on ne pourrait améliorer vraiment la situation de la classe ouvrière qu'en changeant l'organisation sociale.
Le combat pour une société plus juste, une société égalitaire, aura été plus long que ne l'avaient espéré nos ancêtres. Mais il n'en est que plus légitime et plus nécessaire aujourd'hui.
D'autant plus que le maintien d'une société basée sur l'exploitation où seul compte l'argent, et pas les hommes, pourrit tout la société, à commencer par la tête.
Il n'y a pas de mois sans qu'éclate une nouvelle "affaire" mêlant milieu d'affaires, milieu politique et milieu tout court. Il y a eu l'affaire des marchés publics de la région parisienne, qui a révélé comment le RPR, l'UDF et le Parti socialiste assuraient les travaux d'entretien et de rénovation des lycées de la région aux grandes entreprises du bâtiment et des travaux publics qui leur versaient des dessous-de-table et comment, tout clivage politique oublié, ils s'entendaient pour répartir l'argent de la corruption. Et voilà qu'éclate cette affaire de trafic d'armes en direction de l'Angola, impliquant Jean-Christophe Mitterrand, Jacques Attali, un auteur à la chaîne de livres à succès et de gros rapport, ainsi que plusieurs hommes de droite.
C'est le fils de l'ancien président de la République qui tient la vedette dans cette affaire. Il a empoché, grâce à son père et à ses relations à la tête de l'Etat, 130 millions, c'est-à-dire plus que le salaire annuel de 160 smicards français, pour avoir servi d'intermédiaire dans ce trafic d'armes. Pour que Pierre Falcone, le trafiquant d'armes paie à Jean-Christophe Mitterrand 130 millions de francs de commission, on imagine les bénéfices qu'il a pu faire lui-même.
Et voilà que de nouvelles révélations viennent d'être faites, hier, dans le quotidien, "Le Figaro", par le PDG d'une société à participation d'Etat, la Sofremi, dont la raison sociale est de pratiquer très officiellement le trafic d'armes, en vendant du matériel de répression et des équipements à des forces de police d'autres pays.
Ce qui rappelle en passant que l'Etat français lui-même est un des trafiquants d'armes les plus importants de la planète. La fabrication d'armes est une des industries les plus florissantes dans ce pays et qui permet à Dassault, Lagardère et à bien d'autres de se maintenir dans le peloton de tête des hommes les plus riches de ce pays. Ils ont un marché assuré grâce aux commandes de l'Etat français, payées par les impôts prélevés sur tous, y compris les plus pauvres. Grâce à ce marché assuré, ils peuvent pratiquer des prix de gros et vendre un peu partout dans le monde, y compris et surtout dans ces pays sous-développés dont la population crève de misère mais dont les dictateurs ont besoin d'armes pour se défendre contre leurs propres peuples.
C'est à l'ombre commode de ce trafic d'armes officiel, poursuivi sous tous les gouvernements, que fleurissent des margoulins comme Pierre Falcone qui, d'après le témoignage publié par "Le Figaro", finissait par faire la pluie et le beau temps dans cette société théoriquement sous le contrôle du ministre de l'Intérieur ! Et pour que ce trafic puisse se dérouler à l'ombre du pouvoir politique, voire avec sa protection, Falcone a su arroser généreusement tout le monde durant des années. Le PDG de la Sofremi accuse nommément l'ancien ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua, vous savez, celui qui a laissé son nom à une loi infâme qui a privé de papiers officiels un grand nombre de travailleurs immigrés alors même qu'ils vivaient et travaillaient depuis longtemps en France.
Pour le moment, Charles Pasqua est toujours député au Parlement européen et continue à y pérorer sur "l'intérêt national". Mais ses affaires ne s'annoncent quand même pas très bien, d'autant que c'est son partenaire politique de l'année dernière, de Villiers, qui réclame le plus bruyamment de pouvoir témoigner contre lui.
Mais le PDG de la Sofremi accuse, aussi, Pierre Joxe, l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur. Celui-ci est, aujourd'hui, président de la Cour des comptes. C'est donc à lui de juger l'honnêteté des comptes des administrations, des collectivités locales et de la Sécurité sociale !
Voilà leur monde, voilà comment cela fonctionne, à l'abri du secret d'Etat, du secret-défense, et plus généralement du secret des affaires, du secret industriel et bancaire. A l'abri de tous ces secrets inventés par la bourgeoisie pour cacher aux classes populaires ses petites et grosses vilenies qui coûtent des millions à la société et le coût autrement plus effarant du gaspillage que l'économie basée sur la recherche du profit impose à la société.
Et j'en profite pour rappeler un de nos objectifs fondamentaux qu'il sera indispensable de mettre en avant lors des futures luttes de la classe ouvrière : la levée du secret des affaires pour l'ensemble des entreprises, qu'elles soient privées ou qu'elles soient d'Etat.
Imposer le contrôle des travailleurs, le contrôle des usagers, le contrôle des consommateurs, sur les comptabilités des entreprises est une mesure indispensable si l'on veut empêcher les groupes financiers et industriels d'utiliser les profits gigantesques qu'ils réalisent sur le dos des classes laborieuses, à influencer la vie politique plus que les élections, en corrompant et en achetant les hommes au pouvoir.
Ce qui est le plus révoltant dans cette affaire de trafic d'armes vers l'Angola, c'est, plus encore que les sommes prélevées, le fait que, pour pouvoir les extorquer, on maintient les habitants d'un des pays les plus pauvres de la planète dans la misère, dans la guerre. Pour assurer le luxe à quelques-uns, on détruit la vie de millions de personnes !
Et cette affaire lève aussi un tout petit coin du voile sur les relations entre l'impérialisme français et les pays pauvres de sa zone d'influence africaine. Derrière les mots anodins de "coopération française africaine", de "francophonie" ou encore "d'aide aux anciennes colonies de la France", se cachent une multitude de réseaux d'intérêts qui permettent à la bourgeoisie française, qui exploite les travailleurs de France, de continuer aussi à piller les pays pauvres d'Afrique.
Combien d'hommes on pourrait sauver de la famine ou de la mort par maladies bénignes rien qu'avec la commission récupérée par le fils Mitterrand ? Et combien d'autres comme lui vivent dans un luxe insolent grâce à des commissions de ce genre ? Et, derrière eux, combien d'autres Falcone bien plus puissants encore que celui-ci, les Bouygues, Bolloré et autres, qui réalisent une partie de leurs profits sur le dos de populations réduites à pouvoir juste survivre ?
Voilà ce que protège l'armée française déployée dans plusieurs pays d'Afrique. Et voilà pourquoi, travailleurs français, travailleurs africains, ceux qui vivent et travaillent ici, en France comme ceux qui tentent de survivre en Afrique, nos intérêts sont irrémédiablement liés. Voilà pourquoi les uns comme les autres, nous ne pourrons nous émanciper qu'en détruisant le pouvoir du grand capital sur la société, ici même et dans le tiers monde.
Alors oui, cette société est pourrie au dernier degré. Il est indispensable, pour l'avenir de l'humanité, de la changer de fond en comble par l'expropriation de la classe bourgeoise, par la suppression de la propriété privée des moyens de production, par la réorganisation de l'économie pour qu'elle ne fonctionne pas pour le profit de quelques-uns, mais pour satisfaire les besoins de la collectivité.
Nous, Lutte ouvrière, nous nous revendiquons de la tradition du courant qui a toujours été présent dans le mouvement ouvrier, par moment sous forme de petits groupes, par moment comme la force dominante du mouvement ouvrier qui se propose comme but de transformer radicalement la société actuelle, le courant communiste.
Ces idées, l'idée de l'émancipation des travailleurs par la révolution sociale, ont toute une histoire, jalonnée par la révolte ouvrière de juin 1848, la Commune de Paris, et toutes les luttes des travailleurs, petites et grandes, grâce auxquelles les choses ont un peu progressé pour les travailleurs et certains droits ont été conquis.
Au lendemain d'une Première Guerre mondiale aussi sanglante qu'absurde, de larges masses laborieuses se sont même emparées de ces idées, au point de disputer le pouvoir à la bourgeoisie régnante. Elles sont alors devenues une force qui a menacé le vieux monde capitaliste. Et, dans un pays au moins, la Russie, les ouvriers sont même parvenus à conquérir le pouvoir au nom de ces idées.
Le mouvement communiste, c'est-à-dire cette composante du mouvement ouvrier, qui se revendique d'une transformation radicale de la société, a regroupé alors des centaines de milliers, des millions de travailleurs.
L'évolution ultérieure des choses n'a pas été favorable aux travailleurs. La révolution ouvrière a été défaite dans la plupart des pays où elle s'est produite car les partis dits socialistes en qui un grand nombre de travailleurs avaient placé leur confiance mirent toutes leurs forces au service de l'ordre capitaliste. Puis, c'est la Russie communiste, laissée isolée par la défaite de la révolution ailleurs, qui subit une dégénérescence bureaucratique. Malgré tous ces reculs, le communisme a marqué tout le XXème siècle.
Malheureusement, le grand parti qui, dans ce pays, porte encore le nom de communiste s'est bien éloigné du communisme, et depuis très longtemps. Aujourd'hui, c'est un parti gouvernemental. Sa politique au gouvernement se confond avec celle du Parti socialiste qui, chaque fois qu'il est au gouvernement, sert obséquieusement les intérêts de la bourgeoisie.
Mais, si les chefs du Parti communiste sont rigoureusement identiques à tous les hommes politiques de la bourgeoisie, la différence, c'est que, même aujourd'hui et malgré des dizaines d'années de trahison des idées communistes de la part de leurs dirigeants, il y a encore des centaines, et peut-être des milliers, de femmes et d'hommes qui sont dans ce parti parce ce qu'ils aspirent à combattre la bourgeoisie et les riches, et pas à les servir comme le font leurs dirigeants.
Ces femmes et ces hommes, ces militants, nous les considérons comme nos frères de combat. Et c'est justement pour cela que nous critiquons leurs dirigeants qui mènent une politique nuisible aux travailleurs et à leurs intérêts. Cette politique d'alignement derrière le Parti socialiste et, au-delà, derrière les intérêts de la bourgeoisie ne date pas de Robert Hue, ni même de Georges Marchais, mais bien du temps de Thorez, du "produire d'abord, revendiquer ensuite" de la course à la production de charbon où tant de mineurs, vos pères, vos oncles, vos grands-parents ont laissé leur vie en mourant étouffés par la silicose. Jusqu'à ce que les mines ferment en ruinant le pays du Nord.
La direction du Parti communiste invoque le réalisme et prétend oeuvrer, même au sein du gouvernement, pour améliorer le sort des ouvriers. Mais les ministres communistes ne servent qu'à cautionner le gouvernement Jospin et à désarmer les militants ouvriers de ce parti.
On ne peut pas tout à la fois servir la bourgeoisie au gouvernement et défendre les intérêts des travailleurs. Et, à pratiquer ce grand écart, le parti finit par écoeurer les travailleurs, à commencer par ses propres militants ouvriers, et par cesser de défendre, dans les entreprises, dans les quartiers, même les quelques valeurs du mouvement ouvrier qu'il continuait à défendre.
Pourtant, la classe ouvrière a besoin de militants, a besoin d'organisations qui continuent à perpétuer le mouvement ouvrier organisé, dans les entreprises comme dans les quartiers populaires.
C'est ce que Lutte ouvrière essaie de faire, même avec bien moins de moyens que le Parti communiste.
C'est dans cette optique que Lutte ouvrière présentera une liste à l'élection municipale ici, à Fourmies, liste conduite par mes camarades Jean Cournut et Marie-Claude Rondeau. Jean Cournut sera également candidat de Lutte ouvrière pour l'élection cantonale de Trélon.
Nous ne nous présentons pas parce que nous aurions trouvé un moyen miraculeux pour mettre fin à la pauvreté et à l'exploitation dans le cadre d'une municipalité. Ce moyen n'existe pas. Les principaux problèmes des travailleurs à Fourmies, comme en dehors, viennent du chômage, des bas salaires, de la morgue patronale. Et même pour ce qui est des problèmes qui sont du ressort de la municipalité, les possibilités du conseil municipal sont réduites.
Notre camarade, Marie-Claude Rondea
Vous ne savez que trop bien ici, à Fourmies, ce que valent les discours du gouvernement sur la croissance ou sur l'amélioration de la situation économique.
Quelles sont donc, ici, les familles ouvrières dont la situation économique se serait améliorée ?
Pas celles, en tout cas, qui comptent un ou plusieurs chômeurs. Or, si le chômage baisse dans les statistiques officielles, nombreux sont ceux qui sont chômeurs depuis deux ou cinq ans, voire plus ?
Combien parmi eux sont ceux qui savent que, vu leur âge, ils n'ont plus aucune chance de retrouver du travail ?
Combien sont les jeunes qui commencent en chômeurs leur vie de travailleur ?
Combien de vies, combien de familles touchées ?
La baisse des statistiques officielles et tronquées du chômage à l'échelle de l'ensemble du pays n'est pas un réconfort pour ceux qui savent que, dans leur région, toutes les entreprises non seulement n'embauchent pas, contrairement à ce qu'on dit, mais que, bien souvent, elles continuent même à diminuer leurs effectifs et que, pour trouver du travail, il faudrait déménager et abandonner le peu de biens qu'une famille ouvrière possède, ainsi que les proches, les amis, les relations d'une vie.
Même si on tient compte de la baisse du chômage dont se vante le gouvernement, qu'est-ce que cette société qui condamne près de 2.175.000 de ses membres au chômage, alors qu'on prétend que l'économie va bien ?
Qu'est-ce que cette société qui oblige nombre de ceux qu'elle condamne au chômage à vivre avec les 4.500 F de l'allocation chômage minimum, dégressive avec le temps, et lorsqu'ils ont épuisé leurs droits, avec les 2.608 F du RMI ?
Et même parmi les travailleurs qui ont gardé du travail ou qui en ont retrouvé, combien sont ceux qui ne voient toujours aucune amélioration de leur situation économique ?
Je viens de rendre visite aux grévistes de l'usine de la Société de Parachèvement du Nord. J'ai vu dans quelles conditions infectes ils travaillent en touchant à peine le SMIC et, pour ce qui est des intérimaires, moins encore. C'est une entreprise qui fait le dépolissage de flacons pour parfums. Oh, on en prend soin, de ces flacons pour qu'ils puissent trouver leur place dans les vitrines des magasins de luxe où jamais une femme du peuple ne pourra mettre les pieds ! Mais pour celles et ceux qui polissent les flacons, ce sont les mains rongées par les acides, les poumons brûlés, les dents et les cheveux atteints et la santé esquintée !
Et, maintenant que les travailleurs sont en grève parce qu'ils n'en peuvent plus et pour exiger au moins une prime, voilà ce que leur dit le gérant, tel qu'il l'a exprimé dans les colonnes du "Courrier" : "Nous ne réviserons pas les cadences de travail, elles sont ce qu'elles sont et nous n'avons pas l'intention de les modifier".
Et de menacer les grévistes de délocalisation, c'est-à-dire de fermeture de l'usine.
Dans les colonnes d'un journal, cet individu y met encore des formes. Mais, dans l'entreprise, c'est le langage brutal d'un patron qui croit pouvoir tout se permettre dans une région où perdre son travail, c'est peut-être ne plus en retrouver.
Cet homme se prend pour un patron du siècle passé, et son cynisme va avec. Mais croyez-vous que les messieurs civilisés et polis qui siègent dans les conseils d'administration des grandes entreprises valent mieux ? Regardez donc comment les patrons des sociétés de convoyage et les banquiers, les propriétaires des super et hypermarchés font mourir les convoyeurs de fonds pour économiser quelques dizaines de milliers de francs, eux qui en gagnent des milliards.
Les convoyeurs ont déjà fait plusieurs grèves pour réclamer des aménagements qui, au moins, assurent un minimum de sécurité, comme des sas entre leur véhicule et l'endroit où ils ont à prendre ou à déposer l'argent qu'ils transportent.
Au mois de mai dernier, leur grève avait été suffisamment déterminée pour que le gouvernement promette un décret qui oblige les banquiers à faire quelques aménagements.
Eh bien, depuis le mois de mai, rien n'a changé pour les convoyeurs qui continuent à mourir en transportant l'argent, le sale argent des autres.
D'abord, les ministres concernés, celui de l'Intérieur, Chevènement puis Vaillant, et celui des Transports, Gayssot, ont attendu jusqu'au 18 décembre dernier, c'est-à-dire sept mois, pour signer le décret d'application. Et ce décret donne un délai de deux ans aux banques et aux supermarchés pour exécuter des travaux qui pourraient être faits en quelques jours ! Mais, pendant ce temps, des convoyeurs ont été assassinés !
Les deux crapules qui ont tiré sur les convoyeurs de fonds à l'hôpital de Villejuif sont vraiment des assassins qui ne respectent rien, et surtout pas la vie des plus humbles.
Mais que dire des patrons des entreprises de transport de fonds, des banquiers, des dirigeants de ces grandes chaînes commerciales dont les propriétaires paradent au sommet de la fortune dans ce pays, mais pour qui la vie d'un travailleur ne vaut rien, pas même quelques aménagements au coût dérisoire ?
Que dire de ce gouvernement dont les ministres versent aujourd'hui quelques larmes de crocodile mais qui refusent de prendre des mesures contraignantes à l'égard des banquiers et des propriétaires des hyper et supermarchés ?
Que dire sinon qu'ils sont au moins aussi coupables que les voyous qui assassinent ?
Tous les travailleurs doivent être solidaires de la lutte des convoyeurs de fonds qui réclament des conditions de travail qui leur permettent de vivre sans perdre leur vie. Parce qu'au-dehors des convoyeurs de fonds, ils sont nombreux, les travailleurs qui meurent d'accidents du travail. Et ils sont plus nombreux encore ceux qui sont tués à petits feux du fait de conditions de travail infectes ou usés par les cadences. Oui, ils sont nombreux ceux qui meurent prématurément, simplement pour que les entreprises réalisent toujours plus de profits et pour que les actionnaires, les propriétaires empochent toujours plus de revenus.
Alors oui, qu'ils le fassent avec brutalité ou avec des manières, tous les patrons profitent d'un rapport de forces qu'ils croient favorables pour traiter les travailleurs, leur santé, leurs conditions d'existence, leur vie même, avec le mépris des riches bourgeois pour qui leurs ouvriers ou leurs employés ne sont que des esclaves salariés qui n'ont d'autre raison d'exister que de leur permettre, à eux les riches, de s'enrichir toujours davantage.
Et puis, même pour ces 450.000 travailleurs qui, d'après les statistiques gouvernementales, ont retrouvé du travail au cours des douze derniers mois, il faut un sacré cynisme pour prétendre que leur situation s'est vraiment améliorée.
Ils ont retrouvé du travail peut-être, mais quel travail ! La plupart d'entre eux n'ont retrouvé qu'un travail précaire, en intérim, à temps partiel non choisi, en CDD, avec un salaire à peine plus élevé que l'allocation chômage ou le RMI, qu'ils touchaient lorsqu'ils étaient au chômage.
Le nombre de ceux qu'on a rayés des statistiques du chômage mais qui continuent à alterner les périodes d'emplois précaires avec celles de chômage a doublé en quelques années. Si l'on ajoute ceux qui n'ont que des emplois à temps partiel, on arrive aux faits suivants : un salarié sur six, près de trois millions de personnes, gagne aujourd'hui de 4.900 F net et un salarié sur dix gagne même moins de 3.600 F. Ce qu'on appelle pompeusement la diminution du chômage est, en fait, la diminution du salaire de ceux qui retrouvent un emploi !
Le gouvernement ne ment cependant pas tout à fait lorsqu'il parle de l'amélioration de la situation économique. La situation s'améliore, oui. Tout d'abord pour les patrons, les propriétaires et les actionnaires des grandes entreprises parce que ce sont eux qui sont les premiers bénéficiaires de l'envolée des profits des entreprises depuis des années. La région Nord - Pas-de-Calais a beau être une des régions où il y a le plus de chômeurs et de RMIstes, c'est aussi une des régions qui comptent le plus de "grandes fortunes", accumulées grâce aux grandes chaînes commerciales, comme les Mulliez ou les Halley, grâce à la verrerie, comme la famille Durand et quelques-unes des plus vieilles familles bourgeoises, grâce au textile, c'est-à-dire grâce à l'exploitation des ouvriers et des employés de ces secteurs.
La situation économique s'améliore aussi, bien plus largement, pour toute la piétaille de la bourgeoisie, pour ces bourgeois moyens et petits qui constituent la clientèle des restaurants et des boutiques de luxe, qui ont une vie aisée, des voitures haut de gamme, des propriétés un peu partout. Quand la presse parle de l'accroissement de la consommation des Français, elle parle de ceux-là, de ces centaines de milliers, voire des millions de privilégiés, petits ou grands, de ces gens qui, au-delà de leur diversité, ont en général une chose en commun : ils tirent leurs revenus, directement ou indirectement, de l'exploitation des travailleurs.
Alors, en se réjouissant de l'amélioration de la situation économique de tous ces gens-là et en identifiant la satisfaction de ces gens à celle de l'ensemble du pays, le gouvernement montre seulement qu'il est leur gouvernement, le gouvernement des bourgeois, le gouvernement des riches.
Mais ce sont précisément les raisons qui réjouissent la bourgeoisie qui font le malheur des travailleurs. Car l'accroissement de la richesse des premiers vient de la surexploitation et de l'appauvrissement des seconds.
La bourgeoisie, comme les pires espèces de parasites, vit au détriment de ceux sur le dos desquels elle s'engraisse. Au détriment de ceux qui sont encore au travail, mais aussi au détriment des retraités.
Le patronat vient de déclencher une véritable offensive contre les retraités, ceux qui le sont déjà comme ceux qui le seront dans le futur, c'est-à-dire tous. Le Medef, l'organisation des patrons, estime encore insuffisant l'allongement de la durée de cotisation des travailleurs du privé à 160 trimestres, c'est-à-dire à 40 ans, décidé à l'époque par Balladur et repris à leur compte par Juppé et Jospin. Ce que veulent le baron Seillière et ses semblables, c'est que la durée de cotisation soit de 180 trimestres, c'est-à-dire 45 ans. Ce qui signifie que, pour avoir une retraite complète, il faudra travailler jusqu'à 65 ans. Et même au-delà pour ceux qui n'ont trouvé un emploi qu'à 25 ou 30 ans, ou qui ont connu de longues périodes de chômage sans allocation !
Le patronat ne veut laisser aux travailleurs d'autre choix qu'entre crever au travail ou crever de misère avec une retraite incomplète. Et, encore, même ce choix n'est pas entre les mains des travailleurs. Ce sont les patrons qui décident qui ils considèrent trop usés, de qui ils veulent se débarrasser pour embaucher à leur place de la chair à exploiter plus fraîche.
Aujourd'hui déjà, près de 800.000 vieux travailleurs en sont réduits aux 3.654 F du minimum vieillesse. C'est une ignominie ! Des retraites correctes pour tous les anciens travailleurs, c'est-à-dire une retraite équivalente au salaire, cela devrait faire partie des objectifs des luttes à venir, et cela en fera partie !
Et prétendre, comme le font les patrons, que c'est impossible car, avec le temps, il y a de plus en plus de retraités, c'est une mauvaise plaisanterie. Les progrès de la productivité permettraient de payer des salaires corrects et des retraites correctes, à la seule condition que les fruits de la productivité ne soient pas empochés par le seul patronat !
Dans l'automobile par exemple, on produit aujourd'hui quatre fois plus de voitures avec le même nombre d'ouvriers. Il y aurait là de quoi donner une retraite décente à tous ceux qui ont construit Renault, Peugeot et Citroën.
Les gouvernements de droite ne se donnent même pas la peine de cacher leur haine et leur mépris des travailleurs. C'est dans l'ordre des choses. C'est du côté des bourgeois et des patrons, petits et grands, que les partis de droite glanent leurs voix. C'est à eux qu'ils cherchent à plaire.
Mais la seule différence des partis de gauche, c'est que leur électorat est en grande partie du côté des travailleurs.
Mais, une fois au gouvernement, la gauche et la droite sont aussi dévouées, l'une que l'autre, aux intérêts du grand patronat.
Mais, regardons donc le bilan du gouvernement Jospin. Il continue, comme ses prédécesseurs, à combler le patronat de subventions, d'aides de toute sorte, quitte à économiser sur le reste, sur les services publics indispensables. Il continue à accorder des dégrèvements sur la part patronale des cotisations sociales, quitte à invoquer ensuite les difficultés financières de la Sécurité sociale pour limiter les dépenses de santé des classes populaires. Il continue à faire des cadeaux fiscaux aux plus riches, comme vient de le faire Fabius en réduisant la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, quitte à maintenir à un niveau élevé les impôts indirects, la TVA et les taxes pétrolières, qui frappent avant tout, là encore, les classes populaires. C'est pour donner toujours plus au grand patronat qu'on freine les dépenses pour l'éducation, pour la santé, qu'on limite l'embauche d'enseignants, d'animateurs, d'infirmières, de personnel médical et qu'on ferme des hôpitaux.
Et, même derrière les mesures que le gouvernement présente comme favorables aux travailleurs, il y a toujours une atteinte à leurs intérêts et un cadeau pour les patrons.
Les 35 heures coûteront dans les années à venir des centaines de milliards au budget de l'Etat qui iront aux patrons pour les dédommager d'une loi des 35 heures qui, pourtant, non seulement ne leur fait aucun mal mais comble leurs voeux en imposant l'annualisation du temps de travail et la flexibilité des horaires. La meilleure preuve que cela se fait contre les travailleurs, c'est que la plupart des grèves qui se déroulent depuis plusieurs mois sont des grèves contre les modalités d'application des 35 heures dans leurs entreprises.
Et lorsque le patronat a voulu imposer le PARE, cette modification des conditions d'attribution de l'allocation chômage, qui vise à faire accepter aux chômeurs n'importe quel travail à n'importe quelles conditions, le gouvernement n'a fait mine de résister quelques semaines que pour la forme. Il a fini par cautionner le projet patronal.
La Couverture Maladie Universelle permet, certes, à un plus grand nombre de chômeurs ou de bas salaires de bénéficier d'un minimum de soins médicaux. Mais, en fixant le plafond pour bénéficier de cette couverture à 3.600 F, le gouvernement s'est débrouillé pour en écarter, à quelques dizaine de francs près, ceux qui perçoivent le minimum vieillesse ou l'allocation adulte handicapé ! Alors qu'il s'agit précisément de catégories qui ont le plus besoin de soins médicaux !
Mais, bien au-delà de cette mesquinerie, qu'est-ce que cette société où six millions de personnes ont besoin de cette Couverture Maladie Universelle pour pouvoir aller chez le médecin dans un pays qui se considère pourtant comme un des plus riches du monde ?
Regardez donc la polémique qui agite les milieux dirigeants et les politiciens depuis plusieurs semaines concernant la suppression de la CSG sur les salaires inférieurs ou égaux à 1,4 fois le SMIC. C'était dans le budget présenté par Fabius il y a quelque temps, un petit geste démagogique pour compenser l'important cadeau fiscal qui a été fait aux riches par l'abaissement de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu. Cette proposition a été annulée par le Conseil constitutionnel au prétexte que cela irait à l'encontre du principe d'égalité devant l'impôt. Ce Conseil constitutionnel, qui -je le rappelle- n'est élu par personne mais nommé, n'a rien eu à redire sur l'énorme cadeau fait aux seuls riches mais a trouvé inconstitutionnelle la miette jetée aux travailleurs les plus mal payés.
Les voilà donc, de Jospin à Chirac, de Fabius à Guigou, qui polémiquent sur le thème "sous quelle forme compenser le petit avantage qu'aurait représenté la suppression de la CSG pour les bas salaires". Ils auraient pu augmenter le SMIC. Eh bien, pas question d'obliger les patrons à augmenter le SMIC, sans compenser cette hausse par une réduction de charges sociales. Il ne s'agirait pourtant, pour cette année, que d'une augmentation ridicule de 180 F par mois. Mais à les entendre, cela mettrait en danger l'économie.
Pour tous ces gens-là, quand les profits des entreprises ou les revenus des bourgeois augmentent de 10, 20, 30, 40 ou 100 %, c'est bon pour l'économie. Mais augmenter le SMIC de 180 F cette année, de 540 F en trois ans, ce serait une catastrophe.
Voilà ce que prétendent les politiciens à plat ventre devant la bourgeoisie. Voilà ce que répètent, à longueur de colonne ou d'émission, des commentateurs aux ordres. Ce n'est pas seulement qu'ils se fichent de nous et de la vérité la plus élémentaire. C'est que les seuls intérêts que ces "faiseurs d'opinion" sont autorisés à défendre sont ceux de la bourgeoisie.
Mais ce n'est pas nouveau ! Depuis que le capitalisme existe, les travailleurs n'ont rien obtenu autrement que par leurs propres luttes. "Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes" disait déjà l'Internationale, il y a plus de 130 ans. Entre ceux qui vivent de leur propre travail et ceux qui vivent, et bien mieux, du travail des autres, seul compte le rapport des forces.
Et, même si, depuis les années de crise et de chômage, le patronat tient le bon bout avec la complicité du gouvernement, le rapport des forces, cela se change. Et cela se change par la lutte sociale, par la lutte collective des travailleurs, des chômeurs, des retraités, de toutes les victimes du capital !
Depuis cette manifestation du 1er mai 1891, où les travailleurs ont affronté les balles de l'armée, Fourmies est une des villes qui symbolisent les combats passés de la classe ouvrière, et pas seulement celle de ce pays.
Depuis cette date-là, bien des choses ont changé. Les sciences, les techniques ont accompli des pas de géant. La productivité du travail aussi. La société est assez riche aujourd'hui pour assurer à chacun de ses membres une vie digne du XXIème- siècle qui commence. Et, pourtant, la vie des ouvriers par rapport aux classes riches a peu changé depuis cette époque.
Même ce qui était un des objectifs des travailleurs qui manifestaient il y a plus d'un siècle, les "3 x 8", 8 heures de travail, 8 heures de repos, 8 heures de loisir, reste encore aujourd'hui un objectif à atteindre. Car nombre de ceux qui ont du travail y passent plus de 8 heures par jour, surtout si l'on compte, comme on devrait le faire, le temps de transport. Et, en guise de loisir, celui qui est réservé à nombre de travailleurs, c'est le loisir forcé du temps de chômage.
Car, s'il y a du progrès dans bien des domaines, il n'y en a pas eu dans le domaine, essentiel, de l'organisation de l'économie et de la société. Nous vivons aujourd'hui comme il y a plus d'un siècle, dans le capitalisme, cette organisation injuste et absurde de la société où ce sont précisément ceux qui travaillent, qui font vivre la société, qui sont réduits à la pauvreté tandis que s'engraissent les parasites des classes possédantes.
Oui, il y a plus d'un siècle déjà, nombre de travailleurs de l'époque étaient conscients qu'on ne pourrait améliorer vraiment la situation de la classe ouvrière qu'en changeant l'organisation sociale.
Le combat pour une société plus juste, une société égalitaire, aura été plus long que ne l'avaient espéré nos ancêtres. Mais il n'en est que plus légitime et plus nécessaire aujourd'hui.
D'autant plus que le maintien d'une société basée sur l'exploitation où seul compte l'argent, et pas les hommes, pourrit tout la société, à commencer par la tête.
Il n'y a pas de mois sans qu'éclate une nouvelle "affaire" mêlant milieu d'affaires, milieu politique et milieu tout court. Il y a eu l'affaire des marchés publics de la région parisienne, qui a révélé comment le RPR, l'UDF et le Parti socialiste assuraient les travaux d'entretien et de rénovation des lycées de la région aux grandes entreprises du bâtiment et des travaux publics qui leur versaient des dessous-de-table et comment, tout clivage politique oublié, ils s'entendaient pour répartir l'argent de la corruption. Et voilà qu'éclate cette affaire de trafic d'armes en direction de l'Angola, impliquant Jean-Christophe Mitterrand, Jacques Attali, un auteur à la chaîne de livres à succès et de gros rapport, ainsi que plusieurs hommes de droite.
C'est le fils de l'ancien président de la République qui tient la vedette dans cette affaire. Il a empoché, grâce à son père et à ses relations à la tête de l'Etat, 130 millions, c'est-à-dire plus que le salaire annuel de 160 smicards français, pour avoir servi d'intermédiaire dans ce trafic d'armes. Pour que Pierre Falcone, le trafiquant d'armes paie à Jean-Christophe Mitterrand 130 millions de francs de commission, on imagine les bénéfices qu'il a pu faire lui-même.
Et voilà que de nouvelles révélations viennent d'être faites, hier, dans le quotidien, "Le Figaro", par le PDG d'une société à participation d'Etat, la Sofremi, dont la raison sociale est de pratiquer très officiellement le trafic d'armes, en vendant du matériel de répression et des équipements à des forces de police d'autres pays.
Ce qui rappelle en passant que l'Etat français lui-même est un des trafiquants d'armes les plus importants de la planète. La fabrication d'armes est une des industries les plus florissantes dans ce pays et qui permet à Dassault, Lagardère et à bien d'autres de se maintenir dans le peloton de tête des hommes les plus riches de ce pays. Ils ont un marché assuré grâce aux commandes de l'Etat français, payées par les impôts prélevés sur tous, y compris les plus pauvres. Grâce à ce marché assuré, ils peuvent pratiquer des prix de gros et vendre un peu partout dans le monde, y compris et surtout dans ces pays sous-développés dont la population crève de misère mais dont les dictateurs ont besoin d'armes pour se défendre contre leurs propres peuples.
C'est à l'ombre commode de ce trafic d'armes officiel, poursuivi sous tous les gouvernements, que fleurissent des margoulins comme Pierre Falcone qui, d'après le témoignage publié par "Le Figaro", finissait par faire la pluie et le beau temps dans cette société théoriquement sous le contrôle du ministre de l'Intérieur ! Et pour que ce trafic puisse se dérouler à l'ombre du pouvoir politique, voire avec sa protection, Falcone a su arroser généreusement tout le monde durant des années. Le PDG de la Sofremi accuse nommément l'ancien ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua, vous savez, celui qui a laissé son nom à une loi infâme qui a privé de papiers officiels un grand nombre de travailleurs immigrés alors même qu'ils vivaient et travaillaient depuis longtemps en France.
Pour le moment, Charles Pasqua est toujours député au Parlement européen et continue à y pérorer sur "l'intérêt national". Mais ses affaires ne s'annoncent quand même pas très bien, d'autant que c'est son partenaire politique de l'année dernière, de Villiers, qui réclame le plus bruyamment de pouvoir témoigner contre lui.
Mais le PDG de la Sofremi accuse, aussi, Pierre Joxe, l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur. Celui-ci est, aujourd'hui, président de la Cour des comptes. C'est donc à lui de juger l'honnêteté des comptes des administrations, des collectivités locales et de la Sécurité sociale !
Voilà leur monde, voilà comment cela fonctionne, à l'abri du secret d'Etat, du secret-défense, et plus généralement du secret des affaires, du secret industriel et bancaire. A l'abri de tous ces secrets inventés par la bourgeoisie pour cacher aux classes populaires ses petites et grosses vilenies qui coûtent des millions à la société et le coût autrement plus effarant du gaspillage que l'économie basée sur la recherche du profit impose à la société.
Et j'en profite pour rappeler un de nos objectifs fondamentaux qu'il sera indispensable de mettre en avant lors des futures luttes de la classe ouvrière : la levée du secret des affaires pour l'ensemble des entreprises, qu'elles soient privées ou qu'elles soient d'Etat.
Imposer le contrôle des travailleurs, le contrôle des usagers, le contrôle des consommateurs, sur les comptabilités des entreprises est une mesure indispensable si l'on veut empêcher les groupes financiers et industriels d'utiliser les profits gigantesques qu'ils réalisent sur le dos des classes laborieuses, à influencer la vie politique plus que les élections, en corrompant et en achetant les hommes au pouvoir.
Ce qui est le plus révoltant dans cette affaire de trafic d'armes vers l'Angola, c'est, plus encore que les sommes prélevées, le fait que, pour pouvoir les extorquer, on maintient les habitants d'un des pays les plus pauvres de la planète dans la misère, dans la guerre. Pour assurer le luxe à quelques-uns, on détruit la vie de millions de personnes !
Et cette affaire lève aussi un tout petit coin du voile sur les relations entre l'impérialisme français et les pays pauvres de sa zone d'influence africaine. Derrière les mots anodins de "coopération française africaine", de "francophonie" ou encore "d'aide aux anciennes colonies de la France", se cachent une multitude de réseaux d'intérêts qui permettent à la bourgeoisie française, qui exploite les travailleurs de France, de continuer aussi à piller les pays pauvres d'Afrique.
Combien d'hommes on pourrait sauver de la famine ou de la mort par maladies bénignes rien qu'avec la commission récupérée par le fils Mitterrand ? Et combien d'autres comme lui vivent dans un luxe insolent grâce à des commissions de ce genre ? Et, derrière eux, combien d'autres Falcone bien plus puissants encore que celui-ci, les Bouygues, Bolloré et autres, qui réalisent une partie de leurs profits sur le dos de populations réduites à pouvoir juste survivre ?
Voilà ce que protège l'armée française déployée dans plusieurs pays d'Afrique. Et voilà pourquoi, travailleurs français, travailleurs africains, ceux qui vivent et travaillent ici, en France comme ceux qui tentent de survivre en Afrique, nos intérêts sont irrémédiablement liés. Voilà pourquoi les uns comme les autres, nous ne pourrons nous émanciper qu'en détruisant le pouvoir du grand capital sur la société, ici même et dans le tiers monde.
Alors oui, cette société est pourrie au dernier degré. Il est indispensable, pour l'avenir de l'humanité, de la changer de fond en comble par l'expropriation de la classe bourgeoise, par la suppression de la propriété privée des moyens de production, par la réorganisation de l'économie pour qu'elle ne fonctionne pas pour le profit de quelques-uns, mais pour satisfaire les besoins de la collectivité.
Nous, Lutte ouvrière, nous nous revendiquons de la tradition du courant qui a toujours été présent dans le mouvement ouvrier, par moment sous forme de petits groupes, par moment comme la force dominante du mouvement ouvrier qui se propose comme but de transformer radicalement la société actuelle, le courant communiste.
Ces idées, l'idée de l'émancipation des travailleurs par la révolution sociale, ont toute une histoire, jalonnée par la révolte ouvrière de juin 1848, la Commune de Paris, et toutes les luttes des travailleurs, petites et grandes, grâce auxquelles les choses ont un peu progressé pour les travailleurs et certains droits ont été conquis.
Au lendemain d'une Première Guerre mondiale aussi sanglante qu'absurde, de larges masses laborieuses se sont même emparées de ces idées, au point de disputer le pouvoir à la bourgeoisie régnante. Elles sont alors devenues une force qui a menacé le vieux monde capitaliste. Et, dans un pays au moins, la Russie, les ouvriers sont même parvenus à conquérir le pouvoir au nom de ces idées.
Le mouvement communiste, c'est-à-dire cette composante du mouvement ouvrier, qui se revendique d'une transformation radicale de la société, a regroupé alors des centaines de milliers, des millions de travailleurs.
L'évolution ultérieure des choses n'a pas été favorable aux travailleurs. La révolution ouvrière a été défaite dans la plupart des pays où elle s'est produite car les partis dits socialistes en qui un grand nombre de travailleurs avaient placé leur confiance mirent toutes leurs forces au service de l'ordre capitaliste. Puis, c'est la Russie communiste, laissée isolée par la défaite de la révolution ailleurs, qui subit une dégénérescence bureaucratique. Malgré tous ces reculs, le communisme a marqué tout le XXème siècle.
Malheureusement, le grand parti qui, dans ce pays, porte encore le nom de communiste s'est bien éloigné du communisme, et depuis très longtemps. Aujourd'hui, c'est un parti gouvernemental. Sa politique au gouvernement se confond avec celle du Parti socialiste qui, chaque fois qu'il est au gouvernement, sert obséquieusement les intérêts de la bourgeoisie.
Mais, si les chefs du Parti communiste sont rigoureusement identiques à tous les hommes politiques de la bourgeoisie, la différence, c'est que, même aujourd'hui et malgré des dizaines d'années de trahison des idées communistes de la part de leurs dirigeants, il y a encore des centaines, et peut-être des milliers, de femmes et d'hommes qui sont dans ce parti parce ce qu'ils aspirent à combattre la bourgeoisie et les riches, et pas à les servir comme le font leurs dirigeants.
Ces femmes et ces hommes, ces militants, nous les considérons comme nos frères de combat. Et c'est justement pour cela que nous critiquons leurs dirigeants qui mènent une politique nuisible aux travailleurs et à leurs intérêts. Cette politique d'alignement derrière le Parti socialiste et, au-delà, derrière les intérêts de la bourgeoisie ne date pas de Robert Hue, ni même de Georges Marchais, mais bien du temps de Thorez, du "produire d'abord, revendiquer ensuite" de la course à la production de charbon où tant de mineurs, vos pères, vos oncles, vos grands-parents ont laissé leur vie en mourant étouffés par la silicose. Jusqu'à ce que les mines ferment en ruinant le pays du Nord.
La direction du Parti communiste invoque le réalisme et prétend oeuvrer, même au sein du gouvernement, pour améliorer le sort des ouvriers. Mais les ministres communistes ne servent qu'à cautionner le gouvernement Jospin et à désarmer les militants ouvriers de ce parti.
On ne peut pas tout à la fois servir la bourgeoisie au gouvernement et défendre les intérêts des travailleurs. Et, à pratiquer ce grand écart, le parti finit par écoeurer les travailleurs, à commencer par ses propres militants ouvriers, et par cesser de défendre, dans les entreprises, dans les quartiers, même les quelques valeurs du mouvement ouvrier qu'il continuait à défendre.
Pourtant, la classe ouvrière a besoin de militants, a besoin d'organisations qui continuent à perpétuer le mouvement ouvrier organisé, dans les entreprises comme dans les quartiers populaires.
C'est ce que Lutte ouvrière essaie de faire, même avec bien moins de moyens que le Parti communiste.
C'est dans cette optique que Lutte ouvrière présentera une liste à l'élection municipale ici, à Fourmies, liste conduite par mes camarades Jean Cournut et Marie-Claude Rondeau. Jean Cournut sera également candidat de Lutte ouvrière pour l'élection cantonale de Trélon.
Nous ne nous présentons pas parce que nous aurions trouvé un moyen miraculeux pour mettre fin à la pauvreté et à l'exploitation dans le cadre d'une municipalité. Ce moyen n'existe pas. Les principaux problèmes des travailleurs à Fourmies, comme en dehors, viennent du chômage, des bas salaires, de la morgue patronale. Et même pour ce qui est des problèmes qui sont du ressort de la municipalité, les possibilités du conseil municipal sont réduites.
Notre camarade, Marie-Claude Rondea