Texte intégral
G. Cahour.- Bonjour A. Santini.
R.- Salut.
Q.- Merci d'être sur notre plateau ce matin. Vous êtes secrétaire d'Etat à la Fonction publique. Avec la grève contre les régimes spéciaux qui continue, avec les négociations qui devraient commencer mercredi, la grève continue pendant ce temps-là, et puis demain une autre grève qui vous concerne plus directement, celle de la fonction publique. La fusion des grèves, la fusion des revendications, c'est le pire scénario pour le Gouvernement.
R.- Non, c'est même plutôt le pire pour les organisations syndicales représentatives parce que...
Q.- ... de la fonction publique ?
R.- De la fonction publique en particulier, car cette grève pour défendre les régimes spéciaux va polluer le mouvement des organisations syndicales de la fonction publique, qui le disent d'ailleurs, qui ne veulent pas que l'on mélange les problèmes. N'oubliez pas qu'en 2003, la fonction publique a déjà été ordonnée différemment. Donc, ils ne veulent pas aujourd'hui, à juste titre, que ceux qui défendent les privilèges qu'on leur a supprimés soient aujourd'hui dans le même débat. On est en train de faire une OPA sur leur grève.
Q.- « Une OPA sur leur grève », sauf que dans la défense de ces privilèges, comme vous dites, les régimes spéciaux de retraite, il y a aussi la notion de pouvoir d'achat qui ressort avec la décote, avec la peur aussi de perdre du pouvoir d'achat en partant plus tard à la retraite. Donc, si finalement le pouvoir d'achat devient le dénominateur commun de ces grèves, ça peut devenir totalement explosif et indétricotable pour le Gouvernement.
R.- Monsieur Cahour, le pouvoir d'achat est le point commun de tous les Français. Les fonctionnaires n'ont pas plus de problème de pouvoir d'achat que tous les Français. Donc, il ne faut pas mélanger là encore les registres. Si nous reprenons : en février, le Gouvernement a augmenté de 0,7 la rémunération des fonctionnaires ; dans la loi TEPA, la fameuse loi, les fonctionnaires ont été pris en compte pour la défiscalisation du revenu supplémentaire, heures supplémentaires, et pour l'exonération de charges. Je prenais l'autre jour devant la Commission des lois au Sénat un jeune professeur "capésien", sans charges de famille, qui avait 4.000 heures supplémentaires - 4.000 euros d'heures supplémentaires - va percevoir 5.000 euros net, c'est-à-dire que le net rejoint le brut. C'est incontestablement une progression.
Q.- Mais vous n'avez pas peur donc qu'il y ait une sorte de mélange des genres qui finalement donne une fusion des mouvements sociaux et finalement un troisième tour social ? Parce qu'on entend quand même des messages antigouvernement dans les revendications aussi.
R.- Oui, de quelques extrémistes.
Q.- Mais ce sont ces extrémistes aujourd'hui qui bloquent.
R.- Oui, ils bloquent, mais minoritaires, et c'est eux dont les Français ont bien compris qu'ils étaient les artisans - comme ceux qui sont dans les universités aussi aujourd'hui - d'un pseudo troisième tour qui ne profiterait absolument pas aux Français et à la France.
Q.- Est-ce que ce sont les extrémistes qui bloquent ou les extrémistes que l'on entend le plus ?
R.- Les deux, mon colonel. Les deux ! Il est normal pour les journalistes, que ne vais pas critiquer pour une fois, d'aller chercher celui qui crie le plus fort. La majorité est silencieuse comme l'armée est la grande muette, n'est-ce pas. Eh bien, aujourd'hui, on voit nettement le mouvement, sauf qu'on commence à entendre et j'ai vu avec intérêt que les grévistes s'en prenaient aux journalistes, on commence à entendre les Français, je dirais moyens, les gens de bonne foi, les vrais gens, qui disent : « ça va comme ça, puisque vous allez négocier, eh bien faites-le vite ».
Q.- Est-ce que le risque, finalement, ce n'est pas justement de couper la France en deux, de créer un climat social qui risque d'avoir des répercussions sur plusieurs semaines ou plusieurs mois avec les pro, les anti-grève ?
R.- Non, je crois que ce n'est pas du tout le cas de figure de 95. Les Français ont beaucoup évolué, la campagne présidentielle pendant laquelle N. Sarkozy a mis tous ces thèmes sur la table en disant « je vous pose la question avant parce que je l'appliquerai après », a nettoyé le débat idéologique, et je crois que c'est une bonne chose.
Q.- Alors, des maires UMP d'Ile de France ont décidé de mettre en place un certain nombre de systèmes pour pouvoir accueillir notamment les enfants dans les écoles ou dans les crèches. Vous, vous êtes maire d'Issy-les-Moulineaux...
R.- ... oui, ça fait quinze ans que je le fais.
Q.- Vous faites quoi alors ?
R.- Eh bien, depuis quinze ans, au début ça a tiqué un peu, à chaque fois qu'un mouvement de grève est annoncé, je consulte sereinement les directeurs d'établissement, c'est valable aussi pour les crèches, les écoles et les crèches, et on me dit : « on accueille les enfants ou on ne les accueille pas », c'est tout, je ne m'occupe pas d'autre chose. Et s'il n'y a pas possibilité d'accueil par les enseignants, je mets en place des animateurs qui ne font pas de l'enseignement mais qui assurent la garde des enfants, ainsi que la restauration scolaire.
Q.- Animateurs que vous recrutez donc, au coup par coup ?
R.- Absolument.
Q.- A la journée, pour la mission.
R.- Voilà, selon les besoins.
Q.- Selon les besoins !
R.- Et ça se passe très bien depuis une quinzaine d'années.
Q.- Pour cette grève qu'on annonce très suivie vous vous attendez, justement, à un mouvement important ou pas, cette grève des fonctionnaires demain ?
R.- Vous savez, une grève moyenne dans la fonction publique c'est 30 % de participation. Donc cette fois, parce que c'est une grève dont les organisations veulent qu'elle soit typiquement fonctionnaire, tout le monde a donc appelé au mouvement.
Q.- Et elle n'est pas reconductible celle-ci.
R.- Elle n'est pas reconductible, et elle est effectivement fondée sur des raisons salariales. On ne sent pas de machination politique, en tout cas demain. Alors, elle sera sans doute largement suivie, mais cela n'empêchera pas le Gouvernement, E. Woerth et moi-même, de poursuivre les négociations qui sont commencées parce que ce que veulent les fonctionnaires, c'est qu'on avance dans la solution à leurs problèmes, c'est qu'on leur propose une fonction publique moderne, innovante, adaptée et ça c'est ce que nous avons commencé de faire depuis le 1er octobre.
Q.- Pour la grève des régimes spéciaux de retraite, on dit que N. Sarkozy est aux commandes...
R.- Absolument.
Q.- D'ailleurs, on constate que F. Fillon et X. Bertrand sont plusieurs fois par jour à l'Elysée. Vous, vous y êtes allé hier soir, vous allez y aller ce soir ?
R.- Non, on verra, on verra.
Q.- Mais est-ce que vous avez l'impression que N. Sarkozy veut prendre la main, prendre le contrôle...
R.- Il n'a pas besoin de prendre, il a la main, c'est tout. Il a été élu, il est parfaitement légitime, il a été sur des thèmes...
Q.- Il vous a donné un coup de fil sur cette grève des fonctionnaires pour avoir le baromètre ?
R.- Pas encore, pas encore.
Q.- Pas encore ! Donc, il n'est pas inquiet !
R.- Mais il suit de très près, rassurez-vous, et ses conseillers qui sont remarquables suivent de très près.
Q.- Alors, N. Sarkozy qui disait justement pendant la campagne que les fonctionnaires étaient mal payés.
R.- Oui.
Q.- Que proposez-vous pour mieux payer les fonctionnaires aujourd'hui parce que visiblement depuis six mois, ça n'a pas l'air de trop coller puisqu'ils manifestent demain ?
R.- Oui, alors ça n'a pas à trop coller, comme vous dites. Dans le budget, cependant, il y a 2,9 milliards de crédits supplémentaires pour la rémunération des fonctionnaires de l'Etat. Alors, quand vous rajoutez et les fonctionnaires territoriaux et les fonctionnaires de la fonction hospitalière, ça n'est quand même pas rien.
Q.- Ca fait combien par personne ?
R.- Je ne sais pas, vous savez très bien que ça dépend de la catégorie, ça dépend de l'affectation.
Q.- Parce qu'en général, les négociations salariales c'est des négociations communes pour tout le monde, on négocie en pourcentage.
R.- Oui, c'est ce qu'on ne souhaite plus. Ca, les syndicats s'y cramponnent avec énergie, nous considérons nous que ça ne représente plus aujourd'hui que 25 à 30 % de l'augmentation, et les 70 % on n'en discute pas. C'est ce qu'on appelle le glissement vieillesse-technicité, c'est la prime locale. 70 % ça mérite qu'on en discute.
Q.- Vous ne souhaitez plus cette hausse généralisée, d'où cette manifestation demain.
R.- Oui, qui ne correspond à rien, mais ça ce n'est pas la seule raison que nous avons de dialoguer avec les fonctionnaires.
Q.- A. Santini est notre invité ce matin sur RMC et sur BFM TV jusqu'à 9 heures...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 novembre 2007
R.- Salut.
Q.- Merci d'être sur notre plateau ce matin. Vous êtes secrétaire d'Etat à la Fonction publique. Avec la grève contre les régimes spéciaux qui continue, avec les négociations qui devraient commencer mercredi, la grève continue pendant ce temps-là, et puis demain une autre grève qui vous concerne plus directement, celle de la fonction publique. La fusion des grèves, la fusion des revendications, c'est le pire scénario pour le Gouvernement.
R.- Non, c'est même plutôt le pire pour les organisations syndicales représentatives parce que...
Q.- ... de la fonction publique ?
R.- De la fonction publique en particulier, car cette grève pour défendre les régimes spéciaux va polluer le mouvement des organisations syndicales de la fonction publique, qui le disent d'ailleurs, qui ne veulent pas que l'on mélange les problèmes. N'oubliez pas qu'en 2003, la fonction publique a déjà été ordonnée différemment. Donc, ils ne veulent pas aujourd'hui, à juste titre, que ceux qui défendent les privilèges qu'on leur a supprimés soient aujourd'hui dans le même débat. On est en train de faire une OPA sur leur grève.
Q.- « Une OPA sur leur grève », sauf que dans la défense de ces privilèges, comme vous dites, les régimes spéciaux de retraite, il y a aussi la notion de pouvoir d'achat qui ressort avec la décote, avec la peur aussi de perdre du pouvoir d'achat en partant plus tard à la retraite. Donc, si finalement le pouvoir d'achat devient le dénominateur commun de ces grèves, ça peut devenir totalement explosif et indétricotable pour le Gouvernement.
R.- Monsieur Cahour, le pouvoir d'achat est le point commun de tous les Français. Les fonctionnaires n'ont pas plus de problème de pouvoir d'achat que tous les Français. Donc, il ne faut pas mélanger là encore les registres. Si nous reprenons : en février, le Gouvernement a augmenté de 0,7 la rémunération des fonctionnaires ; dans la loi TEPA, la fameuse loi, les fonctionnaires ont été pris en compte pour la défiscalisation du revenu supplémentaire, heures supplémentaires, et pour l'exonération de charges. Je prenais l'autre jour devant la Commission des lois au Sénat un jeune professeur "capésien", sans charges de famille, qui avait 4.000 heures supplémentaires - 4.000 euros d'heures supplémentaires - va percevoir 5.000 euros net, c'est-à-dire que le net rejoint le brut. C'est incontestablement une progression.
Q.- Mais vous n'avez pas peur donc qu'il y ait une sorte de mélange des genres qui finalement donne une fusion des mouvements sociaux et finalement un troisième tour social ? Parce qu'on entend quand même des messages antigouvernement dans les revendications aussi.
R.- Oui, de quelques extrémistes.
Q.- Mais ce sont ces extrémistes aujourd'hui qui bloquent.
R.- Oui, ils bloquent, mais minoritaires, et c'est eux dont les Français ont bien compris qu'ils étaient les artisans - comme ceux qui sont dans les universités aussi aujourd'hui - d'un pseudo troisième tour qui ne profiterait absolument pas aux Français et à la France.
Q.- Est-ce que ce sont les extrémistes qui bloquent ou les extrémistes que l'on entend le plus ?
R.- Les deux, mon colonel. Les deux ! Il est normal pour les journalistes, que ne vais pas critiquer pour une fois, d'aller chercher celui qui crie le plus fort. La majorité est silencieuse comme l'armée est la grande muette, n'est-ce pas. Eh bien, aujourd'hui, on voit nettement le mouvement, sauf qu'on commence à entendre et j'ai vu avec intérêt que les grévistes s'en prenaient aux journalistes, on commence à entendre les Français, je dirais moyens, les gens de bonne foi, les vrais gens, qui disent : « ça va comme ça, puisque vous allez négocier, eh bien faites-le vite ».
Q.- Est-ce que le risque, finalement, ce n'est pas justement de couper la France en deux, de créer un climat social qui risque d'avoir des répercussions sur plusieurs semaines ou plusieurs mois avec les pro, les anti-grève ?
R.- Non, je crois que ce n'est pas du tout le cas de figure de 95. Les Français ont beaucoup évolué, la campagne présidentielle pendant laquelle N. Sarkozy a mis tous ces thèmes sur la table en disant « je vous pose la question avant parce que je l'appliquerai après », a nettoyé le débat idéologique, et je crois que c'est une bonne chose.
Q.- Alors, des maires UMP d'Ile de France ont décidé de mettre en place un certain nombre de systèmes pour pouvoir accueillir notamment les enfants dans les écoles ou dans les crèches. Vous, vous êtes maire d'Issy-les-Moulineaux...
R.- ... oui, ça fait quinze ans que je le fais.
Q.- Vous faites quoi alors ?
R.- Eh bien, depuis quinze ans, au début ça a tiqué un peu, à chaque fois qu'un mouvement de grève est annoncé, je consulte sereinement les directeurs d'établissement, c'est valable aussi pour les crèches, les écoles et les crèches, et on me dit : « on accueille les enfants ou on ne les accueille pas », c'est tout, je ne m'occupe pas d'autre chose. Et s'il n'y a pas possibilité d'accueil par les enseignants, je mets en place des animateurs qui ne font pas de l'enseignement mais qui assurent la garde des enfants, ainsi que la restauration scolaire.
Q.- Animateurs que vous recrutez donc, au coup par coup ?
R.- Absolument.
Q.- A la journée, pour la mission.
R.- Voilà, selon les besoins.
Q.- Selon les besoins !
R.- Et ça se passe très bien depuis une quinzaine d'années.
Q.- Pour cette grève qu'on annonce très suivie vous vous attendez, justement, à un mouvement important ou pas, cette grève des fonctionnaires demain ?
R.- Vous savez, une grève moyenne dans la fonction publique c'est 30 % de participation. Donc cette fois, parce que c'est une grève dont les organisations veulent qu'elle soit typiquement fonctionnaire, tout le monde a donc appelé au mouvement.
Q.- Et elle n'est pas reconductible celle-ci.
R.- Elle n'est pas reconductible, et elle est effectivement fondée sur des raisons salariales. On ne sent pas de machination politique, en tout cas demain. Alors, elle sera sans doute largement suivie, mais cela n'empêchera pas le Gouvernement, E. Woerth et moi-même, de poursuivre les négociations qui sont commencées parce que ce que veulent les fonctionnaires, c'est qu'on avance dans la solution à leurs problèmes, c'est qu'on leur propose une fonction publique moderne, innovante, adaptée et ça c'est ce que nous avons commencé de faire depuis le 1er octobre.
Q.- Pour la grève des régimes spéciaux de retraite, on dit que N. Sarkozy est aux commandes...
R.- Absolument.
Q.- D'ailleurs, on constate que F. Fillon et X. Bertrand sont plusieurs fois par jour à l'Elysée. Vous, vous y êtes allé hier soir, vous allez y aller ce soir ?
R.- Non, on verra, on verra.
Q.- Mais est-ce que vous avez l'impression que N. Sarkozy veut prendre la main, prendre le contrôle...
R.- Il n'a pas besoin de prendre, il a la main, c'est tout. Il a été élu, il est parfaitement légitime, il a été sur des thèmes...
Q.- Il vous a donné un coup de fil sur cette grève des fonctionnaires pour avoir le baromètre ?
R.- Pas encore, pas encore.
Q.- Pas encore ! Donc, il n'est pas inquiet !
R.- Mais il suit de très près, rassurez-vous, et ses conseillers qui sont remarquables suivent de très près.
Q.- Alors, N. Sarkozy qui disait justement pendant la campagne que les fonctionnaires étaient mal payés.
R.- Oui.
Q.- Que proposez-vous pour mieux payer les fonctionnaires aujourd'hui parce que visiblement depuis six mois, ça n'a pas l'air de trop coller puisqu'ils manifestent demain ?
R.- Oui, alors ça n'a pas à trop coller, comme vous dites. Dans le budget, cependant, il y a 2,9 milliards de crédits supplémentaires pour la rémunération des fonctionnaires de l'Etat. Alors, quand vous rajoutez et les fonctionnaires territoriaux et les fonctionnaires de la fonction hospitalière, ça n'est quand même pas rien.
Q.- Ca fait combien par personne ?
R.- Je ne sais pas, vous savez très bien que ça dépend de la catégorie, ça dépend de l'affectation.
Q.- Parce qu'en général, les négociations salariales c'est des négociations communes pour tout le monde, on négocie en pourcentage.
R.- Oui, c'est ce qu'on ne souhaite plus. Ca, les syndicats s'y cramponnent avec énergie, nous considérons nous que ça ne représente plus aujourd'hui que 25 à 30 % de l'augmentation, et les 70 % on n'en discute pas. C'est ce qu'on appelle le glissement vieillesse-technicité, c'est la prime locale. 70 % ça mérite qu'on en discute.
Q.- Vous ne souhaitez plus cette hausse généralisée, d'où cette manifestation demain.
R.- Oui, qui ne correspond à rien, mais ça ce n'est pas la seule raison que nous avons de dialoguer avec les fonctionnaires.
Q.- A. Santini est notre invité ce matin sur RMC et sur BFM TV jusqu'à 9 heures...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 novembre 2007