Déclaration de Mme Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, sur les chaînes thématiques, Sénat le 3 décembre 2007.

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Circonstance : Colloque "Chaînes thématiques : quelles nouvelles frontières ?" au Sénat le 3 décembre 2007

Texte intégral


Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Président de l'ACCeS,
Monsieur le Délégué général,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse d'être parmi vous ce matin pour ouvrir le colloque organisé par votre association pour célébrer ses dix années d'existence.
L'Association des Chaînes Conventionnées éditrices de Services, qu'on appelle plus couramment par ses initiales, l'A.C.C.e.S., est devenue dès sa naissance en 1997 une organisation clef du paysage audiovisuel français. Elle est ouverte à l'ensemble des éditeurs de chaînes, quels que soient leurs actionnaires, quels que soient leurs distributeurs, et elle doit sa force à sa représentativité. Aujourd'hui, elle regroupe en effet 35 chaînes établies en France, qui ont conclu une convention avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel pour une diffusion par le câble et le satellite, par voie hertzienne terrestre en mode numérique, ou par un autre réseau de communication électronique sur le territoire français.
Le succès de l'ACCeS est d'abord celui des chaînes qui en sont membres. L'apparition des chaînes thématiques dans les années quatre-vingts a profondément changé la façon dont les Français regardent la télévision. Au plus près des intérêts des téléspectateurs, elles ont considérablement enrichi et diversifié notre paysage audiovisuel. Cinéphiles, mélomanes, sportifs, croyants, enfants, globe-trotters, tous ont aujourd'hui, grâce à vous, une voire plusieurs chaînes pour assouvir leur curiosité et leur passion.
Ils ne s'en privent pas, et plébiscitent des chaînes à leur image : les chaînes thématiques représentent actuellement environ 12 % de la part d'audience. Et encore plus si l'on se situe dans l'univers de l'ensemble des abonnés au câble et au satellite : les chaînes thématiques représentent alors 36 % de la part d'audience.
C'est une vraie réussite, et je vous en félicite. Elle est due à la performance de femmes et d'hommes passionnés par leur métier, et qui travaillent souvent dans des conditions bien différentes et plus difficiles que celles des grandes chaînes généralistes. En 2005, le chiffre d'affaires des 95 chaînes thématiques conventionnées par le CSA représentait près d'un milliard d'euros, soit 14 % du chiffre d'affaires total du secteur de la télévision. Ces chaînes portent donc des enjeux industriels, économiques, et d'emploi tout à fait essentiels.
Mais je suis bien consciente également des difficultés qu'elles rencontrent aujourd'hui. Des difficultés d'abord liées aux mutations fondamentales du paysage audiovisuel français : le basculement complet de l'analogique au numérique, le lancement de la télévision mobile, celui de la haute définition et la concurrence des sites d'hébergement de contenus sur internet. Confrontées à de telles transformations, les chaînes thématiques sont appelées à s'adapter, et je sais qu'elles ont l'ambition, l'énergie, et la créativité nécessaires pour y parvenir.
Je n'ignore pas non plus la rude concurrence des chaînes thématiques internationales, qui ont souvent de moindres obligations. Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel a récemment noté que certaines chaînes thématiques françaises ont des difficultés à respecter les quotas de diffusion et d'investissement dans la production audiovisuelle.
J'ai bien conscience de l'insuffisance de la circulation des programmes, et plus particulièrement des oeuvres audiovisuelles. J'ai donc confié à messieurs Dominique Richard et David Kessler une mission de réflexion sur les décrets dits « Tasca », en concertation avec l'ensemble des acteurs concernés. La question de la circulation des oeuvres et des engagements en matière d'investissements dans la production est au coeur de leur réflexion et j'attends leurs premières propositions dans la seconde quinzaine du mois de décembre.
Je sais enfin combien l'économie des chaînes thématiques est fragile. Leurs sources de financement reposent en partie sur les rémunérations qui proviennent de leur diffusion par satellite et par ADSL. Je suis particulièrement attentive au respect des engagements pris par le groupe Canal+ lors de la création de Canalsat, qui joue un rôle clef dans la pérennité des chaînes thématiques.
Les chaînes de l'ACCeS, et plus largement l'ensemble des chaînes thématiques, sont un maillon vital de la diversité culturelle française et du pluralisme de nos écrans. Elles sont essentielles à mes yeux et je ferai tout pour qu'elles préservent la qualité, l'exigence, l'ouverture qui font leur richesse et la fidélité de leurs téléspectateurs.Source http://www.culture.gouv.fr, le 4 décembre 2007