Texte intégral
Monsieur le député-maire,
Madame et messieurs les élus,
Messieurs les présidents,
Mesdames et messieurs les directeurs,
Mesdames, messieurs,
Chers amis,
Permettez-moi tout d'abord de saluer l'initiative du Comité Régional du Tourisme d'Ile-de-France, de Touriscopie, de Stratégie de développement local d'organiser ces premières rencontres nationales du temps libre.
Cette question du temps de travail, du temps libre est ancienne.
Du "droit à la paresse" de Paul LAFARGUE, à la revendication des trois fois huit heures (8 heures de travail, de repos, de loisirs), du Front Populaire à, plus près de nous, la cinquième semaine de congés payés et les 35 heures, le rapport au temps des vacances a largement été présent dans les luttes et les avancées sociales du siècle dernier.
D'ailleurs c'est à cette époque là que se sont développées les grandes associations et entreprises de tourisme.
Ainsi, la réduction du temps de travail a-t-elle permis, pendant longtemps, l'élargissement de l'accès aux vacances.
Dans la dernière décennie, dans un pays frappé par un chômage de masse, la réflexion sur la réduction du temps de travail a essentiellement porté sur ses conséquences en termes d'emploi.
Cette démarche était et reste nécessaire.
Pour autant elle ne peut nous conduire à une absence de réflexion sur l'utilisation du temps libre.
Car réduire le temps de travail, c'est considérer que l'homme producteur, vit aussi d'autres temps que celui justement passé à la production.
C'est ce que l'on appelle les temps sociaux ou temps de la vie: temps de loisirs et de vacances mais également d'éducation, de formation, etc.
C'est bien dans cette perspective que se sont tenus les travaux de votre colloque : il s'agit désormais d'examiner l'usage qui sera fait du temps libéré, notamment dans le domaine des loisirs et du tourisme.
Or, si comme je l'indiquais, les répercussions de la réduction du temps de travail sur l'emploi ou la productivité est connue, il n'en est pas de même sur l'évolution des temps libérés.
C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il y a plus d'un an, la Direction du tourisme a commandé l'étude "IRIS" dont il a largement été question aujourd'hui.
Je reste persuadée qu'en la matière une observation fine et continue des mouvements induits par la réduction du temps de travail, est un élément essentiel de l'adaptation de l'offre touristique aux nouveaux besoins des consommateurs, sur l'ensemble de nos territoires.
Car, nous le savons, le rapport des français aux vacances a changé.
Nos compatriotes partent plus souvent et moins longtemps, développant ainsi ce que nous appelons les tourisme de court séjour et de proximité.
Dans le même temps, on ne peut ignorer que près de 40 % de nos concitoyens n'ont toujours pas accès aux vacances.
Si donc nous pouvons considérer - et les premières enquêtes le prouvent - que la réduction du temps de travail peut augmenter le nombre des partants, en particulier dans le cadre de courts séjours, cela mérite d'être examiné dans la durée.
Une des questions essentielles à laquelle nous devons répondre est bien celle de l'aggravation ou de la résorption des inégalités face à l'accès aux vacances.
Car si la réduction du temps de travail concerne les salariés - et aujourd'hui, pour l'essentiel, ceux des entreprises de plus de 20 salariés - elle exclue de fait les personnes privées d'activité pour qui les rapports au temps n'ont pas singulièrement changé.
Ainsi, nous sommes face à un premier puzzle où s'imbriquent, comme autant de pièces, différentes catégories sociales ou d'âges.
Bouger une seule pièce de ce puzzle ne peut se faire sans examiner les conditions d'interaction avec les autres et de cohérence avec l'ensemble.
Le deuxième puzzle est celui de l'utilisation de ce temps libéré.
- Cela a-t-il modifié les liens familiaux ou les comportements à l'intérieur de la cellule familiale ?
- Cela a-t-il encourager la vie associative, la participation citoyenne ?
- Cela a-t-il permis une plus grande ouverture à la culture, aux loisirs ?
Nous en sommes, à vrai dire, aujourd'hui plus au temps des questions qu'à celui de réponses élaborées.
Néanmoins, je suis persuadée qu'un des enjeux de la réduction du temps de travail est, par exemple, le resserrement des liens familiaux autour des activités de tourisme et de loisirs.
Cela suppose que l'ensemble des intervenants touristiques - professionnels, associatifs et institutionnels - soient à même de répondre à une nouvelle demande.
Ainsi, le développement touristique doit désormais prendre en compte une attente de loisirs et de tourisme de proximité, la multiplication des courts séjours (près de 42 % de nos compatriotes utilisent ce type de vacances au moins une fois, notamment dans le secteur marchand), mais il doit aussi répondre à des demandes plus instantanées, à une exigence de vacances plus diversifiées et de qualité.
Bien évidemment, cette qualité des services offerts s'appuie sur la qualité de l'emploi touristique elle-même, dont un des éléments principal tient aussi à la mise en place de la réduction du temps de travail dans ce domaine d'activité.
Il serait en effet tout à fait paradoxal que les salariés du tourisme, un des premier secteur à bénéficier de la RTT, ne puissent accéder, eux aussi, à plus de temps libéré.
A ce propos, je note avec satisfaction que sa mise en uvre dans le secteur de hôtellerie et de la restauration est en bonne voie. Il s'agit là, j'en suis convaincue, d'une condition essentielle, à la fois, de la modernisation de ce secteur et de la qualité de l'offre touristique notre pays.
Tout cela n'est d'ailleurs pas sans conséquences sur l'offre de transport, ni sur la politique d'aménagement du territoire par la création de nouveaux lieux de séjours qui permettraient, aux côtés de sites réputés, la mise en tourisme de sites aux potentiel jusque-là peu valorisé.
A ce point de mon propos, permettez-moi de rappeler que l'enjeu de l'adaptation de l'offre touristique concerne toutes les formes de tourisme qu'il soit marchand ou non marchand.
Dans une région comme l'Ile-de-France, où l'essentiel des courts séjours est capté par le secteur marchand - je pense notamment au parcs de loisirs et d'attraction - ne faut-il pas réfléchir à développer des projets touristiques avec le secteur associatif ?
Je crois pour ma part que ce nouveau temps libéré peut être utilement occupé à promouvoir les valeurs de citoyenneté, de fraternité et de solidarité dont ce mouvement est porteur.
Le développement du tourisme et des loisirs de proximité, peut être ainsi un réel moteur de découverte, d'enrichissement et de progrès et non de simple consommation.
De manière générale, le gouvernement se doit d'accompagner le mouvement pour que ce nouveau temps libéré soit, par un plus grand nombre, plus largement utilisé aux vacances et aux loisirs.
C'est, pour ma part, le sens de la politique que j'ai initiée et mise en uvre depuis maintenant plus de trois ans.
Elle s'est traduite, par exemple, par le développement du Chèque-vacances inscrit dans la loi du 12 juillet 1999.
Accessible désormais aux salariés des PME - PMI de moins de 50 salariés, l'extension du Chèque-vacances doit être aujourd'hui accélérée.
A cet égard, de nouvelles coopérations entre collectivités territoriales, entreprises, organisations syndicales et l'Agence Nationale du Chèque Vacances me semblent nécessaires.
Cette nouvelle politique du tourisme s'est aussi traduite par l'aide que nous avons développée et que nous allons poursuivre pour la rénovation du patrimoine du tourisme social et associatif.
Elle s'est enfin illustrée à travers la création de la Bourse Solidarité Vacances qui permet aux familles les plus démunies de profiter, souvent pour la première fois, de ce moment unique de ressourcement que sont les vacances.
A cet égard, je me réjouis que la région Ile-de-France soit l'un des premiers partenaires institutionnels de la Bourse Solidarité Vacances.
Au delà, et face à l'étendue des besoins, nous devons nous attacher au développement des aides personnalisées au départ en des familles.
C'est le travail que nous avons entrepris avec ma collègue ministre de l'Enfance et de la Famille, Ségolène Royal, afin de redisposer et de redimensionner les aides attribuées par les Caisses d'Allocations Familiales. Il devrait aboutir dès le printemps prochain.
Dans cet esprit, je souhaite également que s'organisent une réflexion et des échanges sur les modes d'intervention potentiels de nos partenaires naturels que sont les collectivités territoriales et locales.
Ensemble, nous pouvons faire beaucoup, tant les vacances et les loisirs sont un moment de resserrement du lien familial mais aussi social.
Mesdames, messieurs,
Nous le voyons, l'enjeu de la réduction du temps de travail est à la fois social, et économique.
Social, car il renvoie à un autre rapport au temps passé au travail mais aussi à la place des loisirs et du tourisme dans notre société ; économique, car la réponse que nous serons capable d'apporter ne sera pas sans incidence sur la création d'emploi et de richesses.
Le travail que vous avez effectué aujourd'hui, à l'occasion de ce colloque, participe au débat sur les enjeux qui sont ceux du développement du tourisme, singulièrement dans la première région touristique de France.
Dans un siècle où l'activité touristique est promise à un accroissement significatif, vos réflexions d'aujourd'hui sont des éléments de construction de l'avenir.
Je vous remercie.
(source http://www.tourisme.equipement.gouv.fr, le 9 mars 2001)
Madame et messieurs les élus,
Messieurs les présidents,
Mesdames et messieurs les directeurs,
Mesdames, messieurs,
Chers amis,
Permettez-moi tout d'abord de saluer l'initiative du Comité Régional du Tourisme d'Ile-de-France, de Touriscopie, de Stratégie de développement local d'organiser ces premières rencontres nationales du temps libre.
Cette question du temps de travail, du temps libre est ancienne.
Du "droit à la paresse" de Paul LAFARGUE, à la revendication des trois fois huit heures (8 heures de travail, de repos, de loisirs), du Front Populaire à, plus près de nous, la cinquième semaine de congés payés et les 35 heures, le rapport au temps des vacances a largement été présent dans les luttes et les avancées sociales du siècle dernier.
D'ailleurs c'est à cette époque là que se sont développées les grandes associations et entreprises de tourisme.
Ainsi, la réduction du temps de travail a-t-elle permis, pendant longtemps, l'élargissement de l'accès aux vacances.
Dans la dernière décennie, dans un pays frappé par un chômage de masse, la réflexion sur la réduction du temps de travail a essentiellement porté sur ses conséquences en termes d'emploi.
Cette démarche était et reste nécessaire.
Pour autant elle ne peut nous conduire à une absence de réflexion sur l'utilisation du temps libre.
Car réduire le temps de travail, c'est considérer que l'homme producteur, vit aussi d'autres temps que celui justement passé à la production.
C'est ce que l'on appelle les temps sociaux ou temps de la vie: temps de loisirs et de vacances mais également d'éducation, de formation, etc.
C'est bien dans cette perspective que se sont tenus les travaux de votre colloque : il s'agit désormais d'examiner l'usage qui sera fait du temps libéré, notamment dans le domaine des loisirs et du tourisme.
Or, si comme je l'indiquais, les répercussions de la réduction du temps de travail sur l'emploi ou la productivité est connue, il n'en est pas de même sur l'évolution des temps libérés.
C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il y a plus d'un an, la Direction du tourisme a commandé l'étude "IRIS" dont il a largement été question aujourd'hui.
Je reste persuadée qu'en la matière une observation fine et continue des mouvements induits par la réduction du temps de travail, est un élément essentiel de l'adaptation de l'offre touristique aux nouveaux besoins des consommateurs, sur l'ensemble de nos territoires.
Car, nous le savons, le rapport des français aux vacances a changé.
Nos compatriotes partent plus souvent et moins longtemps, développant ainsi ce que nous appelons les tourisme de court séjour et de proximité.
Dans le même temps, on ne peut ignorer que près de 40 % de nos concitoyens n'ont toujours pas accès aux vacances.
Si donc nous pouvons considérer - et les premières enquêtes le prouvent - que la réduction du temps de travail peut augmenter le nombre des partants, en particulier dans le cadre de courts séjours, cela mérite d'être examiné dans la durée.
Une des questions essentielles à laquelle nous devons répondre est bien celle de l'aggravation ou de la résorption des inégalités face à l'accès aux vacances.
Car si la réduction du temps de travail concerne les salariés - et aujourd'hui, pour l'essentiel, ceux des entreprises de plus de 20 salariés - elle exclue de fait les personnes privées d'activité pour qui les rapports au temps n'ont pas singulièrement changé.
Ainsi, nous sommes face à un premier puzzle où s'imbriquent, comme autant de pièces, différentes catégories sociales ou d'âges.
Bouger une seule pièce de ce puzzle ne peut se faire sans examiner les conditions d'interaction avec les autres et de cohérence avec l'ensemble.
Le deuxième puzzle est celui de l'utilisation de ce temps libéré.
- Cela a-t-il modifié les liens familiaux ou les comportements à l'intérieur de la cellule familiale ?
- Cela a-t-il encourager la vie associative, la participation citoyenne ?
- Cela a-t-il permis une plus grande ouverture à la culture, aux loisirs ?
Nous en sommes, à vrai dire, aujourd'hui plus au temps des questions qu'à celui de réponses élaborées.
Néanmoins, je suis persuadée qu'un des enjeux de la réduction du temps de travail est, par exemple, le resserrement des liens familiaux autour des activités de tourisme et de loisirs.
Cela suppose que l'ensemble des intervenants touristiques - professionnels, associatifs et institutionnels - soient à même de répondre à une nouvelle demande.
Ainsi, le développement touristique doit désormais prendre en compte une attente de loisirs et de tourisme de proximité, la multiplication des courts séjours (près de 42 % de nos compatriotes utilisent ce type de vacances au moins une fois, notamment dans le secteur marchand), mais il doit aussi répondre à des demandes plus instantanées, à une exigence de vacances plus diversifiées et de qualité.
Bien évidemment, cette qualité des services offerts s'appuie sur la qualité de l'emploi touristique elle-même, dont un des éléments principal tient aussi à la mise en place de la réduction du temps de travail dans ce domaine d'activité.
Il serait en effet tout à fait paradoxal que les salariés du tourisme, un des premier secteur à bénéficier de la RTT, ne puissent accéder, eux aussi, à plus de temps libéré.
A ce propos, je note avec satisfaction que sa mise en uvre dans le secteur de hôtellerie et de la restauration est en bonne voie. Il s'agit là, j'en suis convaincue, d'une condition essentielle, à la fois, de la modernisation de ce secteur et de la qualité de l'offre touristique notre pays.
Tout cela n'est d'ailleurs pas sans conséquences sur l'offre de transport, ni sur la politique d'aménagement du territoire par la création de nouveaux lieux de séjours qui permettraient, aux côtés de sites réputés, la mise en tourisme de sites aux potentiel jusque-là peu valorisé.
A ce point de mon propos, permettez-moi de rappeler que l'enjeu de l'adaptation de l'offre touristique concerne toutes les formes de tourisme qu'il soit marchand ou non marchand.
Dans une région comme l'Ile-de-France, où l'essentiel des courts séjours est capté par le secteur marchand - je pense notamment au parcs de loisirs et d'attraction - ne faut-il pas réfléchir à développer des projets touristiques avec le secteur associatif ?
Je crois pour ma part que ce nouveau temps libéré peut être utilement occupé à promouvoir les valeurs de citoyenneté, de fraternité et de solidarité dont ce mouvement est porteur.
Le développement du tourisme et des loisirs de proximité, peut être ainsi un réel moteur de découverte, d'enrichissement et de progrès et non de simple consommation.
De manière générale, le gouvernement se doit d'accompagner le mouvement pour que ce nouveau temps libéré soit, par un plus grand nombre, plus largement utilisé aux vacances et aux loisirs.
C'est, pour ma part, le sens de la politique que j'ai initiée et mise en uvre depuis maintenant plus de trois ans.
Elle s'est traduite, par exemple, par le développement du Chèque-vacances inscrit dans la loi du 12 juillet 1999.
Accessible désormais aux salariés des PME - PMI de moins de 50 salariés, l'extension du Chèque-vacances doit être aujourd'hui accélérée.
A cet égard, de nouvelles coopérations entre collectivités territoriales, entreprises, organisations syndicales et l'Agence Nationale du Chèque Vacances me semblent nécessaires.
Cette nouvelle politique du tourisme s'est aussi traduite par l'aide que nous avons développée et que nous allons poursuivre pour la rénovation du patrimoine du tourisme social et associatif.
Elle s'est enfin illustrée à travers la création de la Bourse Solidarité Vacances qui permet aux familles les plus démunies de profiter, souvent pour la première fois, de ce moment unique de ressourcement que sont les vacances.
A cet égard, je me réjouis que la région Ile-de-France soit l'un des premiers partenaires institutionnels de la Bourse Solidarité Vacances.
Au delà, et face à l'étendue des besoins, nous devons nous attacher au développement des aides personnalisées au départ en des familles.
C'est le travail que nous avons entrepris avec ma collègue ministre de l'Enfance et de la Famille, Ségolène Royal, afin de redisposer et de redimensionner les aides attribuées par les Caisses d'Allocations Familiales. Il devrait aboutir dès le printemps prochain.
Dans cet esprit, je souhaite également que s'organisent une réflexion et des échanges sur les modes d'intervention potentiels de nos partenaires naturels que sont les collectivités territoriales et locales.
Ensemble, nous pouvons faire beaucoup, tant les vacances et les loisirs sont un moment de resserrement du lien familial mais aussi social.
Mesdames, messieurs,
Nous le voyons, l'enjeu de la réduction du temps de travail est à la fois social, et économique.
Social, car il renvoie à un autre rapport au temps passé au travail mais aussi à la place des loisirs et du tourisme dans notre société ; économique, car la réponse que nous serons capable d'apporter ne sera pas sans incidence sur la création d'emploi et de richesses.
Le travail que vous avez effectué aujourd'hui, à l'occasion de ce colloque, participe au débat sur les enjeux qui sont ceux du développement du tourisme, singulièrement dans la première région touristique de France.
Dans un siècle où l'activité touristique est promise à un accroissement significatif, vos réflexions d'aujourd'hui sont des éléments de construction de l'avenir.
Je vous remercie.
(source http://www.tourisme.equipement.gouv.fr, le 9 mars 2001)