Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Vous étiez au dîner hier soir avec le colonel Kadhafi, non, vous n'étiez pas invité ?
R.- Non, j'étais à Strasbourg hier soir, avec les parlementaires européens.
Q.- Vous aviez autre chose à faire...
R.- Et je peux vous en parler en détail si vous voulez, parce que c'était pour préparer la présidence française de l'Europe.
Q.- Oui, c'est important. Est-ce cela vous gêne, cette visite de Kadhafi, franchement ?
R.- Pas du tout, pourquoi ?
Q.- Non, je ne sais pas, je vous pose la question...
R.- Voilà, vous avez dit "je ne sais pas". Je crois qu'il y a la Libye d'hier, d'avant-hier, et aujourd'hui, on a un pays qui est sur la voie de la respectabilité et qui veut justement revenir dans le concert des nations. Et si franchement, on n'accompagne pas ces pays qui veulent revenir justement vers la voie du grand concert des nations, que va-t-on dire à ceux qui aujourd'hui s'interrogent pour savoir s'ils doivent suivre le mouvement ? Je crois qu'en plus, le colonel Kadhafi a été reçu par nombre de chefs d'Etat ; la France le fait. Le président de la République a parlé notamment d'une question qui est sur toutes les lèvres, la question des droits de l'homme, dès le début. Donc je crois que sur ce sujet, nous sommes conformes à notre histoire et à nos engagements.
Q.- Donc vous comprenez mal que le ministre des Affaires étrangères ne soit pas allé au dîner d'hier soir ?
R.- Moi, je ne vais pas...
Q.-...Je pose la question.
R.- Et la réponse aussi, visiblement, avec un grand sourire malicieux en plus...
Q.- Non, pas malicieux, je vous pose la question.
R.- Il était hier à Bruxelles, il s'est exprimé sur le sujet. Il n'y a aucune difficulté, et d'ailleurs, notamment, sur le cas de R. Yade, parce que vous pouvez aussi me parler de Rama. Elle a exprimé sa sensibilité, on le sait bien, vous connaissez aussi le tempérament, la sensibilité de Rama. Je crois que c'est ce qui est important et le plus important, c'est que l'un des premiers sujets abordés par le Président a été la question des droits de l'homme. Et pour dire quoi ? Qu'il fallait aussi continuer à progresser sur cette question.
Q.- Le fait que le colonel Kadhafi soit allé se recueillir sur la tombe du général de Gaulle, est-ce une bonne idée ? Cela vous choquerait ou pas ?
R.- Gaulliste que je suis, non, absolument pas.
Q.- Cela ne vous choquerait pas ?
R.- Non, absolument pas.
Q.- L'image ne vous choquera pas. Parlons de ce fameux pouvoir d'achat : j'ai entendu madame Lagarde nous dire que nous allions, tous les salariés de France, nous allions bénéficier d'un mois de salaire en plus en 2008, grâce aux mesures prises. Etes-vous d'accord avec elle ? Un mois de salaire en plus !
R.- L'ensemble des mesures qui ont été prises, et notamment depuis l'élection du président de la République, cela commence aujourd'hui à représenter, effectivement, un mois sur l'ensemble des mesures qui seront prises 2007 et 2008. Parce que n'oublions pas une chose, c'est que avec les heures supplémentaires...
Q.- Un mois de salaire sur deux ans, quoi ? Eh oui...
R.- Non. Avec les mesures qui ont déjà été prises, en termes de pouvoir d'achat sur les heures supplémentaires, vous avez quelqu'un qui est au Smic, qui faisait quatre heures supplémentaires, par exemple, en septembre, en octobre, ça a été 70 euros de plus par mois. Vous y ajoutez les mesures que nous allons prendre, le texte qui sera présenté demain en Conseil des ministres sur le déblocage de la participation, des fonds de participation, sur la prime...
Q.- C'est de l'argent qui appartient déjà aux salariés, ce n'est pas un plus, cela appartient aux salariés.
R.- Oui, mais aujourd'hui, ce n'est pas dans leur poche, vous le savez.
Q.- Oui, d'accord, ce sera dans leur poche dans quatre ou cinq ans...
R.- Soyons concrets : la seule chose qui compte justement pour les salariés, c'est de savoir, si oui ou non, ils vont en avoir plus sur leur fiche de paye et sur leur compte en banque. Nous allons donc, demain, présenter en Conseil des ministres un texte important avec trois mesures, pour ma partie. Il y a le déblocage des fonds de participation ; il y a, pour les entreprises dans lesquelles il n'y a pas ces fonds de participation, les petites entreprises, la possibilité pour les chefs d'entreprise de verser une prime de 1.000 euros, il n'y aura pas de charges, donc c'est plus facile à verser, il ne faut pas que ça prenne la place d'un salaire. Et puis, le troisième point, c'est ce que l'on appelle "la monétisation", mais je préfère parler du "paiement", des jours de RTT. Partant d'un constat simple : c'est qu'aujourd'hui, vous avez raison de le dire, les jours de RTT appartiennent aux salariés, mais seulement nous voulons, justement, nous, arrêter d'imposer d'en haut des mesures, nous voulons rendre les choses possibles, et que sur le terrain, dans les entreprises, les salariés puissent, avec le chef d'entreprise, décider : les journées de RTT, est-ce qu'on les garde pour se reposer ? Est-ce qu'on se les fait payer pour avoir davantage de pouvoir d'achat ? Et ce que nous voulons, c'est permettre à chacun d'en discuter dans l'entreprise et de faire ce choix. Et je peux vous dire, parce que vendredi dernier j'étais dans une entreprise, dans une scierie en Seine-et-Marne, j'ai rencontré les salariés, les délégués syndicaux, tous les syndicats et aussi le chef d'entreprise ; j'ai vraiment le sentiment que ce dispositif va marcher parce qu'on a arrêté de vouloir décider tout d'en haut et de vouloir tout imposer d'en haut.
Q.- Je voudrais du concret : il me reste dix RTT en 2007, vais-je voir mon chef d'entreprise et est-ce que je vais lui demander de me payer ces dix jours de RTT ?
R.- Si vous décidez d'augmenter votre pouvoir d'achat, oui, vous allez le voir et il va vous les payer.
Q.- Il va me payer avant la fin de l'année ?
R.- A partir du moment où le dispositif va s'appliquer, c'est-à-dire avec un effet au 1er janvier 2008. Le texte va passer à l'Assemblée...
Q.- Donc, il me paiera mes jours de RTT de 2007 à partir de janvier 2008 ?
R.- A partir de janvier 2008, à partir de 2008, entre le moment où le texte sera voté à l'Assemblée. Il va passer à l'Assemblée avant Noël, au Sénat en tout début d'année, avec un effet rétroactif au 1er janvier 2008.
Q.- Mes journées de RTT 2007 seront payées ?
R.- Elles seront payées si c'est votre choix, dans la limite de dix jours.
Q.- Dans la limite de dix jours par an, c'est cela ?
R.- Dans la limite de dix jours pour l'année 2007.
Q.- Et pour l'année 2008 aussi ?
R.- Pour l'avenir, vous savez que l'on veut discuter avec les partenaires sociaux de la question de la durée du travail et des négociations salariales. Là, on est sur un dispositif pour l'année 2007, parce que nous pensons qu'il y a aujourd'hui des mesures à prendre dès maintenant sur le pouvoir d'achat. Et vous m'avez demandé d'être concret. Oui... Quelqu'un qui est au Smic, qui déciderait de se faire payer cinq jours de RTT, seulement cinq, ça lui fera 370 euros de prime qui vont être versés en contrepartie de ces jours de RTT que le salarié ne prendra pas. 370 euros, c'est mieux que des grands discours. Parce qu'il faut savoir que ces jours de RTT seront mieux payés qu'un jour normal ; ils seront payés entre 10 et 25 % de plus, dans la mesure où ça sera payé comme des heures supplémentaires, au niveau où les heures supplémentaires sont payées dans l'entreprise.
Q.- Donc, 2008, pas plus de dix jours si j'ai bien compris... ?
R.- Pour 2007, payé en 2008.
Q.- Et ensuite, négociations ?
R.- Ensuite, négociations pour l'avenir. C'est toute la question notamment de la durée du travail. Mais je voudrais insister sur ce point, parce que quand il y a un texte à présenter, comme ça va être le cas la semaine prochaine, je préfère faire les réunions avant et me poser des questions avant de faire voter le texte. La semaine dernière, j'étais dans une entreprise pour voir comment les choses pouvaient marcher, et j'ai le sentiment aujourd'hui qu'elles vont marcher. Hier, je recevais au ministère plus d'une dizaine de directeurs des ressources humaines d'entreprise, grandes et petites, pour voir justement avant comment on pouvait s'assurer que cela allait marcher, en faisant quelque chose de simple. Je vais vous dire en plus que dans les entreprises, on est très attentifs à avoir aussi ce choix, parce que nombre d'entreprises ont déjà dû provisionner ces sommes. En clair, quand des jours de RTT ne sont pas pris, il faut aussi que les entreprises gardent les sommes correspondantes. Donc elles ont aussi l'argent pour ces jours de RTT.
Q.- Autre question : hier, j'avais J. Chartier que vous connaissez bien, député UMP, qui travaille sur le pouvoir d'achat, et qui propose la création d'un droit à l'intéressement pour tous. C'est simple : les entreprises qui font des bénéfices seraient tenues d'en reverser un pourcentage à leurs salariés, pourcentage déterminé par la loi. Et J. Chartier nous parlait de 10 % environ. Etes-vous favorable ou pas à cette idée, sera-t-elle contenue dans le projet de loi ?
R.- Cela ne figure pas aujourd'hui dans les propositions du Gouvernement. Je sais que ça va figurer dans des amendements ; il y a F. Lefèbvre, il y a J. Chartier, qui sont très impliqués là-dessus...
Q.- Vous êtes favorable, oui ou non, à cette idée ?
R.- A l'idée générale ? Développer l'intéressement ? Oui, je suis favorable.
Q.- Et à cette idée précise : que toutes les entreprises soient dans l'obligation, au titre de l'intéressement, de partager les bénéfices avec les salariés ?
R.- La disposition de J. Chartier ne figure pas dans le texte gouvernemental. Tout à l'heure, à 11h30, nous avons une réunion de groupe avec les parlementaires UMP, ils vont certainement en parler. On va parler également dès cette semaine avec le débat sur le pouvoir d'achat et la semaine prochaine avec le texte.
Q.- Mais êtes-vous prêt à soutenir cette idée ?
R.- L'idée en question, précisément, je ne la connais pas en détail. Maintenant, vous me connaissez, je ne suis pas du genre à me planquer pour ne pas répondre. L'idée de développer l'actionnariat salarié et l'intéressement, moi, je suis intéressé. Parce que vous ne pouvez pas avoir en permanence l'annonce de bénéfices très importants de la part des entreprises et les salariés qui attendent en disant : et moi, quand est-ce que mes salaires augmentent ? Et quand vous avez de très grands groupes qui font des milliards de d'euros de bénéfices, ce que j'attends aussi, en tant que ministre du Travail et de la Solidarité, c'est qu'il y ait aussi un retour pour les salariés.
Q.- Alors pourquoi ne pas mettre cette idée dans le projet loi, puisque vous trouvez ça formidable l'intéressement ?
R.- Parce que, déjà sur ce texte, on nous reproche de vouloir aller vite, certains nous disent justement qu'on veut aller vite, parce que nous pensons qu'il faut répondre maintenant
Q.- Vous voulez aller vite, c'est vous qui le dites !
R.- C'est ce que je vous dis...
Q.- Eh bien allez-y !!
R.- ...On a sorti, justement, les mesures, les journées de RTT, vous avez aussi la question de la participation, le déblocage des 1.000 euros. Mais vous savez que sur ces sujets-là, dès que vous touchez au droit du travail, vous êtes tenu, en France, en vertu d'un loi du 31 janvier 2007 d'en parler avec les partenaires sociaux. Voilà pourquoi, il y aura le 19 décembre - ce n'est pas dans un siècle, c'est le 19 décembre -, une grande conférence sociale voulue par le président de la République, avec le Premier ministre, avec tous les partenaires sociaux. Mais sur cette question-là...
Q.- Mais vous ne m'avez pas répondu...
R.- Si je vous ai répondu !
Q.- Non ! Etes-vous prêt à soutenir cette idée ?
R.- Je viens de vous dire que je ne connais pas le détail de la mesure ! Je ne vais pas vous faire le singe savant ! Je ne connais pas le détail de cette mesure !
Q.- Vous n'en avez jamais parlé avec J. Chartier ?
R.- Non ! Je le dis en vous regardant. Mais maintenant, sur l'idée de développer l'actionnariat salarié, de répondre à cette question, rémunération du capital, la rémunération des salaires, oui, moi j'y favorable, et je suis pour que l'on développe l'intéressement. Voilà, c'est tout ce que je peux vous dire. Mais je trouve quand même que je vous ai répondu à cette question.
Q.- Que vous trouviez que l'idée était bonne, j'ai bien compris ?
R.- Je viens de vous le dire.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 décembre 2007
R.- Non, j'étais à Strasbourg hier soir, avec les parlementaires européens.
Q.- Vous aviez autre chose à faire...
R.- Et je peux vous en parler en détail si vous voulez, parce que c'était pour préparer la présidence française de l'Europe.
Q.- Oui, c'est important. Est-ce cela vous gêne, cette visite de Kadhafi, franchement ?
R.- Pas du tout, pourquoi ?
Q.- Non, je ne sais pas, je vous pose la question...
R.- Voilà, vous avez dit "je ne sais pas". Je crois qu'il y a la Libye d'hier, d'avant-hier, et aujourd'hui, on a un pays qui est sur la voie de la respectabilité et qui veut justement revenir dans le concert des nations. Et si franchement, on n'accompagne pas ces pays qui veulent revenir justement vers la voie du grand concert des nations, que va-t-on dire à ceux qui aujourd'hui s'interrogent pour savoir s'ils doivent suivre le mouvement ? Je crois qu'en plus, le colonel Kadhafi a été reçu par nombre de chefs d'Etat ; la France le fait. Le président de la République a parlé notamment d'une question qui est sur toutes les lèvres, la question des droits de l'homme, dès le début. Donc je crois que sur ce sujet, nous sommes conformes à notre histoire et à nos engagements.
Q.- Donc vous comprenez mal que le ministre des Affaires étrangères ne soit pas allé au dîner d'hier soir ?
R.- Moi, je ne vais pas...
Q.-...Je pose la question.
R.- Et la réponse aussi, visiblement, avec un grand sourire malicieux en plus...
Q.- Non, pas malicieux, je vous pose la question.
R.- Il était hier à Bruxelles, il s'est exprimé sur le sujet. Il n'y a aucune difficulté, et d'ailleurs, notamment, sur le cas de R. Yade, parce que vous pouvez aussi me parler de Rama. Elle a exprimé sa sensibilité, on le sait bien, vous connaissez aussi le tempérament, la sensibilité de Rama. Je crois que c'est ce qui est important et le plus important, c'est que l'un des premiers sujets abordés par le Président a été la question des droits de l'homme. Et pour dire quoi ? Qu'il fallait aussi continuer à progresser sur cette question.
Q.- Le fait que le colonel Kadhafi soit allé se recueillir sur la tombe du général de Gaulle, est-ce une bonne idée ? Cela vous choquerait ou pas ?
R.- Gaulliste que je suis, non, absolument pas.
Q.- Cela ne vous choquerait pas ?
R.- Non, absolument pas.
Q.- L'image ne vous choquera pas. Parlons de ce fameux pouvoir d'achat : j'ai entendu madame Lagarde nous dire que nous allions, tous les salariés de France, nous allions bénéficier d'un mois de salaire en plus en 2008, grâce aux mesures prises. Etes-vous d'accord avec elle ? Un mois de salaire en plus !
R.- L'ensemble des mesures qui ont été prises, et notamment depuis l'élection du président de la République, cela commence aujourd'hui à représenter, effectivement, un mois sur l'ensemble des mesures qui seront prises 2007 et 2008. Parce que n'oublions pas une chose, c'est que avec les heures supplémentaires...
Q.- Un mois de salaire sur deux ans, quoi ? Eh oui...
R.- Non. Avec les mesures qui ont déjà été prises, en termes de pouvoir d'achat sur les heures supplémentaires, vous avez quelqu'un qui est au Smic, qui faisait quatre heures supplémentaires, par exemple, en septembre, en octobre, ça a été 70 euros de plus par mois. Vous y ajoutez les mesures que nous allons prendre, le texte qui sera présenté demain en Conseil des ministres sur le déblocage de la participation, des fonds de participation, sur la prime...
Q.- C'est de l'argent qui appartient déjà aux salariés, ce n'est pas un plus, cela appartient aux salariés.
R.- Oui, mais aujourd'hui, ce n'est pas dans leur poche, vous le savez.
Q.- Oui, d'accord, ce sera dans leur poche dans quatre ou cinq ans...
R.- Soyons concrets : la seule chose qui compte justement pour les salariés, c'est de savoir, si oui ou non, ils vont en avoir plus sur leur fiche de paye et sur leur compte en banque. Nous allons donc, demain, présenter en Conseil des ministres un texte important avec trois mesures, pour ma partie. Il y a le déblocage des fonds de participation ; il y a, pour les entreprises dans lesquelles il n'y a pas ces fonds de participation, les petites entreprises, la possibilité pour les chefs d'entreprise de verser une prime de 1.000 euros, il n'y aura pas de charges, donc c'est plus facile à verser, il ne faut pas que ça prenne la place d'un salaire. Et puis, le troisième point, c'est ce que l'on appelle "la monétisation", mais je préfère parler du "paiement", des jours de RTT. Partant d'un constat simple : c'est qu'aujourd'hui, vous avez raison de le dire, les jours de RTT appartiennent aux salariés, mais seulement nous voulons, justement, nous, arrêter d'imposer d'en haut des mesures, nous voulons rendre les choses possibles, et que sur le terrain, dans les entreprises, les salariés puissent, avec le chef d'entreprise, décider : les journées de RTT, est-ce qu'on les garde pour se reposer ? Est-ce qu'on se les fait payer pour avoir davantage de pouvoir d'achat ? Et ce que nous voulons, c'est permettre à chacun d'en discuter dans l'entreprise et de faire ce choix. Et je peux vous dire, parce que vendredi dernier j'étais dans une entreprise, dans une scierie en Seine-et-Marne, j'ai rencontré les salariés, les délégués syndicaux, tous les syndicats et aussi le chef d'entreprise ; j'ai vraiment le sentiment que ce dispositif va marcher parce qu'on a arrêté de vouloir décider tout d'en haut et de vouloir tout imposer d'en haut.
Q.- Je voudrais du concret : il me reste dix RTT en 2007, vais-je voir mon chef d'entreprise et est-ce que je vais lui demander de me payer ces dix jours de RTT ?
R.- Si vous décidez d'augmenter votre pouvoir d'achat, oui, vous allez le voir et il va vous les payer.
Q.- Il va me payer avant la fin de l'année ?
R.- A partir du moment où le dispositif va s'appliquer, c'est-à-dire avec un effet au 1er janvier 2008. Le texte va passer à l'Assemblée...
Q.- Donc, il me paiera mes jours de RTT de 2007 à partir de janvier 2008 ?
R.- A partir de janvier 2008, à partir de 2008, entre le moment où le texte sera voté à l'Assemblée. Il va passer à l'Assemblée avant Noël, au Sénat en tout début d'année, avec un effet rétroactif au 1er janvier 2008.
Q.- Mes journées de RTT 2007 seront payées ?
R.- Elles seront payées si c'est votre choix, dans la limite de dix jours.
Q.- Dans la limite de dix jours par an, c'est cela ?
R.- Dans la limite de dix jours pour l'année 2007.
Q.- Et pour l'année 2008 aussi ?
R.- Pour l'avenir, vous savez que l'on veut discuter avec les partenaires sociaux de la question de la durée du travail et des négociations salariales. Là, on est sur un dispositif pour l'année 2007, parce que nous pensons qu'il y a aujourd'hui des mesures à prendre dès maintenant sur le pouvoir d'achat. Et vous m'avez demandé d'être concret. Oui... Quelqu'un qui est au Smic, qui déciderait de se faire payer cinq jours de RTT, seulement cinq, ça lui fera 370 euros de prime qui vont être versés en contrepartie de ces jours de RTT que le salarié ne prendra pas. 370 euros, c'est mieux que des grands discours. Parce qu'il faut savoir que ces jours de RTT seront mieux payés qu'un jour normal ; ils seront payés entre 10 et 25 % de plus, dans la mesure où ça sera payé comme des heures supplémentaires, au niveau où les heures supplémentaires sont payées dans l'entreprise.
Q.- Donc, 2008, pas plus de dix jours si j'ai bien compris... ?
R.- Pour 2007, payé en 2008.
Q.- Et ensuite, négociations ?
R.- Ensuite, négociations pour l'avenir. C'est toute la question notamment de la durée du travail. Mais je voudrais insister sur ce point, parce que quand il y a un texte à présenter, comme ça va être le cas la semaine prochaine, je préfère faire les réunions avant et me poser des questions avant de faire voter le texte. La semaine dernière, j'étais dans une entreprise pour voir comment les choses pouvaient marcher, et j'ai le sentiment aujourd'hui qu'elles vont marcher. Hier, je recevais au ministère plus d'une dizaine de directeurs des ressources humaines d'entreprise, grandes et petites, pour voir justement avant comment on pouvait s'assurer que cela allait marcher, en faisant quelque chose de simple. Je vais vous dire en plus que dans les entreprises, on est très attentifs à avoir aussi ce choix, parce que nombre d'entreprises ont déjà dû provisionner ces sommes. En clair, quand des jours de RTT ne sont pas pris, il faut aussi que les entreprises gardent les sommes correspondantes. Donc elles ont aussi l'argent pour ces jours de RTT.
Q.- Autre question : hier, j'avais J. Chartier que vous connaissez bien, député UMP, qui travaille sur le pouvoir d'achat, et qui propose la création d'un droit à l'intéressement pour tous. C'est simple : les entreprises qui font des bénéfices seraient tenues d'en reverser un pourcentage à leurs salariés, pourcentage déterminé par la loi. Et J. Chartier nous parlait de 10 % environ. Etes-vous favorable ou pas à cette idée, sera-t-elle contenue dans le projet de loi ?
R.- Cela ne figure pas aujourd'hui dans les propositions du Gouvernement. Je sais que ça va figurer dans des amendements ; il y a F. Lefèbvre, il y a J. Chartier, qui sont très impliqués là-dessus...
Q.- Vous êtes favorable, oui ou non, à cette idée ?
R.- A l'idée générale ? Développer l'intéressement ? Oui, je suis favorable.
Q.- Et à cette idée précise : que toutes les entreprises soient dans l'obligation, au titre de l'intéressement, de partager les bénéfices avec les salariés ?
R.- La disposition de J. Chartier ne figure pas dans le texte gouvernemental. Tout à l'heure, à 11h30, nous avons une réunion de groupe avec les parlementaires UMP, ils vont certainement en parler. On va parler également dès cette semaine avec le débat sur le pouvoir d'achat et la semaine prochaine avec le texte.
Q.- Mais êtes-vous prêt à soutenir cette idée ?
R.- L'idée en question, précisément, je ne la connais pas en détail. Maintenant, vous me connaissez, je ne suis pas du genre à me planquer pour ne pas répondre. L'idée de développer l'actionnariat salarié et l'intéressement, moi, je suis intéressé. Parce que vous ne pouvez pas avoir en permanence l'annonce de bénéfices très importants de la part des entreprises et les salariés qui attendent en disant : et moi, quand est-ce que mes salaires augmentent ? Et quand vous avez de très grands groupes qui font des milliards de d'euros de bénéfices, ce que j'attends aussi, en tant que ministre du Travail et de la Solidarité, c'est qu'il y ait aussi un retour pour les salariés.
Q.- Alors pourquoi ne pas mettre cette idée dans le projet loi, puisque vous trouvez ça formidable l'intéressement ?
R.- Parce que, déjà sur ce texte, on nous reproche de vouloir aller vite, certains nous disent justement qu'on veut aller vite, parce que nous pensons qu'il faut répondre maintenant
Q.- Vous voulez aller vite, c'est vous qui le dites !
R.- C'est ce que je vous dis...
Q.- Eh bien allez-y !!
R.- ...On a sorti, justement, les mesures, les journées de RTT, vous avez aussi la question de la participation, le déblocage des 1.000 euros. Mais vous savez que sur ces sujets-là, dès que vous touchez au droit du travail, vous êtes tenu, en France, en vertu d'un loi du 31 janvier 2007 d'en parler avec les partenaires sociaux. Voilà pourquoi, il y aura le 19 décembre - ce n'est pas dans un siècle, c'est le 19 décembre -, une grande conférence sociale voulue par le président de la République, avec le Premier ministre, avec tous les partenaires sociaux. Mais sur cette question-là...
Q.- Mais vous ne m'avez pas répondu...
R.- Si je vous ai répondu !
Q.- Non ! Etes-vous prêt à soutenir cette idée ?
R.- Je viens de vous dire que je ne connais pas le détail de la mesure ! Je ne vais pas vous faire le singe savant ! Je ne connais pas le détail de cette mesure !
Q.- Vous n'en avez jamais parlé avec J. Chartier ?
R.- Non ! Je le dis en vous regardant. Mais maintenant, sur l'idée de développer l'actionnariat salarié, de répondre à cette question, rémunération du capital, la rémunération des salaires, oui, moi j'y favorable, et je suis pour que l'on développe l'intéressement. Voilà, c'est tout ce que je peux vous dire. Mais je trouve quand même que je vous ai répondu à cette question.
Q.- Que vous trouviez que l'idée était bonne, j'ai bien compris ?
R.- Je viens de vous le dire.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 décembre 2007