Déclaration de M. Patrick Devedjian, secrétaire général de l'UMP, sur la politisation des élections municipales et le traité de Lisbonne, Paris le 12 janvier 2008.

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Circonstance : Réunion du Conseil national de l'UMP, à Paris le 12 janvier 2008

Texte intégral

Chers amis,
Nous avons donc voté la charte validant les 10 engagements de l'UMP pour les élections municipales.
Nous sommes convaincus que ce scrutin aura une résonance politique nationale considérable. Et qu'à ce titre, il doit être revendiqué par notre formation.
La recherche du consensus ne doit pas se dissoudre dans l'absence de conviction.
Renoncer à politiser les élections municipale, ce serait renoncer implicitement aux idées et aux principes qui nous animent.
Le Président de la République et l'Assemblée qui le soutient viennent à peine d'être élus, la rupture se fait jour.
Quelle pudeur absurde nous dicterait de passer sous silence les idées qui nous fondent.
Et quelle stratégie ?
Nos adversaires les plus farouches seraient les premiers à nous reprocher cette forme de déni.
D'ailleurs, quoiqu'il advienne, les commentateurs ne manqueront pas d'analyser les gains et les pertes de chaque parti en tirant des conclusions politiques à l'échelle des partis.
Monsieur Hollande, à cours d'idées mais pas à court de candidatures, ni de combinaisons de couloir, est déjà assis avec un crayon derrière l'oreille, prêt à pointer les voix sur des étiquettes, se demandant comment il va nous refaire le coup du bonneteau électoral de 2004.
Il faut politiser ces élections.
Les électeurs doivent savoir que s'ils votent pour une liste de gauche, fut-ce pour un candidat très sympathique, ils s'exposent à une augmentation des impôts et à une mauvaise gestion.
L'ouverture n'est pas un mot d'excuse.
C'est ouvrir la porte à la discussion.
A ceux qui nous rejoignent, il faut dire : Vous êtes les bienvenus avec vos idées, mais pour éclairer les nôtres.
Les électeurs sont libres de voter pour d'autres considérations.
Mais nous n'avons aucune raison d'essayer de les tromper sur la marchandise.
D'ailleurs, nul ne conteste le principe des investitures.
On se bat même pour les avoir.
Comme on se bat pour recevoir sur le terrain nos responsables nationaux.
Nous voulons réformer le pays. Le vent qui souffle dans le sillage de Nicolas Sarkozy ne s'arrête pas à la porte des mairies.
Il ne s'agit pas de gommer les spécificités locales, bien entendu. Mais quelle que soit la Nature des enjeux, nous devons y mettre notre signature.
Nos valeurs ont vocation à être déclinées localement. Aucune particularité locale ne me parait incompatible avec une bonne gestion ni avec une politique de résultat.
Nous nous sommes trop longtemps excusés d'être un parti de droite. Nous l'avons payé cher.
Nous n'allons pas maintenant nous excuser d'être nous.
En l'occurrence, des Sarkozystes !
Ce changement que les Français ont tellement attendu, nous devons l'incarner avec la même force, avec les mêmes convictions, avec les mêmes valeurs dans nos communes.
Pourquoi ne bénéficieraient-elles pas du vent nouveau qui souffle.
C'est aux électeurs qu'il appartient de politiser ou non leur choix.
Quant à nous, nous devons être fiers de ce que nous sommes, de la politique menée par le Président de la République et par le gouvernement de François Fillon.
Les électeurs ne sont pas dupes. Il n'y a rien de plus méprisable à leurs yeux que ces élus qui tiennent à Paris un discours qu'ils dénigrent en circonscription.
Le courage politique est l'une de nos vertus.
Cela vaut tout autant pour nos convictions européennes que pour les enjeux municipaux.
A ce propos, permettez-moi de rendre hommage à Tony Blair, qui nous fait l'honneur et l'amitié d'être notre hôte aujourd'hui,
Sa présence est là pour témoigner que non seulement notre ambition dépasse les frontières, mais qu'elle dépasse aussi les clivages.
Qu'elle les dépasse, et je dirais même mieux, qu'elle les transcende.
Le transcendance, c'est peut-être ce dont nous avons le plus besoin aujourd'hui.
L'Europe était populaire tant qu'elle était une cause.
Elle est devenue impopulaire quand elle est apparue comme une machine.
Le « non » français au référendum était un non à la froideur et à la technocratie, au fatalisme qui faisait dire à nos dirigeants que la politique était impuissante à infléchir le cours des choses.
Ce « non » était celui d'un peuple lassé de voir ses gouvernants brandir l'Europe comme une excuse, en agitant dans l'autre main le spectre de la mondialisation.
Une majorité de nos concitoyens s'est dit : autant rester entre nous s'il s'agit de subir notre sort. Nous n'allions pas en plus l'abandonner à des inconnus.
Je ne sais pas s'il manquait un souffle à l'Europe, mais il manquait un souffle à la politique française.
Et j'ai quand même l'impression, qu'on le veuille ou non, que le pays est porté par un vent nouveau.
A trois semaines de la ratification du Traité de Lisbonne par le Parlement français, j'observe que les tentatives de s'opposer menées par quelques anti-européens convaincus ont du mal à éveiller l'intérêt de l'opinion.
L'Europe portée par Nicolas Sarkozy est très différente de l'Europe subie par d'autres.
Les commentateurs sont peut-être passés un peu rapidement sur la façon dont le Président de la République a convaincu nos partenaires européens d'adhérer à l'idée du traité simplifié.
L'Europe était en panne par notre faute. Elle s'est trouvée un nouveau leader.
On n'a pas assez salué ce retournement de situation.
L'Europe, c'est peut-être la plus grande idée politique du 20ème siècle.
On a failli l'abandonner. Comme si elle était trop grande pour nous.
Puisque nous accueillons Tony Blair, je ne résiste pas à l'envie de citer Shakespeare qui nous dit, dans La nuit des rois :
« N'ayez pas peur de la grandeur ».
Nous devons oeuvrer à rendre l'Europe plus grande aux yeux de nos concitoyens.
Il faut qu'elle redevienne une cause.
La France va présider l'Europe dans six mois. Et elle ne doit pas se mettre aux commandes d'une machine, mais prendre la tête d'une aventure.
Je pense que sommes enfin prêts, et que, pour en débattre, nous avons aujourd'hui parmi nous les hommes de la situation.
Merci encore à Tony Blair. Pour sa présence et son fair play.
En attendant, je cède la parole et je souhaite la bienvenue à François Fillon.Source http://www.u-m-p.org, le 14 janvier 2008