Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les difficultés et les risques de la profession de journaliste et de diplomate et la liberté d'information, Paris le 21 janvier 2008.

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Circonstance : Voeux de Bernard Kouchner à la presse à Paris le 21 janvier 2008

Texte intégral

Merci Monsieur le Président

Je voudrais d'abord vous remercier pour ces paroles sympathiques, toniques, mesurées et encourageantes.
Je vous souhaite une excellente année, pour vous-même, pour ceux que vous aimez, et même pour ceux que vous n'aimez pas. Parce que la diplomatie, c'est cela ! Vous dites à des gens que vous les aimez, vous les appelez vos meilleurs amis alors qu'ils sont vos plus proches ennemis. C'est cela la diplomatie !
J'ai un très beau discours dont je me servirai peut-être à la fin parce que je dois remettre un prix.
Je voudrais vous parler un peu franchement, comme dit le président de la République, du nombre de journalistes tués, malmenés, arrêtés - j'en parlais tout à l'heure avec Robert Ménard. Lorsqu'il s'agit d'une arrestation, et peut-être parfois d'une longue période de privation de liberté, nous nous efforçons d'être le plus efficace possible. Les chiffres que vous avez publiés sont inacceptables et la liberté de la presse est notre bien le plus précieux. Surtout dans les pays dont nous parlerons. Mais je ne vais pas vous en parler trop longtemps parce que faire une analyse de la situation internationale me semble nécessaire et aller un peu plus loin prendrait des heures.
Comme souvent en France on dit du mal des gens qui travaillent trop ou qui réussissent. En se mettant en avant, ils deviennent une cible. Je trouve tout à fait légitime que, malgré les avertissements, les journalistes prennent des risques. C'est la vie, c'est leur vie, c'est leur métier, c'est leur honneur. Evidemment, cela nous met dans des états de grande fatigue, d'anxiété manifeste et parfois nous n'obtenons pas de résultat immédiat. Vous venez de dire que les deux journalistes emprisonnés au Niger ont été libérés. Pour ma part, J'ai répondu à quelques-uns d'entre vous, hier ou avant hier, que nous n'étions pas à quinze jours ou à trois semaines près. Nous avions fait tout ce que nous pouvions, en particulier à l'ambassade de France à Niamey. Cela s'est bien terminé. En général cela se termine bien, mais pas toujours, malgré les avertissements que nous publions sur notre site qui, évidemment, ne s'adressent pas seulement aux journalistes, mais aussi au public en général et aux touristes en particulier.
Oui, nous sommes alarmistes ; c'est notre travail. Nous devons absolument - et je parlerai du Rallye Lisbonne-Dakar - mettre en garde. Regardez ce qui s'est passé aujourd'hui : combien d'attentats ? Combien de crimes ? Combien d'attentats, heureusement déjoués ? Il y a une pression grandissante sur un arc que vous connaissez, vous l'avez cité Monsieur le Président, qui va, jusqu'à maintenant, du Pakistan à la Mauritanie, sans vouloir l'accabler.
Je trouve qu'il est de notre devoir d'avertir de façon non pas alarmiste mais réaliste. Ensuite, il vous revient de prendre vos décisions. Je ne reprocherai jamais à un journaliste d'avoir pris des risques pour informer et avoir fait son travail. Cela ne nous empêche pas d'être un peu irrités parce que nous y consacrons beaucoup de temps.
Bientôt, je l'espère, la cellule de crise que nous avions fondée, il y a quelque 15 ans - et qui a été démolie par les gentils diplomates du Quai d'Orsay -, va revoir le jour. Je vous assure qu'elle ne chômera pas et qu'elle sera très efficace, en liaison avec le nouveau conseil de défense nationale qui sera jour et nuit activé.
Il faut que les choses soient claires. De notre coté, nous mettons en garde, nous publions, nous expliquons tous les jours la situation au point de presse, par l'intermédiaire de Mme Pascale Andréani. Ensuite, vous prenez votre propre décision. On nous a reproché, hier encore, à Rabat, que la France avait interdit le déroulement habituel du rallye Lisbonne-Dakar : ce n'est pas vrai. Nous avons donné nos informations. J'ai parlé une seule fois, pour prévenir de la menace, parce que c'est notre devoir. Je comprends d'ailleurs les désagréments financiers, d'assurance et ceux liés à l'aventure individuelle. Pour ceux qui me connaissent un peu, je n'ai jamais refusé l'aventure individuelle, au contraire. Je crois avoir pris un certain nombre de risques que je n'avais pas toujours calculé d'ailleurs. Nous n'avons donc pas interdit le rallye Lisbonne-Dakar. Il y a, d'ailleurs, deux autres rallyes qui vont se dérouler sur le territoire de la Mauritanie et qui exigeraient une analyse plus rigoureuse des risques. Nous le ferons, mais ce sont les responsables de ces compétitions qui décideront.
Maintenant, parlons des touristes. Que doit-on leur dire ? Il faut qu'ils prennent leurs responsabilités aussi. Mais enfin, pour ceux qui connaissent depuis longtemps ces parcours aventureux, il faut bien reconnaître que la situation se tend un peu. Il y a quand même une réalité du monde avec laquelle on pourra toujours plaisanter mais qui devient notre quotidien. Il y a bien des années, j'avais écrit que bientôt on ne pourrait plus impunément s'étendre sous le soleil et sur les plages des autres. La situation doit être examinée avec beaucoup de précaution par les voyageurs qui, ensuite, prennent leur décision.
A l'avenir, je ne sais pas si nous aurons une diplomatie de la réconciliation, mais si elle existe, elle sera très proche d'une diplomatie du risque parce que, maintenant, le risque est ici et il a d'autres aspects. Alors, que vous dire ? Pour être très rapide, et ne pas vous ennuyer trop longtemps, la diplomatie de la réconciliation, c'est très joli quand on ne connaît pas le terrain. Ce n'est pas toujours évident quand on le connaît et cela s'accompagne d'un certain nombre de risques que nous prenons. Je pense que cette appellation est une de celles que j'affectionne - et je crois l'avoir prononcée bien avant d'autres -, mais ce n'est pas si simple. Vous avez cité quelques exemples et, franchement, vous savez que je ne suis pas naïf et que je ne découvre pas maintenant le Liban, la Syrie, la Colombie. Nous devons essayer. Mon ami Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe a renoncé, aujourd'hui, à la même démarche que nous avons mené au Liban. Que va-t-on faire ? Nous allons continuer, il faut s'acharner. Nous nous obstinons, mais il ne faut pas non plus être trop naïf. On ne va pas se réconcilier avec tout le monde. Heureusement, car où seraient nos valeurs et notre légitime attention aux Droits de l'Homme si nous nous réconcilions avec tout le monde ? Nous pouvons essayer, nous devons essayer mais cela ne va pas se faire en une journée, ni en un mois, ni en quelques années.
Et puis il y aura d'autres risques qui rendent ce métier de diplomate tellement important, tellement difficile et d'une certaine façon parfois gratifiant.
Je voudrais dire un dernier mot à propos de nos actions. Evidemment, je ne m'attendais pas à des louanges mais, en France, lorsque nous réussissons, nous passons vite à l'échec suivant. Nous avons, en effet, des actions à notre actif : le Soudan, le Tchad, la Conférence des donateurs sur la Palestine. Tout à l'heure, j'étais avec les infirmières bulgares. Parlez avec elles, c'est édifiant par rapport à ce qu'on a appris en France au sujet de leur libération. Vous devriez le faire. Vous verrez ce que dira la commission d'enquête du Parlement si les secrets qu'elle soupçonnait sont enfin dévoilés... Mais, enfin, ce fut un succès, demandez-leur.
Actuellement, elles ne savent où elles en sont. J'ai rougi au nom de l'Europe de savoir qu'une seule d'entre elles s'était remise à travailler et qu'elle allait gagner 150 euros par mois dans l'hôpital d'où elle était partie, il y a dix ans. Elles ne sont pas assistées ; on les libère et puis on les oublie.
Avant-hier, au Darfour, 1.400 Egyptiens sont arrivés. 20.000 soldats et 6.000 policiers étaient prévus. Cela ne se fera pas facilement et on sait très bien pourquoi : c'est le Soudan - qui a accepté la résolution des Nations unies, chapitre VII, à l'unanimité, proposée en effet grâce à la conférence de Paris et au rôle de la France -, qui n'accepte pas que l'on déploie sur son territoire ce qu'il appelait théoriquement de ses voeux. Finalement, l'initiative française au Tchad et en République centrafricaine sera opérationnelle avant, si bien que les populations seront encore soumises à un double feu des milices que l'on appelle les janjaweed. Il faut s'en occuper même si ce n'est pas très réjouissant.
C'est imparfait, parce que ce monde est devenu très imparfait. Auparavant, la situation était commode, quand il y avait d'un côté les bons et de l'autre les méchants, les communistes et les autres. Juste après, nous avons connu une période encore plus simple où nous avons, pour certains d'entre nous, établis ce qui est devenu la règle diplomatique : "la responsabilité de protéger". C'est accepté par les Nations unies qui passent leur temps au Conseil de sécurité à essayer d'envoyer des forces d'interposition, et cela sans jamais mettre en place suffisamment d'opérations de prévention. Nous assistons, aujourd'hui, à un phénomène très intéressant si nous voulons faire l'analyse du monde : les gens les plus en difficulté veulent se défendre eux-mêmes.
L'Organisation de l'Unité africaine ne souhaite pas que l'on vienne lui prêter main forte ou du moins apporter une aide à des représentants de l'Afrique, considérant que cela relève de leur responsabilité. Je trouve que c'est un progrès. Seulement, elles ne le font pas. Alors que fait-on ? Nous en revenons, au regard d'une brève petite analyse de ce monde, au temps où il y avait des bons et des mauvais morts. Nous pensions avoir dépassé ce temps et cette notion. Les soldats venus d'Europe ou d'Asie ne sont pas acceptés et, étant donné qu'il n'y aura pas 20.000 soldats africains, il n'y aura donc pas de forces suffisantes. Enfin, je peux me tromper, tout le monde peut se tromper. C'est une réalité nouvelle qu'il faut affronter parce qu'elle est à la fois légitime et très contraignante pour ceux qui souffrent.
Quant aux Droits de l'Homme, vous savez très bien que ce n'est pas vrai que je ne m'y intéresse plus, que je n'ai jamais cessé de penser à me battre afin d'imposer, parfois avec un tout petit succès, cette nécessité de respecter les Droits de l'Homme, que l'on ne doit pas imposer - pas de colonialisme à rebours -. Cependant, il est nécessaire pour changer les règles, et en particulier aux Nations unies, de faire de l'action politique. Sinon, on peut rester bon samaritain, on se contentera d'attendre qu'il y ait de nouveaux pauvres et ainsi on fera son travail. C'est tellement plus commode, c'est tellement mieux d'être humanitaire, c'est tellement plus simple : non pas la réflexion mais l'action. Je l'ai fait pendant 35 ans.
Quand on fait de la politique il y a deux faces. On fait ce qu'on peut en politique. On n'est pas toujours content - et je le suis rarement, je peux vous l'avouer sous ces très beaux plafonds -. Et il est particulièrement difficile d'être content ici. On n'est pas jamais satisfait de soi quand on fait son travail de diplomate. Mais on continue toujours notre mission, il y a toujours un lendemain pour que cela aille un peu mieux. Il en est de même pour les Droits de l'Homme. Il y a ces deux faces. On prend les décisions politiques, on fait de son mieux pour que les Droits de l'Homme soient respectés, même si l'on sait très bien que ce ne sera pas à 100%, parfois ce n'est même pas à 20%.
Il faut alors choisir. Personnellement, j'ai du signer 2 500 pétitions. Je connais l'art de la pétition, son exigence absolue. Je connais l'art des démarches provocatrices et des indignations. Mais cela ne suffit pas. Lorsque l'on est chargé des deux, de respecter un terrain pour agir sur l'autre, on n'est pas toujours content, surtout si on n'est pas naïf, surtout si on n'est pas plein de cette suffisance que l'on reproche souvent aux démarches françaises. On essaie de faire mieux la fois suivante et on n'y parvient pas toujours. Pour que soient respectés les Droits de l'Homme, il ne faudrait pas faire de politique et se contenter d'avoir une belle âme. Cette démarche ne serait pas sérieuse, et d'ailleurs, ce n'est pas du tout ce que je pense. Jamais je ne reprocherai à quelqu'un qui sincèrement défend les Droits de l'Homme, particulièrement les militants de ces Droits de l'Homme, de me reprocher de ne pas les respecter complètement. Ces démarches de pétitionnaires, d'indignation, de manifestations sont indispensables et complémentaires aux décisions politiques. En revanche, je serai plus sévère pour ceux qui n'ayant jamais milité pour les Droits de l'Homme se servent de ces fausses indignations pour faire eux-mêmes une petite politique. Ce n'est pas pareil. Encore une fois la société civile, notamment les organisations non gouvernementales, les fondations et tous les "think tanks" - encore assez peu présents dans notre pays -, tous ceux qui nous reprochent de ne pas être suffisamment tournés vers ce respect des Droits de l'Homme, je serai désolé de ne pas avoir réussi mais je sais que leur critique est nécessaire.
Qu'est ce qu'on fait en Syrie, au Liban ? La conjoncture n'est pas parfaite, il faut continuer. En Iran, la situation se complique. Est-ce que M. Nikolic va être élu ou pas en Serbie ? La réponse conditionne ce que l'on pourra faire au Kosovo. En Amérique Latine, M. Uribe était présent à Paris ce matin. De mon côté, je me rendrai au Colombie ainsi qu'au Venezuela. Je rendrai visite à tous les ambassadeurs de la zone Amérique Latine, dans un pays que nous n'avons pas encore choisi. Qu'est ce qu'on va faire ? On nous demande de retirer de la liste des organisations terroristes les FARC. Est-ce qu'on peut le faire ? Il faut libérer les otages dont Ingrid Betancourt. Où je place les Droits de l'Homme dans cette situation ? Je peux signer des pétitions, d'ailleurs, je l'ai fait.
Je vous avais promis de ne pas être trop long. En l'absence de mes amis, Rama Yade, Jean-Pierre Jouyet et Jean-Marie Bockel je dois parler en leur nom et combien cela fait une équipe que certains peuvent catégoriser d'un peu à gauche ce qui, dans cet établissement, après tout ne peut pas faire de mal. Cette équipe travaille bien, beaucoup, c'est une vie harassante mais c'est une vie exaltante et je n'ai pas l'impression, ils n'ont pas l'impression, de trahir notre engagement pour les Droits de l'Homme. Je vous demande, si vous le pouvez, à propos de cet idéal abstrait qu'il faut maintenir, de prendre en compte la complexité de notre tâche. Cela n'est pas facile actuellement. Le retour du nationalisme, de l'usage de la force et du terrorisme rend encore plus compliqué les analyses et les démarches de réconciliation pourtant nécessaires. Il faudra, sans doute, nuancer les succès et les échecs rencontrés.
Un dernier mot, sur les Etats-Unis. Il est tout de même insolite de nous voir qualifier de pro-américains. Demandez à M. Chavez, demandez à M. Kadhafi. S'agissant de la rénovation de l'OTAN par exemple, et donc de sa relation avec la France, le président de la République a indiqué qu'il fallait qu'elle soit accompagnée du renforcement de la politique de défense européenne, qui est une orientation essentielle et une nécessité stratégique. Je le dis, il n'y a pas de diplomatie véritable sans défense véritable, particulièrement dans le monde actuel. C'est une démarche parallèle. Comme l'a si bien dit le président de la République au Congrès des Etats-Unis, ce n'est pas un alignement. Regardez les exemples que je vous ai donnés. Est-ce un alignement sur les Etats-Unis ? Au Liban nous avons imposé une politique, pas triomphante pour le moment, d'ailleurs. En Syrie, en Iran, au Kosovo, il en est de même. Concernant le réchauffement climatique c'est pareil. J'arrive du Pakistan. J'ai demandé qu'il y ait un groupe indépendant non pas pour contrôler mais pour s'intéresser, pour que l'Union européenne soit présente. Regardez toutes les démarches que nous avons effectuées. Je vous demande avec le plus de précaution possible de prendre ce réel en compte.
Je voudrais, enfin, rendre un trop rapide hommage à Indalecio Alvarez, que j'ai salué tout à l'heure et auquel je suis heureux de remettre le prix de l'Association de la presse diplomatique, présidé par M. Fanucchi.
Cher Indalecio Alvarez, j'insistais à l'instant sur l'exigence de nos concitoyens qui demandent à mieux connaître et mieux comprendre notre monde complexe. En effet, les affaires étrangères sont devenues des affaires intérieures et on ne peut prendre aucune décision dans le monde, en Europe et en France, sans que ce soit, en fait, de globalisation qu'il soit question.
Je suis donc heureux de pouvoir rendre hommage à un homme qui passe une grande partie de sa carrière à susciter une meilleure compréhension des mouvements et des soubresauts de notre univers globalisé. Né en Argentine, d'une famille francophile et quasiment francophone, autodidacte avant d'arriver à Sciences Po, aujourd'hui marié à une française, ce qui témoigne de son goût. Vous êtes pour la France, Mon Cher Indalecio, la preuve vivante de sa capacité à susciter le désir de rayonner jusqu'aux endroits les plus reculés des campagnes que vous ne fréquentez plus beaucoup malheureusement. Ce goût pour la France, qui conduit un bonne part de vos choix de carrière, n'est pas exclusif, au contraire. Après avoir travaillé aux Etats-Unis et à Londres, après avoir couvert des crises sur tous les continents, vous n'avez pas choisi la France de manière aveugle ni par défaut. C'est un choix raisonné, issu d'une vraie connaissance du réel, de ces complexités politiques françaises, de ses subtilités linguistiques aussi. Cette connaissance nourrit votre talent de journaliste pour de nombreux supports, en particulier pour l'AFP, où vous officiez aujourd'hui et où vous êtes le mieux à même de faire partager votre connaissance du monde. Observateur avisé de la globalisation et de ses crises, vous incarnez un journalisme humain car vous connaissez les gens et vous aimez les rencontrer, tout simplement, dans toute leur diversité. En cela, Mon Cher Indalecio, vous êtes un citoyen du monde autant peut-être qu'un Argentin, tel au moins que le définit ce proverbe qui vous est cher : un Argentin est un Italien qui parle espagnol se comporte comme un Anglais et rêve d'être français. J'ajouterai : rêve d'épouser une française. Bravo, pour toutes ces raisons, et pour votre talent.
Merci beaucoup, bonne année à tous.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 janvier 2008