Texte intégral
N. Demorand.- Bonjour E. Besson et bienvenue sur France Inter. Je vais donner votre titre : secrétaire d'Etat chargé de la Prospective et de l'Evaluation des Politiques Publiques auprès du Premier ministre. Protocolairement, c'est monsieur le ministre qu'on doit dire ou monsieur le secrétaire d'Etat parce qu'il faudra gagner du temps ?
R.- Normalement, c'est monsieur le ministre, mais appelez-moi Eric, ça sera plus simple.
Q.- Ça on verra ! La Société Générale, exercice de prospective, peut-être d'après vous échapper à une OPA ?
R.- Je ne sais pas. Je ne sais pas, c'est une entreprise privée, c'est au marché et à son conseil d'administration d'en décider. Moi, j'ai la même préoccupation que celle qui a été exprimée par le Premier ministre, hier, à l'Assemblée nationale : c'est qu'au-delà d'un accident grave et qui nous interpelle tous, qui nous touche tous, c'est pas tout à fait rien, de se dire que quelqu'un peut en toute, j'allais dire illégalité, placer 50 milliards d'euros, évidemment ça nous interpelle tous. Mais en même temps, il y a une entreprise, je dirais de la finance industrielle, de l'industrie de la finance, qui joue un rôle majeur pour la France, et la préoccupation que nous avons c'est en même temps de tirer les leçons et de ne pas la déstabiliser.
Q.- F. Fillon a dit, hier, que la Société Générale resterait française.
R.- C'est son souhait et c'est le nôtre, j'imagine. Vous savez, dans la compétition mondiale, l'industrie de la finance joue un rôle majeur et ce n'est pas parce qu'il y a un accident, qu'il ne faut pas nier et dont il faut tirer les leçons pour que ça ne se reproduise pas, qu'en même temps il faut mettre en cause un des bastions de notre puissance.
Q.- Prospective encore, E. Besson, comment l'Etat peut intervenir alors que « les caisses sont vides », comme dirait le Président de la République ?
R.- Vous voulez dire sur ce sujet ou globalement ?
Q.- Sur ce sujet-là.
R.- Sur ce sujet, l'Etat peut aider, il y a des relations mais on est dans une économie de marché, c'est une entreprise privée. Il y a l'intervention des autorités de marchés mais ça ne peut pas être une intervention directe en capital.
Q.- BNP-PARIBAS annonce des records de gains aujourd'hui, près de huit milliards d'euros pour 2007. C'est un candidat sérieux à une reprise éventuelle ?
R.- Je n'en sais strictement rien et je ne veux pas m'aventurer sur le terrain.
Q.- Evaluation, maintenant, des politiques publiques. Exit le lundi de Pentecôte travaillé. C'est vous qui avez réfléchi au sujet, E. Besson. C'était une usine à gaz ?
R.- C'est un succès et du désordre. Le succès c'est 2,1 milliards d'euros en faveur des personnes âgées, des personnes handicapées ; c'est par exemple des maisons médicalisées, des places en maisons médicalisées, c'était très important. L'autre succès c'est que malgré le relatif désordre du lundi de Pentecôte, les Français restaient attachés à l'idée qu'ils donnaient 7 heures de leur temps pour cette solidarité. Donc, il faut garder ce qui marche - et ce qui marche c'est à la fois plus d'argent et du don des Français - et ce qui marchait moins bien c'est, effectivement, une partie du désordre du lundi de Pentecôte. Donc, F. Fillon a arbitré cette semaine, les Français travailleront toujours 7 heures de plus par pan, 1.607 heures au lieu de 1.600, et en même temps on dit, le Gouvernement dit aux entreprises : « négociez avec les partenaires sociaux, trouvez une forme de souplesse », que X. Bertrand a appelé la Journée de la solidarité à la carte, pour que ça ne soit plus le lundi de Pentecôte. Donc par certains côtés, on rend le lundi de Pentecôte aux Français. Je crois qu'ils le souhaitaient.
Q.- La mesure avait été mal construite, mal mise en oeuvre par le gouvernement de J.-P. Raffarin ?
R.- C'est-à-dire qu'à partir du moment où tout le monde ne travaillait pas le lundi de Pentecôte, c'est-à-dire que les enseignants n'enseignaient pas, les services publics pour l'essentiel étaient fermés, les entreprises du coup tournaient au ralenti, les routiers étaient supposés travailler mais il y avait des interdictions de rouler, donc c'était un désordre. Mais n'oublions pas l'essentiel, le succès c'est l'attachement des Français à cette Journée de solidarité et beaucoup d'argent.
Q.- Ca, vous en êtes sûr ça ?
R.- Oui, bien sûr, oui, oui.
Q.- Vous en êtes sûr qu'ils sont attachés à cette Journée de solidarité ?
R.- Oui, je peux même vous dire que le ministre du Travail, X. Bertrand, a fait faire un sondage la semaine dernière qui montre que même s'ils sont en désaccord sur les modalités, 80 % des Français estiment que la Journée de solidarité est un concept intéressant et qu'ils sont prêts à continuer à travailler davantage pour les personnes âgées et les personnes handicapées.
Q.- E. Besson, aujourd'hui, grève des chauffeurs de taxi en France avec une manifestation dès 10 heures, Place de la République, ça c'est pour la Capitale. Les chauffeurs de taxi sont inquiets des perspectives ouvertes par le plan Attali, c'est-à-dire d'ouverture de ce marché-là à la concurrence. L'augmentation du nombre de taxis est-il acté par le Gouvernement ?
R.- Vendredi matin, F. Fillon organise avec quelques ministres un "mini séminaire", entre guillemets, tourné vers le plan Attali, c'est-à-dire qu'il va dire vendredi matin ce que sont les mesures qu'il estime pouvoir mettre en application, rapidement, celles auxquelles il n'adhère pas, et celles qui méritent un examen.
Q.- Alors, les taxis c'est dans quelle catégorie ?
R.- Je ne sais pas, il le dira vendredi en fin d'après-midi. On est dans une situation où il faut tenir compte de deux exigences contradictoires : est-ce qu'il y autant de taxis dans Paris que dans les grandes villes et agglomérations mondiales ? La réponse est non. Il y a plus de difficultés à prendre un taxi à Paris qu'ailleurs. En même temps, est-ce que ces chauffeurs de taxi ont payé parfois des prix astronomiques des licences qui leur coûtent extrêmement cher et qui font que leurs conditions de vie ne sont pas mécaniquement celles que l'on croit ? C'est vrai aussi. Donc, s'il doit y avoir réforme, il faut tenir compte de ces deux aspects.
Q.- B. Delanoë, le maire de Paris, propose un scénario de sortie de crise qui est de racheter la totalité des licences à Paris, à peu près trois milliards d'euros. Qu'en pensez-vous, E. Besson ?
R.- Je ne sais pas, ça mérite d'être évalué, ce n'est pas une façon de botter en touche mais ce genre de mesure s'évalue. J'imagine que le Premier ministre...
Q.- Donc, votre religion n'est pas faite sur cette mesure importante du rapport Attali.
R.- Non, non, non, ma religion n'est pas faite. Je ne crois pas d'ailleurs que ce soit honnêtement la plus importante du rapport Attali. Moi, ce que je retiens de la philosophie...
Q.-... « l'une des mesures », j'ai dit.
R.- Oui, mais la philosophie du rapport Attali c'est : "il faut s'adapter à la mondialisation", et ça j'y souscris totalement ; et deuxièmement, il faut faire en sorte que les plus faibles, les plus démunis, les moins mobiles, ceux qui peuvent être les "perdants", entre guillemets, de la mondialisation, c'est vrai dans nos pays et c'est vrai à l'échelle internationale qu'évoquait B. Guetta à l'instant, que cela puisse s'adapter. Voilà ! Donc, cette philosophie-là j'y souscris. Mais sur 316 ou 318 mesures, il est bien normal qu'il puisse y avoir des nuances et ça ne peut pas être "tout est à prendre ou à laisser".
Q.- Et la TVA sociale qui est l'une des autres propositions du rapport Attali, est-ce qu'on y va en 2009, E. Besson ?
R.- Vous avez exclu 2008, vous avez raison. Le Président de la République a dit : « voilà, je veux qu'on mette sur la table tous les impôts, taxes et cotisations sociales, on fait une revue », comme l'ont fait tous les grands pays qui sont à la fois compétitifs et solidaires. Il s'interroge : comment faire rentrer de l'argent pour financer les services publics et comment ne pas - et la protection sociale - et comment ne pas pénaliser notre compétitivité ?
Q.- E. Woerth dit : « on y réfléchit, on va en parler dès 2008 », donc pour 2009.
R.- J'ai lu ce qu'a dit E. Woerth très exactement, il dit la même chose que ce que je vous dis : nous allons réétudier tous les impôts, taxes et cotisations sociales.
Q.- Donc, en tout cas, ça c'est pas enterré, E. Besson.
R.- La TVA en fait partie. Ce n'est pas enterré ? Ça n'est ni enterré, ni exhumé !
Q.- Et donc, c'est dans quelle couche ? Sous une petite pelletée de sable mais pas trop, c'est ça ?
R.- Ça veut dire que ça fait pas... vous avez des économistes dans le monde, souvent d'ailleurs de centre gauche, qui disent : « il vaut mieux taxer la production que les facteurs de production, taxer a posteriori que taxer le travail et le capital a priori ». C'est aussi ce qu'ont fait quantité de pays très compétitifs. Par exemple, prenez les pays du nord de l'Europe, le Danemark, la Finlande, la Norvège, la Suède, etc., ils ont fiscalisé leur protection sociale, c'est-à-dire qu'ils sont... vous financez la protection sociale non pas par des cotisations sociales mais par des impôts et des taxes. Moi, je pense qu'à terme, je dis bien à terme, à dix ans, à quinze ans, puisque mon métier, vous l'avez rappelé, c'est la prospective, c'est une évolution qui me paraît inéluctable. Est-ce que le Président de la République ira plus loin dans cette voie ? A quel rythme ? Je ne le sais pas. La revue générale des prélèvements obligatoires qu'il a confiée à C. Lagarde c'est cela : mettre sur la table tous les impôts, taxes et cotisations sociales.
Q.- E. Besson, le secrétaire d'Etat chargé de la Prospective et de l'Evaluation des Politiques Publiques auprès du Premier ministre répond à toutes vos questions dans « Inter Activ » dans une petite dizaine de minutes. A tout de suite.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 janvier 2008
R.- Normalement, c'est monsieur le ministre, mais appelez-moi Eric, ça sera plus simple.
Q.- Ça on verra ! La Société Générale, exercice de prospective, peut-être d'après vous échapper à une OPA ?
R.- Je ne sais pas. Je ne sais pas, c'est une entreprise privée, c'est au marché et à son conseil d'administration d'en décider. Moi, j'ai la même préoccupation que celle qui a été exprimée par le Premier ministre, hier, à l'Assemblée nationale : c'est qu'au-delà d'un accident grave et qui nous interpelle tous, qui nous touche tous, c'est pas tout à fait rien, de se dire que quelqu'un peut en toute, j'allais dire illégalité, placer 50 milliards d'euros, évidemment ça nous interpelle tous. Mais en même temps, il y a une entreprise, je dirais de la finance industrielle, de l'industrie de la finance, qui joue un rôle majeur pour la France, et la préoccupation que nous avons c'est en même temps de tirer les leçons et de ne pas la déstabiliser.
Q.- F. Fillon a dit, hier, que la Société Générale resterait française.
R.- C'est son souhait et c'est le nôtre, j'imagine. Vous savez, dans la compétition mondiale, l'industrie de la finance joue un rôle majeur et ce n'est pas parce qu'il y a un accident, qu'il ne faut pas nier et dont il faut tirer les leçons pour que ça ne se reproduise pas, qu'en même temps il faut mettre en cause un des bastions de notre puissance.
Q.- Prospective encore, E. Besson, comment l'Etat peut intervenir alors que « les caisses sont vides », comme dirait le Président de la République ?
R.- Vous voulez dire sur ce sujet ou globalement ?
Q.- Sur ce sujet-là.
R.- Sur ce sujet, l'Etat peut aider, il y a des relations mais on est dans une économie de marché, c'est une entreprise privée. Il y a l'intervention des autorités de marchés mais ça ne peut pas être une intervention directe en capital.
Q.- BNP-PARIBAS annonce des records de gains aujourd'hui, près de huit milliards d'euros pour 2007. C'est un candidat sérieux à une reprise éventuelle ?
R.- Je n'en sais strictement rien et je ne veux pas m'aventurer sur le terrain.
Q.- Evaluation, maintenant, des politiques publiques. Exit le lundi de Pentecôte travaillé. C'est vous qui avez réfléchi au sujet, E. Besson. C'était une usine à gaz ?
R.- C'est un succès et du désordre. Le succès c'est 2,1 milliards d'euros en faveur des personnes âgées, des personnes handicapées ; c'est par exemple des maisons médicalisées, des places en maisons médicalisées, c'était très important. L'autre succès c'est que malgré le relatif désordre du lundi de Pentecôte, les Français restaient attachés à l'idée qu'ils donnaient 7 heures de leur temps pour cette solidarité. Donc, il faut garder ce qui marche - et ce qui marche c'est à la fois plus d'argent et du don des Français - et ce qui marchait moins bien c'est, effectivement, une partie du désordre du lundi de Pentecôte. Donc, F. Fillon a arbitré cette semaine, les Français travailleront toujours 7 heures de plus par pan, 1.607 heures au lieu de 1.600, et en même temps on dit, le Gouvernement dit aux entreprises : « négociez avec les partenaires sociaux, trouvez une forme de souplesse », que X. Bertrand a appelé la Journée de la solidarité à la carte, pour que ça ne soit plus le lundi de Pentecôte. Donc par certains côtés, on rend le lundi de Pentecôte aux Français. Je crois qu'ils le souhaitaient.
Q.- La mesure avait été mal construite, mal mise en oeuvre par le gouvernement de J.-P. Raffarin ?
R.- C'est-à-dire qu'à partir du moment où tout le monde ne travaillait pas le lundi de Pentecôte, c'est-à-dire que les enseignants n'enseignaient pas, les services publics pour l'essentiel étaient fermés, les entreprises du coup tournaient au ralenti, les routiers étaient supposés travailler mais il y avait des interdictions de rouler, donc c'était un désordre. Mais n'oublions pas l'essentiel, le succès c'est l'attachement des Français à cette Journée de solidarité et beaucoup d'argent.
Q.- Ca, vous en êtes sûr ça ?
R.- Oui, bien sûr, oui, oui.
Q.- Vous en êtes sûr qu'ils sont attachés à cette Journée de solidarité ?
R.- Oui, je peux même vous dire que le ministre du Travail, X. Bertrand, a fait faire un sondage la semaine dernière qui montre que même s'ils sont en désaccord sur les modalités, 80 % des Français estiment que la Journée de solidarité est un concept intéressant et qu'ils sont prêts à continuer à travailler davantage pour les personnes âgées et les personnes handicapées.
Q.- E. Besson, aujourd'hui, grève des chauffeurs de taxi en France avec une manifestation dès 10 heures, Place de la République, ça c'est pour la Capitale. Les chauffeurs de taxi sont inquiets des perspectives ouvertes par le plan Attali, c'est-à-dire d'ouverture de ce marché-là à la concurrence. L'augmentation du nombre de taxis est-il acté par le Gouvernement ?
R.- Vendredi matin, F. Fillon organise avec quelques ministres un "mini séminaire", entre guillemets, tourné vers le plan Attali, c'est-à-dire qu'il va dire vendredi matin ce que sont les mesures qu'il estime pouvoir mettre en application, rapidement, celles auxquelles il n'adhère pas, et celles qui méritent un examen.
Q.- Alors, les taxis c'est dans quelle catégorie ?
R.- Je ne sais pas, il le dira vendredi en fin d'après-midi. On est dans une situation où il faut tenir compte de deux exigences contradictoires : est-ce qu'il y autant de taxis dans Paris que dans les grandes villes et agglomérations mondiales ? La réponse est non. Il y a plus de difficultés à prendre un taxi à Paris qu'ailleurs. En même temps, est-ce que ces chauffeurs de taxi ont payé parfois des prix astronomiques des licences qui leur coûtent extrêmement cher et qui font que leurs conditions de vie ne sont pas mécaniquement celles que l'on croit ? C'est vrai aussi. Donc, s'il doit y avoir réforme, il faut tenir compte de ces deux aspects.
Q.- B. Delanoë, le maire de Paris, propose un scénario de sortie de crise qui est de racheter la totalité des licences à Paris, à peu près trois milliards d'euros. Qu'en pensez-vous, E. Besson ?
R.- Je ne sais pas, ça mérite d'être évalué, ce n'est pas une façon de botter en touche mais ce genre de mesure s'évalue. J'imagine que le Premier ministre...
Q.- Donc, votre religion n'est pas faite sur cette mesure importante du rapport Attali.
R.- Non, non, non, ma religion n'est pas faite. Je ne crois pas d'ailleurs que ce soit honnêtement la plus importante du rapport Attali. Moi, ce que je retiens de la philosophie...
Q.-... « l'une des mesures », j'ai dit.
R.- Oui, mais la philosophie du rapport Attali c'est : "il faut s'adapter à la mondialisation", et ça j'y souscris totalement ; et deuxièmement, il faut faire en sorte que les plus faibles, les plus démunis, les moins mobiles, ceux qui peuvent être les "perdants", entre guillemets, de la mondialisation, c'est vrai dans nos pays et c'est vrai à l'échelle internationale qu'évoquait B. Guetta à l'instant, que cela puisse s'adapter. Voilà ! Donc, cette philosophie-là j'y souscris. Mais sur 316 ou 318 mesures, il est bien normal qu'il puisse y avoir des nuances et ça ne peut pas être "tout est à prendre ou à laisser".
Q.- Et la TVA sociale qui est l'une des autres propositions du rapport Attali, est-ce qu'on y va en 2009, E. Besson ?
R.- Vous avez exclu 2008, vous avez raison. Le Président de la République a dit : « voilà, je veux qu'on mette sur la table tous les impôts, taxes et cotisations sociales, on fait une revue », comme l'ont fait tous les grands pays qui sont à la fois compétitifs et solidaires. Il s'interroge : comment faire rentrer de l'argent pour financer les services publics et comment ne pas - et la protection sociale - et comment ne pas pénaliser notre compétitivité ?
Q.- E. Woerth dit : « on y réfléchit, on va en parler dès 2008 », donc pour 2009.
R.- J'ai lu ce qu'a dit E. Woerth très exactement, il dit la même chose que ce que je vous dis : nous allons réétudier tous les impôts, taxes et cotisations sociales.
Q.- Donc, en tout cas, ça c'est pas enterré, E. Besson.
R.- La TVA en fait partie. Ce n'est pas enterré ? Ça n'est ni enterré, ni exhumé !
Q.- Et donc, c'est dans quelle couche ? Sous une petite pelletée de sable mais pas trop, c'est ça ?
R.- Ça veut dire que ça fait pas... vous avez des économistes dans le monde, souvent d'ailleurs de centre gauche, qui disent : « il vaut mieux taxer la production que les facteurs de production, taxer a posteriori que taxer le travail et le capital a priori ». C'est aussi ce qu'ont fait quantité de pays très compétitifs. Par exemple, prenez les pays du nord de l'Europe, le Danemark, la Finlande, la Norvège, la Suède, etc., ils ont fiscalisé leur protection sociale, c'est-à-dire qu'ils sont... vous financez la protection sociale non pas par des cotisations sociales mais par des impôts et des taxes. Moi, je pense qu'à terme, je dis bien à terme, à dix ans, à quinze ans, puisque mon métier, vous l'avez rappelé, c'est la prospective, c'est une évolution qui me paraît inéluctable. Est-ce que le Président de la République ira plus loin dans cette voie ? A quel rythme ? Je ne le sais pas. La revue générale des prélèvements obligatoires qu'il a confiée à C. Lagarde c'est cela : mettre sur la table tous les impôts, taxes et cotisations sociales.
Q.- E. Besson, le secrétaire d'Etat chargé de la Prospective et de l'Evaluation des Politiques Publiques auprès du Premier ministre répond à toutes vos questions dans « Inter Activ » dans une petite dizaine de minutes. A tout de suite.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 janvier 2008