Texte intégral
C. Barbier.- Le Gouvernement va-t-il taxer les achats de téléviseurs, d'ordinateurs, de téléphones mobiles, pour financer l'audiovisuel public qui sera privé de publicité, c'est ce qu'annonce Les Echos, ce matin...
R.- Le président de la République a souhaité que nous sortions d'un système aberrant en matière de financement de la télévision, et qu'il y ait sur un même plan, à la fois, le service public et le service privé. On ne peut pas à la fois, demander de la qualité au service public et en même temps, le mettre sur un pied d'égalité, en termes de recettes, lui demander de faire de l'audience pour financer ses programmes.
Q.- Alors, comment le finance-t-on ?
R.- Le président de la République a évoqué plusieurs pistes, donc ce sera à C. Albanel, ma collègue chargée au Gouvernement de ce dossier, de regarder, de faire des propositions au Premier ministre pour faire en sorte que l'on puisse financer une télévision de qualité, ce que les Français attendent.
Q.- Les Français s'équipent beaucoup en ordinateurs, en télévisions, en écrans plats, c'est l'occasion de les taxer, parce qu'ils ne renonceront pas à leur consommation, et cela fera rentrer des recettes ?
R.- Encore une fois, on est au stade de la réflexion. Ce qui est important, c'est que, on coupe le lien qui existe entre la publicité à la télévision, la course à l'audience du système public. Et d'autre part, un système privé qui est sur un autre modèle économique.
Q.- Donc vous ne démentez pas cette possibilité de taxation ?
R.- Comme le président de la République l'a annoncé dans ces voeux, nous allons étudier les différentes pistes de financement possibles.
Q.- Le Livret A aurait dû passer mécaniquement à une rémunération de 4 %, ce ne sera que 3,5 %. Vous, vous dites : chic, ils vont consommer, c'est bon pour mon ministère", ou c'est un mauvais coup pour les épargnants ?
R.- Non, je me dis que c'est très bon compromis qu'a adopté le Premier ministre, entre, d'une part, les consommateurs - 3,5 % par rapport à une inflation qui est à 2,6 ; cela reste très intéressant en termes d'épargne. Regardez ce qui se passait il y a encore trois ou quatre ans, où le taux du Livret A était inférieur au taux de l'inflation. Et puis en même temps, le Premier ministre n'a pas voulu déséquilibrer le financement du logement social. Vous savez que le Livret A contribue fortement au financement, notamment, des HLM. Donc je crois que c'est un bon compromis pour les consommateurs que je défends ici.
Q.- M.-E. Leclerc menace de retirer de ses rayons six produits de grande consommation qui ont, selon lui, "beaucoup trop augmenté". A-t-il raison ?
R.- Je crois que ce que fait M.-E. Leclerc démontre que nous avons changé d'époque. Il y a encore quelques mois, les distributeurs et les industriels se battaient entre eux pour le partage de leurs marges. Aujourd'hui, ils se battent pour faire baisser les prix et pour faire en sorte que le consommateur soit au coeur de leurs discussions. C'est ce que voulait le Gouvernement. J'ai suffisamment...
Q.- Et boycotter, c'est une bonne idée ?
R.-...J'ai suffisamment dénoncé le fait que les distributeurs et les industriels avaient un peu oublié qu'à la fin, au bout de la chaîne, il y avait un client, qui s'appelle le consommateur. Et j'observe que, dans les négociations qui ont lieu en ce moment entre distributeurs et industriels, qui sont des négociations difficiles, et qui sont annuelles, chaque année on assiste à ce débat, eh bien l'objet de la négociation, c'est d'empêcher les hausses et éventuellement de faire baisser les prix sur certains produits.
Q.- Qui est le plus coupable dans les hausses que l'on a observées, les distributeurs, les producteurs, les industriels, les matières premières ?
R.- Mon rôle n'est pas de donner les bons et les mauvais points. Ce que j'observe, c'est qu'il y a, à la fois, des hausses de matières premières qui existent au niveau mondial, mais dans la transcription dans les tarifs des industriels, il y a sans doute certains abus. Quand le lait augmente de 10 %, le yaourt normalement ne doit pas augmenter de + de 2 %.Or on voit dans certaines évolutions de tarifs qu'il y a sans doute des abus. Et puis inversement, on sait que la distribution a une puissance de frappe : cinq centrales d'achats face à plusieurs dizaines de milliers de petites entreprises, producteurs ou industriels. Eh bien, il y a un rapport de force qui est fort vis-à-vis de la distribution.
Q.- En poussant le système à consommer moins cher, à offrir des prix plus bas aux consommateurs, ne les entraînez-vous pas vers une moins bonne qualité des produits ?
R.- Non, je ne crois pas. Et d'ailleurs, le rapport qui m'a été remis sur le "low cost", il y a quelques semaines, par C. Beigbeder, le démontre. C'est une idée reçue de penser que le bas prix est forcément l'idée de la qualité. Aujourd'hui, quand vous allez acheter des produits à bas prix dans la grande distribution, quand vous achetez un billet d'avion "low cost", ce n'est pas un billet de moins bonne qualité. Donc, au contraire, je crois que c'est une attente forte de la part des consommateurs, qui l'ont témoigné en mettant le pouvoir d'achat au coeur de leurs préoccupations.
Q.- Le même M.-E. Leclerc estime que les prix des produits de grande consommation vont augmenter de 4 % en 2008. C. Lagarde a commencé l'année 2008 en nous disant que l'inflation serait sans doute supérieure cette année à l'année dernière ; les Etats-Unis viennent de battre un record vieux de dix-sept ans, 4,1 % d'inflation sur l'année 2007. Votre pronostic à vous ?
R.- D'abord, je rappelle que nous ne sommes qu'à 2,6 % en France ; c'est en augmentation par rapport à l'année dernière mais je voudrais relativiser ce chiffre. La moyenne de l'Union européenne, de l'EuroGroupe, l'EuroLand, est à 3,1 %. Ensuite, si on regarde la constitution de l'inflation, on s'aperçoit qu'il y a des produits qui augmentent fortement, ce sont les matières premières alimentaires - comme le blé, le lait -, et puis c'est aussi l'énergie. Mais il y a aussi des produits qui sont, même dans l'alimentaire, en recul - regardez le porc, regardez les fruits et légumes ces dernières semaines, regardez le textile là aussi, et dans d'autres biens et services. Donc je voudrais relativiser ces chiffres. Qui est capable aujourd'hui de savoir ce que sera l'inflation en 2008 ? Donc parler de "4 %", cela me paraît exagéré. Si demain nous avons une crise au niveau des matières premières au niveau mondial, on voit bien que cela aura un impact sur des baisses de prix au niveau des cours. Donc c'est bien prématuré d'imaginer ce que sera la hausse des prix en 2008.
Q.- Vous êtes pour les prix bas, donc vous êtes pour l'autorisation des ventes à perte, ce que la commission Attali devrait proposer ?
R.- J'ai fait voter une loi au mois de décembre qui maintient l'interdiction de vente à perte. Mais je suis pour qu'on réfléchisse à des mécanismes de réduction de prix qui soient modernes, qui prennent en compte le fait qu'aujourd'hui, on achète de plus en plus sur Internet, et tout au long de l'année à bas prix. Qui font que, aujourd'hui, les Français consacrent les soldes comme la fête du commerce, mais en même temps ils aimeraient bien assouplir cette législation pour pouvoir faire des bonnes affaires tout au long de l'année. Donc, il faut une règle générale, qui est l'interdiction de vente à perte, mais il faut un assouplissement de règles qui permettent tout au long de l'année de faire des bonnes affaires aux consommateurs.
Q.- Par exemple, des soldes récurrents voire permanents ?
R.- Oui, nous allons y réfléchir. Les soldes, c'est quoi ? C'est précisément l'autorisation de vendre, deux fois par an, à perte. Les Français ne savent pas que, dans leur panier d'achats, au moment des soldes, il y a très peu de produits qui sont véritablement achetés par eux à perte. C'est-à-dire que les revendeurs, les commerçants les ont vendus à perte. Même quand on vend à moins 50 % certains produits...
Q.- Il y a encore un peu de marge...
R.-...parfois, sur certains produits, on ne vend pas à perte. Donc, il est nécessaire d'avoir une réflexion plus globale sur les mécanismes de réduction de prix. Quelle est la place de la vente sur Internet aujourd'hui ? Les promotions, je vous ai parlé du "low cost". Donc, c'est l'objet du groupe de travail que je vais installer dans les prochaines semaines, à Bercy.
Q.- Quel est votre calendrier ? Avant les soldes d'été ou d'automne, on aura la réponse ?
R.- Oui, l'idée est que le groupe que je vais installer nous fasse des propositions avant la loi de modernisation de l'économie, ce qui nous permettrait de moderniser ce système à ce moment-là.
Q.- L. Giscard d'Estaing, propose "un billet de 1 euro pour que les Français se rendent compte de la valeur des choses". C'est une bonne idée ?
R.- L. Giscard d'Estaing est l'élu de Chamalières, donc je pense qu'il veut promouvoir le billet de 1 euro. Toutes les...
Q.- On en fabrique là-bas...
R.- Voilà, parce qu'on en imprime là-bas. Toutes les idées sont bonnes à prendre et bonnes à analyser. J'en ai encore entendues ce matin, venant de la majorité sur le pouvoir d'achat. Et le Gouvernement est toujours à l'écoute des parlementaires sur ce type de proposition.
Q.- Y aura-t-il au printemps une loi permettant l'ouverture de tous les magasins le dimanche, pas seulement les meubles ?
R.- Nous allons assouplir l'ouverture des magasins le dimanche, parce que nous sommes quand même dans un drôle de pays, où, quand il y a la volonté des consommateurs d'aller faire leurs courses le dimanche - c'est par exemple le cas dans l'ameublement, où on va faire des achats en famille, à un moment on a besoin d'être ensemble, c'est un achat raisonné -, la volonté des commerçants d'ouvrir le dimanche, dans l'ameublement que je cite, 24 % des affaires sont réalisées le dimanche là où c'est ouvert. Et puis, où il y a la volonté des salariés de pouvoir gagner plus s'ils travaillent le dimanche. Donc c'est pour cela que nous avons commencé par l'ameublement, où il y avait ces trois conditions réunies. Mais nous souhaitons aller plus loin avec X. Bertrand. Nous souhaitons assouplir de manière plus générale l'autorisation de travailler le dimanche. Alors, on ne va pas passer d'un extrême à l'autre, c'est-à-dire d'un système actuel d'interdiction avec 180 dérogations - 180 ! Il y a déjà 6 millions de Français qui travaillent le dimanche -, à un système où l'on obligerait tout le monde à travailler le dimanche, non. Il faut être souples, il faut proposer à ce que ceux, par exemple dans les grandes agglomérations, qui ont envie de travailler, ceux qui veulent gagner plus le dimanche puissent le faire. On réfléchit aussi au nombre de dimanches avec dérogation ; il y en a cinq actuellement, on pourrait, par exemple, passer à dix.
Q.- Vous êtes aussi en charge du tourisme. L'euro fort, va-t-il par porter atteinte à la performance touristique de la France ?
R.- La réponse est non.
Q.- C'est cher de venir en France...
R.- Alors, effectivement, c'est une question que je me suis posée. Et j'ai observé, avec une bonne surprise, le fait que cet été les touristes américains, par exemple, sont revenus à Paris. Et nous allons faire la meilleure saison avec les Américains depuis 2001 et le 11 Septembre. Donc on voit bien que, contrairement aux idées reçues, l'euro fort n'a pour l'instant pas d'impact négatif. Et d'ailleurs, je tiens à vous annoncer que la France va battre en 2007 un record, elle va passer le nombre de 80 millions de visiteurs en 2007. Donc nous sommes la première destination mondiale, et donc, en 2007, la France va battre un record avec plus de 80 millions de visiteurs.
Q.- Vu du côté du tourisme, le jugement sur la marée noire de l'Erika, avec la responsabilité environnementale, décrétée avec de fortes amendes, c'est une bonne chose ?
R.- Je crois que c'est une bonne chose, de manière générale, qu'il y ait de la responsabilité. Que, ceux qui commettent un certain nombre d'infractions et qui aboutissent à des drames, celui de l'Erika en est un, soient, tôt ou tard, condamnés. Ce que j'observe aussi, c'est que derrière les professionnels du tourisme, la région Pays-de-Loire s'est formidablement mobilisée. J'y étais encore cet été sur place pour voir que, aujourd'hui, c'est une terre d'accueil formidable pour le tourisme français.
Q.- F. Fillon a rappelé les ministres à l'ordre et à la discipline hier. C'est le grand retour du Premier ministre en ce moment ? Il est en forme dans les sondages, il reprend les choses en main ?
R.- C'est le grand retour pour vous. Moi, j'ai l'impression que le Premier ministre n'a jamais été absent, il a toujours été aux commandes, dans son rôle de coordinateur de l'action du Gouvernement, et c'est une bonne chose.
Q.- Vous êtes candidat aux municipales, à Chaumont, en Haute-Marne. Election locale, élection nationale ?
R.- Je crois que c'est une élection locale par rapport au choix des électeurs, aux enjeux. A Chaumont, les gens vont choisir celui qui portera le projet de ville le plus important, qui est capable d'inverser la tendance démographique et de représenter un espoir. Mais en même temps, vous-mêmes, journalistes politiques, vous en ferez une lecture nationale. Le soir du 16 mars, vous regarderez à Chaumont si c'est passé à droite ou si c'est resté à gauche.
Q.- Et si vous êtes élu ou battu, vous démissionnez du Gouvernement pour bien vous occuper de votre ville ou parce que vous assumez la défaite ?
R.- Je vais d'abord faire en sorte de me faire élire. Et c'est un challenge difficile d'ailleurs, la ville est actuellement occupée par un maire issu de la gauche, et donc c'est un challenge difficile. Et puis ensuite, on verra, je verrai le Premier ministre, je verrai le président de la République ; chaque chose en son temps. J'occupe mes fonctions gouvernementales aujourd'hui avec détermination et passion, et en même temps, je vais en sorte de transformer l'essai à Chaumont.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 janvier 2008
R.- Le président de la République a souhaité que nous sortions d'un système aberrant en matière de financement de la télévision, et qu'il y ait sur un même plan, à la fois, le service public et le service privé. On ne peut pas à la fois, demander de la qualité au service public et en même temps, le mettre sur un pied d'égalité, en termes de recettes, lui demander de faire de l'audience pour financer ses programmes.
Q.- Alors, comment le finance-t-on ?
R.- Le président de la République a évoqué plusieurs pistes, donc ce sera à C. Albanel, ma collègue chargée au Gouvernement de ce dossier, de regarder, de faire des propositions au Premier ministre pour faire en sorte que l'on puisse financer une télévision de qualité, ce que les Français attendent.
Q.- Les Français s'équipent beaucoup en ordinateurs, en télévisions, en écrans plats, c'est l'occasion de les taxer, parce qu'ils ne renonceront pas à leur consommation, et cela fera rentrer des recettes ?
R.- Encore une fois, on est au stade de la réflexion. Ce qui est important, c'est que, on coupe le lien qui existe entre la publicité à la télévision, la course à l'audience du système public. Et d'autre part, un système privé qui est sur un autre modèle économique.
Q.- Donc vous ne démentez pas cette possibilité de taxation ?
R.- Comme le président de la République l'a annoncé dans ces voeux, nous allons étudier les différentes pistes de financement possibles.
Q.- Le Livret A aurait dû passer mécaniquement à une rémunération de 4 %, ce ne sera que 3,5 %. Vous, vous dites : chic, ils vont consommer, c'est bon pour mon ministère", ou c'est un mauvais coup pour les épargnants ?
R.- Non, je me dis que c'est très bon compromis qu'a adopté le Premier ministre, entre, d'une part, les consommateurs - 3,5 % par rapport à une inflation qui est à 2,6 ; cela reste très intéressant en termes d'épargne. Regardez ce qui se passait il y a encore trois ou quatre ans, où le taux du Livret A était inférieur au taux de l'inflation. Et puis en même temps, le Premier ministre n'a pas voulu déséquilibrer le financement du logement social. Vous savez que le Livret A contribue fortement au financement, notamment, des HLM. Donc je crois que c'est un bon compromis pour les consommateurs que je défends ici.
Q.- M.-E. Leclerc menace de retirer de ses rayons six produits de grande consommation qui ont, selon lui, "beaucoup trop augmenté". A-t-il raison ?
R.- Je crois que ce que fait M.-E. Leclerc démontre que nous avons changé d'époque. Il y a encore quelques mois, les distributeurs et les industriels se battaient entre eux pour le partage de leurs marges. Aujourd'hui, ils se battent pour faire baisser les prix et pour faire en sorte que le consommateur soit au coeur de leurs discussions. C'est ce que voulait le Gouvernement. J'ai suffisamment...
Q.- Et boycotter, c'est une bonne idée ?
R.-...J'ai suffisamment dénoncé le fait que les distributeurs et les industriels avaient un peu oublié qu'à la fin, au bout de la chaîne, il y avait un client, qui s'appelle le consommateur. Et j'observe que, dans les négociations qui ont lieu en ce moment entre distributeurs et industriels, qui sont des négociations difficiles, et qui sont annuelles, chaque année on assiste à ce débat, eh bien l'objet de la négociation, c'est d'empêcher les hausses et éventuellement de faire baisser les prix sur certains produits.
Q.- Qui est le plus coupable dans les hausses que l'on a observées, les distributeurs, les producteurs, les industriels, les matières premières ?
R.- Mon rôle n'est pas de donner les bons et les mauvais points. Ce que j'observe, c'est qu'il y a, à la fois, des hausses de matières premières qui existent au niveau mondial, mais dans la transcription dans les tarifs des industriels, il y a sans doute certains abus. Quand le lait augmente de 10 %, le yaourt normalement ne doit pas augmenter de + de 2 %.Or on voit dans certaines évolutions de tarifs qu'il y a sans doute des abus. Et puis inversement, on sait que la distribution a une puissance de frappe : cinq centrales d'achats face à plusieurs dizaines de milliers de petites entreprises, producteurs ou industriels. Eh bien, il y a un rapport de force qui est fort vis-à-vis de la distribution.
Q.- En poussant le système à consommer moins cher, à offrir des prix plus bas aux consommateurs, ne les entraînez-vous pas vers une moins bonne qualité des produits ?
R.- Non, je ne crois pas. Et d'ailleurs, le rapport qui m'a été remis sur le "low cost", il y a quelques semaines, par C. Beigbeder, le démontre. C'est une idée reçue de penser que le bas prix est forcément l'idée de la qualité. Aujourd'hui, quand vous allez acheter des produits à bas prix dans la grande distribution, quand vous achetez un billet d'avion "low cost", ce n'est pas un billet de moins bonne qualité. Donc, au contraire, je crois que c'est une attente forte de la part des consommateurs, qui l'ont témoigné en mettant le pouvoir d'achat au coeur de leurs préoccupations.
Q.- Le même M.-E. Leclerc estime que les prix des produits de grande consommation vont augmenter de 4 % en 2008. C. Lagarde a commencé l'année 2008 en nous disant que l'inflation serait sans doute supérieure cette année à l'année dernière ; les Etats-Unis viennent de battre un record vieux de dix-sept ans, 4,1 % d'inflation sur l'année 2007. Votre pronostic à vous ?
R.- D'abord, je rappelle que nous ne sommes qu'à 2,6 % en France ; c'est en augmentation par rapport à l'année dernière mais je voudrais relativiser ce chiffre. La moyenne de l'Union européenne, de l'EuroGroupe, l'EuroLand, est à 3,1 %. Ensuite, si on regarde la constitution de l'inflation, on s'aperçoit qu'il y a des produits qui augmentent fortement, ce sont les matières premières alimentaires - comme le blé, le lait -, et puis c'est aussi l'énergie. Mais il y a aussi des produits qui sont, même dans l'alimentaire, en recul - regardez le porc, regardez les fruits et légumes ces dernières semaines, regardez le textile là aussi, et dans d'autres biens et services. Donc je voudrais relativiser ces chiffres. Qui est capable aujourd'hui de savoir ce que sera l'inflation en 2008 ? Donc parler de "4 %", cela me paraît exagéré. Si demain nous avons une crise au niveau des matières premières au niveau mondial, on voit bien que cela aura un impact sur des baisses de prix au niveau des cours. Donc c'est bien prématuré d'imaginer ce que sera la hausse des prix en 2008.
Q.- Vous êtes pour les prix bas, donc vous êtes pour l'autorisation des ventes à perte, ce que la commission Attali devrait proposer ?
R.- J'ai fait voter une loi au mois de décembre qui maintient l'interdiction de vente à perte. Mais je suis pour qu'on réfléchisse à des mécanismes de réduction de prix qui soient modernes, qui prennent en compte le fait qu'aujourd'hui, on achète de plus en plus sur Internet, et tout au long de l'année à bas prix. Qui font que, aujourd'hui, les Français consacrent les soldes comme la fête du commerce, mais en même temps ils aimeraient bien assouplir cette législation pour pouvoir faire des bonnes affaires tout au long de l'année. Donc, il faut une règle générale, qui est l'interdiction de vente à perte, mais il faut un assouplissement de règles qui permettent tout au long de l'année de faire des bonnes affaires aux consommateurs.
Q.- Par exemple, des soldes récurrents voire permanents ?
R.- Oui, nous allons y réfléchir. Les soldes, c'est quoi ? C'est précisément l'autorisation de vendre, deux fois par an, à perte. Les Français ne savent pas que, dans leur panier d'achats, au moment des soldes, il y a très peu de produits qui sont véritablement achetés par eux à perte. C'est-à-dire que les revendeurs, les commerçants les ont vendus à perte. Même quand on vend à moins 50 % certains produits...
Q.- Il y a encore un peu de marge...
R.-...parfois, sur certains produits, on ne vend pas à perte. Donc, il est nécessaire d'avoir une réflexion plus globale sur les mécanismes de réduction de prix. Quelle est la place de la vente sur Internet aujourd'hui ? Les promotions, je vous ai parlé du "low cost". Donc, c'est l'objet du groupe de travail que je vais installer dans les prochaines semaines, à Bercy.
Q.- Quel est votre calendrier ? Avant les soldes d'été ou d'automne, on aura la réponse ?
R.- Oui, l'idée est que le groupe que je vais installer nous fasse des propositions avant la loi de modernisation de l'économie, ce qui nous permettrait de moderniser ce système à ce moment-là.
Q.- L. Giscard d'Estaing, propose "un billet de 1 euro pour que les Français se rendent compte de la valeur des choses". C'est une bonne idée ?
R.- L. Giscard d'Estaing est l'élu de Chamalières, donc je pense qu'il veut promouvoir le billet de 1 euro. Toutes les...
Q.- On en fabrique là-bas...
R.- Voilà, parce qu'on en imprime là-bas. Toutes les idées sont bonnes à prendre et bonnes à analyser. J'en ai encore entendues ce matin, venant de la majorité sur le pouvoir d'achat. Et le Gouvernement est toujours à l'écoute des parlementaires sur ce type de proposition.
Q.- Y aura-t-il au printemps une loi permettant l'ouverture de tous les magasins le dimanche, pas seulement les meubles ?
R.- Nous allons assouplir l'ouverture des magasins le dimanche, parce que nous sommes quand même dans un drôle de pays, où, quand il y a la volonté des consommateurs d'aller faire leurs courses le dimanche - c'est par exemple le cas dans l'ameublement, où on va faire des achats en famille, à un moment on a besoin d'être ensemble, c'est un achat raisonné -, la volonté des commerçants d'ouvrir le dimanche, dans l'ameublement que je cite, 24 % des affaires sont réalisées le dimanche là où c'est ouvert. Et puis, où il y a la volonté des salariés de pouvoir gagner plus s'ils travaillent le dimanche. Donc c'est pour cela que nous avons commencé par l'ameublement, où il y avait ces trois conditions réunies. Mais nous souhaitons aller plus loin avec X. Bertrand. Nous souhaitons assouplir de manière plus générale l'autorisation de travailler le dimanche. Alors, on ne va pas passer d'un extrême à l'autre, c'est-à-dire d'un système actuel d'interdiction avec 180 dérogations - 180 ! Il y a déjà 6 millions de Français qui travaillent le dimanche -, à un système où l'on obligerait tout le monde à travailler le dimanche, non. Il faut être souples, il faut proposer à ce que ceux, par exemple dans les grandes agglomérations, qui ont envie de travailler, ceux qui veulent gagner plus le dimanche puissent le faire. On réfléchit aussi au nombre de dimanches avec dérogation ; il y en a cinq actuellement, on pourrait, par exemple, passer à dix.
Q.- Vous êtes aussi en charge du tourisme. L'euro fort, va-t-il par porter atteinte à la performance touristique de la France ?
R.- La réponse est non.
Q.- C'est cher de venir en France...
R.- Alors, effectivement, c'est une question que je me suis posée. Et j'ai observé, avec une bonne surprise, le fait que cet été les touristes américains, par exemple, sont revenus à Paris. Et nous allons faire la meilleure saison avec les Américains depuis 2001 et le 11 Septembre. Donc on voit bien que, contrairement aux idées reçues, l'euro fort n'a pour l'instant pas d'impact négatif. Et d'ailleurs, je tiens à vous annoncer que la France va battre en 2007 un record, elle va passer le nombre de 80 millions de visiteurs en 2007. Donc nous sommes la première destination mondiale, et donc, en 2007, la France va battre un record avec plus de 80 millions de visiteurs.
Q.- Vu du côté du tourisme, le jugement sur la marée noire de l'Erika, avec la responsabilité environnementale, décrétée avec de fortes amendes, c'est une bonne chose ?
R.- Je crois que c'est une bonne chose, de manière générale, qu'il y ait de la responsabilité. Que, ceux qui commettent un certain nombre d'infractions et qui aboutissent à des drames, celui de l'Erika en est un, soient, tôt ou tard, condamnés. Ce que j'observe aussi, c'est que derrière les professionnels du tourisme, la région Pays-de-Loire s'est formidablement mobilisée. J'y étais encore cet été sur place pour voir que, aujourd'hui, c'est une terre d'accueil formidable pour le tourisme français.
Q.- F. Fillon a rappelé les ministres à l'ordre et à la discipline hier. C'est le grand retour du Premier ministre en ce moment ? Il est en forme dans les sondages, il reprend les choses en main ?
R.- C'est le grand retour pour vous. Moi, j'ai l'impression que le Premier ministre n'a jamais été absent, il a toujours été aux commandes, dans son rôle de coordinateur de l'action du Gouvernement, et c'est une bonne chose.
Q.- Vous êtes candidat aux municipales, à Chaumont, en Haute-Marne. Election locale, élection nationale ?
R.- Je crois que c'est une élection locale par rapport au choix des électeurs, aux enjeux. A Chaumont, les gens vont choisir celui qui portera le projet de ville le plus important, qui est capable d'inverser la tendance démographique et de représenter un espoir. Mais en même temps, vous-mêmes, journalistes politiques, vous en ferez une lecture nationale. Le soir du 16 mars, vous regarderez à Chaumont si c'est passé à droite ou si c'est resté à gauche.
Q.- Et si vous êtes élu ou battu, vous démissionnez du Gouvernement pour bien vous occuper de votre ville ou parce que vous assumez la défaite ?
R.- Je vais d'abord faire en sorte de me faire élire. Et c'est un challenge difficile d'ailleurs, la ville est actuellement occupée par un maire issu de la gauche, et donc c'est un challenge difficile. Et puis ensuite, on verra, je verrai le Premier ministre, je verrai le président de la République ; chaque chose en son temps. J'occupe mes fonctions gouvernementales aujourd'hui avec détermination et passion, et en même temps, je vais en sorte de transformer l'essai à Chaumont.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 janvier 2008