Texte intégral
alaloupe : Bonjour, est-ce qu'on en sait davantage sur les mesures financières qui seront prises pour compenser le budget pub de France télévisions ?
Christine Albanel : La décision va être prise dans quelques jours. Nous en discutons avec le président. Nous allons tout compenser de façon dynamique. Il faut aller vite.
telespectator : Quelles sont les pistes de financement arrêtées pour l'heure afin de compenser la perte des recettes publicitaires ?
Christine Albanel : On va taxer les ressources publicitaires des autres chaînes, plus une autre taxe très faible sur les FAI, et sur les équipements électroniques grand public.
Christine : Madame la ministre, une question au sujet du financement de la BBC... Etes-vous prête à autant de transparence que la BBC qui a mis en place notamment deux organes de management le BBC Trust & le BBC Executive Board ?
Christine Albanel : On a tout intérêt à la transparence, à l'image de la BBC.
bouclettes : Est-ce que la publicité sera supprimée ? Et quels seront les impacts sur le financement et la qualité des chaînes publiques ?
Christine Albanel : Le défi est de définir un contrat de service public avec France Télévisions, avec des exigences : qualité et audience, et surtout du "tout public". On veut aussi en seconde partie de soirée des émissions plus culturelles.
leila0283 : La grève annoncée par France télévisions le 13 février ne vous incite pas à enlever ce projet de loi ?
Christine Albanel : Le préavis montre l'inquiétude des salariés. Je veux essayer de dissiper leurs craintes sur le financement et le périmètre des chaînes.
telespectator : Les chaînes privées n'ont pas l'air prêtes à voir leurs recettes publicitaires taxées : quelles sont vos marges de manoeuvre ?
Christine Albanel : Il est logique que les chaînes privées soient taxées sur leurs ressources publicitaires.
Manuuu : On peut tous comprendre la volonté du président de vouloir rendre indépendant le service public de toute logique mercantile en supprimant la pub. Mais en annexant une partie de ses revenus sur la pub des chaînes privées via une taxe, n'est-ce pas là un moyen finalement détourné de la rendre dépendante de cette logique ? Que le service public aille au rythme du développement des chaînes privées m'inquiète profondément !
Christine Albanel : Les sources de financement seront diverses. Les opérateurs de mobiles et les FAI disposent d'un chiffre d'affaires très important.
daoner : La redevance télé devra-t-elle augmenter ?
Christine Albanel : La redevance ne sera pas augmentée en 2008.
rastaman : A quand des films le dimanche soir sur le service public ?
Christine Albanel : Je souhaite qu'il y ait plus de films, et également d'émissions sur le cinéma.
Raton laveur : Pourquoi taxer les FAI ? Internet a autant à voir avec la télé que les pots de yaourt avec le couscous...
Christine Albanel : Internet aujourd'hui et la téléphonie mobile sont des vecteurs de programmes télé.
milouenmai : Encore une taxe qui nous tombe dessus avec la taxe sur les portables et internet qui sera intégralement répercutée sur les abonnements d'une façon ou d'une autre ?
Christine Albanel : La taxe sera très limitée.
leila0283 : Les taxes "infinitésimales" annoncées sur l'achat de matériels informatiques, sur les opérateurs mobiles et internet ne sont-elles pas encore un moyen de plus pour taxer les Français ?
Christine Albanel : C'est un choix politique et culturel fort. Il faut que ce soit le moins douloureux possible pour les consommateurs.
Nicau : Super cette idée, Madame, de discuter avec les internautes ! Sauf qu'à cette heure là, beaucoup de gens travaillent sans internet. Et qui va rémunérer la télévision publique ? Les producteurs avec leurs marges énormes, le ministère de la Culture, ou encore une taxe (ou écotaxe...) demandée au Français ?
Christine Albanel : Les pistes de taxation sont connues, expliquées plus haut.
rastaman : Renforcerez-vous le rôle du service public dans les productions cinématographiques françaises, notamment le financement ?
Christine Albanel : Il faut que France télévisions porte de plus en plus d'exigences vis à vis de la production et des créateurs. Ils le souhaitent.
Raphael Garrigos : A combien évaluez-vous la compensation de la perte de la publicité ?
Christine Albanel : La publicité sur France télévisions représente 700 millions d'euros en 2007. Mais il faudra aussi compenser les programmes supplémentaires.
Koalastitch : Pourquoi ne pas fusionner les chaînes du bouquet France télévisions ? Pour pouvoir offrir une chaîne de meilleure qualité ?
Christine Albanel : Les chaînes ont chacune leur identité. Les Français y sont très attachés.
nathalie : Les journalistes pourront-ils exercer leur travail de la même façon ? Je parle ici de déontologie...
Christine Albanel : Aucun changement bien sûr. Cela ne change rien à l'indépendance des journalistes.
daoner : En quoi la publicité était-elle gênante sur le service public ? De plus, elle n'était pas aussi intempestive que sur certaines autres chaînes !
Christine Albanel : Cela permet d'éviter les tunnels de pub à 20 h 30. Les secondes parties de soirée seront plus tôt et certaines émissions actuelles, très rares, n'ont pas forcément leur place sur le service public.
telespectator : Comment France télévisions fera-t-elle face aux chaînes privées pour l'obtention des droits de retransmission d'évènements sportifs ? Y aura-t-il une taxe spéciale "Coupe du Monde" ou "JO" ?
Christine Albanel : Les financements seront maintenus. Je me réjouis que France télévisions ait signé de nouveau avec le Tour de France. On veut que le sport demeure sur France télévisions.
zeppelinlg : Ne serais t-il pas préférable de poser la question aux Français avant de mettre en place une nouvelle taxe ? La plupart préfèrent peut être garder la télévision actuelle...
Christine Albanel : Il est compliqué d'organiser un référendum sur le sujet. C'est une décision forte et structurante du président. C'est un choix politique très fort.
daniel.marchadier : Sur les cinq chaînes du service public, pourquoi ne pas en choisir trois à système commercial avec un quota de publicité, et laisser les deux autres purement culturelles ?
Christine Albanel : Il ne faut pas être dogmatique. On s'interroge par exemple sur les parrainages. Le but est d'être fidèle aux exigences de service public.
Celine : Vous dites que la redevance n'augmentera pas en 2008 ; elle pourrait donc augmenter en 2009 ?
Christine Albanel : L'augmentation de la redevance n'est pas à l'ordre du jour.
alaloupe : Pensez-vous que France 4 ait vraiment une identité ?
Christine Albanel : France 4 est une chaîne récente dont l'audience augmente. Elle doit recentrer son identité vers les jeunes.
Raton laveur : Qu'en est-il de l'avenir de France Ô, va t-elle vraiment disparaître ?
Christine Albanel : Il y a beaucoup de rumeurs. France Ô va continuer.
bouclettes : L'objectif est-il de recentrer les chaînes publiques vers l'intérêt général et donc de ne plus se préoccuper de l'audimat des émissions ?
Christine Albanel : Il faut faire une différence entre l'audience et l'audimat. Je veux que l'on mesure aussi la qualité des émissions et que l'on publie ces chiffres.
Di Girolamo : Nicolas Sarkozy a demandé une réflexion sur le cahier des charges et les missions de l'audiovisuel public ; j'ai des propositions à vous faire concernant ce thème si important. Comment vous contacter ? Très cordialement g.digirolamo.
Christine Albanel : Il y a ce forum qui permet de transmettre toutes les idées. Toutes les contributions seront lues et étudiées.
Koalastitch : Avant d'entamer cette réforme, ne serait-il pas judicieux de s'attarder sur la fraude à la redevance TV ?
Christine Albanel : Il faut réfléchir sur la collecte de la redevance, en effet, avec Christine Lagarde.
Ioan : Qu'en est-il de la vente des décrochages régionaux de France 3 plusieurs fois évoquée ?
Christine Albanel : C'est une rumeur absurde.
nanard : Qui pourrait mesurer la qualité des émissions ? Moi ? Vous ? Un cabinet indépendant payant ?
Christine Albanel : Le public est le meilleur baromètre. Le "qualimat" est un très bon outil.
telespectator : Y a-t-il des types d'émissions qui vont disparaître et des animateurs qui demain iront pointer au chômage ?
Christine Albanel : Les programmes relèvent des responsables de France télévisions. On va définir un cadre et ensuite les programmes seront élaborés par eux.
Animateur : Et concernant TV5 ?
Christine Albanel : TV5 doit demeurer une chaîne francophone. Il faut apaiser les craintes et nommer rapidement les responsables de la nouvelle holding. TV5 a totalement sa place.
telespectator : Les jours de Patrick de Carolis à la tête de France télévisions sont-ils comptés ?
Christine Albanel : Patrick de Carolis est nommé jusqu'en 2010. Je travaille tous les jours avec lui.
nanard : Qu'est ce que "qualimat" ?
Christine Albanel : C'est une mesure de satisfaction mise au point pour France télévisions, mais qui n'est pas publiée à ce jour.
bouclettes : Est-ce que l'Etat sera décisionnaire sur les programmes ?
Christine Albanel : L'Etat n'est pas décisionnaire sur les programmes.
papillon : Suggestion : pour se coucher plus tôt, il faudrait faire débuter les programmes du soir vers 19 h 30 au lieu de 20 h 30 (voir en Allemagne et en Angleterre).
Christine Albanel : Tout dépend de l'heure du dîner. Si on démarre à 20 h 30 c'est déjà pas mal.
Animateur : Et vous, que regardez-vous ?
Christine Albanel : C'est très varié. J'aime Envoyé spécial, les reportages...
Ioan : Pensez-vous que l'absence de publicité peut attirer les téléspectateurs indépendamment de la qualité des programmes ?
Christine Albanel : La publicité n'était pas insupportable. Mais la logique de la pub rendait les émissions les plus intéressantes trop tardives.
beatrice_Dante : Pouvez-vous expliquer ce qu'est un programme culturel ?
Christine Albanel : Le but n'est pas de faire des chaînes culturelles. On ne veut pas cloner Arte. Il faut faire des programmes de service public, populaires et de qualité avec des documentaires, des programmes variés en début de soirée, sans aucune vulgarité.
Manuuu : Quel impact aura cette réforme de France télévisions sur la production de la fiction française qui tend à se renouveler (notamment dans le paysage des séries comme Les Oubliées) ?
Christine Albanel : Cette réforme va apporter plus de moyens à la production française avec davantage de liberté pour se renouveler.
pompom : La perte de ces espaces publicitaires aura un effet bénéfique pour TF1 et M6. Est-ce une volonté ?
Christine Albanel : Il y aura des transferts, c'est obligatoire, vers les chaînes historiques, mais aussi vers la TNT, ainsi que la radio, internet et la presse. La volonté est de faire cette réforme audacieuse toujours évoquée mais jamais faite. Nous allons transcrire la directive SMA (Services de médias audiovisuels) pour aménager les règles actuelles sur la publicité, pour pouvoir absorber ces transferts. Cette question est en cours.
Céline : Les jeux vont-ils disparaître du service public ?
Christine Albanel : Pas du tout. Je ne l'ai jamais entendu dire cela. Les jeux ont toute leur place. J'aime Questions pour un champion, par exemple, qui ne va pas du tout disparaître !
NoTalp : Que va devenir Plus belle la vie, l'émission préférée des Français ?
Christine Albanel : J'aime cette série et je souhaite qu'elle se poursuive le plus longtemps possible. Elle colle à l'actualité.
Ioan : Le président a évoqué une exigence de "programmes différents", cette définition pour le moins vague ne permettra-t-elle pas plus tard de privatiser en invoquant une absence de "différence" ?
Christine Albanel : On va vers quelque chose de différent. Il n'y a aucune volonté de privatiser.
Merci à tous pour vos questions. Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 1er février 2008