Déclaration de Mme Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville, sur les priorités du plan pour les banlieues autour de l'emploi et de la formation notamment des jeunes, du désenclavement des quartiers, du droit à la sécurité pour tous, Paris le 14 février 2008.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conférence avec le ministre de l'éducation nationale, sur le programme "Espoir Banlieues, une dynamique pour la France" à Paris le 14 février 2008

Texte intégral

Monsieur le Ministre, cher Xavier,
Mesdames, Messieurs,
Depuis six mois, on parle de nos villes. On parle de nos banlieues. On parle de nos quartiers populaires.
Et pour la première fois, on en parle, non pas pour commenter des actes de violences, mais pour mettre en lumière les bonnes pratiques, faire des propositions, imaginer des solutions.
C'est ce que j'ai voulu lancer, dès ma prise de fonction, en organisant des Rencontres territoriales dans toute la France.
On sait que nos villes, nos banlieues et nos quartiers populaires ont besoin de la mobilisation et de l'engagement de tous.
En écho à cette longue concertation et à ces débats, le vendredi 8 février, à l'Elysée, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, a tracé des axes pour redonner espoir à nos quartiers difficiles, à notre jeunesse, aux femmes et aux hommes qui vivent la galère au quotidien.
Pour créer une dynamique en mobilisant tous les acteurs.
Vendredi, le Président de la République, nous a donné la feuille de route du Programme « Espoir Banlieues : une dynamique pour la France ».
C'est la deuxième fois qu'un Président de la République s'implique en personne. La première fois, ce fut François Mitterrand, à Bron, le 4 décembre 1990.
Par son discours, le Président SARKOZY montre sa détermination, ainsi que celle de tous les membres du gouvernement.
Le plus dur est devant nous. Il faut mettre en oeuvre cette feuille de route.
Les priorités sont désormais fixées.
Il y en a 4 :
LA PREMIERE : L'EMPLOI ET LA FORMATION.
Mon objectif est de mettre en place un parcours sécurisé vers l'emploi.
J'aurai l'occasion de détailler demain à Bercy, en présence d'une trentaine d'entreprises du CAC 40, les dispositifs qui nous permettront d'y arriver.
DEUXIEME PRIORITE : LE DESENCLAVEMENT
Le démarrage de l'ascenseur social dans certains quartiers passe par la question du désenclavement.
Vous connaissez maintenant le sujet.
Pour marquer sa volonté, l'Etat revient sur ce dossier de transport en commun.
Je me félicite que des déclaration récentes de Jean-Louis BORLOO et du président de la région Ile-de-France, Jean-Paul HUCHON qui montent qu'au-delà de l'intention politique, nous pouvons avancer concrètement sur ce sujet.
TROISIEME PRIORITE : LE DROIT A LA SECURITE POUR TOUS
J'ai toujours dit que le droit à la sécurité pour tous doit être respecté, car la première demande des habitants des quartiers, c'est de vivre dans la tranquillité.
Je veux casser les préjugés d'un coté et de l'autre. Je me réjouis du retour de la police de voisinage et des 200 unités territoriales de quartiers que le Président a annoncé.
DERNIERE PRIORITE, QUI NOUS REUNIT AUJOURD'HUI :
LA REUSSITE EDUCATIVE DANS UN PARCOURS D'EXCELLENCE EDUCATIVE SECURISE POUR CHAQUE ENFANT DES QUARTIERS
Notre objectif, à Xavier DARCOS et à moi, est d'agir de manière permanente sur tous les points de fragilité de l'éducation des jeunes, tout au long de leur parcours scolaire. Xavier DARCOS présentera dans quelques instants les actions concrètes que nous allons mener et le calendrier fixé. Mais, je veux dire que nous agirons sur tous les leviers, sur la première chance comme sur la deuxième chance.
Toutes ces actions viendront compléter et renforcer les bonnes pratiques en cours.
Les internats d'excellence permettront aux enfants des milieux défavorisés qui montrent de bonnes aptitudes scolaires, qui ne peuvent pas étudier chez eux dans de bonnes conditions, d'être pris en charge et accompagnés.
Le « busing » améliorera la mobilité des jeunes dans des écoles en dehors de leur quartier.
L'accompagnement éducatif et la marche vers l'excellence deviendront rapidement une réalité pour tous nos jeunes des banlieues.
Mais je n'oublie pas non plus qu'entre 120 000 et 150 000 jeunes, selon les sources, quittent chaque année le système éducatif sans diplôme, ni qualification : c'est 15 à 20% d'une même classe d'âge.
Quelque soit le chiffre, c'est inacceptable ! Notre République ne peut pas accepter cette situation.
Redonner une seconde chance à cette jeunesse est un devoir collectif.
Lorsque j'ai parlé de « tolérance zéro contre la glandouille », cela voulait dire « tolérance zéro contre le désoeuvrement ». Et pour ces jeunes, j'ai souhaité étendre et élargir les dispositifs de Deuxième Chance, avec les Ecoles de la Deuxième Chance notamment.
Le Président, vous l'avez entendu, s'est engagé à mobiliser tous les moyens pour que les jeunes qui le souhaitent puissent s'inscrire dans une école de la deuxième chance.
Il a utilisé des termes forts, puisqu'il a indiqué que le développement de la deuxième chance serait l'une des priorités de son quinquennat.
Il veut faire de l'école de la deuxième chance ce que l'école primaire a été sous la troisième République.
Je mesure l'importance d'une telle comparaison.
L'Etat s'engagera financièrement pour aider au démarrage de ces écoles et tout mettre en oeuvre pour qu'elles puissent bénéficier de la taxe d'apprentissage.
Notre ambition exige la mobilisation de tous. Et je pense d'abord aux conseil régionaux.
Je propose donc aux régions et à l'Association des Régions de France, de passer une convention nationale avec l'Etat pour accompagner le développement et le financement des écoles.
Nous allons aussi développer les partenariats avec les entreprises, des fondations, notamment pour faciliter la collecte de la taxe d'apprentissage.
Concrètement, qu'allons nous faire ?
Aujourd'hui, 35 écoles de la deuxième chance encadrent 4 000 jeunes par an.
Je travaille actuellement avec le réseau des Ecoles de la Deuxième Chance en France pour organiser la montée en charge de ces écoles avec comme objectifs :
- d'abord d'en créer une dans chaque région - et puis de favoriser leur création près des bassins d'emploi.
Les 35 écoles qui existent déjà doivent pouvoir accueillir 1 000 jeunes de plus par an.
Il faudra aussi accompagner la création de nouvelles écoles pour couvrir tout le territoire, en donnant la priorité aux zones urbaines : en 2008, 10 nouveaux sites ouvriront et 20 autres en 2009.
Dès 2009, 10 000 jeunes pourront intégrer une école de la deuxième chance.
A travers ces mesures volontaristes de réussite éducative et de dispositifs de deuxième chance, j'ai l'ambition de faire de nos quartiers populaires le vivier des élites et des compétences de notre pays.
Je veux de la République dans tous nos quartiers.
Ces 4 objectifs sont la locomotive de notre Programme Espoir Banlieues. Ils ne mettent pas pour autant de côté l'importance des autres thèmes comme la santé, de la culture, le sport, les femmes ....
Notre travail ne fait que commencer.
La dynamique qu'a lancé le Président de la République est une dynamique de mobilisation.
Et dans cette dynamique, le plus important, le plus novateur et ce qui fera la différence, c'est la mobilisation du droit commun. C'est une condition sine qua non pour ne plus répéter les erreurs du passé, pour répondre aux injonctions de la Cour des Comptes, les recommandations du Sénat,
Je me réjouis aujourd'hui des engagements forts qu'a pris le Président de la République, vendredi dernier, en demandant aux ministres responsables des politiques touchant la vie des habitants de quartiers de présenter, chacun, un programme chiffré sur 3 ans de mobilisation de leurs services sur les quartiers en difficulté.
C'est dans ce cadre qu'aujourd'hui, à la demande de Xavier DARCOS, nous nous retrouvons aujourd'hui au ministère de l'Education Nationale.
C'est le premier ministre du gouvernement à présenter dans les premières mesures du programme « Espoir Banlieues : une dynamique pour la France ». Je l'en remercie chaleureusement. Je ne doute pas que d'autres le suivront.
Je vous remercie.
Source http://fadela-amara.net, le 18 février 2008