Texte intégral
Madame le Ministre, chère Christine,
Mesdames, Messieurs les chefs d'entreprise,
Monsieur le Directeur Général de l'ANPE,
Monsieur le Secrétaire Général du Conseil National des Missions Locales,
Mesdames, Messieurs,
Je me réjouis de me retrouver une nouvelle fois ici, dans ce lieu du nerf de la guerre, pour une moment fort de la dynamique « espoir banlieues » : ce que j'appelle la mobilisation du CAC 40.
Depuis six mois, on parle de nos villes, on parle de nos banlieues, on parle de nos quartiers populaires. Et pour la première fois, on en parle, non pas pour commenter des actes de violences, mais pour mettre en lumière les bonnes pratiques, faire des propositions, imaginer des solutions.
Voilà ce que j'ai voulu, dès ma prise de fonction, en organisant des Rencontres territoriales dans toute la France.
En écho à cette longue concertation et à ces débats, le vendredi 8 février, à l'Elysée, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, a tracé des axes pour redonner espoir à nos quartiers difficiles, à notre jeunesse, aux femmes et aux hommes qui vivent la galère au quotidien.
Il a alors donné la feuille de route du «Programme «Espoir Banlieues : une dynamique pour la France».
Par son discours, montre sa détermination, ainsi que celle de tous les membres du gouvernement.
Les priorités sont désormais fixées. Le plus dur est devant nous. Il faut mettre en oeuvre cette feuille de route.
Nous avons commencé hier, avec Xavier Darcos, à décliner les actions concrètes qui seront mises en oeuvre dans les toutes prochaines semaines.
LA PREMIERE PRIORITE CONCERNE EN EFFET LA REUSSITE EDUCATIVE DES ENFANTS DES QUARTIERS
Pas moins de 8 mesures concrètes, dont la plupart seront mises en place dès la prochaine rentrée scolaire, ont été annoncées hier.
Notre objectif, avec Xavier DARCOS, est d'agir de manière permanente sur tous les points de fragilité de l'éducation des jeunes, tout au long de leur parcours scolaire.
Nous agirons sur tous les leviers, sur la première chance comme sur la deuxième chance.
A travers ces mesures volontaristes de réussite éducative et de dispositifs de deuxième chance, j'ai l'ambition de faire de nos quartiers populaires le vivier des élites et des compétences de notre pays.
LA DEUXIEME PRIORITE EST LE DESENCLAVEMENT DES QUARTIERS
Le démarrage de l'ascenseur social dans certains quartiers passe par la question du désenclavement.
L'éloignement de certaines cités, des bassins d'emploi est souvent un vrai frein à l'insertion des jeunes.
Il fallait agir. Vite, et fort. Pour marquer sa volonté, l'Etat revient sur ce dossier de transport en commun.
Les déclaration récentes de Jean-Louis BORLOO et du président de la région Ile-de-France , Jean Paul Huchon montrent qu'au-delà de l'intention politique, nous pouvons avancer concrètement sur ce sujet.
LA TROISIEME PRIORITE CONCERNE LE DROIT A LA SECURITE POUR TOUS
J'ai toujours dit que le droit à la sécurité pour tous doit être respecté, car la première demande des habitants des quartiers, c'est de vivre dans la tranquillité.
Et c'est aussi une garantie donnée aux investisseurs, aux commerçants, aux artisans et aux créateurs d'entreprise que l'on peut s'installer et prospérer aussi dans nos quartiers.
Je veux casser les préjugés d'un coté et de l'autre. C'est pourquoi je me réjouis du retour de la police de voisinage et des 200 unités territoriales de quartiers que le Président a annoncé.
ET LA PRIORITE LA PLUS EVIDENTE, LA PLUS FONDAMENTALE, CELLE QUI NOUS REUNIT AUJOURD'HUI: L'EMPLOI ET LA FORMATION
le chômage des jeunes atteint jusqu'à 40% dans les quartiers populaires.
Au moins 150 000 jeunes de moins de 26 ans qui sont actuellement sans emploi.
90 000 sont inscrits à l'ANPE et suivis par les missions locales.
60 000 ne sont connus de personne et n'apparaissent nulle part dans les statistiques.
Malgré les différents dispositifs d'aide à l'emploi, malgré la mobilisation de tous les acteurs, malgré des sommes considérables investies, nous n'avons réussi, ni à répondre à la demande des jeunes, ni à celle des entreprises.
On ne peut pas continuer à constater qu'il y a d'un coté des chômeurs et de l'autre des entreprises qui cherchent des jeunes, sans rien faire.
En ce sens, le contrat d'autonomie que propose Christine LAGARDE dans le cadre d'Espoir Banlieues est une vraie nouveauté.
Ce n'est pas un contrat aidé de plus, mais un trait d'union entre ceux qui cherchent un emploi et ceux qui peuvent en offrir.
Il s'agit d'aider ceux qui n'ont aucune qualification Mais aussi ceux qui ont déjà un diplôme et qui ne trouvent pas d'emploi après avoir effectué les démarches administratives nécessaires.
Nous les conduirons, grâce à un coaching intensif de 6 mois, à un vrai métier.
Ce qui est nouveau, c'est que nous irons chercher les jeunes là où ils sont et même dans les cages d'escaliers, car nous devons ramener les jeunes les plus désoeuvrés dans les circuits de la recherche d'emploi.
Il s'agit de missionner des opérateurs publics ou privés choisis après appels d'offre, qui se rapprochent des entreprises pour évaluer concrètement leur besoin d'emploi et fixer le nombre de jeunes qu'elles s'engagent à embaucher en CDD ou en CDI.
Nous ferons du sur-mesure, en les suivant de très près et avec une culture de résultat.
Nous devons redonner confiance aux jeunes des quartiers populaires et leur permettre de faire une carrière brillante dans n'importe quel type d'emploi.
Comme moi, vous le savez bien, il y a des talents dans les cités. Et il y a des secteurs d'activité qui embauchent.
Nous devons rapprocher ces deux mondes.
Le contrat d'autonomie le permettra. Mais pas seulement.
Il faut que chacun s'y mette. Il faut croire dans ces talents, leur faire confiance. C'est ce que font aujourd'hui la trentaine de chefs d'entreprises qui s'engagent.
Beaucoup d'entre eux, et je les connais, sont des convaincus de longue date. La diversité, ils connaissent. Ils ont participé à des forums, mis en place des systèmes de recrutement ciblés, et montrent qu'ils veulent aller encore plus loin.
Je salue leur exemple. Je les félicite de donner autant de visibilité à leur action.
Je leur dit que leur mobilisation est salutaire, car il n'y a rien de plus déstructurant pour un jeune que de subir la discrimination à l'embauche.
La discrimination. Une faute. Un délit, dont la victime ne porte aucune séquelle physique, mais qui génère une douleur intense, un mal être qui ronge petit a petit et qui peut ruiner à jamais les espoirs d'un jeune.
Bravo donc à nos partenaires qui signent aujourd'hui cet engagement national d'embauche de jeunes des quartiers.
A ces jeunes de saisir ces opportunités et de montrer qu'ils sont aussi bons que d'autres.
Aux autres patrons, du CAC 40 bien sûr, mais aussi de PME, ou de TPE, de s'engager.
Notre combat sera terminé lorsque nous n'aurons plus à médiatiser ce type d'événement et qu'embaucher un jeune des cités sera aussi normal que recruter un autre jeune d'un quartier chic.
Vendredi, le Président a lancé un appel solennel aux entreprises de ce pays, en leur demandant de redonner de l'espoir à cette partie de la jeunesse qui se sent abandonnée et qui se victime d'une discrimination inacceptable parce qu'elle habite dans certains quartiers.
Aujourd'hui, on peut constater que cet appel est déjà entendu. Par vous, qui êtes ici. Je suis sûre que la dynamique est désormais lancée et que d'autres suivront.
La dynamique qu'a lancé le Président de la République est une dynamique de mobilisation.
C'est valable autant pour les entreprises que pour les administrations.
Car dans cette dynamique, le plus important, le plus novateur et ce qui fera la différence, c'est la mobilisation du droit commun. C'est une condition sine qua non pour ne plus répéter les erreurs du passé, pour répondre aux injonctions de la Cour des Comptes et aux recommandations du Sénat notamment.
Je me réjouis donc des engagements forts qu'a pris le Président de la République, vendredi dernier, en demandant aux ministres responsables des politiques touchant la vie des habitants de quartiers de présenter, chacun, un programme chiffré sur 3 ans de mobilisation de leurs services sur les quartiers en difficulté.
Ce sera le cas, par exemple, du Ministre chargé de la fonction publique, qui proposera des dispositifs pour élargir le recrutement de fonctionnaires à la diversité.
C'est dans le cadre de cette mobilisation qu'aujourd'hui, à l'initiative de Christine LAGARDE, nous nous retrouvons aujourd'hui au ministère des finances.
Je la remercie chaleureusement, ainsi que toute son équipe, pour le travail fructueux et constructif qu'elles ont conduit avec mes collaborateurs pour la préparation du volet emploi d'espoir banlieues.
Je la félicite de son engagement pour les quartiers et d'avoir compris que, si l'on veut faire baisser durablement le chômage dans ce pays, il faut s'attaquer, en priorité, aux zones les plus sinistrées.
Le travail ne fait que commencer.
Je vous remercie.
Source http://fadela-amara.net, le 18 février 2008