Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais être bref afin que tout le monde puisse répondre à vos questions.
Je me contenterai donc de souligner que le Conseil de coopération franco-russe sur les questions de sécurité qui rassemble, une fois par an, les ministres des Affaires étrangères et les ministres de la Défense des deux pays, est une structure tout à fait originale.
Personne d'autre ne se rencontre aussi longuement et n'aborde aussi longuement des sujets très variés.
Ce fut une rencontre très riche, très intéressante. Le dialogue a été, je crois, très fructueux et l'atmosphère a été véritablement fraternelle.
Je voudrais simplement énumérer les sujets qui ont été abordés, vous pourrez ainsi poser vos questions à l'un ou l'autre d'entre nous.
Nous avons parlé de la coopération à l'ONU, de la réforme de l'ONU et du Conseil de sécurité.
Nous avons parlé de l'architecture de sécurité en Europe avec, d'abord, les relations entre l'Union européenne et la Russie, dans la perspective de la Présidence française, qui démarre le 1er juillet, mais de façon plus générale aussi, des travaux de la Présidence slovène qui se déroule en ce moment.
Nous avons parlé du Traité FCE, nous avons parlé de l'OTAN et de la Russie, y compris de la défense anti-missile.
Nous avons parlé du Kosovo, nous avons parlé de la non-prolifération des armes de destruction massive.
Nous avons également parlé de la lutte contre le terrorisme et des crises régionales, notamment :
- le Proche-Orient,
- le Liban,
- l'Afghanistan et le Pakistan,
- le Tchad et le Darfour.
Nous pensons que la Russie, ce grand pays, doit tenir une place plus importante encore, non seulement dans ses relations avec la France, mais aussi dans l'équilibre du monde.
M. Morin - Juste un mot pour compléter les propos de MM. Lavrov et Kouchner.
J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer sur notre politique européenne de sécurité et de défense, qui est une de nos priorités, et d'évoquer les perspectives de développement de l'Europe de la défense.
Dans le cadre du développement de l'Europe de la défense, il est évident que, dès lors que l'on décide de donner à l'Europe plus de moyens pour assurer sa propre sécurité, notamment en lui permettant de mettre en oeuvre des capacités autonomes, elle sera en mesure de mener des opérations significatives, complémentaires de celles que l'OTAN pourrait mener.
Bien entendu, cela nous impose d'adopter une perspective européenne qui dépasse la seule question de la construction de l'Union européenne proprement dite, pour englober celle du continent européen dans son ensemble.
A ce titre, le développement du partenariat et des discussions communes entre la Russie et l'Union européenne s'impose.
Ainsi, par exemple sur la question du traité FCE, il est naturel - et nos amis russes y souscrivent - que les nations européennes aient leur mot à dire dans la discussion entre les Etats-Unis et la Russie.
Ce que nous souhaitons, si nous voulons vraiment prendre en compte la question globale de la sécurité de l'Europe, c'est de tout mettre en oeuvre pour que le traité FCE adapté soit ratifié et appliqué. Dans un second temps, nous aborderons vraisemblablement un certain nombre de sujets sur lesquels nos points de vue divergent encore.
Q - Vous avez parlé de l'architecture de la sécurité européenne, sachant que la France présidera l'Europe à partir du mois de juillet prochain. Pourriez-vous nous donner plus d'éclaircissements à ce sujet ? Y a-t-il un projet commun à naître à partir du mois de juillet ?
R - M. Kouchner - Nous souhaitons en effet, puisque vous avez parlé de la Présidence française qui ne commence - je vous le signale - seulement qu'au 1er juillet, mettre en place un accord de coopération qui peut commencer à être formulé, travaillé, élaboré sous la Présidence slovène.
Quoiqu'il en soit, nous sommes tout à fait décidés à faire du partenariat stratégique avec la Russie, l'un des objectifs de la Présidence française. Je ne vous dis pas que cela démarrera dès aujourd'hui mais nous sommes d'accord pour développer cette relation, et nous allons présenter ces conclusions au président de la République française à 17h30.
Pour des raisons que vous connaissez, et en particulier parce qu'il y a eu quelques tensions entre la Russie et certains partenaires européens, nous constatons que le ton n'avait pas été trouvé ces derniers mois entre l'Union européenne et la Russie et nous le déplorons. Nous allons essayer, nous nous y efforcerons et nous réussirons, à trouver, je vous le dis, les termes d'un partenariat stratégique entre l'Union européenne et la Russie.
Sergueï Lavrov vous a donné des exemples de notre coopération. Déjà, nous travaillons ensemble, au Tchad par exemple, et bientôt peut-être dans d'autres régions. Nous avons de nombreuses discussions qui sont en cours, en particulier à propos de l'Afghanistan, à propos du Moyen-Orient, à propos du Liban. Nous avons beaucoup de "pain sur nos planches".
Nous travaillerons à cela durant la Présidence française et nous ne doutons pas que nous y parviendrons.
Ceci n'empêche pas que sur certains sujets, comme sur le Kosovo, nous avons des positions différentes. L'Union européenne dans sa grande majorité, les Nations unies, la communauté internationale, ont bâti cette réponse à la crise du Kosovo. A notre avis - et nous en avons largement parlé -, nous ne pouvions pas faire autrement.
Q - Vous évoquiez à l'instant les crises régionales. Monsieur Lavrov, lors de la Conférence d'Annapolis il était question qu'il y ait une Conférence de paix à Moscou. Certaines informations circulent selon lesquelles vous vous rendriez à Damas et peut-être à Beyrouth rapidement.
Après le seizième report de l'élection présidentielle, pensez-vous un jour que nous verrons un Président au Liban ?
R - M. Kouchner - C'est une bonne question en effet car, de report en report, il n'y a pas d'élections présidentielles au Liban.
Est-ce une raison pour se décourager ? Non.
Au contraire, est-ce une raison supplémentaire de s'obstiner ? Je partage entièrement les exigences du ministre Lavrov à propos de l'indépendance, de la souveraineté et de l'élection bien sûr. Je lui souhaite surtout bonne chance dans son voyage. Nous aimerions tous qu'il n'y ait pas d'ingérences extérieures, mais il n'y a que cela et pas assez d'unité intérieure. Et pourtant, nous l'avons recherchée, en étant au plus proche de toutes les communautés libanaises.
Espérons, travaillons ensemble! Les Russes et les Français, les Français et les Russes.
Q - A propos de l'Iran ?
R - M. Kouchner - Vous l'avez noté, avec l'adoption de la résolution, il y a ce que l'on fait, de possible, c'est-à-dire que les sanctions sont renforcées ; ce fut une discussion que nous avons eue avec nos amis russes avant le dépôt de la résolution ; mais il y a également la nécessité, et cela c'est l'impossible, de dialoguer. Nous n'y parvenons pas, nous espérons y parvenir. Aussi bien du côté russe que du côté français, nous avons essayé, vraiment essayé. Pour le moment, les choses ne sont pas allées assez loin. Ce n'est pas une raison pour se désespérer, au contraire. Je partage, avec le ministre russe des Affaires étrangères, cette vision d'aller jusqu'au bout, répétée dans la déclaration des Six.source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mars 2008
Je voudrais être bref afin que tout le monde puisse répondre à vos questions.
Je me contenterai donc de souligner que le Conseil de coopération franco-russe sur les questions de sécurité qui rassemble, une fois par an, les ministres des Affaires étrangères et les ministres de la Défense des deux pays, est une structure tout à fait originale.
Personne d'autre ne se rencontre aussi longuement et n'aborde aussi longuement des sujets très variés.
Ce fut une rencontre très riche, très intéressante. Le dialogue a été, je crois, très fructueux et l'atmosphère a été véritablement fraternelle.
Je voudrais simplement énumérer les sujets qui ont été abordés, vous pourrez ainsi poser vos questions à l'un ou l'autre d'entre nous.
Nous avons parlé de la coopération à l'ONU, de la réforme de l'ONU et du Conseil de sécurité.
Nous avons parlé de l'architecture de sécurité en Europe avec, d'abord, les relations entre l'Union européenne et la Russie, dans la perspective de la Présidence française, qui démarre le 1er juillet, mais de façon plus générale aussi, des travaux de la Présidence slovène qui se déroule en ce moment.
Nous avons parlé du Traité FCE, nous avons parlé de l'OTAN et de la Russie, y compris de la défense anti-missile.
Nous avons parlé du Kosovo, nous avons parlé de la non-prolifération des armes de destruction massive.
Nous avons également parlé de la lutte contre le terrorisme et des crises régionales, notamment :
- le Proche-Orient,
- le Liban,
- l'Afghanistan et le Pakistan,
- le Tchad et le Darfour.
Nous pensons que la Russie, ce grand pays, doit tenir une place plus importante encore, non seulement dans ses relations avec la France, mais aussi dans l'équilibre du monde.
M. Morin - Juste un mot pour compléter les propos de MM. Lavrov et Kouchner.
J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer sur notre politique européenne de sécurité et de défense, qui est une de nos priorités, et d'évoquer les perspectives de développement de l'Europe de la défense.
Dans le cadre du développement de l'Europe de la défense, il est évident que, dès lors que l'on décide de donner à l'Europe plus de moyens pour assurer sa propre sécurité, notamment en lui permettant de mettre en oeuvre des capacités autonomes, elle sera en mesure de mener des opérations significatives, complémentaires de celles que l'OTAN pourrait mener.
Bien entendu, cela nous impose d'adopter une perspective européenne qui dépasse la seule question de la construction de l'Union européenne proprement dite, pour englober celle du continent européen dans son ensemble.
A ce titre, le développement du partenariat et des discussions communes entre la Russie et l'Union européenne s'impose.
Ainsi, par exemple sur la question du traité FCE, il est naturel - et nos amis russes y souscrivent - que les nations européennes aient leur mot à dire dans la discussion entre les Etats-Unis et la Russie.
Ce que nous souhaitons, si nous voulons vraiment prendre en compte la question globale de la sécurité de l'Europe, c'est de tout mettre en oeuvre pour que le traité FCE adapté soit ratifié et appliqué. Dans un second temps, nous aborderons vraisemblablement un certain nombre de sujets sur lesquels nos points de vue divergent encore.
Q - Vous avez parlé de l'architecture de la sécurité européenne, sachant que la France présidera l'Europe à partir du mois de juillet prochain. Pourriez-vous nous donner plus d'éclaircissements à ce sujet ? Y a-t-il un projet commun à naître à partir du mois de juillet ?
R - M. Kouchner - Nous souhaitons en effet, puisque vous avez parlé de la Présidence française qui ne commence - je vous le signale - seulement qu'au 1er juillet, mettre en place un accord de coopération qui peut commencer à être formulé, travaillé, élaboré sous la Présidence slovène.
Quoiqu'il en soit, nous sommes tout à fait décidés à faire du partenariat stratégique avec la Russie, l'un des objectifs de la Présidence française. Je ne vous dis pas que cela démarrera dès aujourd'hui mais nous sommes d'accord pour développer cette relation, et nous allons présenter ces conclusions au président de la République française à 17h30.
Pour des raisons que vous connaissez, et en particulier parce qu'il y a eu quelques tensions entre la Russie et certains partenaires européens, nous constatons que le ton n'avait pas été trouvé ces derniers mois entre l'Union européenne et la Russie et nous le déplorons. Nous allons essayer, nous nous y efforcerons et nous réussirons, à trouver, je vous le dis, les termes d'un partenariat stratégique entre l'Union européenne et la Russie.
Sergueï Lavrov vous a donné des exemples de notre coopération. Déjà, nous travaillons ensemble, au Tchad par exemple, et bientôt peut-être dans d'autres régions. Nous avons de nombreuses discussions qui sont en cours, en particulier à propos de l'Afghanistan, à propos du Moyen-Orient, à propos du Liban. Nous avons beaucoup de "pain sur nos planches".
Nous travaillerons à cela durant la Présidence française et nous ne doutons pas que nous y parviendrons.
Ceci n'empêche pas que sur certains sujets, comme sur le Kosovo, nous avons des positions différentes. L'Union européenne dans sa grande majorité, les Nations unies, la communauté internationale, ont bâti cette réponse à la crise du Kosovo. A notre avis - et nous en avons largement parlé -, nous ne pouvions pas faire autrement.
Q - Vous évoquiez à l'instant les crises régionales. Monsieur Lavrov, lors de la Conférence d'Annapolis il était question qu'il y ait une Conférence de paix à Moscou. Certaines informations circulent selon lesquelles vous vous rendriez à Damas et peut-être à Beyrouth rapidement.
Après le seizième report de l'élection présidentielle, pensez-vous un jour que nous verrons un Président au Liban ?
R - M. Kouchner - C'est une bonne question en effet car, de report en report, il n'y a pas d'élections présidentielles au Liban.
Est-ce une raison pour se décourager ? Non.
Au contraire, est-ce une raison supplémentaire de s'obstiner ? Je partage entièrement les exigences du ministre Lavrov à propos de l'indépendance, de la souveraineté et de l'élection bien sûr. Je lui souhaite surtout bonne chance dans son voyage. Nous aimerions tous qu'il n'y ait pas d'ingérences extérieures, mais il n'y a que cela et pas assez d'unité intérieure. Et pourtant, nous l'avons recherchée, en étant au plus proche de toutes les communautés libanaises.
Espérons, travaillons ensemble! Les Russes et les Français, les Français et les Russes.
Q - A propos de l'Iran ?
R - M. Kouchner - Vous l'avez noté, avec l'adoption de la résolution, il y a ce que l'on fait, de possible, c'est-à-dire que les sanctions sont renforcées ; ce fut une discussion que nous avons eue avec nos amis russes avant le dépôt de la résolution ; mais il y a également la nécessité, et cela c'est l'impossible, de dialoguer. Nous n'y parvenons pas, nous espérons y parvenir. Aussi bien du côté russe que du côté français, nous avons essayé, vraiment essayé. Pour le moment, les choses ne sont pas allées assez loin. Ce n'est pas une raison pour se désespérer, au contraire. Je partage, avec le ministre russe des Affaires étrangères, cette vision d'aller jusqu'au bout, répétée dans la déclaration des Six.source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mars 2008