Texte intégral
F. Laborde.- Bonjour à tous. Oui, avec J.-P. Raffarin, ce matin, nous allons tenter de tirer d'abord un bilan un peu global, de ce scrutin. Bonjour J.-P. Raffarin, merci d'être avec nous ce matin. Votre analyse, d'abord, de ce qui s'est passé dimanche, hier, partout en France.
R.- Eh bien écoutez, bonjour d'abord, F. Laborde, merci de m'accueillir. Au fond, ces élections, je l'avais dit, je crois avoir été le premier, sont des élections municipales, ce ne sont donc pas des élections nationales, donc il ne faut pas retenir un message national d'élections locales : le message de Bordeaux est exactement l'inverse du message de Rouen ; ce sont donc des élections locales. Il y a des satisfactions, de nombreuses - ici je vous parle de Poitiers, dans la commune, à Chasseneuil, au premier tour, 57 %, c'est un score très important ; un député socialiste, monsieur Clément, soutien de madame Royal, a été battu aux cantonales. Donc il y a des bonnes nouvelles et puis il y en a des plus mauvaises. Dans le fond, c'est des résultats qui correspondent à des élections locales, des résultats diversifiés, contrastés.
Q.- Donc, à Chasseneuil, la mairie ne change pas.
R.- Absolument, et c'est un premier tour très important, avec 57 % et, d'une manière générale, dans beaucoup de petites villes, on voit que des équipes de l'UMP, mais de l'UMP ouvertes, ouvertes notamment au centre, ont obtenu un certain nombre de bons résultats. Alors, je note bien évidemment qu'il y a des villes qui sont passées à gauche, il faut être objectif, il faut surtout être prudent parce qu'il faut penser au second tour. On a vu que dans cette période, les électeurs sont très attentifs, et comme on se souvient, aux élections législatives, entre les deux tours, il peut y avoir des changements de tendances. Donc, moi je suis très prudent et j'appelle surtout les électeurs à choisir, je dirais le pluralisme territorial. Si vous habitez un territoire où la région est aux mains du Parti socialiste, où le chef, lui, est aux mains du Parti socialiste, votez pour le pluralisme, votez pour un département du centre, de droite. Au fond, dans les régions rouges, le pluralisme, c'est des départements bleus.
Q.- Mais, J.-P. Raffarin, est-ce que, au fond, ces élections ne sont pas, d'une certaine façon, entre guillemets, mais en tout cas le « triomphe » de ceux qui ont dit « je veux m'implanter localement, je fais passer ma gestion municipale avant tout le reste » et au fond c'est ce qui a " réussi " à A. Juppé à Bordeaux, comme ça a réussi à G. Collomb à Lyon.
R.- Absolument. Je pense que c'est en effet des projets locaux. Vous savez, quand j'ai dit au mois de novembre : « ne politisons pas à l'extrême les élections municipales », tout le monde a dit que je n'avais pas à dire cela. Au fond, c'est clair, les élections locales donnent des messages locaux, différents, dans chacune des villes. Il faut cependant noter que ceux qui ont gagné, sont souvent ceux qui avaient le centre avec eux et donc je veux vraiment lancer un appel aux électeurs du centre, et je le dis notamment avec la situation de Pau, dont on vient d'entendre parler à l'instant : on voit bien qu'à Pau, F. Bayrou est l'adversaire du Parti socialiste. On voit bien qu'il a soutenu, à Bordeaux, A. Juppé, contre le Parti socialiste. Alors, moi, moi je suis prêt à soutenir F. Bayrou pour bien montrer qu'au fond, l'allié naturel du centre dans ce pays, c'est l'UMP et sa stratégie d'ouverture. C'est notre stratégie d'ouverture qui nous permet aujourd'hui de dire aux électeurs du centre qu'avec nous, ils peuvent participer au pluralisme territorial.
Q.- Ça veut dire, J.-P. Raffarin, que vous trouvez que la stratégie du MoDem, avec une alliance à gauche ici, une alliance à droite là, est trop confuse ?
R.- Puisque nous sommes aux « 4 vérités », la vérité de ce scrutin, c'est qu'à Pau, à Pau, l'adversaire de F. Bayrou, c'est le Parti socialiste, comme à Bordeaux, l'adversaire du MoDem c'était le Parti socialiste. Donc, il est clair que le MoDem doit s'engager à fond pour offrir ce pluralisme territorial. Beaucoup de régions sont aujourd'hui à gauche, on a vu qu'un certain nombre de villes étaient passées à gauche, aujourd'hui, pour le second tour, pour les grandes villes, tout comme les départements, et j'insiste beaucoup pour les élections cantonales, je crois que pour les électeurs du centre, les électeurs de droite, les électeurs indépendants, doivent se rassembler, pour ne pas donner toutes les collectivités territoriales au même parti, le Parti socialiste. N. Sarkozy, pour la politique de changement, pour la politique de réforme, a besoin que les collectivités territoriales représentent ce pluralisme et ne constituent pas une sorte de mur hostile à la réforme, de mur de l'immobilisme, de mur de la fiscalité locale, qui freinerait la mutation nécessaire de la France.
Q.- A Paris, la situation est quand même nettement plus contrastée. On a entendu hier M. de Sarnez dire que, ma foi, notamment dans le 14ème arrondissement, elle pourrait suivre le candidat le mieux placé qui semble en effet être P. Castagnou. On voit bien, là, que la stratégie est différente, quand même.
R.- Oh, je crains qu'il y ait un peu de confusion, en effet, dans la situation parisienne, où il y avait beaucoup de listes, beaucoup de dissidents. Ce qui me paraît très important, c'est que monsieur Delanoë a marqué hier soir un point important contre madame Royal dans sa stratégie de conquête du Parti socialiste. Aujourd'hui, le socialiste qui a eu une performance politique parmi les postulants à la direction du Parti socialiste, c'est monsieur Delanoë qui, de ce point de vue là, prend de l'avance sur madame Royal.
Q.- Donc, c'est une pierre dans le jardin de S. Royal, que vous ne portez pas dans votre coeur, on peut le rappeler.
R.- Ecoutez, je vois ce qu'elle fait, elle a beaucoup augmenté les impôts en Poitou-Charentes, je vois qu'il y a des effets très négatifs de sa politique, mais je regarde en tant qu'observateur, le Parti socialiste, je regarde ça de l'extérieur, et que je vois, que finalement il y a un certain nombre de maires à gauche qui sont hostiles à madame Royal et qui finalement se sont bien comportés dans ces élections. Il semblerait que le socialisme municipal soit plus fort aujourd'hui à l'intérieur du PS que le socialisme régional. Mais nous verrons bien, chacun ses problèmes, je les laisse au Parti socialiste le soin de traiter ses propres problèmes.
Q.- Merci beaucoup, J.-P. Raffarin, d'avoir été avec nous ce matin. Je rappelle que vous étiez donc en direct de Poitiers. Très bonne journée à vous, très bonne journée à tous.
R.- Bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 10 mars 2008
R.- Eh bien écoutez, bonjour d'abord, F. Laborde, merci de m'accueillir. Au fond, ces élections, je l'avais dit, je crois avoir été le premier, sont des élections municipales, ce ne sont donc pas des élections nationales, donc il ne faut pas retenir un message national d'élections locales : le message de Bordeaux est exactement l'inverse du message de Rouen ; ce sont donc des élections locales. Il y a des satisfactions, de nombreuses - ici je vous parle de Poitiers, dans la commune, à Chasseneuil, au premier tour, 57 %, c'est un score très important ; un député socialiste, monsieur Clément, soutien de madame Royal, a été battu aux cantonales. Donc il y a des bonnes nouvelles et puis il y en a des plus mauvaises. Dans le fond, c'est des résultats qui correspondent à des élections locales, des résultats diversifiés, contrastés.
Q.- Donc, à Chasseneuil, la mairie ne change pas.
R.- Absolument, et c'est un premier tour très important, avec 57 % et, d'une manière générale, dans beaucoup de petites villes, on voit que des équipes de l'UMP, mais de l'UMP ouvertes, ouvertes notamment au centre, ont obtenu un certain nombre de bons résultats. Alors, je note bien évidemment qu'il y a des villes qui sont passées à gauche, il faut être objectif, il faut surtout être prudent parce qu'il faut penser au second tour. On a vu que dans cette période, les électeurs sont très attentifs, et comme on se souvient, aux élections législatives, entre les deux tours, il peut y avoir des changements de tendances. Donc, moi je suis très prudent et j'appelle surtout les électeurs à choisir, je dirais le pluralisme territorial. Si vous habitez un territoire où la région est aux mains du Parti socialiste, où le chef, lui, est aux mains du Parti socialiste, votez pour le pluralisme, votez pour un département du centre, de droite. Au fond, dans les régions rouges, le pluralisme, c'est des départements bleus.
Q.- Mais, J.-P. Raffarin, est-ce que, au fond, ces élections ne sont pas, d'une certaine façon, entre guillemets, mais en tout cas le « triomphe » de ceux qui ont dit « je veux m'implanter localement, je fais passer ma gestion municipale avant tout le reste » et au fond c'est ce qui a " réussi " à A. Juppé à Bordeaux, comme ça a réussi à G. Collomb à Lyon.
R.- Absolument. Je pense que c'est en effet des projets locaux. Vous savez, quand j'ai dit au mois de novembre : « ne politisons pas à l'extrême les élections municipales », tout le monde a dit que je n'avais pas à dire cela. Au fond, c'est clair, les élections locales donnent des messages locaux, différents, dans chacune des villes. Il faut cependant noter que ceux qui ont gagné, sont souvent ceux qui avaient le centre avec eux et donc je veux vraiment lancer un appel aux électeurs du centre, et je le dis notamment avec la situation de Pau, dont on vient d'entendre parler à l'instant : on voit bien qu'à Pau, F. Bayrou est l'adversaire du Parti socialiste. On voit bien qu'il a soutenu, à Bordeaux, A. Juppé, contre le Parti socialiste. Alors, moi, moi je suis prêt à soutenir F. Bayrou pour bien montrer qu'au fond, l'allié naturel du centre dans ce pays, c'est l'UMP et sa stratégie d'ouverture. C'est notre stratégie d'ouverture qui nous permet aujourd'hui de dire aux électeurs du centre qu'avec nous, ils peuvent participer au pluralisme territorial.
Q.- Ça veut dire, J.-P. Raffarin, que vous trouvez que la stratégie du MoDem, avec une alliance à gauche ici, une alliance à droite là, est trop confuse ?
R.- Puisque nous sommes aux « 4 vérités », la vérité de ce scrutin, c'est qu'à Pau, à Pau, l'adversaire de F. Bayrou, c'est le Parti socialiste, comme à Bordeaux, l'adversaire du MoDem c'était le Parti socialiste. Donc, il est clair que le MoDem doit s'engager à fond pour offrir ce pluralisme territorial. Beaucoup de régions sont aujourd'hui à gauche, on a vu qu'un certain nombre de villes étaient passées à gauche, aujourd'hui, pour le second tour, pour les grandes villes, tout comme les départements, et j'insiste beaucoup pour les élections cantonales, je crois que pour les électeurs du centre, les électeurs de droite, les électeurs indépendants, doivent se rassembler, pour ne pas donner toutes les collectivités territoriales au même parti, le Parti socialiste. N. Sarkozy, pour la politique de changement, pour la politique de réforme, a besoin que les collectivités territoriales représentent ce pluralisme et ne constituent pas une sorte de mur hostile à la réforme, de mur de l'immobilisme, de mur de la fiscalité locale, qui freinerait la mutation nécessaire de la France.
Q.- A Paris, la situation est quand même nettement plus contrastée. On a entendu hier M. de Sarnez dire que, ma foi, notamment dans le 14ème arrondissement, elle pourrait suivre le candidat le mieux placé qui semble en effet être P. Castagnou. On voit bien, là, que la stratégie est différente, quand même.
R.- Oh, je crains qu'il y ait un peu de confusion, en effet, dans la situation parisienne, où il y avait beaucoup de listes, beaucoup de dissidents. Ce qui me paraît très important, c'est que monsieur Delanoë a marqué hier soir un point important contre madame Royal dans sa stratégie de conquête du Parti socialiste. Aujourd'hui, le socialiste qui a eu une performance politique parmi les postulants à la direction du Parti socialiste, c'est monsieur Delanoë qui, de ce point de vue là, prend de l'avance sur madame Royal.
Q.- Donc, c'est une pierre dans le jardin de S. Royal, que vous ne portez pas dans votre coeur, on peut le rappeler.
R.- Ecoutez, je vois ce qu'elle fait, elle a beaucoup augmenté les impôts en Poitou-Charentes, je vois qu'il y a des effets très négatifs de sa politique, mais je regarde en tant qu'observateur, le Parti socialiste, je regarde ça de l'extérieur, et que je vois, que finalement il y a un certain nombre de maires à gauche qui sont hostiles à madame Royal et qui finalement se sont bien comportés dans ces élections. Il semblerait que le socialisme municipal soit plus fort aujourd'hui à l'intérieur du PS que le socialisme régional. Mais nous verrons bien, chacun ses problèmes, je les laisse au Parti socialiste le soin de traiter ses propres problèmes.
Q.- Merci beaucoup, J.-P. Raffarin, d'avoir été avec nous ce matin. Je rappelle que vous étiez donc en direct de Poitiers. Très bonne journée à vous, très bonne journée à tous.
R.- Bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 10 mars 2008