Texte intégral
Q - La première réunion de la commission sur la télé publique a lieu mercredi matin. De quoi allez-vous parler ?
R - Du nouveau modèle de service public audiovisuel que nous devons construire. Il n'a pas changé depuis 1986 ! Il se déclinera en quatre modèles, culturel (quelles valeurs pour quel public ?), économique, le développement des nouvelles technologies, et la gouvernance. Ces premiers pas seront surtout l'occasion de parler méthode et état d'esprit.
Q - Justement, le risque de zizanie n'est-il pas grand avec cette commission composée de parlementaires de gauche et de droite et de pros des médias ?
R - Je suis tout à fait conscient que nous avons là une commission très diverse, mais ça permettra d'avoir tous les points de vue. On va aussi ouvrir un site Internet spécial sur la réforme : les Français pourront proposer, mais aussi réagir à nos travaux dans un forum. C'est une méthode tout à fait inédite.
Q - Finalement, les députés socialistes vous rejoignent. Ils ont obtenu le droit d'écrire une annexe au rapport final s'ils ne sont pas d'accord avec vos propositions. Cela ne risque-t-il pas d'ajouter de la confusion ?
R - Cette annexe est seulement une éventualité, que nous avons acceptée au nom de la diversité. Les socialistes nous ont proposé d'intégrer certains députés spécialistes de l'audiovisuel auxquels nous n'avions pas pensé, comme Didier Mathus. Nous avons accepté. En revanche, j'ai refusé la présence de Christian Paul (député de la Nièvre). Il m'a méchamment tapé dessus le jour de ma nomination. Ce n'était pas très gentil, et mon petit coeur saigne facilement (Christian Paul avait dit « plus qu'une erreur de casting, une faute politique » à propos de la nomination de M. Copé, ndlr.). Quand on a la chance de se voir proposer une telle mission par le président de la République, sur un sujet qui passionne les Français qui passent plus de trois heures par jour devant leur télé, c'est irresponsable d'attaquer la tête de la commission.
Q - Finalement, vous serez compétents sur la radio ou pas ?
R - Définitivement non, ce n'est pas dans la feuille de route.
Q - Etonnant de voir Marcel Rufo dans la liste des 32 membres, et aucun professionnel de France Télévisions, les premiers concernés !
R - Surmontez vos a priori, Marcel Rufo est le plus grand pédopsychiatre de France, c'est important d'entendre son avis sur le modèle culturel du service public. Sans compter qu'une des missions de la télé publique est de fabriquer des programmes jeunesse de qualité. Tous ceux qui disent qu'ils auraient aimé en être ont raison, mais il faut bien que la commission réunisse tous les courants de pensée. Parmi nous, il y a des producteurs, des scénaristes de la télé. A France Télévisions, nous ne pouvions favoriser telle ou telle voix. Qui aurions-nous dû choisir : les journalistes, les techniciens, les syndicats ?
Q - Le président Patrick de Carolis aurait pu représenter l'ensemble de son groupe, non ?
R - Il n'y a qu'un seul président dans cette commission, celui du groupe UMP à l'assemblée (lui-même, ndlr.) L'important, c'est que tous les acteurs seront auditionnés s'ils le souhaitent. Notre porte sera ouverte à tous.
Q - Dans une tribune dans le journal « Le Monde », Patrick de Carolis a dit sa crainte de voir la réforme s'enliser dans les « sables technocratiques ». Comment éviter ça ?
R - Aucun risque, car nous allons travailler vite : notre échéance a été fixée au 31 mai. Ce sera le printemps de la télé publique, belle métaphore en ces temps d'anniversaire de mai 68 !
source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 7 avril 2008