Déclaration de Mme Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, sur la conservation des archives des films, le patrimoine cinématographique et la diffusion des oeuvres cinématographiques, Paris le 23 avril 2008.

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Circonstance : 70ème anniversaire de la la Fédération Internationale des Archives du Film (FIAF) à Paris le 23 avril 2008

Texte intégral


Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureuse d'être parmi vous ce soir pour célébrer les 70 ans de la Fédération Internationale des Archives du Films, dont je salue la présidente Eva Orbanz.
C'est un grand honneur pour la France d'accueillir cette semaine les 400 délégués de 80 nationalités différentes qui composent cette belle organisation internationale qu'est la FIAF. Tous partagent la même passion du cinéma et des trésors qu'ils nous a légués depuis son invention.
Les institutions du ministère de la culture et de la communication qui ont la responsabilité de conserver, d'entretenir et de faire vivre le patrimoine cinématographique, ont conjugué leurs efforts pour que cet événement soit un succès. Je tiens à remercier ici tout particulièrement le CNC et sa directrice générale, Véronique Cayla dont les équipes, se sont mobilisées sous l'impulsion efficace de Boris Todorovitch.
La France accorde une grande importance à la conservation, à la restauration et à la diffusion du patrimoine cinématographique. En témoigne l'implication très forte de l'Etat dans ce domaine, à travers les actions du CNC, de la cinémathèque française (dont les crédits ont été pratiquement doublés en quelques années), et l'association plus récente de la Bibliothèque nationale de France à la mise en valeur des archives françaises du film.
Ce magnifique espace qu'est la cinémathèque française, et cette étonnante exposition Méliès, bien coordonnée par Costa-Gavras et Serge Toubiana avec la tenue de votre congrès, en sont la preuve évidente.
Pour la France comme pour tous les pays du monde, l'enjeu est considérable : le patrimoine cinématographique mondial, c'est d'abord ce qui nous convainc que le cinéma est un art ; qu'il est fait d'oeuvres qui s'inscrivent dans la durée, soulevant encore des émotions esthétiques intactes, au-delà de l'épreuve du temps. Ce sera ainsi un grand plaisir de découvrir la copie restaurée de l'« Orphée » de Jean Cocteau ou encore « Lola Montes » de Max Ophuls qui seront présentés au festival de Cannes dans quelques semaines.
Les films du patrimoine restent un ferment de l'imaginaire des créateurs d'aujourd'hui. L'exposition Meliès sera d'ailleurs le prétexte à évoquer ici même, dans quelques semaines, les liens qui unissent ce génial précurseur à certains de ses inventifs héritiers : Tim Burton, Terry Gilliam, Michel Gondry...
Mais le patrimoine cinématographique, ce sont aussi des documents, parfois insignifiants à l'époque de leurs prises de vues, et qui sont devenus de précieux témoignages, comme une part ineffaçable de la mémoire des peuples et des civilisations. Je pense à ces extraordinaires documents légués par de grands voyageurs comme Albert Kahn, ou les frères Lumière et leurs opérateurs.
oeuvres et documents du monde entier sont sous votre vigilante protection ; vous en êtes les gardiens attentifs, et soucieux de leur diffusion, de leur découverte. Je tiens à saluer particulièrement nos amis de la cinémathèque africaine, notamment Gaston Kaboré, qui seront au centre de vos débats à partir de demain.
Vous savez mieux que quiconque que ce patrimoine est aussi un bien matériel périssable et que toutes les technologies modernes doivent être mobilisées pour la restauration et la préservation de ce trésor artistique, menacé entre autres par le redoutable « syndrome du vinaigre ».
Notre époque est, je crois, plus que jamais propice à une meilleure diffusion des oeuvres du patrimoine, tout comme d'ailleurs à leur restauration et à leur fixation sur de nouveaux supports. C'est tout l'intérêt des travaux menés au sein de la FIAF que de suggérer les nouvelles façons de transmettre cette mémoire de l'humanité à des publics plus nombreux, dans le monde entier.
C'est pourquoi je serai très attentive aux conclusions de ce congrès. J'espère aussi que le programme festif de ce congrès tel que préparé les équipes du CNC avec la complicité des autres établissements du ministère stimulera vos réflexions.
Je pense notamment au chef-d'oeuvre de Jean-Pierre Melville, L'Armée des Ombres, qui est projeté ce soir dans une version récemment restaurée. Avec ce film, Melville a signé une grande tragédie, une oeuvre universelle sur l'oppression, le courage et l'infinie complexité de la condition humaine, servie par des acteurs exceptionnels.
La restauration de ce film est exemplaire des nouvelles possibilités offertes par les techniques numériques. Elle est aussi le fruit d'un partenariat fécond entre les Archives françaises du film du CNC, les équipes techniques de StudioCanal et le laboratoire Eclair. Ces partenaires ont associé à leur travail Pierre Lhomme, directeur de la photographie du film, qui est avec nous ce soir et que je salue.
Bon anniversaire à la FIAF, excellent congrès à vous toussource http://www.culture.gouv.fr, le 24 avril 2008