Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur le développement des relations économiques et culturelles entre l'Union européenne et la Chine, Pékin le 25 avril 2008.

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Circonstance : Séminaire "Les relations entre la Chine et l'Union eueropéenne" à Pékin (Chine), organisé par la Fondation Prospective et Innovation le 25 avril 2008

Texte intégral

Monsieur le Président de l'Institut de politique étrangère du peuple chinois,
Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Président délégué de la Fondation Prospective et Innovation, cher Jean-Pierre RAFFARIN,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires, chers collègues,
Mesdames, Messieurs,
Je tiens d'abord à saluer l'heureuse initiative que constitue ce séminaire et je suis heureux d'en féliciter et d'en remercier l'Institut de politique étrangère du Peuple chinois et la Fondation Prospective et Innovation, dont le Président délégué est mon collègue et ami, le Premier ministre Jean-Pierre RAFFARIN.
Je suis heureux également de constater que lorsqu'il s'agit de la Chine et de ses relations multiples avec l'Europe et la France, les parlementaires, et notamment les sénateurs, ont leur mot à dire.
C'est bien entendu sans hésiter et avec reconnaissance que j'ai accepté la proposition qui m'a été faite d'ouvrir ce nouveau séminaire organisé par la Fondation Prospective et Innovation et consacré aux relations entre l'Europe et la Chine.
Certains, parmi vous, connaissent en effet mon intérêt de longue date pour la construction européenne. Et même si la construction de l'Europe a connu bien des crises et bien des turbulences -qui n'en connaît pas !- mes convictions européennes sont restées intactes. Je militais auprès de M. Robert SCHUMAN, le Lorrain.
Bien sûr, j'entends ceux qui estiment que l'on ne va pas assez vite ou bien, au contraire, que l'on est allé trop loin.
Le débat est sans doute ouvert mais je pense surtout qu'il ne faut pas oublier d'où nous sommes partis.
L'Europe a connu beaucoup d'expériences, heureuses et malheureuses, au XXe siècle.
Confrontée au mal absolu, elle a compris que la démocratie ne protège pas de la barbarie. Cette lucidité, si cher payée, et l'obligation de mémoire ont poussé ceux que l'on appelle les « Pères fondateurs » à l'action. C'est toute l'histoire de la construction européenne.
Aujourd'hui l'Europe s'efforce, dans ce monde qui hésite toujours entre la stabilité et le désordre, d'être un acteur responsable, un partenaire respecté, un ensemble confiant en lui-même, au sein duquel la volonté politique l'emporte sur la technique et sur la machine à produire des normes.
Je ne nie pas la part de difficulté, et peut-être d'utopie, dans cette ambition globale mais je suis heureux de voir que la Chine, elle aussi, au fur et à mesure qu'elle prend ou reprend place -et quelle place !- sur la scène mondiale, partage progressivement cette approche.
Alors que l'Europe n'était pas réellement considérée par la Chine comme un acteur à part entière sur la scène internationale au début des années 80 -il suffit pour s'en convaincre de relire les déclarations chinoises de politique étrangère de l'époque, notamment à l'Assemblée générale des Nations Unies-, le dialogue s'est depuis, logiquement, fortement développé entre l'Europe et l'Asie, et singulièrement entre l'Europe et la Chine.
Et permettez-moi à cet égard de rappeler que la France a apporté une contribution reconnue dans les grandes initiatives visant à rapprocher la Chine et l'Europe comme par exemple lors de la création, en 1996, du dialogue Europe-Asie, l'ASEM.
La France continuera à agir dans cette direction et je me réjouis de constater que la prochaine présidence française de l'Union européenne aura une dimension asiatique marquée avec, outre les sommets prévus avec l'Inde et la Corée du Sud, deux grands rendez-vous avec la Chine, lors du sommet de l'ASEM de Pékin en octobre, et lors du sommet Union européenne - Chine début décembre en France, qui permettra, je l'espère, de progresser sur les négociations de l'accord de partenariat et de coopération lancées en janvier 2007.
Les liens qui se sont progressivement tissés entre la Chine et l'Europe sont désormais multiples.
Je ne me risquerai pas à les détailler ou à les analyser. Ce séminaire va le faire et je suis impatient d'écouter les nombreux experts présents aujourd'hui.
Je noterai simplement que l'Europe est désormais -tout simplement- le premier partenaire commercial de la Chine, même si les attentes européennes en matière de relation entre l'euro et le yuan, de respect du jeu du commerce international et des règles de l'Organisation mondiale du commerce, à laquelle la Chine appartient depuis 2001, sont bien réelles.
J'observerai aussi que notre dialogue politique -dans tous les domaines, y compris bien sûr dans le domaine des droits de l'homme- est indispensable pour gérer ensemble, avec d'autres, la complexité du monde, même si la Chine a pu légitimement s'interroger sur le fonctionnement de l'Union européenne et la multiplicité des intervenants traitant avec elle. Le Traité de Lisbonne permettra, je l'espère, car c'est un de ses principaux objectifs, de combler ce manque de visibilité, d'unité et de clarté de l'Union.
Dans le domaine culturel, enfin, les champs de coopération sont nombreux et le dialogue avec la Chine doit être enrichissant et mutuellement bénéfique, comme l'a illustré, sur le plan bilatéral, le succès des années croisées France-Chine.
Pour conclure et vous laisser sans plus tarder la parole, sachez que je partage, cher Jean-Pierre, votre souhait que l'Europe construise une « stratégie européenne pour la Chine », que symbolise ce programme « Confucius » que vous appelez de vos voeux, et qui privilégie opportunément la logique des projets à celle des structures.
L'année 2008, année olympique en Chine et année de la présidence française de l'Union européenne, me semble tout indiquée pour agir sans attendre...
Je vous remercie de votre attention.Source http://www.senat.fr, le 29 avril 2008