Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Au Tchad, un humanitaire français, P. Marlinge, un jeune homme courageux, de grand courage, a été assassiné par des hommes armés. Est-ce qu'ils venaient du Soudan ?
R. Yade.- On n'en sait rien encore. On espère que, comme on l'a demandé, que les autorités tchadiennes feront la lumière sur cette affaire. Ce que l'on sait, c'est qu'hier matin il y avait trois véhicules, dont un de l'Unicef et deux de "Save the children", une association, qui faisait route vers Adré, à l'est du Tchad - c'est proche de la frontière soudanaise - et ils ont été interceptés par des individus armés, il y a eu des tirs, Marlinge a été touché mortellement, et les autres...
Mais il y a des survivants, des gens qui n'ont pas été atteints, ni touchés.
Il y a des survivants. Mais les agresseurs se sont enfuis, donc on ne sait pas encore leur origine.
On ne les a pas encore identifiés ?
Non, l'Eufor les a poursuivis - enfin les bataillons de l'Eufor -, et des hélicoptères ont été dépêchés, mais à ma connaissance, à l'heure actuelle, il n'y a pas eu de changement depuis tout à l'heure ou hier soir, on ne sait pas encore.
On a naturellement une pensée pour sa famille et ses proches.
Bien sûr, c'est un assassinat odieux et nous avons présenté nos condoléances, et je présente aujourd'hui à nouveau mes condoléances à sa famille. Nous sommes disposés et complètement déterminés à apporter l'aide qu'il faut à sa famille pour les démarches.
Et est-ce que les Tchadiens participent à l'enquête ?
C'est normal, ça se passe chez eux, donc, effectivement, ce sont même eux qui sont en charge de cette enquête puisque ça s'est passé sur leur territoire.
Est-ce que les ONG, les associations humanitaires qui paraissent visées dans certains pays africains et au Tchad doivent suspendre ou arrêter leurs activités au Tchad ?
En tout cas, il faut être très prudent. Il faut être très, très prudent, surtout dans un pays, dans des pays en crise, en guerre, où il y a des rébellions, où il y a des incertitudes, il faut être très prudent. C'est vrai que l'humanitaire, l'action humanitaire est une démarche de courage qui apparaît de plus en plus risquée. Auparavant, il fut un temps où les humanitaires pouvaient travailler dans une certaine neutralité, et aujourd'hui, ils sont pris à parti de plus en plus fréquemment. C'est pour ça que nous avons mis en place, au Quai d'Orsay, une cellule de crise pour les aider, les informer en cas de problème.
Mais pas les empêcher de partir ?
On ne peut pas les empêcher de partir parce que l'action humanitaire...
...Ou les découragez.
Quand il y a des appels à la prudence à lancer, on les lance, on les prévient, on leur donne des informations nécessaires pour se protéger ou pour les secourir en cas de besoin.
Je vous ai surtout invitée pour nous parler de la Tunisie parce que pendant votre séjour en Tunisie, vous n'avez rien dit. Tout le monde a entendu votre lourd silence et d'après les images que l'on voyait sur I>Télé et un peu partout, ce que l'on entendait des commentaires, vous n'aviez pas l'air de vous marrer sur place. Pourquoi ?
Je ne fais pas un travail "pour me marrer". Je vous rassure, j'ai toujours la même attitude partout parce que je suis en charge des Droits de l'homme, ce n'est pas drôle.
Ben justement, quelquefois, vous aviez l'air de vous cacher...
Ah non, absolument pas, absolument pas ! Je faisais mon travail.
Est-ce que quelqu'un vous empêche de parler ou est-ce qu'on vous demande de vous taire dans certaines circonstances ?
Non, je suis un responsable politique, on n'est pas dans une classe, on parle quand on a envie de parler, on ne parle pas quand on n'a pas envie de parler. Et, en l'occurrence, je vais faire un peu de pédagogie parce que j'ai l'impression que les gens ne le savent pas ou certains commentateurs font semblant de ne pas le savoir : dans un voyage d'Etat, un voyage d'Etat du président de la République, les ministres, ou mêmes les membres de la délégation qui l'accompagnent, ne sont pas censés s'exprimer. Dans ces moments-là, le porte-parole de la France c'est le président de la République. Cela a toujours été l'usage, je ne vois pas pourquoi ce serait différent. Et d'ailleurs, si j'avais dit quelque chose, certainement ces commentateurs auraient été les premiers à parler de "couacs" ou de "cafouillage".
Pourquoi ? On associe "couac" à R. Yade ? Non ?!
On associe, à chaque fois qu'il y a deux paroles qui s'expriment en même temps sur les mêmes sujets. Donc je rappelle que l'usage, c'est que le président de la République est le seul porte-parole de la France, c'est comme ça. On n'a pas à faire, nous, ministres, des conférences de presse parallèles pour commenter les faits et gestes du Président.
D'accord. Mais dans un voyage, on comprend que certains ministres se taisent, qu'ils restent muets. Mais vous vous êtes observée, remarquée, et dans ces conditions, puisque vous êtes les droits de l'homme dans un pays où parfois on s'interroge et on se demande s'ils sont appliqués, on peut se demander pourquoi vous y allez.
Mais je ne suis pas non plus venue pour faire tapisserie. Je préfère, plutôt que de parler, je préfère agir et c'est ce que j'ai fait. C'est-à-dire que j'ai eu un programme spécifique consacré exclusivement aux droits de l'homme, ce qui n'était pas obligé parce que je suis aussi en charge des Affaires étrangères, et donc à ce titre j'aurais pu faire autre chose, mais j'ai choisi délibérément de consacrer toutes mes rencontres aux droits de l'homme. Et j'ai rencontré une ONG, parmi d'autres, qui s'appelle la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, qui est l'ONG la plus activiste et la plus ancienne du Maghreb...
Et alors, justement, c'est maître Trifi, qui dit que "toutes les questions ont été abordées avec vous"...
Exactement.
La situation des droits de l'homme en Tunisie, elle ne s'est pas améliorée, et il dit, "je lui ai expliqué qu'on comptait sur la France dans cette situation pour qu'elle s'améliore et que ce ne soit pas des effets d'annonce pendant ce voyage".
Exactement. Vous savez, avant de partir en Tunisie, j'avais été quasiment mise au défi de savoir si je pourrais rencontrer la LTDH, tellement elle a une réputation d'activisme très fort là-bas, et après moult tractations, discussions, j'ai réussi à obtenir si cet entretien, "vous le vouliez, vous l'avez eu"...
Des tractations avec qui ?
Avec eux, avec les autorités, les conditions de rencontre, etc. Alors, j'ai aussi rencontré des femmes de la société civile, avec qui on a parlé de la situation des femmes et les autorités tunisiennes avec qui j'ai discuté de tous les sujets sans aucun tabou, sans aucune limite : torture, censure, peine de mort, accès du territoire...
"Torture" ? On torture en Tunisie ?
Il y a la Cour européenne des droits de l'Homme qui a rendu un arrêt dans lequel il parlait de risque de torture.
Il y a de la censure en Tunisie ?
Il y a un journal hebdomadaire, dont les journalistes accusaient les autorités tunisiennes d'avoir été, enfin d'avoir été saisi. Donc, sur tous ces points, moi, je ne pouvais pas me faire d'idée avant de partir, enfin avant le départ, et sur place j'ai abordé ces sujets avec les autorités tunisiennes et j'ai abordé aussi la question du siège des Tunisiens aux droits de l'homme auquel il n'y a pas accès depuis 2000. J'ai abordé la question des journalistes...
Donc vous avez entendu ce que d'autres vous ont dit. Est-ce que vous l'avez transmis soit au président de la République, soit au Président Ben Ali, si vous aviez accès à lui ?
Non, je n'ai pas eu d'entretien en tête à tête avec le Président Ben Ali, et pour cause, ce n'est pas mon homologue. Mais j'en ai parlé au ministre...
Non, mais dans l'équipe qui est là, à la délégation ?
J'en ai parlé au ministre de la Justice tunisienne, j'en ai parlé au secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères qui est mon homologue, au président du Comité aux droits de l'Homme.
D'accord. Donc, pendant ce voyage, vous ne vous êtes pas tue, dites-vous, sur les droits de l'homme. Mais vous avez annulé un rendez-vous avec une association des Tunisiennes démocrates. Elles en ont été blessées, elles disent même, "on sent qu'elle avait envie de nous voir, mais elle est réduite à faire de la figuration"...
Mais, je viens...
Vous leur avez dit, "mon programme était tellement chargé, je suis obligée d'annuler". Est-ce que vous croyez que l'argument tient ?
Je viens de vous expliquer que j'ai eu des heures et des heures d'entretiens avec des ONG, des associations, les officiels, pour aborder des sujets qui n'étaient pas faciles à aborder parce qu'on ne vient pas...
Et pourquoi vous l'avez annulé ?
C'était pour des raisons pratiques, je vous l'ai dit. Mais je vous le répète encore une fois, c'était un entretien que moi j'avais voulu, donc il n'y avait rien qui m'y obligeait, enfin je ne suis quand même pas obligée ! Ce que je voulais faire c'était de parler de la situation des femmes et ça je l'ai fait avec des femmes tunisiennes.
Mais par exemple, celles que vous n'avez pas vues et qui sont touchées, affectées, est-ce que vous ne pouvez pas les inviter, ici, aujourd'hui ?
Mais il n'y a pas de problème.
Les rencontrer à Paris.
Il ne faut pas voir des problèmes politiques là où il n'y avait que des problèmes pratiques. Cela arrive tous les jours, ça arrive tous les jours. Et par ailleurs, ce qui est important, c'est pas simplement de rencontrer, il y a des gens qui rencontrent pour la forme, ce qui est important c'est de parler du sujet, et le sujet c'était quoi ? C'était les femmes tunisiennes, et ça j'en ai parlé avec beaucoup de femmes tunisiennes qui étaient venues à ma rencontre.
Elles sont inquiètes sur leurs droits qu'elles ont obtenus depuis les années 50 avec Bourguiba...
Exactement. Elles ont dit que ce statut de la femme très enviable dont elles bénéficient par rapport aux autres pays du Maghreb, ce statut était menacé par l'image de la femme dans d'autres pays, l'influence des médias fondamentalistes qui faisaient que certaines femmes se sentaient changées, changées dans le sens d'une certaine régression. C'était intéressant à entendre.
Est-ce que vous pensez, vous, que l'espace des libertés progresse en Tunisie ?
Il y a un constat qu'il faut faire, qui est important, c'est que au départ, la Tunisie est l'un des pays les moins bien dotés en nature, c'est-à-dire en gaz et en pétrole, et la Tunisie affiche pourtant un bilan économique qui est positif, une classe moyenne dynamique, un tourisme intelligent... Et donc, tout n'est pas parfait, bien sûr, loin de là, mais je pense que sur ces aspects-là, et notamment le code de la femme hérité d'H. Bourguiba, il y a des choses importantes qui ont été faites. Alors, maintenant, par rapport à la déclaration du Président : le Président de la République quand il fait une visite...
Il dit, "je ne veux être ni censeur, ni donneur de leçons, rien n'est parfait", il dit comme vous ou vous dites comme lui. Il dit "l'espace des libertés progresse en Tunisie", ce sont des phrases qui ont déplu ici.
Quand un président de la République fait une visite d'Etat dans un pays donné, il n'est pas là pour insulter ceux qui l'invitent. Il peut les juger, il peut critiquer certaines choses, mais il n'est pas là pour se comporter... Il n'est pas là pour insulter les gens et puis ce n'est pas une ONG un président de la République. Par ailleurs, à partir du moment où sur cette question des libertés, moi, à travers mes rencontres, les sujets abordés en détail, mais vraiment en détail, avec les autorités, avec les ONG, je crois qu'on a bien montré que notre intérêt se portait aussi sur les libertés, et que là-dessus, effectivement, il y avait des efforts assez grands et importants à faire.
Le Président tunisien Ben Ali est-ce qu'il vous paraît un bon avocat des droits de l'Homme ?
Qu'est-ce qu'un bon avocat des droits de l'Homme ?
Ou un vrai avocat, un bon, un vrai avocat des droits de l'Homme ?
Moi, j'ai interrogé les autorités tunisiennes, qu'est-ce qu'elles allaient faire sur...
Non, mais vous, votre avis, parce que les autorités tunisiennes n'allaient pas vous dire que Ben Ali n'était pas un bon défenseur.
Je n'ai pas rencontré le Président Ben Ali, donc je vous parle des ministres que j'ai vus, qui sont aussi des représentants du Président Ben Ali, que j'ai interrogés pour savoir, par exemple, est-ce que la censure préalable pour les publications allait être allait continuer à être levée, ils m'ont assuré que "oui". Les rapporteurs des Nations unies allaient avoir accès au pays, que "Human rights watch", qui est une grande ONG, allait pouvoir visiter les prisons pour vérifier s'il y a ce risque de torture dont parlait la Cour européenne des droits de l'Homme.
Donc, il y a des progrès en Tunisie ?
Donc, moi, j'ai demandé tout ça. Alors, maintenant, on va voir dans les faits. C'est-à-dire qu'il y a des engagement qui ont été pris à l'ONU, aux Nations unies, maintenant j'attends de voir qu'est-ce qui va se passer.
Et le président de la République est revenu rassuré ?
Le Président français ?
Oui.
Le Président français, vous savez, il a sa ligne, il l'a défendue, il l'assume, donc voilà.
Alors, il a dit "aucun pays n'est parfait", la Tunisie peut-être, mais il a dit, "la France aussi".Alors, dans quels domaines il faut développer les droits de l'homme en France ?
Bien sûr, nous sommes une démocratie, nous avons une Constitution, nous avons des institutions démocratiques, républicaines, nous sommes intégrés dans un processus européen, où il y a des structures...
Non mais là, d'accord, c'est de la théorie...
Non, c'est important.
Mais par exemple, on va prendre un exemple : l'athlète française Eunice Barber qui est originaire de Sierra Leone, dénonçait l'autre jour, sur Europe 1, avec P. Thomas, les athlètes qui prétendent arborer en Chine des badges pour la liberté. Elle dit que "c'est de l'hypocrisie, et y compris en France, quand on pense au sort des immigrés africains et des sans-papiers". Est-ce qu'elle a tort ?
Effectivement, tout n'est pas parfait en France et on le reconnaît volontiers parce que de toute façon le génie des démocraties est de reconnaître l'imperfectibilité. La question des sans-papiers est une question douloureuse, difficile, pas simple. Quand le président de la République, au sujet des salariés sans-papiers parle de "régularisations au cas par cas", je trouve que c'est un principe raisonnable. D'ailleurs, certaines régularisations ont commencé.
Donc, vous diriez qu'il y a du boulot à faire aussi en France sur les droits de l'homme, pays démocratique, comme tous les pays démocratiques.
La question des sans papiers est un débat permanent et personne ne détient la vérité sur ce sujet. Même l'opinion publique peut changer aussi son regard par rapport aux sans-papiers selon les périodes.
La Chine a plutôt répondu aux souhaits, aux demandes de la France - je n'ai pas dit "aux conditions". Bientôt, le gouvernement chinois va renouer des négociations avec les émissaires du Dalaï Lama. Est-ce que désormais N. Sarkozy pourrait, devrait, assister à Pékin à la cérémonie d'ouverture ? Est-ce qu'ils sont en train à l'Elysée d'y penser ?
Cette décision appartient au président de la République. Il se prononcera en temps voulu. Cela ne servirait à rien que je spécule sur la possibilité ou non...
Il y réfléchit ?
Bien sûr, il y réfléchit. Qu'il y aille ou qu'il n'y aille pas, il faut une réflexion préalable, de toutes les façon. Mais en tout cas, il avait bien expliqué qu'il souhaitait ardemment la reprise du dialogue entre les autorités chinoises et les représentants du Dalaï Lama. Il y a eu une ouverture de Pékin sur la nécessité de ce dialogue, c'est une bonne chose. Maintenant, nous espérons que d'ici là ce dialogue va concrètement se tenir et amener un rapprochement des positions et un apaisement.
Et alors, la décision pourrait être prise ?
Et alors, oui, parce que les Jeux Olympiques commenceront à l'été.
Le Président Hu Jintao cite volontiers des proverbes chinois. Il y en a un qu'il cite : "Mieux vaut se servir de ses yeux que de parler mille fois". Avant les Jeux Olympiques, est-ce que vous êtes prête à aller voir de vos yeux la Chine telle qu'elle est ?
Bien sûr.
Si on vous laisse entrer...
Voilà ! C'est une condition, si je puis dire, si je puis me permettre, intéressante. Mais c'est vrai que si on le me laisse aller en Chine...
Si "on vous laisse", les Français ou les Chinois ?
Je ne sais pas. Vous savez, quand vous partez vous avez des problèmes pratiques...
Vous n'avez pas de problème de visa quand même ?
Non, mais il faut quand même être autorisé à entrer sur un territoire, on n'y entre pas clandestinement.
Est-ce que ça veut dire que la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, parce qu'elle a ce titre sur les droits de l'homme a des difficultés à être accueillie par certains pays ?
Ce n'est pas toujours facile, c'est vrai. Ce n'est pas toujours facile, mais je crois que les droits de l'homme, ce n'est pas un gros mot et que, au contraire, nous en sommes très fiers, nous, Français, de porter ces valeurs-là. Elles font partie de l'identité profonde de notre pays. Il ne s'agit pas de donner des leçons, le président de la République a raison. Il ne s'agit pas d'asséner, il ne s'agit pas dire qu'on sait mieux que les autres parce que, effectivement, nous sommes aussi perfectibles...
Parce que les autres aussi ont des valeurs...
Les autres aussi ont des valeurs.
D'autres cultures, d'autres civilisations. Est-ce que les nôtres, nos droits de l'homme ont une valeur universelle applicable pour tous et partout ?
Moi, je crois profondément à l'universalité des droits humains. Je ne peux pas admettre que, par exemple, des pays européens, occidentaux, bénéficient des meilleurs droits - droit du travail, droits sociaux, droits politiques, droits économiques - et qu'on dise au reste du monde, "eh bien, vous, vous n'êtes pas assez bien pour mériter aussi ces valeurs-là". Je crois qu'en matière, par exemple, d'égalité homme-femme je voudrais bien que, oui, l'émancipation féminine touche aussi les gens des pays du sud. Et il n'y a là rien de colonialiste comme démarche, et il n'y a là rien d'intégrationniste comme démarche. Je crois que c'est une démarche profondément humaine, c'est une avancée et je ne voudrais pas que les théories récentes remettent en cause cet acquis humain fondamental.
Très vite, deux questions : N. Sarkozy et son Premier ministre F. Fillon baissent ou continuent de baisser dans les sondages. Comment ils réagissent ?
Demandez-leur ! Mais je crois que le président de la République et le Premier ministre sont - et je le dis sans langue de bois, vraiment, parce que c'est le cas - sont concentrés sur les changements à faire dans ce pays. Le président de la République est là pour cinq ans, c'est ça le contrat qui le lie aux Français, et donc il prendra le temps de ces cinq ans pour mener à bien ses réformes. Et je ne crois pas que des sondages, avec leur caractère éphémère, il y en a maintenant deux ou trois par jour, sont une boussole de la vie politique. Je crois que la boussole, c'est le cap 2012, ce sera à ce moment-là qu'on fera l'heure du bilan.
Vous parlez bien le sarkozysme.
Non, je parle français et je crois en ce que je fais.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 mai 2008
R. Yade.- On n'en sait rien encore. On espère que, comme on l'a demandé, que les autorités tchadiennes feront la lumière sur cette affaire. Ce que l'on sait, c'est qu'hier matin il y avait trois véhicules, dont un de l'Unicef et deux de "Save the children", une association, qui faisait route vers Adré, à l'est du Tchad - c'est proche de la frontière soudanaise - et ils ont été interceptés par des individus armés, il y a eu des tirs, Marlinge a été touché mortellement, et les autres...
Mais il y a des survivants, des gens qui n'ont pas été atteints, ni touchés.
Il y a des survivants. Mais les agresseurs se sont enfuis, donc on ne sait pas encore leur origine.
On ne les a pas encore identifiés ?
Non, l'Eufor les a poursuivis - enfin les bataillons de l'Eufor -, et des hélicoptères ont été dépêchés, mais à ma connaissance, à l'heure actuelle, il n'y a pas eu de changement depuis tout à l'heure ou hier soir, on ne sait pas encore.
On a naturellement une pensée pour sa famille et ses proches.
Bien sûr, c'est un assassinat odieux et nous avons présenté nos condoléances, et je présente aujourd'hui à nouveau mes condoléances à sa famille. Nous sommes disposés et complètement déterminés à apporter l'aide qu'il faut à sa famille pour les démarches.
Et est-ce que les Tchadiens participent à l'enquête ?
C'est normal, ça se passe chez eux, donc, effectivement, ce sont même eux qui sont en charge de cette enquête puisque ça s'est passé sur leur territoire.
Est-ce que les ONG, les associations humanitaires qui paraissent visées dans certains pays africains et au Tchad doivent suspendre ou arrêter leurs activités au Tchad ?
En tout cas, il faut être très prudent. Il faut être très, très prudent, surtout dans un pays, dans des pays en crise, en guerre, où il y a des rébellions, où il y a des incertitudes, il faut être très prudent. C'est vrai que l'humanitaire, l'action humanitaire est une démarche de courage qui apparaît de plus en plus risquée. Auparavant, il fut un temps où les humanitaires pouvaient travailler dans une certaine neutralité, et aujourd'hui, ils sont pris à parti de plus en plus fréquemment. C'est pour ça que nous avons mis en place, au Quai d'Orsay, une cellule de crise pour les aider, les informer en cas de problème.
Mais pas les empêcher de partir ?
On ne peut pas les empêcher de partir parce que l'action humanitaire...
...Ou les découragez.
Quand il y a des appels à la prudence à lancer, on les lance, on les prévient, on leur donne des informations nécessaires pour se protéger ou pour les secourir en cas de besoin.
Je vous ai surtout invitée pour nous parler de la Tunisie parce que pendant votre séjour en Tunisie, vous n'avez rien dit. Tout le monde a entendu votre lourd silence et d'après les images que l'on voyait sur I>Télé et un peu partout, ce que l'on entendait des commentaires, vous n'aviez pas l'air de vous marrer sur place. Pourquoi ?
Je ne fais pas un travail "pour me marrer". Je vous rassure, j'ai toujours la même attitude partout parce que je suis en charge des Droits de l'homme, ce n'est pas drôle.
Ben justement, quelquefois, vous aviez l'air de vous cacher...
Ah non, absolument pas, absolument pas ! Je faisais mon travail.
Est-ce que quelqu'un vous empêche de parler ou est-ce qu'on vous demande de vous taire dans certaines circonstances ?
Non, je suis un responsable politique, on n'est pas dans une classe, on parle quand on a envie de parler, on ne parle pas quand on n'a pas envie de parler. Et, en l'occurrence, je vais faire un peu de pédagogie parce que j'ai l'impression que les gens ne le savent pas ou certains commentateurs font semblant de ne pas le savoir : dans un voyage d'Etat, un voyage d'Etat du président de la République, les ministres, ou mêmes les membres de la délégation qui l'accompagnent, ne sont pas censés s'exprimer. Dans ces moments-là, le porte-parole de la France c'est le président de la République. Cela a toujours été l'usage, je ne vois pas pourquoi ce serait différent. Et d'ailleurs, si j'avais dit quelque chose, certainement ces commentateurs auraient été les premiers à parler de "couacs" ou de "cafouillage".
Pourquoi ? On associe "couac" à R. Yade ? Non ?!
On associe, à chaque fois qu'il y a deux paroles qui s'expriment en même temps sur les mêmes sujets. Donc je rappelle que l'usage, c'est que le président de la République est le seul porte-parole de la France, c'est comme ça. On n'a pas à faire, nous, ministres, des conférences de presse parallèles pour commenter les faits et gestes du Président.
D'accord. Mais dans un voyage, on comprend que certains ministres se taisent, qu'ils restent muets. Mais vous vous êtes observée, remarquée, et dans ces conditions, puisque vous êtes les droits de l'homme dans un pays où parfois on s'interroge et on se demande s'ils sont appliqués, on peut se demander pourquoi vous y allez.
Mais je ne suis pas non plus venue pour faire tapisserie. Je préfère, plutôt que de parler, je préfère agir et c'est ce que j'ai fait. C'est-à-dire que j'ai eu un programme spécifique consacré exclusivement aux droits de l'homme, ce qui n'était pas obligé parce que je suis aussi en charge des Affaires étrangères, et donc à ce titre j'aurais pu faire autre chose, mais j'ai choisi délibérément de consacrer toutes mes rencontres aux droits de l'homme. Et j'ai rencontré une ONG, parmi d'autres, qui s'appelle la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, qui est l'ONG la plus activiste et la plus ancienne du Maghreb...
Et alors, justement, c'est maître Trifi, qui dit que "toutes les questions ont été abordées avec vous"...
Exactement.
La situation des droits de l'homme en Tunisie, elle ne s'est pas améliorée, et il dit, "je lui ai expliqué qu'on comptait sur la France dans cette situation pour qu'elle s'améliore et que ce ne soit pas des effets d'annonce pendant ce voyage".
Exactement. Vous savez, avant de partir en Tunisie, j'avais été quasiment mise au défi de savoir si je pourrais rencontrer la LTDH, tellement elle a une réputation d'activisme très fort là-bas, et après moult tractations, discussions, j'ai réussi à obtenir si cet entretien, "vous le vouliez, vous l'avez eu"...
Des tractations avec qui ?
Avec eux, avec les autorités, les conditions de rencontre, etc. Alors, j'ai aussi rencontré des femmes de la société civile, avec qui on a parlé de la situation des femmes et les autorités tunisiennes avec qui j'ai discuté de tous les sujets sans aucun tabou, sans aucune limite : torture, censure, peine de mort, accès du territoire...
"Torture" ? On torture en Tunisie ?
Il y a la Cour européenne des droits de l'Homme qui a rendu un arrêt dans lequel il parlait de risque de torture.
Il y a de la censure en Tunisie ?
Il y a un journal hebdomadaire, dont les journalistes accusaient les autorités tunisiennes d'avoir été, enfin d'avoir été saisi. Donc, sur tous ces points, moi, je ne pouvais pas me faire d'idée avant de partir, enfin avant le départ, et sur place j'ai abordé ces sujets avec les autorités tunisiennes et j'ai abordé aussi la question du siège des Tunisiens aux droits de l'homme auquel il n'y a pas accès depuis 2000. J'ai abordé la question des journalistes...
Donc vous avez entendu ce que d'autres vous ont dit. Est-ce que vous l'avez transmis soit au président de la République, soit au Président Ben Ali, si vous aviez accès à lui ?
Non, je n'ai pas eu d'entretien en tête à tête avec le Président Ben Ali, et pour cause, ce n'est pas mon homologue. Mais j'en ai parlé au ministre...
Non, mais dans l'équipe qui est là, à la délégation ?
J'en ai parlé au ministre de la Justice tunisienne, j'en ai parlé au secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères qui est mon homologue, au président du Comité aux droits de l'Homme.
D'accord. Donc, pendant ce voyage, vous ne vous êtes pas tue, dites-vous, sur les droits de l'homme. Mais vous avez annulé un rendez-vous avec une association des Tunisiennes démocrates. Elles en ont été blessées, elles disent même, "on sent qu'elle avait envie de nous voir, mais elle est réduite à faire de la figuration"...
Mais, je viens...
Vous leur avez dit, "mon programme était tellement chargé, je suis obligée d'annuler". Est-ce que vous croyez que l'argument tient ?
Je viens de vous expliquer que j'ai eu des heures et des heures d'entretiens avec des ONG, des associations, les officiels, pour aborder des sujets qui n'étaient pas faciles à aborder parce qu'on ne vient pas...
Et pourquoi vous l'avez annulé ?
C'était pour des raisons pratiques, je vous l'ai dit. Mais je vous le répète encore une fois, c'était un entretien que moi j'avais voulu, donc il n'y avait rien qui m'y obligeait, enfin je ne suis quand même pas obligée ! Ce que je voulais faire c'était de parler de la situation des femmes et ça je l'ai fait avec des femmes tunisiennes.
Mais par exemple, celles que vous n'avez pas vues et qui sont touchées, affectées, est-ce que vous ne pouvez pas les inviter, ici, aujourd'hui ?
Mais il n'y a pas de problème.
Les rencontrer à Paris.
Il ne faut pas voir des problèmes politiques là où il n'y avait que des problèmes pratiques. Cela arrive tous les jours, ça arrive tous les jours. Et par ailleurs, ce qui est important, c'est pas simplement de rencontrer, il y a des gens qui rencontrent pour la forme, ce qui est important c'est de parler du sujet, et le sujet c'était quoi ? C'était les femmes tunisiennes, et ça j'en ai parlé avec beaucoup de femmes tunisiennes qui étaient venues à ma rencontre.
Elles sont inquiètes sur leurs droits qu'elles ont obtenus depuis les années 50 avec Bourguiba...
Exactement. Elles ont dit que ce statut de la femme très enviable dont elles bénéficient par rapport aux autres pays du Maghreb, ce statut était menacé par l'image de la femme dans d'autres pays, l'influence des médias fondamentalistes qui faisaient que certaines femmes se sentaient changées, changées dans le sens d'une certaine régression. C'était intéressant à entendre.
Est-ce que vous pensez, vous, que l'espace des libertés progresse en Tunisie ?
Il y a un constat qu'il faut faire, qui est important, c'est que au départ, la Tunisie est l'un des pays les moins bien dotés en nature, c'est-à-dire en gaz et en pétrole, et la Tunisie affiche pourtant un bilan économique qui est positif, une classe moyenne dynamique, un tourisme intelligent... Et donc, tout n'est pas parfait, bien sûr, loin de là, mais je pense que sur ces aspects-là, et notamment le code de la femme hérité d'H. Bourguiba, il y a des choses importantes qui ont été faites. Alors, maintenant, par rapport à la déclaration du Président : le Président de la République quand il fait une visite...
Il dit, "je ne veux être ni censeur, ni donneur de leçons, rien n'est parfait", il dit comme vous ou vous dites comme lui. Il dit "l'espace des libertés progresse en Tunisie", ce sont des phrases qui ont déplu ici.
Quand un président de la République fait une visite d'Etat dans un pays donné, il n'est pas là pour insulter ceux qui l'invitent. Il peut les juger, il peut critiquer certaines choses, mais il n'est pas là pour se comporter... Il n'est pas là pour insulter les gens et puis ce n'est pas une ONG un président de la République. Par ailleurs, à partir du moment où sur cette question des libertés, moi, à travers mes rencontres, les sujets abordés en détail, mais vraiment en détail, avec les autorités, avec les ONG, je crois qu'on a bien montré que notre intérêt se portait aussi sur les libertés, et que là-dessus, effectivement, il y avait des efforts assez grands et importants à faire.
Le Président tunisien Ben Ali est-ce qu'il vous paraît un bon avocat des droits de l'Homme ?
Qu'est-ce qu'un bon avocat des droits de l'Homme ?
Ou un vrai avocat, un bon, un vrai avocat des droits de l'Homme ?
Moi, j'ai interrogé les autorités tunisiennes, qu'est-ce qu'elles allaient faire sur...
Non, mais vous, votre avis, parce que les autorités tunisiennes n'allaient pas vous dire que Ben Ali n'était pas un bon défenseur.
Je n'ai pas rencontré le Président Ben Ali, donc je vous parle des ministres que j'ai vus, qui sont aussi des représentants du Président Ben Ali, que j'ai interrogés pour savoir, par exemple, est-ce que la censure préalable pour les publications allait être allait continuer à être levée, ils m'ont assuré que "oui". Les rapporteurs des Nations unies allaient avoir accès au pays, que "Human rights watch", qui est une grande ONG, allait pouvoir visiter les prisons pour vérifier s'il y a ce risque de torture dont parlait la Cour européenne des droits de l'Homme.
Donc, il y a des progrès en Tunisie ?
Donc, moi, j'ai demandé tout ça. Alors, maintenant, on va voir dans les faits. C'est-à-dire qu'il y a des engagement qui ont été pris à l'ONU, aux Nations unies, maintenant j'attends de voir qu'est-ce qui va se passer.
Et le président de la République est revenu rassuré ?
Le Président français ?
Oui.
Le Président français, vous savez, il a sa ligne, il l'a défendue, il l'assume, donc voilà.
Alors, il a dit "aucun pays n'est parfait", la Tunisie peut-être, mais il a dit, "la France aussi".Alors, dans quels domaines il faut développer les droits de l'homme en France ?
Bien sûr, nous sommes une démocratie, nous avons une Constitution, nous avons des institutions démocratiques, républicaines, nous sommes intégrés dans un processus européen, où il y a des structures...
Non mais là, d'accord, c'est de la théorie...
Non, c'est important.
Mais par exemple, on va prendre un exemple : l'athlète française Eunice Barber qui est originaire de Sierra Leone, dénonçait l'autre jour, sur Europe 1, avec P. Thomas, les athlètes qui prétendent arborer en Chine des badges pour la liberté. Elle dit que "c'est de l'hypocrisie, et y compris en France, quand on pense au sort des immigrés africains et des sans-papiers". Est-ce qu'elle a tort ?
Effectivement, tout n'est pas parfait en France et on le reconnaît volontiers parce que de toute façon le génie des démocraties est de reconnaître l'imperfectibilité. La question des sans-papiers est une question douloureuse, difficile, pas simple. Quand le président de la République, au sujet des salariés sans-papiers parle de "régularisations au cas par cas", je trouve que c'est un principe raisonnable. D'ailleurs, certaines régularisations ont commencé.
Donc, vous diriez qu'il y a du boulot à faire aussi en France sur les droits de l'homme, pays démocratique, comme tous les pays démocratiques.
La question des sans papiers est un débat permanent et personne ne détient la vérité sur ce sujet. Même l'opinion publique peut changer aussi son regard par rapport aux sans-papiers selon les périodes.
La Chine a plutôt répondu aux souhaits, aux demandes de la France - je n'ai pas dit "aux conditions". Bientôt, le gouvernement chinois va renouer des négociations avec les émissaires du Dalaï Lama. Est-ce que désormais N. Sarkozy pourrait, devrait, assister à Pékin à la cérémonie d'ouverture ? Est-ce qu'ils sont en train à l'Elysée d'y penser ?
Cette décision appartient au président de la République. Il se prononcera en temps voulu. Cela ne servirait à rien que je spécule sur la possibilité ou non...
Il y réfléchit ?
Bien sûr, il y réfléchit. Qu'il y aille ou qu'il n'y aille pas, il faut une réflexion préalable, de toutes les façon. Mais en tout cas, il avait bien expliqué qu'il souhaitait ardemment la reprise du dialogue entre les autorités chinoises et les représentants du Dalaï Lama. Il y a eu une ouverture de Pékin sur la nécessité de ce dialogue, c'est une bonne chose. Maintenant, nous espérons que d'ici là ce dialogue va concrètement se tenir et amener un rapprochement des positions et un apaisement.
Et alors, la décision pourrait être prise ?
Et alors, oui, parce que les Jeux Olympiques commenceront à l'été.
Le Président Hu Jintao cite volontiers des proverbes chinois. Il y en a un qu'il cite : "Mieux vaut se servir de ses yeux que de parler mille fois". Avant les Jeux Olympiques, est-ce que vous êtes prête à aller voir de vos yeux la Chine telle qu'elle est ?
Bien sûr.
Si on vous laisse entrer...
Voilà ! C'est une condition, si je puis dire, si je puis me permettre, intéressante. Mais c'est vrai que si on le me laisse aller en Chine...
Si "on vous laisse", les Français ou les Chinois ?
Je ne sais pas. Vous savez, quand vous partez vous avez des problèmes pratiques...
Vous n'avez pas de problème de visa quand même ?
Non, mais il faut quand même être autorisé à entrer sur un territoire, on n'y entre pas clandestinement.
Est-ce que ça veut dire que la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, parce qu'elle a ce titre sur les droits de l'homme a des difficultés à être accueillie par certains pays ?
Ce n'est pas toujours facile, c'est vrai. Ce n'est pas toujours facile, mais je crois que les droits de l'homme, ce n'est pas un gros mot et que, au contraire, nous en sommes très fiers, nous, Français, de porter ces valeurs-là. Elles font partie de l'identité profonde de notre pays. Il ne s'agit pas de donner des leçons, le président de la République a raison. Il ne s'agit pas d'asséner, il ne s'agit pas dire qu'on sait mieux que les autres parce que, effectivement, nous sommes aussi perfectibles...
Parce que les autres aussi ont des valeurs...
Les autres aussi ont des valeurs.
D'autres cultures, d'autres civilisations. Est-ce que les nôtres, nos droits de l'homme ont une valeur universelle applicable pour tous et partout ?
Moi, je crois profondément à l'universalité des droits humains. Je ne peux pas admettre que, par exemple, des pays européens, occidentaux, bénéficient des meilleurs droits - droit du travail, droits sociaux, droits politiques, droits économiques - et qu'on dise au reste du monde, "eh bien, vous, vous n'êtes pas assez bien pour mériter aussi ces valeurs-là". Je crois qu'en matière, par exemple, d'égalité homme-femme je voudrais bien que, oui, l'émancipation féminine touche aussi les gens des pays du sud. Et il n'y a là rien de colonialiste comme démarche, et il n'y a là rien d'intégrationniste comme démarche. Je crois que c'est une démarche profondément humaine, c'est une avancée et je ne voudrais pas que les théories récentes remettent en cause cet acquis humain fondamental.
Très vite, deux questions : N. Sarkozy et son Premier ministre F. Fillon baissent ou continuent de baisser dans les sondages. Comment ils réagissent ?
Demandez-leur ! Mais je crois que le président de la République et le Premier ministre sont - et je le dis sans langue de bois, vraiment, parce que c'est le cas - sont concentrés sur les changements à faire dans ce pays. Le président de la République est là pour cinq ans, c'est ça le contrat qui le lie aux Français, et donc il prendra le temps de ces cinq ans pour mener à bien ses réformes. Et je ne crois pas que des sondages, avec leur caractère éphémère, il y en a maintenant deux ou trois par jour, sont une boussole de la vie politique. Je crois que la boussole, c'est le cap 2012, ce sera à ce moment-là qu'on fera l'heure du bilan.
Vous parlez bien le sarkozysme.
Non, je parle français et je crois en ce que je fais.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 mai 2008