Texte intégral
Christian Pierret est secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie. Il défendra
mardi, devant l'Assemblée nationale, le projet de loi sur la
modernisation du service public de l'électricité.
Le 19 février, le marché européen de l'électricité s'ouvre. En
France, on commence seulement à débattre du projet de loi.
N'est-ce pas trop tard?
Nous ne sommes pas en retard. Je vous rappelle que nous avons mené
une concertation tous azimuts de quatorze mois. L'essentiel, vis-à-vis de
Bruxelles, c'est que le processus de transposition soit engagé clairement
et qu'un calendrier soit fixé pour la directive. Maintenant, en effet, il
faut aller vite.
Le ministre de gauche que vous êtes se satisfait-il de devoir
remettre en question un monopole public qui a prouvé son
efficacité?
Notre règle, c'est la directive, toute la directive mais rien que la
directive. L'ouverture du marché est maîtrisée: c'est le taux minimal
fixé par l'Union européenne. Nous respectons nos engagements mais
nous n'irons pas au-delà. D'autres, comme le gouvernement italien - de
gauche - ont ouvert beaucoup plus que ne le demande la directive et
commencent la privatisation du quart de la production de l'Enel, leur
équivalent d'EDF. Moi, ministre de gauche, je suis satisfait que la
directive permette de garder EDF à 100 % publique, qu'elle permette
d'organiser le marché pour lui donner toutes ses chances, et qu'elle
assure le maintien intégral du service public.
Ces arguments ne semblent guère convaincre vos alliés
communistes, qui ont failli vous pousser à reporter encore
l'examen du projet de loi, tant vous craigniez qu'ils votent
contre...
C'est un texte très politique. Nous avons discuté de nombreuses fois
avec les députés communistes. Ils jugeront, au vu des avancées -
nombreuses - qui ont été réalisées. Je pense qu'il n'y a aucune raison
qu'ils s'opposent à ce texte. Je suis en effet disposé à accepter un
nombre important d'amendements, qu'ils viennent du PC, du PS, du
RCV, voire d'autres groupes. Il existe un rapport constructif et vivant
entre chaque élément de la majorité plurielle, et chaque formation est
légitime à l'amender et à le faire progresser. Il n'y a donc aucune raison
pour que les groupes socialiste, communiste ou RCV s'opposent à ce
texte.
Le projet de loi institue un fonds pour garantir la fourniture
d'électricité aux plus démunis. Pourquoi sera-t-il financé par
EDF uniquement?
Notre objectif, c'est de créer un droit à l'énergie pour tous: un minimum
de kilowattheure nécessaire à chaque famille peut en être l'expression
concrète. EDF conserve toutes ses responsabilités en la matière.
Comme nous maintenons son monopole de la distribution aux
particuliers, nous ne pouvons pas demander à ses concurrents de
contribuer au fonds.
Pourquoi confiner EDF dans son rôle de simple fournisseur
d'électricité?
Nous avons fait en sorte qu'EDF ait les mêmes armes que ses
concurrents et donc devienne un ensemblier énergétique capable de
présenter une offre globale comprenant des compléments techniques de
produits et de services. EDF doit pouvoir, vis-à-vis des clients éligibles,
enrichir son offre. Nous avons suffisamment élargi le principe de
spécialité pour être assaillis de protestations de la part des concurrents
privés d'EDF. A l'inverse, il faudra leur donner toutes les garanties que
le transport de leur électricité se fera dans des conditions de
concurrence ouverte et loyale.
Multiénergie, cela signifie d'abord gaz et électricité. A quand
une fusion EDF-GDF?
Il faut d'abord moderniser le service public du gaz, en transposant une
directive européenne avant juin 2000. Les deux entreprises travaillent
déjà ensemble, comme dans la distribution. Qu'ensuite la question du
rapprochement se pose, l'histoire le dira. Mais ce n'est pas d'actualité.
Etes-vous prêt à laisser EDF se diversifier dans les télécoms?
Une entreprise doit viser à l'excellence dans chacun de ses métiers.
Ceux d'EDF c'est l'énergie, et particulièrement l'électricité. Je pense
qu'il ne serait pas bon pour EDF de brouiller les cartes en allant sur les
brisées d'un autre opérateur public, comme France Télécom. Par
contre, qu'elle loue ses équipements et ses installations à des opérateurs
de télécoms pour rentabiliser ses investissements, pourquoi pas?
Le projet de loi garantit le statut des personnels, mais il y a une
grande interrogation sur leur régime de retraite...
Rien, absolument rien, n'est touché au statut, et les retraites ne sont pas
abordées par le projet de loi. C'est une question qui sera traitée dans le
cadre d'une concertation générale. A chaque jour suffit sa peine.
Des sondages montrent une montée de la méfiance de l'opinion
publique vis-à-vis de l'atome. Ne sommes-nous pas à un
tournant dans ce secteur?
L'énergie n'est pas un bien comme les autres, elle a une valeur
stratégique. L'Etat doit avoir une vision globale sur ce secteur. Il faut
casser la bastille de secrets et de replis frileux qui a longtemps marqué
le secteur énergétique. Le nucléaire est une réussite et une fierté
technologique, mais nous devons avoir, c'est vrai, une politique
équilibrée entre toutes les formes d'énergies. Et aujourd'hui, un meilleur
équilibre, c'est en particulier l'équation «économie d'énergie + énergies
renouvelables à côté du nucléaire». La part relative de celui-ci va avoir
une tendance historique à baisser, mais cela ne retire rien ni à ses
succès, ni à son caractère incontournable pour longtemps encore.
On a pourtant l'impression d'un flottement entre vous et
Dominique Voynet.
Dominique Voynet a participé à toutes les décisions du gouvernement.
Il y a une politique énergétique du gouvernement et une seule. Celle
arbitrée par le Premier ministre, en février et en décembre 1998. A
partir de ce moment, il ne peut pas exister l'épaisseur d'un
électron entre les membres du gouvernement.
Personnellement, cela me convient.
mardi, devant l'Assemblée nationale, le projet de loi sur la
modernisation du service public de l'électricité.
Le 19 février, le marché européen de l'électricité s'ouvre. En
France, on commence seulement à débattre du projet de loi.
N'est-ce pas trop tard?
Nous ne sommes pas en retard. Je vous rappelle que nous avons mené
une concertation tous azimuts de quatorze mois. L'essentiel, vis-à-vis de
Bruxelles, c'est que le processus de transposition soit engagé clairement
et qu'un calendrier soit fixé pour la directive. Maintenant, en effet, il
faut aller vite.
Le ministre de gauche que vous êtes se satisfait-il de devoir
remettre en question un monopole public qui a prouvé son
efficacité?
Notre règle, c'est la directive, toute la directive mais rien que la
directive. L'ouverture du marché est maîtrisée: c'est le taux minimal
fixé par l'Union européenne. Nous respectons nos engagements mais
nous n'irons pas au-delà. D'autres, comme le gouvernement italien - de
gauche - ont ouvert beaucoup plus que ne le demande la directive et
commencent la privatisation du quart de la production de l'Enel, leur
équivalent d'EDF. Moi, ministre de gauche, je suis satisfait que la
directive permette de garder EDF à 100 % publique, qu'elle permette
d'organiser le marché pour lui donner toutes ses chances, et qu'elle
assure le maintien intégral du service public.
Ces arguments ne semblent guère convaincre vos alliés
communistes, qui ont failli vous pousser à reporter encore
l'examen du projet de loi, tant vous craigniez qu'ils votent
contre...
C'est un texte très politique. Nous avons discuté de nombreuses fois
avec les députés communistes. Ils jugeront, au vu des avancées -
nombreuses - qui ont été réalisées. Je pense qu'il n'y a aucune raison
qu'ils s'opposent à ce texte. Je suis en effet disposé à accepter un
nombre important d'amendements, qu'ils viennent du PC, du PS, du
RCV, voire d'autres groupes. Il existe un rapport constructif et vivant
entre chaque élément de la majorité plurielle, et chaque formation est
légitime à l'amender et à le faire progresser. Il n'y a donc aucune raison
pour que les groupes socialiste, communiste ou RCV s'opposent à ce
texte.
Le projet de loi institue un fonds pour garantir la fourniture
d'électricité aux plus démunis. Pourquoi sera-t-il financé par
EDF uniquement?
Notre objectif, c'est de créer un droit à l'énergie pour tous: un minimum
de kilowattheure nécessaire à chaque famille peut en être l'expression
concrète. EDF conserve toutes ses responsabilités en la matière.
Comme nous maintenons son monopole de la distribution aux
particuliers, nous ne pouvons pas demander à ses concurrents de
contribuer au fonds.
Pourquoi confiner EDF dans son rôle de simple fournisseur
d'électricité?
Nous avons fait en sorte qu'EDF ait les mêmes armes que ses
concurrents et donc devienne un ensemblier énergétique capable de
présenter une offre globale comprenant des compléments techniques de
produits et de services. EDF doit pouvoir, vis-à-vis des clients éligibles,
enrichir son offre. Nous avons suffisamment élargi le principe de
spécialité pour être assaillis de protestations de la part des concurrents
privés d'EDF. A l'inverse, il faudra leur donner toutes les garanties que
le transport de leur électricité se fera dans des conditions de
concurrence ouverte et loyale.
Multiénergie, cela signifie d'abord gaz et électricité. A quand
une fusion EDF-GDF?
Il faut d'abord moderniser le service public du gaz, en transposant une
directive européenne avant juin 2000. Les deux entreprises travaillent
déjà ensemble, comme dans la distribution. Qu'ensuite la question du
rapprochement se pose, l'histoire le dira. Mais ce n'est pas d'actualité.
Etes-vous prêt à laisser EDF se diversifier dans les télécoms?
Une entreprise doit viser à l'excellence dans chacun de ses métiers.
Ceux d'EDF c'est l'énergie, et particulièrement l'électricité. Je pense
qu'il ne serait pas bon pour EDF de brouiller les cartes en allant sur les
brisées d'un autre opérateur public, comme France Télécom. Par
contre, qu'elle loue ses équipements et ses installations à des opérateurs
de télécoms pour rentabiliser ses investissements, pourquoi pas?
Le projet de loi garantit le statut des personnels, mais il y a une
grande interrogation sur leur régime de retraite...
Rien, absolument rien, n'est touché au statut, et les retraites ne sont pas
abordées par le projet de loi. C'est une question qui sera traitée dans le
cadre d'une concertation générale. A chaque jour suffit sa peine.
Des sondages montrent une montée de la méfiance de l'opinion
publique vis-à-vis de l'atome. Ne sommes-nous pas à un
tournant dans ce secteur?
L'énergie n'est pas un bien comme les autres, elle a une valeur
stratégique. L'Etat doit avoir une vision globale sur ce secteur. Il faut
casser la bastille de secrets et de replis frileux qui a longtemps marqué
le secteur énergétique. Le nucléaire est une réussite et une fierté
technologique, mais nous devons avoir, c'est vrai, une politique
équilibrée entre toutes les formes d'énergies. Et aujourd'hui, un meilleur
équilibre, c'est en particulier l'équation «économie d'énergie + énergies
renouvelables à côté du nucléaire». La part relative de celui-ci va avoir
une tendance historique à baisser, mais cela ne retire rien ni à ses
succès, ni à son caractère incontournable pour longtemps encore.
On a pourtant l'impression d'un flottement entre vous et
Dominique Voynet.
Dominique Voynet a participé à toutes les décisions du gouvernement.
Il y a une politique énergétique du gouvernement et une seule. Celle
arbitrée par le Premier ministre, en février et en décembre 1998. A
partir de ce moment, il ne peut pas exister l'épaisseur d'un
électron entre les membres du gouvernement.
Personnellement, cela me convient.