Texte intégral
DISCOURS DE CLOTURE
UNIVERSITE D'ETE DE VAL LOURON
1er, 2 et 3 septembre 2000
Jean-Michel BAYLET
Chers amis radicaux,
A chacun de nos congrès, à chacune de nos universités d'été, quand je vous vois, et c'est le cas aujourd'hui, de plus en plus nombreux, militants assidus et exigeants, j'en arrive à ressentir un véritable sentiment de retrouvailles familiales.
Et cette famille radicale, je souhaite qu'elle soit forte, exemplaire par la confiance qu'elle apporte à chacun d'entre vous et qu'elle démontre de manière permanente son apport original au débat politique ; en quelque sorte, j'ai envie de dire, son utilité publique : la pensée collective, une vision d'avenir sur la France et l'Europe, des perspectives institutionnelles, une bonne réactivité aux événements.
Et à ce sujet, je tiens à vous dire que je suis particulièrement heureux que nous ayons si bien anticipé, dès le Congrès du mois de mars, les questions politiques majeures qui allaient être dans l'actualité à cette rentrée : réforme de la décentralisation, nous en avons parlé au Congrès, baisse des impôts, nous la réclamions, progrès des biotechnologies, j'y reviendrai tout à l'heure. La pertinence de nos anticipations prouve que notre Parti est en mouvement, qu'il travaille, sait percevoir le monde qui bouge.
Ceci démontre aussi le niveau de culture politique des Radicaux, votre niveau de culture politique, et d'ailleurs, s'il fallait s'en convaincre, il n'y avait qu'à entendre il y a un instant, la qualité des rapports présentés par Alain Tourret -au nom du Forum " Le citoyen entre VIè République et République monde " qu'ont animé avec talent Elisabeth Boyer et Jean-Jacques Augier et aussi à l'instant par Thierry Jeantet -au nom du forum " Science, éthique, économie : quelle morale pour l'humain ? " animé avec le même talent par Catherine Lalumière et Jean-François Cervel. Je tiens à les remercier, je tiens à vous remercier, de ce travail et aussi à féliciter l'ensemble des participants pour le remarquable niveau de leurs débats et la pertinence des propositions.
Nous avons là, sur des sujets d'actualité, matière à ouvrir la discussion avec les citoyens et aussi, à montrer l'originalité des radicaux. Bien sûr, je n'oublierai pas d'associer à ces éloges Colette Huvenne et Alain Tourret qui ont présidé l'atelier consacré à la préparation des municipales. C'est un sujet qui bien naturellement va beaucoup nous occuper, va beaucoup vous occuper, dans les mois qui viennent.
Je n'oublierai pas non plus, ô combien, d'évoquer le travail de Joëlle Dusseau et de toute l'équipe de " Femmes radicales ", enfin le travail remarquable réalisé par Patrice Lefeu sur le difficile sujet de la communication et de la formation de nos délégués régionaux sur ce sujet, c'est une première, et enfin les jeunes radicaux ; je ne peux les citer individuellement et d'ailleurs ils ne le souhaitent pas puisque j'ai cru comprendre que leur fonctionnement était collectif, comme la République a ses origines, mais j'ai lu tout à l'heure les conclusions de leur atelier et les positions politiques qu'ils ont pris quant à l'actualité, je tiens eux aussi à les féliciter de leur maturité politique et à leur dire combien nous partageons ces opinions et ces prises de positions.
Oui, nous avons là, des sujets d'actualité matière à ouvrir la discussion avec les citoyens, et aussi je le répète, à montrer l'originalité de nos propositions. Notre ami le Sénateur Gérard Delfau, remplacé au dernier moment, et je l'en remercie, par Laurent Chaffard. Notre ami m'a chargé de vous dire sa peine de n'être parmi nous : il est retenu par des problèmes familiaux suffisamment graves qui lui ont interdit de participer à notre université, et c'est la raison pour laquelle c'est Laurent Chaffard tout à l'heure qui a présenté tout à l'heure le Manifeste Municipal. Ce Manifeste est un travail formidable et aussi un outil indispensable à chacune et chacun d'entre vous pour les prochaines élections municipales.
Merci aussi à nos invités, Pierre Larrouturou, Thierry Leterre et Jaume Renyer, radical catalan qui défend lui aussi, j'y reviendrait ô combien, le droit à la différence et sa langue. Merci donc à tous trois d'avoir enrichi nos rencontres de leurs idées.
Merci enfin, et j'ai envie de dire surtout, à toute l'équipe qui a organisé cette université d'été. La fédération des Hautes-Pyrénées dans son ensemble, son président Claude Gaits, François Fortassin, Président du Conseil général, qui in extremis s'est racheté, à tenu parole, en nous mettant le beau temps, car moi je sais qu'il est vrai qu'il fait la pluie et le beau temps dans ce département. Michel Pelieu, le Maire et Conseiller général de Loudenvielle et de ce canton, qui nous accueille dans ces superbes réalisations qui montrent aussi, et c'est important, ce que savent faire les Radicaux quand on leur confie la gestion des affaires locales. Merci aussi à Jeanine, à Maryse, à Noël et à Gérard, vous pouvez vraiment les applaudir parce qu'avec Michel, c'est vraiment eux qui ont tout organisé. Merci Michel, merci Jeanine, merci Maryse, merci Noël, merci Gérard. Bien sûr, je n'oublierai pas de saluer Madame la Députée, notre députée radicale des Hautes-Pyrénées Chantal Robin-Rodrigo. Mais, je n'oublie pas non plus que rien n'aurait été possible sans toute l'équipe du siège Pascal, Magali et surtout Evelyne et Cécile qui chaque année sont les chevilles ouvrières de notre réunion de rentrée. Merci Evelyne, merci Cécile, merci à toute l'équipe.
Il me reste à saluer nos amis du R.C.D. algérien, parti frère, parti courageux, parti laïc, le seul en Algérie qui uvre pour la démocratie et la liberté. Ils ont souhaité être à nos côtés tout au long de notre université. Nous les saluons, nous les encourageons et nous les soutenons.
Bienvenue aussi à Aloyse Warouvher, Député de la Moselle. Il vient d'adhérer chez nous. C'est un député de plus dans nos troupes. Nous aurons besoin de toutes les convictions et de toutes les forces. Merci Aloyse de nous rejoindre et bienvenue au Parti Radical de Gauche.
Merci enfin à nos ministres, à nos parlementaires qui ont participé largement à cette université d'été. Nos ministres, qui de la première minute, vendredi après-midi à la dernière dans un instant, je ne crois pas anticiper, vous ne comptez pas partir pendant mon discours, Roger-Gérard, François ; alors merci et merci d'être -parce que vous êtes des militants- au milieu des militants. Merci à tous deux et merci pour le travail que vous faites au gouvernement pour faire avancer nos idées.
Mes chers amis,
Vous en conviendrez, l'actualité politique est, d'une densité assez exceptionnelle à cette rentrée : référendum sur le quinquennat, processus de Matignon sur la Corse, nouvelle étape de la décentralisation, départ du Ministre de l'Intérieur, réforme fiscale, présidence française de l'Union européenne. Je m'arrêterai là, mais cela suffit déjà à une belle actualité politique dès les premiers jours de septembre.
Et les Radicaux, qui ont sur tous ces sujets, des propositions précises et même parfois des positions anciennes -je pense Catherine Lalumière, plus particulièrement à la construction européenne- ne pourront que se réjouir de voir resurgir enfin le débat idéologique qui nous donne non seulement la possibilité de nous exprimer mais surtout la possibilité de peser à nouveau sur les dossiers.
En effet, ces quinze dernières années ont été largement dominées, hélas d'ailleurs, par la crise économique, les restructurations industrielles, le chômage et la nécessaire solidarité qui constituaient, en terme d'action politique, des priorités absolues. C'est ainsi que la réforme de l'Etat et la modernisation des institutions ont été reléguées au second plan par rapport à l'urgence de ces problèmes économiques et sociaux.
Aujourd'hui, parce que le gouvernement de Lionel Jospin a remporté, nous le savons et les Français le voient bien, des succès considérables en matière de lutte pour l'emploi et aussi dans le domaine économique, ces sujets reviennent avec d'autant plus de force que la solution a beaucoup trop attendu.
Après le primat de l'économie et tout en gardant, bien naturellement, une gestion avisée dans ce domaine, nous retrouvons enfin une capacité à faire de vrais choix politiques que les citoyens peuvent et doivent désormais arbitrer. Et pour nous situer dans cette actualité brûlante et aussi pour rester cohérent avec mon énoncé d'il y a un instant, je traiterai tout d'abord des institutions.
Dans quelques jours, en effet, nous aurons à nous prononcer par voie de référendum pour savoir si nous sommes favorables au quinquennat. Il y a déjà bien longtemps que les radicaux se sont forgés des convictions sur ce sujet : Je le dis donc très clairement et sans hésitation. Le PRG appelle franchement à voter oui.
Mais nous restons, j'ai envie de dire sur notre faim, car une fois de plus au lieu de prendre les choses dans leur globalité -et ce fut déjà le cas pour le non cumul des mandats, la parité, la réforme des scrutins régionaux et sénatoriaux- une fois de plus disais-je c'est une mesurette que l'on nous propose. Certes, il est vrai, cette fois-ci, en consultant l'ensemble des Français, mais la forme n'y change rien.
Et d'ailleurs, quant à cette consultation, je ne doute pas qu'il faudra tout le talent des militants radicaux décidés et déterminés comme vous l'êtes pour persuader, dans vos départements respectifs, les citoyens d'aller voter tant il est vrai qu'ils conçoivent que l'on reste là, au milieu du guet, pour ne pas dire au premier tiers et que c'est une plus vaste reforme des institutions dont nous avons besoin.
Ce que nous voulons, nous radicaux, c'est un véritable changement de République tant il y est vrai que nous n'avons jamais considéré, depuis son origine, la Vème comme un modèle idéal. Dès 1962, Pierre Mendès-France écrivait dans " La République Moderne " : " Personne ne croit à la survie de la Vème République et se pose donc, dès maintenant, le problème de ce qui viendra après ".
Il faut donc arriver à ce moment souhaité par Pierre Mendès-France, l'après Vè République. C'est à dire bien entendu la VIè République que nous appelons de nos vux, et pour laquelle d'ailleurs nos députés et nos sénateurs ont déposé tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat, une proposition de loi constitutionnelle en 70 articles, qui est un travail extraordinaire, dont je veux les remercier collectivement et qui fixe clairement et de manière précise un ordre institutionnel nouveau à la France.
Une République réellement démocratique avec face au pouvoir présidentiel un vrai contre-pouvoir qui, bien sûr, ne peut être que parlementaire. Députés et Sénateurs élus, le même jour, pour cinq ans, le même jour que le Président de la République, et dotés désormais de prérogatives -sciemment supprimées rappelons le par le Général de Gaulle qui voulait -et qui a d'ailleurs hélas plutôt bien réussi en la matière, c'est d'ailleurs un de ces rares succès- un Parlement croupion voire godillot- donc un véritable pouvoir parlementaire et de véritables prérogatives qui leur permette de vraiment remplir leur tâche d'élus du peuple en pesant fortement sur les grandes décisions qui engagent le pays à commencer par l'essentiel, c'est à dire la procédure budgétaire qui, nous le souhaitons doit devenir d'origine parlementaire.
Alors, bien sûr cela sous-entend au nom de l'équilibre des pouvoirs un Président de la République débarrassé de toute possibilité de violence à l'encontre du Parlement, et je pense en particulier au droit de dissolution, au 49.3 et au système actuel de la censure qui oblige la majorité, même si des désaccords existent, à se soumettre ou à renverser le gouvernement.
En ce qui me concerne, je pense aussi que cette logique de régime présidentiel doit nous amener à supprimer le poste de Premier Ministre, le Président de la République formant lui-même le gouvernement qu'il dirige et venant défendre sa politique devant les deux chambres.
Enfin, pour être complète, cette réforme doit aussi traiter de la décentralisation. Bien sûr, je sais que le débat entre Jacobins et Girondins est loin d'être éteint et que même il existe dans notre propre formation politique.
Cependant force est de constater que la France est parmi les grandes nations de l'Union européenne, le pays le plus centralisé, et que cet état de fait, n'en déplaise à certains, est désormais un handicap, dans la mesure, où tout d'abord, les citoyens réclament -et ils ont raison- un pouvoir toujours plus proche d'eux et aussi parce que l'on ne pourra construire un Etat vraiment moderne avec le système actuel, facteur de complexités et de lourdeur, qui voit encore toutes les décisions importantes, tant sur le plan politique qu'économique se prendre à Paris. Nous ne pouvons, même si notre histoire est différente de celle des autres grandes nations européennes qui sont des nations fédérales, nous ne pouvons continuer à faire exception dans de telles proportions.
Il est grand temps de voir l'Etat s'occuper sérieusement de ses fonctions régaliennes, ce qui est loin d'être le cas. Il est grand temps de voir l'Etat organiser sa déconcentration et réorganiser aussi son administration territoriale. Il est grand temps de fixer clairement les compétences des collectivités et aussi les compétences entre collectivités. Oui, il est grand temps de remettre en chantier la décentralisation laissée en jachère, pour ne pas dire remise en cause depuis tant d'années.
C'est d'ailleurs le travail de la Commission Mauroy au sein de laquelle je vous représente et c'est aussi un travail auquel s'est livré l'une d'entre nous, Claudette Brunet-Lechenault au Conseil Economique et Social.
Et puisque je parle de pouvoir local et puisque je parle de décentralisation, j'en viens tout naturellement, vous l'imaginez, à évoquer la question corse car pour moi, je tiens à le dire ex-abrupto. Car pour moi, même si elle comporte, ô combien, une forte spécificité, la Corse est partie intégrante du débat général sur la décentralisation et, je sais que je parle devant un orfèvre, puisque je parle devant notre ami, Paul Giaccobi, Président du Conseil général de Haute-Corse. Nous sommes heureux, mon cher Paul, de voir les Radicaux corses présents à notre université d'été.
Oui, ce débat, qui là-bas comme ailleurs, là-bas il est vrai peut être même un peu plus qu'ailleurs, touche à la reconnaissance historique et culturelle des grandes provinces françaises. Ce débat qui, dans le droit fil des décisions du Conseil de l'Europe touche également à la défense des langues régionales et minoritaires, ma chère Catherine Lalumière.
Et nous savons, ici en Occitanie, peut être encore plus que dans d'autres régions, ce que cela signifie, nous qui avons vu notre culture, notre langue et notre organisation sociale et politique, tellement -à l'époque- empreintes de tolérance et de respect, anéanties par Simon de Montfort, je suis navré Alain, un Normand, mais celui là on ne l'aime pas trop par ici.
De plus, il me semble que nous avons aussi à réfléchir sur la cohérence de statut entre les îles méditerranéennes, qui à l'exception de la Corse, ont toutes un statut particulier. Alors après avoir mûrement pensé à tout cela, après que le Bureau national se soit prononcé mercredi, je peux vous dire aujourd'hui sans ambages :
Oui, le processus Matignon est légitime et nécessaire après tant d'années d'ambiguïtés et de maladresses largement d'ailleurs partagées par les uns et les autres.
Oui, la méthode du dialogue initié par le Premier Ministre est la bonne car personne n'a encore trouvé mieux que le dialogue pour débloquer une situation ô combien difficile là-bas.
Oui, les étapes telles que préconisées m'apparaissent pertinentes pour rapprocher des points de vue, le moins que l'on puisse dire, très différents, qui je l'espère, et nous le souhaitons tous, ne sont pas irréconciliables.
Enfin, mes amis, le processus entamé est le seul moyen de tenter d'établir durablement la paix dans l'île et c'est bien en dehors de quelques va-t-en-guerre ultra-minoritaires, ce que tout le monde souhaite ici comme ailleurs. Bien sûr, les provocations, les lâchetés et même les crimes de sang qui parsèment ce douloureux chemin me scandalisent comme vous, mais nous savons combien, sur les sujets compliqués et graves, il ne faut surtout pas se départir de la ligne politique choisie quelles que soient les méthodes de vos adversaires. C'est ce que fait Lionel Jospin et il a raison.
Comment, en Corse comme ailleurs, lorsqu'il s'agit de ramener la paix civile et d'assurer la sécurité des citoyens ; pourrions-nous poser en préalable la cessation de la violence, ce serait mes amis, même si bien sûr nous la souhaitons, remettre dans la main de quelques poseurs de bombes, la possibilité à tous instants de bloquer le processus. Ce n'est pas ce que nous avons fait en Nouvelle-Calédonie, et nous avons réussi en Nouvelle-Calédonie dans une situation tout aussi difficile, ce n'est pas ce que Tony Blair a fait en Irlande du Nord, ce n'est pas ce historiquement nous avons fait dans d'autres moments difficiles de l'histoire de ce pays, je veux parler de la décolonisation.
Il faut, en Corse, séparer la revendication politique des élus, et il y a aussi, même s'ils sont minoritaires des élus autonomistes, du grand banditisme qui, bien entendu, cherchent à se replier sur la revendication politique pour essayer, le moment venu, au cas où l'on se ferait attraper, d'obtenir des peines allégées.
Oui, la Corse est partie prenante du territoire de la République, mais elle a droit, parce que elle est spécifique, à un statut particulier. Et des statuts particuliers il en existent déjà beaucoup, plus évolués et beaucoup plus puissants et beaucoup plus profonds de ce que l'on veut faire en Corse. Ils existent sur d'autres secteurs du territoires républicain. Alors, bien sûr, je sais qu'un certain nombre de points vous interpellent plus particulièrement, et je le comprends.
Pour ma part, après je crois pouvoir le dire m'être clairement engagé, je veux dire avec la même détermination que nous ne saurions accepter la moindre amnistie pour les assassins, et pas seulement ceux du Préfet Erignac, tous les assassins, car le meurtre tombe sous le coup de la loi républicaine. Mais ce disant, sur ce sujet comme sur d'autres, l'on discute beaucoup, alors que moi d'après ce que j'ai compris des propos du Premier ministre, ce n'est pas du tout, fort heureusement, à l'ordre du jour. Il ne me semble pas non plus, même si là encore, les interprétations sont différentes entre pouvoir réglementaire et pouvoirs législatifs réels, il ne me semble pas non plus, Il ne nous semble pas non plus, qu'il soit souhaitable de pratiquer en Corse la dévolution du pouvoir législatif, et cela me pose un problème comme à un grand nombre d'entre vous.
Enfin, si nous défendons les langues régionales et j'ai dit il y a un instant combien nous y sommes attachés, j'affirme ici solennellement que la seule langue obligatoire sur le territoire de la République française est le français et que le choix concernant les langues locales, et le Corse comme l'Occitan est une langue locale, doit -comme d'ailleurs les langues étrangères- rester optionnel et du libre arbitre des familles et des individus.
Mais, là encore, laissons du temps au temps, ce processus n'en n'est qu'à son origine, les grands axes qui ont été définis me semblent plutôt être un relevé de décisions des revendications des uns et des autres que la réalité que l'on voudrait nous présenter parfois de discussions pratiquement abouties pour ne pas dire de décisions déjà prises.
Ce processus, vous le savez, s'inscrit sur plusieurs années et n'est pas à l'instant où nous parlons figé et nous aurons, je le pense, l'occasion, souvent, d'y revenir -en liaison avec nos amis corses-, en liaison d'ailleurs, je le souhaite, avec tous nos amis corses et le Bureau national au fur et à mesure de l'avancée de ce processus se déterminera et nous en parlerons aussi en Comité Directeur.
Mais, je n'oublie pas que le Parti Radical de Gauche est la première formation politique de Corse, il était donc normal, souhaitable, indispensable que nous nous prononcions sur ce processus. Nous l'avons fait, clairement, nous avons dit quelles étaient nos réserves. Paul, nous sommes derrière toi et tes amis corses, et maintenant j'espère que grâce à ce Processus de Matignon, nous pourrons dans quelques mois, voire dans quelques années, célébrer, comme nous l'avons fait en Nouvelle-Calédonie, le retour de la paix et de la sécurité sur cette île de beauté qu'est la Corse.
Et, pour en finir sur ce sujet, comme je l'ai fait en abordant ce thème, je veux rentrer dans le cadre plus général, car je le répète, au-delà du problème corse, il y a un immense chantier, qui est celui de la décentralisation, et qui doit nous amener à définir le juste équilibre entre le rôle de l'Etat et la libre administration des collectivités territoriales.
Il s'agit en fait, tout simplement, de concevoir la République décentralisée, respectueuse des différences, gardienne de la laïcité, bien entendu, et de la solidarité entre les territoires. Et, la simple évocation de la République m'amène tout naturellement, vous l'imaginez, à parler de Jean-Pierre Chevènement. Je veux ici, rendre hommage à l'homme d'Etat, à l'homme de conviction, et pour nombre d'entre nous un ami, qui fait entendre dans le monde politique une voix différente. Nous respectons ses engagements, mais tout de même, nous sommes bien loin de tous les partager.
Nos désaccords sur l'Europe sont connus -je me souviens avec Catherine, avec Michel, avec bien d'autres, avec André, la dernière campagne européenne et les difficultés entre nous et les membres du Mouvement des Citoyens, dont on se demande toujours ce qu'ils sont venus faire sur cette liste pro-européenne-, et je dirai même que nos positions sont aux antipodes. Jean-Pierre Chevènement se situe, et même de plus en plus depuis quelques jours, dans le courant souverainiste, anti-européen comme Charles Pasqua, dont les représentants participent, comme le précisaient d'ailleurs les Jeunes Radicaux, à sa propre université d'été, alors que nous Radicaux sommes universalistes et résolument fédéralistes. Voilà pour l'Europe.
Quant à la République, dont on parle beaucoup en ce moment et dont ils parlent beaucoup, c'est vrai nous en avons en commun sa passion -avec tout de même un avantage pour les Radicaux celui d'avoir participé à sa fondation- je ne suis pas sûr que nous en ayons réellement la même définition ?
En tout cas, pour nous Radicaux, si la République est bien sûr une et indivisible, elle est, je le répète, laïque. Cette laïcité, pour laquelle nos aînés se sont tellement engagés, tellement battus. Laïque, c'est à dire tolérante et reconnaissante du droit à la différence et à son expression, elle donne la primauté à l'individu sur les groupes organisés, surtout elle n'est pas figée dans un dogme intangible, mais en mouvement perpétuel afin de la parfaire. La République n'est pas une momie à laquelle on ne pourrait toucher, elle est par nature même, progressiste. Et d'ailleurs, pour tenter de démontrer un peu par rapport à la participation des Radicaux dans cette fondation de la République.
Camille Pelletan, lisant le 23 juin 1901, cela ne vous dit rien, ça va vous dire dans quelques mois ; centenaire du parti républicain radical et radical socialiste, Camille Pelletan lisant donc le programme provisoire et de référence idéologique du tout nouveau parti républicain radical et radical socialiste ne s'écriait-il-pas : " La meilleure façon de défendre la République, c'est de la rendre républicaine ". A quelques mois de notre centenaire, ceci reste bien entendu d'actualité et nous devons nous y atteler à notre façon, qui est oui je le pense différente de celle du MDC, qui est davantage pour une République figée, uniforme et incapable de se remettre en question. La République doit s'inscrire dans la modernité, dans la laïcité, et dans le mouvement, c'est en tout cas la conviction des Radicaux de gauche.
Rendre la République plus républicaine, c'est aussi être vigilant sur la démocratie, qui n'est pas contrairement à ce que l'on croit souvent, consubstantielle de la République -regardez du côté de ce qu'on appelait les Républiques populaires : droits de l'homme, respect des minorités, libertés publiques, bioéthique, problèmes posés par l'évolution de la recherche et des technologies. Demandez à notre Ministre Roger-Gérard Schwartzenberg, orfèvre ô combien sur ce sujet, il y travaille jour et nuit. Il a accepté, pour nous représenter au gouvernement, sur ce portefeuille, de retourner à l'école. François, aussi, mais le Commerce extérieur étant plus connu que la recherche. Mais ils le font tous deux avec talent.
Alors, j'ai envie de dire, que nous avons aussi à mener ce combat pour la démocratie. Il ne s'agit pas simplement d'agiter la notion républicaine, encore faut-il la rendre toujours plus républicaine.
Et puis, au delà du concept républicain, il y a l'action politique. Aujourd'hui, je m'en félicitait il y un instant, nous nous en félicitons tous, la gauche remporte de nombreux succès. La croissance est au rendez-vous, le chômage régresse, bref notre économie se porte bien. En face, l'opposition est balkanisée et incapable de réagir. Alors, je voudrait aussi dire à Jean-Pierre Chevènement dont j'ai lu et entendu les propos : si comme tu l'affirmes le MDC reste bien partie prenante de la majorité plurielle, ne te trompes pas de cible. Tes adversaires sont de l'autre côté et c'est ensemble avec nos autres alliés de la Gauche plurielle que nous aurons à lutter dans les mois qui viennent pour gagner les élections, et c'est important pour la France.
Mes amis,
Depuis plusieurs années, tant à l'occasion de nos congrès que lors de nos universités d'été, nous réclamons une baisse significative des impôts.
Aujourd'hui, nous pouvons nous réjouir de la décision de Lionel Jospin et des mesures présentées jeudi par Laurent Fabius. Elles étaient indispensables si nous voulons que la croissance et la consommation continuent à leur rythme actuel, et aussi parce qu'il est juste de faire bénéficier tous les Français des bons résultats et des recettes supplémentaires engrangées à cette occasion.
En premier lieu, l'impôt sur le revenu : la baisse de l'impôt sur le revenu pour toutes les tranches, c'était une de nos revendications principales, nous nous en félicitons. Et ce d'autant plus que la dégressivité retenue est juste et favorise les plus bas salaires comme d'ailleurs la suppression de la CSG pour ceux qui perçoivent le SMIG. Nous sommes également satisfaits de voir que, là encore, comme nous le demandions depuis longtemps, et comme nos ministres l'ont défendu dans les ultimes arbitrages sur ces sujets, on a enfin pensé aux petites entreprises qui voient le taux de l'IS tomber jusqu'à 15 % pour les 250 000 premiers francs de chiffre d'affaire.
Par contre, même si nous prenons acte de la baisse de 30 % de la TIPP sur le fuel domestique, nous ne pouvons nous résoudre à voir le prix de l'essence atteindre de tels sommets. D'autant plus que sont durement touchés, non seulement les professionnels de l'agriculture et de la pêche, et cela est déjà importante pour intervenir, mais aussi comme le soulignait lors d'un de nos Bureaux nationaux, André Sainjon, l'ensemble des Français, car la voiture est un outil de travail et aussi un moyen populaire de loisirs.
Alors, nous savons bien combien la solution à ce problème est difficile, car il ne suffit pas, contrairement à ce pensent nos concitoyens, de baisser la TIPP, pour que l'essence baisse automatiquement, il suffit qu'en 48 heures, le prix du Baril prenne un demi dollar, pour que cette baisse soit anéantie et que le seul résultat soit des ressources moindres dans les caisses de l'Etat, alors qu'il n'y aura pas de conséquence sur le prix à la pompe.
Néanmoins, nous ne pouvons nous satisfaire de la situation, même si un certain nombre de garde fous ont été posés par Laurent Fabius.
Et ce n'est pas la suppression de la vignette qui apportera beaucoup d'aisance aux portefeuilles des automobilistes, tant il est vrai que si l'on peut toujours se réjouir de voir un impôt disparaître, surtout lorsqu'il était précaire, et qu'il a duré 44 ans, surtout lorsque l'on voit qu'il a été plutôt dévoyé de son but initial qui était de s'occuper des personnes âgées, néanmoins, on ne peut considérer que la suppression d'une dépense annuelle peut compenser un plein d'essence hebdomadaire.
Et de plus, puisque je parlerai de décentralisation, c'est un mauvais coup porté à la décentralisation, quant on sait que l'autonomie et la liberté des collectivités territoriales sont fondées sur leur droit à fixer et percevoir l'impôt. Alors après la part salariale de la Taxe Professionnelle, les droits de mutation, la part régionale de la taxe d'habitation, voici encore emboîté le pas de ceux qui veulent remettre les collectivités territoriales sous tutelle.
Nous regrettons, oui nous regrettons, que la demande des Radicaux concernant la suppression de la redevance TV n'est pas enfin été prise en compte. Nous considérons qu'il s'agissait là d'une mesure bien meilleure et plus profitable que la suppression de la vignette. Et cela aurait été beaucoup plus équitable.
Et pour en terminer avec ce sujet de la fiscalité, et sachant que là encore dans les ultimes arbitrages, j'ai parlé avec nos ministres à quelques heures de l'annonce de ce plan, et jusqu'au bout ils ont tenté d'obtenir, ce que bien naturellement, l'ancien Ministre du tourisme souhaite depuis longtemps ; je veux parler de l'alignement du taux de TVA des restaurateurs à celui en vigueur dans la restauration rapide, qui est une hérésie, quand on sait que Mac Donald et autres, ont une TVA à 5,5 % et que nos restaurants de la Vallée du Louron et des Hautes-Pyrénées, sont à 19,6 %.
Je vois que quand on parle de bonne bouffe, ça marche chez les Radicaux.
J'en viens maintenant à l'Europe. Sujet ô combien sérieux, hélas un peu oublié ces derniers temps alors que nous assumons -depuis trois mois- la présidence de l'Union. Je ne peux me résoudre à considérer que la présidence française, que François Mitterrand nous avait habitués à rendre flamboyante dans la mesure où des avancées significatives se produisaient chaque fois que cet honneur nous revenait, que cette présidence se déroule justement sans progrès significatif vers un idéal pour lequel les Radicaux combattent depuis plusieurs décennies : je veux parler de l'Europe fédérale entre autre et des étapes nécessaires pour atteindre cet objectif.
Non, il ne faut pas manquer d'ambition car les peuples de l'Europe attendent autre chose qu'une énième CIG pour se sentir vraiment concernés, même si bien sûr elle est indispensable. Et d'ailleurs, même si le débat a enfin repris ces derniers mois grâce au projet de constitution européenne que le PRG avait été parmi les premiers à proposer.
Alors, bien sûr, nous comprenons que la Charte des droits fondamentaux des citoyens de l'Union est une étape intermédiaire nécessaire et nous avons déjà dit que nous la soutenons, mais il faut avoir plus d'ambition et l'aboutissement reste bien la Constitution européenne avec un président des Etats-Unis d'Europe élu au suffrage universel. C'est notre objectif et nous devrons uvrer pour y arriver ensemble.
D'ailleurs, comme vous l'avez dit, avec talent et cela vient juste d'être rapporté, l'échelle du monde doit comme la plus locale être traversée par ce courant de réformes institutionnelles. La mobilisation de la société civile internationale à Seattle, Genève, Davos et partout où se retrouvent les grands argentiers de la planète, témoigne bien de la peur et de l'angoisse des hommes face à la mondialisation et aux besoins de peser et d'agir sur les événements. François Huwart, qui en charge du commerce extérieur au sein du gouvernement, et qui du coup se trouve partie prenante pourrait en témoigner devant vous avec talent.
Avec le concept de République monde, nous voulons décliner les principes de transparence, de précaution et d'équilibre écologique au niveau de toutes les organisations internationales, ONU, OMC, FMI de façon à faire progresser -réellement- l'idée d'un " Contrat social universel " pour réguler la mondialisation.
Voilà, mes amis, ce que je souhaitais, sur l'actualité la plus chaude, ce matin, devant vous aborder pour bien fixer le cap pour les semaines et les mois à venir, concernant les positions qui sont claires et déterminées des Radicaux de gauche quant à l'actualité politique.
Je voudrais aussi, je vous rassure brièvement, devant vous, faire le point sur la vie du Parti depuis notre dernier congrès, et tracer aussi les grands axes de travail qui vont nous conduire aux échéances de 2001 voire 2002, sans oublier la campagne référendaire.
Le 26 mars dernier, lors de ce beau congrès de Paris, vous m'avez fait l'honneur de m'élire pour un nouveau mandat. J'avais attaché ma candidature à un certain nombre d'engagements écrits, sur lesquels je souhaite, d'ores et déjà, revenir, non pour les remettre en cause, mais pour mesurer le travail accompli et préciser ce qui reste à faire.
Concernant les instances, j'ai scrupuleusement appliqué les nouveaux statuts : la parité est une réalité au PRG, et j'espère que la composition des instances départementales et régionales refléteront bientôt, l'organisation nationale, et je vous souhaite bien du plaisir.
L'équipe de direction a aussi été rajeunie et travaille comme cela avait été souhaité par tout le monde et travaille de manière plus collective. Les Jeunes Radicaux, je les ai cités plusieurs fois ce matin, sont de nouveau constitués en organisation nationale.
Le résultat ne s'est pas fait attendre et grâce à l'action de toute l'équipe de l'Atelier qui a fourni un excellent travail, et en plus du Manifeste municipal qui est à votre disposition et que j'ai déjà évoqué au début de mon intervention, nous vous remettons aujourd'hui une brochure de référence idéologique " La Nouvelle République ", qui présente les principales propositions du Parti sur les grands sujets d'actualité avec une version abrégée sous forme de prospectus à distribuer dans les lieux publics, elle est l'uvre d'Elisabeth Boyer.
Vous pourrez aussi emporter une plaquette historique et programmatique de présentation du PRG, uvre également de l'Atelier, préparée par Patrice Lefeu, qui sera envoyée à tous les militants et aux fédérations qui en feront la demande comme outil de communication.
Je sais également que Thierry Jeantet travaille à préparer le " Manifeste radical pour le XXIème siècle ". Voilà donc, mes amis, à votre disposition, de quoi uvrer utilement pour faire connaître vos idées, pour faire connaître nos idées et à mener campagne. Ce que vous allez d'ailleurs faire dès la semaine prochaine, puisque la campagne sur le quinquennat s'ouvre dans une semaine. Patrice Lefeu, Secrétaire Général adjoint, en charge de la communication a préparé affiches, tracts et matériel de campagne que vous avez pu découvrir durant ce week-end.
Quant à notre campagne officielle, le nombre de nos parlementaires, nous donne accès à la télévision et à la radio. Nous avons choisi Serge Moati pour réaliser un film qui portera le message du PRG à l'occasion de cette campagne officielle.
Mes chers amis, notre université se termine. Je crois que l'on peut dire que nous avons ensemble bien travaillé, nous avons aussi, à des degrés divers, mais cela c'est vu ce matin à l'aune des heures d'arrivée, fêté l'amitié comme nous en avons la tradition, et je m'en félicite.
Cependant, le temps n'est pas au repos, car de lourdes tâches vous attendent. Il s'agit, Radicaux, de mener la campagne, de porter partout le message radical et aussi de préparer pour le mieux les échéances électorales qui approchent.
Je sais, pour cela, pouvoir compter sur vous et je connais votre ardeur à la tâche. Vous pouvez aussi compter sur moi, vous pouvez compter sur toute la Direction. Toute l'équipe de direction est à votre disposition pour porter haut et fort les couleurs du radicalisme.
Vous allez en avoir l'occasion durant cette première campagne puis, immédiatement dans la foulée, après les négociations que vous menez avec talent, conviction et force, vous allez vous engager dans la campagne municipale, dans la campagne des cantonales, et je ne doute pas que le nombre d'élus radicaux qui ressortira de ces élections sera supérieur à ce que nous connaissons aujourd'hui ; cela nous l'obtiendrons, comme nous obtiendrons l'année suivante des députés supplémentaires pour les élections législatives. Nous l'obtiendrons grâce à votre travail, parce que je vous sais déterminés, parce que je vous sais enthousiastes, parce que je connais votre ardeur au combat, parce que je sais votre boulot sur le terrain, parce que vous êtes aujourd'hui réunis dans un enthousiaste formidable.
C'est cela le radicalisme. Nous portons ces valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité. Nous sommes les " bâtisseurs de la République " et c'est un des thèmes que nous avons retenu pour cette campagne électorale, d'être membre du parti qui a bâti la République, cela vous créé des devoirs. Ces devoirs, je vous encourage à allez les remplir immédiatement. Allez les Radicaux, on y va, au combat, au boulot.
(source http://www.radical-gauche.org, le 5 septembre 2000)
UNIVERSITE D'ETE DE VAL LOURON
1er, 2 et 3 septembre 2000
Jean-Michel BAYLET
Chers amis radicaux,
A chacun de nos congrès, à chacune de nos universités d'été, quand je vous vois, et c'est le cas aujourd'hui, de plus en plus nombreux, militants assidus et exigeants, j'en arrive à ressentir un véritable sentiment de retrouvailles familiales.
Et cette famille radicale, je souhaite qu'elle soit forte, exemplaire par la confiance qu'elle apporte à chacun d'entre vous et qu'elle démontre de manière permanente son apport original au débat politique ; en quelque sorte, j'ai envie de dire, son utilité publique : la pensée collective, une vision d'avenir sur la France et l'Europe, des perspectives institutionnelles, une bonne réactivité aux événements.
Et à ce sujet, je tiens à vous dire que je suis particulièrement heureux que nous ayons si bien anticipé, dès le Congrès du mois de mars, les questions politiques majeures qui allaient être dans l'actualité à cette rentrée : réforme de la décentralisation, nous en avons parlé au Congrès, baisse des impôts, nous la réclamions, progrès des biotechnologies, j'y reviendrai tout à l'heure. La pertinence de nos anticipations prouve que notre Parti est en mouvement, qu'il travaille, sait percevoir le monde qui bouge.
Ceci démontre aussi le niveau de culture politique des Radicaux, votre niveau de culture politique, et d'ailleurs, s'il fallait s'en convaincre, il n'y avait qu'à entendre il y a un instant, la qualité des rapports présentés par Alain Tourret -au nom du Forum " Le citoyen entre VIè République et République monde " qu'ont animé avec talent Elisabeth Boyer et Jean-Jacques Augier et aussi à l'instant par Thierry Jeantet -au nom du forum " Science, éthique, économie : quelle morale pour l'humain ? " animé avec le même talent par Catherine Lalumière et Jean-François Cervel. Je tiens à les remercier, je tiens à vous remercier, de ce travail et aussi à féliciter l'ensemble des participants pour le remarquable niveau de leurs débats et la pertinence des propositions.
Nous avons là, sur des sujets d'actualité, matière à ouvrir la discussion avec les citoyens et aussi, à montrer l'originalité des radicaux. Bien sûr, je n'oublierai pas d'associer à ces éloges Colette Huvenne et Alain Tourret qui ont présidé l'atelier consacré à la préparation des municipales. C'est un sujet qui bien naturellement va beaucoup nous occuper, va beaucoup vous occuper, dans les mois qui viennent.
Je n'oublierai pas non plus, ô combien, d'évoquer le travail de Joëlle Dusseau et de toute l'équipe de " Femmes radicales ", enfin le travail remarquable réalisé par Patrice Lefeu sur le difficile sujet de la communication et de la formation de nos délégués régionaux sur ce sujet, c'est une première, et enfin les jeunes radicaux ; je ne peux les citer individuellement et d'ailleurs ils ne le souhaitent pas puisque j'ai cru comprendre que leur fonctionnement était collectif, comme la République a ses origines, mais j'ai lu tout à l'heure les conclusions de leur atelier et les positions politiques qu'ils ont pris quant à l'actualité, je tiens eux aussi à les féliciter de leur maturité politique et à leur dire combien nous partageons ces opinions et ces prises de positions.
Oui, nous avons là, des sujets d'actualité matière à ouvrir la discussion avec les citoyens, et aussi je le répète, à montrer l'originalité de nos propositions. Notre ami le Sénateur Gérard Delfau, remplacé au dernier moment, et je l'en remercie, par Laurent Chaffard. Notre ami m'a chargé de vous dire sa peine de n'être parmi nous : il est retenu par des problèmes familiaux suffisamment graves qui lui ont interdit de participer à notre université, et c'est la raison pour laquelle c'est Laurent Chaffard tout à l'heure qui a présenté tout à l'heure le Manifeste Municipal. Ce Manifeste est un travail formidable et aussi un outil indispensable à chacune et chacun d'entre vous pour les prochaines élections municipales.
Merci aussi à nos invités, Pierre Larrouturou, Thierry Leterre et Jaume Renyer, radical catalan qui défend lui aussi, j'y reviendrait ô combien, le droit à la différence et sa langue. Merci donc à tous trois d'avoir enrichi nos rencontres de leurs idées.
Merci enfin, et j'ai envie de dire surtout, à toute l'équipe qui a organisé cette université d'été. La fédération des Hautes-Pyrénées dans son ensemble, son président Claude Gaits, François Fortassin, Président du Conseil général, qui in extremis s'est racheté, à tenu parole, en nous mettant le beau temps, car moi je sais qu'il est vrai qu'il fait la pluie et le beau temps dans ce département. Michel Pelieu, le Maire et Conseiller général de Loudenvielle et de ce canton, qui nous accueille dans ces superbes réalisations qui montrent aussi, et c'est important, ce que savent faire les Radicaux quand on leur confie la gestion des affaires locales. Merci aussi à Jeanine, à Maryse, à Noël et à Gérard, vous pouvez vraiment les applaudir parce qu'avec Michel, c'est vraiment eux qui ont tout organisé. Merci Michel, merci Jeanine, merci Maryse, merci Noël, merci Gérard. Bien sûr, je n'oublierai pas de saluer Madame la Députée, notre députée radicale des Hautes-Pyrénées Chantal Robin-Rodrigo. Mais, je n'oublie pas non plus que rien n'aurait été possible sans toute l'équipe du siège Pascal, Magali et surtout Evelyne et Cécile qui chaque année sont les chevilles ouvrières de notre réunion de rentrée. Merci Evelyne, merci Cécile, merci à toute l'équipe.
Il me reste à saluer nos amis du R.C.D. algérien, parti frère, parti courageux, parti laïc, le seul en Algérie qui uvre pour la démocratie et la liberté. Ils ont souhaité être à nos côtés tout au long de notre université. Nous les saluons, nous les encourageons et nous les soutenons.
Bienvenue aussi à Aloyse Warouvher, Député de la Moselle. Il vient d'adhérer chez nous. C'est un député de plus dans nos troupes. Nous aurons besoin de toutes les convictions et de toutes les forces. Merci Aloyse de nous rejoindre et bienvenue au Parti Radical de Gauche.
Merci enfin à nos ministres, à nos parlementaires qui ont participé largement à cette université d'été. Nos ministres, qui de la première minute, vendredi après-midi à la dernière dans un instant, je ne crois pas anticiper, vous ne comptez pas partir pendant mon discours, Roger-Gérard, François ; alors merci et merci d'être -parce que vous êtes des militants- au milieu des militants. Merci à tous deux et merci pour le travail que vous faites au gouvernement pour faire avancer nos idées.
Mes chers amis,
Vous en conviendrez, l'actualité politique est, d'une densité assez exceptionnelle à cette rentrée : référendum sur le quinquennat, processus de Matignon sur la Corse, nouvelle étape de la décentralisation, départ du Ministre de l'Intérieur, réforme fiscale, présidence française de l'Union européenne. Je m'arrêterai là, mais cela suffit déjà à une belle actualité politique dès les premiers jours de septembre.
Et les Radicaux, qui ont sur tous ces sujets, des propositions précises et même parfois des positions anciennes -je pense Catherine Lalumière, plus particulièrement à la construction européenne- ne pourront que se réjouir de voir resurgir enfin le débat idéologique qui nous donne non seulement la possibilité de nous exprimer mais surtout la possibilité de peser à nouveau sur les dossiers.
En effet, ces quinze dernières années ont été largement dominées, hélas d'ailleurs, par la crise économique, les restructurations industrielles, le chômage et la nécessaire solidarité qui constituaient, en terme d'action politique, des priorités absolues. C'est ainsi que la réforme de l'Etat et la modernisation des institutions ont été reléguées au second plan par rapport à l'urgence de ces problèmes économiques et sociaux.
Aujourd'hui, parce que le gouvernement de Lionel Jospin a remporté, nous le savons et les Français le voient bien, des succès considérables en matière de lutte pour l'emploi et aussi dans le domaine économique, ces sujets reviennent avec d'autant plus de force que la solution a beaucoup trop attendu.
Après le primat de l'économie et tout en gardant, bien naturellement, une gestion avisée dans ce domaine, nous retrouvons enfin une capacité à faire de vrais choix politiques que les citoyens peuvent et doivent désormais arbitrer. Et pour nous situer dans cette actualité brûlante et aussi pour rester cohérent avec mon énoncé d'il y a un instant, je traiterai tout d'abord des institutions.
Dans quelques jours, en effet, nous aurons à nous prononcer par voie de référendum pour savoir si nous sommes favorables au quinquennat. Il y a déjà bien longtemps que les radicaux se sont forgés des convictions sur ce sujet : Je le dis donc très clairement et sans hésitation. Le PRG appelle franchement à voter oui.
Mais nous restons, j'ai envie de dire sur notre faim, car une fois de plus au lieu de prendre les choses dans leur globalité -et ce fut déjà le cas pour le non cumul des mandats, la parité, la réforme des scrutins régionaux et sénatoriaux- une fois de plus disais-je c'est une mesurette que l'on nous propose. Certes, il est vrai, cette fois-ci, en consultant l'ensemble des Français, mais la forme n'y change rien.
Et d'ailleurs, quant à cette consultation, je ne doute pas qu'il faudra tout le talent des militants radicaux décidés et déterminés comme vous l'êtes pour persuader, dans vos départements respectifs, les citoyens d'aller voter tant il est vrai qu'ils conçoivent que l'on reste là, au milieu du guet, pour ne pas dire au premier tiers et que c'est une plus vaste reforme des institutions dont nous avons besoin.
Ce que nous voulons, nous radicaux, c'est un véritable changement de République tant il y est vrai que nous n'avons jamais considéré, depuis son origine, la Vème comme un modèle idéal. Dès 1962, Pierre Mendès-France écrivait dans " La République Moderne " : " Personne ne croit à la survie de la Vème République et se pose donc, dès maintenant, le problème de ce qui viendra après ".
Il faut donc arriver à ce moment souhaité par Pierre Mendès-France, l'après Vè République. C'est à dire bien entendu la VIè République que nous appelons de nos vux, et pour laquelle d'ailleurs nos députés et nos sénateurs ont déposé tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat, une proposition de loi constitutionnelle en 70 articles, qui est un travail extraordinaire, dont je veux les remercier collectivement et qui fixe clairement et de manière précise un ordre institutionnel nouveau à la France.
Une République réellement démocratique avec face au pouvoir présidentiel un vrai contre-pouvoir qui, bien sûr, ne peut être que parlementaire. Députés et Sénateurs élus, le même jour, pour cinq ans, le même jour que le Président de la République, et dotés désormais de prérogatives -sciemment supprimées rappelons le par le Général de Gaulle qui voulait -et qui a d'ailleurs hélas plutôt bien réussi en la matière, c'est d'ailleurs un de ces rares succès- un Parlement croupion voire godillot- donc un véritable pouvoir parlementaire et de véritables prérogatives qui leur permette de vraiment remplir leur tâche d'élus du peuple en pesant fortement sur les grandes décisions qui engagent le pays à commencer par l'essentiel, c'est à dire la procédure budgétaire qui, nous le souhaitons doit devenir d'origine parlementaire.
Alors, bien sûr cela sous-entend au nom de l'équilibre des pouvoirs un Président de la République débarrassé de toute possibilité de violence à l'encontre du Parlement, et je pense en particulier au droit de dissolution, au 49.3 et au système actuel de la censure qui oblige la majorité, même si des désaccords existent, à se soumettre ou à renverser le gouvernement.
En ce qui me concerne, je pense aussi que cette logique de régime présidentiel doit nous amener à supprimer le poste de Premier Ministre, le Président de la République formant lui-même le gouvernement qu'il dirige et venant défendre sa politique devant les deux chambres.
Enfin, pour être complète, cette réforme doit aussi traiter de la décentralisation. Bien sûr, je sais que le débat entre Jacobins et Girondins est loin d'être éteint et que même il existe dans notre propre formation politique.
Cependant force est de constater que la France est parmi les grandes nations de l'Union européenne, le pays le plus centralisé, et que cet état de fait, n'en déplaise à certains, est désormais un handicap, dans la mesure, où tout d'abord, les citoyens réclament -et ils ont raison- un pouvoir toujours plus proche d'eux et aussi parce que l'on ne pourra construire un Etat vraiment moderne avec le système actuel, facteur de complexités et de lourdeur, qui voit encore toutes les décisions importantes, tant sur le plan politique qu'économique se prendre à Paris. Nous ne pouvons, même si notre histoire est différente de celle des autres grandes nations européennes qui sont des nations fédérales, nous ne pouvons continuer à faire exception dans de telles proportions.
Il est grand temps de voir l'Etat s'occuper sérieusement de ses fonctions régaliennes, ce qui est loin d'être le cas. Il est grand temps de voir l'Etat organiser sa déconcentration et réorganiser aussi son administration territoriale. Il est grand temps de fixer clairement les compétences des collectivités et aussi les compétences entre collectivités. Oui, il est grand temps de remettre en chantier la décentralisation laissée en jachère, pour ne pas dire remise en cause depuis tant d'années.
C'est d'ailleurs le travail de la Commission Mauroy au sein de laquelle je vous représente et c'est aussi un travail auquel s'est livré l'une d'entre nous, Claudette Brunet-Lechenault au Conseil Economique et Social.
Et puisque je parle de pouvoir local et puisque je parle de décentralisation, j'en viens tout naturellement, vous l'imaginez, à évoquer la question corse car pour moi, je tiens à le dire ex-abrupto. Car pour moi, même si elle comporte, ô combien, une forte spécificité, la Corse est partie intégrante du débat général sur la décentralisation et, je sais que je parle devant un orfèvre, puisque je parle devant notre ami, Paul Giaccobi, Président du Conseil général de Haute-Corse. Nous sommes heureux, mon cher Paul, de voir les Radicaux corses présents à notre université d'été.
Oui, ce débat, qui là-bas comme ailleurs, là-bas il est vrai peut être même un peu plus qu'ailleurs, touche à la reconnaissance historique et culturelle des grandes provinces françaises. Ce débat qui, dans le droit fil des décisions du Conseil de l'Europe touche également à la défense des langues régionales et minoritaires, ma chère Catherine Lalumière.
Et nous savons, ici en Occitanie, peut être encore plus que dans d'autres régions, ce que cela signifie, nous qui avons vu notre culture, notre langue et notre organisation sociale et politique, tellement -à l'époque- empreintes de tolérance et de respect, anéanties par Simon de Montfort, je suis navré Alain, un Normand, mais celui là on ne l'aime pas trop par ici.
De plus, il me semble que nous avons aussi à réfléchir sur la cohérence de statut entre les îles méditerranéennes, qui à l'exception de la Corse, ont toutes un statut particulier. Alors après avoir mûrement pensé à tout cela, après que le Bureau national se soit prononcé mercredi, je peux vous dire aujourd'hui sans ambages :
Oui, le processus Matignon est légitime et nécessaire après tant d'années d'ambiguïtés et de maladresses largement d'ailleurs partagées par les uns et les autres.
Oui, la méthode du dialogue initié par le Premier Ministre est la bonne car personne n'a encore trouvé mieux que le dialogue pour débloquer une situation ô combien difficile là-bas.
Oui, les étapes telles que préconisées m'apparaissent pertinentes pour rapprocher des points de vue, le moins que l'on puisse dire, très différents, qui je l'espère, et nous le souhaitons tous, ne sont pas irréconciliables.
Enfin, mes amis, le processus entamé est le seul moyen de tenter d'établir durablement la paix dans l'île et c'est bien en dehors de quelques va-t-en-guerre ultra-minoritaires, ce que tout le monde souhaite ici comme ailleurs. Bien sûr, les provocations, les lâchetés et même les crimes de sang qui parsèment ce douloureux chemin me scandalisent comme vous, mais nous savons combien, sur les sujets compliqués et graves, il ne faut surtout pas se départir de la ligne politique choisie quelles que soient les méthodes de vos adversaires. C'est ce que fait Lionel Jospin et il a raison.
Comment, en Corse comme ailleurs, lorsqu'il s'agit de ramener la paix civile et d'assurer la sécurité des citoyens ; pourrions-nous poser en préalable la cessation de la violence, ce serait mes amis, même si bien sûr nous la souhaitons, remettre dans la main de quelques poseurs de bombes, la possibilité à tous instants de bloquer le processus. Ce n'est pas ce que nous avons fait en Nouvelle-Calédonie, et nous avons réussi en Nouvelle-Calédonie dans une situation tout aussi difficile, ce n'est pas ce que Tony Blair a fait en Irlande du Nord, ce n'est pas ce historiquement nous avons fait dans d'autres moments difficiles de l'histoire de ce pays, je veux parler de la décolonisation.
Il faut, en Corse, séparer la revendication politique des élus, et il y a aussi, même s'ils sont minoritaires des élus autonomistes, du grand banditisme qui, bien entendu, cherchent à se replier sur la revendication politique pour essayer, le moment venu, au cas où l'on se ferait attraper, d'obtenir des peines allégées.
Oui, la Corse est partie prenante du territoire de la République, mais elle a droit, parce que elle est spécifique, à un statut particulier. Et des statuts particuliers il en existent déjà beaucoup, plus évolués et beaucoup plus puissants et beaucoup plus profonds de ce que l'on veut faire en Corse. Ils existent sur d'autres secteurs du territoires républicain. Alors, bien sûr, je sais qu'un certain nombre de points vous interpellent plus particulièrement, et je le comprends.
Pour ma part, après je crois pouvoir le dire m'être clairement engagé, je veux dire avec la même détermination que nous ne saurions accepter la moindre amnistie pour les assassins, et pas seulement ceux du Préfet Erignac, tous les assassins, car le meurtre tombe sous le coup de la loi républicaine. Mais ce disant, sur ce sujet comme sur d'autres, l'on discute beaucoup, alors que moi d'après ce que j'ai compris des propos du Premier ministre, ce n'est pas du tout, fort heureusement, à l'ordre du jour. Il ne me semble pas non plus, même si là encore, les interprétations sont différentes entre pouvoir réglementaire et pouvoirs législatifs réels, il ne me semble pas non plus, Il ne nous semble pas non plus, qu'il soit souhaitable de pratiquer en Corse la dévolution du pouvoir législatif, et cela me pose un problème comme à un grand nombre d'entre vous.
Enfin, si nous défendons les langues régionales et j'ai dit il y a un instant combien nous y sommes attachés, j'affirme ici solennellement que la seule langue obligatoire sur le territoire de la République française est le français et que le choix concernant les langues locales, et le Corse comme l'Occitan est une langue locale, doit -comme d'ailleurs les langues étrangères- rester optionnel et du libre arbitre des familles et des individus.
Mais, là encore, laissons du temps au temps, ce processus n'en n'est qu'à son origine, les grands axes qui ont été définis me semblent plutôt être un relevé de décisions des revendications des uns et des autres que la réalité que l'on voudrait nous présenter parfois de discussions pratiquement abouties pour ne pas dire de décisions déjà prises.
Ce processus, vous le savez, s'inscrit sur plusieurs années et n'est pas à l'instant où nous parlons figé et nous aurons, je le pense, l'occasion, souvent, d'y revenir -en liaison avec nos amis corses-, en liaison d'ailleurs, je le souhaite, avec tous nos amis corses et le Bureau national au fur et à mesure de l'avancée de ce processus se déterminera et nous en parlerons aussi en Comité Directeur.
Mais, je n'oublie pas que le Parti Radical de Gauche est la première formation politique de Corse, il était donc normal, souhaitable, indispensable que nous nous prononcions sur ce processus. Nous l'avons fait, clairement, nous avons dit quelles étaient nos réserves. Paul, nous sommes derrière toi et tes amis corses, et maintenant j'espère que grâce à ce Processus de Matignon, nous pourrons dans quelques mois, voire dans quelques années, célébrer, comme nous l'avons fait en Nouvelle-Calédonie, le retour de la paix et de la sécurité sur cette île de beauté qu'est la Corse.
Et, pour en finir sur ce sujet, comme je l'ai fait en abordant ce thème, je veux rentrer dans le cadre plus général, car je le répète, au-delà du problème corse, il y a un immense chantier, qui est celui de la décentralisation, et qui doit nous amener à définir le juste équilibre entre le rôle de l'Etat et la libre administration des collectivités territoriales.
Il s'agit en fait, tout simplement, de concevoir la République décentralisée, respectueuse des différences, gardienne de la laïcité, bien entendu, et de la solidarité entre les territoires. Et, la simple évocation de la République m'amène tout naturellement, vous l'imaginez, à parler de Jean-Pierre Chevènement. Je veux ici, rendre hommage à l'homme d'Etat, à l'homme de conviction, et pour nombre d'entre nous un ami, qui fait entendre dans le monde politique une voix différente. Nous respectons ses engagements, mais tout de même, nous sommes bien loin de tous les partager.
Nos désaccords sur l'Europe sont connus -je me souviens avec Catherine, avec Michel, avec bien d'autres, avec André, la dernière campagne européenne et les difficultés entre nous et les membres du Mouvement des Citoyens, dont on se demande toujours ce qu'ils sont venus faire sur cette liste pro-européenne-, et je dirai même que nos positions sont aux antipodes. Jean-Pierre Chevènement se situe, et même de plus en plus depuis quelques jours, dans le courant souverainiste, anti-européen comme Charles Pasqua, dont les représentants participent, comme le précisaient d'ailleurs les Jeunes Radicaux, à sa propre université d'été, alors que nous Radicaux sommes universalistes et résolument fédéralistes. Voilà pour l'Europe.
Quant à la République, dont on parle beaucoup en ce moment et dont ils parlent beaucoup, c'est vrai nous en avons en commun sa passion -avec tout de même un avantage pour les Radicaux celui d'avoir participé à sa fondation- je ne suis pas sûr que nous en ayons réellement la même définition ?
En tout cas, pour nous Radicaux, si la République est bien sûr une et indivisible, elle est, je le répète, laïque. Cette laïcité, pour laquelle nos aînés se sont tellement engagés, tellement battus. Laïque, c'est à dire tolérante et reconnaissante du droit à la différence et à son expression, elle donne la primauté à l'individu sur les groupes organisés, surtout elle n'est pas figée dans un dogme intangible, mais en mouvement perpétuel afin de la parfaire. La République n'est pas une momie à laquelle on ne pourrait toucher, elle est par nature même, progressiste. Et d'ailleurs, pour tenter de démontrer un peu par rapport à la participation des Radicaux dans cette fondation de la République.
Camille Pelletan, lisant le 23 juin 1901, cela ne vous dit rien, ça va vous dire dans quelques mois ; centenaire du parti républicain radical et radical socialiste, Camille Pelletan lisant donc le programme provisoire et de référence idéologique du tout nouveau parti républicain radical et radical socialiste ne s'écriait-il-pas : " La meilleure façon de défendre la République, c'est de la rendre républicaine ". A quelques mois de notre centenaire, ceci reste bien entendu d'actualité et nous devons nous y atteler à notre façon, qui est oui je le pense différente de celle du MDC, qui est davantage pour une République figée, uniforme et incapable de se remettre en question. La République doit s'inscrire dans la modernité, dans la laïcité, et dans le mouvement, c'est en tout cas la conviction des Radicaux de gauche.
Rendre la République plus républicaine, c'est aussi être vigilant sur la démocratie, qui n'est pas contrairement à ce que l'on croit souvent, consubstantielle de la République -regardez du côté de ce qu'on appelait les Républiques populaires : droits de l'homme, respect des minorités, libertés publiques, bioéthique, problèmes posés par l'évolution de la recherche et des technologies. Demandez à notre Ministre Roger-Gérard Schwartzenberg, orfèvre ô combien sur ce sujet, il y travaille jour et nuit. Il a accepté, pour nous représenter au gouvernement, sur ce portefeuille, de retourner à l'école. François, aussi, mais le Commerce extérieur étant plus connu que la recherche. Mais ils le font tous deux avec talent.
Alors, j'ai envie de dire, que nous avons aussi à mener ce combat pour la démocratie. Il ne s'agit pas simplement d'agiter la notion républicaine, encore faut-il la rendre toujours plus républicaine.
Et puis, au delà du concept républicain, il y a l'action politique. Aujourd'hui, je m'en félicitait il y un instant, nous nous en félicitons tous, la gauche remporte de nombreux succès. La croissance est au rendez-vous, le chômage régresse, bref notre économie se porte bien. En face, l'opposition est balkanisée et incapable de réagir. Alors, je voudrait aussi dire à Jean-Pierre Chevènement dont j'ai lu et entendu les propos : si comme tu l'affirmes le MDC reste bien partie prenante de la majorité plurielle, ne te trompes pas de cible. Tes adversaires sont de l'autre côté et c'est ensemble avec nos autres alliés de la Gauche plurielle que nous aurons à lutter dans les mois qui viennent pour gagner les élections, et c'est important pour la France.
Mes amis,
Depuis plusieurs années, tant à l'occasion de nos congrès que lors de nos universités d'été, nous réclamons une baisse significative des impôts.
Aujourd'hui, nous pouvons nous réjouir de la décision de Lionel Jospin et des mesures présentées jeudi par Laurent Fabius. Elles étaient indispensables si nous voulons que la croissance et la consommation continuent à leur rythme actuel, et aussi parce qu'il est juste de faire bénéficier tous les Français des bons résultats et des recettes supplémentaires engrangées à cette occasion.
En premier lieu, l'impôt sur le revenu : la baisse de l'impôt sur le revenu pour toutes les tranches, c'était une de nos revendications principales, nous nous en félicitons. Et ce d'autant plus que la dégressivité retenue est juste et favorise les plus bas salaires comme d'ailleurs la suppression de la CSG pour ceux qui perçoivent le SMIG. Nous sommes également satisfaits de voir que, là encore, comme nous le demandions depuis longtemps, et comme nos ministres l'ont défendu dans les ultimes arbitrages sur ces sujets, on a enfin pensé aux petites entreprises qui voient le taux de l'IS tomber jusqu'à 15 % pour les 250 000 premiers francs de chiffre d'affaire.
Par contre, même si nous prenons acte de la baisse de 30 % de la TIPP sur le fuel domestique, nous ne pouvons nous résoudre à voir le prix de l'essence atteindre de tels sommets. D'autant plus que sont durement touchés, non seulement les professionnels de l'agriculture et de la pêche, et cela est déjà importante pour intervenir, mais aussi comme le soulignait lors d'un de nos Bureaux nationaux, André Sainjon, l'ensemble des Français, car la voiture est un outil de travail et aussi un moyen populaire de loisirs.
Alors, nous savons bien combien la solution à ce problème est difficile, car il ne suffit pas, contrairement à ce pensent nos concitoyens, de baisser la TIPP, pour que l'essence baisse automatiquement, il suffit qu'en 48 heures, le prix du Baril prenne un demi dollar, pour que cette baisse soit anéantie et que le seul résultat soit des ressources moindres dans les caisses de l'Etat, alors qu'il n'y aura pas de conséquence sur le prix à la pompe.
Néanmoins, nous ne pouvons nous satisfaire de la situation, même si un certain nombre de garde fous ont été posés par Laurent Fabius.
Et ce n'est pas la suppression de la vignette qui apportera beaucoup d'aisance aux portefeuilles des automobilistes, tant il est vrai que si l'on peut toujours se réjouir de voir un impôt disparaître, surtout lorsqu'il était précaire, et qu'il a duré 44 ans, surtout lorsque l'on voit qu'il a été plutôt dévoyé de son but initial qui était de s'occuper des personnes âgées, néanmoins, on ne peut considérer que la suppression d'une dépense annuelle peut compenser un plein d'essence hebdomadaire.
Et de plus, puisque je parlerai de décentralisation, c'est un mauvais coup porté à la décentralisation, quant on sait que l'autonomie et la liberté des collectivités territoriales sont fondées sur leur droit à fixer et percevoir l'impôt. Alors après la part salariale de la Taxe Professionnelle, les droits de mutation, la part régionale de la taxe d'habitation, voici encore emboîté le pas de ceux qui veulent remettre les collectivités territoriales sous tutelle.
Nous regrettons, oui nous regrettons, que la demande des Radicaux concernant la suppression de la redevance TV n'est pas enfin été prise en compte. Nous considérons qu'il s'agissait là d'une mesure bien meilleure et plus profitable que la suppression de la vignette. Et cela aurait été beaucoup plus équitable.
Et pour en terminer avec ce sujet de la fiscalité, et sachant que là encore dans les ultimes arbitrages, j'ai parlé avec nos ministres à quelques heures de l'annonce de ce plan, et jusqu'au bout ils ont tenté d'obtenir, ce que bien naturellement, l'ancien Ministre du tourisme souhaite depuis longtemps ; je veux parler de l'alignement du taux de TVA des restaurateurs à celui en vigueur dans la restauration rapide, qui est une hérésie, quand on sait que Mac Donald et autres, ont une TVA à 5,5 % et que nos restaurants de la Vallée du Louron et des Hautes-Pyrénées, sont à 19,6 %.
Je vois que quand on parle de bonne bouffe, ça marche chez les Radicaux.
J'en viens maintenant à l'Europe. Sujet ô combien sérieux, hélas un peu oublié ces derniers temps alors que nous assumons -depuis trois mois- la présidence de l'Union. Je ne peux me résoudre à considérer que la présidence française, que François Mitterrand nous avait habitués à rendre flamboyante dans la mesure où des avancées significatives se produisaient chaque fois que cet honneur nous revenait, que cette présidence se déroule justement sans progrès significatif vers un idéal pour lequel les Radicaux combattent depuis plusieurs décennies : je veux parler de l'Europe fédérale entre autre et des étapes nécessaires pour atteindre cet objectif.
Non, il ne faut pas manquer d'ambition car les peuples de l'Europe attendent autre chose qu'une énième CIG pour se sentir vraiment concernés, même si bien sûr elle est indispensable. Et d'ailleurs, même si le débat a enfin repris ces derniers mois grâce au projet de constitution européenne que le PRG avait été parmi les premiers à proposer.
Alors, bien sûr, nous comprenons que la Charte des droits fondamentaux des citoyens de l'Union est une étape intermédiaire nécessaire et nous avons déjà dit que nous la soutenons, mais il faut avoir plus d'ambition et l'aboutissement reste bien la Constitution européenne avec un président des Etats-Unis d'Europe élu au suffrage universel. C'est notre objectif et nous devrons uvrer pour y arriver ensemble.
D'ailleurs, comme vous l'avez dit, avec talent et cela vient juste d'être rapporté, l'échelle du monde doit comme la plus locale être traversée par ce courant de réformes institutionnelles. La mobilisation de la société civile internationale à Seattle, Genève, Davos et partout où se retrouvent les grands argentiers de la planète, témoigne bien de la peur et de l'angoisse des hommes face à la mondialisation et aux besoins de peser et d'agir sur les événements. François Huwart, qui en charge du commerce extérieur au sein du gouvernement, et qui du coup se trouve partie prenante pourrait en témoigner devant vous avec talent.
Avec le concept de République monde, nous voulons décliner les principes de transparence, de précaution et d'équilibre écologique au niveau de toutes les organisations internationales, ONU, OMC, FMI de façon à faire progresser -réellement- l'idée d'un " Contrat social universel " pour réguler la mondialisation.
Voilà, mes amis, ce que je souhaitais, sur l'actualité la plus chaude, ce matin, devant vous aborder pour bien fixer le cap pour les semaines et les mois à venir, concernant les positions qui sont claires et déterminées des Radicaux de gauche quant à l'actualité politique.
Je voudrais aussi, je vous rassure brièvement, devant vous, faire le point sur la vie du Parti depuis notre dernier congrès, et tracer aussi les grands axes de travail qui vont nous conduire aux échéances de 2001 voire 2002, sans oublier la campagne référendaire.
Le 26 mars dernier, lors de ce beau congrès de Paris, vous m'avez fait l'honneur de m'élire pour un nouveau mandat. J'avais attaché ma candidature à un certain nombre d'engagements écrits, sur lesquels je souhaite, d'ores et déjà, revenir, non pour les remettre en cause, mais pour mesurer le travail accompli et préciser ce qui reste à faire.
Concernant les instances, j'ai scrupuleusement appliqué les nouveaux statuts : la parité est une réalité au PRG, et j'espère que la composition des instances départementales et régionales refléteront bientôt, l'organisation nationale, et je vous souhaite bien du plaisir.
L'équipe de direction a aussi été rajeunie et travaille comme cela avait été souhaité par tout le monde et travaille de manière plus collective. Les Jeunes Radicaux, je les ai cités plusieurs fois ce matin, sont de nouveau constitués en organisation nationale.
Le résultat ne s'est pas fait attendre et grâce à l'action de toute l'équipe de l'Atelier qui a fourni un excellent travail, et en plus du Manifeste municipal qui est à votre disposition et que j'ai déjà évoqué au début de mon intervention, nous vous remettons aujourd'hui une brochure de référence idéologique " La Nouvelle République ", qui présente les principales propositions du Parti sur les grands sujets d'actualité avec une version abrégée sous forme de prospectus à distribuer dans les lieux publics, elle est l'uvre d'Elisabeth Boyer.
Vous pourrez aussi emporter une plaquette historique et programmatique de présentation du PRG, uvre également de l'Atelier, préparée par Patrice Lefeu, qui sera envoyée à tous les militants et aux fédérations qui en feront la demande comme outil de communication.
Je sais également que Thierry Jeantet travaille à préparer le " Manifeste radical pour le XXIème siècle ". Voilà donc, mes amis, à votre disposition, de quoi uvrer utilement pour faire connaître vos idées, pour faire connaître nos idées et à mener campagne. Ce que vous allez d'ailleurs faire dès la semaine prochaine, puisque la campagne sur le quinquennat s'ouvre dans une semaine. Patrice Lefeu, Secrétaire Général adjoint, en charge de la communication a préparé affiches, tracts et matériel de campagne que vous avez pu découvrir durant ce week-end.
Quant à notre campagne officielle, le nombre de nos parlementaires, nous donne accès à la télévision et à la radio. Nous avons choisi Serge Moati pour réaliser un film qui portera le message du PRG à l'occasion de cette campagne officielle.
Mes chers amis, notre université se termine. Je crois que l'on peut dire que nous avons ensemble bien travaillé, nous avons aussi, à des degrés divers, mais cela c'est vu ce matin à l'aune des heures d'arrivée, fêté l'amitié comme nous en avons la tradition, et je m'en félicite.
Cependant, le temps n'est pas au repos, car de lourdes tâches vous attendent. Il s'agit, Radicaux, de mener la campagne, de porter partout le message radical et aussi de préparer pour le mieux les échéances électorales qui approchent.
Je sais, pour cela, pouvoir compter sur vous et je connais votre ardeur à la tâche. Vous pouvez aussi compter sur moi, vous pouvez compter sur toute la Direction. Toute l'équipe de direction est à votre disposition pour porter haut et fort les couleurs du radicalisme.
Vous allez en avoir l'occasion durant cette première campagne puis, immédiatement dans la foulée, après les négociations que vous menez avec talent, conviction et force, vous allez vous engager dans la campagne municipale, dans la campagne des cantonales, et je ne doute pas que le nombre d'élus radicaux qui ressortira de ces élections sera supérieur à ce que nous connaissons aujourd'hui ; cela nous l'obtiendrons, comme nous obtiendrons l'année suivante des députés supplémentaires pour les élections législatives. Nous l'obtiendrons grâce à votre travail, parce que je vous sais déterminés, parce que je vous sais enthousiastes, parce que je connais votre ardeur au combat, parce que je sais votre boulot sur le terrain, parce que vous êtes aujourd'hui réunis dans un enthousiaste formidable.
C'est cela le radicalisme. Nous portons ces valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité. Nous sommes les " bâtisseurs de la République " et c'est un des thèmes que nous avons retenu pour cette campagne électorale, d'être membre du parti qui a bâti la République, cela vous créé des devoirs. Ces devoirs, je vous encourage à allez les remplir immédiatement. Allez les Radicaux, on y va, au combat, au boulot.
(source http://www.radical-gauche.org, le 5 septembre 2000)