Texte intégral
R. Sicard.- Bonjour M. Barnier. Malgré les engagements du gouvernement pour la pêche, malgré l'appel à la reprise des patrons pêcheurs, des représentants des pêcheurs, le mouvement continue. Ce qui est inquiétant c'est qu'on a le sentiment qu'au fond, plus personne ne contrôle le mouvement.
Nous sommes aujourd'hui, hier soir, demain dans le temps de l'explication, de la concertation. Nous avons affaire à des hommes et des femmes qui souffrent, qui sont très inquiets, dont je suis le ministre et le porte-parole et avec lesquels j'ai beaucoup travaillé depuis six mois pour bâtir ce plan pour une pêche durable et responsable, pour obtenir l'accord de la Commission de Bruxelles sur la totalité des mesures que nous avions préparées, puisque nous sommes dans le cadre d'une politique européenne. Nous y avons ajouté avant-hier, au terme d'une longue concertation, une mesure de soutien social, sur le revenu direct des marins pêcheurs, dont je rappelle, pour toutes les autres catégories de Français qui nous écoutent, qu'au-delà du fait que c'est le métier le plus dangereux dans notre pays - il y a 20 marins pêcheurs qui disparaissent en mer chaque année -, c'est sans doute le seul métier dont les salariés voient sur leur fiche de paie l'impact direct en négatif quelquefois du prix du gazole. Donc pour cette raison nous avons...
C'est-à-dire qu'ils peuvent avoir des paies négatives.
Il y a des paies négatives, il y a des gens qui vont travailler 5, 10 jours en mer, qui ne gagnent rien et ça, ce n'est pas acceptable. Voilà pourquoi j'ai ajouté cette mesure sociale, de soutien avec l'accord du président de la République et du Premier ministre. Maintenant, il faut le temps du débat, il faut que les gens comprennent, j'ai pris l'engagement - je le redis aujourd'hui devant vous - que ces mesures vont être mises en place immédiatement. A la fois pour les entreprises - nous verserons dans les jours qui viennent 22 millions dans le cadre des règles européennes, 22 millions de soutien -, et cette mesure qui a pris effet hier pour le soutien aux revenus des marins pêcheurs sera versée au plus tard le 15 juin, et le sera ensuite chaque mois et c'est une mesure durable, pendant les six mois qui viennent. Elle est mise en place, de toute façon, ce soutien durera au-delà des six mois et je veux...
Voilà ! Ça, c'est une question des pêcheurs. Ils disent : "six mois c'est bien mais après qu'est-ce qu'on fait ?"
Mais oui, mais nous allons continuer ce soutien d'une manière ou d'une autre naturellement parce que le problème est durable. Mais ce que je voudrais, pendant ces six mois, c'est trouver un accord au niveau européen, parce que le problème de la pêche, il n'est pas franco français, c'est un problème qui touche les Espagnols, les Portugais, les Irlandais et nous allons en discuter avec mes collègues des autres pays, avec la Commission européenne, pour trouver le moyen de faire face ensemble à cette question qui peut mettre en cause la pêche européenne en raison de sa dépendance au gazole.
Alors justement, la Commission européenne. On dit qu'elle n'a pas donné son accord à cette dernière partie du projet, ces 40 millions. Qu'est-ce qui se passe si elle met son veto ?
Elle ne mettra pas son veto parce que cette mesure est une mesure d'ordre social individualisé, ce n'est pas une mesure d'entreprise. Ce que vérifie la Commission et elle a raison, elle le fait avec beaucoup de rigueur, c'est que nous ne créions pas, par des aides aux entreprises incontrôlées ou solitaires, des distorsions de concurrence avec les autres entreprises des autres pays. C'est ça, la règle de la concurrence dont la Commission est la gardienne.
Donc vous dites qu'il n'y aura pas de veto sur les 40 millions, ils vont être distribués...
Nous nous sommes attachés à mettre en oeuvre ...
...Tout de suite aux pêcheurs...
... la Commission ne vérifie pas, n'harmonise pas, ne contrôle pas les systèmes sociaux dans chacun de nos pays. Les systèmes de protection sociale sont indépendants et indifférents les uns des autres, en Angleterre, en Allemagne ou en France. Donc nous apportons, parce qu'il y en a besoin, et j'ai expliqué cela à la Commission européenne, je le réexpliquerai, un soutien exceptionnel, durable aux pêcheurs parce qu'ils en ont besoin à titre individuel et à leur famille, qui en ont besoin pour vivre, c'est tout simple.
Mais en fait ce que réclament aujourd'hui les pêcheurs, ce n'est pas une aide aux salaires, c'est 40 centimes à la pompe. Ils veulent que le gazole soit à 40 centimes à la pompe. Est-ce que ça, c'est possible ou pas ?
Nous ne pouvons pas. On n'est plus à Moscou du temps d'une économie administrée où on fixe le prix du pétrole ou le prix des aliments comme cela, par décret. Donc nous sommes dans une économie de marché avec des spéculations, des problèmes extrêmement graves, c'est pour ça aussi que je pense qu'il faut poser cette question au niveau européen, mais l'aide économique n'est pas possible. Cela a été tout le problème que j'ai eu à gérer quand le président de la République m'a demandé de bâtir ce plan que nous avons mis en place depuis le Guilvinec, je n'ai pas pu mettre en place des aides directes aux entreprises, pas plus à celles là qu'à d'autres d'ailleurs, nous avons trouvé d'autres moyens. Le plan "pêche durable" que nous avons élaboré avec les professionnels, c'est un plan sans précédent. 310 millions, c'était en trois ans, nous le faisons en deux ans pour tenir compte de la nouvelle situation économique et qui ne traite pas seulement à cette question de l'urgence, qui traite le problème majeur de la restructuration, de la modernisation de la pêche, parce que nous voulons garder une pêche en France. Je vous rappelle, pour ceux qui nous écoutent, que 80 % des poissons que nous achetons sont importés de l'extérieur de la France. Donc, les 20 % c'est la pêche française, nous voulons garder une pêche de qualité.
Et vous pensez qu'on peut la sauver ?
Moi, je veux la sauver. Je veux la sauver, mais avec les marins pêcheurs en restructurant, en accompagnant, en modernisant, en faisant de la recherche sur les moteurs, pour que les moteurs consomment autre chose peut-être que du gazole, en consomment moins, peut-être d'autres moteurs à l'hydrogène par exemple ; pour faire de la sécurité. J'ai parlé des dangers du métier de marin pêcheur. Je veux doter chaque marin pêcheur d'une balise individuelle pour que, comme les pisteurs secouristes en montagne, on puisse les aider lorsqu'ils tombent en mer. Donc ce plan est très complet. Jamais, je crois, on a eu une telle ambition. J'ai besoin de la confiance et j'ai besoin aussi...
Justement, est-ce que le problème, ce n'est pas qu'au fond les pêcheurs ne croient pas les engagements du Gouvernement parce qu'ils ont le sentiment que les engagements qu'avait pris N. Sarkozy, il y a six mois, n'ont pas été tenus ?
Tous les engagements du président de la République ont été tenus, avec le temps qu'il faut pour obtenir les accords de Bruxelles, puisque nous sommes dans le cadre d'une pêche européenne.
Il avait parlé du gazole à 30 centimes.
Il avait parlé d'une compensation que je me suis attaché à mettre en place avec les outils qui sont autorisés. Et aujourd'hui, nous avons complété ces outils. Donc, les engagements du Président ont été respectés. Vous dites que c'est un problème de confiance ; en effet, c'est une question de confiance, mais moi je suis quelqu'un de sérieux, je tiendrai ce que nous avons dit, nous le mettons en place avec les marins pêcheurs, j'ai besoin qu'ils reprennent le travail. J'ai besoin de recréer un climat pour mettre en oeuvre ce plan et c'est l'appel que je lance ce matin en disant que les engagements seront tenus et les aides d'urgence que j'ai annoncées seront versées dans les jours qui viennent.
On parlait de la Commission européenne. Ce matin, le patron de la Commission européenne, J. M. Barroso dit que la France doit jouer le jeu européen sans arrogance.
Il ne parlait pas de la pêche, ni de ce que nous faisons.
Est-ce qu'il y a une sorte d'arrogance de la France qui pourrait au fond braquer la Commission européenne ?
Franchement, tous ceux qui m'écoutent en ce moment voient bien que je n'ai pas un ton arrogant ; d'ailleurs je n'ai jamais eu un ton arrogant ; j'ai été Commissaire européen, pour moi le combat européen est un combat principal, vous le savez bien, et je crois que le président Barroso a raison de dire cela, pour la France et pour d'autres pays, personne n'a intérêt à être arrogant, et je crois que ni le président de la République, ni le Premier ministre, ni les ministres français actuellement ne sont arrogants. Nous sommes dans l'idée de convaincre, d'assumer cette présidence, qui est une grande responsabilité, avec les autres sans arrogance.
Sur la pêche, il y a aussi le problème des quotas. Au fond, gazole ou pas gazole, il y a des pêcheurs qui ne peuvent plus pêcher ou qui ne pourront plus très vite pêcher parce qu'ils ont atteint les quotas.
Les pêcheurs, ils savent bien que, pour travailler, il faut du poisson.
Mais est-ce qu'on n'a pas sous estimé les stocks de poissons ; on dit en fait que les études n'étaient pas réalistes, qu'il y avait plus de poissons ?
Ça, c'est un vrai problème. On constate par exemple sur le cabillaud que les quotas sont limités, d'ailleurs c'est un problème pour le Nord de la France où les quotas sont mêmes dépassés et les pêcheurs constatent qu'il y a du poisson, qu'il y a du cabillaud, qui est pêché par d'autres. Donc moi, je veux m'attacher - c'est ce que j'ai demandé à la Commission européenne -, à ce que l'on rende plus rigoureux, plus exact, plus régulier les contrôles scientifiques pour bien mesurer l'état de la ressource. Maintenant il y a des ressources, il y a des espèces qui sont en effet plus fragiles que d'autres.
On dit même que pour le cabillaud par exemple, il y a des pêcheurs qui remontent dans leur filet des cabillauds, ils les remontent morts, et comme ils ont atteint les quotas, ils sont obligés de les remettre à la mer, ça parait absurde.
C'est vrai que les pêcheurs qui ont dépassé leurs quotas très tôt rejettent du cabillaud à la mer et que c'est insupportable pour eux.
Et souvent morts.
Morts ou vivants, en tout cas, c'est insupportable pour eux, c'est pour cela que dans ce cas précis, nous avons demandé à la Commission européenne de réévaluer les quotas, parce qu'il y a une ressource qui a été constatée. Maintenant, il faut des quotas. Il faut bien les gérer, il faut qu'ils soient gérés rigoureusement en fonction de l'état exact de la ressource, mais il faut des quotas, sinon ce serait la jungle et personne n'y gagnerait ; enfin, je pense même que tout le monde y perdrait.
Ce que vous avez accordé aux pêcheurs, les agriculteurs que vous représentez aussi ne vont-ils pas le réclamer ? Ils consomment du gazole !
Je crois qu'il n'y a pas un métier où l'impact du gazole est aussi grave que celui des marins pêcheurs, il n'y a pas un métier qui est aussi dangereux. Les agriculteurs, qui ont aussi des problèmes, les serristes et d'autres secteurs de l'agriculture, ont d'autres soutiens. Il y a des avantages fiscaux ou des déductions fiscales ; je pense qu'il faut que chacun fasse preuve de responsabilité. C'est l'appel que je lance ce matin. Et puis qu'on se prépare aussi, dans ce pays comme en Europe, à vivre avec deux contraintes qui sont, un : celle d'une énergie de plus en plus chère, et donc il faut de nouvelles énergies, il faut de la recherche, et l'autre, celle du réchauffement climatique dont les agriculteurs sont les premières victimes et pour lesquels ils sont les premiers concernés. Voilà les deux réalités, et si je disais autre chose, je ne tiendrais pas un discours responsable.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 mai 2008
Nous sommes aujourd'hui, hier soir, demain dans le temps de l'explication, de la concertation. Nous avons affaire à des hommes et des femmes qui souffrent, qui sont très inquiets, dont je suis le ministre et le porte-parole et avec lesquels j'ai beaucoup travaillé depuis six mois pour bâtir ce plan pour une pêche durable et responsable, pour obtenir l'accord de la Commission de Bruxelles sur la totalité des mesures que nous avions préparées, puisque nous sommes dans le cadre d'une politique européenne. Nous y avons ajouté avant-hier, au terme d'une longue concertation, une mesure de soutien social, sur le revenu direct des marins pêcheurs, dont je rappelle, pour toutes les autres catégories de Français qui nous écoutent, qu'au-delà du fait que c'est le métier le plus dangereux dans notre pays - il y a 20 marins pêcheurs qui disparaissent en mer chaque année -, c'est sans doute le seul métier dont les salariés voient sur leur fiche de paie l'impact direct en négatif quelquefois du prix du gazole. Donc pour cette raison nous avons...
C'est-à-dire qu'ils peuvent avoir des paies négatives.
Il y a des paies négatives, il y a des gens qui vont travailler 5, 10 jours en mer, qui ne gagnent rien et ça, ce n'est pas acceptable. Voilà pourquoi j'ai ajouté cette mesure sociale, de soutien avec l'accord du président de la République et du Premier ministre. Maintenant, il faut le temps du débat, il faut que les gens comprennent, j'ai pris l'engagement - je le redis aujourd'hui devant vous - que ces mesures vont être mises en place immédiatement. A la fois pour les entreprises - nous verserons dans les jours qui viennent 22 millions dans le cadre des règles européennes, 22 millions de soutien -, et cette mesure qui a pris effet hier pour le soutien aux revenus des marins pêcheurs sera versée au plus tard le 15 juin, et le sera ensuite chaque mois et c'est une mesure durable, pendant les six mois qui viennent. Elle est mise en place, de toute façon, ce soutien durera au-delà des six mois et je veux...
Voilà ! Ça, c'est une question des pêcheurs. Ils disent : "six mois c'est bien mais après qu'est-ce qu'on fait ?"
Mais oui, mais nous allons continuer ce soutien d'une manière ou d'une autre naturellement parce que le problème est durable. Mais ce que je voudrais, pendant ces six mois, c'est trouver un accord au niveau européen, parce que le problème de la pêche, il n'est pas franco français, c'est un problème qui touche les Espagnols, les Portugais, les Irlandais et nous allons en discuter avec mes collègues des autres pays, avec la Commission européenne, pour trouver le moyen de faire face ensemble à cette question qui peut mettre en cause la pêche européenne en raison de sa dépendance au gazole.
Alors justement, la Commission européenne. On dit qu'elle n'a pas donné son accord à cette dernière partie du projet, ces 40 millions. Qu'est-ce qui se passe si elle met son veto ?
Elle ne mettra pas son veto parce que cette mesure est une mesure d'ordre social individualisé, ce n'est pas une mesure d'entreprise. Ce que vérifie la Commission et elle a raison, elle le fait avec beaucoup de rigueur, c'est que nous ne créions pas, par des aides aux entreprises incontrôlées ou solitaires, des distorsions de concurrence avec les autres entreprises des autres pays. C'est ça, la règle de la concurrence dont la Commission est la gardienne.
Donc vous dites qu'il n'y aura pas de veto sur les 40 millions, ils vont être distribués...
Nous nous sommes attachés à mettre en oeuvre ...
...Tout de suite aux pêcheurs...
... la Commission ne vérifie pas, n'harmonise pas, ne contrôle pas les systèmes sociaux dans chacun de nos pays. Les systèmes de protection sociale sont indépendants et indifférents les uns des autres, en Angleterre, en Allemagne ou en France. Donc nous apportons, parce qu'il y en a besoin, et j'ai expliqué cela à la Commission européenne, je le réexpliquerai, un soutien exceptionnel, durable aux pêcheurs parce qu'ils en ont besoin à titre individuel et à leur famille, qui en ont besoin pour vivre, c'est tout simple.
Mais en fait ce que réclament aujourd'hui les pêcheurs, ce n'est pas une aide aux salaires, c'est 40 centimes à la pompe. Ils veulent que le gazole soit à 40 centimes à la pompe. Est-ce que ça, c'est possible ou pas ?
Nous ne pouvons pas. On n'est plus à Moscou du temps d'une économie administrée où on fixe le prix du pétrole ou le prix des aliments comme cela, par décret. Donc nous sommes dans une économie de marché avec des spéculations, des problèmes extrêmement graves, c'est pour ça aussi que je pense qu'il faut poser cette question au niveau européen, mais l'aide économique n'est pas possible. Cela a été tout le problème que j'ai eu à gérer quand le président de la République m'a demandé de bâtir ce plan que nous avons mis en place depuis le Guilvinec, je n'ai pas pu mettre en place des aides directes aux entreprises, pas plus à celles là qu'à d'autres d'ailleurs, nous avons trouvé d'autres moyens. Le plan "pêche durable" que nous avons élaboré avec les professionnels, c'est un plan sans précédent. 310 millions, c'était en trois ans, nous le faisons en deux ans pour tenir compte de la nouvelle situation économique et qui ne traite pas seulement à cette question de l'urgence, qui traite le problème majeur de la restructuration, de la modernisation de la pêche, parce que nous voulons garder une pêche en France. Je vous rappelle, pour ceux qui nous écoutent, que 80 % des poissons que nous achetons sont importés de l'extérieur de la France. Donc, les 20 % c'est la pêche française, nous voulons garder une pêche de qualité.
Et vous pensez qu'on peut la sauver ?
Moi, je veux la sauver. Je veux la sauver, mais avec les marins pêcheurs en restructurant, en accompagnant, en modernisant, en faisant de la recherche sur les moteurs, pour que les moteurs consomment autre chose peut-être que du gazole, en consomment moins, peut-être d'autres moteurs à l'hydrogène par exemple ; pour faire de la sécurité. J'ai parlé des dangers du métier de marin pêcheur. Je veux doter chaque marin pêcheur d'une balise individuelle pour que, comme les pisteurs secouristes en montagne, on puisse les aider lorsqu'ils tombent en mer. Donc ce plan est très complet. Jamais, je crois, on a eu une telle ambition. J'ai besoin de la confiance et j'ai besoin aussi...
Justement, est-ce que le problème, ce n'est pas qu'au fond les pêcheurs ne croient pas les engagements du Gouvernement parce qu'ils ont le sentiment que les engagements qu'avait pris N. Sarkozy, il y a six mois, n'ont pas été tenus ?
Tous les engagements du président de la République ont été tenus, avec le temps qu'il faut pour obtenir les accords de Bruxelles, puisque nous sommes dans le cadre d'une pêche européenne.
Il avait parlé du gazole à 30 centimes.
Il avait parlé d'une compensation que je me suis attaché à mettre en place avec les outils qui sont autorisés. Et aujourd'hui, nous avons complété ces outils. Donc, les engagements du Président ont été respectés. Vous dites que c'est un problème de confiance ; en effet, c'est une question de confiance, mais moi je suis quelqu'un de sérieux, je tiendrai ce que nous avons dit, nous le mettons en place avec les marins pêcheurs, j'ai besoin qu'ils reprennent le travail. J'ai besoin de recréer un climat pour mettre en oeuvre ce plan et c'est l'appel que je lance ce matin en disant que les engagements seront tenus et les aides d'urgence que j'ai annoncées seront versées dans les jours qui viennent.
On parlait de la Commission européenne. Ce matin, le patron de la Commission européenne, J. M. Barroso dit que la France doit jouer le jeu européen sans arrogance.
Il ne parlait pas de la pêche, ni de ce que nous faisons.
Est-ce qu'il y a une sorte d'arrogance de la France qui pourrait au fond braquer la Commission européenne ?
Franchement, tous ceux qui m'écoutent en ce moment voient bien que je n'ai pas un ton arrogant ; d'ailleurs je n'ai jamais eu un ton arrogant ; j'ai été Commissaire européen, pour moi le combat européen est un combat principal, vous le savez bien, et je crois que le président Barroso a raison de dire cela, pour la France et pour d'autres pays, personne n'a intérêt à être arrogant, et je crois que ni le président de la République, ni le Premier ministre, ni les ministres français actuellement ne sont arrogants. Nous sommes dans l'idée de convaincre, d'assumer cette présidence, qui est une grande responsabilité, avec les autres sans arrogance.
Sur la pêche, il y a aussi le problème des quotas. Au fond, gazole ou pas gazole, il y a des pêcheurs qui ne peuvent plus pêcher ou qui ne pourront plus très vite pêcher parce qu'ils ont atteint les quotas.
Les pêcheurs, ils savent bien que, pour travailler, il faut du poisson.
Mais est-ce qu'on n'a pas sous estimé les stocks de poissons ; on dit en fait que les études n'étaient pas réalistes, qu'il y avait plus de poissons ?
Ça, c'est un vrai problème. On constate par exemple sur le cabillaud que les quotas sont limités, d'ailleurs c'est un problème pour le Nord de la France où les quotas sont mêmes dépassés et les pêcheurs constatent qu'il y a du poisson, qu'il y a du cabillaud, qui est pêché par d'autres. Donc moi, je veux m'attacher - c'est ce que j'ai demandé à la Commission européenne -, à ce que l'on rende plus rigoureux, plus exact, plus régulier les contrôles scientifiques pour bien mesurer l'état de la ressource. Maintenant il y a des ressources, il y a des espèces qui sont en effet plus fragiles que d'autres.
On dit même que pour le cabillaud par exemple, il y a des pêcheurs qui remontent dans leur filet des cabillauds, ils les remontent morts, et comme ils ont atteint les quotas, ils sont obligés de les remettre à la mer, ça parait absurde.
C'est vrai que les pêcheurs qui ont dépassé leurs quotas très tôt rejettent du cabillaud à la mer et que c'est insupportable pour eux.
Et souvent morts.
Morts ou vivants, en tout cas, c'est insupportable pour eux, c'est pour cela que dans ce cas précis, nous avons demandé à la Commission européenne de réévaluer les quotas, parce qu'il y a une ressource qui a été constatée. Maintenant, il faut des quotas. Il faut bien les gérer, il faut qu'ils soient gérés rigoureusement en fonction de l'état exact de la ressource, mais il faut des quotas, sinon ce serait la jungle et personne n'y gagnerait ; enfin, je pense même que tout le monde y perdrait.
Ce que vous avez accordé aux pêcheurs, les agriculteurs que vous représentez aussi ne vont-ils pas le réclamer ? Ils consomment du gazole !
Je crois qu'il n'y a pas un métier où l'impact du gazole est aussi grave que celui des marins pêcheurs, il n'y a pas un métier qui est aussi dangereux. Les agriculteurs, qui ont aussi des problèmes, les serristes et d'autres secteurs de l'agriculture, ont d'autres soutiens. Il y a des avantages fiscaux ou des déductions fiscales ; je pense qu'il faut que chacun fasse preuve de responsabilité. C'est l'appel que je lance ce matin. Et puis qu'on se prépare aussi, dans ce pays comme en Europe, à vivre avec deux contraintes qui sont, un : celle d'une énergie de plus en plus chère, et donc il faut de nouvelles énergies, il faut de la recherche, et l'autre, celle du réchauffement climatique dont les agriculteurs sont les premières victimes et pour lesquels ils sont les premiers concernés. Voilà les deux réalités, et si je disais autre chose, je ne tiendrais pas un discours responsable.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 mai 2008