Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Je voudrais partager avec l'Assemblée nationale la fierté que j'ai ressentie en entendant la voix de la France s'exprimer avec autant de force et autant de clairvoyance et en Israël et en Palestine.
Le président de la République a dit à la Knesset que Jérusalem devrait être la capitale de deux Etats. Il a dit à la Knesset que les colonisations devaient s'arrêter immédiatement. Et le président de la République française a dit devant le président de l'Autorité palestinienne, qu'Israël avait un droit sacré à la sécurité et que la France ne transigerait jamais avec ce droit sacré, mais qu'il était temps de faire la paix, parce qu'il n'y aura pas de paix sans la construction d'un Etat palestinien indépendant, et la construction de cet Etat palestinien indépendant passe maintenant par le dialogue et par la négociation.
Eh bien, Mesdames et Messieurs les députés, dans le cadre de la présidence française qui commencera dans quelques jours, nous aurons l'occasion de continuer cet effort avec l'ensemble des pays européens, notamment en accueillant à Paris, le 13 juillet, le sommet qui permettra de lancer le projet d'Union pour la Méditerranée. Ce jour-là, seront présents à Paris tous les chefs d'Etat de l'Union européenne et tous les chefs d'Etat du bassin méditerranéen.
Quelle est l'idée que le président de la République a défendue et que nous essayons de mettre en oeuvre ? Elle est simple : nous, les Européens, nous n'avons de leçon à donner. Nous nous sommes battus pendant des siècles et des siècles, et c'est en Europe qu'a culminé la violence au XXe siècle. Nous ne sommes sortis de ce cycle de violences que lorsque nous avons réussi, autour d'un projet de coopération économique commun, à nous asseoir autour de la table et à parler ensemble. C'était la Communauté du charbon et de l'acier, puis la Communauté européenne.
Et naturellement, même si les conditions sont extrêmement différentes en Méditerranée, même si nous ne sommes pas à la même époque, nous pensons que c'est en créant une Union autour de projets de coopération concrets que l'on pourra progressivement surmonter les difficultés et les crises qui sont celles qui affectent la Méditerranée.
Et je dis à ceux qui ont été prompts à critiquer l'initiative française, parce que nous avons justement invité tous les Etats du bassin méditerranéen, qu'ils devraient écouter ce que disaient hier et avant-hier tous les responsables politiques israéliens, au premier rang d'entre eux, le président Shimon Peres, qui félicitait la France d'avoir pris cette initiative, et en particulier, d'avoir invité le président Assad, parce que ce n'est que de cette manière-là que pourra commencer le dialogue nécessaire à la paix au Proche-Orient.
Alors, Mesdames et Messieurs les députés, oui, c'est vrai, la France prend des risques. Oui, c'est vrai, nous ne sommes pas sûrs de réussir du premier coup cette initiative, qui est une initiative difficile. Mais si nous n'avions pas pris de risques, il y a une chose qui serait certaine, c'est qu'il n'y aurait rien de nouveau pour construire la paix. C'est l'honneur de la France et c'est l'honneur du président de la République que de prendre ce risque pour la paix dans le monde.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 juin 2008|N|N|N|N|Texte intégral54285|Je vous fais remarquer que, dans quelques jours, le Japon accueillera la conférence du G8, et que la France sera Présidente de l'Union européenne. Cette coïncidence me ravit. Vous savez quelle est l'excellence des relations existantes entre nos deux pays, entre le Japon et la France, à tous les niveaux, scientifique, culturel, touristique. Nous ne demandons pas autre chose que de développer ces relations d'amitié, de solidarité, commerciales, industrielles.
Je vais avoir l'honneur de poser dans quelques minutes la première pierre du nouveau bâtiment de l'ambassade de France à Tokyo.
Ma visite se situe dans le cadre du 150ème anniversaire des relations entre nos deux pays, et je propose qu'à l'occasion de ce 150ème anniversaire nous considérions l'avenir de nos relations, qui se situent sous un jour exceptionnellement fraternel et fructueux.
Peut-être, dois-je vous dire que je me rendrai à Kyoto dans quelques heures pour la réunion G8 des Affaires étrangères, et que je rencontrerai mes collègues sur des sujets concernant les relations internationales - qui ne manqueront pas, un par un, d'être important - avec les sept autres ministres des Affaires étrangères.
Europe, Présidence française, G8, relations bilatérales entre nos deux pays, problèmes du monde... Mesdames et Messieurs, je suis à votre disposition pour répondre à vos questions. Je vous répète mon bonheur particulier et personnel de représenter la France aujourd'hui et de poser la première pierre de cette nouvelle ambassade. Je remercie M. Philippe Faure, notre ambassadeur, et tout le personnel de l'ambassade d'avoir organisé tout cela.
Q - Monsieur le Ministre, dans quelques heures la Corée du Nord va remettre à Pékin la liste de ses activités nucléaires, du moins, une partie de cette liste. C'est un moment très attendu au Japon, un moment très attendu aussi par les Etats-Unis, qui ont encore rappelé hier que cela serait suivi par le début du retrait de la Corée du Nord de la liste des pays terroristes. Quelle est la position de la France ? C'est un sujet qui sera très certainement abordé à l'occasion de ce G8 Affaires étrangères, donc de quelle manière voyez-vous l'évolution de la situation ?
R - J'espère pouvoir considérer d'une façon positive, d'abord la remise de ce rapport et puis le contenu de ce rapport - mais nous ne le connaissons pas encore. (...). En ce moment, je comprends l'attitude et l'intérêt du Japon, les relations entre ces deux pays ont été douloureuses. Nous sommes également attentifs, tout comme les Etats-Unis dont vous avez rappelé l'intérêt. Je pense aussi au peuple coréen, je sais ce que l'on peut savoir des conditions de vie quotidiennes des Coréens du Nord, ce qu'en disent les organisations non-gouvernementales, et tout ce qu'elles rapportent me semble cruel. J'espère que nous pourrons dans ce cadre, aller vers un peu plus de franchise, moins de suspicion légitime. Je rappelle qu'il y a eu un événement que le monde a appris avec beaucoup d'appréhension, celui de la construction, dit-on, d'un réacteur nucléaire en Syrie grâce à la Corée du Nord. Vous savez que l'Agence internationale de l'Energie atomique a visité aussi ce site en Syrie. Donc tout cela, dès que nous en prendrons connaissance sous le contrôle de l'AIEA, je l'espère pourra nous inciter à instaurer des rapports plus normaux avec ce pays.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez récemment reçu des journalistes japonais. A cette occasion, il me semble que vous avez parlé de l'évaluation que vous portez sur les réunions du G8. En particulier, il y a beaucoup de problèmes sur lesquels nous rencontrons des difficultés, que ce soit le problème de l'environnement ou la hausse des prix dans la production alimentaire ou concernant le pétrole. Pensez-vous que la formule actuelle du G8 soit suffisante ?
R - Non, Madame. La France pense - le président Sarkozy l'a affirmé plusieurs fois - que la géométrie du G8 n'est pas suffisante, même si les problèmes peuvent être abordés avec beaucoup d'intérêt, de force et sans doute de progrès dans la formulation ou le règlement de ces problèmes. Nous, nous pensons que le G13 ou le G14 serait plus évident.
Nous pensons qu'un certain nombre de pays devraient être représentés pour donner à cet ancien G8, et à ce futur G13 ou 14, une dimension suffisante. Mais, cela n'empêche pas l'intérêt de la France sur les sujets abordés ici chez vous dans quelques jours.
Vous avez cité quelques sujets essentiels : le problème de l'énergie et du climat c'est la priorité, une des priorités de la Présidence française de l'Union européenne ; le problème du prix du pétrole qui a connu des bonds surprenants et qui pénalise un certain nombre de catégories de travailleurs dans le monde ; le problème de la circulation des capitaux ; le problème de l'alimentation. Ce seront des préoccupations essentielles qui seront abordées lors de la réunion du G8, ici.
Il existe bien d'autres sujets, mais permettez-moi d'en rappeler un autre, le problème de l'Afrique et la nécessité pour le Japon et pour la France, pour ces deux pays amis, de travailler ensemble pour permettre un développement plus rapide, pour permettre aux populations de connaître un sort meilleur.
Q - Monsieur le Ministre, je voudrais vous poser deux questions. La première concerne le problème nucléaire en Corée du Nord : il est vrai que nous attendons en ce moment la remise de ce rapport par la Corée du Nord, pensez-vous que ce rapport sera suffisant ? D'après vous quel serait le contenu de ce rapport et pensez-vous qu'il puisse donner satisfaction à la communauté internationale.
La deuxième question concernerait plutôt l'Union européenne, et plus particulièrement le Traité de Lisbonne : très récemment nous avons assisté aux résultats du référendum irlandais qui n'a pas été favorable. Etant donné qu'à partir du mois prochain c'est la France qui va assurer la Présidence de l'Union européenne, je voudrais connaître votre position sur le sujet.
R - Voilà deux belles questions !
Il existe une résolution du Conseil de sécurité, votée à l'unanimité. Cette résolution 1718 exige un démantèlement complet, sincère, contrôlé des installations nucléaires en Corée. Si cette déclaration que nous attendons allait dans ce sens, ce serait une bonne chose. Cela pourrait engendrer beaucoup d'espoir et un changement de la situation. Il faut que pour cela nous puissions lire la déclaration, que l'Agence internationale de l'Energie atomique puisse exercer ses contrôles, et que tous les termes de la résolution du Conseil de sécurité soient respectés. J'espère, attendons.
On ne pourrait pas comprendre que si un pays se plie aux exigences de la communauté internationale, les relations avec ce même pays ne soient pas transformées - sinon, on ne comprendrait pas l'attitude que nous maintenons à l'égard de l'Iran. Il y a un enjeu très important, la négociation entamée, sous la pression certes, mais une négociation avec la Corée du Nord. Si cette négociation se déroule bien, si le respect des résolutions du Conseil de sécurité est assuré, nous devrons nous-mêmes évoluer.
Quant à votre question sur l'Union européenne, la réponse nécessiterait beaucoup de temps. Nous avons - Présidence française ou pas, nous ne sommes pas encore en présidence - pris note de la décision du peuple irlandais qui a répondu par la négative à la demande de ratification du Traité de Lisbonne. Nous serons en présidence à partir du 1er juillet, mais la dernière réunion du Conseil des chefs d'Etats des 27 pays, à Bruxelles les 19 et 20 juin derniers, a donné la ligne de conduite : il faut continuer la ratification du Traité de Lisbonne. Rien n'oblige dans ce Traité de Lisbonne d'arrêter la ratification alors qu'un pays a dit non". 19 pays ont déjà accepté et ratifié le Traité de Lisbonne. Il faut continuer. Cela ne facilitera pas la tâche de la Présidence française, cette tâche sera compliquée. Mais vous savez, on note la Présidence comme "bonne", "mauvaise", "réussie", "ratée", non pas sur l'expression nationale, ou sur l'affirmation ou sur l'arrogance. Une présidence réussie est une présidence qui a réussi à mettre d'accord les 27 pays et qui exprime cet accord. Nous avons beaucoup de priorités, de travail, et nous avons aussi à écouter ce que les électeurs irlandais nous ont dit : le refus de cette Europe qu'ils jugent trop éloignée, trop administrative, trop loin de leurs préoccupations. Je vous rappelle que la France n'a pas de leçon à donner puisqu'elle avait aussi voté " non " en 2005. Nous savons, donc, de quoi nous parlons.
Q - J'ai une question à vous poser sur le problème du réchauffement de la Terre qui va être un thème abordé à la réunion du G8. Jusqu'à présent, il y a eu plusieurs réunions préparatoires au cours desquelles il s'est avéré que les Etats-Unis d'Amérique et les pays émergents n'étaient pas tout à fait d'accord avec les propositions qui ont été faites par les autres pays. En sachant qu'il y a une différence de température selon les pays participants, la France a-t-elle l'intention par exemple de proposer des objectifs chiffrés autour de 2020, 2030 ou 2050 ? Quelle serait donc la politique française à ce sujet ?
R - La proposition française, je ne la connais pas encore. Je vous le dis : il n'y a pas de proposition française. Il y aura une proposition européenne, travaillée avec tous les Européens. C'est cela qui fait à la fois la difficulté et la beauté de la chose. Nous avons proposé à nos pays, les pays européens, qui ont discuté ensemble, de tenir des objectifs chiffrés. En ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre par exemple, nous nous sommes distribués les uns et les autres des pourcentages. Concernant les Etats-Unis, vous avez raison, ils ne sont pas encore à ce niveau et il y a une discussion à mener avec nos amis américains à ce sujet.
C'est d'ailleurs tout l'intérêt d'avoir une réunion du G8, puis une réflexion européenne qui commencera dans quelques jours et qui sera à peine achevée dans six mois. Il y a des positions différentes, parfois contradictoires. Pardonnez-moi de rappeler ce paradoxe mais il y a à la fois le prix du pétrole qui connaît des bonds spectaculaires, la demande de consommation explose - je fais référence à la Chine, à l'Inde -, et en même temps nous polluons. Les chiffres ne suffiront pas mais ils sont absolument nécessaires, essentiels. Il faut se distribuer et partager le fardeau du développement comparé à la richesse, et le fardeau de la nécessité de l'environnement, du respect de l'environnement entre les pays développés et les pays en voie de développement. C'est une lourde tâche pour tout le monde.
Q - Monsieur le Ministre, vous êtes sans doute pour beaucoup de Français, médecins et journalistes une des personnes qui a le mieux incarné l'esprit de...
R - Attention à ce que vous allez dire.
Q - ... sur le plan des mesures politiques à prendre, sur le droit d'ingérence, c'est quelque chose que vous revendiquez sans doute.
Alors, je vous ai vu au Cambodge il y très longtemps, je vous vois aujourd'hui parler de l'Afrique. Monsieur le Ministre, le Japon et la France ont sans doute un rôle particulier à jouer. Le Japon invite d'ailleurs les pays d'Afrique et d'Asie à ce G8 de Tokyo, vous allez les rencontrer.
Qu'est-ce que concrètement vous espérez pouvoir faire passer auprès des Japonais qui donnent parfois l'impression aux observateurs de ne pas toujours bien maîtriser le dossier africain, par exemple en ce qui concerne les choses à y faire, les choses à organiser, et puis aussi les mesures d'investissement qu'il est possible de mettre en place prochainement. Alors sur ces questions, puisque vous connaissez bien l'Afrique, Monsieur Kouchner, pourriez-vous nous aider, nous donner des indications et des conseils ?
R - Je n'ai certainement pas de conseils à donner à nos amis japonais, des propositions de travail commun, oui.
Les préoccupations japonaises sont évidentes. Il y a trois semaines tous les chefs d'Etats africains étaient ici. L'aide japonaise à l'Afrique est très importante, elle a encore doublé depuis cette réunion. Donc, que peut-on faire ensemble ? Il y a deux choses. Premièrement, je crois que l'expérience africaine de la France pourrait être utile et avec nos amis japonais nous pourrions développer des projets, tant au niveau des investissements nécessaires - je vous rappelle que l'Afrique c'est tout de même 5, 6, voire 7 % de croissance par an, ce qui n'est pas rien -, mais aussi concernant les importants travaux à faire en Afrique comme le projet de pont entre Brazzaville et Kinshasa. Par ailleurs, il y a des projets à réaliser plus proches des populations, des communautés : développer par exemple le système des assurances maladie, des micro-crédits et de la santé.... Tout cela ce serait formidable de le faire ensemble.
Alors, je crois que vous avez une recette à l'échelle du continent.
J'ajouterai un autre point, le droit d'ingérence commence par un devoir d'indignation. Il y a une situation actuelle en Afrique que nous devrions dénoncer ensemble, avec nos amis japonais, c'est celle du Zimbabwe. Au moins pour convaincre ensemble, les Japonais et les Français, nos amis africains de ne pas accepter cette situation d'oppression et de crime à l'encontre de l'opposition au président Mugabe.
Q - Monsieur le Ministre, je voudrais vous poser deux questions concernant la Corée du Nord. Il est vrai que nous attendons l'arrivée de ce fameux rapport aujourd'hui, dans les quelques heures qui suivent. Je voudrais à ce sujet tout d'abord savoir, si le contenu de ce rapport est favorable, est-il possible que les relations entre la France et la Corée du Nord voient des avancées c'est-à-dire que vous n'avez pas de relation diplomatique actuellement, mais selon le contenu de ce rapport est-il possible de passer à la réalisation par exemple des relations entre la France et la Corée du Nord ?
Ma deuxième question pose sur le fait qu'avec la Corée du Nord il n'y a pas seulement le dossier nucléaire qui pose problème, au Japon, en particulier, nous avons le problème de ces Japonais qui semblent toujours exilés en Corée du Nord, par conséquent je voudrais connaître la position française à ce sujet.
R - Je crois l'avoir dit très clairement, en ce qui concerne les personnes enlevées entre la période de 1970 à 1980. Nous avons toujours partagé les angoisses et les positions de nos amis japonais, il n'y a pas de doutes là-dessus. Sur ce dossier, nous sommes aux côtés des Japonais, nous espérons que le dialogue va se poursuivre. Puis, il est un peu tôt pour dire que, si les déclarations sont bonnes, si le document qui va nous être remis est complet et sincère, s'il est bon, cela sera une étape supplémentaire, je l'ai dit, sur le chemin de la réalisation complète des exigences de la résolution du Conseil de sécurité. Si un jour celles-ci sont réalisées, et que nous assistons à une amélioration de la situation des Droits de l'Homme, il n'y a pas de raison que nos relations ne s'améliorent pas jusqu'à établissement de nos relations diplomatiques. Nous n'en sommes pas là, mais il n'y a aucune raison de le refuser d'avance, au contraire. Si la Corée du Nord se plie aux exigences de la communauté internationale, nous devons en tenir compte.
Q - Ma question porte sur la proposition d'agrandir le cadre du G8. Si je me souviens bien, c'était dans les années 70 que la France avait pris l'initiative d'organiser chaque année le G7 qui est devenu le G8. Je pense que la première idée était de réunir les pays industrialisés démocratiques. Si on élargit le cadre au G13 ou 14, à ce moment là, il se peut qu'il y ait des pays qui ne sont pas encore tout à fait démocratiques, par exemple la Chine, ou sinon des pays qui ne sont pas encore tout à fait industrialisés tel que l'Inde. Dans ce cas, il se peut que le concept même du G8 puisse être modifié. L'année prochaine c'est l'Italie qui va en assurer la présidence et ce sera également le cas pour les autres pays, pensez-vous que le concept même du G8 puisse évoluer et changer ?
R - Je le crois et je l'espère. Je vous rappelle que ce pays, pas totalement démocratique selon vous, la Chine, est membre permanent du Conseil de sécurité. Je vous rappelle que le Japon avec le soutien de la France, aspire à être membre du Conseil de sécurité et je vous rappelle aussi que, dans les années 70, lorsque M. Giscard d'Estaing, président de la République avait pensé à ce G8 ni l'Inde, ni la Chine, ni les relations internationales n'étaient les mêmes. Il faut, je crois, tenir compte de cette évolution.
Les choses ne sont pas forcées d'aller très vite. L'année prochaine, l'Italie peut ne pas partager cette opinion française. Je crois que le format de ce G8 doit évoluer, comme le format des autres rencontres. Vous savez, depuis que je suis ministre des Affaires étrangères et européennes, j'assiste à un nombre de réunions invraisemblables selon les formats les plus divers. Le G8 est l'un des plus grand rendez-vous internationaux, sinon le plus grand. Je crois qu'il faut considérer l'évolution du monde et adapter le format. C'est en tout cas l'avis de la France et du président de la République, ou l'avis du président de la République et donc celui de la France.
Un dernier mot à propos d'une réunion intéressante : le 13 juillet à Paris, 47 chefs d'Etats seront réunis entre les pays de la rive sud de la Méditerranée et les 27 pays européens.
C'est un autre format, Processus de Barcelone, Union pour la Méditerranée avec des projets différents, qui peuvent être acceptés par tous les pays ou par quelques pays, qui peuvent être d'origine publique ou privée. Cet autre format essaie de créer un pont - on l'a vu tout à l'heure à propos de l'Afrique - entre l'Union européenne, le monde musulman, le monde africain. C'est une autre évolution nécessaire du dialogue des cultures, des religions, des pratiques politiques.
Je vous remercie et je vous invite à prêter attention à l'évolution de l'Union européenne, en général et puis dans les six mois à venir en particulier. Merci beaucoup.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er juillet 2008
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Je voudrais partager avec l'Assemblée nationale la fierté que j'ai ressentie en entendant la voix de la France s'exprimer avec autant de force et autant de clairvoyance et en Israël et en Palestine.
Le président de la République a dit à la Knesset que Jérusalem devrait être la capitale de deux Etats. Il a dit à la Knesset que les colonisations devaient s'arrêter immédiatement. Et le président de la République française a dit devant le président de l'Autorité palestinienne, qu'Israël avait un droit sacré à la sécurité et que la France ne transigerait jamais avec ce droit sacré, mais qu'il était temps de faire la paix, parce qu'il n'y aura pas de paix sans la construction d'un Etat palestinien indépendant, et la construction de cet Etat palestinien indépendant passe maintenant par le dialogue et par la négociation.
Eh bien, Mesdames et Messieurs les députés, dans le cadre de la présidence française qui commencera dans quelques jours, nous aurons l'occasion de continuer cet effort avec l'ensemble des pays européens, notamment en accueillant à Paris, le 13 juillet, le sommet qui permettra de lancer le projet d'Union pour la Méditerranée. Ce jour-là, seront présents à Paris tous les chefs d'Etat de l'Union européenne et tous les chefs d'Etat du bassin méditerranéen.
Quelle est l'idée que le président de la République a défendue et que nous essayons de mettre en oeuvre ? Elle est simple : nous, les Européens, nous n'avons de leçon à donner. Nous nous sommes battus pendant des siècles et des siècles, et c'est en Europe qu'a culminé la violence au XXe siècle. Nous ne sommes sortis de ce cycle de violences que lorsque nous avons réussi, autour d'un projet de coopération économique commun, à nous asseoir autour de la table et à parler ensemble. C'était la Communauté du charbon et de l'acier, puis la Communauté européenne.
Et naturellement, même si les conditions sont extrêmement différentes en Méditerranée, même si nous ne sommes pas à la même époque, nous pensons que c'est en créant une Union autour de projets de coopération concrets que l'on pourra progressivement surmonter les difficultés et les crises qui sont celles qui affectent la Méditerranée.
Et je dis à ceux qui ont été prompts à critiquer l'initiative française, parce que nous avons justement invité tous les Etats du bassin méditerranéen, qu'ils devraient écouter ce que disaient hier et avant-hier tous les responsables politiques israéliens, au premier rang d'entre eux, le président Shimon Peres, qui félicitait la France d'avoir pris cette initiative, et en particulier, d'avoir invité le président Assad, parce que ce n'est que de cette manière-là que pourra commencer le dialogue nécessaire à la paix au Proche-Orient.
Alors, Mesdames et Messieurs les députés, oui, c'est vrai, la France prend des risques. Oui, c'est vrai, nous ne sommes pas sûrs de réussir du premier coup cette initiative, qui est une initiative difficile. Mais si nous n'avions pas pris de risques, il y a une chose qui serait certaine, c'est qu'il n'y aurait rien de nouveau pour construire la paix. C'est l'honneur de la France et c'est l'honneur du président de la République que de prendre ce risque pour la paix dans le monde.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 juin 2008|N|N|N|N|Texte intégral54285|Je vous fais remarquer que, dans quelques jours, le Japon accueillera la conférence du G8, et que la France sera Présidente de l'Union européenne. Cette coïncidence me ravit. Vous savez quelle est l'excellence des relations existantes entre nos deux pays, entre le Japon et la France, à tous les niveaux, scientifique, culturel, touristique. Nous ne demandons pas autre chose que de développer ces relations d'amitié, de solidarité, commerciales, industrielles.
Je vais avoir l'honneur de poser dans quelques minutes la première pierre du nouveau bâtiment de l'ambassade de France à Tokyo.
Ma visite se situe dans le cadre du 150ème anniversaire des relations entre nos deux pays, et je propose qu'à l'occasion de ce 150ème anniversaire nous considérions l'avenir de nos relations, qui se situent sous un jour exceptionnellement fraternel et fructueux.
Peut-être, dois-je vous dire que je me rendrai à Kyoto dans quelques heures pour la réunion G8 des Affaires étrangères, et que je rencontrerai mes collègues sur des sujets concernant les relations internationales - qui ne manqueront pas, un par un, d'être important - avec les sept autres ministres des Affaires étrangères.
Europe, Présidence française, G8, relations bilatérales entre nos deux pays, problèmes du monde... Mesdames et Messieurs, je suis à votre disposition pour répondre à vos questions. Je vous répète mon bonheur particulier et personnel de représenter la France aujourd'hui et de poser la première pierre de cette nouvelle ambassade. Je remercie M. Philippe Faure, notre ambassadeur, et tout le personnel de l'ambassade d'avoir organisé tout cela.
Q - Monsieur le Ministre, dans quelques heures la Corée du Nord va remettre à Pékin la liste de ses activités nucléaires, du moins, une partie de cette liste. C'est un moment très attendu au Japon, un moment très attendu aussi par les Etats-Unis, qui ont encore rappelé hier que cela serait suivi par le début du retrait de la Corée du Nord de la liste des pays terroristes. Quelle est la position de la France ? C'est un sujet qui sera très certainement abordé à l'occasion de ce G8 Affaires étrangères, donc de quelle manière voyez-vous l'évolution de la situation ?
R - J'espère pouvoir considérer d'une façon positive, d'abord la remise de ce rapport et puis le contenu de ce rapport - mais nous ne le connaissons pas encore. (...). En ce moment, je comprends l'attitude et l'intérêt du Japon, les relations entre ces deux pays ont été douloureuses. Nous sommes également attentifs, tout comme les Etats-Unis dont vous avez rappelé l'intérêt. Je pense aussi au peuple coréen, je sais ce que l'on peut savoir des conditions de vie quotidiennes des Coréens du Nord, ce qu'en disent les organisations non-gouvernementales, et tout ce qu'elles rapportent me semble cruel. J'espère que nous pourrons dans ce cadre, aller vers un peu plus de franchise, moins de suspicion légitime. Je rappelle qu'il y a eu un événement que le monde a appris avec beaucoup d'appréhension, celui de la construction, dit-on, d'un réacteur nucléaire en Syrie grâce à la Corée du Nord. Vous savez que l'Agence internationale de l'Energie atomique a visité aussi ce site en Syrie. Donc tout cela, dès que nous en prendrons connaissance sous le contrôle de l'AIEA, je l'espère pourra nous inciter à instaurer des rapports plus normaux avec ce pays.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez récemment reçu des journalistes japonais. A cette occasion, il me semble que vous avez parlé de l'évaluation que vous portez sur les réunions du G8. En particulier, il y a beaucoup de problèmes sur lesquels nous rencontrons des difficultés, que ce soit le problème de l'environnement ou la hausse des prix dans la production alimentaire ou concernant le pétrole. Pensez-vous que la formule actuelle du G8 soit suffisante ?
R - Non, Madame. La France pense - le président Sarkozy l'a affirmé plusieurs fois - que la géométrie du G8 n'est pas suffisante, même si les problèmes peuvent être abordés avec beaucoup d'intérêt, de force et sans doute de progrès dans la formulation ou le règlement de ces problèmes. Nous, nous pensons que le G13 ou le G14 serait plus évident.
Nous pensons qu'un certain nombre de pays devraient être représentés pour donner à cet ancien G8, et à ce futur G13 ou 14, une dimension suffisante. Mais, cela n'empêche pas l'intérêt de la France sur les sujets abordés ici chez vous dans quelques jours.
Vous avez cité quelques sujets essentiels : le problème de l'énergie et du climat c'est la priorité, une des priorités de la Présidence française de l'Union européenne ; le problème du prix du pétrole qui a connu des bonds surprenants et qui pénalise un certain nombre de catégories de travailleurs dans le monde ; le problème de la circulation des capitaux ; le problème de l'alimentation. Ce seront des préoccupations essentielles qui seront abordées lors de la réunion du G8, ici.
Il existe bien d'autres sujets, mais permettez-moi d'en rappeler un autre, le problème de l'Afrique et la nécessité pour le Japon et pour la France, pour ces deux pays amis, de travailler ensemble pour permettre un développement plus rapide, pour permettre aux populations de connaître un sort meilleur.
Q - Monsieur le Ministre, je voudrais vous poser deux questions. La première concerne le problème nucléaire en Corée du Nord : il est vrai que nous attendons en ce moment la remise de ce rapport par la Corée du Nord, pensez-vous que ce rapport sera suffisant ? D'après vous quel serait le contenu de ce rapport et pensez-vous qu'il puisse donner satisfaction à la communauté internationale.
La deuxième question concernerait plutôt l'Union européenne, et plus particulièrement le Traité de Lisbonne : très récemment nous avons assisté aux résultats du référendum irlandais qui n'a pas été favorable. Etant donné qu'à partir du mois prochain c'est la France qui va assurer la Présidence de l'Union européenne, je voudrais connaître votre position sur le sujet.
R - Voilà deux belles questions !
Il existe une résolution du Conseil de sécurité, votée à l'unanimité. Cette résolution 1718 exige un démantèlement complet, sincère, contrôlé des installations nucléaires en Corée. Si cette déclaration que nous attendons allait dans ce sens, ce serait une bonne chose. Cela pourrait engendrer beaucoup d'espoir et un changement de la situation. Il faut que pour cela nous puissions lire la déclaration, que l'Agence internationale de l'Energie atomique puisse exercer ses contrôles, et que tous les termes de la résolution du Conseil de sécurité soient respectés. J'espère, attendons.
On ne pourrait pas comprendre que si un pays se plie aux exigences de la communauté internationale, les relations avec ce même pays ne soient pas transformées - sinon, on ne comprendrait pas l'attitude que nous maintenons à l'égard de l'Iran. Il y a un enjeu très important, la négociation entamée, sous la pression certes, mais une négociation avec la Corée du Nord. Si cette négociation se déroule bien, si le respect des résolutions du Conseil de sécurité est assuré, nous devrons nous-mêmes évoluer.
Quant à votre question sur l'Union européenne, la réponse nécessiterait beaucoup de temps. Nous avons - Présidence française ou pas, nous ne sommes pas encore en présidence - pris note de la décision du peuple irlandais qui a répondu par la négative à la demande de ratification du Traité de Lisbonne. Nous serons en présidence à partir du 1er juillet, mais la dernière réunion du Conseil des chefs d'Etats des 27 pays, à Bruxelles les 19 et 20 juin derniers, a donné la ligne de conduite : il faut continuer la ratification du Traité de Lisbonne. Rien n'oblige dans ce Traité de Lisbonne d'arrêter la ratification alors qu'un pays a dit non". 19 pays ont déjà accepté et ratifié le Traité de Lisbonne. Il faut continuer. Cela ne facilitera pas la tâche de la Présidence française, cette tâche sera compliquée. Mais vous savez, on note la Présidence comme "bonne", "mauvaise", "réussie", "ratée", non pas sur l'expression nationale, ou sur l'affirmation ou sur l'arrogance. Une présidence réussie est une présidence qui a réussi à mettre d'accord les 27 pays et qui exprime cet accord. Nous avons beaucoup de priorités, de travail, et nous avons aussi à écouter ce que les électeurs irlandais nous ont dit : le refus de cette Europe qu'ils jugent trop éloignée, trop administrative, trop loin de leurs préoccupations. Je vous rappelle que la France n'a pas de leçon à donner puisqu'elle avait aussi voté " non " en 2005. Nous savons, donc, de quoi nous parlons.
Q - J'ai une question à vous poser sur le problème du réchauffement de la Terre qui va être un thème abordé à la réunion du G8. Jusqu'à présent, il y a eu plusieurs réunions préparatoires au cours desquelles il s'est avéré que les Etats-Unis d'Amérique et les pays émergents n'étaient pas tout à fait d'accord avec les propositions qui ont été faites par les autres pays. En sachant qu'il y a une différence de température selon les pays participants, la France a-t-elle l'intention par exemple de proposer des objectifs chiffrés autour de 2020, 2030 ou 2050 ? Quelle serait donc la politique française à ce sujet ?
R - La proposition française, je ne la connais pas encore. Je vous le dis : il n'y a pas de proposition française. Il y aura une proposition européenne, travaillée avec tous les Européens. C'est cela qui fait à la fois la difficulté et la beauté de la chose. Nous avons proposé à nos pays, les pays européens, qui ont discuté ensemble, de tenir des objectifs chiffrés. En ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre par exemple, nous nous sommes distribués les uns et les autres des pourcentages. Concernant les Etats-Unis, vous avez raison, ils ne sont pas encore à ce niveau et il y a une discussion à mener avec nos amis américains à ce sujet.
C'est d'ailleurs tout l'intérêt d'avoir une réunion du G8, puis une réflexion européenne qui commencera dans quelques jours et qui sera à peine achevée dans six mois. Il y a des positions différentes, parfois contradictoires. Pardonnez-moi de rappeler ce paradoxe mais il y a à la fois le prix du pétrole qui connaît des bonds spectaculaires, la demande de consommation explose - je fais référence à la Chine, à l'Inde -, et en même temps nous polluons. Les chiffres ne suffiront pas mais ils sont absolument nécessaires, essentiels. Il faut se distribuer et partager le fardeau du développement comparé à la richesse, et le fardeau de la nécessité de l'environnement, du respect de l'environnement entre les pays développés et les pays en voie de développement. C'est une lourde tâche pour tout le monde.
Q - Monsieur le Ministre, vous êtes sans doute pour beaucoup de Français, médecins et journalistes une des personnes qui a le mieux incarné l'esprit de...
R - Attention à ce que vous allez dire.
Q - ... sur le plan des mesures politiques à prendre, sur le droit d'ingérence, c'est quelque chose que vous revendiquez sans doute.
Alors, je vous ai vu au Cambodge il y très longtemps, je vous vois aujourd'hui parler de l'Afrique. Monsieur le Ministre, le Japon et la France ont sans doute un rôle particulier à jouer. Le Japon invite d'ailleurs les pays d'Afrique et d'Asie à ce G8 de Tokyo, vous allez les rencontrer.
Qu'est-ce que concrètement vous espérez pouvoir faire passer auprès des Japonais qui donnent parfois l'impression aux observateurs de ne pas toujours bien maîtriser le dossier africain, par exemple en ce qui concerne les choses à y faire, les choses à organiser, et puis aussi les mesures d'investissement qu'il est possible de mettre en place prochainement. Alors sur ces questions, puisque vous connaissez bien l'Afrique, Monsieur Kouchner, pourriez-vous nous aider, nous donner des indications et des conseils ?
R - Je n'ai certainement pas de conseils à donner à nos amis japonais, des propositions de travail commun, oui.
Les préoccupations japonaises sont évidentes. Il y a trois semaines tous les chefs d'Etats africains étaient ici. L'aide japonaise à l'Afrique est très importante, elle a encore doublé depuis cette réunion. Donc, que peut-on faire ensemble ? Il y a deux choses. Premièrement, je crois que l'expérience africaine de la France pourrait être utile et avec nos amis japonais nous pourrions développer des projets, tant au niveau des investissements nécessaires - je vous rappelle que l'Afrique c'est tout de même 5, 6, voire 7 % de croissance par an, ce qui n'est pas rien -, mais aussi concernant les importants travaux à faire en Afrique comme le projet de pont entre Brazzaville et Kinshasa. Par ailleurs, il y a des projets à réaliser plus proches des populations, des communautés : développer par exemple le système des assurances maladie, des micro-crédits et de la santé.... Tout cela ce serait formidable de le faire ensemble.
Alors, je crois que vous avez une recette à l'échelle du continent.
J'ajouterai un autre point, le droit d'ingérence commence par un devoir d'indignation. Il y a une situation actuelle en Afrique que nous devrions dénoncer ensemble, avec nos amis japonais, c'est celle du Zimbabwe. Au moins pour convaincre ensemble, les Japonais et les Français, nos amis africains de ne pas accepter cette situation d'oppression et de crime à l'encontre de l'opposition au président Mugabe.
Q - Monsieur le Ministre, je voudrais vous poser deux questions concernant la Corée du Nord. Il est vrai que nous attendons l'arrivée de ce fameux rapport aujourd'hui, dans les quelques heures qui suivent. Je voudrais à ce sujet tout d'abord savoir, si le contenu de ce rapport est favorable, est-il possible que les relations entre la France et la Corée du Nord voient des avancées c'est-à-dire que vous n'avez pas de relation diplomatique actuellement, mais selon le contenu de ce rapport est-il possible de passer à la réalisation par exemple des relations entre la France et la Corée du Nord ?
Ma deuxième question pose sur le fait qu'avec la Corée du Nord il n'y a pas seulement le dossier nucléaire qui pose problème, au Japon, en particulier, nous avons le problème de ces Japonais qui semblent toujours exilés en Corée du Nord, par conséquent je voudrais connaître la position française à ce sujet.
R - Je crois l'avoir dit très clairement, en ce qui concerne les personnes enlevées entre la période de 1970 à 1980. Nous avons toujours partagé les angoisses et les positions de nos amis japonais, il n'y a pas de doutes là-dessus. Sur ce dossier, nous sommes aux côtés des Japonais, nous espérons que le dialogue va se poursuivre. Puis, il est un peu tôt pour dire que, si les déclarations sont bonnes, si le document qui va nous être remis est complet et sincère, s'il est bon, cela sera une étape supplémentaire, je l'ai dit, sur le chemin de la réalisation complète des exigences de la résolution du Conseil de sécurité. Si un jour celles-ci sont réalisées, et que nous assistons à une amélioration de la situation des Droits de l'Homme, il n'y a pas de raison que nos relations ne s'améliorent pas jusqu'à établissement de nos relations diplomatiques. Nous n'en sommes pas là, mais il n'y a aucune raison de le refuser d'avance, au contraire. Si la Corée du Nord se plie aux exigences de la communauté internationale, nous devons en tenir compte.
Q - Ma question porte sur la proposition d'agrandir le cadre du G8. Si je me souviens bien, c'était dans les années 70 que la France avait pris l'initiative d'organiser chaque année le G7 qui est devenu le G8. Je pense que la première idée était de réunir les pays industrialisés démocratiques. Si on élargit le cadre au G13 ou 14, à ce moment là, il se peut qu'il y ait des pays qui ne sont pas encore tout à fait démocratiques, par exemple la Chine, ou sinon des pays qui ne sont pas encore tout à fait industrialisés tel que l'Inde. Dans ce cas, il se peut que le concept même du G8 puisse être modifié. L'année prochaine c'est l'Italie qui va en assurer la présidence et ce sera également le cas pour les autres pays, pensez-vous que le concept même du G8 puisse évoluer et changer ?
R - Je le crois et je l'espère. Je vous rappelle que ce pays, pas totalement démocratique selon vous, la Chine, est membre permanent du Conseil de sécurité. Je vous rappelle que le Japon avec le soutien de la France, aspire à être membre du Conseil de sécurité et je vous rappelle aussi que, dans les années 70, lorsque M. Giscard d'Estaing, président de la République avait pensé à ce G8 ni l'Inde, ni la Chine, ni les relations internationales n'étaient les mêmes. Il faut, je crois, tenir compte de cette évolution.
Les choses ne sont pas forcées d'aller très vite. L'année prochaine, l'Italie peut ne pas partager cette opinion française. Je crois que le format de ce G8 doit évoluer, comme le format des autres rencontres. Vous savez, depuis que je suis ministre des Affaires étrangères et européennes, j'assiste à un nombre de réunions invraisemblables selon les formats les plus divers. Le G8 est l'un des plus grand rendez-vous internationaux, sinon le plus grand. Je crois qu'il faut considérer l'évolution du monde et adapter le format. C'est en tout cas l'avis de la France et du président de la République, ou l'avis du président de la République et donc celui de la France.
Un dernier mot à propos d'une réunion intéressante : le 13 juillet à Paris, 47 chefs d'Etats seront réunis entre les pays de la rive sud de la Méditerranée et les 27 pays européens.
C'est un autre format, Processus de Barcelone, Union pour la Méditerranée avec des projets différents, qui peuvent être acceptés par tous les pays ou par quelques pays, qui peuvent être d'origine publique ou privée. Cet autre format essaie de créer un pont - on l'a vu tout à l'heure à propos de l'Afrique - entre l'Union européenne, le monde musulman, le monde africain. C'est une autre évolution nécessaire du dialogue des cultures, des religions, des pratiques politiques.
Je vous remercie et je vous invite à prêter attention à l'évolution de l'Union européenne, en général et puis dans les six mois à venir en particulier. Merci beaucoup.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er juillet 2008