Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, en réponse à une question sur l'acquisition du Crédit Commercial de France par HSBC, deuxième banque mondiale, à l'Assemblée nationale le 4 avril 2000.

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Avec l'OPE-OPA d'HSBC sur le CCF, c'est en effet la première fois qu'une banque étrangère prend le contrôle d'une banque française, classée parmi les dix premières du pays.
Rappelons quelques faits. Le CCF, fort bien géré, représente aujourd'hui une capitalisation boursière de dix millions d'euros. Plusieurs tentatives de rapprochement avec d'autres grandes banques françaises ont échoué par le passé et aucune n'envisage aujourd'hui de s'allier avec lui. Son capital est déjà détenu majoritairement par des groupes étrangers puisque ING néerlandais, KBC belge et Swiss Life suisse, s'en partagent 58 %. Nous savions donc que le CCF était une proie possible pour une banque étrangère.
Face à la proposition d'HSBC, deuxième banque mondiale, que peuvent faire les autorités françaises ? Sur le plan administratif, le CECI ne s'est pas encore prononcé. Sur le plan politique, le gouvernement a la possibilité d'intervenir puisque son autorisation est nécessaire, le CCF détenant un élément d'une compagnie d'assurances. Nous veillerons à la préservation des intérêts français - que l'acquéreur soit hors de la zone euro évite toute concurrence -, à la préservation des emplois et à la possibilité de nouveaux développements pour le CCF. Nous savons que le conseil d'administration du CCF, où sont représentés les salariés, s'est prononcé à l'unanimité en faveur de l'opération. Nous serons néanmoins vigilants quant à sa bonne fin.
Deux remarques pour conclure. Des banques françaises prennent aussi le contrôle de banques étrangères : la réciproque est donc normale.
Enfin, la jurisprudence du CECI en matière d'acquisition est constante : l'opération prévue doit être claire et concertée. Il n'est pas question qu'un établissement étranger puisse acquérir une grande banque française sans l'accord de la banque en question ni des pouvoirs publics
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 2000)