Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Messieurs et Mesdames les Ambassadeurs,
C'est un très grand plaisir d'être parmi vous aujourd'hui à Vienne, pour ce moment d'échange au sein d'une organisation vivante et dynamique. Je connais bien votre organisation, elle est indispensable.
Il y a six mois, à Madrid, je demandais à l'OSCE de se ressaisir. Je me félicite que la Présidence finlandaise partage cette analyse. Il nous faut poursuivre sur cette voie, dans la perspective du Conseil ministériel d'Helsinki.
Je connais les débats qui animent notre organisation. Nous avons tous écouté avec attention, et peut-être un peu de surprise, la proposition du président Medvedev de créer un pacte pour la sécurité européenne. Il me semble essentiel que le débat se poursuive et bien sûr ici à Vienne : depuis la première réunion de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), l'OSCE a en effet toujours été le lieu d'un débat sur la sécurité de "Vancouver à Vladivostok".
Je pense pourtant que ces débats doivent être étroitement liés à ceux qui, parallèlement, animent aujourd'hui l'Union européenne. Non seulement parce que l'Union européenne représente aujourd'hui près de la moitié des membres de l'OSCE et les trois quarts de son budget, mais surtout parce que l'Union et l'OSCE sont profondément complémentaires. Elles partagent les mêmes valeurs et les mêmes principes, mais elles ne travaillent pas encore suffisamment ensemble. Ces valeurs et ces principes sont essentiels, il faut les affirmer mais nous manquons souvent de moyen pour le faire.
Alors que la France vient de prendre la Présidence du Conseil de l'Union, je veux vous dire que l'un des objectifs de la Présidence française sera précisément de renforcer cette complémentarité.
Avec nos amis tchèques et suédois, nous avons en effet arrêté un programme de l'Union européenne sur dix-huit mois, programme que nous avons voulu novateur sur de nombreux sujets. Parmi ceux-ci, un grand nombre intéresse directement l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Je ne reviendrai pas ici sur toutes les priorités de la Présidence française, que vous connaissez : énergie-climat, migrations, sécurité et défense européenne, politique agricole commune, paquet social. L'essentiel pour la Présidence est d'être à l'écoute de ses partenaires. Je ne reviendrai pas non plus sur l'impératif de réforme des institutions européenne. Je voudrais en revanche m'efforcer de vous présenter la manière dont ces priorités vont se traduire au sein de l'OSCE.
1/ Nous devons travailler davantage ensemble sur la prévention des conflits dans l'ensemble de la zone OSCE, ainsi que sur la résolution des conflits gelés malheureusement, parfois ces conflits se réveillent.
L'Union et l'OSCE sont profondément impliquées dans le règlement des crises en Géorgie et en Moldavie.
Ne nous voilons pas la face : malgré les efforts de nos deux organisations et de leurs représentants spéciaux, la situation ne cesse de se tendre en Géorgie. J'ai eu l'occasion d'en parler longuement hier avec ma collègue géorgienne. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette situation qui mérite toute notre attention : nous devons agir plus activement. Ne croyons pas que la modification des formats de négociation résoudra à elle seule les conflits.
L'Union et l'OSCE, je le sais, agissent déjà sur le terrain, et je tiens à saluer au passage le personnel de la mission de l'OSCE en Géorgie qui travaille dans un contexte souvent difficile. Nous devons inventer des initiatives politiques.
Mais nous devons faire davantage, développer des initiatives politiques Pourquoi ne pas envisager par exemple, en cas de crise émergente, des visites conjointes, ou à tout le moins coordonnées, des deux présidences de l'Union européenne et l'OSCE ? Pour ma part, j'ai décidé de visiter au plus vite la Géorgie au nom de l'Union européenne. Mais il faut préparer ce voyage pour qu'il produise des résultats.
Sur le Haut Karabakh, je dis mes sentiments avec sincérité, cela n'avance pas malgré tous les efforts. J'ai moi-même rencontré mes homologues arménien et azerbaïdjanais. La France y participe avec les autres co-présidents du Groupe de Minsk. Nous avons obtenu quelques résultats à Madrid. Il faut persévérer.
Sur le Kosovo, je connais et apprécie d'expérience le rôle irremplaçable qu'a joué et que continue de jouer l'OSCE.
La mission de l'OSCE au Kosovo remplit un rôle important pour garantir l'avenir démocratique et multiethnique du Kosovo, particulièrement pour la préservation des droits des minorités.
La situation évolue de façon relativement satisfaisante, cependant il faudra une génération pour qu'elle soit définitivement stabilisée en attendant, nous devons veiller à la préservation de nos valeurs.
Une majorité d'entre nous a reconnu le Kosovo. Certains ne l'ont pas fait. Mais personne ne conteste le rôle positif de l'OSCE. Je m'en réjouis. J'espère que notre Présidence permettra à l'OSCE de renforcer le travail en commun avec le dispositif européen sur place, et notamment la mission EULEX qui va jouer un rôle essentiel pour le respect des valeurs que l'OSCE est chargée de promouvoir.
La stabilité des Balkans doit être un objectif partagé de l'Union européenne et de l'OSCE.
Je sais combien notre organisation aspire à apporter sa contribution à la stabilisation de l'Afghanistan.
L'Union est également engagée en Afghanistan où la situation est difficile. Le 12 juin, la France a accueilli à Paris une conférence de soutien à l'Afghanistan qui a réuni les principaux donateurs et acteurs impliqués dans ce pays. Son but était d'élaborer une stratégie commune, ce n'était pas seulement une conférence des donateurs mais une stratégie politique. Nous faisons la guerre contre l'extrémisme aux cotés des Afghans. Il nous faut les écouter et veiller à ce que l'action internationale prenne en compte leurs aspirations. C'est ce que j'entends par afghanisation.
Je souhaite que l'action de l'OSCE réponde aux impératifs de non-duplication, d'efficacité, de continuité territoriale et de sécurité. Les projets présentés par le Secrétaire général me semblent répondre à ces objectifs, sur lesquels nous serons vigilants. A cet égard, nous devons veiller à doter nos personnels des garanties juridiques indispensables, en donnant à l'OSCE la personnalité juridique.
2/ Nous devons travailler ensemble, je le redis, à résoudre toutes ces crises et à promouvoir une approche globale de la sécurité.
A côté d'un ensemble cohérent de mécanismes de gestion des crises, l'OSCE a développé des mesures de confiance qui restent exemplaires. L'Union européenne est attachée au rôle fondamental que l'OSCE doit continuer à jouer en matière de maîtrise des armements.
Durant notre Présidence, nous nous efforcerons de revitaliser et de développer le rôle premier de cette organisation dans la réflexion sur les régimes de maîtrise des armements en Europe, leurs défis et leur avenir.
La CSCE, puis l'OSCE, sont à l'origine d'une approche globale et intégrée des questions de sécurité. La stratégie européenne de sécurité adoptée en 2003 s'inspire également de cet esprit.
Qu'il s'agisse de lutte contre le terrorisme, d'initiative sur le transport des armes légères et de petits calibres, ou encore de programmes contre les mines, nous avons beaucoup à faire en commun. La conférence sur les drogues que vous tenez ici en ce moment même en témoigne. Renforçons donc les synergies, sans duplication. En Afghanistan, nous considérons que la lutte contre la drogue n'est pas un succès. Nous devons réviser notre objectif et notre manière d'aborder le problème.
Concernant le traité sur les forces conventionnelles en Europe, nous ne devons ménager aucun effort, comme je l'ai souligné à Madrid, pour trouver une solution et éviter un processus irréversible qui verrait à terme disparaître un instrument majeur de transparence et de prévisibilité.
Des propositions existent, qui nous semblent fournir une base de discussions à la fois constructive, raisonnable et tournée vers l'avenir. Il est dans notre intérêt à tous de trouver les solutions qui permettront de garantir la viabilité du régime sur les forces conventionnelles en Europe.
3/ L'action de l'Union européenne et de l'OSCE en Asie centrale est exemplaire de cette approche.
Cette région est celle dans laquelle les activités de l'OSCE se sont le plus développées ces dernières années. Et l'Union européenne, en adoptant une stratégie sur l'Asie centrale, est également en train de devenir un acteur à part entière dans la région : en me rendant récemment a Douchanbe, j'ai pu réaliser combien l'Europe était attendue, et le rôle essentiel que joue l'OSCE dans la région.
Durant notre Présidence, et en étroite coordination avec l'OSCE, nous concentrerons nos efforts sur les questions de sécurité en Asie centrale. Elles seront notamment abordées à Paris le 18 septembre, lors du premier forum UE/Asie centrale sur les enjeux de sécurité. J'y ai bien entendu invité nos amis de l'OSCE.
Ce forum sera suivi de trois événements:
- une réunion d'experts renforcée sur les trafics de précurseurs chimiques à Bruxelles le 1er octobre ;
- une conférence UE/OSCE/Nations Unies sur la gestion intégrée des frontières et la lutte contre les stupéfiants à Douchanbe en octobre ;
- une conférence ministérielle sur l'énergie les 28-29 novembre.
Sur tous ces sujets, la Présidence française compte sur la contribution active de l'OSCE.
Autre problème important en Asie centrale : celui de l'eau. Il exige aussi, à titre préventif, l'attention d'une organisation de sécurité comme la nôtre. En faisant de ce thème une priorité, la Présidence espagnole de l'OSCE avait su innover. J'espère sincèrement que nous saurons poursuivre nos efforts.
4/ L'OSCE a été fondée sur la conviction que la sécurité allait de pair avec la promotion des Droits de l'Homme et de la démocratie.
Nous ne devons pas laisser s'effacer cette vision historique qui est le principe essentiel de notre Organisation. C'est elle aussi qui fonde l'Union européenne. C'est elle surtout qui incarne notre identité, aux yeux des citoyens européens comme du reste du monde. La régression des Droits de l'Homme n'est pas acceptable. Ne revenons pas sur le principe d'universalité ou sur les avancées constituées par la reconnaissance du devoir d'ingérence et de la responsabilité de protéger.
Notre Présidence sera marquée par le 60eme anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Cet anniversaire symbolique devra être l'occasion de rappeler vigoureusement l'universalité de ces valeurs et de ces principes.
La Présidence française insistera tout particulièrement sur les droits des femmes, notamment la lutte contre les violences faites aux femmes. Dans les conflits armés comme dans les sociétés en paix, il s'agit toujours d'un défi majeur pour nous tous.
Je sais combien la Présidence finlandaise de l'OSCE est attachée à ce thème. Nous ne manquerons donc pas de développer des initiatives communes en la matière. Je me réjouis d'ailleurs que ce soixantième anniversaire trouve un prolongement à Vienne, avec l'aide de la Présidence finlandaise. Je souhaite que nous saisissions cette occasion pour mettre en valeur le rôle irremplaçable, d'éveil permanent, des défenseurs des Droits de l'Homme.
Le Bureau des Institutions démocratiques et des Droits de l'Homme (BIDDH) est un symbole de l'action de l'OSCE sur ce sujet. A Madrid, j'ai dit combien le BIDDH était une institution essentielle pour notre organisation. Son autonomie fait sa force ; elle doit être préservée. La France, qui exerce la Présidence de l'Union européenne, sera attentive à la promotion de son expertise irremplaçable et de son rôle exemplaire en matière d'observation électorale. Je connais les difficultés que vous avez affrontées
Soyez assuré que la France accorde son plein soutien à son nouveau directeur pour qu'il puisse exercer son mandat en toute liberté et continuer à promouvoir les valeurs défendues par le BIDDH et que nous devons tous soutenir.
Je veux également rendre hommage au travail des autres institutions de l'OSCE, et notamment au Représentant pour la liberté des médias et au Haut commissaire pour les minorités nationales.
Je veux aussi saluer les efforts quotidiens des hommes et des femmes déployées dans nos 19 missions de terrain, partout où une assistance est nécessaire et utile pour aider les Etats participants à remplir leurs engagements.
Je veux enfin saluer l'action du Secrétaire général et me réjouir de sa reconduction. C'est évidemment un compatriote, mais c'est surtout un homme de qualité, qui a effectué un travail remarquable. Apportons-lui tous notre soutien et donnons-lui les moyens de remplir sa tâche !
Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, je compte sur vous. Le chemin vers Helsinki ne sera pas toujours facile. Mais je veux vous assurer de toute la mobilisation de la Présidence française de l'Union européenne pour faire du conseil ministériel d'Helsinki un succès historique de notre organisation dont le monde et l'Europe ont besoin.
Après tout, c'est à Helsinki qu'a commencé la belle histoire qui nous rassemble.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 juillet 2008
Monsieur le Secrétaire général,
Messieurs et Mesdames les Ambassadeurs,
C'est un très grand plaisir d'être parmi vous aujourd'hui à Vienne, pour ce moment d'échange au sein d'une organisation vivante et dynamique. Je connais bien votre organisation, elle est indispensable.
Il y a six mois, à Madrid, je demandais à l'OSCE de se ressaisir. Je me félicite que la Présidence finlandaise partage cette analyse. Il nous faut poursuivre sur cette voie, dans la perspective du Conseil ministériel d'Helsinki.
Je connais les débats qui animent notre organisation. Nous avons tous écouté avec attention, et peut-être un peu de surprise, la proposition du président Medvedev de créer un pacte pour la sécurité européenne. Il me semble essentiel que le débat se poursuive et bien sûr ici à Vienne : depuis la première réunion de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), l'OSCE a en effet toujours été le lieu d'un débat sur la sécurité de "Vancouver à Vladivostok".
Je pense pourtant que ces débats doivent être étroitement liés à ceux qui, parallèlement, animent aujourd'hui l'Union européenne. Non seulement parce que l'Union européenne représente aujourd'hui près de la moitié des membres de l'OSCE et les trois quarts de son budget, mais surtout parce que l'Union et l'OSCE sont profondément complémentaires. Elles partagent les mêmes valeurs et les mêmes principes, mais elles ne travaillent pas encore suffisamment ensemble. Ces valeurs et ces principes sont essentiels, il faut les affirmer mais nous manquons souvent de moyen pour le faire.
Alors que la France vient de prendre la Présidence du Conseil de l'Union, je veux vous dire que l'un des objectifs de la Présidence française sera précisément de renforcer cette complémentarité.
Avec nos amis tchèques et suédois, nous avons en effet arrêté un programme de l'Union européenne sur dix-huit mois, programme que nous avons voulu novateur sur de nombreux sujets. Parmi ceux-ci, un grand nombre intéresse directement l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Je ne reviendrai pas ici sur toutes les priorités de la Présidence française, que vous connaissez : énergie-climat, migrations, sécurité et défense européenne, politique agricole commune, paquet social. L'essentiel pour la Présidence est d'être à l'écoute de ses partenaires. Je ne reviendrai pas non plus sur l'impératif de réforme des institutions européenne. Je voudrais en revanche m'efforcer de vous présenter la manière dont ces priorités vont se traduire au sein de l'OSCE.
1/ Nous devons travailler davantage ensemble sur la prévention des conflits dans l'ensemble de la zone OSCE, ainsi que sur la résolution des conflits gelés malheureusement, parfois ces conflits se réveillent.
L'Union et l'OSCE sont profondément impliquées dans le règlement des crises en Géorgie et en Moldavie.
Ne nous voilons pas la face : malgré les efforts de nos deux organisations et de leurs représentants spéciaux, la situation ne cesse de se tendre en Géorgie. J'ai eu l'occasion d'en parler longuement hier avec ma collègue géorgienne. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette situation qui mérite toute notre attention : nous devons agir plus activement. Ne croyons pas que la modification des formats de négociation résoudra à elle seule les conflits.
L'Union et l'OSCE, je le sais, agissent déjà sur le terrain, et je tiens à saluer au passage le personnel de la mission de l'OSCE en Géorgie qui travaille dans un contexte souvent difficile. Nous devons inventer des initiatives politiques.
Mais nous devons faire davantage, développer des initiatives politiques Pourquoi ne pas envisager par exemple, en cas de crise émergente, des visites conjointes, ou à tout le moins coordonnées, des deux présidences de l'Union européenne et l'OSCE ? Pour ma part, j'ai décidé de visiter au plus vite la Géorgie au nom de l'Union européenne. Mais il faut préparer ce voyage pour qu'il produise des résultats.
Sur le Haut Karabakh, je dis mes sentiments avec sincérité, cela n'avance pas malgré tous les efforts. J'ai moi-même rencontré mes homologues arménien et azerbaïdjanais. La France y participe avec les autres co-présidents du Groupe de Minsk. Nous avons obtenu quelques résultats à Madrid. Il faut persévérer.
Sur le Kosovo, je connais et apprécie d'expérience le rôle irremplaçable qu'a joué et que continue de jouer l'OSCE.
La mission de l'OSCE au Kosovo remplit un rôle important pour garantir l'avenir démocratique et multiethnique du Kosovo, particulièrement pour la préservation des droits des minorités.
La situation évolue de façon relativement satisfaisante, cependant il faudra une génération pour qu'elle soit définitivement stabilisée en attendant, nous devons veiller à la préservation de nos valeurs.
Une majorité d'entre nous a reconnu le Kosovo. Certains ne l'ont pas fait. Mais personne ne conteste le rôle positif de l'OSCE. Je m'en réjouis. J'espère que notre Présidence permettra à l'OSCE de renforcer le travail en commun avec le dispositif européen sur place, et notamment la mission EULEX qui va jouer un rôle essentiel pour le respect des valeurs que l'OSCE est chargée de promouvoir.
La stabilité des Balkans doit être un objectif partagé de l'Union européenne et de l'OSCE.
Je sais combien notre organisation aspire à apporter sa contribution à la stabilisation de l'Afghanistan.
L'Union est également engagée en Afghanistan où la situation est difficile. Le 12 juin, la France a accueilli à Paris une conférence de soutien à l'Afghanistan qui a réuni les principaux donateurs et acteurs impliqués dans ce pays. Son but était d'élaborer une stratégie commune, ce n'était pas seulement une conférence des donateurs mais une stratégie politique. Nous faisons la guerre contre l'extrémisme aux cotés des Afghans. Il nous faut les écouter et veiller à ce que l'action internationale prenne en compte leurs aspirations. C'est ce que j'entends par afghanisation.
Je souhaite que l'action de l'OSCE réponde aux impératifs de non-duplication, d'efficacité, de continuité territoriale et de sécurité. Les projets présentés par le Secrétaire général me semblent répondre à ces objectifs, sur lesquels nous serons vigilants. A cet égard, nous devons veiller à doter nos personnels des garanties juridiques indispensables, en donnant à l'OSCE la personnalité juridique.
2/ Nous devons travailler ensemble, je le redis, à résoudre toutes ces crises et à promouvoir une approche globale de la sécurité.
A côté d'un ensemble cohérent de mécanismes de gestion des crises, l'OSCE a développé des mesures de confiance qui restent exemplaires. L'Union européenne est attachée au rôle fondamental que l'OSCE doit continuer à jouer en matière de maîtrise des armements.
Durant notre Présidence, nous nous efforcerons de revitaliser et de développer le rôle premier de cette organisation dans la réflexion sur les régimes de maîtrise des armements en Europe, leurs défis et leur avenir.
La CSCE, puis l'OSCE, sont à l'origine d'une approche globale et intégrée des questions de sécurité. La stratégie européenne de sécurité adoptée en 2003 s'inspire également de cet esprit.
Qu'il s'agisse de lutte contre le terrorisme, d'initiative sur le transport des armes légères et de petits calibres, ou encore de programmes contre les mines, nous avons beaucoup à faire en commun. La conférence sur les drogues que vous tenez ici en ce moment même en témoigne. Renforçons donc les synergies, sans duplication. En Afghanistan, nous considérons que la lutte contre la drogue n'est pas un succès. Nous devons réviser notre objectif et notre manière d'aborder le problème.
Concernant le traité sur les forces conventionnelles en Europe, nous ne devons ménager aucun effort, comme je l'ai souligné à Madrid, pour trouver une solution et éviter un processus irréversible qui verrait à terme disparaître un instrument majeur de transparence et de prévisibilité.
Des propositions existent, qui nous semblent fournir une base de discussions à la fois constructive, raisonnable et tournée vers l'avenir. Il est dans notre intérêt à tous de trouver les solutions qui permettront de garantir la viabilité du régime sur les forces conventionnelles en Europe.
3/ L'action de l'Union européenne et de l'OSCE en Asie centrale est exemplaire de cette approche.
Cette région est celle dans laquelle les activités de l'OSCE se sont le plus développées ces dernières années. Et l'Union européenne, en adoptant une stratégie sur l'Asie centrale, est également en train de devenir un acteur à part entière dans la région : en me rendant récemment a Douchanbe, j'ai pu réaliser combien l'Europe était attendue, et le rôle essentiel que joue l'OSCE dans la région.
Durant notre Présidence, et en étroite coordination avec l'OSCE, nous concentrerons nos efforts sur les questions de sécurité en Asie centrale. Elles seront notamment abordées à Paris le 18 septembre, lors du premier forum UE/Asie centrale sur les enjeux de sécurité. J'y ai bien entendu invité nos amis de l'OSCE.
Ce forum sera suivi de trois événements:
- une réunion d'experts renforcée sur les trafics de précurseurs chimiques à Bruxelles le 1er octobre ;
- une conférence UE/OSCE/Nations Unies sur la gestion intégrée des frontières et la lutte contre les stupéfiants à Douchanbe en octobre ;
- une conférence ministérielle sur l'énergie les 28-29 novembre.
Sur tous ces sujets, la Présidence française compte sur la contribution active de l'OSCE.
Autre problème important en Asie centrale : celui de l'eau. Il exige aussi, à titre préventif, l'attention d'une organisation de sécurité comme la nôtre. En faisant de ce thème une priorité, la Présidence espagnole de l'OSCE avait su innover. J'espère sincèrement que nous saurons poursuivre nos efforts.
4/ L'OSCE a été fondée sur la conviction que la sécurité allait de pair avec la promotion des Droits de l'Homme et de la démocratie.
Nous ne devons pas laisser s'effacer cette vision historique qui est le principe essentiel de notre Organisation. C'est elle aussi qui fonde l'Union européenne. C'est elle surtout qui incarne notre identité, aux yeux des citoyens européens comme du reste du monde. La régression des Droits de l'Homme n'est pas acceptable. Ne revenons pas sur le principe d'universalité ou sur les avancées constituées par la reconnaissance du devoir d'ingérence et de la responsabilité de protéger.
Notre Présidence sera marquée par le 60eme anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Cet anniversaire symbolique devra être l'occasion de rappeler vigoureusement l'universalité de ces valeurs et de ces principes.
La Présidence française insistera tout particulièrement sur les droits des femmes, notamment la lutte contre les violences faites aux femmes. Dans les conflits armés comme dans les sociétés en paix, il s'agit toujours d'un défi majeur pour nous tous.
Je sais combien la Présidence finlandaise de l'OSCE est attachée à ce thème. Nous ne manquerons donc pas de développer des initiatives communes en la matière. Je me réjouis d'ailleurs que ce soixantième anniversaire trouve un prolongement à Vienne, avec l'aide de la Présidence finlandaise. Je souhaite que nous saisissions cette occasion pour mettre en valeur le rôle irremplaçable, d'éveil permanent, des défenseurs des Droits de l'Homme.
Le Bureau des Institutions démocratiques et des Droits de l'Homme (BIDDH) est un symbole de l'action de l'OSCE sur ce sujet. A Madrid, j'ai dit combien le BIDDH était une institution essentielle pour notre organisation. Son autonomie fait sa force ; elle doit être préservée. La France, qui exerce la Présidence de l'Union européenne, sera attentive à la promotion de son expertise irremplaçable et de son rôle exemplaire en matière d'observation électorale. Je connais les difficultés que vous avez affrontées
Soyez assuré que la France accorde son plein soutien à son nouveau directeur pour qu'il puisse exercer son mandat en toute liberté et continuer à promouvoir les valeurs défendues par le BIDDH et que nous devons tous soutenir.
Je veux également rendre hommage au travail des autres institutions de l'OSCE, et notamment au Représentant pour la liberté des médias et au Haut commissaire pour les minorités nationales.
Je veux aussi saluer les efforts quotidiens des hommes et des femmes déployées dans nos 19 missions de terrain, partout où une assistance est nécessaire et utile pour aider les Etats participants à remplir leurs engagements.
Je veux enfin saluer l'action du Secrétaire général et me réjouir de sa reconduction. C'est évidemment un compatriote, mais c'est surtout un homme de qualité, qui a effectué un travail remarquable. Apportons-lui tous notre soutien et donnons-lui les moyens de remplir sa tâche !
Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, je compte sur vous. Le chemin vers Helsinki ne sera pas toujours facile. Mais je veux vous assurer de toute la mobilisation de la Présidence française de l'Union européenne pour faire du conseil ministériel d'Helsinki un succès historique de notre organisation dont le monde et l'Europe ont besoin.
Après tout, c'est à Helsinki qu'a commencé la belle histoire qui nous rassemble.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 juillet 2008